Histoire de la Sardaigne
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L’histoire de la Sardaigne est très méconnue malgré sa spécificité et son importance. Elle est pourtant ancienne (depuis le Paléolithique inférieur), particulièrement riche, et permet de mieux comprendre la culture et la mentalité sarde. Le peuplement initial de la Sardaigne résulte de mouvements de population qui se sont produits vers 6000 av. J.C. en provenance de la péninsule italienne, de la péninsule ibérique et d'Afrique (voir carte ci-dessous). Mais il s'est poursuivi, au fil des invasions, pour donner le peuple sarde. Christophe de Chenay fait remarquer que :
« Les Sardes ont toujours dû surveiller les envahisseurs […], ainsi, de cachettes naturelles, puis de nuraghes en villages perchés, le peuple de Sardaigne assiégé a toujours su résister. Il en reste une méfiance à l’égard de l’étranger qui disparaît cependant bien vite.[1] »
On peut trouver deux origines supposées du nom de l’île. En effet, la première, qui est plus de l’ordre du mythe, provient du terme Ichnusa qui dérive de la racine grecque qui signifie trace de pied. Ce terme fait référence à la forme de l’île, « par la ressemblance grossière que les anciens trouvaient entre sa forme et celle de l’empreinte d’un pied d’homme »[2]. Par la suite le nom change pour devenir Sardon également du grec, qui peut se traduire par sandale, ce qui confirmerait cette explication.
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Mais une seconde origine, plus probable, viendrait d’un chef d’Afrique du Nord (la Libye actuelle) appelé « Sardus, prétendu fils d’Hercule[3] », qui établit une colonie au sud de la Sardaigne. Sardus fut vénéré, à tel point qu'« on lui érigea des statues dans l’île, avec cette inscription, Sardus Pater[4] ». Plus tard le nom changera de forme avec les Phéniciens (Shardan) qui écrivent les premiers ce nom, puis les Romains (Sardinia).
[modifier] Préhistoire
La civilisation nuragique étant une référence en Sardaigne, on pourrait croire que l’histoire sarde l’a pour seule base. Cependant, on peut constater des civilisations antérieures présentes dès la préhistoire.
C’est avec la découverte à Perfugas (province de Sassari), de galets taillés avec la méthode clactonienne (par débitage), que les archéologues ont pu déterminer une présence humaine en Sardaigne, lors de la période du paléolithique inférieur (entre 400 000 ans av. J.-C. et 150 000 ans av. J.-C.). Les dates varient suivant les sources[5], mais ceci s’explique par le fait que « pour l’instant les découvertes sont plutôt insuffisantes pour pouvoir fournir des données plus précises »[6]. D’autres fouilles dans la grotte de Corbeddu ont révélé la présence des plus anciens restes humains retrouvés en Sardaigne, datant du paléolithique supérieur (entre 35 000 ans av. J.-C. et 10 000 ans av. J.-C.).
[modifier] Protohistoire
C’est durant cette période que l’on peut véritablement parler d’installation humaine sur l’île, et non plus simplement de présence. Vraisemblablement, des populations d’Italie, d’Afrique[7] et de la péninsule ibérique, se sont déplacées vers la Sardaigne, et « c’est pour cela, si on peut dire, qu’en Sardaigne il n’eut jamais un unique peuple, mais plusieurs peuples[8] ».
[modifier] La culture prénuragique
La culture prénuragique est une vaste période qui débute vers -6000, pour se finir vers -1855. Plusieurs civilisations vont s'y succéder, et l'apport de chacune d'elle va permettre l'émergence de la culture nuragique.
Les Sardes de cette époque commencent par habiter dans des grottes, et ils pratiquent dès le début la cueillette, la chasse, mais également l’agriculture. Les récoltes des fruits du Pistachier lentisque, vont par exemple permettre la production d'huile[9]. Les techniques vont évoluer, et notamment grâce aux autres peuples de la Méditerranée occidentale, dont les échanges commerciaux, culturels et religieux vont peu à peu apparaître. Le commerce tourne autour de l’obsidienne de Monte Arci.
L'inhumation des morts commence à être mise en place dans des tombes circulaires (cercles mégalithiques ou funéraires), mais vont évoluer avec l'arrivée de divinités caractéristiques (les Déesses mère), des domus de janas qui vont peu à peu se complexifier, et enfin de dolmens.
Ainsi la vie sociale se développant, les Sardes vont se regrouper en petites tribus, pour ensuite construire les premiers villages placées sur les hauteurs, constitués de cabanes circulaires en pierre. Des évolutions techniques suivront comme le montre la qualité des céramiques, mais aussi des outils de chasse.
Mais ce n'est qu'avec les dernières civilisations de cette période, que l'on voit apparaître de véritables systèmes de défenses, et le développement d’armes en métal. Une nouvelle classe sociale dominante est alors créée, celle des guerriers, ce qui témoigne du besoin que ce peuple a de se défendre.
[modifier] Civilisation nuragique
Même si nous avons vu précédemment que le peuple de Sardaigne a des origines antérieures à cette période, il n’en reste pas moins qu’elle est le pilier de la culture sarde proprement dite. C’est en effet durant cette ère, qu’une véritable société à part entière voit le jour
« La Sardaigne appartint au monde mégalithique qui s’exprima à Malte ou à Stonehenge. […] elle évolua de manière originale pour donner naissance à cette civilisation nouragique qui reste encore largement mystérieuse.[10] »
Le terme nuragique (ou nouragique) est issu de l’empreinte la plus marquante de cette société, les nuraghes, que l’ont peut trouver dans toute la Sardaigne, encore aujourd’hui, au nombre de 7000 environ. On peut déjà par ce chiffre, d’autant qu’il est certain que leur quantité de l’époque était beaucoup plus grande, constater l’importance de cette culture. C’est vers -900, que cette civilisation commence à décliner lentement, avec l’arrivée de colonies phéniciennes, pour voir sa fin vers -238, avec l’arrivée du pouvoir romain.
