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Critique de la psychanalyse - Wikipédia

Critique de la psychanalyse

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Sigmund Freud en 1907.
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Sigmund Freud en 1907.

La psychanalyse a rencontré des critiques dès sa naissance. Les thèses de Freud ont provoqué l'opposition de scientifiques, médecins et philosophes et psychologues de son temps. En effet :

  • il contestait la suprématie de la conscience et de la volonté : le sujet philosophique et moral n'était plus l'axe central du sujet psychologique, puisque une part essentielle est sous l'emprise de l'inconscient ;
  • il proposait une compréhension des troubles psychologiques hors de la sphère biologique : la « réalité psychique » est un concept que des médecins refusaient ;
  • il plaçait au centre du développement psychique, et dès l'enfance, les conflits dans le développement de la sexualité, il était reproché à Freud de remettre en cause l'innocence de l'enfance.

La psychanalyse a été l'objet de débats nombreux tout au long du XXe siècle, aussi bien dans les milieux médicaux que philosophiques et psychologiques ou encore artistiques (le surréalisme s'est largement inspiré des travaux psychanalytiques).

Sommaire

[modifier] Le célèbre argument de la « résistance » à la théorie

  • Cet argument, est sans nul doute possible le plus connu et le plus utilisé par Freud et ses disciples comme stratégie de défense contre leurs opposants. Freud a en effet toujours assimilé les critiques de ses théories à des « résistances pathogènes refoulées » confirmant ainsi le bien fondé de l'inconscient, mais, du même coup, l'immunisant contre toute critique rationnelle. (Ceci est notamment un des arguments de Karl Popper, repris aussi par Jacques Van Rillaer et Mikkel Borch-Jacobsen). Freud dit ainsi:
« La psychanalyse provoque donc, chez ceux qui en entendent parler, la même résistance qu'elle provoque chez les malades. (...) Cette résistance prend du reste le masque de l'opposition rationnelle et enfante des arguments analogues à ceux que nous écartons chez nos malades au moyen de la règle psychanalytique fondamentale. »[1]
  • Pour Freud les critiques dirigées contre sa théorie ne sont pas, à proprement parler, « rationnelles », c'est sur un autre plan, celui de l'inconscient, donc aussi du symptôme que devraient être « écoutés » ceux qui protestent.
  • Hans Jürgen Eysenck, dans Déclin et chute de l'Empire freudien écrit, page 35 - 36, concernant l'attitude des freudiens vis-à-vis de la critique :
« L'hostilité connue des freudiens vis-à-vis de toutes les formes de critique, même les plus éclairées, et vis-à-vis de l'élaboration d'autres hypothèses, quelques solides qu'elles soient, ne leur faut guère d'admiration. Un lorsqu'on en vient à juger la psychanalyse, ces considérations constituent de solides arguments contre son inclusion parmi les disciplines scientifiques. »
  • Jean-Marie Domenach écrit :
« Le freudisme offre des armes efficaces à ceux qui, pour s'épargner de répondre aux objections, les attribuent à des motivations souterraines, à un "non-dit" dont ils se rendent maîtres à bon compte. Par-là, ils s'attribuent une supériorité intolérable, ils pervertissent la critique et le dialogue démocratique, ils interdisent le débat scientifique. Cela n'est-il pas contraire à l'intention de la psychanalyse et à la pratique du plus estimable des analystes ? Brisons donc les tabous qui infestent notre vie intellectuelle, la plus plate, la plus morne qu'on ait jamais connue dans ce pays, et la plus contrôlée. (...)Critiquer le freudisme c'est se rendre suspect et risquer ce qu'on appelle dans la nouvelle procédure pénale, se faire « mettre en examen ». Avec les marxistes, on était convaincu d'esprit bourgeois et impérialiste. Avec les freudiens on est convaincu de résistance pathologique et dénégation. Comment s'en sortir ? En délaissant un terrain où l'on est piégé pour celui de la vérification épistémologique. » Préface de Jean-Marie Domenach, in : « Déclin et chute de l'Empire freudien » de H.J. Eysenck. Edition : Guibert, Paris, 1994, page : 12.
  • Enfin, concernant l'attitude des psychanalystes et de Freud vis-à-vis de la critique, on citera le psychanalyste canadien, Patrick Mahony, dans son livre « Dora s'en va. Violence dans la psychanalyse », page 236 :
« (...) De même, le rédacteur en chef de la Revue internationale de psychanalyse trouvait que les analystes évitaient habituellement de contredire les théories du redoutable père Freud : Contester les théories de Freud a généralement suscité des réactions d'inquiétude, comme si on perpétuait un outrage sacrilège. »
Puis, page 239, évoquant la résistance des lecteurs :
« Tout au long de son texte, Freud inscrit le thème de l'interprétation, bonne au mauvaise, de n'importe quel sujet, y compris la psychanalyse. Viennent compléter ces commentaires les stratégies adoptées par Freud dans n'importe quel ouvrage pour indiquer à son lecteur comment le lire. De manière directe ou indirecte, il se livre à un commentaire constant sur la résistance du lecteur, de sorte que même si l'on n'est pas d'accord avec les idées d'un des ses passages, on est amené à tomber d'accord avec ses commentaires sur le caractère subversif de l'inconscient. Sa seule manière de créer une alliance avec le lecteur renforce la nature dialogique de sa prose et la rend éminemment intériorisable; le piège transférentiel posé par l'écriture de Freud défie donc le lecteur profane comme le lecteur versé en psychanalyse. »

[modifier] Le dogmatisme de Freud sur un des piliers de sa théorie : le rôle joué par la sexualité

  • Frank J. Sulloway in « Freud biologiste de l'Esprit », pages 346 - 347 :
« (...)On critique souvent Freud et sa théorie du psychisme en disant que, en dépit de tout son génie personnel, ses doctrines ont leurs limites, dues à la période victorienne particulière au sein de laquelle vivait, à l'appartenance de la majorité de sa clientèle à la haute société, dues aussi à certains défauts personnels qui l'auraient amené à surestimer l'importance de la sexualité, à l'exclusion de tout autre chose. Quelques-uns même des premiers disciples de Freud en vinrent rapidement à juger en toute objectivité que son enseignement était tendancieux. Carl Jung fut un de ceux-là et, dans son autobiographie, Erinnerungen, Traüme, Gedanken, il se souvient des aspects des doctrines de Freud. Évoquant des circonstances distinctes, en 1907 et en 1910, il raconte comment il avait été frappé par l'attitude dogmatique de Freud sur les problèmes du psychisme (en particulier à propos de la sexualité) et comment il avait commencé à considérer Freud, quelque brillant qu'il fut, comme « une figure tragique..., un homme en proie à son démon » (1963 : 153). Jung raconte ainsi leur première rencontre, en 1907 :
« Surtout, l'attitude de Freud à l'égard de l'esprit me paraissait fortement contestable. Chaque fois que, chez un individu ou dans une oeuvre d'art, un trait spirituel (au sens intellectuel, dans ce sens religieux) se manifestait, il le soupçonnait et insinuait que c'était de la sexualité refoulée. Tout ce qui ne pouvait être directement imputé à la sexualité, il le baptisait « psychosexualité ». Je protestai que cette hypothèse, poussée jusqu'à sa conclusion logique, conduirait à une vision dévastatrice de la culture. La culture apparaitrait alors comme une simple farce, la conséquence morbide du refoulement de la sexualité. «Oui », dit-il, « il en est bien ainsi, et c'est une malédiction de destin contre laquelle nous ne pouvons rien. »
... On ne pouvait ignorer le fait que Freud s'investissait dans sa théorie de la sexualité à un degré extraordinaire (1963 : 149-50).»
Trois ans plus tard, les impressions de Jung se trouvaient brutalement confirmées au cours d'une autre rencontre avec Freud, qui présageaient leur brouille future :
« Je me rappelle encore fort bien comment Freud me dit : « Mon cher Jung, promettez-moi de ne jamais abandonner la théorie sexuelle. C'est ce qu'il y a de plus important. Voyez-vous, vous devez en faire un dogme, un rempart infranchissable. » Il me dit cela avec une grande émotion et le ton d'un père qui dit à son fils : « et promets-moi une chose, mon cher fils : d'aller à la messe tous les dimanches. » Quelque peu étonné, je lui demandai : « Un rempart - et contre quoi ? » A quoi il me répondit : « Contre le flot noir de la boue » - puis, après un moment d'hésitation -, « de l'occultisme. »
... Ce que Freud semblait désigner par le terme d'« occultisme », c'était pratiquement ce que la philosophie et la religion, y compris la science alors en expansion de la parapsychologie, avaient découvert du psychisme (1963 : 150-51). »
Pour Jung et certains de ses contemporains, la conception freudienne d'une « psychosexualité » envahissante paraissait tout aussi « occultiste » - au mieux, une hypothèse utile pour le présent, mais non un « rempart infranchissable » contre de futurs progrès de la science.»

[modifier] La question de l'unité en psychanalyse

Voir l’article Écoles de psychanalyse.

Bien que certains critiques n'hésitent pas à le faire, parler de « la » psychanalyse semble une gageure, tant les courants sont divers et variés, considérés comme irréconciliablement différents, en premier lieu par leurs praticiens : lacaniens, freudiens, kleiniens, néo-kleiniens, bioniens, courant interpersonnel, etc.

Source:Bercherie, Epistémologie de l'héritage freudien (suite et fin), in revue Ornicar?, 09/1984, n° 30. - pp. 94-125.

Au sujet de l'unité de la psychanalyse, on peut citer le psychanalyste français André Green :

« L'image que les médias renvoient de la psychanalyse française ne correspond en aucune manière à sa réalité. En fait, ce tableau est le résultat des efforts d'un groupe de pression qui exerce une véritable censure et propage une conception faussée de l'état de cette discipline. A la faveur d'une polémique récente, on a vu naître un mythe, la psychanalyse française, qu'on attaquait globalement. Je soutiens que la psychanalyse française est une entité inexistante ou falsifiée. Il y a en France des groupes psychanalytiques nombreux, divisés, et même parfois opposés, sur beaucoup de questions importantes. Toute prétendue unité est un amalgame douteux. »[2].

Mikkel Borch-Jacobsen parle d'une multiplication des tendances et écoles dans le mouvement psychanalytique « tandis que les vues défendues par les dissidents et les critiques de la psychanalyse étaient silencieusement récupérées et présentées comme des "développements" ou des "progrès" de la psychanalyse. [...]La psychanalyse n'a jamais existé - c'est une nébuleuse sans consistance, une cible en perpétuel mouvement [...]une auberge espagnole où se rencontrent les théories les plus diverses et les plus hétéroclites.[...]La vérité est que la psychanalyse n'a jamais eu d'autre unité que celle fournie par l'allégeance institutionnelle à la légende freudienne - c'est-à-dire à l'idée, justement, qu'il y a eu l'événement inouï de la psychanalyse et que cet événement s'est confondu avec la personne de Simund Freud.»[3]

Au premier plan de gauche à droite: Sigmund Freud, Stanley Hall et Carl Gustav Jung; Au second rang Karl Abraham, Ernest Jones et Sandor Ferenczi devant la Clark University (Massachusetts) en 1909.
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Au premier plan de gauche à droite: Sigmund Freud, Stanley Hall et Carl Gustav Jung; Au second rang Karl Abraham, Ernest Jones et Sandor Ferenczi devant la Clark University (Massachusetts) en 1909.

Dans le rapport de l'IPA [4] de P. Fonagy, psychanalyste, on peut lire:

« (...)Cette fragmentation et cette absence confuse d’hypothèses partagées est ce qui mène selon moi à une inévitable disparition de la psychanalyse, bien plus que n’importe quel autre défi externe auquel nous sommes confrontés. En l’absence d’un langage commun, nous sommes obligés d’occuper un espace intellectuel de plus en plus restreint. Cette fragmentation croissante de la base des connaissances psychanalytiques est après tout une caractéristique de la psychanalyse depuis ses débuts. Au final, nous devons protéger avec acharnement notre point de vue psychanalytique. Ainsi, quelle est la cause de cette tendance à l’entropie théorique de la psychanalyse ? Roger Perron, dans son analyse incisive et érudite de l’épistémologie (dans cette ouvrage) attire l’attention sur ce point lors de la discussion sur les avantages et les inconvénients d’une approche clinique psychanalytique. Il identifie le manque de puissance du critère fonctionnel (si un modèle est suffisamment utile à un nombre significatif de cliniciens) comme un inconvénient significatif de l’approche de la recherche en clinique. Je suis d’accord avec l’analyse de Perron et je suggérerais qu’un examen plus minutieux de ce problème soit mis en œuvre. »

Ainsi, cette alliance entre des praticiens aux théories ou aux interprétations divergeantes, mais ayant pour point commun le fait d'être freudiens, est d'ailleurs un angle de la critique de la psychanalyse, comme dans un texte publié en 1925 par Aldous Huxley :

« Les psychanalystes donnent l'impression de vivre dans le merveilleux univers transcendantal des philosophes, où tout le monde a raison, où tout est vrai, où toute contradiction s'apaise. »[5]

[modifier] L'hypothèse du déclin de la doctrine psychanalytique

  • Selon un rapport de l'IPA (International Psychoanalytical Association) [4], la psychanalyse pourrait avoir moins d'impact scientifique qu'auparavant:
« Mes collègues et moi avons examiné le Social Science Citation Index (Fonagy, 1996). Nous étions curieux d’explorer selon quelle fréquence l’article moyen de l’International Journal of Psychoanalysis et le Journal de l’Association Psychanalytique Américaine étaient cités dans d’autres journaux majeurs (médicaux ou non-médicaux). D’un bout à l’autre, les nombres de citations sont en déclin, même en prenant en compte la tendance pour les articles les plus récents d’être cités moins fréquemment à travers l’index de citation en entier. Cela signifie que l’impact scientifique de la psychanalyse sur les autres disciplines est peut être sur le déclin. Cette tendance est même plus claire quand nous regardons le nombre de citations attendu de tous les articles sélectionnés de la première partie de l’International Journal durant la dernière décade. »
L'auteur [le psychanalyste P. Fonagy] explique ce phénomène:
« Si ces observations doivent être crues, l’implication claire est que nous ne tenons plus suffisamment compte des publications des autres pour vouloir les référer dans nos publications. Nous ne sommes plus en train d’accumuler de la connaissance - mais plutôt (pour exagérer quelque peu ce point) nous développons la discipline dans nos propres directions, qui s’appuient sans aucun doute sur les classiques, mais de façon de plus en plus large et croissante, en ignorant les contributions contemporaines. »
et ses conséquences :
« Il semble à peu près évident que de moins en moins de publications anglaises sont suffisamment accueillies avec enthousiasme pour mériter d’être citées. Les conséquences sont claires. Nous avons jusqu’à présent rencontré des difficultés pour communiquer entre professionnels (e.g. Wallerstein, 1992), mais ces difficultés sont négligeables, comparées aux problèmes auxquels nous risquons de nous trouver confrontés dans les années à venir. On pourrait rétorquer que les écoles psychanalytiques les plus importantes apparues durant les 50 dernières années du 20ème siècle et qui ont organisé notre discipline, sont battues en brèche. Les psychologues du Moi ne sont plus des psychologues du Moi, les Winicottiens ne sont plus uniquement des Winicottiens, les psychologues du Soi sont dispersés, les Kleiniens-Bioniens ont de moins en moins en commun avec ces deux géants de notre champ, les Anna Freudiens ne constituaient probablement qu'un improbable groupement même du temps d’Anna Freud, et les inter-personnels n’ont jamais eu un thème commun hormis les citations de Harry Stack-Sullivan. De ce point de vue, le livre de Victoria Hamilton The Analyst’s preconscious, qui explore en profondeur la structure conceptuelle des théories de plus de 80 éminents praticiens analystes, est d’une lecture éclairante (Hamilton, 1996). »

[modifier] Critiques par disciplines

[modifier] Critiques des psychologues

Lev Vygotski
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Lev Vygotski

Dans les années 1920, une critique plus scientifique - voire scientiste[6] - a émergé, en particulier chez Lev Vygotski. Ses critiques, qui ne remettent pas en cause l'existence de l'inconscient, ni la sexualité infantile, portent sur trois points principaux :

  1. la psychanalyse donne une place trop exclusive à l'inconscient : ne pas prendre en compte les éléments conscients dans l'expérience vécue entraîne à négliger l'activité sociale ;
  2. la psychanalyse donne trop d'importance explicative à la structure des conflits de l'enfance : ne pas prendre en compte les événements ultérieurs dans la biographie de la personne empêche de comprendre l'articulation, éventuelle, des conflits actuels et de leurs sources avec les conflits qui se sont déroulés dans l'enfance ;
  3. la psychanalyse réduit trop toutes les manifestations psychiques à la sexualité.

