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Edgar Allan Poe - Wikipédia

Edgar Allan Poe

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Edgar Allan Poe (1809-1849) est un écrivain américain, poète, romancier et nouvelliste du XIXe siècle. Il a aussi travaillé comme critique littéraire et éditeur bien qu'il soit plus connu en tant qu'auteur. Il représente, avec Washington Irving, James Fenimore Cooper, Nathaniel Hawthorne, Herman Melville, Walt Whitman, Mark Twain et Henry James, l'un des plus célèbres et remarquables écrivains de la littérature américaine du XIXe siècle.

Edgar Allan Poe en 1844
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Edgar Allan Poe en 1844

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La jeunesse

Il est né le 19 janvier 1809 à Boston, dans le Massachusetts, et mort le 7 octobre 1849 à l'hôpital de Baltimore, dans le Maryland. Sa mère, Elizabeth Arnold (1787-1811) est la fille de deux acteurs londoniens, Henry (ou William Henry) Arnold et Elizabeth Smith. À la mort de son père, en 1796, elle suit sa mère en Amérique. Arrivée le 3 janvier à Boston à bord de l'Oustram, elle monte sur les planches trois mois après, âgée d'à peine neuf ans. Avec sa mère, elle rejoint une petite troupe de théâtre, les Charleston Players. Sa mère meurt à son tour quelque temps après. À l'été 1802, elle se marie avec le comédien Charles Hopkins, à Alexandria, en Virginie, qui meurt trois ans plus tard, le 26 octobre 1805. À 18 ans, déjà veuve, elle épouse un garçon tuberculeux et alcoolique de 21 ans, David Poe Jr. (1784-1810). Son père, le général David Poe Sr. (1742 ou 1743-1816), un commerçant patriote de Baltimore, s'était illustré durant la guerre d'indépendance. Mais il a abandonné ses études de droit pour s'engager, en juin 1805, dans les Charleston Players. C'est là qu'il a rencontré Elizabeth Arnold Hopkins, qu'il épouse le 14 mars 1806. À l'époque, ils jouent au Federal Street Theater de Boston.

Edgar est le deuxième de trois enfants du couple. Son frère, William Henry Léonard, né le 30 janvier 1807, mourra le 1er août 1831, à l'âge 24 ans, alcoolique et tuberculeux, et sa sœur, Rosalie, née le 20 décembre 1810, contractera à douze ans une maladie inconnue, peut-être une méningite, qui la laissera arriérée mentale et nécessitera une mise sous tutelle durant toute sa vie. En septembre 1809, la famille quitte Boston pour le New York Park Theater. Le 18 octobre, David Poe, qui a sombré dans l'alcoolisme, joue son dernier rôle; il fugue quelques mois après, en juillet 1810. Il meurt sans doute peu après, en décembre 1810. La même année, Elizabeth fait une tournée dans le Sud, accompagnée d'Edgar (William Henry a été confié à son grand-père paternel). Le 9 octobre, à Richmond (Virginie), malade, elle doit s'aliter. Le 25 novembre, un journal local lance un appel à la générosité des citoyens de Richmond, sous le titre « Au cœur humain »: « Mrs Poe, allongée sur son lit de douleur et entourée de ses enfants, demande votre aide et la demande peut-être pour la dernière fois! ». Le 8 décembre 1811, Elizabeth est emportée par le mal qui la ronge, peut-être la pneumonie, à l'âge de 24 ans, après avoir joué près de deux cents rôles, laissant ses enfants orphelins. Deux semaines après ses obsèques, le théâtre de Richmond brûle pendant une représentation, et la troupe, privée de théâtre, quitte la ville après avoir laissé Edgar et Rosalie à la charité de la bourgeoisie de la ville.

Tandis que William Henry demeure avec son grand-père David Poe et sa tante Maria Clemm, Edgar est recueilli par un couple de riches négociants de tabac et de denrées coloniales de Richmond, John et Frances Allan, et Rosalie (1810-1874) par les Mackenzie. Le 7 janvier 1812, Edgar est baptisé par le révérend John Buchanan, vraisemblablement sous le nom d'« Edgar Allan Poe » et avec les Allan pour parrain et marraine. Il passe son enfance à Richmond, chez ses parents adoptifs, qui l'élèvent avec tendresse. En 1814, à peine âgé de 5 ans, il commence ses études primaires sous la conduite de Clotilda ou Elizabeth Fisher. L'année suivante, il passe brièvement, à l'école de William Ewing. En 1815, en effet, John Allan (1780-1834), qui est d'origine écossaise, décide de partir en Grande-Bretagne pour y étudier le marché et, si possible, ouvrir à Londres une succursale. Edgar, qui a six ans, quitte l'école de Richmond et embarque avec ses parents et la jeune sœur de Mme Allan, Ann Moore Valentine (appelée Nancy) à Norfolk (Virginie) à bord du Lothair. Débarqués à Liverpool le 28 juillet, les Allan gagnent d'abord l'Écosse. Mais le marché écossais se révèle mauvais, et la famille s'installe bientôt à Londres. Edgar suit, de 1816 à 1818, des études primaires à l'école des demoiselles Dubourg (146 Sloan Street, Chelsea, Londres), où il est connu sous le nom de « Master Allan », puis à la Manor House School de Londres, à Stoke Newington, dirigée par le révérend John Bransby (elle pourrait avoir servi de modèle au collège de William Wilson), sous le nom d'« Edgar Allan ». Il suit des études classiques et littéraires. Mais la situation se dégrade. D'abord, sa mère adoptive, dont la santé a toujours été fragile, tombe sérieusement malade, ce qui a pour effet de la rendre nerveuse, irritable. Par ailleurs, John Allan connaît de graves ennuis financiers: la bourse de tabac s'effondre, puis un employé l'escroque. Le 22 juillet 1820, la famille Allan quitte l'Angleterre pour New York à bord du Martha, puis se réinstalle à Richmond, le 27 juillet. Un gros héritage, en mars 1825, permet à John Allan de payer ses dettes et d'acheter un manoir en briques appelé « Moldavia » (pour 14 950 dollars). Entre 1821 et 1825, Edgar fréquente les meilleures écoles privées de Richmond, où il reçoit l'éducation traditionnelle des gentlemen virginiens. Il est inscrit à l'English Classical School de John H. Clarke (1821-1822), puis il fréquente le collège William Burke (1823-mars 1825) et l'école du Dr Ray Thomas et de son épouse. À cette époque, il écrit ses premiers vers satiriques, tous perdus aujourd'hui, excepté O Tempora! O Mores!. Par ailleurs, il est très influencé par l'œuvre et le personnage de Lord Byron. Bon élève, il se montre excellent nageur et passionné de saut en longueur. En juin ou juillet 1824, il nage six ou sept miles le long de la James River, tandis que son maître suit sur un bateau. Du 26 au 28 octobre 1824, lors d'un voyage aux États-Unis, le général La Fayette visite Richmond. Les volontaires juniors de la ville participent aux cérémonies organisées pour lui souhaiter la bienvenue; Edgar est lieutenant des volontaires. C'est aussi durant ces années que ses relations se dégradent avec John Allan, qui prend ombrage du caractère assez fier de l'adolescent. John Allan voudrait qu'il devienne marchand, Edgar ne rêve que de poésie et envisage, à la rigueur, une carrière dans l'armée. Par ailleurs, Edgar, très attaché à Frances Allan (1784-1829), réprouve l'adultère de son père adoptif. Il trouve souvent refuge chez la mère d'un camarade, Jane Stith Stanard, qui est l'inspiratrice du poème À Hélène (1831). Son décès, en 1824, affectera grandement Edgar. Le 14 février 1826, il entre à la nouvelle université de Virginie, à Charlottesville, que vient de fonder Jefferson (elle a ouvert ses portes le 7 mars 1825), où il suit avec brio des cours de langues ancienne et moderne. Mais M. Allan lui a donné juste assez d'argent pour s'inscrire. Excédé par les dettes de jeu et les frais courants d'Edgar, qui s'élèvent à 2000 dollars, alors qu'il vient de passer avec succès ses premiers examens, john Allan refuse de le réinscrire et le ramène à Richmond en décembre 1826 pour l'employer dans sa maison de commerce. Par ailleurs, il ruine ses fiançailles avec Elmira Royster (1810-1888); le père de la jeune fille s'empresse de la marier à un riche négociant, Alexander Shelton.