[modifier] Civilisation de Bonnanaro
Cette culture (de -1855 à -1200) marque le début de l’âge nuragique, et est reconnaissable « par les vases de pâte brune- claire avec des anses à coude »[11]. Cette céramique a été retrouvée dans les Domus de janas - qui ont été réutilisés -, les tombes de géants, et les dolmens de cette époque.
Bonnanaro est une civilisation guerrière, comme le montrent les armes en cuivre et en bronze et, bien sûr, les premiers nuraghes (proto nuraghe) construits. Elle se diffuse dans toute la Sardaigne. Cependant l’île est probablement divisée en territoires autonomes les uns des autres, qui commercent ensemble. On peut également penser qu’il y a des guerres entre tribus, ou en tous cas des altercations entre rois-bergers. Ces derniers règnent chacun sur une communauté patriarcale, de bergers ou cultivateurs guerriers, et habitent le nuraghe, tandis que le reste de la population se loge dans de petites huttes en pierre, placées autour de celui-ci.
Plus tard, vers -1490 les nuraghes en tholos, et les tombes de géants à façade font leur apparition, et expriment l’apogée de cette civilisation. On constate l’apparition d’armes importées d’Orient durant cette seconde période de la culture de Bonnanaro, ce qui montre l’existence d’un commerce manifeste qui prend de l’ampleur, et rend la vie économique de bonne qualité.
[modifier] Culture de la céramique à peigne et protogéométrique
Les vases sont dorénavant finement décorés de cercles et de demi-cercles tracés au peigne. De plus, le développement du culte de l’eau, qui était sans doute préexistant, fait émerger les puits sacrés, véritables temples dédiés à cet élément, où l’offrande d’objets précieux n’est pas rare. Ces temples semblent être des centres de réunion inter-tribus, ce qui révèle l’homogénéité de ce peuple, malgré les diverses coalitions. « Ce culte correspond à l’influence méditerranéenne, et […] aurait ici un caractère thérapeutique et magique ».[12]
La société nuragique se complexifiant, on trouve à présent deux structures importantes dans certains villages. La première est la salle du conseil (exemple du village nuragique de Barumini), qui sert à réunir les chefs de familles afin de régler les problèmes de la communauté. La seconde est la salle du conseil fédéral, qui a pour fonction de traiter les affaires qui concernaient l’ensemble du peuple nuragique, en réunissant les chefs des tribus.
[modifier] Histoire
C’est vers 600 ans av. J.-C., que la Sardaigne découvre l’écriture par l’intermédiaire des Phéniciens. C’est cet apport qui fait passer l’île de l’âge protohistorique à l'âge historique.
[modifier] Antiquité
L’antiquité commence par la domination phénicienne. Elle est donc à cheval entre la fin de l’âge nuragique, et la domination romaine. C'est durant cette période que les sardes auraient été initié à l'extraction d'huile d'olive, à l'apiculture, et à cailler le lait de brebis[13].
[modifier] Domination phénicienne
Les Phéniciens, peuple marchand, connaissent déjà bien la Sardaigne, vu que depuis au moins 100 ans, ils y accostent régulièrement pour passer la nuit, ou en cas d’avarie. En effet, la Sardaigne tient une position stratégique sur la route commerciale maritime de l’Europe, et en particulier de la Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne), de plus « la Sardaigne avait des ports nombreux et commodes, de vastes pâturages au bord de la mer »[14]. Au fur et à mesure des années, les phéniciens commencent à installer de véritables villes côtières, surtout dans le sud et l’ouest de l’île, et ceci avec l’aval des tribus locales, qui profitent alors du commerce. C’est donc à partir de -900, date du début de cette domination, que les échanges commerciaux se multiplient, et le travail des métaux se développe. C’est d’ailleurs vers cette date que les petits bronzes fond leur apparition. Ce sont les phéniciens et non les sardes qui profitaient des bienfaits de la mer comme la pêche du thon ou de la sardine (nom dérivé de Sardaigne).
Tant que ces commerçants restèrent sur le littoral, la cohabitation était bonne, mais les Phéniciens ont commencé à s’intéresser aux ressources de l’intérieur des terres, et ont envisagé de conquérir l’île dans son intégralité. Plus tard, d’autres colonies venues de Libye, dirigées par Sardus, prennent « plus complètement possession du pays » [15]. Ce dernier a, très probablement, donné son nom à l’île, que les Phéniciens sont les premiers, à nommer, Shardan. Cependant, le peuple nuragique a opposé une telle résistance, que la Phénicie n’a pu faire autrement que de demander l’aide de Carthage. La relation qu’entretiennent les Phéniciens avec la Sardaigne est particulière, dans le sens que, la plupart du temps, ce peuple ne s'intéresse que très peu à l'intérieur de terres colonisées, par souci de sécurité que leur apporte la mer. Ainsi, l'île sarde est l'exception où l'on voit apparaître des fortifications phéniciennes.
