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Histoire des Roumains

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Sommaire

[modifier] Préhistoire

[modifier] Les Daces

Voir l’article Daces.
Décébal sur la colonne Trajane (Rome)
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Décébal sur la colonne Trajane (Rome)

Les Daces, pour les Roumains d'aujourd'hui, représentent la même image que les Gaulois pour les Français : ils ont occupé un même espace géographique à deux mille ans d'intervalle, ont été vaincus et soumis par le même ennemi, Rome, ont partagé les mêmes figures symboliques du chef fier qui résiste jusqu’au bout (Vercingétorix et Décébale) ; comme les Français parlent de nos ancêtres, les Gaulois, les Roumains pourraient dire nos ancêtres, les Daces...

La première mention de Gètes est faite par Hérodote en 513 av. J.-C. : au sud du Danube, une confédération tribale des Gètes a été défaite par l'empereur persan Darius le Grand pendant sa campagne contre les Scythes.

Les chroniqueurs nomment en effet cette confédération par deux noms : les Daces (sources latines) et les Gètes (sources grecques). Leur langue fait partie de la grande famille des langues indo-européennes, apparentée à la pélasgique (préhellénique), à l'albanais, au balto-slave, à l'indo-iranien, à l'arménien, au hittite, à l'illyrien, etc.

Le Ier siècle av. J.-C. est considéré comme l'âge d'or de la civilisation géto-dace. Burebista, premier roi connu de l'État dace centralisé, a accédé au trône vers 82 av. J.-C. et a régné jusqu'en 44 av. J.-C.. La capitale politique et religieuse du nouvel État, Sarmizegetusa, se trouvait dans les monts d'Orăştie, à Grădiştea de Munte.

La seconde moitié de ce siècle a vu renaître l'État dace centralisé, grâce à plusieurs rois, et son unité consolidée par Décébale (87-106 apr. J.-C.).

La colonne Trajane à Rome
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La colonne Trajane à Rome

Ce pouvoir inquiétait Rome, et son nouvel empereur Trajan (98-117 apr. J.-C.) décida d'attaquer Décébale et de le soumettre. Il ne put cependant y parvenir qu'au bout de deux guerres sanglantes, relatées sur les bas-reliefs de la Colonne Trajane. Ce monument d'art romain, qui s'élève dans le Forum de Trajan à Rome, est une chronique impressionnante des guerres daces.

Pour la première guerre dace (101-102 apr. J.-C.), Trajan engage près de la moitié de l'armée romaine. Après deux ans de dur combat, il occupe le territoire. Les Daces s'engagent à fournir des hommes à l'armée romaine et à raser leurs fortifications, mais ne s'y tiennent pas.

La deuxième guerre dace (105-106 apr. J.-C.) commença par une attaque des Romains, durant l'été de l'an 105, et se termina par le suicide de Décébale et la mise en place du contrôle de Rome sur les deux tiers du territoire actuel de la Roumanie (Dacia Felix), en laissant le nord aux Daces libres.

Cette occupation dura 165 ans, jusqu'au retrait de l'armée et des provinciaux (en latin : provinciales chez l'historien Flavius Vopiscus) au sud du Danube en 271 apr. J.-C., retrait décidé par l'empereur Aurélien et provoqué par la pression des Barbares migrants venus du Nord, les Goths.

C'est cette occupation romaine (relativement brève et peu profonde) et la mention du retrait de ces provinciaux qui provoqueront la polémique sur la question de l'origine du peuple roumain, polémique non dénuée, d'ailleurs, d'arrière-pensées nationalistes, sur ce qu'il pouvait rester dans le territoire de la Dacia Felix lorsque les provinciaux en furent partis, après 271.

[modifier] Période byzantine

Voir l’article Thraco-Romains.
L'empereur Constantin Ier
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L'empereur Constantin Ier

En 330, l'empereur de Rome Constantin Ier prend le parti d'établir une nouvelle capitale moins éloignée des régions sans cesse menacées par les Barbares, sur l'emplacement d'une ancienne colonie grecque nommée Byzance, et lui donne le nom de Nova Roma, la Nouvelle Rome, mais on l'appellera plutôt Constantinople. Au cours des siècles suivants, Constantinople et l'empire romain d'Orient chercheront à maintenir l'influence romaine dans les zones qui avaient fait partie autrefois des possessions de Rome, une influence chrétienne et orthodoxe, dépendant du patriarche de Constantinople, et non plus du pontife de Rome.

Les nouvelles incursions migratrices de tribus venues d'Asie empruntent la route naturelle entre les Carpates et le Danube vers ce riche empire romain d'orient, que les occidentaux appellent empire byzantin, mais que les orientaux continuent d'appeler empire romain. On désignera d'ailleurs toutes les populations de ces régions sous influence de l'Empire romain, d'Occident ou d'Orient, par le nom générique de Romans (Romani), et le pays qu'elles occupent, le pays des Romans (cf. E. Beau de Loménie, Naissance de la nation roumaine, p. 36), la Romania.