En mars 1827, comme son père refuse de le renvoyer à l'université, il quitte sa famille adoptive et s'enfuit à Boston, où il espère survivre en publiant ses poèmes. Il y passe deux mois, comme acteur ou soldat, on l'ignore. Le 26 mai, sous le nom d'Edgar A. Perry (pseudonyme qu'il réutilisera pour signer certains contes), après s'être vieilli de quatre ans, il s'engage pour cinq ans comme artilleur de seconde classe dans l'armée fédérale. À la même époque, il fait paraître à ses frais, à Boston, chez Calvin F.S. Thomas, une mince plaquette anonyme (il est juste marqué « A Bostonian »), Tamerlan et autres poèmes, dont à peine 50 exemplaires sont vendus (il n'en existe aujourd'hui que 12 exemplaires). En novembre, sa batterie est transférée à Fort Moultrie, sur l'île Sullivan, face à Charleston (cette île servira de décor au très populaire Scarabée d'or). Malgré sa rapide promotion au grade d'artificier, puis de sergent-major (le 1er janvier 1829) et l'amitié de ses supérieurs, Edgar s'ennuie. John Allan lui refuse la lettre d'autorisation sans laquelle il ne peut démissionner. Le 15 décembre 1828, la batterie d'artillerie où il sert est transférée à la forteresse Monroe (Virginie).

Le 28 février 1829, Frances Keeling Allan meurt. Elle est inhumée le 2 mars au cimetière de Shockoe Hill. Prévenu tardivement, Edgar n'arrive que le soir du jour des funérailles de cette mère tant aimée. Durant ce séjour, Edgar se réconcilie provisoirement avec son père adoptif, qui accepte de l'aider à démissionner de l'armée et d'appuyer (sèchement) sa candidature à West Point, école des officiers de l'armée américaine. Le 4 avril, Edgar est libéré de l'armée. Une nouvelle histoire de dettes entraîne une nouvelle brouille entre les deux hommes. Libéré de l'armée en avril 1829, sans le sou, Edgar va attendre son admission à West Point à Baltimore. Il séjourne auprès de sa tante Maria Clemm (1790-1871), sœur cadette de son père, qui a perdu son mari en 1826 et vit dans un extrême dénuement, entourée de sa mère impotente, Elizabeth Cairnes Poe, d'un fils tuberculeux, Henry (1818-après 1836), et de deux filles, Elizabeth Rebecca (1815-1889) et Virginia (1822-1847), qui est éperdue d'admiration devant son cousin, ainsi que du frère d'Edgar, William Henry. Dans cette ville, il fait paraître un second recueil de poèmes, Al Aaraaf, Tamerlan et poèmes mineurs chez Hatch and Dunning en décembre 1829. Muni de chaleureuses lettres de recommandation de ses anciens officiers et d'une froide supplique de John Allan, il se rend à pied à Washington, pour solliciter son admission dans la prestigieuse académie de John Eaton, Secrétaire à la guerre. Ses démarches n'ayant obtenu aucun succès, il retourne à Baltimore.

Edgar est admis à West Point en juin 1830. Il y fait de brillantes études, meilleures dans les disciplines académiques que dans les exercices militaires. John Allan, cependant, se remarie avec Louisa Patterson, qui lui donnera trois fils. Excédé par l'avarice de John Allan, qui lui refuse à nouveau l'argent nécessaire à ses études, et opposé à la discipline, Edgar se fait volontairement renvoyer de West Point (en refusant de se rendre en classe ou à l'église) après jugement de la cour martiale, le 8 février 1831. Le 6 mars, il quitte l'école avec des lettres de recommandation de ses supérieurs.

[modifier] Écrivain et critique littéraire

L'écrivain en novembre 1848, daguerréotype de W.S. Hartshorn, Providence, Rhode Island
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L'écrivain en novembre 1848, daguerréotype de W.S. Hartshorn, Providence, Rhode Island

De retour à Baltimore, chez Maria Clemm, il recherche vainement un emploi. Ses articles et ses contes sont tous refusés. Enfin, il envoie cinq nouvelles au concours du Philadelphia Saturday Courrier, qui promet au gagnant un prix de 100 dollars. Il n'obtient pas le prix, mais ses contes (notamment Metzengerstein) sont publiés, sans son nom, en 1832 par le Saturday Courrier (qui les paie très mal). Ainsi commence sa carrière de journaliste. Dans l'indigence, il mène parallèlement un métier de pigiste nègre et son travail d'écrivain, consacrant ses loisirs et ses maigres revenus à l'éducation de sa petite cousine Virginia. En 1831, il fait paraître chez Elam Bliss à New York Poèmes, seconde édition, dédié au « corps des cadets des États-Unis » et précédé du premier manifeste critique d'Edgar, la Lettre à M… (reprise par la suite sous le titre Lettre à B…), qui bénéficie d'un accueil peu favorable. En 1833, le New England refuse de publier son premier recueil: Contes du club de l'In-Folio. En revanche, en octobre, il enlève le 1er prix du concours du Baltimore Saturday Visiter avec le Manuscrit trouvé dans une bouteille, qui lui apporte une certaine notoriété et l'amitié de John P. Kennedy, membre du jury et célèbre romancier. Grâce à ses recommandations, il peut publier ses premiers comptes rendus de critique littéraire au Southern Literary Messenger. En août 1835, il est enfin engagé par Thomas W. White comme directeur de la section littéraire du journal. Toutefois, il n'est pas libre: il doit se conformer au programme de la revue, qui soutient la littérature sudiste, et satisfaire l'admiration infantile de T. W. White pour les discours des gentlemen virginiens. La griffe d'Edgar apparaît dans ses nombreux pamphlets contre les romanciers populaires (du Nord) de l'époque. Il s'attaque notamment au best-seller de Theodore Fay, Norman Leslie, coqueluche de New York et des journaux nordistes tels le Knickerbocker, le Commercial Intelligencer ou la North American Review. Son talent de polémiste éclate, et il rénove l'esprit du Southern. Ses opérations médiatiques, comme la série: « Autobiographie », pastiches de lettres d'écrivains, font monter le nombre d'abonnés au journal. Du point de vue sentimental, il épouse clandestinement Virginia le 22 septembre 1835. Le 16 mai 1836, il l'épouse publiquement, et la jeune fille, qui n'a que 14 ans, le rejoint à Richmond avec sa mère. Toutefois, il s'estime à juste titre mal payé et ne supporte plus les reproches (dont celle d'alcoolisme) dont l'accable, en public, T. W. White, pour empêcher son brillant rédacteur de prendre trop d'ascendant et garder le contrôle de son journal. Aussi décide-t-il de quitter le Southern.

En février 1837, il s'installe à New York, où la New York Review lui a fait une proposition. Mais le journal a cessé de paraître quand il arrive. Mrs Clemm ouvre une pension à Manhattan, où Edgar s'installe à Virginia. Il y achève Les Aventures d'Arthur Gordon Pym et y révise Les Contes de l'In-Folio. En 1838, il se fixe à Philadelphie pour reprendre ses activités régulières de journaliste appointé. Il tente d'y vivre de sa plume, mais ses quelques piges ne le sortent pas de la misère. La même année paraissent Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, qui n'ont aucun succès.

En juin 1839, William Burton offre à Edgar la place de rédacteur en chef adjoint au Burton's Gentleman's Magazine. Il y est encore moins libre qu'au Southern, car il doit servir l'opportunisme de Burton, qui lui a recommandé de faire preuve d'indulgence dans ses comptes rendus critiques. Toutefois, il s'entend bien avec Burton, et leur collaboration permet au Gent's Mag, qui publie La Chute de la maison Usher, Le Diable dans le beffroi et William Wilson, de devenir le mensuel le plus en vue de Philadelphie. En revanche, la publication en volume des Contes du grotesque et de l'arabesque, en 1840, n'obtient qu'un succès d'estime. La même année, Edgar se livre à une critique de Longfellow, auquel il reproche le manque d'unité de ses textes, et inaugure une série de dénonciations de plagiats. En janvier 1840, il entreprend la publication en livraisons successives d'un roman de l'Ouest, Le Journal de Julius Rodman, médiocre fiction restée inachevée et pleine d'emprunts aux journaux de voyage contemporains. En juin, il quitte Burton pour fonder le Pen Magazine, revue littéraire dont il serait le seul maître. Il fait circuler des tracts aux plus grandes célébrités littéraires américaines, mais le projet lorsque le commanditaire, George Graham, se retire. En octobre, Graham, qui possède le Saturday Evening Post et le mensuel Casket achète pour 3500 dollars le Burton's Gentleman's Magazine (qui compte alors 3500 abonnés) et le rebaptise Graham's Gentleman's Magazine. Dans le premier numéro paraît le conte L'homme des foules.

En juin 1841, Edgar est engagé comme rédacteur associé par son ami George Graham. Il touche un salaire annuel de 800 dollars. Pour la première fois, il jouit d'une réelle indépendance. La plupart de ses grands articles et l'essentiel de son œuvre critique ont paru dans les pages du Graham's Magazine. C'est également la période la plus heureuse de sa vie. Il poursuit ses attaques contre les « cliques » et les « coteries » de New York et de Boston, qui dictent leur loi aux éditeurs et aux journalistes des grands centres urbains. Le tirage de la revue passe à 25 000 exemplaires, chiffre exceptionnel pour l'époque.