[modifier] Domination carthaginoise
Les phéniciens sont à l'origine de la Civilisation carthaginoise, qui devient une cité très puissante. C’est alors en -545 que le général Carthaginois Malco tente de débarquer en Sardaigne, mais il se fait repousser violemment par le peuple nuragique, ce qui va marquer le début de nombreuses années de guerre. « Le jeu de Carthage fut donc de faire alliance avec les insulaires »[16] des côtes, c’est à dire les Phéniciens appelés alors les Shardana. Il faut attendre 10 ans pour que l’on parle d’un réel début de domination carthaginoise, et en -523 on peut parler d’occupation quasi complète. Seule la région montagneuse de l’est de l’île résiste toujours. Dès lors, les ports phéniciens deviennent de véritables cités portuaires. De plus, les carthaginois développent l’agriculture céréalière sur les terres fertiles de Sardaigne, en utilisant comme esclaves une part des populations locales, et en demandant des taxes importantes aux autres.
Les forces puniques se sont toujours efforcées de maintenir le peuple nuragique dans les régions montagneuses qui sont bien trop inaccessibles pour être annexées. Ainsi ils ont pu faire de la Sardaigne une véritable base militaire, stratégique de part sa position sur les routes du commerce maritime. Carthage a même réussi à négocier « avec les Romains, deux traités par lesquelles ceux-ci s’interdisaient d’aborder dans l’île, à moins d’y être forcés par une bataille ou par une tempête »[17].
Un réseau routier est mis en place, des villes telles que Karalis (Cagliari) et Sulci (Sant’Antioco) sont créées[18], mais de nombreux monuments de la période nuragique sont détruits. Mais « en -259 -258, les romains exportent la guerre en Sardaigne et en Corse afin d’affronter les garnisons carthaginoises et afin de piller ces îles. En -249, la Sardaigne est à nouveau pillée. Les romains manifestent de plus en plus d’intérêt pour ces îles. »[19]
Le pouvoir romain, sous prétexte d’une pseudo-préparation d’invasion du Latium par les Carthaginois, envoie ses troupes en Sardaigne. En fait, il profite de l’affaiblissement de Carthage après sa défaite de la première guerre punique, mais surtout d’avoir « appris que les Mercenaires de la Sardaigne avaient crucifié leur général, saisi les places fortes et partout égorgé les hommes de la race chananéenne. Le peuple romain menaça la République d’hostilités immédiates, si elle ne donnait douze cents talents avec l’île de Sardaigne tout entière »[20]. C’est alors que Carthage cède ce territoire à la république romaine en -238.
[modifier] Domination romaine
Les légions Romaines ont rapidement pénétré toutes les régions sardes, y compris celle de la Barbaria, qui a donné son nom à l’actuelle Barbagia. Malgré la résistance du « peuple des montagnes », la civilisation nuragique s’éteint alors, sans pour autant constater une soumission totale des sardes. Ainsi, « Barbaria fut le terme dont Rome qualifia la Sardaigne profonde, car à ses yeux étaient barbares […] les montagnards sardes résolus à défendre leurs coutumes, qui lançaient des razzias dans la plaine jusqu’à ce que l’armée romaine les repoussât[21] ». De nombreuses révoltes éclatent durant cette domination, mais elles sont toutes fortement réprimées.
La révolte la plus importante est sans doute celle de -215, où Sardes et Carthaginois se sont unis pour expulser les Romains de l’île. Cependant, le jour de la bataille, les Carthaginois, ayant essuyé une tempête, arrivent trop tard. Ainsi les Romains, en plus grand nombre, triomphent sur cette insurrection. Toutes les tentatives suivantes sont suivies d’une vengeance sanglante des romains. On peut parler de fin des rebellions vers -31 (époque de l’Empire romain), cependant la région dite Barbaria, résiste encore et toujours.
Rome développe un réseau routier organisé en Sardaigne, facilitant le déplacement des troupes et des commerçants. Celui-ci a été d’ailleurs utilisé comme base au réseau actuel. Les romains utilisent abondamment les ressources de la « Sardaigne, inépuisable terre[22] », dont le « sol, fertile et parfaitement cultivé, fournissait jadis à Rome de si beaux blés et en telle quantité que la Sardaigne était alors le grenier d’abondance de la capital de l’empire romain[23] ». Au-delà, des amphithéâtres sont bâtis, et la religion chrétienne est importée par le bannissement de milliers de dissidents juifs et chrétiens dans l’île, par vagues : « C’était pour les Juifs une idolâtrie. […] Tibère avait eu raison d’en exiler quatre cents en Sardaigne[24] ». Cette croyance se diffuse et convertit de nombreux habitants. Aujourd’hui encore la ferveur sarde est très présente. C’est en 227, que la Corse-Sardaigne devient une Province romaine (dans le sens statutaire). En même temps que l’Empire perd ses forces, il abandonne petit à petit l’île sarde.
[modifier] Domination vandale
Les vandales d’Afrique, d’origine germanique, sont un peuple migrant vers le sud durant tout le Ve siècle . Ainsi, ils envahissent successivement la Gaule, l'Espagne, et enfin l'Afrique du nord, où ils s’établissent et prennent Carthage en 439. Entre Rome et le royaume vandale, le conflit pour le contrôle de la méditerranée est omniprésent. Mais l'empire romain est mourant, et ainsi quand « en 442 l'établissement d'un nouveau traité aux termes duquel l'ex-Afrique romaine fut partagée entre l'Empire et le roi vandale »[25], ce dernier est alors en situation de débarquer et occuper la Sardaigne en 456, grâce à une véritable flotte de guerre qui inflige des razzias à répétition. Les Romains délaissent alors l'île sans résister. Ainsi, la Sardaigne est divisée au profit de capitaines Vandales, qui y règnent en maîtres absolus. Mais les Romains n’oublient pas cette terre stratégique pour autant, et tenteront de la reconquérir plusieurs fois, en faisant en sorte de « favoriser une révolte en Sardaigne »[26].