Certains historiens notent aussi la présence dès le VIIe siècle de populations qui parlent une langue romane, qui habitent plutôt les montagnes, pratiquent l'agriculture et l'élevage et qui sont christianisées. Malgré la rareté des sources écrites de cette époque (le Haut Moyen-Âge y est une époque très mal connue), on mentionne pour la première fois dans une chronique byzantine de 586 l'existence des Vlachs, au sujet d'une incursion contre les Avars dans les Balkans orientaux.

Les écritures de Procopius, au Ve siècle, mentionnent des forts portant des noms comme Skeptekasas (« sept maisons »), Burgulatu (« grande ville »), Loupofantana (« fontaine du loup ») et Gemellomountes (« montagnes jumelles ») au sud de Danube.

[modifier] Période hongroise

Les Hongrois (Magyar) battent les Slaves moraves, qui dominent des monts de Bohême à ceux de Transylvanie, et prennent la plus grande partie du pays où ils trouvent un vieux fonds de population hunnique et avar qu'ils s'assimilent aisément.

En Erdély (Roum.Ardeal) Transylvanie, la conquête hongroise des XIe-XIIe siècles provoque la mise en subordination des formations politiques bulgaro-valaques du Nord Marmatie et du Sud (Haţeg, Făgăraş...) de cette province. Le voïvodat de Transylvanie devient l'une des composantes du royaume de Hongrie.

La Transylvanie, (Siebenbürgen est l’autre nom de la Transylvanie (blazon). Littéralement, ça signifie « les sept chateaux » et se rapporte aux 7 cités/châteaux saxons) ravagée par les Mongols en 1241, est repeuplée. Le pays dévasté est soumis à la même féodalisation que la Hongrie. Les chefs vlachs sont intégrés dans la noblesse des Ispans. Les privilèges des Saxons et des Szeklers sont renouvelés. Les premiers peuvent élire leur comte, qui dépend directement du roi ; les seconds désignent leurs juges.


[modifier] Période valaque

La formation de la Valachie, ralentie par la pression extérieure exercée par les Tatars et les Ottomans sur les cnézats et voïvodats au Sud et à l'Est des Carpates, est mentionnée en 1247 dans le diplôme des Chevaliers de Saint-Jean ; au début du XIVe siècle, les sources historiques font état de l'existence d'une Ungrovalachie nord-danubienne et du nom du prince, grand voïvode et seigneur. Peu après, les sources citent un Basarab, nommé par la suite Basarab I le Fondateur (Basarab Intemeitorul), à la tête de la Valachie, avec un centre politique et ecclésiastique à Curtea de Argeş.

[modifier] Période moldave

La formation de la Moldavie est similaire à celle de la Valachie. Du point de vue chronologique, les événements de Moldavie ont lieu vers le milieu du XIVe siècle.

Le XIVe siècle marque la fondation de la Dobroudja (Scythia Minor) au sud du delta du Danube, par le développement des anciennes formes d'organisation qui existent dans cette province dès le Xe siècle.

[modifier] Période ottomane

Après la prise de Constantinople en 1453, l’Empire ottoman menace directement la Valachie et la Moldavie.

Au XVe siècle des batailles épiques ont lieu sous les voïvodes Étienne III le Grand (Ştefan cel Mare) en Moldavie et Vlad III l'Empaleur (Vlad Ţepeş ) en Valachie.

La Moldavie doit faire face aussi à l'expansion polonaise et malgré plusieurs victoires décisives pour le sort du Pays d'en Haut moldave, la future Bucovine, elle ne peut pas lutter longtemps sur les deux fronts.

On décide de calmer d'abord le danger ottoman par des accords et l'Empire ottoman aura ainsi la possibilité d'annexer sans combat la zone côtière de la mer Noire, habité par des schytho-boulgares (Dobroudja/Schythia minor)

Entre le XVIe siècle et le XIXe siècle, les principautés de Moldavie et de Valachie deviennent des pays vassaux, (tampon) tributaires de l'Empire ottoman, en gardant toutefois une certaine autonomie qu’ils achètent au prix d’un tribut toujours grandissant envers la Sublime Porte.

Vers 1600, le voïvode de Valachie Michel I le Brave (Mihai Viteazul) fait une incursion, avec les mercenaires croates de Baba Novac, en Transylvanie et en Moldavie, sans l'accord des Autrichiens.

L’échec du siège de Vienne par les Turcs en 1683 marque le début du reflux de l’Empire ottoman. Entre 1685 et 1690, les Habsbourg conquièrent la Hongrie et la Transylvanie qui en dépend. Dans cette région, ils obtiennent la conversion d'une partie des populations orthodoxes au rite de l'Église gréco-catholique (orthodoxes dits uniates).