Un malheur vient cependant frapper sa famille. Un soir de janvier 1842, alors qu'elle chante pour des amis, Virginia est victime d'une hémorragie causée par la rupture d'un vaisseau de la gorge. Elle reste plusieurs mois entre la vie et la mort. À la même époque, Edgar rencontre Charles Dickens, en tournée aux États-Unis, avec lequel il discute de l'instauration d'un copyright international. Dickens lui promet de lui trouver un éditeur en Angleterre. En mai, Edgar quitte le Graham's Magazine, repris par le projet de fonder sa propre revue, baptisée cette fois The Stylus. En juin 1843, il se porte candidat à un poste de l'administration des douanes mais ne peut être présenté au président des États-Unis pour cause d'ivresse. Pendant la campagne présidentielle de 1840, il avait rédigé plusieurs pamphlets politiques opportunistes contre le candidat démocrate Martin Van Buren (Le Diable dans le beffroi) et son co-listier Richard Mentor Johnson (L'Homme qui était refait), pour obtenir les bonnes grâces du parti whig. De retour à Philadelphie le 13 mars, il vit à nouveau de maigres piges.

En 1844, Edgar s'installe dans le nord de Manhattan, à la ferme Brennan, où il travaille avec acharnement à une Histoire critique de la littérature américaine qui ne verra jamais le jour. Par ailleurs, il écrit des Marginalia, brèves notes journalistiques souvent tirées de ses articles antérieurs. Enfin, il accepte un emploi subalterne au New York Mirror de son ami Nathaniel Parker Willis et remet à plus tard son projet du Stylus.

Le 28 janvier 1845, il publie Le Corbeau, qui a un succès extraordinaire. Paru dans l'Evening Mirror, le poème est repris dans de nombreux journaux. Sa renommée grandit. Une sélection de ses contes paraît chez les prestigieux éditeurs Wiley et Putnam à New York, puis un recueil de poèmes, Le Corbeau et autres poèmes en novembre 1845. Plusieurs de ses comptes rendus critiques sont publiés dans le Broadway Journal de Charles F. Briggs et John Brisco, hebdomadaire d'information artistique et culturelle. Le 22 janvier 1845, il devient collaborateur permanent du journal et lance une campagne célèbre à New York sous le nom de « Guerre Longfellow »: Edgar et « Outis », un correspondant anonyme (Edgar lui-même selon certaines hypothèses), échangent de violents diatribes, l'un ridiculisant Longfellow, l'autre accusant Le Corbeau de plagiat. En juillet, Edgar parvient à éliminer Briggs, l'un des deux actionnaires du journal. En octobre, Brisco cède ses parts à Edgar, qui concrétise alors son rêve, en devenant l'unique propriétaire de l'hebdomadaire. Toutefois, il s'aliène les journalistes et le public bostonien lors d'une conférence, volontairement obscure, sur son poème Al Aaraaf. Le 3 janvier 1846, Edgar dépose le bilan du Broadway Journal pour cause de dettes. En mai, Virginia étant de plus en plus malade, la famille s'installe à Fordham, quartier du Bronx, dans la grande banlieue de New York. Il apprécie les jésuites de l'université de Fordham et flâne fréquemment dans son campus, conversant avec les étudiants et les professeurs. La tour du clocher de l'université de Fordham lui inspire le poème « Bells. » À cette époque, Edgar tombe gravement malade et, ne pouvant plus écrire, sombre dans la misère. Le foyer est soutenu par une amie, Marie Louis Shew, mais leur pauvreté est telle qu'un entrefilet dans le New York Express du 5 décembre appelle les amis du poète à l'aide.

Le 30 janvier 1847, Virginia décède à Fordham, à l'âge de 24 ans. Edgar, gravement malade, est soigné par Mrs Shew et Maria Clemm. À cette époque, il très occupé par son projet de poème en prose, Eureka ou Essai sur l'univers matériel et spirituel. Il s'engage dans une quête frénétique d'amitiés féminines avec Mrs Lewis, dont il corrige les poèmes sentimentaux contre rétribution, avec Mrs Nancy Locke-Richmond (qui habite à Lowell, dans le Massachusetts), dont il s'éprend et qui sera l'Annie des derniers poèmes, enfin, avec Mrs Sarah Whitman (qui vit à Providence, dans le Rhode Island), poétesse spiritualiste à qui il adresse le second poème À Hélène et qu'il demande en mariage. En novembre 1848, dans des circonstances assez obscures, il absorbe une forte de dose de laudanum qui manque de l'empoisonner. De plus, il s'est mis à boire, lors de la maladie de Virginia, entre 1842 et 1847, et il est victime de crises d'éthylisme. Il souffre même un moment d'une attaque de paralysie faciale.

Le 13 novembre, Mrs Whitman accepte de l'épouser s'il renonce à l'alcool. Le 23 décembre, à Providence, il donne devant deux mille personnes sa célèbre conférence sur Le Principe poétique (qui ne sera publié qu'après sa mort). Deux jours plus tard, 25 décembre, doivent être célébrées les noces avec Mrs whitman. Toutefois, le lendemain, celle-ci reçoit une lettre anonyme lui apprenant de prétendues « relations immorales » entre Edgar et une de ses amies. De plus, on lui apprend que son fiancé a passé la nuit à boire avec des jeunes gens dans une taverne de la ville. Aussitôt, elle décide de rompre avec lui.

De retour à Fordham, Edgar reprend son projet de revue littéraire avec E.H.N. Patterson. Après une visite à Mrs Richmond, il entreprend un voyage dans le Sud pour rassembler des fonds en faveur de sa revue. Parti de New York le 30 juin 1849, il séjourne tout l'été à Richmond, où il retrouve Elmira Royster Shelton, veuve depuis la mort de son mari en 1844, avec laquelle il songe à se marier, et redonne sa conférence sur Le Principe poétique, qui rencontre un très grand succès. Il la refait également à Norfolk (Virginie). Le 27 septembre, il quitte Richmond en bateau pour Baltimore, où il débarque le lendemain. On perd alors sa trace pendant quatre jours. Le 3 octobre 1849, Joseph W. Walker envoie un message au Dr James E. Snodgrass: « Cher Monsieur, — Il y a un monsieur, plutôt dans un mauvais état, au 4e bureau de scrutins de Ryan, qui répond au nom d'Edgar A. Poe, et qui paraît dans une grande détresse et qui dit être connu de vous, et je vous assure qu'il a besoin de votre aide immédiate. Vôtre, en toute hâte, Jos. W. Walker. » L'endroit où Edgar réapparaît, plus connu sous le nom de « Gunner's Hall », était une taverne, qui (comme souvent à l'époque) servait de lieu de vote pendant les élections. Le Dr Snodgrass et Henry Herring, l'oncle d'Edgar, viennent chercher l'écrivain, qu'ils présument ivre. D'après les différents témoignages, au lieu de son costume de laine noir, il portait un manteau et un pantalon d'alpaga de coupe médiocre, vieillis et salis, et dont les coutures avaient lâché en plusieurs points, ainsi qu'une paire de chaussures usées aux talons et un vieux chapeau tout déchiré, presque en lambeaux, en feuilles de palmier. La chemise était toute chiffonnée et souillée, et il n'avait ni gilet ni faux-col. Conduit au Washington College Hospital, il alterne entre des phases de conscience et d'inconscience. Aux questions qu'on lui pose, il répond par des phrases incohérentes. Son cousin, Neilson Poe, venu lui rendre visite, ne peut le voir. Edgar meurt, officiellement d'une « congestion cérébrale » le dimanche 7 octobre, à 3h ou 5h du matin. Il est inhumé dans le cimetière presbytérien de la ville, le Westminster Hall, maintenant intégré à l'école de droit de l'université du Maryland.

Monument placé en 1875 à l'emplacement originel de la tombe d'Edgar Poe, dans le cimetière presbytérien de Baltimore
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Monument placé en 1875 à l'emplacement originel de la tombe d'Edgar Poe, dans le cimetière presbytérien de Baltimore

Plusieurs théories ont été émises pour expliquer la mort d'Edgar. On a prétendu, ainsi, qu'il serait mort des suites d'une trop grande consommation d'alcool. D'autres mettent en avant des ennuis de santé. En 1847, il avait été victime d'une longue maladie qui lui aurait causé une lésion au cerveau. De même, en 1848, le Dr John W. Francis aurait diagnostiqué une maladie du cœur, diagnostic qu'Edgar aurait d'ailleurs rejeté. Enfin, dans ses lettres à Maria Clemm, les 7 et 14 juillet, il indique qu'il est malade, parlant d'une amélioration de son état le 19. Parmi les maladies qui auraient pu causer sa mort, on a parlé de la tuberculose, de l'épilepsie, du diabète ou de la rage. Autre hypothèse mise en avant: il aurait retrouvé des anciens de West Point, qui l'auraient invité à boire. Rentrant seul, dans un état d'ivresse, il aurait été volé et battu par des brutes et aurait erré dans les rues pendant la nuit. Cependant, la théorie la plus largement admise est qu'il aurait été victime de la corruption et de la violence, qui sévissaient de manière notoire lors des élections. De fait, la ville était alors en pleine campagne électorale (pour la désignation du shérif, le 4 octobre) et des agents des deux camps parcouraient les rues, d’un bureau de vote à l’autre, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis au bureau de vote. Pour parfaire le stratagème, on changeait la tenue de la victime, qui pouvait être battue. Le faible cœur d'Edgar n'aurait pas résisté à un tel traitement.