La Sardaigne reste une terre d’exil à cette époque. On peut donner l’exemple de Fulgence qui y fut exilé vers 523, pour avoir écrit ses Lettres ascétiques et morales. En 534 l’empire byzantin prend le dessus sur l’empire vandale, par l’intermédiaire du général Bélisaire.
[modifier] Moyen Âge
En Europe, « le Moyen Âge a connu, à vrai dire, une société largement seigneurialisée, non féodalisée : la Sardaigne[27] ». Cette période commence en 476 avec la chute de Romulus Augustule, le dernier empereur romain.
[modifier] Domination byzantine et invasions sarrasines
En 533, après avoir sécurisé ses frontières, l'Empire s'empare du royaume vandale. C’est donc en 534 que Byzance, essayant de retrouver ses frontières occidentales, prend le pouvoir en Sardaigne. Ceci permettra dès 535 à Byzance d'entamer la reconquête de l'Italie.
À l'image des préoccupations byzantines, on constate que le fait le plus marquant de cette domination, est la conversion quasi complète des Sardes au christianisme. Ceci est l'apport le plus profond que l'on constate dans la Sardaigne de cette époque.
Seuls les habitants de la Barbaria conservent les anciennes croyances et coutumes. Cependant, partout ailleurs, on peut observer la construction d’églises basées sur le modèle de Sainte Sophie (Hagia Sophia) à Constantinople. Ainsi, on constate l’introduction dans l’île de rites byzantins.
D’ailleurs, aujourd’hui encore à Sedilo, on peut voir la chevauchée dite de s’ Ardìa, qui rappelle les courses des hippodromes de Byzance. Petit à petit, la culture byzantine exerce son influence sur la culture, et en particulier sur l’art, insulaire.
La Sardaigne fait partie de la préfecture d’Afrique, où l’on trouve un chef civil qui réside à Cagliari, et un chef militaire qui réside au Fordongianus qui est, depuis les romains, un rempart fortifié contre les habitants de la Barbaria. On trouve le long de cette frontière des forteresses comme celles d’Austis, Samugheo, Nuragus et Armungia. Les populations sont brimées avec différentes contributions auxquelles s’ajoute les suffragia, taxations additionnelles avec lesquelles les officiels tâchent de récupérer les sommes qu’ils ont dépensées pour obtenir leur fonction.
C’est durant la période iconoclaste de l'histoire byzantine, c’est à dire au cours du VIIIe siècle, que l’empire rentre en crise, et que les Arabes prennent, petit à petit, le contrôle de la Méditerranée. Ainsi la Sardaigne ne bénéficie plus de la protection de Byzance, et est donc forcée d’organiser sa défense contre les envahisseurs arabes, qui a commencé le 27 octobre 710[28]. Bien qu’ils restent presque 70 ans en position de domination, les Arabes doivent en 778[29], faire face à une révolte populaire qui les chasse rapidement de l’île. Une nouvelle et dernière tentative de conquête arabe échoue en 821.
[modifier] Les Judicats
On ne connaît pas précisément la date de création des Judicats, qui sont quatre régions autonomes, mais leur présence est attestée en 851, même s’il est probable que leur naissance soit antérieure à cette date. Chacun des Judicats (Logudoro, Gallura, Arborée et Calaris) sont gouvernés pas des rois ou Giudici, qui sont élus par le parlement sarde appelé Corona de Logu. En effet, « en Sardaigne, des dynasties de chefs indigènes avaient découpé l’île en judicatures »[30].
Les Judicats sont alors composés d'un territoire dit logu, divisé en curatorie dirigés par les curatore (autorités surtout judiciaire), formées de plusieurs villages appelés des ville. Les curatore nomment le maiore (le maire) c'est-à-dire le chef du village. Celui- ci est compétent en terme d'investigations judiciaires. Les Judicats sont également subdivisés en districts administrifs, électoraux et juridictionnels qui s'appellent les curadorìas ou curatorìas (curatorie), dirigées par des curadore qui sont soit nommés, soit, pour le moins, approuvés du Giudici. Le curatore est un fonctionnaire du Judicat, dont le mandat est limité dans le temps de façon fixe. Il a autorité sur les perceptions fiscales, sur l'action judiciaire pénale et civile, sur les organes de police et sur l'enrôlement dans l'armée.
La taille de ces districts est définie pour faire en sorte que la population résidant dans chaque curatoria soit approximativement égale. Par conséquent on constate des mouvements frontaliers dus au changement des taux locaux de croissance démographique. Les hommes libres de chaque curatoria se réunissent périodiquement en assemblée afin d'élire leur représentant auprès de la couronne de logu. Les centres d'habitation sont les sas biddas, les villages. On en compte 900 et plus jusqu'en 1300 environ, mais dont le nombre se réduit à 380 environ, suite à la peste, la guerre et la répression aragonaise après la conquête de l'île. Ceci est un système enraciné et extrêmement efficace de gestion du territoire, mais qui disparaît petit à petit au cours du XIVe et surtout du XVe siècle, par la mise en place du système féodal Aragonais. La période des Judicats est celle où se développe la langue sarde qui devient la langue la plus parlée. L’église byzantine orthodoxe, avec l’œuvre du pape Grégoire I, est remplacée par le catholicisme. Ce dernier se répand alors dans toute l’île, à l’exception de la grande partie de la Barbagia (l’ancienne Barbaria).
