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Inquisition

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L'Inquisition était une juridiction spécialisée (un tribunal), créée par l'Église catholique romaine et relevant du droit canonique, chargée d'émettre un jugement sur le caractère orthodoxe ou non (par rapport au dogme religieux) des cas qui lui étaient soumis. L'inquisition était une juridiction d'exception, établie par suppléance pour représenter l'autorité judiciaire du pape sur une région donnée, quand le fonctionnement normal des tribunaux ecclésiastiques s'avérait inadapté.

Historiquement, il y a eu plusieurs juridictions spécialisées de ce type. On peut distinguer trois différentes Inquisitions, qui font l'objet d'articles séparés :

  1. l'Inquisition médiévale,
  2. l'Inquisition espagnole, inféodée à la couronne d'Espagne, fondée en 1478, et l'Inquisition portugaise, fondée en 1531,
  3. l'Inquisition romaine (Congrégation de l'Inquisition romaine et universelle), fondée en 1542, rebaptisée Sacrée Congrégation du Saint-Office en 1909, puis Congrégation pour la doctrine de la foi en 1967.

Le présent article traite des aspects généraux de l'inquisition, par rapport à l'approche catholique de l'hérésie à sa justification politique, au fonctionnement du droit, et à la manière dont l'inquisition est à présent présentée et perçue socialement. Les aspects historiques se limitent ici à la chronologie générale.

Saint Dominique présidant un auto da fé (Beruguette 1475, musée du Prado).  Image allégorique (et anachronique) traduisant le fait que les inquisiteurs étaient souvent dominicains, et que la sanction de l'hérésie pouvait être le bûcher.Contrairement à ce que présente l'image, Saint Dominique est mort deux siècles avant l'inquisition espagnole, et les exécutions n'avaient pas lieu pendant les cérémonies d'auto da fé.
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Saint Dominique présidant un auto da fé (Beruguette 1475, musée du Prado).

Image allégorique (et anachronique) traduisant le fait que les inquisiteurs étaient souvent dominicains, et que la sanction de l'hérésie pouvait être le bûcher.

Contrairement à ce que présente l'image, Saint Dominique est mort deux siècles avant l'inquisition espagnole, et les exécutions n'avaient pas lieu pendant les cérémonies d'auto da fé.

Sommaire

[modifier] Fonctionnement institutionnel

Le fonctionnement de l'inquisition relève à la fois du domaine du droit et de celui de la religion.

[modifier] Inquisiteur, Juge d'exception

Tomás de Torquemada, Premier Grand Inquisiteur d'Espagne
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Tomás de Torquemada, Premier Grand Inquisiteur d'Espagne

Pour le fonctionnement normal du droit canonique, les procès et jugements dans l'Église relèvent d'un tribunal ecclésiastique, administré sous l'autorité de l'ordinaire du lieu, le plus souvent l'évêque. Rome n'intervient qu'en deuxième ligne, à la fois comme autorité d'appel, et comme garant du bon fonctionnement de l'ensemble.

Quand cette organisation locale se révèle insuffisante ou inadaptée pour défendre les besoins de la foi, le pape peut décider de créer une fonction d’inquisiteur. C'est un représentant à qui le pape délègue son autorité, pour juger toutes les questions relatives à la foi dans une région donnée. C'est une juridiction "d'exception", ce qui signifie que lorsque cette juridiction existe, elle est seule compétente pour juger de l'orthodoxie d'une cause qui lui est soumise. L'inquisiteur est donc essentiellement le représentant du pape, et hérite de son autorité.

Ils étaient choisis généralement parmi les franciscains ou les dominicains. Les inquisiteurs réguliers vivaient en marge de la vie conventuelle, et pour accomplir leur mission ils étaient relevés de leurs vœux d'obéissance envers leur supérieurs.

[modifier] Aspects administratifs

L'organisation que met en place l'inquisiteur pour réaliser sa mission de jugement — donc un tribunal – est l'inquisition, au sens administratif du terme. Le tribunal inquisitoire possédait le plus souvent un siège fixe (où étaient notamment conservées les archives très fournies), mais pas nécessairement : des inquisiteurs ont été itinérants. Les inquisiteurs étaient assistés d'un personnel nombreux : clercs, tels les notaires, et greffiers, geôliers, etc.

Au début de l'inquisition, les inquisiteurs travaillaient par deux, avec des compétences égales. Par la suite, la charge d'une région fut confiée à un inquisiteur unique.

[modifier] Procédure inquisitoire

Une juridiction d'inquisition tire son nom de sa capacité à avoir recours à la procédure inquisitoire, procédure extraordinaire (et inconnue du droit romain). Un tribunal classique ne peut pas se saisir spontanément d'une cause: il ne peut intervenir que pour répondre à une plainte (droit civil) ou une dénonciation (droit pénal). Au contraire, un tribunal d'inquisition peut examiner d'office (au sens littéral: de par sa mission même, son office) toute question dans son domaine de compétence, sans avoir besoin d'être saisi par un tiers. Ce pouvoir a été attribué pour permettre d'examiner rapidement et efficacement tout ce qui pouvait être soupçonné d'hérésie.

Le pouvoir inquisitoire est un pouvoir exorbitant, susceptible d'être employé abusivement, et — de ce fait — habituellement refusé aux juridictions classiques. Il faut comprendre à quel point ce pouvoir est extraordinaire : Napoléon disait du juge d'instruction qu'il était « l'homme le plus puissant de France », par sa liberté d'action, mais il ne peut intervenir que sur commission ; l'inquisiteur cumulait les pouvoirs d'un juge d'instruction, d'un procureur, et la faculté de s'auto-saisir d'une affaire. Dans cette perspective, l'extraordinaire n'est pas qu'il y ait eu des abus, mais plutôt qu'il y en ait eu finalement si peu.