Vygotski conclut sa critique par :

« Ainsi la méthode psychanalytique attend encore sa véritable application pratique, et l'on peut seulement dire que cette application doit concrétiser dans la réalité et dans la pratique les immenses apports théoriques de valeur que renferme cette théorie. » (op. c. p.123)

[modifier] Critiques de l'école française de psychologie clinique

  • Pierre Janet en conflit de priorité avec Freud, représentant de cette école, est l'un des premiers français à critiquer la psychanalyse, en tant qu'elle n'apporterait aucun vrai concept nouveau, et sa seule nouveauté serait le trop fort poids qu'elle donne à la sexualité (voir plus haut le jugement que portait Jung sur l'attitude de Freud concernant le rôle de la sexualité, cité par Frank J. Sulloway, in « Freud biologiste de l'esprit »).
  • On peut citer en réponse Michel Cariou, auteur contemporain de cette école, spécialiste d'Henri Wallon, qui relève sur ce thème le paradoxe de la psychanalyse. Pour lui, la psychanalyse apporte sa nouveauté en partant de la constatation que la sexualité humaine est passé d'un seul but de reproduction a celui de jouissance, et ainsi est soutendue par le concept de pulsion plutôt que par celui d'instinct. C'est de ce point de vue que la psychanalyse est pour lui étonnante. En effet, « c'est probablement le paradoxe de la psychanalyse que d'avoir accordé tant de place à ce vécu conscient », sachant que « nous savons bien que la conscience n'a pas pour fonction de nous informer des processus par lesquels s'organise notre fonctionnement »[7]
  • Janet serait donc précurseur à Freud sur nombres d'idées sur l'hystérie ou les traitements psychologiques. Il reprochait notamment à Freud son utilisation du symbolisme :
« Ce qui caractérise cette méthode [psychanalytique], c'est le symbolisme, un événement mental peut toujours, quand cela est utile à la théorie, être considéré comme le symbole d'un autre. La transformation des faits, grâce à toutes les méthodes de condensation, de déplacement, d'élaboration secondaire, de dramatisation peut être énorme, et il en résulte qu'un fait quelconque peut signifier tout ce que l'on voudra. [...] C'est [...] une conséquence de la confiance des auteurs dans un principe général posé au début comme indiscutable, qu'il ne s'agit pas de démontrer par les faits mais d'appliquer aux faits. »[8]
Pour illustrer également l'utilisation de ce symbolisme passe-partout, on peut citer Alfred Erbs, docteur ès sciences humaines et psychanalyste [9] :
« (...)A titre d'exemple, le retard au début de la séance est souvent vécu comme un retard dans l'entrée dans la vie à la naissance. Le déplacement d'une séance peut symboliser le déplacement du cadre et de la fonction paternelle. Une séance supplémentaire peut équivaloir à une gratification narcissique maternelle, à un signe d'amour maternel ».

[modifier] Critiques internes et externes multiples

[modifier] Critiques internes au mouvement psychanalytique :

Carl Gustav Jung
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Carl Gustav Jung
  • Du temps de Freud, Carl Gustav Jung a critiqué le dualisme pansexualiste de la psychanalyse, il lui préférait une vision moniste avec l'idée d'une pulsion de vie unique. Alfred Adler a lui mis en évidence la revendication phallique qu'il estimait au centre des psychopathologies, éludant ainsi le complexe d'Oedipe. Otto Rank de son côté estimait que, plus important que le complexe d'Oedipe, il y avait le traumatisme de la naissance . Sandor Ferenczi prônait une relation plus chaleureuse impliquant plus le psychanalyste. Wilhelm Reich pensait que "la société" était trop restrictive du point de vue de la sexualité et qu'il fallait donc la "libérer" pour accomplir au mieux ce qu'il appelait la fonction de l'orgasme. Toutes ces critiques donnent chacune la direction qu'à partir de ces auteurs, les psychothérapies ont pris par la suite. L'accent mis sur tel ou tel aspect au détriment du rôle central du complexe d'Oedipe et de la ¨sexualité infantile a donné naissance à des pratiques que nous trouvons aujourd'hui sous d'autres appellations: bioénergie, et autres psychothérapies reposant sur la suggestion.
  • Jacques Lacan dans un effort de revenir à la lettre du texte de Freud (certains des concepts ont été mal traduits de l'allemand dans les premiers temps et ont introduit des confusions regrettables, cf. Trieb traduit par « instinct » au lieu de « pulsion » ou mal comprises car trop nouvelles) a défendu une position où il considérait que la psychanalyse n'était pas une thérapie (« elle ne soigne rien ») puisqu'il la considérait plutôt comme une herméneutique. Cette position se complétait par un refus de considérer que la psychanalyse ait quelque chose à dire sur ce que doit être l'homme (refus de la morale, du discours du maître). Ces réflexions l'ont conduit à remettre en question le statut du psychanalyste en tant que « médecin de l'âme » ou que guide spirituel et il s'appliquait à lui-même cette critique radicale :
« Notre pratique est une escroquerie. Bluffer, faire ciller les gens, les éblouir avec des mots qui sont du chiqué, c'est quand même ce qu'on appelle d'habitude du chiqué… Du point de vue éthique, c'est intenable, notre profession… Il s'agit de savoir si Freud est oui ou non un événement historique. Je crois qu'il a raté son coup. C'est comme moi, dans très peu de temps, tout le monde s'en foutra de la psychanalyse. » [10]
« La psychanalyse est une pratique délirante...C'est ce que Freud a trouvé de mieux. Et il a maintenu que la psychanalyse ne doit jamais hésiter à délirer ».[11]
« Freud n'avait rien de transcendant, c'était un petit médecin qui faisait ce qu'il pouvait pour ce qu'on appelle guérir, qui ne va pas loin - l'homme, donc, ne s'en tire guère, de cette affaire de savoir. » [12].
  • Dans la revue Ornicar (1979, 19 : 5s), le Président de l'École freudienne de Paris (Jacques Lacan) déclarait :
« La psychanalyse est à prendre au sérieux, bien que ce ne soit pas une science. Comme l'a montré abondamment un nommé Karl Popper, ce n'est pas une science du tout, parce que c'est irréfutable. C'est une pratique, une pratique qui durera ce qu'elle durera. C'est une pratique de bavardage. Le mot bavardage implique quelque chose...Bavardage met la parole au rang de baver ou de postillonner. Il la réduit à la sorte d'éclaboussement qui en résulte. Les mots font la chose, la chose freudienne, la crachose freudienne. Mais c'est justement à l'inadéquation des mots aux choses que nous avons à faire... » [13].
  • Lacan refuse donc la psychanalyse comme thérapie, admettant tout de même une guérison, de surcroît. Le charlatanisme proviendrait donc de la présentation de la psychanalyse comme psychothérapie, là où il s'agit d'entendre ce qu'a à dire le sujet de l'inconscient, guérison ou non. Parler ne fait pas du bien, contrairement à l'idée reçue : la parole de la scène analytique renvoie plutôt au pire, soit la confrontation même avec ce que le sujet a toujours cherché à fuir. Maria Pierrakos, psychanalyste lacanienne écrit :
« On peut dire en effet qu'il s'agit de libérer le sujet des liens qui l'empêchent de vivre. Mais le résultat de certaines analyses n'est-il pas, au bout de bien des années, de voir ces liens remplacés par une toile d'araignée de mots qui peu à peu perdent leur sens premier pour en avoir un double, un triple, une multitude ; et le sujet qui était dans un monde cohérent de souffrance se trouve dans un univers éclaté où le tout et le rien s'équivalent, pour ne pas dire le tout et le n'importe quoi. [...].Ecoutons François Perrier parler de ce qu'il appelle les suicides libidinaux : "on a vu errer dans les milieux analytiques, des gens complètement dévastés, acculés à se refabriquer un narcissisme d'emprunt ficelé avec des concepts lacaniens ; à se faire une vie libidinale d'emprunt, de type pervers, dans la recherche de l'excitation ou du donjuanisme, et qui se sont complètement exilés d'eux-mêmes. » [14]

[modifier] Critiques externes historiques :

Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie.
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Enseignement de Charcot à la Salpêtrière : le professeur montrant à ses élèves sa plus fidèle patiente, « Blanche » (Marie) Wittman, en crise d'hystérie.
  • L'argument critique historique le plus fréquent et autour duquel s'accordent l'immense majorité des auteurs (Ellenberger, Sulloway, Van Rillaer, Bénesteau, Cioffi, Crews,...), et celui qui touche aux « légendes freudiennes ». Des historiens célèbres et reconnus tels Henri F. Ellenberger et Frank J. Sulloway sont les premiers à avoir mis à jour ces légendes mensongères. Leurs arguments, parfois très sévères, ont été repris à leur suite, par presque tous les autres intellectuels ayant entrepris des recherches et publiés des travaux critiques de nature historiques sur Freud et la psychanalyse. Nous retiendrons donc ici, en guise d'introduction, le propos de Frank Sulloway dans « Le livre noir de la psychanalyse », pages 53 à 59 :
« (...)je réponds maintenant à votre question : jusqu'à quel point la légende freudienne est-elle délibérément tendancieuse ? Comme je viens de le dire, la légende freudienne est certainement plus développée et plus motivée politiquement qu'aucune autre légende dans l'histoire des sciences, de sorte que nous pouvons vraiment trouver, dans son histoire, la marque d'une manipulation intentionnelle. Souvenez-vous que la psychanalyse, au moment où cette légende prenait forme, faisait l'objet d'une intense controverse scientifique. La légende a été l'un des mécanismes de défense du mouvement psychanalytique. […] Même si Darwin a suscité des légendes, ces dernières n'ont as été conçues pour protéger ses théories, ni pour les immuniser contre la critique. En tant que discipline , la psychanalyse n'a jamais triomphé comme l'ont fait les théories de Darwin, et la légende freudienne a du même coup continuer à jouer un rôle utile, politiquement parlant. Même aujourd'hui, les partisans de la théorie psychanalytique n'hésitent pas à utiliser indûment l'histoire pour servir leurs propres intérêts. » (Frank J. Sulloway. In : Le livre noir de la psychanalyse, Freud recycleur : cryptobiologie et pseudoscience, entretien avec Frank J. Sulloway, Les Arènes, Paris, page 59).
  • Sigmund Freud s'est toujours présenté comme le Galilée de la psychologie de son temps, le découvreur de l'inconscient et de la psychanalyse qui serait devenue sa science privée (Borch-Jacobsen et Shamdasani). Or, August Forel, contesta à Freud la découverte de la méthode psychanalytique en ces termes :
« Le découvreur de la méthode psychanalytique [sans « o » ], tant du point de vue de sa signification psychologique que de sa signification thérapeutique, est le Dr Joseph Breuer de Vienne. » (In : Borch-Jacobsen et Shamdasani, ibid, page 126).
Henri F. Ellenberger conteste aussi, dans son remarquable livre intitulé, « Histoire de la découverte de l'inconscient », l'originalité de la découverte freudienne, qui selon lui, serait légendaire. Il écrit :
« La légende freudienne passe à peu près complètement sous silence le milieu scientifique et culturel dans lequel s’est développée la psychanalyse, d’où le thème de l’originalité absolue de tout ce qu’elle a apporté : on attribue ainsi au héros le mérite des contributions de ses prédécesseurs, de ses associés, de ses disciples, de ses rivaux et de ses contemporains en général. » (p. 464).
Si donc, d'après Ellenberger, (dont la valeur des travaux est reconnue par d'éminents psychanalystes, tels Elisabeth Roudinesco qui accuse les critiques de Freud d'avoir frauduleusement détourné son oeuvre à des fins polémiques, voir ici, par exemple : [1]), il y aurait bien une « légende freudienne qui passe à peu près complètement sous silence » certaines informations cruciales sur le contexte de développement de la psychanalyse, c'est que cette légende est mensongère et désinformatrice, comme l'a démontré un autre historien critique de la psychanalyse et du freudisme : Jacques Bénesteau, dans son livre, « Mensonges freudiens : histoire d'une désinformation séculaire ».
  • Pour la psychiatrie classique, la psychanalyse aurait été, comme c'est devenu à nouveau le cas aujourd'hui, un produit de l'imagination de Freud et de ses successeurs. En effet, selon les travaux des « Freud scholars » (les historiens érudits de Freud, parfois qualifiés de révisionnistes), ce dernier, depuis les débuts jusqu'à la fin de sa vie, n'aurait jamais admis de témoin indépendant dans son cabinet (au contraire de certains de ses plus éminents premiers modèles tels Charcot) ni de contrôle extra-clinique, intersubjectif et reproductible de ses théories, en rejetant de manière explicite, dans une réponse restée célèbre à Rosenzweig, la méthode expérimentale :
"(...)la profusion d'observations fiables sur lesquelles reposent ces assertions psychanalytiques les rend indépendantes de toute vérification expérimentale"[1]. Selon Erwin Stransky, Congrès de Breslau, le 13 et 14 mai 1913 : "L'ignorance systématique des travaux des autres chercheurs et le refus systématique de s'ouvrir à leurs critiques sont un des traits distinctifs de l'obédiance psychanalytique." (Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 173). Selon Adolf Wohlgemuth : "On trouve partout (chez Freud) une ignorance quasi complète de la littérature et des résultats de la psychologie moderne, de la méthode expérimentale et de la logique." (Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 174).
  • La théorie de l'inconscient et le complexe d'Oedipe seraient entièrement le fruit de l'échec reconnu par Freud lui-même de sa propre auto-analyse par introspection (procédé déjà reconnu comme obsolète en son temps, et déjà longtemps avant, par Emmanuel Kant in : "Anthropologie. Divers fragments relatifs aux rapports du physique et du moral et au commerce des esprits d'un monde à l'autre." Kant :
"C'est une chose digne de réflexion, une chose utile et nécessaire pour la logique et la métaphysique, d'observer en soi les différents actes de la faculté représentative, lorsqu'on les provoque. Mais vouloir s'épiloguer, prétendre connaître la manière dont ces actes surgissent d'eux-mêmes dans l'âme sans être suscités (...), c'est un renversement de l'ordre naturel dans la faculté de connaître (...) c'est déjà ou une maladie de l'esprit (...), ou un acheminement à la folie". Cité par Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 64).
Sigmund Freud à Wilhem Fliess, 14 novembre 1897 :
« Mon auto-analyse reste toujours en plan. J’en ai maintenant compris la raison. C’est parce que je ne puis m’analyser moi-même qu’en me servant de connaissances objectivement acquises (comme pour un étranger). Une vraie auto-analyse est réellement impossible, sans quoi il n’y aurait plus de maladie. Comme mes cas me posent encore certains autres problèmes, je me vois forcé d’arrêter ma propre analyse. » (Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 67).
  • Selon les plus récents travaux des « Freud scholars » (tels Jacques Bénesteau dans "Mensonges freudiens, histoire d'une désinformation séculaire" et Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse"), Freud n'aurait, en travaillant reclus dans son cabinet et en excommuniant systématiquement les critiques, bâti que « sa science privée », ainsi que des légendes autour de son personnage et de sa doctrine afin de mieux imposer l'idée de scientificité et d'objectivité de ses études et de ses résultats d'une part, et de rigueur et d'honnêteté de ses méthodes d'autre part. Pour Frank Sulloway, dans « Freud biologiste de l’esprit », Freud aurait dissimulé ses inspirations de biologiste (jugées obsolètes, par Ersnt Kris, l’un de ses plus ardents défenseurs), dans la conception de ses théories, afin de mieux donner l’impression d’une rupture scientifique radicale avec la psychologie de son temps, pour s’affirmer, en "pur psychologue" (ce qui semble conforme à l'affirmation de Freud selon laquelle le déterminisme de la vie mentale n'est "que psychique". Voir "la psychopathologie de la vie quotidienne", chapitre 12) comme le nouveau « Galilée » de la psychologie. C'est donc ce travail de dissimulation de ses inspirations biologistes obsolètes qu'aurait opéré Freud, qui justifie le qualificatif de "cryptobiologiste" de l'esprit, utilisé par Frank Sulloway dans sa monumentale étude (on peut se référer également à la participation de Frank Sulloway au "Livre noir de la psychanalyse", dans un chapitre intitulé "Freud recycleur : cryptobiolgie et pseudoscience", page 49). Malgré tout, ce point de vue est critiqué, par Borch-Jacobsen et Sonu-Shamdasani.
  • Mais, les « Freud scholars » semblent unanimes sur le fait que Freud fut le seul témoin privilégié de la création de ses théories et de leur confirmation, et du traitement des grands cas sensés être représentatifs de l'efficacité de sa méthode thérapeutique ainsi que de la validité des théories qui les sous tendent.
  • Bien que s’appuyant sur des preuves historiographiques rigoureusement démontrées, les travaux des Freud scholars sont parfois qualifiés « d’insultants » ou « d'infâmants », par des défenseurs de la psychanalyse. L'argument de la « haine », du complot, et de la « conspiration », revient aussi de façon récurrente dans les discours et les écrits des défenseurs de la psychanalyse, qui voient dans les critiques une « haine » contre Freud et la psychanalyse, donc de l'irrationnel qui ne peut être traité sur le front du discours rationnel et critique mais sur celui du symptôme. Voir par exemple le livre d'Elisabeth Roudinesco « Pourquoi tant de haine ? - anatomie du livre noir de la psychanalyse », édition Navarin.