C’est à partir de 1100 environ, qu’on observe la seconde poussée du christianisme sur l’île (après celle de Byzance), caractérisée par de nombreuses constructions religieuses. C’est également à partir de là que la mentalité féodale est importée dans l’île par la fin de l’isolement que connaissait la Sardaigne jusqu’alors. En effet, jusque là l’isolement de la Sardaigne la protégeait de l’arrivée de seigneurs plus ou moins riches et puissants, qui souhaitaient obtenir du pouvoir, en concurrençant, pour ainsi dire, le pouvoir en place. Ainsi, les châteaux et autres forteresses font leur apparition, au profit des « seigneurs féodaux venus du continent, les Malaspina et les Doria en particulier »[31].
Il est à noter que c’est à partir de cette période que la Sardaigne joue un rôle important dans la politique européenne, comme le montrent les multiples contacts avec les régnants d’Europe et, en particulier, le judicat d’Arborée, ce dernier étant le plus influent et celui qui reste en place le plus longtemps, jusqu’au 29 mars 1410, date de sa capitulation. Un document de cette période, écrit par Mieszko Ier de Pologne et destiné au pape Jean XV, prouve que les judicats étaient connus de la « lointaine Pologne et qu’ils devaient donc avoir un rôle de grand prestige dans l’Europe médiévale »[32].
Eléonore d’Arborée qui est à la tête du judicat d’Arborée, va mettre en place le premier code civil de ce type en Europe, la Carta de Logu (La charte du lieu). Cette loi dont la « date de promulgation est incertaine, [a été faite] certainement avant 1392 »[33], et reste en vigueur jusqu’en 1827. Cet acte en fait l’un des personnages politiques sardes majeurs de cette époque.
[modifier] Domination de Pise et de Gênes
Alors que Mujāhid al-‘Āmirī dit Museto (ou Mugetto) s’empare de la Sardaigne en 1015, c’est en 1017 qu’ « il abandonne cette conquête, dès qu’il apprend l’arrivée des chrétiens avec une flotte puissante »[34], menée par Pise et Gênes, qui, sollicités par le pape, s’allient pour chasser les troupes Arabes.
Suite à cela, les deux libérateurs s’intéressent à l’île et interfèrent dans son gouvernement. C’est durant cette période que Pise monte en puissance dans son rôle de port principal de la mer Tyrrhénienne et de centre des échanges commerciaux grâce, entre autre, à l’emplacement idéal de la Sardaigne.
L’ingérence politique de Pise et de Gênes sur les rois juges dura du XIe au XIVe siècle , en se transformant lentement en protectorat, pour aboutir en domination. Ces deux puissances maritimes ne cessent pas de s’opposer afin de « tenir la Sardaigne constamment divisée, afin de dominer seul. La politique des papes était d’opposer toujours les Génois aux Pisans, d’appuyer toujours la partie la plus faible, contre la partie la plus forte »[35]. Les familles des deux cités se disputent alors soit les territoires, soit les places de Juge des différents Judicats. En 1258, le judicat de Cagliari disparaît, pris par les Pisans. Ainsi, en 1265, Mariano de Serra est « l’unique Sarde investi d’une charge de gouvernement dans une île tombée entièrement au pouvoir d’étrangers »[36].
Le Règne d'Arborée, plus fort et mieux organisé que les autres, reste indépendant. Il défend en effet avec force son indépendance, et en 1323, l'Arborée s'allie à Jacques II d'Aragon pour une campagne militaire contre Pise et Gênes qui aura pour fin de créer le royaume de Sardaigne.
[modifier] Domination aragonaise
Avec la conquête des Judicats de Cagliari et de Gallura, le pape Boniface VIII crée le Royaume de Sardaigne et de Corse qu’il avait voulu dès le 4 avril 1297, afin de pacifier les conflits en Sicile entre la couronne d’Aragon et la Maison d’Anjou. La Paix de Caltabellotta , est donc signée le 19 août 1302. Fort de l’appui du pape, la force Aragonaise commence les opérations militaires contre les Pisans de Cagliari et de Gallura, le 18 avril 1323 dans la campagne de Sainte Catherine entre Villanovaforru et Sanluri. C’est le 20 juillet 1324, avec la prise du château de Cagliari, que le royaume de Sardaigne et de Corse est définitivement instauré. C’est alors que la commune de Sassari, le 21 juillet 1325, se rebelle face au nouveau pouvoir, et réussi à devenir indépendante pendant une année. Le 26 septembre 1329, une seconde révolte éclate et est sauvagement réprimée.
En 1354, c’est au tour d’Alghero de devenir Aragonaise, qui reste encore aujourd’hui fortement catalane. Entre février et avril 1355 le premier Cortès (parlement) est réuni, ce qui aboutit en Juillet à la paix de Sanluri entre les deux parties. La défaite des autres Judicats, et le retrait partiel du roi d’Aragon permet au Judicat d’Arborée, encore autonome, de connaître une expansion importante, et réunit quasiment toute la Sardaigne (voir carte ci-contre).