Grâce à une souscription menée par les élèves de l'université du Maryland, il est réinhumé le 1er octobre 1875 sur un nouvel emplacement, et une cérémonie est organisée sur sa nouvelle tombe le 17 novembre. Depuis 1949, les admirateurs de Poe se réunissent chaque année sur sa tombe, à l'occasion de son anniversaire, le 19 janvier. Sur la pierre tombale de Poe a été inscrite l'épitaphe suivante : Fly / Quoth the Raven, / « Nevermore. »

[modifier] Sa personnalité

Doté d'une vaste intelligence, Edgar Allan Poe était un homme très courtois mais d'une férocité sans égale, qui le brouilla avec de nombreuses personnes. Ses amis étaient toujours frappés par sa tenue soignée à l'excès et la clarté de son élocution. Une analyse graphologique de ses manuscrits, dont l'écriture est ferme, régulière, élégante et ne comporte que peu de ratures (très souvent, il écrivait sur des feuilles de bloc-notes qu'il collait les uns aux autres de manière à former des rouleaux très stricts), indique une intelligence « ne dormant jamais », d'une indépendance extrême à l'égard des conventions, et qui contrôle, ou cherche toujours à contrôler, une extraordinaire sensibilité, somme toute, un « cérébral ».

Dans son travail, il se méfiait du premier jet, du spontané. Pressé par le besoin d'argent, il livrait le plus souvent des contes non revus aux journaux ou revues auxquels ils étaient destinés. Toutefois, lors des republications, il apportait à ceux-ci d'importants changements, toujours dans le sens d'un meilleur resserrement du texte. Durant les derniers mois de son existence, il révisa de près ses fictions et ses écrits théoriques ou critiques en vue de la première grande édition de ses œuvres, qui parut à New York en 1850.

Très conscient de son intelligence, logicien, il aimait faire montre de ses capacités analytiques. Ainsi, lors de la publication en feuilleton de Barnabé Rudge (1841), roman de Dickens, il aurait deviné la fin de l'intrigue avant la parution des dernières livraisons. De même, Le Mystère de Marie Roget est inspiré d'un fait réel, l'assassinat de Mary Cecil Rogers à New York en 1841, dont le corps avait été retrouvé dans l'Hudson, près de la rive du New Jersey. Dans une lettre datée du 4 juin 1842, il explique que, dans son conte, en faisant faire à Dupin « une analyse très longue et rigoureuse de la tragédie » et en reprenant « les opinions et les arguments de la presse », il démontre « le caractère fallacieux de l'opinion reçue » et a « indiqué l'assassin d'une manière qui donnera un nouvel élan à l'enquête », expliquant que la jeune femme n'a pas été assassinée, comme on le pensait, par une bande de voyous.

Sa supériorité dans l'art d'écrire fut aussi marquée par quelques canulars, où il appliqua sa théorie de l'effet. Le 13 avril 1844, il fit paraître dans un numéro spécial du New York Sun un conte, Le Canard au ballon, présenté comme un fait réel. Par cette adroite mystification, il marquait son retour sur la scène littéraire new-yorkaise. Quant à La Vérité sur le cas de M. Valdemar, conte paru en 1845, l'éditeur, qui le publia comme un pamphlet, et les journaux qui le reprirent dans les éditions anglaises le présentèrent comme un rapport scientifique (parce qu'ils avaient été dupés). Elizabeth Barrett Browning lui écrivit pour louer « la puissance de l'écrivain et cette faculté qu'il a de transformer d'improbables horreurs en choses qui paraissent si proches et si familières ».

Dévoilement de la nouvelle tombe d'Edgar Poe au cimetière de Westminster, à Baltimore
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Dévoilement de la nouvelle tombe d'Edgar Poe au cimetière de Westminster, à Baltimore

Idéaliste, il était aussi très ambitieux, ce qu'il ne cachait pas. Il écrit ainsi: « J'aime la gloire, j'en raffole; je l'idolâtre; je boirais jusqu'à la lie cette glorieuse ivresse; je voudrais que l'encens monte en mon honneur de chaque colline et de chaque hameau et de chaque ville et de chaque cité sur terre ».

Dès l'enfance, il lisait Byron, dont l'influence devait marquer ses premiers poèmes, Coleridge et la plupart des romantiques de son époque. Par la suite, il devait se démarquer de ces auteurs et se signala par des critiques assez féroces contre Coleridge. Il connaissait aussi parfaitement la littérature classique et goûtait particulièrement Pope. Il professa une grande admiration pour Ondine, conte de Friedrich de La Motte-Fouqué, pour Shelley, pour le génie de Dickens (notamment pour Le Magasin d'antiquités), pour Hawthorne. En revanche, il exprimait de sévères critiques à l'égard de Carlyle, d'Emerson (qu'il considère comme la « respectueuse réplique » du premier), de Montaigne, dont l'emploi de la digression dans ses Essais était en contradiction avec ses idées sur la nécessaire unité d'un texte. De même, s'il pouvait dire de John Neal que « son art est grand, il est d'une nature élevée », il mettait en avant ses « échecs répétés (…) dans le domaine de la construction de ses œuvres », due, selon lui, soit à une « déficience du sens de la totalité », soit à une « instabilité de tempérament ».

Malgré ses efforts, il ne vécut jamais dans une réelle aisance, mais connut souvent la misère, même s'il bénéficia de son vivant d'une réelle célébrité, surtout par ses activités de journaliste et son poème Le Corbeau.

Contrairement à ce que certains ont écrit, Edgar Poe n'était pas un alcoolique. On a pu ainsi établir qu'à l'université et à West Point, contrairement à certaines légendes, il était tout à fait sobre. Plus généralement, il restait souvent sans boire sur de très longues durées et pouvait ne pas toucher une goutte d'alcool pendant des années. En revanche, les quelques fois où il était amené à boire, il était le plus souvent malade et ne pouvait travailler pendant quelques jours. Il semble qu'il se soit mis à boire davantage à l'époque de la maladie de son épouse. Quant aux rumeurs d'alcoolisme, elles sont fondées sur le fait que, d'une part, il ne supportait pas l'alcool, et que, d'autre part, plusieurs personnes, soit qu'elles fussent fâchées avec lui, soit qu'elles pussent se compter comme ses ennemis, ont profité de ces quelques occurrences où il est apparu ivre pour généraliser et prétendre qu'il était alcoolique, ceci afin de le blesser et de salir son honneur, puis sa mémoire.

[modifier] Son œuvre

Buste d'Edgar Allan Poe
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Buste d'Edgar Allan Poe

L'ambition d'Edgar Poe, à une époque où l'influence européenne, dont la production affluait aux États-Unis, marquait la littérature américaine, qui, hormis Washington Irving et James Fenimore Cooper, ne brillait guère que par ses histoires d'horreur (l'auteur le plus connu étant alors Charles Brockden Brown) et ses romans sentimentaux, était de créer une véritable littérature nationale. À ce titre, son œuvre de critique littéraire fut marquée par une véritable exigence de qualité, ainsi que la dénonciation des facilités et des plagiats. Longfellow fut la plus illustre de ses victimes (qui ne répondit jamais à ses accusations, encore que ses amis se fissent un plaisir, en réponse, de calomnier Edgar Poe dans les milieux littéraires new-yorkais).

Edgar Poe a laissé une importante œuvre théorique, influencée par August Wilhelm Schlegel et Coleridge, qui permet de donner sens à son œuvre. Ses réflexions littéraires renvoient à ses conceptions cosmogoniques. Dans Eureka, il explique que l'univers, à l'origine, était marqué par l'unicité. Il a éclaté par la suite en quelque chose que l'on pourrait rapprocher de la théorie du big bang, mais il aspire à retrouver son unité. De même, en littérature, l'unité doit l'emporter sur toute autre considération. D'où la théorie de l'effet unique qu'il développe dans Philosophie de la composition (traduit par Baudelaire sous le titre de Genèse d'un poème): le but final de l'art est esthétique, c'est-à-dire l'effet qu'il crée chez le lecteur. Or, cet effet ne peut être maintenu que durant une brève période (le temps nécessaire à la lecture d'un poème lyrique, à l'exécution d'un drame, à l'observation d'un tableau, etc.). Pour lui, si l'épopée a quelque valeur, c'est qu'elle est composée d'une série de petits morceaux, chacun tourné vers un effet unique ou un sentiment, qui « élève l'âme ». Il associe l'aspect esthétique de l'art à l'idéalité pure, affirmant que l'humeur ou le sentiment créé par une œuvre d'art élève l'âme et constitue, de ce fait, une expérience spirituelle. Le poème, le conte, le roman ne doit tendre que vers sa réalisation, et toute digression doit être rejetée. De même, le roman à thèse, où l'intrigue est entrecoupée de dissertations sur tel ou tel sujet, est à proscrire. Adversaire du didactisme, Poe soutient, dans ses critiques littéraires, que l'instruction morale ou éthique appartient à un univers différent du monde de la poésie et de l'art, qui devrait seulement se concentrer sur la production d'une belle œuvre d'art.