[modifier] Procédure pénale

Parler de la « procédure pénale de l'inquisition » introduit une catégorie peu légitime : la procédure pénale employée par les juridictions d'inquisition était essentiellement celle de l'époque, avec peu de spécificité réelle. Les procédures qui apparaissent scandaleuses étaient globalement normales pour l'époque : en regard de ce que connaît le droit moderne, les garanties de procédure et les dispositions qui assurent aujourd'hui la protection de l'inculpé étaient alors extrêmement rudimentaires, quelle que soit la juridiction. Cependant, on peut souligner que les juridictions d'inquisition ont globalement été progressistes, par rapport à ce qui se pratiquait à l'époque dans les procédures équivalentes de l'autorité civile.

Cette procédure est issue de la redécouverte du droit romain (voir inquisition médiévale). La procédure était codifiée par des documents généraux (voir les décrétales citées dans les sources latines), et par des instructions d'application promulguées par les inquisiteurs pour les procédures de leur ressort. La procédure était entièrement écrite, un notaire transcrivait tous les débats. L'ensemble de la procédure se déroulait sous le contrôle de l'évêque du lieu, qui recevait copie de tous les documents. Les actes de la procédure étaient normalement rédigés en latin, langue officielle de l'Église, mais les interrogatoires étaient naturellement faits en langue vernaculaire.

L'accusé pouvait récuser un juge, ou faire appel à Rome. En cas d'appel à Rome, l'ensemble des documents étaient envoyés sous scellés, et la cause était examinée et jugée à Rome sur les pièces recueillies.

La procédure de l'inquisition a varié dans le temps, et selon les régions, mais ses grandes lignes sont données ci-après.

[modifier] Procédure type de l'inquisition

Michael Pacher, St Augustin et le Démon
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Michael Pacher, St Augustin et le Démon

[modifier] Décret de grâce

L'enquête générale était proclamée dans une région entière. Quand l'inquisition procédait par secteur géographique, l'ouverture d'une enquête de l'inquisition dans un secteur hérétique donné prenait généralement la forme d'une prédication générale, où l'inquisiteur exposait la doctrine de l'Église et réfutait les thèses de l'hérésie. Il publiait ensuite un décret de grâce et un édit de foi, convoquant tous les habitants devant l'inquisiteur.

Pendant une durée fixée par le décret de grâce (typiquement de 15 à 30 jours), ceux qui se présentaient en temps et en heure et confessaient spontanément leurs fautes se voyaient imposer une pénitence religieuse (typiquement un pèlerinage), mais échappaient aux sanctions du pouvoir civil. Inversement, l'édit de foi donnait obligation de dénoncer les pratiques hérétiques.

Ces premiers aveux spontanés, qui devaient être complets, permettaient également par leur témoignage d'identifier des hérétiques qui ne s'étaient pas présentés. Le délai accordé par le décret de grâce permettait également de mener des enquêtes locales, et le cas échéant de récolter des délations.

Les fidèles suspectés d'hérésie qui ne s'étaient pas présentés pendant le délai de grâce faisaient l'objet d'une citation individuelle.

[modifier] Citation individuelle

La citation individuelle se faisait le plus souvent par le biais du curé. Ceux qui refusaient de comparaître se trouvaient excommuniés.

Un suspect devait jurer (sur les quatre évangiles) de révéler tout ce qu'il savait sur l'hérésie. Si le suspect reconnaissait immédiatement et librement ses erreurs, il se voyait infliger des pénitences comme précédemment, et les peines éventuelles étaient légères.

Le serment était une arme redoutable entre les mains de l'inquisiteur. De nombreuses sectes proscrivaient le serment, et la violation ou le refus du serment était donc un indice sérieux d'hérésie. D'autre part, la sanction contre les parjures était la prison à vie, très dissuasive.

Les peines sérieuses ne concernaient que ceux qui refusaient de reconnaître leur erreur, même après avoir juré de dire la vérité, et malgré des témoignages permettant de douter sérieusement de leur sincérité. Pour ceux-là, la procédure inquisitoire s'engageait réellement.

Le décès de l'accusé ne suspendait pas la procédure : si le mort était coupable d'hérésie, cette erreur devait être reconnue par un jugement.

Même en l'absence d'aveux, le suspect n'était pas nécessairement emprisonné. Il pouvait rester en liberté sur parole, sur caution, ou présenter des personnes se portant garantes de sa comparution devant l'inquisiteur. L'incarcération pouvait être utilisée, mais le plus souvent ne s'étendait pas à toute la durée de la procédure.

[modifier] Témoignages et défense

Scène d'inquisition par Francisco Goya
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Scène d'inquisition par Francisco Goya

Des protections étaient accordées aux accusés, comme aux témoins. Ainsi l'identité des témoins à charge était tenue secrète, pratique courante de l'époque. Dans cette même logique, les notions de confrontation de témoin et de contre-interrogatoire étaient inconnues. En revanche, dans les tribunaux de l'inquisition, les accusés étaient autorisés à fournir une liste des personnes susceptibles de leur en vouloir, lesquelles étaient alors récusées comme témoins.

Les tribunaux de l'époque n'acceptaient pas de témoignages d'origine douteuse : voleurs, prostituées, personnes de mauvaise vie, mais également hérétiques et excommuniés. Très rapidement, les tribunaux d'inquisition se démarquent de cette règle, en ce qui concerne le témoignage d'hérétiques, pour des raisons pratiques évidentes : les activités hérétiques étaient généralement cachées, les témoignages correspondants ne pouvaient guère provenir que des hérétiques eux-mêmes. Cette pratique est officialisée en 1261 par Alexandre IV.

L'accusé bénéficiait d'une protection générale certaine dans la manière dont on punissait le faux témoignage : les témoignages étaient obtenus sous serment, et le crime de parjure était sévèrement sanctionné par la réclusion à vie.

L'accusé a généralement le droit à un défenseur, mais ce droit était le plus souvent théorique dans le cas de l'inquisition, faute de volontaire. Les avocats d'hérétiques risquaient d'être eux-mêmes accusés de complaisance avec l'hérésie poursuivie. Pour la même raison, les accusés traduits devant un tribunal d'inquisition ne bénéficiaient généralement pas de la présence de témoins à décharge.