Mais en 1383, « les insulaires ne pouvant plus supporter la domination tyrannique du juge d’Arboréa »[37] assassinent Hugues III d’Arborée. « La mort en janvier 1387 du Cérémonieux implique une pause forcée de réflexions […], on avance vers la paix entre Catalans et Arboréens »[38]. Ainsi en 1388 la paix sarde est signée entre les deux parties. Cependant cette paix est courte, et le 30 juin 1409 le judicat d’Arborée est vaincu à Sanluri par les troupes de Martin Ier d’Aragon, ce qui implique la capitulation de Guillaume III, alors juge du Judicat, et l’unification totale de la Sardaigne sous la bannière du roi d’Aragon.
La Sardaigne a un statut spécial dans le royaume Aragonais, et dépend directement du roi, ce qui lui confère une certaine autonomie. L’île s’organise politiquement sous forme d’un parlement, les Cortès, « où les trois ordres de la nation avaient chacun leur représentation »[39], ecclésiastique, militaire et royal. Ce dernier correspond aux représentants des villes. Les couleurs de la couronne d’Aragon restent présentes en Sardaigne, jusqu’à ce que Ferdinand II d’Aragon, en 1479, créé la couronne d’Espagne.
La présence catalano-aragonaise, va fortement influencer les coutumes sardes. La langue sarde en est un exemple, car le catalan devient la langue officielle de Sardaigne et ainsi laisse des traces qui « restent intactes encore aujourd’hui »[40], notamment à Alghero, port du nord-ouest de l'île. On a d’ailleurs retrouvé plusieurs documents en espagnols qui ont permis de faire apparaître certaines moeurs de l'époque. On peut prendre comme exemple un document de 1678 qui relate un procès pour « faits de sorcellerie et de mauvaise moralité »[41].
[modifier] Époque moderne et contemporaine
La couronne d’Aragon, et donc la Sardaigne, passe au XVIe siècle, aux mains de Charles Quint, mais reste tout de même indépendante. La guerre de Succession d’Espagne fait passer en 1708 la Sardaigne sous la domination de la maison d’Autriche, mais est rapidement récupérée en 1717 par Philippe V d’Espagne.
C’est à cette époque que les destins sarde et italien se rejoignent définitivement. Mais la Sardaigne reste au cœur de la politique italienne et européenne, par son rôle dans l’unification italienne, et sa relation internationale, en particulier celle qu’elle entretient avec la France.
[modifier] Le Royaume de Sardaigne
C’est à la signature du traité de Londres en 1718, que Victor-Amédée II de Savoie échange la Sicile à la Sardaigne. Cet accord prenant effet en 1720, c’est à cette date que l’on peut parler effectivement de la naissance du royaume de Sardaigne, qui comprend les États de Savoie, le Piémont, le Comté de Nice et bien sûr l’île sarde. Plus tard, après l’annexion du Piémont par la France en 1802, il est récupéré en 1815 ainsi que Gênes.
En 1793 a lieu une tentative d’invasion de la Sardaigne par les Français, qui échoue grâce à la mobilisation presque spontanée des Sardes. Les Français, en réalité, visent l’importance militairement stratégique de l’île. Peu après, la classe dirigeante de l’île, en grande partie ancrée dans une mentalité féodale et des coutumes espagnoles, accepte de se révolter, suite au refus de Victor-Amédée III de prendre en considération les propositions statutaires des états généraux sardes (les Stamenti).
Le 28 avril 1794 une révolution républicaine éclate donc, dirigée par Giovanni Maria Angioy, qui a d’abord pour conséquence d’expulser les Piémontais. Alors que l’arrivée des troupes françaises au Piémont en 1796, fait apparaître une révolte Piémontaise républicaine, le soulèvement sarde prend fin, avec la défaite d’insurgés prés d’Oristano.
« Les révolutionnaires français, échaudés par ce fiasco [de 1793], refusèrent alors d’aider le révolutionnaire sarde Giovanni Maria Angioy, qui dut s’exiler à Paris »[42]. Suite à l’armistice de Cherasco le 26 avril de la même année, la Maison de Savoie reprend alors en quelques mois le contrôle de l’île, et réprime très durement la population.
Ainsi, à la création de la République piémontaise, le 3 mars 1799, le roi Charles-Emmanuel IV arrive à Cagliari. Le 4 juin 1802, Charles-Emmanuel IV cède son trône à Victor-Emanuel IV, et le 11 septembre « Le Piémont fut formellement réuni à la France »[43]. C’est « le décret du 30 novembre 1847, qui prononça l’union et l’assimilation de la Sardaigne avec les États continentaux »[44] (le Piémont, la Savoie et la Ligurie), et qui fait suivre le déplacement des instances dirigeantes au palais royal de Turin. Ainsi débute, en 1848, la guerre d’indépendance voulue par le roi de Sardaigne, dans un but unificateur pour l’Italie, le risorgimento. Dans cette perspective les Sardes participent à la guerre de Crimée en 1855.
