Califat
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Un califat (arabe : خِلافة) est le territoire reconnaissant l'autorité d'un calife (arabe : خليفة), successeur de Mahomet qui cumulait autorité politique et religieuse. Ce mot sert aussi à désigner le régime politique lui-même et la période pendant laquelle il s'exerce (ex. « pendant le califat de Haroun Al Rachid »).
Le mot califat provient du mot calife par ajonction du suffixe -at.
Plusieurs califats ont existé depuis la fondation de l'Islam, suite aux luttes que se livrèrent les différents prétendants au titre de successeur du Prophète, après les quatre premiers califes.
Les plus importants sont :
- califat Omeyyade (unique) de Damas ;
- califat Abbasside de Bagdad ;
- califat Fatimide du Caire ;
- califat des Omeyyades de Cordoue.
- califat ottoman.
Sommaire |
[modifier] Les premiers califes (632-661)
Voir article détaillé : Rashidun
À la mort de Mahomet en 632, l'Islam est désuni : alors que Abou Bakr est désigné, une querelle naît entre les habitants de Médine et de la Mecque concernant la succession du prophète. Certains préfèrent une succession issue de la famille en proposant notamment Ali son gendre pour lui succéder. Les compagnons s'y opposent et nomment Abou Bakr : le premier calife sera donc Abou Bakr (ou Abubéker) qui poursuit la conquête de la péninsule arabique. À sa mort en 634, son premier ministre Omar (ou Umar) lui succède. Celui-ci conquiert la Palestine, la Mésopotamie, l'Égypte et la Perse ; en 644, il est poignardé par un kharidjite dans la mosquée alors qu'il était en prière. Après sa mort,un troisième calife fut désigné par consultation des compagnons du prophète : Uthman (644-656). Le quatrième calife est Ali, cousin et gendre du prophète (656-661).
[modifier] Les Omeyyades (661-750)
Voir articles détaillés : Omeyyades et Omeyyades d'Espagne
Les Omeyyades (ou Umayyades) sont une dynastie de califes qui gouvernèrent le monde musulman de 661 à 750, établissant leur capitale à Damas. Ils tiennent leur nom d'un de leurs ancêtres, Abu Umayya. Ils appartenaient à la tribu des Quraychistes, tribu dominante à La Mecque au temps de Mahomet. Après s'être opposés à celui-ci, ils l'avaient rejoint au dernier moment.
Les Omeyyades étaient liés avec le troisième calife, Uthman. Quand celui-ci fut assassiné par des opposants qui portèrent au pouvoir Ali, cousin et gendre de Mahomet, tous ceux qui étaient liés à Uthman crièrent vengeance, notamment l'omeyyade Mu`âwîya, qui était alors gouverneur de Syrie. À la suite de quelques combats, Ali fut écarté du pouvoir par un arbitrage, et Muawiya fut proclamé calife par les Syriens (661). Seuls les chiites reconnaissent la légitimité d'Ali. Celui-ci ayant été assassiné la même année par les Kharidjites, ses anciens partisans, plus rien ne s'opposa ensuite au règne des califes omeyyades.
Cependant, à partir des années 680, une série de troubles internes faillit mettre fin à cette dynastie, mais elle réussit toujours à reprendre le dessus :
En 680, à la mort de Muawiya, les notables de la ville chiite de Koufa, en Mésopotamie, voulurent mettre sur le trône Husayn, second fils d'Ali. Ils furent écrasés à Kerbala par une armée omeyyade.
En 683, un notable quraychite, Abd Allah ben az-Zubayr, souleva en Arabie les deux villes saintes de La Mecque et Médine, et étendit son pouvoir jusqu'à Basra (Bassora), en Irak. En même temps éclatait à Kufa une révolte organisée par Mukhtar au nom d'un des fils d'Ali.
De plus, divers groupes kharidjites suscitaient des désordres en Arabie méridionale, en Iran central et en Haute Mésopotamie.
Heureusement pour les Omeyyades, les divers groupes insurgés n'avaient aucune union entre eux. Les Kharidjites ne s'étendirent pas hors des déserts ; Abd Allah fut vaincu par le calife Abd al-Malik, tandis que Mukhtar était écrasé par le frère d'Abd Allah, qui gouvernait Basra.
Les adversaires du régime l'accusaient d'impiété pour diverses raisons :
- il avait usurpé la place et versé le sang de la famille du Prophète ;
- il aurait été trop indifférent à l'Islam et à ses règles, notamment en négligeant de convertir les populations conquises.
Il est vrai que les Omeyyades ont longtemps préféré faire payer aux non-musulmans des impôts (capitation et impôt foncier) plutôt que de les convertir. Cependant les successeurs d'Abd al-Malik choisirent une solution plus souple : on encouragea les conversions, et pour les convertis la capitation fut remplacée par l'aumône légale du croyant; mais l'impôt foncier fut maintenu sur leurs terres (sous prétexte que celles-ci n'étaient pas converties).
Les Omeyyades furent ensuite détrônés en 750 par les Abbassides, qui fondèrent leur propre dynastie. Presque tous les membres de la famille furent massacrés, mais le prince Abd ar-Rahman Ier, réussit à s'enfuir, à gagner l'Espagne et à y établir une nouvelle dynastie à Cordoue. L'émir Abd al-Rahman III prit le titre de Calife en 929, affirmant ainsi la complète indépendance de Cordoue.
