Dogmes catholiques
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[modifier] Définition
Du grec δόγμα (dogma), « opinion », un dogme est une affirmation considérée comme fondamentale, incontestable et intangible par une autorité politique, philosophique ou religieuse qui emploiera dans certains cas la force pour l'imposer.
Le dogme est directement lié à la notion d'autorité, selon le Vocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande (PUF) :
- par son origine étymologique : « décision politique d'un souverain ou d'une assemblée » ;
- par son sens philosophique : « opinion philosophique reconnue dans une école » qui peut être interprété comme une opinion admise entre personnes qui adhèrent à la même autorité produisant la même doctrine ;
- par son sens théologique : « Doctrine reconnue par l'autorité d'une Église ».
Particulièrement, l'Église catholique définit ainsi le dogme dans son Catéchisme (1992) :
- « Le Magistère de l'Église engage pleinement l'autorité reçue du Christ quand il définit des dogmes, c'est-à-dire quand il propose, sous une forme obligeant le peuple chrétien à une adhésion irrévocable de foi, des vérités contenues dans la Révélation divine ou des vérités ayant avec celles-là un lien nécessaire. »
Par la définition de la « foi droite » (l'orthodoxie) le dogme définit en contre-champ, l'hérésie qui professe une opinion différente sur un point discuté. Les conciles des premiers siècles statuèrent dans ce cadre sur des questions de christologie.
Un interprétation en est donnée dans l'Abrégé de l'histoire des dogmes[1] d'Adolph von Harnack (1851–1930), chez Fishbacher, à Paris, comme par Lucien Jerphagnon qui font les deux remarques suivantes :
- l'une portant sur la formulation de promulgation du dogme,
- l'autre sur la succession des conciles d'abord régionaux, puis œcuméniques quand survient l'affaire Arius
- ↑ Traduit de Grundriss der Dogmengeschichte (1re éd., 1873) en allemand, les traductions française et anglaises sont abrégées.
[modifier] Formulation du dogme
À partir de la condamnation de l'adoptianisme formulée en 268 par Paul de Samosate lors du Concile de Nicée (formule calquée sur le « si quelqu'un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu'il soit anathème » de Paul de Tarse, Ga 1:9),
- « celui qui dit que Jésus a été baptisé comme n'importe quel chrétien, qu'il soit anathème ! »
Souligné : l'hérétique, non le croyant,
Italique : l'inverse de la doctrine,
Gras : la sanction.
Il propose les interprétations suivantes :
- la formulation classique ne demande pas de croire, elle demande de ne pas dire. Comme disait Eusèbe de Césarée : « Plût au Ciel qu'ils ne se fussent pas posé la question ! ». L'hérétique est donc désigné comme celui qui formule une question, plus exactement, celui qui aborde un sujet interdit.
- la formulation de la doctrine est négative, en cela qu'elle formule positivement ce qu'il ne faut pas croire ou pas dire. Le croyant peut donc être plongé dans la perplexité car, précisément dans ce cas, les Évangiles, au moins les synoptiques, racontent ce baptême de façon plus ou moins détaillée,
- la condamnation, en revanche se passe de commentaires.
Il en conclut que le dogme, dans sa formulation, ne chercherait pas à enseigner le fidèle mais à désigner l'hérétique.
Comme l'explique Marie-Émile Boismard o.p., une formulation des divers dogmes destinée au croyant se retrouve alors dans les confessions de foi qui représentent une conception hellénistique de la religion :
- « Croire que les dogmes étaient présents à l'origine relève de la mentalité moderne. On a toujours tendance à analyser les textes du Nouveau Testament pour y retrouver la foi de l'Église actuelle. Dans le monde sémitique, la foi est avant tout l'engagement d'une personne vis-à-vis de Dieu. Quand on passe dans le monde grec, elle se transforme : au lieu d'être une adhésion à une personne, elle devient adhésion à des vérités, à des dogmes. Elle « s'intellectualise ». Pour beaucoup de gens, est chrétien celui qui va adhérer à un credo. » (Le Monde de la Bible, juillet-août 1998)
[modifier] Mutation des conciles
Lucien Jerphagnon estime que la crise arienne change tout. Auparavant, les conciles sont locaux : ce sont des tribunaux où l'on juge les minoritaires, tel celui de Hiérapolis qui avait exclu Montan en 175. Avec la crise arienne au lieu d'être local (assorti de conséquences locales) le concile, par la volonté de l'empereur, devient œcuménique et les conséquences s'étendent à tout l'empire. La seule issue pour l'hérétique condamné est alors l'exil. Toutefois, cette opinion doit être tempérée par l'observation que les controverses antérieures à l'arianisme concernent une religion qui est encore clandestine voire persécutée : Arius professe ses opinions alors que la religion chrétienne devient la religion de l'empereur.
(Source : « Arius sème la zizanie », dans Historia-thématique, mars-avril 2003, Les hérétiques)
[modifier] Deux usages du dogme
Dans le tableau qui suit, on utilise la distinction établie par Louis-Auguste Sabatier entre Religions d'autorité et Religion de l'esprit, en fait du libre examen.