L'univers, dit-il, est un poème de Dieu, c'est-à-dire qu'il est parfait. Mais l'Homme, aveugle aux œuvres de Dieu, ne voit pas cette perfection. C'est au poète, qui à l'intuition de cette perfection, grâce à son imagination créatrice, de la faire connaître à l'humanité. Mais certains poètes mégalomanes, guidés par ce que les Grecs anciens appelaient hubris, au lieu d'admettre l'impossibilité de l'imitation parfaite de l'intrigue de Dieu par l'Homme, prétendent se livrer à une concurrence sacrilège. Marqués non par l'imagination créatrice, mais par la fancy - une fantaisie délirante créant l'erreur, l'illusion -, ils ne voient pas la perfection de la création divine; leur esprit aveuglé interprète le monde en fonction de leur cœur, de leur propre tourment intérieur; ils sont voués au néant par leur ambition prométhéenne. Dans la première catégorie, on peut citer le chevalier Auguste Dupin (Double assassinat dans la Rue Morgue, Le Mystère de Marie Roget et La Lettre volée), William Legrand (Le Scarabée d'or) ou le baron Ritzner von Jung (Mystification). De même, dans certains contes, l'illusion est révélée par un parent au narrateur fiévreux qui a fui une épidémie de choléra dans Le Sphinx, par des lunettes qu'on offre au narrateur myope dans Les Lunettes, par la révélation des causes psychosomatiques de la sorte de catalepsie dont souffre le narrateur dans L'Enterrement prématuré. Dans la seconde catégorie, la figure la plus marquante est Roderick Usher, dont l'influence néfaste « contamine » le regard du narrateur et lui fait voir comme surnaturels des phénomènes qui ont, en fait, une explication rationnelle (Poe disséminant adroitement les indices de cette explication dans le texte).

Dans La Lettre volée (en anglais, The Purloined Letter), Edgar Poe imagine une intrigue où un certain « D. » (peut-être un frère du héros, le chevalier Auguste Dupin, comme semble l'indiquer la citation de la tragédie Atrée et Thyeste de Crébillon père : « Un destin si funeste, / S'il n'est digne d'Atrée, est digne de Thyeste. ») vole à une dame de qualité une lettre compromettante. Pour la cacher aux policiers, qui surveillent ses allers-retours et fouillent son hôtel pendant son absence, il la met bien en évidence dans un tableau accroché au mur. L'aveuglement des policiers, à l'esprit médiocre, renvoie à l'aveuglement des hommes, incapables de saisir la perfection de l'intrigue de Dieu. Quant à « D. », Poe le décrit comme dominé par la fancy, au contraire du chevalier Dupin, qui finit par l'emporter, grâce à son imagination créatrice.

La narration, chez Poe, est marquée par la polysémie, dont témoignent les nombreux jeux de mot, dans les textes tragiques comme dans les textes comiques. Le narrateur, qui se signale le plus souvent par des lectures néfastes (littérature fantastique à l'allemande, romans gothiques, ésotérisme, métaphysique), décrit une histoire déformée par sa fancy, il ne maîtrise pas son écriture, dans laquelle plusieurs indices permettent d'appréhender la réalité sous-jacente.

Nombre d'histoires d'Edgar Poe, principalement celles qui devaient figurer dans les Contes de l'In-Folio, qu'elles relèvent du tragique ou du comique, appartiennent au registre de la parodie. Son but est de démontrer l'inconsistance des fausses gloires de son temps, dont seuls quelques-uns ont échappé à l'oubli. Ainsi, Metzengerstein parodie les horreurs inventées dans les romans gothiques, comme Le Château d'Otrante d'Horace Walpole ou Les Elixirs du diable d'E.T.A. Hoffmann. L'histoire repose sur la croyance en la métempsycose, pour laquelle Edgar Poe a toujours manifesté un profond mépris et qui relevait pour lui de l'aliénation mentale. Dans Le Duc de l'Omelette, il parodie les maniérismes et le style affecté de Nathaniel Parker Willis. Dans Un événement à Jérusalem, qui parodie un roman de Horace Smith, Zilhah, a Tale of the Holy City (1829), il ridiculise l'orientalisme des romantiques. Quant à Manuscrit trouvé dans une bouteille, il représente un pastiche des récits de voyage. De même, des contes comme Bérénice ne sont ni plus ni moins qu'une parodie des outrances auxquelles se livraient les revues de l'époque. Le Roi Peste, de son côté, démonte les mécanismes du roman Vivian Grey (1826), récit plein de fantaisie débridée à travers lequel, non sans incongruité, Benjamin Disraeli entendait dénoncer l'ivrognerie. De même, dans Comment écrire un article à la « Blackwood » et A Predicament, la satire dénonce l'absurdité des contes à sensation, qui faisaient la fortune du Blackwood's Magazine, très célèbre revue d'Édimbourg. Quant à l'héroïne, Psyché Zenobia, c'est une femme de lettres américaine, un « bas-bleu », Margaret Fuller, dont les sympathies pour les transcendantalistes suffisaient à énerver Poe.

Plus largement, quand l'actualité ne venait pas lui fournir un sujet, il puisait assez souvent dans ses nombreuses lectures (que favorisait son travail de critique littéraire) pour concevoir et construire ses œuvres de fiction. Ainsi, Hop Frog est inspiré de l'accident advenu à Charles VI lors du bal des ardents, tel que l'a décrit Jean Froissart dans ses Chroniques. De même, William Wilson est directement inspiré de la trame d'un poème dramatique que Byron aurait eu l'intention d'écrire, dont Washington Irving avait révélé le contenu dans The Gift en 1836. Nathaniel Hawthorne s'était lui-même servi de ce matériau pour rédiger Howe's Masquerade.

Il pouvait aussi faire appel, comme tout écrivain, à son expérience personnelle. Ainsi, Un matin sur le Wissahicon, où il s'éloigne vite de la simple transcription de souvenirs pour se livrer à une contemplation émerveillée de la nature et à une réflexion sur l'altération des paysages créée par la présence humaine, et plus largement sur les rapports entre l'industrie humaine et la beauté (sa description perdant tout réalisme pour basculer dans l'onirisme et offrir un coup d'œil éphémère sur une vision céleste), relate au départ une promenade qu'il avait faite à Mom Rinker's Rock et la rencontre d'un daim apprivoisé.

[modifier] Postérité

Edgar Poe est un auteur prolifique, qui laisse deux romans, de nombreux contes et poèmes, outre ses essais, ses critiques littéraires et son abondante correspondance. Une partie importante de ses contes et poèmes ont été traduits en français par Charles Baudelaire et Stéphane Mallarmé. Ces traductions comportent maintes erreurs (ainsi, Baudelaire ne distingue pas toujours la fancy et l'imagination créatrice ou introduit trop souvent un vocabulaire de type fantastique étranger à l'original), mais la qualité de leurs auteurs empêche tout travail de retraduction, et seuls les textes qu'ils ont laissé de côté ont fait l'objet de traductions plus récentes. On trouve plusieurs contes et poèmes de Poe en accès libre sur le web.

Pendant longtemps, l'image d'Edgar Poe fut tronquée; elle l'est encore dans une partie importante du public. Poe fut victime d'un pasteur baptiste bien-pensant, par ailleurs littérateur jaloux, Rufus Griswold (1815-1857) - le « pédagogue vampire », selon le mot de Baudelaire -, qui s'acharna à détruire son image. Le 9 octobre 1849, déjà, il écrivait dans le New York Tribune: « Edgar Poe est mort. Il est mort à Baltimore avant-hier. Ce faire-part étonnera beaucoup de personnes, mais peu en seront attristées. (…) L'art littéraire a perdu une de ses plus brillantes et de ses plus bizarres célébrités. » Par la suite, chargé avec James Russell Lowell et Nathaniel Parker Willis d'assurer l'édition des Œuvres posthumes de Poe, il rédigea une notice biographique parue en tête du troisième tome, « chef d'œuvre d'ambiguïtés suggestives, de faux vraisemblables, de mensonges masqués, d'imaginations superbement jouées » selon la formule très juste de Claude Richard. Il prétendit ainsi qu'il était alcoolique, mélancolique, c'est-à-dire victime d'un déséquilibre mental, et que c'était un personnage sinistre qui avait des « éclairs de génie ». Les légendes qu'il forgea eurent longtemps seules droit de cité, malgré les protestations des amis de Poe (Sarah Helen Whitman, John Neal, George Graham, George W. Peck, Mrs Nichols ou Mrs Weiss). C'est grâce aux travaux de Ingram (1880), Harrison (1903) et Quinn (1941) que la vérité sur le travail de l'écrivain fut rétablie, avec l'édition, en 1902, des œuvres complètes de Poe, dite Virginia Edition, qui comporte dix-sept volumes.