[modifier] Recueil des témoignages par la torture

scène de torture dans la littérature romantique : ici, la Marquise de Brinvilliers.
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scène de torture dans la littérature romantique : ici, la Marquise de Brinvilliers.

L'usage de la torture ou « question » (du latin quæstio) pour obtenir des informations était général à l'époque, mais posait un problème moral pour les inquisiteurs, qui, en tant que clercs, n'avaient pas le droit de verser le sang. Après un flou juridique initial, cette pratique est officiellement autorisée pour l'inquisition en 1252 (bulle Ad exstirpendam), sous réserve de ne conduire ni à la mutilation ni à la mort. De plus, il a souvent été exigé par le pape qu'elle ne puisse être donnée qu'avec le consentement de l'évêque du lieu. Dans cette bulle, l'accusé bénéficie de deux protections : la question ne peut être donnée qu'une fois, et les aveux doivent être répétés librement pour être recevables.

À cause de cette dernière disposition, l'usage de la torture est difficilement quantifiable : les aveux obtenus sous la torture n'étant pas recevables, cette partie de la procédure ne faisait pas l'objet d'un enregistrement écrit, et les archives des procès sont généralement muettes ou au mieux allusives sur ce sujet. C'est typiquement la petite phrase trouvée dans les minutes des interrogatoires, confessionem esse veram, non factam vi tormentorum, qui à la fois évoque l'hypothèse d'une torture, et nie que l'aveu noté en ait été l'effet (« l'aveu est spontané, non fait sous la force de la douleur »). Que s'était-il passé avant l'aveu noté ? Une notation explicite postquam depositus fuit de tormento (« après son retour de la torture ») est rarissime, de l'ordre du pour-mille. La réalité est probablement plus forte, mais de combien ?

Les sources disponibles qui permettent de se faire une idée sur l'usage de la torture dans les procès de l'inquisition sont les manuels et instructions des inquisiteurs d'une part, et d'autre part les traces des protestations sur la violence de tel ou tel inquisiteur.

Dans les manuels, l'interdiction de soumettre plusieurs fois à la question semble ne pas avoir été prise au sérieux : des arguments formels permettaient de justifier que cette interdiction est formellement respectée, tout en la laissant sans effet. La question était par exemple considérée comme formée de plusieurs étapes, la fin d'une étape n'impliquant pas la suspension de toute la procédure. Un autre argument a été que la découverte de nouvelles charges justifiait à nouveau l'usage de la question spécifiquement contre cette charge. Enfin, l'interdiction ne concernait que l'accusé par rapport à son chef d'accusation, pas le cas des témoignages obtenus de la part d'autres témoins.

La véritable protection contre une torture gratuite est la conscience professionnelle et morale des inquisiteurs. Pour eux, l'« état de l'art » explicité est clairement que les aveux obtenus sous la torture ne sont pas fiables (quæstiones sunt fallaces et inefficaces, écrit Bernard Gui), et que l'usage de la torture n'est donc pas justifié sur le plan pratique. Le recours à la question ne doit être envisagé qu'en dernier ressort.

Il y a eu des plaintes et recours contre la cruauté excessive de tel ou tel inquisiteur : cette cruauté est donc localement avérée. Cependant, ce constat doit être pondéré par deux remarques. D'une part, ces plaintes contre une pratique jugée anormale montrent par contraste que la pratique « mesurée » de la question paraissait normale et acceptable pour l'époque. D'autre part, la rareté relative de ces plaintes par rapport au nombre d'inquisiteurs montre que cette cruauté de l'inquisiteur ou de ses agents est une exception, et n'est pas intrinsèque à l'inquisition elle-même.

[modifier] Avis d'un jury

Dans les cas difficiles, le tribunal devait entendre l'avis d'un collège de boni viri, conseil formé de trente à une centaine d'hommes de mœurs, de foi et de jugement confirmés. Ce conseil est imposé et confirmé par les instructions du pape à partir de 1254. Son rôle ira croissant dans l'inquisition, et sera étendu à d'autres juridictions pour finalement être à l'origine du jury moderne.

Après qu'ils aient prêté serment de s'exprimer en conscience, l'ensemble des actes du procès leur était transmis, mais de manière anonyme, censuré du nom de la personne accusée. Ils transmettaient deux avis à l'inquisiteur: sur la nature de la faute constatée, et sur la nature de la sanction opportune.

L'inquisiteur reste souverain et responsable de sa sentence, mais l'avis de ce conseil était le plus souvent suivi, et quand il ne l'était pas, c'était pour amoindrir les sanctions proposées.

[modifier] Prononcé du jugement

Les sentences de l'inquisition étaient prononcées dans une cérémonie officielle, en présence des autorités civiles et religieuses. Cette cérémonie — une liturgie dans le sens antique du terme – avait pour fonction de marquer symboliquement la restauration de l'équilibre social et religieux qui avait été rompu par l'hérésie. C'était donc un acte de foi public, ce qui est la signification exacte du terme portugais « auto da fé ».

Un jour ou deux avant le prononcé, les inculpés se voyaient lire à nouveau les charges retenues contre eux (traduites en langue vernaculaire), et étaient convoqués pour entendre le verdict de l'inquisiteur, avec les autorités du lieu et le reste de la population.

La cérémonie s'ouvrait tôt le matin, par un sermon de l'inquisiteur, d'où son autre nom de sermon général. Les autorités civiles prêtaient ensuite serment de fidélité à l'Eglise, et s'engageaient à prêter leur assistance dans sa lutte contre l'hérésie.