[modifier] Les Abbassides (750-1517)
Voir article détaillé : Abbassides
La nouvelle dynastie abbasside a conservé la fonction de calife jusqu'au XVIe siècle, mais ces califes n'ont exercé la réalité du pouvoir que durant certaines périodes limitées.
[modifier] Apogée et déclin (750-945)
Les commencements du règne abbasside furent marqués par une réforme de l'empire prenant mieux en compte les populations non-arabes et non-musulmanes. Ce fut également une époque de développement urbain, symbolisé par la nouvelle capitale, Bagdad, fondée par Al-Mansûr en 762. Cependant, le pouvoir fut rapidement déstabilisé, en particulier par la forte présence de mercenaires turcs dans l'armée et dans la garde du calife. Les tensions provoquées par cette situation amenèrent les califes à déplacer la capitale à Samara entre 836 et 883.
Par ailleurs, dès le IXe siècle, l'autorité du calife s'estompa à la périphérie de l'empire. La Tunisie et la Tripolitaine prirent leur autonomie sous la conduite des Aghlabides, l'Égypte sous celle des Toulounides. la Transoxiane et le Khorasan se trouvèrent successivement sous la domination des Tahirides, des Saffarides puis des Samanides.
Le pouvoir abbasside acheva de s'affaiblir avec la fondation du califat schismatique fatimide, mais surtout, en matière de politique interne, avec l'importance croissante des vizirs et des émirs turcs. En 936 est créée la fonction de grand émir dont le pouvoir est très étendu, tant dans le domaine militaire que dans les finances.
[modifier] Le califat sous tutelle (945-1180)
Après s'être réduit progressivement, le statut du calife ne fut plus que celui, symbolique, de « commandeur des croyants », et la réalité du pouvoir politique fut assurée par des dynasties non-arabes.
[modifier] Les Bouyides (945-1055)
Voir article détaillé : Bouyides
Cette famille d'origine iranienne s'empara en 945 de la fonction de grand émir et domina essentiellement l'Irak et l'Iran.
[modifier] Les Seldjoukides (1055-1180)
Voir article détaillé : Seldjoukides
Au début du XIe siècle, la tribu turque des Oghuzz, dominée par le clan des Seldjoukides, envahit les provinces orientales de l'empire arabe puis l'Iran. En 1055, leur chef Tuğrul Bey prit Bagdad et se fit reconnaître comme sultan. Son ambition affichée était de réinstaurer la légitimité d'un pouvoir sunnite face aux Bouyides chiites et au califat fatimide qui avait progressé vers l'Égypte puis jusqu'en Syrie et au Hedjaz, et de reprendre possession au nom du calife les villes saintes de La Mecque, de Médine et de Jérusalem.
De fait, le pouvoir seldjoukide s'empara de la Syrie (mais les Croisés prirent Jérusalem en 1099) et de l'Anatolie. Mais rapidement des rivalités se firent jour entre les différents clans turcs et le pouvoir des sultans diminua.
[modifier] Le renouveau du pouvoir califien (1180-1258)
Le déclin des sultans seldjoukides permit au calife An-Nasir de restaurer son autorité sur l'Irak. Mais l'invasion mongole de 1258-1260 et l'exécution d'Al-Musta'sim mirent un terme définitif au pouvoir abbasside.
[modifier] Le sultanat mamelouk (1261-1517)
Voir article détaillé : Mamelouk
Al-Mustansir, un membre de la famille abbasside, se réfugia en Égypte où Saladin avait détruit la dynastie fatimide en 1171 et que dirigeaient les Mamelouks depuis 1250. Le sultan mamelouk Baybars fit reconnaître Al-Mustansir comme calife afin de légitimer son autorité politique. Mais, de fait, la lignée de calife qui subsista sous le sultanat mamelouk n'avait plus la moindre parcelle de pouvoir et possédait un titre purement honorifique.
En 1517, le sultan ottoman Sélim Ier conquit l'Égypte, mettant fin au sultanat mamelouk et, du même coup, au califat abbasside.
[modifier] L'institution califienne après 1517
Une tradition tardive rapporte que Sélim Ier a voulu perpétuer l'institution suprême de l'Islam en assumant à son tour le titre de calife. Ce fait est invérifiable et largement mis en doute par les historiens arabes, mais les sultans ottomans furent en effet considérés comme porteurs de cette dignité. On peut en voir une illustration dans le soin que Mustafa Kemal Atatürk prit d'abolir officiellement l'institution du califat le 3 mars 1924, deux ans après celle du sultanat. Le dernier calife de la maison ottomane s'appelle Abdul-Medjid, qui est mort en exil à Paris en 1944.
Le Chérif de la Mecque Hussein Al-Rachid (aïeul de la dynastie régnant actuellement en Jordanie), allié des Britanniques durant la Première Guerre mondiale entreprit alors de restaurer la fonction à son profit, mais il échoua devant la montée en puissance d'Abdel Aziz ibn Saoud.
Aujourd'hui, certains mouvements panislamique de l'islam politique, tels le Hizb ut-Tahrir ou les frères musulmans, possèdent dans leur programme politique l'exigence de la restauration du califat.