[modifier] Le royaume d’Italie
La misère grandissante en Sardaigne dû à l'effort de guerre du risorgimento, fait accueillir l’unification italienne très positivement par les Sardes, qui pensent qu’elle va améliorer la situation. Dès le début du risorgimento, ont peut entendre au sein des manifestation le soutenant : « vive la ligue italienne et les nouvelles réformes »[45]. Après le Traité de Turin (1860) initié par Camillo Cavour, et l’expédition des Mille mené par Giuseppe Garibaldi, il faut attendre 1861 pour que le royaume d’Italie soit proclamé par le roi de Sardaigne. L’île est à partir de là mise au second plan de la scène politique internationale. Alors que la situation économique de l’île a de lourdes difficultés, on voit quelques améliorations (exploitation de mines, réseau routier...) qui ont cependant des effets limités. D'ailleurs, « les différents gouvernements qui se sont succédés depuis la réalisation de l’unité italienne, ont été confrontés à des situations explosives dans le Mezzogiorno et, au fur et à mesure que progressait l’industrialisation, dans le nord[46] ». Ainsi, l'unification « laissait un grand nombre de problèmes non résolus, comme les profondes inégalités sociales et la fracture des mentalités et des économies entre le Nord et le Midi[47] ». On peut noter également que « la Sardaigne [a un] nombre de suicides insignifiants en 1864-1876, si bien qu'on peut négliger [son] rang dans cette période[48] », tandis qu'on constate une nette progression de ce taux en 1894-1914, ce qui révèle le mal être de l'avant guerre.
Au début de la première Guerre mondiale, le royaume d’Italie est neutre, ne souhaitant pas l'entrée en guerre du pays. Ce n'est que le 23 mai 1915 qu'elle s'engage dans le conflit. Dès cette date on trouve de nombreux soldats sardes au combat, dont on note le symbole incontestablement le plus marquant de cette force militaire, la brigade « Sassari ». On dénombre « 13 602 victimes Sardes de la première guerre mondiale »[49]. À la fin de la guerre, l’Italie annexe des territoires autrichiens, et les Sardes, comme le reste des italiens, sont déçus de ce peu de bénéfice qu'a engendré la victoire, et ceci en comparaison des pertes humaines. « On a pu dire avec raison des familles sardes que bien peu étaient celles où ne figurât un ou plusieurs morts au champ d'honneur »[50].
La Sardaigne est donc d'autant plus amère lorsqu'elle constate que « rien ou presque »[50] n'est fait pour son développement économique. C'est ainsi que l'idée autonomiste fait chemin, et que durant l’entre deux guerres, le parti sarde d'action est créé afin de faire valoir les intérêts autonomistes de la Sardaigne, en prenant appui sur les combattants de la brigade « Sassari », qui ont l’expérience d’autres régions italiennes.
Alors qu’au début des années 1920 Antonio Gramsci, né à Ales, est l’un des créateurs du Parti Communiste Italien, la Sardaigne vit toujours une situation économique précaire. Et ce n’est pas la période fasciste qui suit qui va améliorer les choses. En effet, de part la monté du communisme et la déception de la première guerre mondiale, Mussolini créé le partie fasciste en 1919 qui aura un fort poids politique dès les années 20. Mussolini accède au pouvoir en 1922 après la marche sur Rome, et même s'il veut alors développer la production minière sarde, et y réussit, il en résulte également une exploitation encore plus intense de son peuple.
Bien que la Sardaigne soit relativement protégée des heurts de la seconde guerre mondiale, de cette dernière « restent seulement les effrayantes blessures infligées par les bombardements alliés à Cagliari et dans d’autres villes de l’île »[51] de 1943[52], qui ont comme but de déloger de l’île les garnisons nazies. L’après-guerre va donc être, comme dans le reste de l’Europe, une période de reconstruction économique.
[modifier] La république italienne et l’autonomie sarde
Le statut spécial de la Sardaigne est concomitant à la naissance de la république en 1948. On y trouve en effet cinq régions du même type qui « ont été créées dans le but de prévenir tout séparatisme[53]. » Cette nécessité découle de la faiblesse de l'État italien d'après guerre qui doit conserver l'unité nationale. « Aussi l’Italie prend-elle en compte aussi bien la volonté d’unification centralisatrice administrative (la monarchie piémontaise d’abord, influencée par le modèle français, puis l’administration mussolinienne) que la définition d’un modèle démocratique composite, ménageant le rôle des corps intermédiaires et des minorités, avec des éléments qui se rapprochent des conceptions communautaristes actuelles »[54].
La loi constitutionnelle no 3, du 26 février 1948 permet ainsi un transfert du pouvoir national au régional, mais en s’intégrant dans l’unité de la nation: « La Sardaigne avec ses îles est constituée en région autonome [...] qui entre dans l’unité politique de la république italienne, une et indivisible »[55]. Ainsi dès 1948, la région s’organise autour de trois provinces (Cagliari, Nuoro et Sassari auxquelles vient s’ajouter plus tard celle d’Oristano) et trois organes des pouvoirs régionaux. L’exécutif est administré par la Junte régionale, le pouvoir législatif par le conseil régional, et enfin le Haut Commissaire (rapidement renommé en président de la Junte ou commission régionale) élu par le conseil pour devenir le représentant de la région sarde. Ce dernier est renommé en 2004 en président de la région.
Le droit de légiférer au sein de la république italienne est limité à des domaines qui concernent exclusivement la région (notamment l’organisation des administrations locales par exemple), ou des domaines plus vastes mais qui doivent alors respecter les « principes établis par la loi de l’État »[56] (exemple de l’assistance publique). En 2001, la loi régionale n°9 ajoute quatre nouvelles provinces à celles préexistantes. Ainsi les provinces d’Olbia-Tempio, de l’Ogliastra, de Carbonia-Iglesias, et du Medio Campidano prennent effet en mai 2005.
La loi initiale de 1948 va être revue à plusieurs reprises. En 1972[57] (le conseil régional est élu pour cinq ans au lieu de quatre), en 1983[58] (une série de changement sur les « règles pour la coordination de la finance de la région »), en 1986[59] (précise l’article 16 en donnant le nombre de conseillers régionaux), en 1989[60] (détermine la durée d’installation des conseils régionaux), 1993[61] (intégrations aux statuts spéciaux), 2001[62] (dispositions concernant l’élection directe du Président de la région).