En 1718, les Autrichiens conquièrent le Banat, peuplé par des Valaques, des Magyars et des Serbes, qu'ils détachent de l'Empire ottoman. Ils annexent la Bucovine en 1775, partie Nord de la Moldavie. Ils entament dans ces nouvelles régions de l'empire habsbourgeois une politique de colonisations, (Allemands de Bucovine), repeuplement systématique, (Souabes du Banat, Valaques, Slovaques) sur les terres ravagée par les turques (déportations massives)

Parallèlement, en Valachie et en Moldavie, les Ottomans, sur la défensive face aux reconquêtes autrichiennes, tentent de renforcer leur pouvoir par crainte de perdre encore du terrain. Ils nomment à la tête des principautés, des bourgeois de familles grecques de Phanar Constantinople appelés Phanariotes. La paysannerie Roumaine(serve), (Rouman=orig.turque pour Roman oriental, equivalent avec Wallach=orig germanique pour Roman oriental), sont exploitée a l'extreme, et de nombreuses jacqueries éclatent.

[modifier] Entre tsar et sultan

Dès le milieu du XVIIIe siècle, la rivalité russo-turque s'exacerbe. Transformée en véritable puissance européenne par Pierre le Grand, dont l'un des conseillers est Dimitrie Cantemir (Dimitrie Cantemir), prince de Moldavie, en exil après une guerre russo-turque, la Russie s'intéresse de plus en plus aux côtes de la mer Noire.

Après une nouvelle guerre en 1806, la Russie obtient de l'Empire ottoman, par le traité de Bucarest (1812), la Bessarabie, qui correspond à la partie de la Moldavie située entre le Dniestr et le Prut.

En Valachie, une révolte armée des populations locales a lieu en 1821, qui est durement réprimée par les Ottomans. Une nouvelle convention entre Russes et Ottomans est établie en 1826.

En 1853, la Russie envahit une nouvelle fois la Moldavie et la Valachie. Soutenu cette fois par la France et le Royaume-Uni, l'Empire ottoman entre en guerre contre la Russie, et les forces franco-britanniques prennent Sébastopol en 1855. Le traité de Paris (1856) oblige les Russes à rendre le Boudjak, les bouches du Danube, à l'Empire ottoman.

[modifier] Naissance de la Roumanie

Devant cette situation d'invasions à répétition, les hommes politiques de Valachie et de Moldavie décident de former une union politique durable, et les deux assemblées choisissent en 1859 le même candidat pour conduire leur pays, un militaire de carrière, Alexandre Jean Cuza (Alexandru Ioan Cuza). Celui-ci déclenche l'unification des deux principautés, sous le nom de "Principauté de Roumanie", et entame une timide modernisation.

Mais un prince autochtone n'a pas un soutien international suffisant pour faire entendre la voix d'un petit pays au carrefour des empires des Habsbourgs, des Russes et des Ottomans. La classe politique roumaine cherche alors un candidat lié aux grandes maisons régnantes en Europe et leur choix se tourne vers les princes allemands de la famille des Hohenzollern-Sigmaringen.

Le château de Peleş, résidence de Charles Ier à Sinaia
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Le château de Peleş, résidence de Charles Ier à Sinaia

Ainsi, Charles I de Roumanie (Carol) est proclamé en mai 1866 prince-régnant sur la principauté de Roumanie, dans laquelle un régime de monarchie constitutionnelle est installé.

La vassalité de la Roumanie à l'égard de l'Empire ottoman est dès lors considérée comme un anachronisme et, lorsque la Russie entre à nouveau en guerre contre les Ottomans, à la suite de massacres en Bulgarie, la Roumanie se range aux côtés des Russes. La campagne militaire est victorieuse et l'indépendance du pays est enfin reconnue au Congrès de Berlin en 1878. En outre, la Roumanie reprend ses droits sur le Boudjak. Carol est couronné roi du nouveau royaume de Roumanie en mai 1881.

[modifier] Le royaume de Roumanie de 1881 à 1914

Une longue période de paix et de modernisation s'ensuit et la Roumanie ne participe qu'à la seconde guerre balkanique, en 1913, où elle se retrouve en position de force dans les Balkans : elle obtient l'unification de la Dobroudja entière sous son égide, la partie Sud appelée aussi Quadrilatère ((ro) Cadrilater) étant récupérée sur la Bulgarie.

En Transylvanie, les populations de langue roumaine luttent pour la reconnaissance de leur existence ethnique dans l'empire habsbourgeois, puis dans l'État hongrois après 1867. L'unification de la Valachie et de la Moldavie voisines est un encouragement fort pour certains qui, à partir des années 1860 et jusqu'en 1914, rêvent de l'union future de la Transylvanie à la Roumanie.