[modifier] Critiques externes thérapeutiques :

  • De plus en plus d'analyses et de recherches publiées à orientations historiques et épistémologiques (et aussi thérapeutiques comme celle du psychanalyste canadien Patrick Mahony dans son livre « Dora s'en va. Violence dans la psychanalyse »), remettraient en question les résultats et la validité des méthodes employées par Freud, ses effets thérapeutiques, mais aussi, la probité scientifique et morale de celui-ci.
  • Selon Mahony, « Dora », aurait été traumatisée deux fois : par son agresseur, puis par son thérapeute (Freud). Il écrit, page 234 :
« De fait, le cas Dora est couvert de distinctions peu honorifiques. C'est un des plus grands désastres psychothérapeutiques ; une des plus remarquables démonstrations, dans la littérature analytique, du rejet du patient par son clinicien; une preuve spectaculaire, mais tragique, de perpétration de sévices sexuels sur une jeune fille, et une justification, écrite et publiée, de ces sévices par son propre analyste ; un cas éminent d'association forcées, de souvenirs forcés et, peut-être, de plusieurs rêves forcés, de remémoration forcée de rêves, voire de remémoration forcée de rêves forcés. Sans exagération aucune, le cas, sa publication et l'accueil qu'il a reçu par la suite peuvent être qualifiés d'exemple de perpétuation de sévices sexuels. Dora avait été traumatisée, et Freud l'a traumatisée une nouvelle fois. Et pendant à peu près un demi-siècle, la communauté psychanalytique a, soit gardé un silence complice sur ces brutalités, soit ignoré celle-ci par adoration aveugle. »
  • Dans « Déclin et chute de l'Empire Freudien » Hans Jürgen Eysenck, page 124, cite un grand psychanalyste Judd Marmor :
« Selon le point de vue de l'analyste, les malades de chaque école semblent fournir les données phénoménologiques qui confirment précisément les théories et les interprétations de leur analyste ! Ainsi chaque théorie semble s'auto-valider. Les freudiens fournissent des données sur le complexe d'Oedipe et l'angoisse de castration ; les jungiens sur les archétypes, les rankiens sur l'anxiété de séparation, les adlériens sur les aspirations masculines et les sentiments d'infériorité, les horneyites sur les images idéalistes, les sullivaniens sur les troubles dans les rapports personnels, etc. Le fait est que dans une transaction aussi complexe que le procédé thérapeutique psychanalytique, l'impact du malade et du thérapeute l'un sur l'autre, et surtout de ce dernier sur le premier, est exceptionnellement profond. ce qui intéresse l'analyste, le genre de questions qu'il pose, les faits auxquels il choisit de réagir et ceux qu'il choisit d'ignorer, les interprétations qu'il offre, tout ceci exerce un impact subjectif subtil mais significatif sur le malade en le poussant à présenter certains faits et plutôt que d'autre. »
  • Dans « Mensonges Freudiens, histoire d’une désinformation séculaire », Jacques Bénesteau démontrerait avec preuves historiographiques à l’appui que tous les grands cas traités par Freud et qui furent présentés par lui comme des succès thérapeutiques modèles et fondateurs de la psychanalyse, auraient été des échecs complets. Notamment en ce qui concerne le cas de Bertha Pappenheim (Anna O.), déjà relaté par Ellenberger, puis Borch-Jacobsen et Jacques Bénesteau, notamment.
  • Henri Ellenberger écrit, dans « Histoire de la découverte de l'inconscient » :
« Le “prototype d’une guérison cathartique” ne fut ni une guérison ni une catharsis. Anna O. était devenue une morphinomane grave qui avait conservé une partie de ses symptômes les plus manifestes » (p. 408).
  • Borch-Jacobsen dans son livre « Souvenirs d'Anna O. Une mystification centenaire » (Edition Aubier Paris, 1995, couverture du livre) :
« (...)S'appuyant sur les recherches d'historiens de la psychanalyse comme Ellenberger, Albrecht Hirschmüller, Peter Swales et Uffe Hansen, ainsi que sur des documents restés jusqu'ici inédits raconte à sont tour cette incroyable histoire d'Anna O. à laquelle tant de gens ont cru pourtant. Il tire les fils des récits et des rumeurs, suite la piste de la simulation et de la suggestion, fait le compte des fables et des pseudo-souvenirs, calcule la crédulité de Breuer et la mythomanie de Freud. Au terme que reste-t-il ? Un beau récit ? Une fiction fondatrice ? Pas même : un dérisoire échec, rapiécé de légendes et de forgeries - le premier mensonge. »
  • Selon des historiens tels Bénesteau, mais aussi Cioffi, Crews, et dernièrement Borch-Jacosbsen et Sonu Shamdasani dans « Le dossier Freud, enquête sur l’histoire de la psychanalyse », Freud n’aurait pas cessé de mentir sur son matériel clinique, de « narrer » ses histoires de cas en utilisant un « style indirect libre » (Borch-Jacobsen) afin de mieux faire croire qu’il fut le témoin direct, et impartial des manifestations psychiques inconscientes de ses patients, et qu’il ne pouvait avoir, de ce fait, aucun regard déformant de cette réalité clinique au profit de ses théories.
  • Selon le Prix Nobel de médecine Eric Kandel (déjà cité plus bas dans cet article), il y aurait des preuves irréfutables de l'efficacité des thérapies non psychodynamiques, alors que, selon lui : « il n'y pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo »
  • En France, le très controversé rapport de l'INSERM sur l'évaluation des psychothérapies, pourtant demandé par les fédérations des usagers, suscita de très vives réactions d'indignation de la part des milieux favorables à la psychanalyse. En effet, ce rapport, faisait état d'une supériorité des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), dans la majorité des troubles mentaux, par rapport aux thérapies d'inspiration psychodynamique. Ce fut finalement sous la pression d'un groupe d'intellectuels parisiens et des différents représentants médiatiques français de la psychanalyse, que ce rapport fut retiré du site du Ministère de la Santé Publique.
  • On peut enfin évoquer l'avis de Renée Bouveresse-Quillot, au sujet de certaines difficultés de la cure analytique en rapport avec la théorie de l'inconscient (in : Les critiques de la psychanalyse, Que sais-je ? N°2620, Presses Universitaires de France, Paris, 1995, page 71). Elle écrit :
« Les souvenirs ramenés à la conscience au cours de la cure peuvent difficilement d'abord être jugés complètement différents dse autres souvenirs qui réclament un effort de mémoire : il n'y a que des différences de degré dans la difficulté de la remémoration, et aucune frontière absolue n'apparaît entre le préconscient et l'inconscient. La seconde option nous renvoie à une difficulté déjà rencontrée : il ne suffit pas qu'une hypothèse apporte de l'intelligibilité à un comportement pour qu'elle corresponde à un vécu. Non seulement parce qu'un comportement peut parfois être interprété de plusieurs manières concurrentes, mais parce qu'il est toujours possible d'observer en lui de l'extérieur des caractéristiques structurales qui ne renvoient pas à une expérience vécue. [...] En profondeur, l'essentiel de la stratégie de Freud consiste finalement, à proposer la conception radicale qu'il se fait de l'Inconscient comme la seule alternative possible à la conception qu'il présente comme classique : celle selon laquelle psychisme et conscience seraient nécessairement synonymes. »

[modifier] Critiques externes de nature politique :

Le régime nazi a sévèrement critiqué la psychanalyse, considérée comme une "science juive". A partir de 1933, les ouvrages de Freud ont été brulés en place publique en Allemagne, les instituts de psychanalysé fermés, et de nombreux lieux de soin saccagés [15]. Cela a causé la fuite des premiers psychanalystes allemands, autrichiens et hongrois vers Londres, New-York, l'Amérique latine. La pratique de la psychanalyse n'à toutefois pas complètement disparu sous le régime nazi. Certains psychanalystes non juifs ont continué à oeuvrer au sein de l'Institut Göring.

Cependant le régime nazi, malgré son opposition brutale incontestable à la psychanalyse, n'a pu constituer un frein significatif à l'émergence puis à l'essor du mouvement psychanalytique de part le monde, s'il on en juge par la notoriété acquise par le personnage freudien ainsi que l'influence de ses théories. Enfin, la référence à l'opposition nazie est fréquemment utilisée par les freudiens, afin de justifier, par associations d'idées, des accusations infondées d'antisémitisme contre les autres critiques de la psychanalyse, ou de favoriser un amalgame entre ces critiques et l'antisémitisme.

Les marxistes, à part quelques exceptions notables, considéraient la psychanalyse comme une science bourgeoise, ils en ont interdits la pratique en URSS. Toutefois, bon nombre d'intellectuels français se réclament aujourd'hui d'une idéologie qualifiée de « freudo-marxiste ».

[modifier] Critiques externes de nature religieuse :

Les critiques de religieux reposent soit sur des raisons morales soit sur une vision idéale de l'humain qui ne peut intégrer la vision dualiste de Freud.

[modifier] Critiques plus récentes (cognitivisme, neurosciences, etc.):