La lecture des verdicts venait ensuite, en commençant par les « actes de clémence » : remises de peines ou commutations. Les pénitences de toutes nature (dons, pèlerinages, mortifications, etc.) suivaient ensuite. Venaient enfin les sanctions proprement dites, jusqu'aux plus sévères qu'étaient l'emprisonnement à vie ou la peine de mort. Les condamnés étaient alors remis au bras séculier par une formule solennelle : Cum ecclesia ultra non habeat quod faciat pro suis demeritis contra ipsum, idcirco, eundum reliquimus brachio et judicio saeculari (« Puisque l’Église n’a plus à présent à accomplir son rôle contre ceux-ci, pour cette raison, nous les laissons au bras séculier et à sa justice »). Sur ce, la cérémonie s'achevait. L'inquisiteur avait achevé son rôle, l'Église s'était prononcée sur l'hérésie.

Chacun pouvait alors rentrer chez soi avec sa bonne conscience retrouvée — sauf bien sûr les coupables de crimes contre la société, à qui le « bras séculier » allait faire subir leurs peines. Contrairement aux pénitences religieuses, ces peines étaient en effet définies par le pouvoir temporel. Elles sanctionnait les crimes commis contre la foi et l'église, toutes deux officiellement protégées par l'État.

[modifier] Peines et pénitences

Pénitents se flagellant
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Pénitents se flagellant

Le tribunal inquisitoire n'infligeait pas de peines à proprement parler, mais des « pénitences ». Les moins graves étaient appelées « pénitences arbitraires ». C'étaient la fustigation publique au cours de la messe, les visites aux églises, les pèlerinages, l'entretien d'un pauvre, le port de la croix sur les vêtements, etc.

La pénitence était souvent réduite par la suite. Les archives de l'inquisition montrent de nombreux exemples de pénitences atténuées ou levées pour des motifs variés, parfois sur simple demande. On cite ainsi le cas d'un fils obtenant la libération de son père en faisant simplement appel à la clémence de l'inquisiteur, d'autres sont libérés pour assister leurs parents malades « jusqu'à leur guérison ou leur mort ».

En revanche, les hérétiques qui ne s'étaient pas présentés dans les délais de grâce, ou ceux qui étaient retombés dans l'hérésie, encouraient la prison à vie. La prison connaissait deux modes possibles : le « mur large », comparable à une résidence surveillée, et le « mur étroit », réclusion solitaire. La réclusion n'était pas nécessairement inhumaine, les prisonniers pouvant par exemple recevoir des visites, mais le mur étroit pouvait être aggravé en carcer strictissimus, le condamné mis au cachot (communément appelé un in pace) étant attaché par des chaînes, et privé de tout contact.

Le relaps ou l'obstiné, qui refusait d'avouer son crime, était abandonné à l'autorité séculière, et la peine de son crime était souvent l'incarcération ou le bûcher. Cette dernière peine était exceptionnelle. L'inquisiteur Bernard Gui n'en prononça que 40 dans sa longue carrière.

En toute rigueur, la peine la plus sévère que prononçait l'Église était l'excommunication. Les condamnations à mort étaient prononcées en fonction de la loi civile et exécutées par les autorités séculières. Il faut dire, cependant, qu'il n'y avait pas de séparation nette entre les domaines civils et religieux : les autorités civiles étaient elles-mêmes tenues d'apporter leur concours sous peine d'excommunication.

[modifier] Problème du jugement d'opinion

Destruction par le feu de livres condamnés par l'inquisition.
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Destruction par le feu de livres condamnés par l'inquisition.

[modifier] Liberté de conscience

Pour la doctrine catholique, à la suite de la Bible, qui affirme « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse » (Ez 33:11, 2P 3:9, prologue de la règle de St Benoît), la position de l'Église est qu'il faut tuer l'hérésie, mais non les hérétiques.

À l'époque même où la première inquisition est fondée, Bernard de Clairvaux formule que « la foi doit être persuadée, non imposée ».

Dominique de Guzmán, de son côté, fonde son ordre des prêcheurs pour réduire l'hérésie albigeoise par le prêche et la persuasion, se démarquant de la croisade guerrière menée à la même époque sous Innocent III — la solide formation dogmatique des Dominicains leur vaudra ultérieurement de fournir bon nombre d'inquisiteurs. Dans sa lignée, Thomas d'Aquin, futur docteur de l'Église, affirme clairement, dans la Somme Théologique, que la liberté de conscience est absolue : pour lui, si un chrétien voit un conflit entre le dogme et sa conscience, il doit suivre sa conscience et non le dogme.

La théorie est claire, mais « le diable se cache dans les détails ».

[modifier] Dire la vérité du dogme

Même si la conscience est libre, cette liberté ne se comprend que par rapport à deux devoirs :

  • Le devoir moral de chaque individu de chercher la vérité et de vivre en conséquence;
  • Le devoir institutionnel de l'Église d'annoncer et de défendre ce qu'elle perçoit de la Vérité, c'est-à-dire typiquement le dogme.

Un tribunal d'inquisition, par lui-même, ne fait que se prononcer sur l'orthodoxie du cas qui lui est soumis. Un tel jugement est un devoir institutionnel et ne pose aucun problème moral. Le drame de l'inquisition n'est pas d'examiner l'orthodoxie d'une cause ; il commence quand l'Église accepte que la conséquence de son jugement soit liée à une sanction pénale du pouvoir temporel.

[modifier] Atteinte à l'ordre social

Cathares expulsés de Carcassonne en 1209
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Cathares expulsés de Carcassonne en 1209

Pour la société médiévale, le christianisme fait partie de l'ordre social, et l'ordre social se fonde sur la religion.

  • Dans cette organisation, sur le plan religieux, une hérésie constitue nécessairement une rupture de l'ordre social. Inversement, sur le plan politique, la seule manière de contester l'ordre établi est d'entrer en rupture (schisme) avec la religion institutionnelle.
  • Il est normal que le pouvoir temporel défende d'une manière ou d'une autre l'ordre social, en sanctionnant au besoin ce qui le met en danger (même si la défense est délicate, et doit s'exercer avec prudence, pour ne pas tomber dans un immobilisme réactionnaire).
  • Dans la mesure où l'hérésie met en danger la société, elle doit être combattue par le pouvoir temporel. Mais dans la mesure où l'hérésie s'exprime dans le domaine de la foi, elle doit être jugée par une autorité religieuse.