En France même, où ses œuvres ont connu très tôt un large écho, grâce essentiellement aux efforts de Charles Baudelaire, nombre d'études témoignent d'une méconnaissance assez large du poète américain. Une part des légendes qui se colportent ont d'ailleurs été transmises par Baudelaire, lui-même, qui se reconnaissait dans cette image de l'écrivain hanté et misérable et le présentait avec trop d'insistance comme le parangon des poètes maudits et sulfureux (croyant à la légende de l'alcoolisme de Poe, qu'il décrivait comme « un moyen mnémonique, une méthode de travail » et lui attribuant ses propres faiblesses à l'égard de la drogue). Plus tard, en 1933, Marie Bonaparte se livra à une étude psychanalytique tout à fait contestable (et dont les nombreux abus ont été depuis largement dénoncés), reproduisant et amplifiant les légendes de Griswold (quand elle n'en créait pas de nouvelles). Par exemple, elle affirme, sans la moindre preuve pour étayer ses dires, qu'Edgar Poe aurait aperçu, dans sa petite enfance, ses parents faisant l'amour, déduisant de cet événement improbable des complexes dont témoigneraient, selon elle, ses textes. Influencée par les légendes répétées à l'envi depuis Griswold, qui présentent Poe comme un être neurasthénique, alcoolique, drogué, marqué par la fatalité et transcrivant sur le papier ses propres terreurs (avec un détournement scandaleux de la phrase tirée de la préface des Contes du grotesque et de l'arabesque citée ci-dessous), cette lecture ignore le travail de l'écrivain et méconnaît la pensée de Poe, que l'auteur prétend qualifier, de manière erronée, de « nécrophile en partie refoulé en partie sublimé ».

[modifier] Influence

Les œuvres de Poe ont eu une large influence sur la littérature américaine et mondiale (parfois même en dépit de ceux qui prétendaient le critiquer), et même, au-delà de la littérature, dans l'ensemble du monde de l'art.

[modifier] Littérature américaine

La réputation littéraire de Poe aux États-Unis est inférieure à ce qu'elle est dans le reste du monde, parce que considéré comme trop macabre. L'influence des diffamations de Rufus Griswold continuent à le desservir auprès du monde littéraire américain. Cependant, plusieurs écrivains américains comme Walt Whitman, Lovecraft, William Faulkner et Herman Melville ont été largement influencés par son œuvre. Nathanael West a repris le sujet et l'humour noir de L'Homme qui était refait pour son troisième roman, A Cool Million.

Flannery O'Connor, qui a grandi en lisant les textes satiriques de Poe, a revendiqué l'influence de Poe sur son œuvre. T. S. Eliot, qui s'est souvent montré tout à fait hostile à Poe, le décrivant comme ayant « l'intellect d'une personne pré-pubère hautement douée », professait qu'il était impressionné, cependant, par le talent de Poe comme critique littéraire, parlant de lui comme « le plus direct, le moins pédant, le moins doctoral des critiques écrivant à son époque n'importe où en Amérique ou en Angleterre ».

Mark Twain est également un critique acéré de Poe. « Pour moi, sa prose est illisible - comme celle de Jane Austen », écrit-il le 18 janvier 1909 dans une lettre à William Dean Howells.

[modifier] Influence sur la littérature française

En France, où il est communément connu sous le nom d'Edgar Poe, les premiers textes de Poe sont arrivés quand deux journaux français publient des traductions différentes (et infidèles) de Double assassinat dans la rue Morgue. Un troisième journal, La Presse, accuse l'éditeur du second, E. D. Forgues, d'avoir plagié le premier. Pour se défendre, Forgues explique que l'histoire n'est pas un plagiat, mais la traduction des « contes d'E. Poe, littérateur américain ». Quand La Presse prétend rejeter l'explication de Forgues, celui-ci réplique par un procès en diffamation, au cours duquel il ne cesse d'affirmer: « Avez-vous lu Edgar Poe? Lisez Edgar Poe. » La notoriété de ce procès fait bientôt connaître le nom de Poe à travers Paris, attirant l'attention de nombreux poètes et écrivains.

Parmi eux, Charles Baudelaire traduit la plupart des contes de Poe et plusieurs de ses poèmes. Cette traduction de grand style crée une vogue autour de Poe parmi l'avant-garde littéraire française, tandis qu'il est alors ignoré dans son pays natal. Poe exerce également une influence prépondérante sur la propre poésie de Baudelaire. Dans une ébauche de son œuvre la plus célèbre, Les Fleurs du mal, Baudelaire met Poe dans la liste d'auteurs qu'il a imités. Baudelaire trouve également en Poe un exemple de ce qu'il regarde comme les éléments destructeurs de la société bourgeoise. Poe lui-même était un critique de la démocratie et du capitalisme (dans son conte Mellonta Tauta, Poe affirme que « la démocratie est une forme de gouvernement réellement admirable… pour les chiens »), et l'image de tragique pauvreté et de misère qu'offre la biographie de Poe semble, pour Baudelaire, l'ultime exemple de la capacité de la bourgeoisie à détruire le génie et l'originalité.

Les artistes symbolistes ont été également voué un véritable culte à Poe: Stéphane Mallarmé, qui lui dédicace plusieurs poèmes et traduit une grande partie de ses poèmes, accompagnés d'illustrations d'Édouard Manet, Auguste de Villiers de l'Isle-Adam, Paul Valéry et Marcel Proust. Gustave Doré a également illustré des textes de Poe, comme Le Corbeau.

[modifier] Royaume-Uni

De France, les œuvres de Poe traversent la Manche. Les vers d'une grande musicalité d'un Algernon Swinburne doivent beaucoup à la technique de Poe. Oscar Wilde appelle Poe « ce merveilleux seigneur de l'expression rythmique » et puise dans l'œuvre de Poe pour son roman Le Portrait de Dorian Gray et ses contes.

Le poète et critique W. H. Auden revitalise l'intérêt pour l'œuvre de Poe, notamment ses travaux critiques. Auden affirme, au sujet de Poe: « Ses portraits d'états anormaux ou auto-destructeurs favorisèrent nettement Dostoïevski, son héros ratiocinant fut l'ancêtre de Sherlock Holmes et ses nombreux successeurs, ses contes futuristes menèrent à Herbert George Wells, ses histoires d'aventures à Jules Verne et à Robert Louis Stevenson ».

D'autres écrivains anglais, comme Aldous Huxley, cependant, l'apprécient nettement moins. Huxley considère Poe comme l'incarnation de la vulgarité en littérature.

[modifier] Russie

En Russie, la poésie de Poe a été traduite par le poète symboliste russe Constantin Balmont et a connu une grande popularité en Russie à la fin du 19e et au début du 20e siècles, influençant des artistes comme Nabokov, qui fait plusieurs fois référence à l'œuvre de Poe dans son célèbre roman Lolita.

Fédor Dostoïevski qualifie Poe d'« écrivain prodigieusement doué », rédigeant une critique très favorable des histoires policières de Poe et faisant brièvement allusion au Corbeau dans son roman Les Frères Karamazov. Par ailleurs, il a été suggéré que le héros de Crime et châtiment, Raskolnikov, est inspiré en partie de Montresor, le personnage de La Barrique d'Amontillado, et que le policier doit beaucoup au chevalier Auguste Dupin.

[modifier] Autres pays

L'écrivain argentin Jorge Luis Borges est un grand admirateur de l'œuvre de Poe et a traduit ses histoires en espagnol. Nombre des personnages des histoires de Borges sont empruntés directement aux contes de Poe, et, dans plusieurs de ces histoires, Poe est mentionné nominalement. Un autre écrivain argentin, Julio Cortázar, a traduit en espagnol la totalité des fictions et des essais de Poe.

Poe a également exercé une influence sur le poète et écrivain suédois Viktor Rydberg, qui a traduit une part considérable des œuvres de Poe. Un auteur japonais a adopté pour pseudonyme Edogawa Ranpo, qui correspond à la prononciation du nom d'Edgar Allan Poe dans cette langue. L'auteur allemand Thomas Mann, dans son roman Les Buddenbrook, décrit un personnage lisant les contes de Poe et affirme avoir été influencé par son œuvre. Friedrich Nietzsche se réfère à Poe dans son chef-d'œuvre Par-delà bien et mal, et plusieurs prétendent que Poe a exercé une influence évidente sur le philosophe.