  • Le behaviourisme, qui lui y était pratiqué sans restriction en URSS, s'est toujours opposé farouchement à la psychanalyse et il a maintenant retrouvé de la force avec l'appoint du cognitivisme. Les neurosciences progressent actuellement grâce aux nouveaux moyens dont les chercheurs disposent sur le plan technique: neuro-imagerie, scanners, etc.. Cette mouvance soit conteste globalement la psychanalyse (pensée dominante) soit tente d'en démontrer les fondements en visualisant des activités cérébrales qui ressembleraient à ce que Freud a décrit. Ce courant, comme la psychiatrie, a trouvé préférable, au début des années 80, de se référer pour le diagnostic à des classifications descriptives unificatrices, pouvant également servir de base à des travaux scientifiques de qualité. C'est ainsi que le concept de névrose a été remplacé par d'autres catégories diagnostiques, comme celles des troubles anxieux et des troubles de l'adaptation dans les dernières classifications internationales (CIM-10 et DSM-IV).
Eric Kandel, Prix Nobel de médecine.
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Eric Kandel, Prix Nobel de médecine.
  • Le Prix Nobel de médecine, Eric Kandel, qui reçut initialement une formation de psychanalyste pour en venir aux neurosciences écrit :
« Si elle veut fournir une contribution importante à notre future compréhension de l’esprit humain, la psychanalyse doit réexaminer et restructurer le contexte intellectuel dans lequel ses travaux sont menés, et développer une approche plus critique dans la formation des psychanalystes de demain. Autrement dit, ce dont la psychanalyse a besoin, si elle veut exister comme une force intellectuelle du XXIe siècle, est une sorte de ‘Flexner Report’ appliqué aux institutions psychanalytiques » [16] ;
puis ceci :
« Ainsi, à l'inverse de formes variées de thérapies cognitives et d'autres psychothérapies, pour lesquelles des preuves objectives et irréfutables existent maintenant – à la fois en tant que thérapies isolées ou en tant qu'additions au traitement pharmacologique – il n'y pas de preuve irréfutable, à part des impressions subjectives, que la psychanalyse est meilleure que la thérapie non analytique ou le placebo » [16]
  • D’après un rapport de l’IPA[4], écrit par le psychanalyste, P. Fonagy, le mouvement psychanalytique aurait offert une mauvaise réception des propositions de certains neuroscientifiques comme Erik Kandel. Fonagy, écrit ceci :
« Paradoxalement, la réponse des psychanalystes, à cette remarquable avancée des connaissances, fut défensive plutôt qu’enthousiaste. Malgré l’engagement individuel de nombreux analystes pour appréhender toutes les connaissances, même si cela peut provoquer douleur et anxiété, pour une large part, la réponse de la communauté psychanalytique fut inutilement rejetante et critique » ;
puis :
« L’idée dominante, que je qualifierais d’irrationnelle, semble être que la finesse d’investigation psychanalytique, si durement gagnée, serait d’une façon ou d’une autre “détruite“ plutôt qu’améliorée et enrichie par les nouvelles méthodes de recherche. »[4]).
enfin ceci :
« Les problèmes créés par la combinaison des parti-pris psychanalytiques contre les disciplines non-médicales en général et la psychologie en particulier, ont augmenté au cours des années. L’un des aspects du problème est l’abandon volontaire par les psychanalystes des opportunités leur permettant une contribution majeure aux sciences du comportement ».Voir le rapport de l'IPA, déjà cité plus haut, ici: [4]
  • Dans « Le livre noir de la psychanalyse », Joëlle Proust, directrice de recherche au CNRS, écrit :
« En résumé, la théorie énergétique de la psychanalyse est difficilement compatible avec la conception contemporaine de la dynamique neuronale. Le concept de refoulement n’a pas à être invoqué pour expliquer l’existence de représentations inconscientes ; (…) le destin des pulsions libidinales ne joue pas le rôle que lui prêtait Freud dans l’apparition de troubles psychiatriques. Ce qui est causalement pertinent dans leur apparition n’est pas le sens « latent » du symptôme, mais la manière dont le cerveau traite l’information perceptive, émotionnelle ou mémorielle et contrôle l’exécution des actions.[17] »
  • Dans ce même livre, Allan Hobson, Professeur de psychiatrie à la Harvard School et Directeur du laboratoire de neurophysiologie au Massachusetts Mental Health Center, soutient, que « le modèle freudien des rêves n’est pas plausible. »[18]. En effet, dans un article intitulé « le rêveur neuronal » [19], Hobson démontre que :
« La théorie psychanalytique dû avoir recours à des théories psychologiques complexes et peu plausibles. Ainsi, le rêve bien connu de voler représentait symboliquement l'érection tandis que gravir un escalier pouvait symboliser le motif rythmique de la copulation. A l'époque de leur publication, en 1900, de telles idées ont semblé absurde à beau coup de gens, mais il est stupéfiant de penser que les psychanalystes (notamment ceux de l'école française) continuent de prendre au sérieux des idées tout aussi tirées par les cheveux. »
Puis :
« Le modèle de l'interaction symétrique présentait deux vertus scientifiques. La première était qu'on pouvait le tester expérimentalement. En pratiquant des micro-injections d'agents chimiques analogues à l'acétylcholine, on a pu enclencher le sommeil paradoxal chez les chats; d'autres ont utilisé des agents semblables pour intensifier le sommeil paradoxal et les rêves chez l'être humain. A ce jour aucun psychanalyste n'a pu obtenir ce résultat par le truchement de l'intervention psychologique. »
Ensuite :
« L'hypothèse de l'activation-synthèse permet d'expliquer cinq aspects formels du rêve: les hallucinations visuelles et motrices; les erreurs commises en prenant ces hallucinations pour la vérité; l'instabilité de l'orientation; l'émotion forte; enfin, l'incapacité de se souvenir. Réunis, ces traits formels du rêve débouchent sur un délire qui suggère un dysfonctionnement du cerveau. La psychanalyse, en plaçant un accent exclusif sur le contenu mental, n'a pas pratiqué un diagnostic du rêve correct. »
Enfin :
« Au cours du rêve, le cerveau-esprit suit ces instructions: " Intégrez tous les signaux reçus dans l'histoire la plus significative; quelle que soit la fantaisie en résultant, croyez-la, puis oubliez-la. " L'instruction d'oublier s'explique très simplement par l'absence de l'ordre contraire, " se souvenir ". Cette hypothèse rend l'hypothèse psychanalytique de l'amnésie par le refoulement inutile et peu vraisemblable. »
  • En considérant l'importance absolument centrale du contenu des rêves et de leur interprétation, non seulement pour l'émergence des fondements théoriques de la psychanalyse, mais aussi pour sa pratique thérapeutique (pour Freud et les psychanalystes, les rêves ont toujours été « la voie royale vers l'inconscient »), on mesurera l'importance que revêt pour la psychanalyse et la validité de ses thèses les travaux des neurosciences sur le rêve. Une citation de Sigmund Freud (in "Cinq leçons sur la psychanalyse". Troisième leçon. Petite bibliothèque Payot, Paris, 2001, p. 45) :
« L'interprétation des rêves est, en réalité, la voie royale de la connaissance de l'inconscient, la base la plus sûre de nos recherches, et c'est l'étude des rêves, plus qu'aucune autre, qui vous convaincra de la valeur de la psychanalyse et vous formera à sa pratique. Quand on me demande comment on peut devenir psychanalyste, je réponds : par l'étude de ses propres rêves »
  • On aura un aperçu de la controverse célèbre qui l'opposa à Mark Solms, (dont Hobson réfuterait les travaux),ici. Toujours dans le domaine de la recherche scientifique sur le rêve, et selon le Professeur Jouvet, le modèle freudien du rêve s’effondrerait. En effet, selon lui :
« L'énergie des désirs réprimés et les neurones phi : ces neurones, inventés par Freud pour « stocker l'énergie de pulsions », n'existent pas. La découverte des potentiels d'action des nerfs date de 1910 : les neurones ne stockent rien, excepté le glucose nécessaire à quelques minutes de fonctionnement. Ils transmettent simplement des informations et ils établissent de très nombreuses connexions entre eux (environ 10 000 /neurone). Le rêve n'est pas seulement psychique, il a une base neurobiologique : la physiologie moderne sait où, quand et comment une activité psychique se produit. On sait cartographier le cerveau et visualiser les zones actives, la consommation d'énergie et d'oxygène. »[20].
  • Concernant la théorie du refoulement freudien, autre pierre de touche de tout l'édifice, et considérée par Freud, comme la « clé de voute » de toute la psychanalyse. Les souvenirs enfouis dans notre mémoire ne sont pas des souvenirs figés, chose absolument nécessaire au fondement de la théorie du refoulement freudien et à son inconscient :
« (...)Pourtant le père de la psychanalyse, lui aussi, s'était profondément trompé sur la nature des souvenirs dans le cerveau. (...) Le cerveau n'est pas un organe passif qui ne fait qu'enregistrer des stimuli et les comparer avec l'information déjà emmagasinée. L'esprit est la conséquence des interactions dynamiques entre le cerveau, le corps et l'environnement. (...) Le cerveau ne prend pas de photographies. Au contraire, il les fabrique. Le cerveau, comme l'a écrit le neurophysiologiste Semir Zeki, n'est pas un simple chroniqueur de la réalité physique externe, mais il participe activement à la fabrication des images visuelles, selon ses propres règles et ses propres programmes. (...) Ainsi les pertes de mémoire seraient des pertes de connaissance. Ce qui nous conduit à penser que certains mécanismes de perte de mémoire peuvent être très différents des mécanismes énoncés par Freud, par exemple, le refoulement. (...) Le refoulement, (...), repose sur l'hypothèse qu'il existe des souvenirs figés. (...) Dans le cas de Sacks et de Wasserman, la connaissance des couleurs n'est pas bloquée - comprenons refoulée -, mais c'est la capacité même du cerveau à créer la catégorie des couleurs qui est détruite. Ce sont deux conceptions radicalement différentes du souvenir, de la conscience et de l'inconscient. (...) Le dogme selon lequel le cerveau ne peut pas produire de nouveaux neurones à l'âge adulte risque d'être fortement remis en question par une récente découverte : de nouveaux neurones naissent apparemment dans des aires cruciales pour l'apprentissage et la mémoire. La théorie des souvenirs figés était basée sur le dogme biologique selon lequel aucun nouveau neurone n'est produit après la naissance. Cette découverte nous conduit à réviser toutes les théories - de Freud à l'intelligence artificielle - qui présupposaient l'existence de souvenirs figés, (...) notamment les théories sélectionnistes de Jean-Pierre Changeux et Gerald Edelmann. » (in : Israël Rosenfield. "Souvenirs artificiels". Revue : Sciences et avenir. Les thématiques. N° 127, juillet-août 2001. Pages : 89 - 90).
Cette vision d'un refoulement, comme donnée figée pour toute l'existence par Freud, et donc démontrée sans fondement par les neurosciences, ce que ne semble pas démentir Pierre-Henri Castel, (chargé de recherches au CNRS (Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques-Université Paris 1-École Normale Supérieure) et au Centre de Recherche Psychotropes, Santé mentale et Société, (CNRS-INSERM-Université Paris 5), psychanalyste, membre de l'Association Lacanienne Internationale). Il écrit :
« Le refoulement actuel dans la résistance est le même que le refoulement qui s'est produit dans le passé, au moment du rejet de la représentation traumatique insupportable (56, 26). Il ne se produit donc aucune usure matérielle, ni chute d'intensité dans cette force, même si la date du refoulement premier se situe loin en arrière dans la vie du sujet, par exemple dans sa petite enfance. Cela paraît incompatible avec un processus biologique. Les effets de l'inconscient freudien, en effet, semblent indifférents au temps. En revanche, ce qui peut rester identique tout du long, c'est le sens, pour le sujet, de ce traumatisme fondamental. » [2].
  • En fin de compte, c'est aussi et surtout l'assise même de la théorie de l'inconscient (et du refoulement inconscient) telle qu'elle fut conçue par Freud, c'est-à-dire indissociablement d'un déterminisme psychique aprioriste et absolu qui est battue en brèche par les critiques. On peut citer Michel BITBOL, chercheur au CNRS, chargé de cours à l'Université Paris-1. in: « Physique et philosophie de l'esprit. » Edition, Flammarion, Paris, 2000. Page : 132. :
« (...)Freud estime avoir apporté (...) "une preuve incontestable de l'existence (...)..." de l'inconscient et des instances de sa topique. Même si l'on met entre parenthèses les critiques du caractère scientifique de la psychanalyse, fondées sur un critère de démarcation comme celui de Popper; même si l'on accepte de jouer le jeu en appliquant de bout en bout à la psychanalyse les normes qui régissent les sciences, on peut émettre de sérieux doutes au sujet de la validité de cette "preuve d'existence" offerte par Freud. En toute rigueur, ni la cohérence explicative ni l'efficience pratique obtenues sous l'hypothèse de l'existence d'une entité, n'en constituent une preuve scientifique indubitable. Seule la démonstration que cette entité constitue la seule explication possible d'un ensemble de phénomènes attestés serait unanimement acceptée comme fournissant une telle preuve; on appelle cette procédure idéale une inférence vers l'unique explication. (... Le problème est que sur ce terrain de l'explication extrinsèque, mécanique et causale des comportements, les thèses freudiennes rencontrent de sérieux concurrents, comme par exemple la neurophysiologie. Le système de la topique psychanalytique n'est donc pas la seule explication disponible de ce type; de surcroît, la question de savoir si elle est la meilleure, et selon quelle échelle de valeur elle peut être tenue pour telle, reste largement ouverte. »
  • Toutefois, les rapports entre neurosciences et psychanalyse, sont toujours sujets à controverses et discussions, comme on peut le constater ici, sur le thème « Les neurosciences démontrent-elles la psychanalyse ? » [21] ; et là, « sur les voies sans issue de la psychanalyse cognitive » [via les neurosciences], par Eric Laurent, psychanalyste [22].
  • Certaines des critiques actuelles, ont sans doute, paradoxalement, contribué à renforcer le travail de Freud (par exemple les critiques considérées comme puritanistes) par l'importance donnée à la sexualité. Sur ce point, des historiens comme Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani[23], arguent du fait que ce serait cette faculté de la psychanalyse à constamment pouvoir s'adapter aux critiques sans jamais être détruite par elles, ou à pouvoir répondre à n'importe quelle demande thérapeutique qui permettrait d'affirmer, d'une part que "(...)On loue souvent Freud d'avoir su changer ses théories lorsqu'il s'avisait qu'elles étaient invalidées par les faits, mais on confond rigueur falsificationniste et opportunisme théorie"[24], et d'autre part, "la psychanalyse n'a jamais existé - c'est une nébuleuse sans consistance, une cible en perpétuel mouvement"[25]. Les arguments de ces "Freud scholars" ont toujours été et sont encore assez unanimement contestés par les défenseurs de la psychanalyse et du freudisme [26].

[modifier] Critiques épistémologiques

Dans les années 1970 mais encore aujourd'hui, la psychanalyse a une influence considérable, au point d'être présente dans les programmes de philosophie du cycle terminal du système éducatif français, et dans les magazines grand public. Cette situation est fortement critiquée par ceux qui lui contestent le statut de science du fait que la théorie psychanalytique ne se présenterait pas comme «réfutable» au sens où l'entend Popper dans la Logique de la découverte scientifique (1934).

La psychanalyse est d’ailleurs une des disciplines que conteste la zététique [27], par, en grande partie, la critique épistémologique.

[modifier] Le problème de la réfutabilité

  • Avec Karl Popper, ils estiment que la psychanalyse n'est pas une science issue d'une forme de recherche expérimentale. Pour les partisans de la psychanalyse, cette critique est excessive car elle revient à rayer les sciences humaines du champ des sciences et assimile à une religion une théorie qui effectue une critique radicale de la religion (« la religion comme névrose »).
  • Elle ne conserve rien des concepts fondamentaux de la psychanalyse, non remis en question depuis des décennies : inconscient, sexualité infantile, transfert, par exemple. L'argumentation de Popper porte principalement sur le fait que, dans la cure analytique, toute dénégation puisse être remise en question et être considérée comme une défense de la personne à l'égard d'une interprétation du psychanalyste.
  • La critique de Karl Popper implique également qu'il est impossible de réfuter les propositions de la psychanalyse. En effet, pour réfuter l'hypothèse centrale de la psychanalyse qui affirme que le refoulement des pulsions ou traumas dans l'inconscient est la cause de certains troubles ou certains actes non intentionnels, il faudrait pouvoir montrer que dans certains cas, l'arrivée à la conscience des souvenirs traumatiques incriminés (fin ou absence du refoulement) n'entraîne pas la disparition des troubles. Or, c'est impossible, puisqu'il est toujours possible d'affirmer que les troubles persistent à cause de résidus inconscients "non liquidés" qui sont par nature impossibles ou difficiles à atteindre.
  • Par conséquent, l'hypothèse d'un lien de causalité entre refoulement et névrose ne peut être réfutée. Sans cette hypothèse, il est parfaitement possible de rejeter l'hypothèse de l'existence d'un inconscient freudien (qui diffère de l'inconscient cognitif) qui reste, certes non réfutable, mais sans aucun fondement. En fait le raisonnement psychanalytique est plus ou moins circulaire, puisque pour montrer l'existence de l'inconscient, il faudrait pouvoir le connaître, et en faisant cela, il deviendrait conscient. Il est donc impossible d'observer l'inconscient et de démontrer son existence. Il ne s'agit que d'une hypothèse à laquelle on adhère par un acte de foi.
  • Dans "les fondements de la psychanalyse" (Puf, 1984), Adolf Grünbaum démontrerait que Freud n'a jamais fourni la moindre preuve inductivement valide de ses théories. Toutefois, Grünbaum s'est opposé avec vigueur contre la critique de Karl Popper selon laquelle la psychanalyse serait entièrement irréfutable, donc, de ce point de vue, non scientifique (Grünbaum précise qu'il serait possible de rendre certaines théories freudiennes réfutables par l'expérience moyennant des modifications). Voir, ibid, chapitre 1 : « la théorie freudienne est-elle empiriquement testable ? », Mais Grünbaum en vient à écrire ceci :
« (…), je soutiens que dans la mesure où le flou des conséquences et/ou l’indétermination déductive militent contre la falsifiabilité empirique de la théorie freudienne, ils sapent sa capacité explicative aussi bien que sa confirmabilité inductive ». (ibid, page 172).