Par conséquent, les tribunaux religieux se mettent à juger des fauteurs de troubles sociaux. Ce partage des rôles est acté dans l'arrangement de Vérone (1148) entre le Pape et l'Empereur : les hérétiques doivent être jugés par l'église avant d'être remis au bras séculier, pour y subir « la peine due » (debita animadversione puniendus).

[modifier] Condamnations pénales prononcées par l'inquisition

Les sanctions pénales, quand il y en a — et même quand elles sont reconnues légitimes par l'Église —, sont toujours des règles édictées par le pouvoir temporel, et exécutées par son « bras séculier ». Typiquement, l'Église excommunie et livre le coupable aux autorités civiles, qui appliquent une sentence civile.

La distinction peut être subtile dans un monde médiéval qui ne sépare pas le temporel du spirituel, comme l'Occident du XXe siècle a appris à le faire. Mais cette distinction montre également que l'inquisition ne devient potentiellement dangereuse que dans une société qui se veut « officiellement » orthodoxe, et se donne les moyens civils de l'imposer.

[modifier] L'image de l'inquisition

[modifier] Importance des mythes et représentations collectives

Pour le grand public, le mot « inquisition » renvoie aux hérétiques jetés sur la paille humide des cachots, au grésillement de la chair sous la morsure du fer rouge, à un inquisiteur illuminé envoyant son prochain à la mort pour la plus grande gloire de Dieu, aux flammes d'un bûcher dressé sous un ciel d'orage, d'où l'innocent condamné lance une dernière malédiction...[1]

De fait, pour une encyclopédie, l'inquisition présente un double aspect. C'est d'une part un phénomène historique, objet d'études académiques et d'investigations objectives. Mais d'autre part, l'engouement et la fascination pour le thème de l'inquisition en fait aussi un phénomène social, qui se nourrit d'une image qui n'est pas nécessairement fidèle, et qui contribue à entretenir des clichés simplificateurs et frappants.

Quand la critique académique se penche sur ce qu'a été la réalité historique, ses conclusions tendent à être prudentes, et à relativiser l'image populaire[2]. Que le résultat soit différent de l'image traditionnelle est prévisible, mais pourquoi cet écart paraît-il souvent surprenant, voire inacceptable, nécessairement contestable?

Pour comprendre ce phénomène, il faut d'abord se pencher sur cette mythologie de l'inquisition, sur sa genèse, ainsi que sur les faits qui ont pu la fonder.

Cette image négative de l'inquisition n'a pas toujours existé. Comprendre comment elle s'est formée est un sujet dont l'étude est relativement tardive (fin XXe siècle), et fait débat. Cet article propose un tour d'horizon sur quelques points de repères utiles au débat et susceptibles d'éclairer la compréhension du lecteur.

[modifier] Origine du mythe

L'inquisition espagnole fut établie au XVe siècle en Espagne. La Hollande étant alors possession du roi d'Espagne. En 1522, Charles V d'Espagne étend le champ d'action de l'inquisition en Hollande. Ce fut le principal point de contact entre l'inquisition et la réforme, qui prend son ampleur au XVIe siècle. Cette inquisition hollandaise fit son travail : elle réprima ce qu'elle considérait comme une hérésie, mais dans un fonctionnement particulièrement dur, de l'aveu même de Philippe II.

Les victimes de cette répression religieuse furent considérés comme des martyrs de la réforme, et la répression elle-même alimenta certainement le rejet par les Hollandais du régime espagnol, obtenu après près d'un siècle de troubles (guerre dite de Quatre-Vingts Ans, 1566-1648). L'indépendance de la Hollande se construit ainsi sur un fond de lutte pour la liberté religieuse, contre l'Espagne catholique et son inquisition. À la fin du XVIe siècle, le thème de l'inquisition passe ainsi dans la culture des Églises réformées, porté par un culte des héros à la fois nationaliste et religieux.

L'Angleterre du XVIIe siècle est à la fois protestante, en contact culturel et économique étroit avec la Hollande, et en lutte d'influence contre l'Espagne catholique. Dans ce contexte, le thème de l'inquisition trouve un nouveau relais dans les milieux protestants et nationalistes anglais. D'historique, l'image devient alors mythique et polémiste. (On peut trouver un exemple précoce de cette relecture dans l'histoire et l'œuvre de Antonio del Corro.) La référence n'est plus alors celle de l'inquisition hollandaise, mais une relecture de l'activité qu'avait eu l'inquisition en Espagne au moment de sa mise en place. L'inquisition devient un symbole repoussoir de la brutalité et des violences du catholicisme et de ses tortures, sous la responsabilité de l'Espagne et de la Papauté. Ce symbole valorise par contraste la liberté et la libération apportées par le protestantisme, et justifie moralement la lutte contre le catholicisme aussi bien externe (guerre contre l'Espagne) qu'interne (persécutions religieuses en Irlande).

Voltaire
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Voltaire

Le XVIIIe siècle est celui des Lumières, dont la philosophie se définit comme se démarquant de l'obscurantisme passé : la religion naturelle s'oppose au dogme traditionnel. L'idée de chercher la vérité à travers le libre exercice de la raison éclairée par le débat, portée par la noble ambition de former des hommes « libres et de bonnes mœurs », devient le programme de la franc-maçonnerie. Ce programme passe des loges anglaises, largement en symbiose avec l'Église d'Angleterre, et essaime en France, dans une élite intellectuelle qui commence à être déchristianisée. Ce qui se dit dans les loges est un secret difficilement accessible, mais il paraît naturel que le mythe de l'inquisition ait été importé à cette occasion, et ait servi à illustrer les débats sur l'obscurantisme et la liberté. De fait, l'inquisition devient à partir du XVIIIe siècle un thème récurrent du discours anticlérical. Voltaire la prend pour cible constante[3]. Diderot la prend pour cible (entre autres…) dans son Encyclopédie. Le thème de cette nouvelle image n'est plus la violence, mais la raison. L'inquisition devient le symbole de l'obscurantisme, l'instrument par lequel l'Église impose un dogme par la violence.[4]