Religions d'autorité | Religions du libre examen |
---|---|
Quel est le rôle du dogme ? | |
Le dogme est un énoncé de la foi qui ne peut être remis en cause. | Un (et non pas le) dogme est une parole provisoire pour exprimer une vérité indicible. |
Il est défini par un concile, ou par un pape (depuis le XIXe siècle) agissant (selon la foi catholique) sous « l'inspiration du Saint-Esprit ». | Il n'est pas défini, car comment peut-on définir (définitivement i.e. poser des fines, c'est-à-dire des limites)
Dieu ? Mais il est exprimé par les croyants pour mettre en commun leur expérience de Dieu. |
Il permet d'énoncer clairement la foi de l'Église sans compromission. | Le « dogme » permet de balbutier une parole hésitante dans la langue d'une époque et la culture d'un lieu. |
Il clôt une réflexion sur une question donnée, ou sur des hérésies conçues comme erreur de la foi. | Il initie une discussion sur l'expression osée par des humains, ce qui permettra à tous d'approfondir la pensée pour rebondir ultérieurement sur une autre formulation d'une vérité en devenir. |
Quelle est son « utilité » ? | |
Il permet d'affirmer une même foi. | Il permet de progresser vers une compréhension commune d'une foi multiple |
[modifier] Dogmes et conciles
Les questions précises relatives aux dogmes catholiques ont commencé à se poser très tôt (IIe siècle), comme en témoignent, par exemple, les écrits apologétiques d'Hilaire de Poitiers contre les hérésies.
En effet, si la première tradition est orale, la reconnaissance de la canonicité de ce qui constituera le Nouveau Testament mis un certain temps à être fixée. Ces écrits eux-mêmes n'ont pas été rédigés comme des ouvrages de référence dogmatiques.
De ce fait, et comme dans toutes les religions, des interprétations multiples ont commencé à se répandre. La plus répandue étant la gnose dont les évêques de Constantinople et d'Antioche considéraient qu'elle sapait les fondements mêmes de la foi chrétienne. Se considérant dépositaires du seul message chrétien authentique, ils s'investirent de la mission de le propager et de l'autorité d'en préciser des points si nécessaire.
C'est au cours du IVe siècle que débute la succession des conciles élaborant la dogmatique, particulièrement la christologie. Plutôt que de trouver un consensus entre tous les patriarcats — égaux et indépendants à l'époque — et en particulier ceux d'Orient entre lesquels se situe le débat généralement sous-tendu par des questions de prééminence, les conciles agissent comme des tribunaux et chacun d'eux donna lieu à un schisme. Le signal en est lancé par la multiplication des débats christologiques entre Antioche, Alexandrie et Constantinople. Le présupposé herméneutique qui se fait jour à cette époque est la nécessité de définir ce qu'il faut croire.
Dès leur condamnation, les écoles minoritaires — arienne, nestorienne et monophysite — seront déclarées hérétiques avec le sens péjoratif qui persiste de nos jours.
- 325 : Concile de Nicée I - Fils « vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non créé, consubstantiel au Père » (empereur Constantin Ier, contre Eusèbe de Césarée Arius).
- 381 : Concile de Constantinople I - « Saint-esprit consubstantiel au Père » - Credo de Nicée-Constantinople (empereur Théodose Ier, Grégoire de Nazianze contre Démophile).
- Les conclusions de ce concile provoquent la scission avec les Églises des deux conciles
- 431 : Concile d'Éphèse - Marie, Mère de Dieu (Cyrille d'Alexandrie contre Nestorius)
- Les conclusions de ce concile provoquent la scission avec les Églises des trois conciles
- 451 : Concile de Chalcédoine - « La double nature de Jésus » c'est-à-dire deux natures en une personne (pape Léon - empereur Marcien contre Eutychès - Dioscore d'Alexandrie)
- 786 : Concile de Nicée II - Légitimité du culte des icônes (Théodore Studite, patriarche Nicéphore)
- 1054 : Rupture définitive entre catholiques (latins) et orthodoxes (grecs)
-
- Les anathèmes mutuels provoquent la scission avec les Églises des sept conciles (l'un d'eux n'étant reconnu que par les christianismes orientaux)
[modifier] Dogmes proprement romains
- 1854 : Immaculée Conception de Marie (Pie IX) qui signifie que Marie, mère de Jésus de Nazareth, fut conçue sans le péché originel
- 1870 : Concile Vatican I (Pie IX) L'infaillibilité pontificale. Le concile est interrompu par la guerre de 1870. Création de l'Église gallicane, tradition apostolique de Gazinet.
- 1950 : Assomption de Marie (Pie XII) qui signifie que Marie, mère de Jésus de Nazareth, est montée au ciel avec son corps, suivant en cela l'apocryphe La Mort de Marie. Un des rares dogmes qui n'a aucune base scripturaire bien que partagé (sous le nom de Dormition) par les églises orthodoxes.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Générique : christianisme, catholicisme, orthodoxie
- Spécifique :
- hérésie, hétérodoxie, apostasie, arianisme,
- excommunication, anathème,
- liste des doctrines, confessions de foi, libéralisme théologique
[modifier] Liens externes
- Les dogmes sont définis dans les textes du Magistère, consultables dans la Bibliothèque catholique en ligne (12000 pages)
[modifier] Bibliographie
- H. Denzinger et A. Schönmetzer, Enchiridion Symbolorum, Definitionum et Declarationum de Rebus Fidei et Morum, Editio XXXVI emendata, Romæ, 1976.
- Claude Tresmontant, Introduction à la théologie chrétienne (1967, Paris, le Seuil)
- Bernard Sesboué s.j., Histoire des dogmes, 2000
- Marie-Émile Boismard o.p., À l'aube du christianisme. Avant la naissance des dogmes, Paris, Cerf, 1998.
- Le Catéchisme de l'Église catholique (1998)
- Le Catéchisme hollandais (édition de 1967)
- Le Catéchisme progressif de Monsieur Collomb
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