[modifier] Le problème de l'applicabilité du critère de démarcation de Popper

  • Les freudiens, contestent, la généralisation à toutes les sciences de « La logique de la découverte scientifique ». Pourtant, Popper, a surtout démontré, qu’il ne pouvait y avoir, en toute logique, qu’une seule et unique méthode scientifique, procédant à l’aide de tests intersubjectifs, reproductibles et indépendants, par « conjectures et réfutations ». En effet, par la logique, il est démontrable, de manière certaine, que toutes les théories scientifiques, qui prétendent avoir une portée universelle, tout en ayant des pouvoirs descriptifs, explicatifs et prédictifs sur des phénomènes, doivent aussi avoir la forme logique d’énoncés universels au sens strict. C’est-à-dire, comme l’explique Popper, d’énoncés logiquement invérifiables, mais également logiquement falsifiables (ou réfutables).
  • Il est à souligner que Popper a toujours précisé que son critère de démarcation était avant tout un critère logique de démarcation entre les énoncés scientifiques et les énoncés métaphysiques (Cf. "La logique de la découverte scientifique" et "Le réalisme et la science" où Popper déplore, encore une fois, les mécompréhensions sur les aspects logiques de la falsifiabilité et les contresens typiques qui furent effectués à partir de ses thèses), et qu'il était toujours possible d'éviter une réfutation par le moyen d'hypothèses auxiliaires, ad hoc (Cf. "Le réalisme et la science" et "La logique de la découverte scientifique). Citons Popper, dans "le réalisme et la science", édition Hermann, page 3 :
"(...)la falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne signifie pas qu'une falsification puisse être obtenue en pratique ou que, si on l'obtient, elle soit à l'abri de toute contestation. La falsifiabilité, au sens du critère de démarcation, ne désigne rien de plus qu'une relation logique entre la théorie en question et la classe des énoncés de base, ou celle des événements décrits par ces énoncés : les falsificateurs potentiels."
Puis, page 4 :
"J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934), et même dans mon ouvrage antérieur, Die beiden Grundprobleme der Erkenntnistheorie (écrit entre 1930 et 1933, mais publié seulement en 1979), qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. En ce sens-là, de telles théories ne sont pas falsifiables : "tout système théorique peut être protégé de diverses manières contre une falsification empirique" ; "il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc (...)"; "on ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante."
  • Popper a déploré, depuis les débuts, les mauvaises compréhensions de son critère de démarcation qui ont conduit beaucoup de ses critiques à prétendre qu'il serait "inapplicable". Mais s'il était inapplicable, cela signifierait que les scientifiques ne tentent pas de formuler des théories générales, à titre d'hypothèses, sur les phénomènes qu'ils étudient, puis qu'ils ne tentent pas d'éprouver la valeur explicative, prédictive, ou descriptive, de ces hypothèses, par le moyen de tests intersubjectifs, indépendants et reproductibles. C'est-à-dire par le moyen de tentatives de réfutations expérimentales.
  • A propos de la polémique qui oppose les défenseurs de la scientificité des sciences humaines à l'épistémologie de Popper, voici ce que Popper écrit :
"Le concept d'unique s'oppose à celui de typique: le typique se laisse apercevoir dans l'homme individuel lorsqu'on le considère d'un point de vue général donné. C'est pourquoi tout changement de point de vue entraîne un changement dans l'aspect typique. Il semble dès lors impossible à une psychologie, à une sociologie, quelles qu'elles soient, ou à tout autre espèce de science, de venir à bout de l'individuel; une science sans point de vue général est impossible."(citation de Arne Friemuth Petersen, in: "Popper et la psychologie: les problèmes et la résolution des problèmes". Colloque de Cerisy, Karl Popper et la science d'aujourd'hui. Editions: Aubier. 1989. Page: 377 - 378).
  • Enfin, la revendication de scientificité des psychanalystes, si elle était assez répandue du temps de Freud, n'est plus aujourd'hui partagée par la majorité des psychanalystes. François Roustang écrit :
"Si la psychanalyse renonçait à ses prétentions scientifiques, peut-être pourrait elle lâcher quelques-uns de ses adeptes et leur permettre d'inventer leurs légendes, celles qui permettent d'errer et de rire !" (François Roustang, in: "Elle ne le lâche plus", cité par Renée Bouveresse, in: "Une quête sans fin: le statut scientifique de la psychanalyse." In: Colloque de Cerisy, Karl Popper et la science d'aujourd'hui. Edtion: Aubier, page: 344).

[modifier] Le problème du déterminisme psychique absolu et aprioriste

  • L'un des plus importants aspects critiques, de nature épistémologique, basé sur les thèses de Karl Popper, concerne la question fondamentale du déterminisme. En effet, comme l'explique Popper, dans « La logique de la découverte scientifique », toute science, vise à la corroboration de lois universelles dont le but est de permettre la prédiction, l'explication, ou la description des phénomènes qu'elle se donne comme objet d'étude, tout cela en vue de l'édification de classifications. Autrement dit, toute science, selon Popper a pour but de montrer, comment ses objets d'études sont « déterminés ».
  • En conséquence, et comme il l'écrit de manière explicite dans « La logique de la découverte scientifique », toute science vise donc à l'édification de lois précises, ou causales (donc déterministes) ou de lois fréquentistes (Popper explique que ces deux types de recherche ne sont nullement incompatibles. Voir Popper, in « La logique de la découverte scientifique », chapitre 9, section 78, « métaphysique indéterministe »). Il en résulte que toute doctrine, tout corpus théorique prétendant à la scientificité se doit de se positionner clairement par rapport à la question du déterminisme, dans la présentation de ses engagements ontologiques (ce que les scientifiques considèrent comme réel, et donc ce sur quoi doit porter l'effort de recherche).
  • Or, pendant toute sa carrière, Freud a prôné un déterminisme psychique absolu, excluant tout hasard et « valable sans exception », mais aussi, aprioriste (ce problème de l'apriorisme est le trait distinctif crucial du déterminisme freudien, comme l'on remarqué des philosophes tels Timpanaro, ou Jacques Bouveresse). (Voir, Freud, in « Psychopathologie de la vie quotidienne », chapitre 12 : « Déterminisme, croyance au hasard et superstition » ; in « Cinq leçons sur la psychanalyse », la troisième leçon ; in « Introduction à la psychanalyse »).
  • Quelques citations importantes de Freud, au sujet de sa conception du déterminisme, illustrant son caractère absolu, prima faciae (aprioriste) et excluant tout hasard (et aussi tout non-sens psychique) :
Freud, dans « De la psychanalyse » (1910), Œuvres complètes, Paris, P.U.F., 1993, X, p.36 (Cité par Jacques Van Rillaer, in « Le livre noir de la psychanalyse », page 417):
« Deux obstacles s'opposent la reconnaissance des cheminements de pensée psychanalytique : premièrement, ne pas avoir l'habitude de compter avec le déterminisme, rigoureux et valable sans exception, de la vie animique, et deuxièmement, ne pas connaître les particularités par lesquelles les processus animiques inconscients se différencient des processus conscients qui nous sont familiers. »
Freud, dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », Paris, P.U.F., 1980, Chapitre 12, p.269 :
« Nous ne serons pas étonnés de constater que l'examen analytique révèle comme étant parfaitement déterminés, non seulement les nombres, mais n'importe quel mot énoncé dans les mêmes conditions. »
On note que dans la précédente citation, Freud ne précise, à priori, aucune classification des nombres ou des mots, sachant que l'expression les nombres, implique logiquement tous les nombres (quel que soit le nombre de chiffres pouvant les composer), et que l'expression n'importe quel mot, implique aussi tous les mots, quel que soit leur sens, leur composition en syllabes, et le nombre de lettres. C'est ainsi que dans la « Psychopathologie de la vie quotidienne », Freud prend l'exemple du mot « taganrog » (ibid, page 269). Ce mot, de prime abord absurde et dénué de sens, appartient au genre de mot qui intéresse Freud au premier chef, puisqu'il permet de justifier l'emploi de l'interprétation pour en dégager le sens psychique inconscient lequel devient logiquement signifiant jusque dans l'agencement même des syllabes les unes par rapport aux autres, si l'on tient compte de l'affirmation de Freud selon laquelle tout hasard et tout non-sens doivent être exclus dans la détermination d'un tel mot.
Mais de telles affirmations ont, bien malgré Freud, des conséquences absurdes. En effet, si tous les nombres sont bien déterminés sans aucune part possible pour le hasard, alors Freud se doit d'expliquer causalement, (mais aussi de prédire comme le souligne Jacques Bouveresse) des nombres composés de n'importe quel nombre de chiffres, d'une part, et, d'autre part, de se livrer, comme il le fait dans « Psychopathologie de la vie quotidienne », à l'interprétation de la place de chaque chiffre dans un nombre, les uns par rapport aux autres. Considérant, en outre, que c'est bien une science de l'inconscient que prétendait fonder Freud, on est en droit de demander non seulement des explications de la formulation de tous les nombres, mais aussi des prédictions avec n'importe quel degré de précision stipulé à l'avance dans le calcul des conditions initiales de la prédiction. A l'aide de son déterminisme psychique aprioriste et absolu, Freud doit logiquement pouvoir expliquer et prédire n'importe quel nombre ou mot composé d'autant de membres que l'on voudra, et ce, en excluant toute erreur aussi minime soit-elle.
Freud, ibid, page 273 :
« On sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leurs convictions intimes de l'existence d'un libre arbitre. Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme. »
Freud, ibid, page 275 - 276 (dans cette citation très importante, on remarquera comment Freud précise bien que le déterminisme auquel il croit est exclusivement psychique. On remarquera surtout le fait que Freud exclut le hasard dans toute causalité psychique. On a donc bien un déterminisme psychique absolu excluant toute forme de hasard, donc toute forme possible d'imprécision ou d'erreur de calcul par l'inconscient. C'est la raison pour laquelle Freud et aussi Lacan estimèrent que les mots isolés ainsi que les nombres étaient les meilleurs exemples de ce déterminisme psychique absolu. Mais ce déterminisme psychique absolu est aussi a priori. Ce statut est en effet nécessaire pour pouvoir permettre une technique thérapeutique fondée sur l'interprétation des associations dites libres, puisque pendant l'analyse, selon Freud le patient doit dire tout ce qui lui passe par la tête. Si c'est bien l'ensemble des associations verbales, [ou non verbales comme par exemple des dessins ou des œuvres d'art] que la psychanalyse se propose d'expliquer à l'aide de ses lois causales strictes, en tant que ces associations seraient appréhendées comme libres, alors il est nécessaire pour la psychanalyse de disposer d'une théorie fondée sur un tel déterminisme permettant d'appréhender, a priori et sans aucun risque d'erreur puisqu'elle exclut le hasard, le libre jeu apparemment indéterminé [comme Freud l'annonce] et libre de toutes les associations verbales ou non verbales que peut faire le genre humain. D'après Karl Popper, et aussi Jacques Bouveresse, aucun déterminisme de ce type, ne peut en réalité, permettre à la psychanalyse ou même à tout autre doctrine de réaliser les objectifs qu'elle se donne que ce soit sur le plan théorique, ou thérapeutique):
« Ce qui me distingue d'un homme superstitieux, c'est donc ceci : je ne crois pas qu'un événement, à la production duquel ma vie psychique n'a pas pris part, soit capable de m'apprendre des choses cachées concernant l'état avenir de la réalité ; mais je crois qu'une manifestation non-intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n'appartient qu'à ma vie psychique ; je crois au hasard extérieur (réel), mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). c'est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique. (...)il y a donc de différence entre l'homme superstitieux et moi : en premier lieu, il projette à l'extérieur une motivation que je cherche à l'intérieur ; en deuxième lieu, il interprète par un événement le hasard que je ramène à une idée. »
Concernant l'apriorisme freudien, Jacques Bouveresse (ibid, page 116), en évoquant Timpanaro, écrit :
« Timpanaro caractérise la psychanalyse comme étant « simultanément une doctrine qui n'a jamais abandonné certains principes matérialistes et une construction métaphysique et même mythologique ». Et il propose une explication marxiste tout à fait classique des raisons pour lesquelles le deuxième aspect l'a emporté de plus en plus sur le premier. Mais il ne considère pas, comme on le fait souvent, que c'est seulement dans la dernière phase de son évolution que Freud abandonné l'exigence de scientificité pour l'apriorisme. »
Il semble donc clair, que pour Timpanaro, Sigmund Freud ait opté assez tôt pour l'apriorisme métaphysique plutôt que pour la « Voie de la Science ».
Freud, dans « Cinq leçons sur la psychanalyse », Paris, petite bibliothèque Payot, 2001, Troisième leçon, page 53 (dans cette citation, le mot arbitraire, est relatif au libre arbitre pour Freud, c'est-à-dire à la possibilité d'un contrôle conscient):
« Vous remarquerez déjà que le psychanalyste se distingue par sa foi dans le déterminisme de la vie psychique. Celle-ci n'a, à ses yeux, rien d'arbitraire ni de fortuit ; il imagine une cause particulière là où, d'habitude, on n'a pas l'idée d'en supposer. Bien plus : il fait appel à plusieurs causes, à une multiple motivation, pour rendre compte d'un phénomène psychique, alors que d'habitude on se déclare satisfait avec une seule cause pour chaque phénomène psychologique. »
Dans cette précédente citation, on remarque, une fois encore, comment Freud exclu de la « vie psychique », toute possibilité d'arbitraire (c'est-à-dire, pour lui, de quelque chose de soumis au contrôle du libre-arbitre, donc de la conscience), et de fortuit, (c'est-à-dire, le hasard). Mais en excluant de façon aussi explicite (et répétée dans son œuvre) le hasard au niveau d'une causalité inconsciente, Freud exclu aussi, logiquement, toute erreur de calcul que puisse faire l'inconscient, dans les déterminations qu'il imposerait à la « vie psychique ». Et ceci implique à son tour, qu'il soit également exclu tout comportement, tout fait, toute imprécision, aussi infinitésimaux soient-ils, dans ce qui pourrait constituer les déterminants de cette « vie psychique ». Ce sont de telles implications logiques, issues en droite ligne du déterminisme prôné par Sigmund Freud, qui en font un déterminisme plus lalacien encore que ne le fut celui de Laplace lui-même. Cette version du déterminisme, est entièrement réfutée par Karl Popper.
  • On citera, Pierre-Henri Castel, (chargé de recherches au CNRS (Institut d'Histoire et de Philosophie des Sciences et des Techniques-Université Paris 1-École Normale Supérieure) et au Centre de Recherche Psychotropes, Santé mentale et Société, (CNRS-INSERM-Université Paris 5), psychanalyste, membre de l'Association Lacanienne Internationale), sur le déterminisme freudien :
« (...)La position de Freud, pour être conséquente, doit donc interpréter tous les phénomènes considérés en général comme fortuits, comme des produits du déterminisme psychique. Il n'est plus ici question du rêve ou du mot d'esprit, mais de la liste par définition indéfiniment ouverte des ratages qui attestent l'action d'un refoulement. » [3]
Puis ceci :
« (...)Mais quels que soient les aspects étranges que présentent les actes manqués et leurs corrélats, il reste que le déterminisme psychique qu'ils illustrent, s'étendant à tant de manifestations différentes, paraît changer de nature. Il se métamorphose en principe métaphysique. Car pour la science, on l'a dit, il se résume à affirmer que si tel phénomène est donné, alors tel autre suit, selon telle loi. Son expression est donc conditionnelle. En outre, la nécessité de l'enchaînement est manifestement une nécessité pensée, et introduite du dehors dans les phénomènes par le jeu des hypothèses et de leurs confirmations empiriques. Mais que se passe-t-il, quand rien n'échappe, dans le réel même des connexions mentales, aux lois d'un inconscient déterministe? La conditionnalité de l'enchaînement disparaît: tout est déterminé de façon fatale, au sens où la succession des causes et des effets ne peut nulle part être réorientée dans un sens ou dans un autre. Notre sentiment de spontanéité ne pèse alors pas plus lourd, selon le mot de Kant, que l'opinion d'un tourne-broche sur sa liberté d'action. Il est difficile, ainsi, de concilier l'ambition déterministe, donc la réalité de lois causales contraignantes dans la vie psychique (y compris dans ses manifestations ordinairement considérées comme contingentes), et l'idée d'une guérison de la névrose qui remettrait entre les mains du malade quelque chose, un mécanisme sur lequel il pourrait agir, en opérant les choix (moraux ou esthétiques) dont Freud parlait la veille. »
  • Dans son livre « L'univers irrésolu, plaidoyer pour l'indéterminisme », Karl Popper, démontre de manière dévastatrice, l'impossibilité pour toute forme de déterminisme absolu et aprioriste (prima faciae), qu'il nomme « déterminisme scientifique », d'avoir une quelconque valeur explicative, descriptive, et prédictive. Pour Popper, cette forme de déterminisme prima faciae et absolue, n'est absolument d'aucune utilité pour la science car elle ne peut avoir strictement aucune valeur explicative. Voici comment Popper définit le déterminisme aprioriste et absolu dans ce même livre, Pages 25 et 27 :
« On peut décrire ce que j'appelle le caractère prima faciae déterministe de la physique classique le plus aisément en prenant appui sur le Démon de Laplace. (...) Laplace introduit(...) la fiction d'une intelligence surhumaine, capable de déterminer l'ensemble complet des conditions initiales du système du monde à un instant donné, quel qu'il soit. A condition de connaître ces conditions initiales, ainsi que les lois de la nature (les équations de la mécanique), le Démon serait en mesure, selon Laplace, de déduire tous les états futurs du monde. A condition, par conséquent, que les lois de la nature soient connues, le futur du monde serait implicite dans chaque instant de son passé. La vérité du déterminisme serait donc établie.(...) J'introduis cette désignation afin de caractériser certains aspects de la théorie de Newton, de Maxwell, ou d'Einstein, par opposition à d'autres théories connues comme la thermodynamique, la mécanique statistique, la théorie quantique, et peut-être aussi la théorie des gènes. Je suggère la définition suivante : Une théorie physique est prima faciae déterministe si et seulement si elle permet de déduire, à partir d'une description mathématiquement exacte de l'état initial d'un système physique fermé décrit dans les termes de la théorie, la description, avec n'importe quel degré fini de précision stipulé, de tout état futur du système. Cette définition ne requiert pas des prédictions mathématiquement exactes, mêmes si les conditions initiales sont supposées être absolument exactes. »
En invalidant totalement cette version du déterminisme par la démonstration qu'aucun projet déterministe de ce type de ne pourra jamais rendre compte, avant la prédiction, de n'importe quel de degré de précision dans « les mesures possibles à partir desquelles peuvent se calculer les conditions initiales »(Popper, ibid, page 11), Popper prend l'exemple de la psychanalyse. Il écrit, page 20 :
« Un psychanalyste, au cours de longues années d'étude (bon nombre d'analyses durent en effet plus de dix ans), pourra déterrer des "causes" en tout genre - des motifs et ainsi de suite - enfouies dans l'inconscient de son patient. Ira-t-on pour autant jusqu'à croire que l'analyste, avec toute la science qu'il a des motifs de son patient, serait en mesure de prédire avec précision le temps que celui-ci mettra pour monter les escaliers ? Le psychanalyste affirmera peut-être pouvoir effectuer même cette prédiction, à condition de disposer de suffisamment de données. Mais il sera incapable d'énoncer les données qui seraient suffisantes à cet égard, et d'en rendre compte. Car d'une théorie qui permettrait à l'analyste de calculer le degré de précision requis des données, il n'existe pas même le soupçon. »
Certes, l'intérêt d'une analyse n'est pas de se lancer dans de telles prédictions. Mais il reste que toute tentative thérapeutique est un projet de prédiction puisque l'on prédit que par l'application de certaines techniques thérapeutiques soutenues par la corroboration de certaines théories universelles, le patient guérira de ses névroses, ou alors trouvera un nouveau sens positif à sa vie. Mais comme la psychanalyse postule explicitement le genre de déterminisme insoutenable que dévaste Karl Popper, on serait en droit de lui demander de réaliser des prédictions avec n'importe quel degré de précision stipulé à l'avance sur l'évolution d'une névrose, ou même sur la formulation d'un mot ou d'un nombre isolé, puisque les mots et les nombres isolés, ont été jugés d'abord par Freud, comme « les meilleurs exemples » du déterminisme psychique, puis par Lacan comme la meilleure preuve de la puissance combinatoire de l'inconscient. Lacan écrit :
« C'est à celui qui n'a pas approfondi la nature du langage que l'expérience d'association sur les nombres pourra démontrer d'emblée ce qu'il est essentiel ici de saisir, à savoir la puissance combinatoire qui en agence les équivoques, et pour y reconnaître le ressort propre à l'inconscient. En effet, si des nombres obtenus par coupure dans la suite des chiffres du nombre choisi, de leur mariage par toutes les opérations de l'arithmétique, voire de la division répétée du nombre originel par l'un des nombres scissipares, les nombres résultants s'avèrent symbolisants entre tous dans l'histoire propre du sujet, c'est qu'ils étaient déjà latents au choix où ils ont pris leur départ ». (In : J. Lacan, Ecrits, Paris, Seuil, 1966, p. 269.).
  • L'invalidation du « déterminisme scientifique » est sans aucun doute la démonstration la moins contestée de toute l'œuvre de Popper. Comme toute la psychanalyse, des fondements théoriques, jusque dans la pratique thérapeutique dépend directement de cette forme de déterminisme intenable prônée par Freud, il s'en suivrait des conséquences fatales pour toute la doctrine. (Voir, Jacques Bouveresse, in "Mythologie, philosophie et pseudoscience, Wittgenstein lecteur de Freud", aux éditions l'Eclat). En effet, dans ce dernier livre, Bouveresse démontrerait, en s’appuyant (notamment) sur la critique du déterminisme « scientifique » élaborée par Karl Popper, que les théories freudiennes supposées détenir une valeur explicative, ne pourraient en réalité fournir les causes aussi strictes impliquées par l’affirmation d’un déterminisme psychique absolu et aprioriste (prima faciae), et, encore moins, donner lieu à de quelconques prédictions sur le psychisme humain, puisque la capacité revendiquée par Freud de fournir les causes d'un phénomène implique logiquement celle de pouvoir les prédire, comme nous le rappelle Bouveresse dans son livre. Bouveresse écrit, page 98 :
« indépendamment des questions que l’on peut se poser à propos de la nature et de l’origine de la causalité, il semble, en effet, qu’un processus qui peut être prédit avec certitude est d’une manière ou d’une autre causalement déterminé et qu’inversement le caractère causalement déterminé d’un processus implique la possibilité de le prévoir, pour un observateur qui aurait une connaissance complète de toutes les circonstances qui concourent à sa production et rendent inévitable son occurrence. »
Puis, page 105 :
« (...)De toute façon, même si l'on était tenté de croire que Freud a effectivement réussi, comme il le suggère, à soumettre à des lois causales rigoureuses, des événements qui sembleraient jusque là inexplicables ou fortuits, on devrait tout de même admettre que la connaissance des causes, que la psychanalyse prétend détenir, est d'une manière générale bien incapable d'autoriser le genre de prédiction qu'exigerait la thèse du déterminisme scientifique, si on la comprend à la façon de Popper. »
  • Cependant, et malgré les critiques qui ont été faites à Freud sur son déterminisme, et sa croyance en la numérologie (bien illustrée dans le fait que les nombres isolés sont pour lui « les meilleurs exemples » du déterminisme psychique absolu), on trouve une persistance de telles croyances encore aujourd'hui chez certains psychanalystes. Voir par exemple le projet de ces deux psychanalystes voulant démontrer que « l'inconscient peut calculer la date de naissance », ici [4], en voici également, l'hypothèse centrale :
« (...)pour bien des femmes la date involontairement prévue pour la naissance sera une date non venue du hasard, mais commémorative d'un autre événement du passé et dont la réapparition comme date de naissance de l'enfant prend valeur de répétition ».
On remarquera que, tout au long de ce compte rendu de recherche, il n'est question que de l'inconscient de la mère, celui du père demeurant totalement absent comme cause possible du calcul de la date de naissance...
  • Enfin, contre le déterminisme absolu de Freud, outre Karl Popper, on peut évoquer Lévi-Strauss et Timpanaro (voir, Jacques Bouveresse, in « Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud », Paris, l'Eclat, 1991, page 121) :
« Comme l'ont souvent fait remarquer les anthropologues (en particulier Lévi-Strauss), la pensée magique ne se caractérise pas par la négation du déterminisme, mais plutôt par l'adhésion à une forme universelle et particulièrement rigoureuse de déterminisme. Elle exclut le hasard et l'accident de façon beaucoup plus définitive et radicale que ne pourrait le faire la croyance scientifique à l'existence de lois naturelles qui déterminent le cours des événements. »
« (...)Timpanaro soutient avec raison que, dans le cas de Freud, les convictions déterministes invoquées, comme il se doit, au niveau de la « science abstraite » n'empêchent pas par elles-mêmes les explications causales détaillées qui sont proposées pour des cas particuliers de relever, somme toute, beaucoup moins de la science proprement dite que de la « magie concrète ». »