Ainsi la région de Sardaigne essaie d’allier son identité propre en maintenant sa culture et en gardant en mémoire sa longue histoire, tout en conservant son attachement à la nation italienne, à laquelle elle se sent réellement liée. On ne peut pas dire que les Sardes souhaitent une indépendance totale, comme le souhaiteraient les Corses par exemple, cependant ils sont très attachés à leur autonomie actuelle, ce qui leur permet de maintenir leur identité propre. On peut imager cet attachement à la présence importante de la langue (ou plutôt les langues) Sarde. En effet, environ 85 % des habitants de la Sardaigne comprennent le sarde, dont 8 à 9 % qui ne parlent pas l’italien, sachant que l’île est peuplée à 81,2% de Sarde[63]. Sa relation avec le reste de l’Italie s’inscrit dans une problématique plus générale, dans la scission entre le nord et le sud. Ce dernier, plus pauvre, est parfois négligé par des régions plus riches, la ligue du Nord allant jusqu’à prôner l’indépendance de la partie septentrionale de l’Italie, afin que celle ci ne soit pas handicapée économiquement par le Sud.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Sardaigne
- Mappe sarde
- Culture nuragique
- Histoire de l’Italie
- Histoire de la Savoie
- Histoire de la Méditerranée
- Localité touristique de Sardaigne
- Participation sarde à la guerre de Crimée
[modifier] Sources et bibliographie
Certains paragraphes sont issus de la traduction d’une partie d’articles provenant de Storia della Sardegna du Wikipédia Italie. Vous pouvez consulter leurs auteurs en consultant les historiques.
- (it) Maria Luisa Cojana, Daniela Fadda, Giuseppe Murru, Roberto Pili, Almanacco scolostico della Sardegna, Ed. EdiSar, Cagliari, 1992. (ISBN 8886004117);
- (it) Francesco Cesare Casula, Sintesi de La storia di Sardegna, Ed. C. Delfino, 2002. Sassari. (ISBN 8871383249);
- (it) Pietro Martini, Storia delle invasioni degli Arabi e delle piraterie dei barbeschi in Sardegna, A. Timon, Cagliari, 1861;
- (it) Bruno Anatra, La Sardegna dall’unificazione Aragonese ai Savoia, Utet Libreria, Turin, 1987. (ISBN 887750174X);
- Fernand Hayward et Jean Imbert, Sardaigne terre de lumière, Nouvelles éditions latines, 1956, Paris. (ISBN 272331099X);
- Auguste Boullier, L’Île de Sardaigne : description, histoire, statistique, mœurs, état social, E. Dentu, Paris, 1865;
- Jean-François Mimaut, Histoire de Sardaigne, ou La Sardaigne ancienne et moderne, considérée dans ses lois, sa topographie, ses productions et ses mœurs, 1825.
[modifier] Notes et références
- ↑ Christophe de Chenay, « Maquis sarde et vallées oubliées », dans Le Monde, article du 29/09/2005, [lire en ligne];
- ↑ Conrad Malte-Brun, Précis de la géographie universelle, Paris, Bureau des publications illustrées, 1843, p. 311;
- ↑ Il est question ici de Macéride, l’Hercule des Égyptiens.
- ↑ André de Claustre, revue et corrigé par François Richer, Dictionnaire portatif de mythologie, Briasson, 1765, p. 410.
- ↑ (it) La base principale ici est la chronologie des cultures préhistorique que l’on trouve dans le livre du professeur Giovanni Lilliu, La civiltà dei Sardi, Torino, éd. Eri, 1988, 3e édition (ISBN 8886109733);
- ↑ (it) Almanacco scolostico della Sardegna, p.39.
- ↑ Diversité de l’ADN mitochondrial et histoire du peuplement des îles San Pietro et San Antioco (Sardaigne), L. Giovannoni, A. Falchi, G. Vona, L. Varesi, 2005, vol. 20, n°2-3, pp.107-121. Revue Human evolution (ISSN 0393-9375) [présentation en ligne].
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- ↑ Texte officiel de 1993. [lire en ligne] [pdf];
- ↑ Texte officiel de 2001. [lire en ligne] [pdf];
- ↑ Site du trésor de la langue française au Québec. [lire en ligne].
[modifier] Liens externes
Généraux:
- (it) Articles (de 1995 à 2000) de la revue logos (archéologie, histoire et tradition sarde) consultables sur Internet
- Tableau récapitulatif de l’histoire sarde
- Histoire de la Sardaigne, de l’âge de pierre à nos jours
Préhistoire et protohistoire:
- Histoire de la Sardaigne antique
- Des Phéniciens aux Vandales et Byzantins
- (it) La culture d’Ozieri
- (it) Archéologie sarde
- (it) La civilisation nuragique par Bruno Mulas
- (en) Préhistoire Sarde
Histoire:
- Extrait sur mythorama du Livre 10 - Voyage de la Phocide de Pausanias. Donne des informations sur l’origine du nom de l’île
- (it) Sur l’origine du nom Sardaigne
- (it) De l’occupation Aragonaise à nos jours
- Palluel-Guillard, La Savoie de 1815 à 1860- La période sarde
- L’autonomie de la Sardaigne par Mario FLORIS
- Comparaison du statut autonome Sarde et Sicilien sur senat.fr
- (it) Le site officiel de la région de Sardaigne
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