Victor Hugo, 1883

Au XIXe siècle, le thème des lumières continue à vivre dans le discours anticlérical, et est de plus relayé par la vision que le romantisme a donné du Moyen Âge, dont l'image est reconstruite à cette époque (voir par exemple dans un autre registre le cas de Viollet le Duc). Le thème est porteur. Ainsi, Michelet publie en 1841 le Procès des Templiers, en 1862 La Sorcière ; Victor Hugo publie en 1882 un drame en quatre actes intitulé Torquemada, fait pleurer les foules sur le sort d'Esméralda dans Notre Dame de Paris. Pour le contraste de l'image, la victime est « forcément » pure et innocente. Ce genre de thème littéraire (parfois fantaisiste, voir Histoire de l'Inquisition en France) entretient et développe l'image mythique d'une inquisition atemporelle, barbare et oppressive, œuvre d'ecclésiastiques rigides et pervers.

Au XXe siècle, l'inquisition passe dans le vocabulaire courant, devenant un mot commun pour désigner un certain genre de persécution, souvent collective et toujours spectaculaire. Le genre littéraire toujours actif se prolonge dans la bande dessinée, les jeux vidéo, où il s'affranchit de toute prétention à une quelconque vérité historique. L'inquisition cesse d'être présente dans le discours politique quotidien. En revanche, l'histoire de l'inquisition reste un enjeu social : en tant que participant au « mythe fondateur », elle contribue à l'auto-justification actuelle des mouvements qui furent anticléricaux aux XIXe et XXe siècles. Ce genre historique fusionne les thèmes des discours anticléricaux et romantiques du siècle précédent. Il y ajoute quelques touches plus modernes (une inquisition au service d'une société totalitaire, une répression parfois antisémite) hérités des grands débats du XXe siècle.

[modifier] Perception moderne de l'inquisition

Cet article n'est pas fini. Son état est provisoire et sera modifié. Une version améliorée est en préparation.
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  • la légende noire n'est pas seulement une construction des protestants et des lumières (pour caricaturer) mais aussi une réaction normale à l'exposition des méthodes l'Inquisition.
  • la perception très négative de l'Inquisition provient du fait qu'elle est perçue de nos jours comme s'étant attaqué à la liberté de penser, par des méthodes de plus condamnées aujourd'hui (le recours à la torture pour faire avouer des pensées interdites).
  • Deux valeurs fortes sont en jeu: liberté de pensée, interdiction de la torture. NB: l'histoire de ces valeurs a été le thème majeur parallèle à celle de la lutte contre l'inquisition, qui en a été le thème mineur.
  • Ceci choque profondément nos contemporains. Nos contemporains seraient choqués que l'on importe aujourd'hui des méthodes médiévales, quelles qu'elles soient, mais c'est un contresens historique que de projeter notre vision sur le fonctionnement médiéval.
  • En gros, il est normal et naturel de la percevoir aujourd'hui comme barbare, mais elle ne l'était pas plus que les autres tribunaux à l'époque selon beaucoup d'historien récents. il ne faut pas que l'indignation fasse oublier le caractère « logique et naturel » de l'Inquisition à l'époque.

[modifier] Débat piégé

La superposition de ces mouvements et enjeux sociaux a ainsi mis en forme bon nombre de clichés sur l'inquisition, qui perdurent de nos jours : torture, dogmatisme, victime innocente, fanatisme, antisémitisme, etc.

Le thème de l'inquisition reste délicat à aborder. Il fait de nos jours l'objet de discours à forte charge affective, ce qui expose un éventuel contradicteur à des attaques imprécatoires. Le terrain a été historiquement miné par des enjeux anciens, qui ont construit telle ou telle représentation de l'inquisition qui servait les intérêts de l'époque.

Sur le plan sémantique, les mots de la famille « inquisition », « inquisitorial », etc. sont passés dans le langage courant avec une connotation très négative, et l'idée générale de quelqu'un qui fait subir un interrogatoire en règle sans en avoir le droit moral. C'est dire si l'image véhiculée par l'inquisition est forte aujourd'hui dans l'imagination populaire, et est solidement enracinée.

L'inquisition est à la fois une réalité historique, un thème extrêmement vivant de l'imaginaire moderne, et un thème classique des discours en faveur de la tolérance. Or l'inquisition historique est une chose, la représentation moderne en est une autre, et il y a un certain rapport entre les deux. Traiter aujourd'hui objectivement de l'inquisition demande donc une grande prudence, du sang froid, et un examen critique de sources souvent partisanes.

[modifier] Chronologie de l'inquisition

[modifier] Répression de l'hérésie dans l'Empire romain

  • Ier siècle : Paul de Tarse mentionne ce qui est la première excommunication chrétienne (Tit 3 :10, 1Tim 1 :20) en rupture avec le commandement de mise à mort des hérétiques (Dt 13 :6-16, 17 :2-7).
  • 287 : L'empereur Dioclétien décrète la mise à mort des hérétiques manichéens, les chefs seront brûlés vifs. Ce précédent dans le droit impérial justifiera par la suite qu'on brûle les hérétiques.
  • 313 : Constantin promulgue l'édit de Milan autorisant le christianisme dans l'empire romain.
  • 385 : L'évêque Priscillien, dont les thèses sont condamnées par l'Église pour hérésie, est le premier à être « livré au bras séculier » et être exécuté. Ce « meurtre » suscite à l'époque le scandale et la protestation de nombreux évêques.
  • 407 : Contre le donatisme, la loi romaine assimile l'hérésie à un crime de lèse-majesté. A la même époque, Augustin d'Hippone (Contre les hérésies) et Jean Chrysostome s'opposent à l'usage de la violence dans la lutte contre l'hérésie.
  • 556 : Exécution de manichéens à Ravenne par la justice de l'empire.