[modifier] Critique de la méthode clinique

  • Voici, à titre d'exemple, le jugement d'un psychanalyste, Martin Pingeon, dans un article, intitulé : « De l'échec de la clinique à la clinique de l'échec. » :
« Il est rare d'entendre ou de lire des présentations cliniques qui approchent ce à quoi elles devraient, à mon avis, répondre : cerner au plus près le réel d’une expérience subjective, puis, l’articuler. Généralement, lors des présentations de « cas cliniques » : L’analyste présente ce qu’il sait déjà. Il trouve dans le cas clinique la théorie à laquelle il adhère. Ou encore, l’analyste feint qu’il ne sait rien. Il écoute sont patient, en principe, en mettant de côté la théorie – ce qui le ramène, au pire, à la théorie de son fantasme. (…) Comme l’analyste ne peut pas ne pas user de concepts, il a, trop souvent, recours à des concepts qu’il n’a pas lui-même mis à l’épreuve. Ainsi, l’incompréhension ou l’illusion d’une signification partagée accompagnent généralement ces présentations cliniques. C’est finalement l’illusion d’être plus près de la vérité que les présentations de cas cliniques laissent miroiter. Si tel était le cas, les questions de transmission et d’enseignement de l’expérience analytique ne poseraient pas tant de problème. » In : Marin Pingeon, psychanalyste, « De l’échec de la clinique à la clinique de l’échec ». [5]
  • Jacques Van Rillaer, ancien psychanalyste, et co-auteur du Livre noir de la psychanalyse, écrit :
« Ce que nous dit le patient en analyse est parfois en rapport avec ses véritables problèmes, mais c'est toujours en rapport avec les dogmes de l'analyste. Celui-ci filtre ce qui s'accorde avec ses prémisses et plie les associations du patient à ses cadres interprétatifs; l'analyste est en outre largement responsable des thèmes qui apparaissent. Les prédictions qu'il formule dès les premières séances se vérifient parce qu'elles sont posées au départ. Le psychanalyste déclare qu'une série de fantasmes n'apparaissent que dans la cure : c'est exact, mais il oublie que c'est la situation qui les suscite et les modèle. Lorsque les aveux de l'analysé s'accordent avec ses préjugés, le psychanalyste dit que les résistances sont vaincues et que le transfert est positif. Le bon patient, c'est le bon élève, celui dont les paroles sont l'écho de la doctrine. L'analyste croit être le miroir de son patient. En fait c'est le patient qui est un miroir. L'analyste est tout heureux de retrouver dans les paroles de l'analysé le scénario qu'il lui a "soufflé"; il est chaque jour un peu plus convaincu de détenir la Vérité. » (In: Jacques Van Rillaer. « Les illusions de la psychanalyse ». « Le programme psychanalytique ». Edition: Mardaga. Page 202.)

[modifier] Critiques sur Freud

[modifier] L'accusation de subjectivisme, et de mensonges

  • Depuis quelques années, surtout depuis l'exposition Freud aux USA, on assiste à une montée de critiques à caractère moral basées sur la personne de Freud (il aurait été un "menteur", un "charlatan", un cocaïnomane) et sur ce que cela implique en termes de validité scientifique : il aurait maquillé les résultats réels de ses expériences ou les aurait interprétés de manière exagérément optimiste.
  • Pour les historiens critiques de la psychanalyse, la critique de Freud aurait ceci de particulier qu'elle ne pourrait être dissociée de celle de l'histoire de la psychanalyse. En effet, c'est parce que Freud aurait été le seul et unique témoin privilégié de l'émergence de ses théories fondamentales et surtout du traitement de ses patients ainsi que de l'analyse des faits cliniques, que toute la validité de la psychanalyse dépendrait de sa seule probité intellectuelle. Des historiens comme Jacques Bénesteau, dans "Mensonges freudiens", ou Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani dans "Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse", démontrent que toute la psychanalyse n'est que la "science privée" de Freud, et qu'elle ne peut, de ce fait, être considérée comme une science. A la suite de ce constat, les historiens démontrent qu'en détruisant, par l'analyse historique, les légendes protectrices et mensongères qui sont destinées à protéger Freud et la psychanalyse de la prise de conscience de leur histoire réelle entièrement dépendante des mensonges freudiens, on porte un coup fatal à la crédibilité de l'un et de l'autre. Ni Freud, ni "sa" psychanalyse ne résisterait à "la police du passé" (Borch-Jacobsen). Il est à souligner que bien que d'autres scientifiques aient pu, eux aussi mentir ou tricher quelque peu sur leurs résultats, l'ampleur et les conséquences des "mensonges freudiens" seraient telle, (selon les historiens), qu'ils feraient de Freud un cas tout à fait unique et exemplaire dans l'histoire des idées (Voir Bénesteau, Borch-Jacobsen, Crews, Cioffi, Van Rillaer, etc.).