[modifier] Histoires policières

Poe est souvent considéré comme l'inventeur du genre policier, avec les trois aventures du chevalier Auguste Dupin, la plus célèbre étant Double assassinat dans la rue Morgue (il a également des histoires policières satiriques, comme Thou Art the Man). Il n'y a pas de doute qu'il a inspiré les auteurs policiers qui sont venus après lui, particulièrement Arthur Conan Doyle dans ses aventures de Sherlock Holmes. Bien qu'Auguste Dupin ne soit pas le premier détective dans la littérature, il est devenu l'archétype pour tous les détectives ultérieurs, et Doyle fait lui-même référence à Auguste Dupin dans l'aventure de Sherlock Holmes intitulée Une étude en rouge, dans laquelle Watson compare Holmes à Dupin, ce qui déçoit Holmes. Les auteurs policiers, aux États-Unis, ont appelé leur prix d'excellence dans le genre les « Edgars ». En France, Émile Gaboriau a été très influencé par Poe. De même, Gaston Leroux reprend la figure de la Mort rouge dans une scène de son roman Le Fantôme de l'Opéra.

[modifier] Science-fiction

Poe a également profondément influencé le développement des débuts de l'auteur de science-fiction Jules Verne, qui parle de Poe dans son essai Poe et ses œuvres et a écrit une suite du roman de Poe, Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, intitulée Le sphinx des glaces. Herbert George Wells, en parlant de la construction de ses romans principaux, La Guerre des mondes et Les Premiers Hommes dans la lune, note que « Pym dit ce qu'un esprit vraiment intelligent pouvait imaginer sur la région du Pôle Sud, il y a un siècle ».

Auteur de science-fiction renommé, Ray Bradbury, qui s'est largement inspiré de Poe et ne s'est jamais caché de son adoration, a écrit un chapitre entier dans ses Chroniques martiennes combinant avec brio des bribes et des personnages des œuvres de Poe dont Le Masque de la Mort Rouge et Le Puits et le pendule a également professé une grande passion pour Poe. Son histoire contre la censure, Usher II, imagine un futur où les œuvres de Poe (et de plusieurs autres auteurs) sont censurées et décrit un excentrique qui construit une maison maison inspirée sur le conte de Poe, La Chute de la Maison Usher.

[modifier] Dramaturges et réalisateurs

Sur scène, le dramaturge George Bernard Shaw est grandement influencé par la critique littéraire de Poe, qu'il appelle « le plus grand critique de son époque ». Alfred Hitchcock regarde Poe comme une source d'inspiration majeure, affirmant: « C'est parce que j'aimais tellement les histoires d'Edgar Allan Poe que j'en suis venu à faire des films à suspense ».

L'acteur John Astin, qui a joué le rôle de Gomez dans la série télé La Famille Addams, est un ardent admirateur de Poe, et est monté seul sur scène pour jouer une pièce tirée de la vie et des textes de Poe, Edgar Allan Poe: Once Upon a Midnight. La comédie musicale Nevermore, de Matt Conner et Grace Barnes, est inspirée des poèmes et essais de Poe. L'acteur Vincent Price a joué dans un grand nombre de films adaptés des histoires de Poe, comme Le Chat noir, Morella, Le Cas de M. Valdemar et Le Puits et le pendule.

[modifier] Physique et cosmologie

Eureka, un essai écrit en 1848, inclue une vision cosmologique qui anticipe les trous noirs et la théorie du big bang développée dans les années 1980, aussi bien que la première solution plausible du paradoxe d'Olbers. Bien que décrit comme un « poème en prose » par Poe, qui désire qu'il soit considéré comme une œuvre d'art, ce texte est un remarquable essai scientifique et mystique différent de ses autres textes. Il a écrit qu'il considérait Eureka comme le chef d'œuvre de sa carrière.

Poe a évité la méthode scientifique dans son Eureka. Il affirme qu'il a écrit en suivant sa pure intuition, non la méthode aristotélicienne a priori des axiomes et des syllogismes, la méthode empirique de la science moderne mise en avant par Francis Bacon. Pour cette raison, il l'a considéré comme une œuvre d'art, et non un essai scientifique, mais en insistant sur le fait qu'il exprimait la vérité. Bien que certaines de ses affirmations se soient plus tard avérées fausses (comme son affirmation suivant laquelle la pesanteur doit être la force la plus puissante - c'est en fait la plus faible), d'autres se sont avérées étonnamment précises, des décennies avant leur confirmation.

[modifier] Cryptographie

Poe avait un vif intérêt pour le domaine de la cryptographie, comme dans sa nouvelle Le Scarabée d'or. En particulier, il a exprimé sa foi en ses capacités dans Alexander's Weekly Express Messenger de Philadelphie, invitant les lecteurs à lui envoyer des documents chiffrés et se proposant de les résoudre. Son succès a suscité l’intérêt public pendant quelques mois. Plus tard, il a écrit des essais sur les méthodes de cryptographie qui se sont avérées utiles, quand il s’est agi de déchiffrer les codes allemands utilisés pendant la Première Guerre mondiale.

Le succès de Poe en matière de cryptographie n'est pas tant fondé sur sa connaissance de ce domaine (sa méthode se limitant au simple cryptogramme de substitution), que sur sa connaissance de la culture de la presse. Ses grandes capacités analytiques, si évidentes dans ses récits policiers, lui ont permis de se faire connaître auprès du grand public, pour l’essentiel ignorant des méthodes permettant de résoudre un simple cryptogramme de substitution, et il l’a employé à son avantage. L’événement créé par Poe autour de la cryptographie a joué un rôle important, en popularisant les cryptogrammes dans les journaux et les magazines.

[modifier] Imitateurs

Comme pour tout artiste célèbre, les œuvres de Poe ont suscité de nombreux imitateurs et plagiaires. Plusieurs de ces imitateurs ont prétendu avoir vécu une expérience de voyance ou de télépathie grâce à laquelle ils auraient retranscrit les poèmes que l'esprit de Poe leur aurait dictés par-delà la tombe. L'un des plus célèbres de ces imitateurs est Lizzie Doten, qui a publié en 1863 Poèmes de la vie intérieure, recueil dans lequel elle prétend avoir reçu de nouveaux poèmes, dictés par l'esprit de Poe. En fait, ces textes sont une version modifiée du célèbre poème Les Cloches, mais qui le réoriente dans une perspective positive.

[modifier] Musique

Poe et son œuvre ont fourni une inspiration considérable à des compositeurs de musique classique et de musique populaire.

Leon Botstein, chef d'orchestre de l'American Symphony Orchestra - qui a présenté un programme de Contes d'Edgar Allan Poe en 1999 - note que, dans le domaine de la musique classique, comme en littérature, l'influence de Poe est plus apprécié en Europe qu'aux États-Unis.

Claude Debussy a souvent mis en avant l'effet intense de Poe sur sa musique et a écrit un opéra adapté de La Chute de la maison Usher. Bien qu'inachevé, une version reconstituée a été jouée à l'université Yale en 1977. Debussy a également abandonné et laissé à l'état inachevé un opéra tiré du conte Le Diable dans le beffroi.

Deux membres du cercle de Debussy ont également écrit des œuvres inspirées par Poe. Florent Schmitt a composé une étude, Le palais hanté, basée sur un poème de Poe, en 1904. Conte fantastique pour harpes et cordes d'André Caplet, publié en 1924, mais commencé au moins dès 1909, est une composition tirée du Masque de la Mort Rouge.

Sergueï Vassilievitch Rachmaninov, à qui un admirateur avait offert une traduction russe du poème Les Cloches, l'adapte en 1913 en symphonie chorale, qu'il considère comme son œuvre favorite.

Le compositeur anglais Joseph Holbrooke a composé un poème symphonique basé sur Le Corbeau à partir de 1900, suivi en 1903 par une adaptation similaire des Cloches. Holbrooke a également écrit la musique du ballet Le Masque de la Mort Rouge.

Poe continue à être une source d'inspiration pour les compositeurs classiques contemporains. Le compositeur minimaliste Philip Glass a écrit un opéra adapté de La Chute de la maison Usher à partir de 1989. En 1997, Einojuhani Rautavaara a composé sept fantaisies pour chœurs et orchestre basées sur les derniers paragraphes des Aventures d'Arthur Gordon Pym.

D'autres opéras sont basés sur des contes d'Edgar Poe: Ligeia, un opéra d'Augusta Read Thomas en 1994, et Le Cœur révélateur, de Bruce Adolphe.

L'ingénieur du son des Pink Floyd, Alan Parsons, a sorti en 1976 son premier album Tales of Mystery and Imagination, Edgar Allan Poe dans son groupe The Alan Parsons Project, inspiré directement des écrits de Poe. Le groupe de heavy metal Iron Maiden a adapté également The Murders in the Rue Morgue (Double assassinat dans la rue Morgue en français). En 1997, le groupe Arcturus a adapté aussi un poème de Poe : Alone.