[modifier] Hérésies de l'an mille

  • 1000 : Expansion de l'hérésie manichéenne.
  • 1022 : En France, Robert le Pieux fait condamner 13 hérétiques à être brûlés vifs.
  • 1139 : Concile de Latran II. Anathème contre les ennemis de la Foi. Les hérétiques doivent être punis.
  • 1148 : Arrangement de Vérone entre le Pape et l'Empereur : les hérétiques doivent être jugés par l'église avant d'être remis au bras séculier.
  • 1150 à 1200 : Forte expansion de l'hérésie cathare. Répression de l'hérésie par la collaboration de l'autorité civile et de l'évêque du lieu (Flandres, France, etc.). Les hérétiques sont brûlés et leurs biens confisqués. Une trentaine d'hérétique sont brûlés en Angleterre par Henri II (1166). A cette époque, Bernard de Clairvaux rappelle que la foi ne doit pas être imposée. A Cologne et Liège, à la même époque, la foule veut brûler des hérétiques cathares emprisonnés, contre l'avis de l'évêque qui s'interpose.
  • 1179 : IIIe concile du Latran ; anathème contre les cathares. Acceptation de principe de la croisade contre les Albigeois, qui ne sera effectivement lancée que 30 ans plus tard.
  • 1199 : Le pape Innocent III définit la procédure inquisitoriale contre les albigeois dans la bulle Vergentes in senium.
  • 1200 : Vers cette époque : promulgation de lois punissant de mort les hérétiques par l'empereur Frédéric II (1220), par Louis VIII en France (1226), par Raymond V de Toulouse (1229), Pierre II d'Aragon (1226), etc. Le bûcher devient la sanction usuelle contre les hérétiques.
  • 1205 : Le pape Innocent III, dans sa bulle Si adversus vos, condamne ceux qui viennent à la défense des hérétiques, leur interdisant de fait le secours d'un avocat, voire de témoins à décharge. Cette disposition excessive ne restera pas en usage.
  • 1207 : Le pape Innocent III fait prêcher la croisade contre les albigeois. Elle prendra fin par le Traité de Paris (1229)
  • 1213 : La décrétale Licet Heli permet d'appliquer la procédure inquisitoire contre les hérésies. Elle sera complétée par la décrétale Per tuas litteras.

[modifier] Inquisition médiévale

  • 1215 : IVe concile du Latran, qui reprend et met en ordre toutes les dispositions relatives à la procédure inquisitoriale.
  • 1231 : Constitution Excommunicamus condamnant l'hérésie, excommunie les hérétiques, et officialisant les ordonnances du pouvoir temporel: la prison à vie pour les repentants, le bûcher pour les hérétiques récalcitrants.
  • A partir de 1231 : Les premiers inquisiteurs sont désignés et missionnés par le Saint-Siège, qui fait des choix pour le moins malheureux. Le premier des inquisiteurs Conrad de Marbourg, nommé en 1231, sera assassiné en 1233. En 1235, Robert le Bougre est nommé inquisiteur de France. L'Inquisition est confiée aux dominicains, mais cette fondation a lieu après la mort de leur fondateur, opposé à toute forme d'action autre que la persuasion verbale.
  • 1232 : Suivant l'avis de son confesseur Raymond de Peñafort, Jacques Ier d'Aragon demande l'instauration d'une inquisition en Aragon.
  • 1233 : Bulle Inquisitio hereticæ pravatis : la compétence contre les hérésies est retirée aux tribunaux ecclésiastiques quand un tribunal d'inquisition existe.
  • 1237 : Raymond VII de Toulouse obtient la suppression de l'inquisition dans ses États.
  • 1237 : À Carcassonne, répression particulièrement musclée par Ferrier, surnommé le marteau des hérétiques. Ce surnom sera plus tard donné à Torquemada et Antoine de Padoue.
  • 1239 : En Champagne, Robert le Bougre fait brûler 180 personnes jugées en à peine une semaine.
  • 1242 : Premier manuel de l'inquisition, élaboré par Raymond de Peñafort.
  • 1244 : Fin de l'hérésie à Montpellier, le tribunal de l'inquisition y est supprimé.
  • 1246 : Innocent IV veut suivre de près et intervient dans le fonctionnement des tribunaux d'inquisition, ce qui cause des frictions (voir inquisition médiévale).
  • 1249 : Sans passer par le tribunal de l'inquisition, Raymond VII de Toulouse fait brûler quatre-vingt hérétiques en sa présence, sans leur permettre de se rétracter.
  • 1250 : L'inquisition (inquisitio hereticæ pravitatis) est en place et fonctionne dans toute l'Europe occidentale.
  • 1252 : Pierre de Vérone, qui sera surnommé « Pierre Martyr », est assassiné. Il est canonisé un an plus tard.
  • 1252 : Innocent IV promulgue la bulle Ad exstirpendam autorisant l'usage de la question dans les enquêtes de l'inquisition. Cette autorisation est confirmée en 1259 (Alexandre IV) et 1262 (Clément IV), date à laquelle les inquisiteurs sont finalement autorisés à assister à la question.
  • 1254 : Innocent IV renouvelle l'interdiction faite aux autorités civiles d'emprisonner ou de brûler les hérétiques sans l'avis de l'évêque du lieu, interdiction souvent rappelée par la suite.
  • 1255 : Innocent IV prescrit l'usage des boni viri.
  • 1255 : Les dominicains s'établissent à Toulouse.
  • 1261 : Le témoignage des hérétiques et apostats est officiellement admis devant les tribunaux de l'inquisition.
  • 1273 : Thomas d'Aquin dans la Somme théologique considère que la peine de mort peut être légitimement employée pour assurer le maintien de l'ordre public, y compris contre les hérésies.
  • 1278 : Deux cents cathares sont brûlés à Vérone.
  • 1286 : Plainte du consul de Carcassonne au roi de France sur la cruauté des tortures employées par les inquisiteurs du lieu.
  • 1301 : Philippe IV le Bel prend prétexte des excès de l'Inquisition pour reprendre la main sur le fonctionnement de ces tribunaux.
  • 1306 : Clément V ordonne une enquête sur le fonctionnement de l'inquisition dans le sud de la France.
  • 1308 : Bernard Gui est nommé inquisiteur de Toulouse.
  • 1310 : Dernier cas enregistré de cathare brûlé vif, Pierre Autier. À Paris, l'Inquisition fait brûler un juif relaps.
  • 1312 : Constitutions Multorum querela et Nolentes exigeant le contrôle de l'évêque du lieu pour tous les actes important de la procédure de l'inquisition.
  • 1326 : L'archevêque de Cologne intente un procès en inquisition contre le théologien dominicain Jean Eckhart.
  • 1400 : La fonction d'inquisiteur devient progressivement un titre accessoire ou honoraire.
  • 1403 : L'inquisition poursuit l'hérésie Vaudoise
  • 1415 : Jean Hus est brûlé pour hérésie.
    Jean Hus sur le bûcher.
    Agrandir
    Jean Hus sur le bûcher.