[modifier] Le rapport de Freud avec la cocaïne

  • Jacques Bénesteau, dans « Mensonges freudiens : histoire d'une désinformation séculaire », (Mardaga éditeur), écrit, page 166 :
« Thornton a estimé que, quand il formula ses spéculations, le raisonnement distordu de Freud était indéniablement faussé par la drogue, qui lui faisait confondre les faits et ses fantaisies, le rendant inapte à distinguer le vrai du faux, la subjectivité de l'objectivité, et son jugement était infiltré par l'onirisme. L'invention de la psychanalyse a été, selon elle, le produit d'un cerveau irrité par l'alcaloïde au moins jusqu'en 1912. La publication du réquisitoire de Thornton, en 1983, provoqua une vive polémique, et les admirateurs du prophète ne purent répondre autrement que par l'insulte et l'invective. Évitant d'étudier des répliques raisonnées à son contenu, ils s'efforcèrent, offensés, de détruire la personne de l'auteur. Ils virent, dans ce qui n'était qu'une opinion savante, un exemple de « littérature diffamatoire » et un « suprême sacrilège », un blasphème, une thèse monomaniaque, anachronique, détestable, dogmatique, mal conçue, emplie de fautes d'orthographe, mais surtout antisémite. Thronton put faire rectifier cette dernière qualification indigne, mais se vit refuser tout droit de réponse dans les journaux ayant fait la revue de son travail, et des librairies crurent nécessaire d'écarter son livre de la vente. Il ne manqua que l'autodafé. »
  • Han Israëls, dans « Le livre noir de la psychanalyse », (d'où il exploite ses arguments contenus dans son « Der Fall Freud. Die Geburt der Psychoanalyse aus der Lüge, Hambourg, Europäische Verlaganstalt Rotbuch Verlag ». 1999), écrit à propos de Freud cocaïnothérapeute, page 70 :
« En résumé, si nous prenons en compte les lettres de Freud à sa fiancée, la tentative de désintoxication de la morphine chez Fleischl n'eut aucunement le résultat que Freud annonçait dans ses publications. Fleischl n'avait nullement interrompu sa consommation. Bien au contraire, il prenait de plus en plus de stupéfiants. En fin de compte, les effets avaient été bien plus graves que ceux de la première dépendance à la morphine. Un an après le début du traitement, Fleischl ne pouvait plus se passer de cocaïne ni de morphine. Fleischl avait-il réussi transitoirement à se passer de morphine au cours de cette année-là ? Cette question reste sans réponse. La leçon de cette histoire est la suivante : dans ses publications, Freud n'éprouvait aucun scrupule à présenter une thérapie désastreuse comme un succès éclatant. Un chercheur qui communique ses résultats de cette manière ne mérite pas d'être pris au sérieux. Il peut être qualifié d'escroc. » [Le point de vue d'Israëls est entièrement corroboré par Jacques Bénesteau, ibid, Chapitre 8, pages 143 à 170]

[modifier] Freud par lui-même dans une lettre à Wilhelm Fliess

[Je ne suis] « en réalité pas du tout un homme de science, pas un observateur, pas une expérimentateur, pas un penseur. Je ne suis par tempérament rien d'autre qu'un conquistador - un aventurier, si tu préfères - avec toute la curiosité, l'audace, et la ténacité caractéristiques d'un homme de cette trempe. De tels individus ne sont habituellement estimés que s'ils ont réussi, ont découvert quelque chose, sinon ils sont abandonnés sur le bord du chemin [..] pour le moment, la chance m'a quitté et je ne découvre rien qui vaille. » (In : Jacques Bénesteau, ibid, page 174. « Lettre à Fliess du 1/2/1900, éliminée, elle ne se trouve que dans l'édition complète de Masson »).

[modifier] Un mouvement parfois qualifié de « sectaire »

  • Alfred Hoche, l'un des tous premiers critiques de la psychanalyse écrit, le 28 mai 1910 :
« De façon étonnante, un grand nombre de disciples, en partie carrément fanatiques, se sont ralliés à présent à Freud et le suivent ou qui les mène. Parler à ce propos d'une « école freudienne » serait en réalité complètement déplacée, dans la mesure où il n'est pas question de faits scientifiquement probables ou démontrables, mais d'articles de foi ; en vérité, si j'en excepte quelques têtes plus pondérées, il s'agit d'une communauté de croyants, d'une sorte de secte (eine Art von Sekte)avec toutes les caractéristiques qui s'y rapportent.[...]Devenir membre de la secte n'est pas du tout facile. Cela demande un noviciat de longue durée qui se termine de préférence auprès du Maître lui-même. De même, il n'est pas donné à quiconque de devenir un disciple, mais seulement à celui qui a la foi. Celui qui ne l'a pas n'aboutit à rien et n'a, là encore à quelques exceptions près, absolument pas voix au chapitre. Ce qui est commun à tous les membres de la secte est le haut degré de vénération pour le Maître, qui ne trouve peut-être son analogue que dans le culte de la personnalité du cercle de Bayreuth.[...]Le mouvement freudien est en fait le retour, sous une forme moderne, d'une Medicina magica, une sorte d'enseignement secret (Geheimlehre)qui ne peut être pratiqué que par des devins qualifiés. » (Cité par Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, ibid, pages 118 à 119).
  • D'autres critiques célèbres de la psychanalyse, tel Henri Ellenberger, portent le même jugement sur la psychanalyse (Voir par exemple, l'organisation d'un « Comité secret » par Freud, et la distribution d'un anneau aux fidèles, membres de ce Comité). Henri Ellenberger écrit :
« La psychanalyse est-elle une science ? Elle ne répond pas aux critères (science unifiée, domaine et méthodologie définie). Elle répond aux traits d'une secte philosophique (organisation fermée, initiation hautement personnelle, doctrine changeante mais définie par son adoption officielle, culte et légende du fondateur ». « Et encore ceci : Ce que Freud a introduit : [...] retour au système « secte » antique : [...] initiation de caractère plus qu'intime, sacrifices d'argent considérable[s], doctrine commune, culte du Fondateur ». (In : « Les incertitudes de la psychanalyse », notes dactylographiées, Centre Henri Ellenberger, hôpital Saint-Anne, Paris).
Cependant, ce serait présenter faussement Henri Ellenberger en oubliant qu'il avait aussi un point de vue où il reconnaissait la valeur pratique de certains concepts issus de la psychanalyse.
  • Lettre d'Eugen Bleuler à Sigmund Freud, 1° janvier 1912 (In : Mikkel Borch-Jacbosen et Sonu Shamdasani, ibid, page 125) :
« S'il ne s'agissait que d'une association au même sens que d'autres, personne n'aurait pu trouver à y redire et elle aurait simplement été utile. Mais c'est le type d'association qui est néfaste. Plutôt que de s'efforcer d'avoir beaucoup de points de contact avec le reste de la science et d'autres scientifiques, l'Association s'est isolée du monde extérieur avec des barbelés, ce qui blesse tant les amis que les ennemis. [...]Les psychanalystes eux-mêmes ont justifié les méchantes remarques de Hoche sur le sectarisme, qui à l'époque étaient injustifiées. »

[modifier] Le problème des rapports à l'argent

  • Dans « Mensonges freudiens, histoire d’une désinformation séculaire », Jacques Bénesteau démontrerait que Freud aurait utilisé plusieurs de ses proches ou clients fortunés aux seules fins de sa promotion personnelle ou celle de la psychanalyse. (Voir, dans le livre de Jacques Bénesteau, la lamentable affaire d'Horace Frink, page 74. Bénesteau cite Freud, dans une lettre qu'il adressa à Frink en novembre 1921 :
"Votre complainte comme quoi vous ne pouvez maîtriser votre homosexualité implique que vous n'êtes pas encore conscient de votre fantasme de faire de moi un homme riche. Si les choses se déroulent convenablement, transformons ce don imaginaire en contribution réelle au financement de la psychanalyse.").
  • Sur le goût de Freud pour l'argent et le peu de cas qu'il faisait de ses patients :
"Je me dis souvent pour apaiser le conscient: surtout ne pas vouloir guérir, apprendre et gagner de l'argent ! Ce sont les représentations de buts conscients les plus utilisables." (Freud à Jung, lettre du 25/01/1909. In : Jacques Van Rillaer, ancien psychanalyste. "Les illusions de la psychanalyse." Édition: Pierre Mardaga. 3° édition, 1988. Page: 383).
Ou encore ceci :
"Je leur tordrais le cou, à tous". "Les patients c'est de la racaille". (de Freud à Ferenczi).
  • Pour mieux comprendre ces rapports, et comment les psychanalystes les comprennent, on peut citer Alfred Erbs, Docteur ès sciences humaines et psychanalyste ([9]), il écrit :
« La psychanalyse a un certain coût. Le prix des séances varie généralement entre 150 et 450 francs selon les psychanalystes. Les tarifs sont fonctions des psychanalystes et de leur capacité d'adapter leur propre analité à la réalité financière de leurs « clients ». Mais cela ne doit pas faire oublier que l'argent représente des dimensions importantes de l'analyse. L'argent fait partie d'un système de valeurs psychologiques plus global (appelé analité) et qui répond de la valeur et de la puissance qu'on a réellement à l'intérieur de soi. Les moyens et la puissance mis en jeu ainsi que les transformations de l'agressivité font partie de cet investissement. L'analyse permet de ne plus confondre l'argent avec sa propre valeur ni avec sa propre puissance et ses propres moyens... Les psychanalyses gratuites ou payées par les assurances marchent pendant quelque temps sans problème. Mais dès que l'analité, (c'est-à-dire les problèmes de sa propre valeur et de sa propre puissance) doit se mettre en place, l'analyse piétine ou même ignore cette dimension. Cela pose aussi le problème des psychanalystes qui attendent que la Mère Société leur fournisse une clientèle. »
  • Dans son livre intitulé « Les marchands d'illusions. Dérives, abus, incompétences de la nébuleuse « Psy » française », Marie-Jeanne Marti donne son avis sur la question. Elle écrit page 46 :
« (...)Mais le plus souvent, c'est papa Freud qui est directement invoqué, pour justifier du non-remboursement des séances et du paiement en liquide. Une petite explication s'impose. Freud identifie l'argent aux matières fécales mais aussi à « l'annulation » d'une dette par un don. L'enfant qui va au pot « fait un cadeau » à sa mère car il lui doit la vie. dans l'échange thérapeutique analytique, le psy est dépositaire des secrets intimes du patient, il « porte » pour lui ses secrets et sa douleur. il s'établit entre lui et le patient une relation très trouble, qui pourrait porter préjudice à la cure et rendre le patient dépendant (mais oui !) si elle n'était « annulée » par un don d'argent de la part du patient. Pour ma part, je ne peux m'empêcher d'en rire et de faire le rapprochement de ce soulagement freudo-sphinctérien avec l'expression utilisée dans le cas du voleur qui dérobe un porte-monnaie ou de l'escroc qui capte des fonds et dont on dit qu'ils ont « soulagé » leur victime de quelques centaines ou milliers d'euros. »

[modifier] Inconscient individuel et collectif

L'apport de Freud sur l'inconscient est indéniable, même si cette notion était déjà présente par exemple dans l'œuvre Leibnitz au XVIIe siècle. C'est la mise en théorie de cette découverte qui en fait l'originalité et la force.

On reproche à Freud de s'être cantonné à l'inconscient individuel, considérant l'individu comme sujet, et accordant de ce fait peut-être trop d'importance à la sexualité. Certains prétendent que la dimension collective de l'inconscient n'a pas été abordée par Freud. Pourtant, il en parle dans Moïse et le monothéisme, Malaise dans la culture et Psychologie des masses et analyse du moi (1920), en parlant notamment de l'identification au meneur, s'inspirant de Gustave Le Bon.

[modifier] Méthode psychothérapique

La psychanalyse comme thérapie, soit la cure psychanalytique, est critiquée en tant que peu efficace, peu sûre, par les tenants des thérapies cognitivo-comportementales issues du béhaviorisme et du relookage de la psychologie cognitive qui lui ont succédé. La phobie lorsqu'elle est vue comme une entité morbide et pas comme un déplacement symbolique en est le plus bel exemple, la psychanalyse s'avérant particulièrement peu éliminatrice de cette défense, alors que les TCC l'éliminent relativement aisément.

Les partisans de la psychanalyse objectent que le statut de la guérison, en psychanalyse, n'est pas celui d'un objectif premier, une guérison trop rapide pouvant cacher une aggravation de l'état du patient. Déjà dans les études sur l'hystérie, Sigmund Freud notait que la persistance d'un symptôme hystérique devait retenir l'intérêt de l'analyste, comme pouvant révéler une série d'associations, et finalement un ensemble complexe de représentations problématiques chez le patient. Pour illustrer le statut qu'occupe la guérison aujourd'hui en psychanalyse, on peut citer Alfred Erbs, docteur ès sciences humaines et psychanalyste ([9]), il écrit : « Le but premier de la psychanalyse n'est pas de guérir. « Guérir » n'est pas un terme psychanalytique mais médical ».

Jacques Lacan exprima cette vision de la thérapeutique analytique par la fameuse expression la guérison, de surcroît : il ne s'agit pas là du but premier, lequel serait plutôt de faire advenir la vérité d'un sujet de l'énonciation du désir.

  • « l’investigation psychanalytique n’a rien apporté de nouveau en termes de connaissance réelle sur la nature humaine » : cette critique s'appuie sur une conception biologisante de l'homme et de la personne humaine. Une connaissance réelle ne peut être que mesurable, expérimentable, or justement dans le domaine des sciences humaines où l'histoire (donc le temps) joue un rôle majeur il n'est pas possible, simplement, de répéter une expérience car tout change, l'expérimentateur, l'expérimenté ne sont plus dans « l'état initial ». La place de la sexualité infantile dans le développement de l'enfant, l'inconscient dans le fonctionnement psychique ou le transfert dans toute relation de soin sont des connaissances réelles qui ont bouleversé la compréhension de la personne et de sa psychologie ;
  • comme le remarque Alain Caillé dans sa critique de l'utilitarisme, dans la psychanalyse, « la dynamique du psychisme est fondée sur des principes utilitaristes très discutables et très difficiles à invalider ». En effet, la psychanalyse freudienne réduit l'activité psychique à un jeu de forces psychiques plus ou moins calqué sur un modèle économique : maximisation du plaisir (bénéfices) et réduction de la souffrance (coûts). Les incohérences s'expliquant alors par la présence de plusieurs instances qui suivent des finalités contradictoires. Cette vision économique des forces psychiques (gain, perte) n'a pas trouvé à l'heure actuelle de validation empirique rigoureuse, et il n'est pas évident qu'elle puisse en trouver une un jour, étant donné l'universalité du schéma coût/bénéfice qui permet d'englober différents phénomènes et donc de valider des hypothèses contradictoires.

[modifier] Ethnographie, sciences sociales

Le concept de complexe d’Œdipe aurait été invalidé par des recherches (notamment ethnographique) : on ne retrouverait pas partout l'interdit de l'inceste et certaines sociétés n'ont pas de familles structurées autour du père. Cette critique pose la question de l'extension de la validité de certains concepts psychanalytiques mais on peut remarquer que l'immense majorité des groupes humains pratiquent l'exogamie en s'appuyant sur des interdits très puissants. Ainsi le complexe d'Œdipe est à comprendre comme un concept historique et non comme un concept biologique, ce que parfois Freud laisse penser (cf. Moïse et le monothéisme) ;

Les réflexions sur la civilisation de Freud sont établies en confondant celle-ci avec la culture. Dans ses ouvrages Malaise dans la civilisation, L'Avenir d'une illusion et Moïse et le monothéisme, le psychanalyste s'intéresse à la sociologie et à l'anthropologie. Il considère d'ailleurs la sociologie comme une psychologie appliquée.

Freud estime que la civilisation est mise radicalement en question. Ce qui l'étonne mais aussi l'inquiète, c'est que la civilisation elle-même puisse être rejetée. L'origine de cette volonté d'affranchissement par rapport à la civilisation serait psychologique. Le problème qui se pose à lui est que, ce rejet impliquerait que l'homme puisse vouloir sa propre auto-destruction via la destruction de ce qui forme son humanité, la civilisation. La pulsion de mort, Thanatos serait aussi forte que la pulsion de vie, Éros. Le concept de pulsion est influencé par celui de volonté chez Schopenhauer.