The Edgar Allan Poe National Historic Site, à Philadephie (Pennsylvanie)
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The Edgar Allan Poe National Historic Site, à Philadephie (Pennsylvanie)

[modifier] Citations

« Si dans maintes de mes productions, la terreur a été le thème, je soutiens que cette terreur n'est pas d'Allemagne, mais de l'âme - que j'ai déduit cette terreur de ses seules sources légitimes et ne l'ai poussée qu'à ses seuls résultats légitimes. », préface des Contes grotesques et arabesques.

« Pour moi, la première de toutes les considérations, c'est celle d'un effet à produire. Ayant toujours en vue l'originalité (car il est traître envers lui-même, celui qui risque de se passer d'un moyen d'intérêt aussi évident et aussi facile), je me dis, avant tout: parmi les innombrables effets ou impressions que le cœur, l'intelligence ou, pour parler plus généralement, l'âme est susceptible de recevoir, quel est l'unique effet que je dois choisir dans le cas présent ? Ayant donc fait choix d'un sujet de roman et d'un effet, d'abord nouveau et ensuite vigoureux, je cherche s'il vaut mieux le mettre en lumière par les incidents ou par le ton, ou par des incidents vulgaires et un ton particulier, ou par des incidents singuliers et un ton ordinaire, ou par une égale singularité de ton et d'incidents; et puis je cherche autour de moi, ou plutôt en moi-même, les combinaisons d'événements ou de tons qui peuvent être les plus propres à créer l'effet en question. », Philosophie de la composition.

« Ainsi, dans la construction d'une intrigue, dans une fiction littéraire, nous devrions nous efforcer d'arranger les incidents de telle façon qu'il fût impossible de déterminer si un quelconque d'entre eux dépend d'un autre quelconque ou lui sert d'appui. Prise dans ce sens, la perfection de l'intrigue est, dans la réalité, dans la pratique, impossible à atteindre, simplement parce que la construction dont il s'agit est l'œuvre d'une intelligence finie. Les intrigues de Dieu sont parfaites. L'univers est une intrigue de Dieu. », Eureka

[modifier] Publications

Wikisource propose un ou plusieurs textes de ou sur Edgar Allan Poe dans le domaine public

[modifier] Textes publiés en volume par Edgar Poe

  • Tamerlan and Other Poems, Boston, Calvin F. S. Thomas, 1827
  • Al Aaraaf , Tamerlane and Minor Poems, Baltimore, Hatch and Dunning, 1829
  • Poems, second edition, New York, Elam Bliss, 1831
  • The Narrative of Arthur Gordon Pym from Nantucket, en feuilleton (janvier-février 1837), en volume à New York, Harper & Brothers, 1838
  • The Conchologist's First Book, Philadelphie, Haswerl, Barrington et Haswell, 1839 (deuxième édition en 1840, troisième édition en 1845)
  • Tales of the Grotesque and Arabesque, 2 volumes, Philadelphie, Lea & Blanchard, 1840 (750 exemplaires)
  • The Prose Romances of Edgar A. Poe (contenant : The Murders in the Rue Morgue et The Man that was used up), Philadelphie, William H. Graham, 1843 (probablement publié à 250 exemplaires)
  • The Raven and other Poems, New York, Wiley & Putnam, 1845
  • Tales, New York, Wiley & Putnam, 1845
  • Eureka : A Prose Poem, New York, George P. Putnam, 1848
  • The Works of the Late Edgar Allan Poe (édité par Griswold), New York, J. S. Redfield, vols 1-2, 1850; vol 3, 1850; vol 4, 1856 (édition posthume préparée par Edgar Poe)

[modifier] Contes traduits en français par Baudelaire

    • Histoires extraordinaires (1856)
    • Nouvelles histoires extraordinaires (1857)
      • Le Démon de la perversité (juillet 1845)
      • Le Chat noir (19 août 1843)
      • William Wilson (octobre 1839)
      • L'homme des foules (décembre 1840)
      • Le Cœur révélateur (janvier 1843)
      • Bérénice (mars 1835)
      • La Chute de la maison Usher (septembre 1839)
      • Le Puits et le pendule (1843)
      • Hop-Frog (17 mars 1849)
      • La Barrique d'amontillado (novembre 1846)
      • Le Masque de la mort rouge (19 juillet 1845)
      • Le Roi Peste (septembre 1835)
      • Le Diable dans le beffroi (18 mai 1839)
      • Lionnerie (mai 1835)
      • Quatre bêtes en une (mars 1836)
      • Petite Discussion avec une momie (avril 1845)
      • Puissance de la parole (juin 1845)
      • Colloque entre Monos et Una (août 1841)
      • Conversation d'Eiros avec Charmion (décembre 1839)
      • Ombre (septembre 1835)
      • Silence (automne 1837)
      • L'Île de la fée (juin 1841)
      • Le Portrait ovale (avril 1842)
    • Histoires grotesques et sérieuses (1865)
      • Le Mystère de Marie Roget (novembre 1842, décembre 1842, février 1843)
      • Le Joueur d'échecs de Maelzel (avril 1836)
      • Eleonora (4 septembre 1841)
      • Un Événement à Jérusalem (9 juin 1832)
      • L'Ange du bizarre (octobre 1844)
      • Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume (novembre 1845)
      • Le Domaine d'Arnheim (mars 1847)
      • Le Cottage Landor (9 juin 1849)
      • Philosophie de l'ameublement (mai 1840)
      • La Genèse d'un poème (avril 1846)
    • Les Aventures d'Arthur Gordon Pym (1858)

[modifier] Contes non traduits par Baudelaire

    • Le Duc de l'Omelette (3 mars 1832)
    • Perte d'haleine (10 novembre 1832)
    • Bon-Bon (1er décembre 1832)
    • Le Rendez-vous (janvier 1834)
    • Mystification (juin 1837)
    • Comment écrire un article à la « Blackwood » (novembre 1838)
    • A Predicament (novembre 1838)
    • L'Homme qui était refait (août 1839)
    • Le Journal de Julius Rodman (janvier-juin 1840)
    • L'Homme d'affaires (février 1840)
    • Pourquoi le petit Français porte-t-il le bras en écharpe? (1840)
    • Préface des Contes du Grotesque et de l'Arabesque (1840)
    • Ne pariez jamais votre tête au diable (septembre 1841)
    • La Semaine des trois dimanches (27 novembre 1841)
    • Le jardin paysage (octobre 1842), texte fondu plus tard dans Le Domaine d'Arnheim
    • De l'escroquerie considérée comme l'une des sciences exactes (14 octobre 1843)
    • Matin sur le Wissahicon (automne 1843)
    • Les Lunettes (27 mars 1844)
    • L'Enterrement prématuré (31 juillet 1844)
    • La Caisse oblongue (septembre 1844)
    • Thou Art the Man (novembre 1844)
    • La Vie littéraire de Monsieur Thingum bob, ancien rédacteur en chef de « L'Oie soiffarde » (décembre 1844)
    • Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade (février 1845)
    • Le Sphinx (janvier 1846)
    • Mellonta Tauta (février 1849)
    • Von Kempelen et sa découverte (14 avril 1849)
    • X-ing a Paragrab (12 mai 1849)
    • Introduction du recueil Le Club de l'In-Folio (1850)
    • Le Phare (25 avril 1942, manuscrit incomplet)

[modifier] Essais d'Edgar Poe

  • Lettre à B… (1831)
  • Le Joueur d'échecs de Maelzel (avril 1836)
  • Philosophie de l'ameublement (mai 1840)
  • Exorde (janvier 1842)
  • La Philosophie de la composition (avril 1846), titre exact de La Genèse d'un poème
  • L'Art du conte Nathaniel Hawthorne (novembre 1847)
  • Marginalia (1844-1849)
  • Eureka (1848)
  • Le Principe poétique (31 août 1850)

[modifier] Éditions modernes d'Edgar Poe

  • Contes, Essais, Poèmes (Éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 1989)
  • Ne pariez jamais votre tête au diable et autres contes non traduits par Baudelaire (Éditions Gallimard, collection Folio, 1989)
  • Histoires, essais et poèmes (Lgf, collection Pochothèque Classiques Moderne, 2006)
  • Les Lettres d'amour à Helen (Éditions Dilecta, 2006)

[modifier] Voir aussi

  • Edogawa Ranpo, écrivain japonais, qui prit son pseudonyme pour l'euphonie avec la prononciation japonaise « Ed' gaw Arran Po » pour Edgar Allan Poe.
  • Charles Baudelaire
  • Stephen Marlowe et son roman Octobre solitaire - Les derniers jours d'Edgar Allan Poe (éd. française Michalon 1997 - édition originale en américain en 1995 sous le titre The lighthouse at the end of the world).
  • Dans L'homme qui collectionnait Edgar Poe, Robert Bloch imagine une suite inattendue à l'existence du romancier.

[modifier] Liens externes

 [pdf]

Wikimedia Commons propose des documents multimédia sur Edgar Allan Poe.


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