[modifier] XVe siècle et inquisition espagnole

  • 1478 : Isabelle la Catholique obtient du pape Sixte IV la bulle créant l'inquisition espagnole. Elle est mise en place et commence à fonctionner en 1480, les inquisiteurs étant nommés par les souverains.
  • 1481 : Organisation des premiers Auto da fé
  • 1482 : Dans un bref du 29 janvier, Sixte IV condamne les excès de l'inquisition espagnole.
  • 1483 : Torquemada est nommé par le pape grand inquisiteur d'Espagne. Il publie son code de l'inquisiteur en 1489. Sa rigueur suscite de nombreuses protestations et l'intervention de Sixte IV.
  • 1484 : Innocent VIII promulgue la bulle Summis desiderantes affectibus autorisant l'inquisition à agir en matière de sorcellerie.
  • 1492 : Décret d'expulsion des juifs d'Espagne. (Décret d'Alhambra, resté officiellement en vigueur jusqu'en 1967.

[modifier] XVIe siècle, Réforme et Renaissance

[modifier] XVIIIe siècle et +, Les Lumières

  • 1692 : Procès des Sorcières de Salem aux États-Unis.
  • 1717 : Fondation de la Grande Loge d'Angleterre, début de la franc-maçonnerie moderne.
  • 1759 : Voltaire dénonce les excès de l'inquisition dans Candide.
  • 1808 : Le roi d'Espagne Joseph Bonaparte abolit l'inquisition d'Espagne.
  • 1814 : L'inquisition est rétablie en Espagne par Ferdinand VII.
  • 1815 : Publication des Lettres à un gentilhomme russe sur l'Inquisition espagnole par le comte Joseph de Maistre.
  • 1817 : Llorente publie l’Histoire critique de l'Inquisition en Espagne.
  • 1820 : L'inquisition espagnole est supprimée de fait par la révolution espagnole, mais reste inscrite dans les textes. [5]
  • 1823 : À la restauration, Ferdinand VII ne remet pas en vigueur l'inquisition.
  • 1829 : Publication de Histoire de l'Inquisition en France, qui s'avérera être un document purement fantaisiste.
  • 1831 : Victor Hugo publie Notre Dame de Paris.
  • 1834 : L'inquisition espagnole est définitivement abolie.
  • 1841 : Jules Michelet publie Le procès des Templiers.
  • 1862 : Michelet publie La Sorcière.
  • 1880 : Dostoïevski présente le grand inquisiteur dans Les Frères Karamazov.
  • 1882 : Victor Hugo publie Torquemada, drame en quatre actes.
  • 1981 : Le cardinal Ratzinger est nommé à la tête de la congrégation pour la doctrine de la Foi, héritière de l'inquisition romaine, et y gagne une image de «grand inquisiteur» dans la presse et les milieux progressistes.
  • 1992 : Sous la présidence du cardinal Ratzinger, repentance de l'Église catholique qui reconnaît ses erreurs dans l'affaire Galilée.
  • 2000 : Sous la présidence du cardinal Ratzinger, repentance officielle de l'Église catholique contre les excès de l'inquisition.

[modifier] Notes

  1. Voir par exemple les articles décrivant le jeu vidéo Inquisitor, le jeu de plateau Imperium (Warhammer 40000), le jeu de cartes Doomtrooper, le roman Le Nom de la rose, la série Nicolas Eymerich, inquisiteur et son adaptation en bande dessinée, l'épisode 2-26 de la série Les Envahisseurs, et pratiquement toutes les entrées de fiction dans la Catégorie:Inquisition de la présente encyclopédie.
  2. Il suffira de souligner que les peines étaient beaucoup plus clémentes, même au moment les plus forts de l'hérésie, que la légende ne l'a répandu André Langui. Dictionnaire de la culture juridique PUF, 2003. p 834
  3. Par exemple dans Candide, dans La Princesse de Babylone.
  4. Un écho tardif de cette logique se trouve dans Les Frères Karamazov, de Dostoïevski.
  5. <Cf encyclopaedia universalis

[modifier] Voir aussi

[modifier] Inquisitions dans l'histoire

La première inquisition (médiévale), qui inaugura le genre, fut fondée en 1231 par Grégoire IX, pour lutter contre les hérésies cathare et vaudoise.

[modifier] Liens dans Wikipedia

Voir également les catégories:

  • Inquisition : Tous les articles indexés par "inquisition".
  • Inquisiteur : Ceux de sinistre mémoire, mais aussi ceux qui ont été canonisés.
  • Victimes de l'Inquisition : Pour un renvoi vers les notices bibliographiques détaillées des victimes.

[modifier] Bibliographie

  • Laurent Albaret, L’Inquisition, rempart de la foi ?, Découvertes Gallimard, Paris, 1998 (5e édition, 2006) ;
  • Henri Maisonneuve, L'Inquisition, Desclée-Novalis, 1989.

[modifier] Liens externes


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