[modifier] Critiques par thème

[modifier] Critiques de la cure psychanalytique

  • « l’efficacité d’une ‹ cure › par rapport à ‹ rien › est certes probable (encore que…) », mais elle n'est pas prouvée par rapport à une démarche quelconque : cette critique tombe aussi sous le coup de la remarque précédente et sous celle de Lacan. L'évaluation de l'efficacité demande que les critères en soient fixés. Freud considérait qu'une cure avait atteint son objectif quand l'analysant « était repris par la vie », c'est-à-dire qu'il pouvait jouir de celle-ci et travailler ;

[modifier] Critiques de la méthode d'interprétation

  • « des cas sont connus où ‹ l’investigation › a conduit le sujet à inventer » des souvenirs d'événements n'ayant jamais eu lieu, et inversement des occultations de faits, transformés en simples fantasmes du sujet : ceci fait partie du cœur de la réflexion freudienne, l'évolution de la cure analytique a tenu compte du fait que Freud s'est aperçu que certaines patientes inventaient des événements pour lui faire plaisir (d'où la parcimonie des interventions du psychanalyste qui ne veut pas donner trop de « matière » à ces inventions). Par ailleurs, dans la cure, les faits réels ne sont qu'évoqués par la parole, le choix de ces faits est celui de l'analysant et le psychanalyste n'est pas là pour donner une échelle de vérité à ces faits, il est là pour mettre en question l'échelle de vérité que l'analysant donne à ces faits.

[modifier] Critiques de la métapsychologie

D'autres critiques, comme celles de Ian Hacking, portent sur « la fragilité du concept de mémoire », fruit d'une longue construction historique, et donc par extension, du concept d'inconscient. Ces critiques montrent d'ailleurs à quel point, les travaux de Freud, contrairement à une idée reçue, s'inscrivait dans la pensée de son époque, très attentive aux problèmes de mémoire et de sexualité.

[modifier] Critiques relatives à la légitimité du psychanalyste

La pratique de la psychanalyse n'impliquait pas la détention d'un diplôme universitaire particulier ce qui est de moins en moins le cas en Europe sauf en France. De fait la plupart des analystes son soit psychiatres soit psychologues. Pour être affilié à une association de psychanalystes en revanche, le praticien doit avoir été lui-même analysé pendant de nombreuses années ce qui tout à fait cohérent avec les écrits de Freud. Comment en effet imaginer qu'un psychanalyste propose une cure sans s'être lui-même soumis rigoureusement à un travail sur lui-même ? L'accès aux métiers en rapport avec les soins médicaux, psychiatriques ou non, sont strictement encadrés dans la plupart des pays occidentaux mais en France la psychanalyse n'est pas parvenue à se doter d'une réglementation de la psychothérapie. Notons qu'il en va de même pour les behavioristes qui forment aux aussi des praticiens hors champ. C'est une des critiques qui lui sont le plus souvent faites. Cependant il est à noter qu'il existe des psychiatres psychanalystes et des psychologues psychanalystes, qui eux ont une formation universitaire obligatoire.

[modifier] Critique de la population étudiée

Le but de Freud, et plus généralement de la psychanalyse, est de définir le fonctionnement général du psychisme humain, en faisant ressortir des lois primordiales. Ce but, tout à fait pertinent et louable par ailleurs, est difficilement réalisable dans les conditions où s'est placé Freud. En effet, ce dernier n'a fais qu'étudier des sujets souffrant d'une pathologie, et majoritairement hystérique, et a généralisé ce travail à l'ensemble de la population. Ainsi on peut se demander quelle peut être la justesse d'une telle généralisation, et donc de la théorie.

[modifier] Autres critiques

  • Le texte de Freud Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci, quoique toujours sérieusement étudié en Esthétique et en Arts plastiques, se fonde sur une erreur de traduction, comme l'a démontré un historien de l'art[28] dès 1923. Léonard de Vinci parle du fait qu'un milan (l'oiseau) s'était posé sur son berceau, Freud, qui ne disposait que d'une traduction allemande erronnée d'un roman russe évoquant les mots de Léonard, fait un long développement sur la figure maternelle et le vautour (en russe, le mot korshun décrit indifféremment un vautour ou un milan) et y trouve l'explication de l'homosexualité de Vinci. Pour certains, cet exemple démontre le peu de cas que Freud faisait des faits. Pour les défenseurs de ce texte, l'erreur ne remet pas en cause l'interprêtation, car comme disent les italiens, se non è vero, è ben' trovato (si ce n'est pas vrai, c'est bien trouvé).
  • La misogynie de Freud est souvent critiquée en tant que fondement même de ses théories : « Freud concevait la femme comme une triste copie de l’homme, inexorablement obnubilée par le « complexe de castration » Haro sur Freud et ses émules, Le Nouvel Observateur, 01/09/2005). Cette thèse est entre autre aussi contestée par la psychanalyste Monique Schneider dans ses écrits, entre autre "Le paradigme féminin", Flammarion, 2006, ISBN 2080801570

[modifier] Contextes et enjeux des critiques de la psychanalyse

Les discussions à propos de la psychanalyse (théorique et pratique) reposent sur la possibilité, reconnue ou non, de pouvoir établir une science du singulier : Aristote l'avait exclu, tout en se demandant à quelles conditions elle serait possible, mais la psychanalyse et la psychologie de la personnalité appellent nécessairement une science du singulier. Le débat est donc encore ouvert.

[modifier] Réponses aux critiques

Un ouvrage collectif sous la direction de Jacques-Alain Miller, L'anti-livre noir de la psychanalyse, est paru en 2006. Il compile essentiellement des communications de psychanalystes faites lors d'un colloque consacré à la critique des Psychothérapies cognitivo-comportementales.

[modifier] Notes et références

  1. Sigmund Freud, Cinq leçons sur la psychanalyse;
  2. [lire en ligne]
  3. « Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse », p.438;
  4. 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 P. Fonagy, rapport de l'IPA, traduction Jean-Michel Thurin et Michael Villamaux, [lire en ligne]
  5. Une supercherie pour notre siècle, 1925, par Aldous Huxley dans la revue The Forum (repris dans Le livre noir de la psychanalyse, les Arènes, 2005.
  6. La Psychologie de l'art, p. 103 et suivantes;
  7. Cariou Michel, Personnalité et vieillissement, Delachaux et Niestlé, Paris, 1995, p.180;
  8. in : Pierre Janet, Les médications psychologiques, vol.2, 1919. Cité par Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, in Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse;
  9. 9,0 9,1 9,2 [lire en ligne]
  10. Intervention à l'université de Bruxelles le 26 Février 1977, in revue Quarto, n°2, 1981;
  11. Cité par Jacques Van Rillaer, in "Le livre noir de la psychanalyse", page 423. Lacan, in "Ouverture de la section clinique", Ornicar ? op. cit., p. 5;
  12. Cité par Jacques Van Rillaer, ibid, page 423. Lacan, in "L'insu que sait de l'une-bévue s'aile a mourre", Ornicar, op. cit. p.9;
  13. Cité par Jacques Van Rillaer, ancien psychanalyste, dans "Les illusions de la psychanalyse". Editeur Mardaga;
  14. In : La tapeuse de lacan. Souvenirs d'une sténotypiste fâchée. Réflexions d'une psychanalyste navrée, Editions l'Harmattan, Paris, 2003;
  15. Article scientifique de Frosh Frosh, S. (2003) Psychoanalysis, Nazism and "Jewish science". International Journal of Psychoanalysis, 84 (5). pp. 1315-1332. ISSN 0020-7578
  16. 16,0 16,1 [lire en ligne]
  17. Le livre noir de la psychanalyse, page 658;
  18. Le livre noir de la psychanalyse, pages 642 et suivantes;
  19. [lire en ligne]
  20. « Le sommeil et le rêve, O. Jacob 1992. » ou, [lire en ligne];
  21. [lire en ligne]
  22. [lire en ligne]
  23. Le dossier Freud. Enquête sur l'histoire de la psychanalyse
  24. Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 437
  25. Borch-Jacobsen & Shamdasani, ibid, page 438
  26. L'anti livre noir de la psychanalyse ou les diverses contributions d'Elisabeth Roudinesco
  27. [lire en ligne]
  28. Eric Maclagan, dans le Burlington Magazine for Connoisseurs, n° 42, 1923, p. 54-57.
    Lire aussi : Meyer Schapiro, « Leonardo and Freud : an art-historical study » (Journal of the History of Ideas, n° 17, 1956, p. 147-178)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

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  • Anonyme, Séductions sur le divan ou le malentendu amoureux, Paris, la Découverte, 1989.
  • Joëlle Augeron, "Mon analyste et moi", Paris, Lieu commun, 1989.
  • Jacques Bénesteau, Mensonges freudiens : Histoire d'une désinformation séculaire, Sprimont, Pierre Mardaga, coll. Psychologie et sciences humaines, 2002, ISBN 2870098146. (extrait)
  • Mikkel Borch-Jacobsen et Sonu Shamdasani, Le dossier Freud : Enquête sur l'histoire de la psychanalyse, Empêcheurs de Penser en Rond, 2006, ISBN 2846711321.
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Le Sujet Freudien, Aubier Flammarion, Paris, 1982.
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Souvenirs, d'Anna O. Une mystification centenaire, Aubier, 1995.
  • Mikkel Borch-Jacobsen, Folies à plusieurs. De l'hystérie à la dépression, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2002.
  • Mikkel Borch-Jacobsen et Georges Fischman, Constructivisme et psychanalyse, débat animé par Bernard Granger, Le Cavalier Bleu, Paris, 2005.
  • Jacques Bouveresse, Philosophie, mythologie et pseudo-science. Wittgenstein lecteur de Freud, L'Eclat, Paris, 1991.
  • Renée Bouveresse, Les critiques de la psychanalyse, Que sais-je n°2620, Presses Universitaires de France, Paris, 1991.
  • Frank Cioffi, Freud and the question of pseudo-science, Open Court.
  • Pierre Debray-Ritzen, La Scolastique freudienne, Fayard, Paris, 1972.
  • Pierre Debray-Ritzen, La psychanalyse, cette imposture, Albin Michel, 1991, ISBN 2-226-05236-4.
  • Gilles Deleuze et Félix Guattari, L'anti-Oedipe, Minuit, 1972.
  • Henri F. Ellenberger, The discovery ot the Unconscious : The History and Evolution of Dynamic Psychiatry, New York, Basic Books, (Histoire de la découverte de l'inconscient, Paris, Fayard, 1994). Ce livre, cité par tous les historiens critiques de Freud et de la psychanalyse, est incontestablement reconnu comme un l'un des premiers livres critiques mettant en évidence la légende freudienne, selon les propres termes de l'auteur.
  • Allen Esterson, Seductive Mirage : An Exploration of the Work of Sigmund Freud, Chicago et La Salle, III, Open Court, 1993.
  • Hans Jûrgen Eysenck, Déclin et chute de l'Empire Freudien, De Guibert, Paris, 1985.
  • Dominique Frischer, Les analysés parlent.
  • Gilles-Gaston Granger: "Pour la connaissance philosophique", Ed.: O.Jacob, 2005, ISBN 2738100236
  • Gilles-Gaston Granger : "L'Irrationnel", Ed.: O.Jacob, 1998, ISBN 2738105017
  • Adolf Grünbaum, La psychanalyse à l'épreuve, L'Eclat, Paris, 1993.
  • Adolf Grünbaum, Les fondements de la psychanalyse, Presses Universitaires de France, Paris, 1984. Ce livre est, en grande partie, à l'origine du déclin de la psychanalyse aux États-Unis.
  • André Haynal et Paul Roazen, Dans les secrets de la psychanalyse et de son histoire, PUF, 2005, ISBN 2130553001.
  • Rauda Jamis, Ce qui me gêne avec les psys, Paris, Lattès, 2003.
  • Pierre Janet, La psychanalyse de Freud, L'Harmattan, 2004, ISBN 2747575322.
  • Sibylle Lacan, Un père, puzzle, Paris, Gallimard, 1994.
  • Sylvie Lanzenberg, J'accuse la dérive de la psychanalyse, Éditions du Cygne, Paris, 2005.
  • Malcom Macmillian, Freud evaluated - the completed ARC.
  • Patrick Mahony, Freud l'écrivain, Belle Lettres, 1982, ISBN 2251334467.
  • Patrick Mahony, Dora s'en va, violence dans la psychanalyse, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2001. Dans ce livre, pourtant écrit par un psychanalyste de renommée internationale, on découvre, de l'aveu même de l'auteur, comment une jeune fille a été traumatisée deux fois : par son agresseur, puis par Sigmund Freud.
  • Marie-Jeanne Marti, Les marchands d'illusions. Dérives, abus, incompétences de la nébuleuse "Psy" française, Roman, Sprimont, Mardaga, 2006.
  • Catherine Meyer (dir.), Le Livre noir de la psychanalyse : Vivre, penser et aller mieux sans Freud, collectif, les Arènes, coll. Documents, 2005, ISBN 2912485886.
  • Tobie Nathan (dir.), La guerre des psys, Empêcheurs de penser en rond.
  • Maria Pierrakos, La tapeuse de Lacan. Souvenirs d'une sténotypiste fâchée. Réflexions d'une psychanalyste navrée, L'Harmattan, Paris, 2003.
  • Richard Pollak, Bruno Bettelheim ou la fabrication d'un mythe, Empêcheurs de Penser en Rond, Paris, 2003.
  • Karl Popper, Le réalisme et la science, Hermann, Paris, 1990.Dans le chapitre 1 : "L'induction", Section 18 : "Un exemple de vérificationnisme", pp. 181 à 191, Popper, critique la méthode de Freud, pour lui foncièrement non scientifique parce que reposant sur l'induction.
  • Karl Popper, L'univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme, Hermann, Paris, 1984. Ouvrage qui permet d'aborder la critique du déterminisme psychique absolu de Freud.
  • Karl Popper, La logique de la découverte scientifique, Payot, Paris, 1979. Pour comprendre la critique célèbre de Popper de la psychanalyse reposant sur la non-falsifiabilité du corpus freudien. Et pour avoir à l'esprit en quoi consiste le fameux critère logique de démarcation de Popper entre énoncés métaphysiques et énoncés scientifiques, et saisir en quoi consiste la logique d'élaboration des théories scientifiques à partir de tests intersubjectivement contrôlés.
  • Karl Popper, Conjectures et réfutations, Paris, Payot, 1985. Chapitre 1 : "La science : conjectures et réfutations", pp. 59 à 67. Dans cette partie, Karl Popper s'intéresse au problème suivant : "quand doit-on conférer à une théorie un statut scientifique ?"
  • Paul Ricoeur, De l'interprétation, Seuil poche, 1995, ISBN 2020236796.
  • Paul Roazen, Mes rencontres avec la famille de Freud, Seuil, 1998, ISBN 2020183978.
  • Paul Roazen, La Saga freudienne, Paris, Presses Universitaires de France, 1986.
  • Paul Roazen, Freud and his followers, New York, Da Capo Press, 2° ed., 1990.
  • François Roustang, Un destin si funeste, Éditions de Minuit, 1977, ISBN 2707301426.
  • Frank J. Sulloway, Freud biologiste de l'esprit, Fayard, 1979.
  • Sherry Turkle, La France freudienne, Fayard, 1981. Dans ce livre, l'auteur a essayé de comprendre pourquoi, selon son expression, "toute la France est passée à la psychanalyse", après mai 68.
  • Jacques Van Rillaer, Les illusions de la psychanalyse, Pierre Mardaga, Bruxelles,
1980.
  • ACROPOLIS interview de jean-yves METAYER , psychanalyste .

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