[modifier] La Première Guerre mondiale

Négociations de paix à Bucarest, 1918
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Négociations de paix à Bucarest, 1918

En 1914, les Roumains choisissent la neutralité, mais à la mort du roi Carol, son successeur, Ferdinand I de Roumanie (Ferdinand) se joint aux Alliés, qui lui promettent la Transylvanie comme prix de son ralliement.

Le 27 août 1916, les troupes roumaines pénètrent en Transylvanie et parviennent, brièvement, à prendre une partie du territoire austro-hongrois. Mais, dès le 15 septembre, avec l'envoi sur le front de troupes allemandes entraînées et bien armées, avec les erreurs commises par l'armée roumaine en Dobroudja (désastre de Turtucaïa) et la multiplicité des fronts, l'armée roumaine doit se retirer, évacuer même Bucarest (décembre 1916) avant de réussir à stabiliser le front en Moldavie (ligne du Şiret) au début de 1917. En 1917, les tranchées roumaines résistent aux assauts austro-allemands. L'abandon du front de l'Est par les troupes russes après la Révolution d'octobre 1917 oblige la Roumanie à signer un accord de paix, le traité de Bucarest (1918), et à accepter l'occupation d'une partie du pays par les Empires centraux.

À la suite de la victoire des Alliés en 1918, la Bucovine, la Transylvanie et la Bessarabie sont rattachées à la Grande Roumanie, dont la population passe subitement de 8 millions à 18 millions d'habitants (traité de Saint-Germain-en-Laye (1919). Le contentieux avec la Hongrie s’aggrave avec la brève occupation de Budapest par l'armée roumaine le 6 août 1919, faisant suite à l'installation d'un gouvernement bolchévique hongrois. Le traité de Trianon (1920) attribuera finalement la Transylvanie et la moitié orientale du Banat à la Roumanie, ainsi que divers territoires de la Hongrie orientale. Cette question des frontières, évidemment considérée par la Hongrie comme un résultat injuste, mine pour longtemps les relations entre la Roumanie et la Hongrie.

[modifier] La période de l'entre-deux-guerres

Grâce notamment à sa production de pétrole et à son début d'industrialisation, la Roumanie connaît une croissance économique très importante (en 1938, le PIB était d'environ 100 dollars/habitant, au-dessus de celui du Portugal ou de la Grèce et à comparer avec celui de la France, soit 270 dollars/habitant), une certaine stabilité politique (vie politique parlementaire et associative dans le cadre de la monarchie constitutionnelle dominée par le parti libéral et celui conservateur ), une reconnaissance internationale (le roumain Nicolae Titulescu devient président de la Société des Nations, équivalent du secrétaire général de l'ONU aujourd'hui), un développement culturel de renommée européenne (Constantin Brâncuşi, Eugène Ionesco, Mircea Eliade, Emil Cioran).

La réforme agraire permet à 1,4 million de familles paysannes de recevoir quelque 6 millions d'hectares de terres agricoles et provoque la disparition de la classe des grands propriétaires terriens.

L'enseignement dès sept ans devient gratuit et obligatoire en 1924.

Les minorités magyare, allemande, juive, ukrainienne, etc., 28% de la population totale, ont, théoriquement, les mêmes droits que la majorité roumaine, inscrits dans la Constitution de 1923 et la Loi électorale de 1926. Cependant, les tensions sont nombreuses et les plaintes auprès de la Société des Nations se multiplient à la fin des années 1920.

Le nationalisme anti-sémite, sous l'impulsion de Corneliu Zelea Codreanu et de son Mouvement légionnaire qui deviendra la Garde de Fer, éclate avec la révolte étudiante de l'automne 1922, et sera en progression inquiétante dans les années 1930.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

Durant l'été 1940, suite à des accords secrets annexés au Pacte germano-soviétique, l’URSS envahit la Bessarabie et la Bucovine du Nord. Cela radicalise une partie de la population et de la classe politique.

Les anciennes alliances de la Roumanie avec la France et avec certains de ses voisins ne peuvent plus fonctionner et le pays se trouve seul devant l'URSS, Staline ayant la ferme intention de pénétrer dans les Balkans par la Roumanie ou au moins de la partager avec l'Allemagne nazie selon le modèle polonais.

En outre, les forces de l'Axe Italie-Allemagne imposent à la fin de l'été 1940 des "arbitrages" qui obligent la Roumanie à rendre la Transylvanie du Nord à la Hongrie (30 août 1940, « Deuxième Arbitrage de Vienne ») et la Dobroudja du Sud (Cadrilater) à la Bulgarie (7 septembre 1940, Traité de Craiova).

En septembre, des membres de la Garde de Fer portent au pouvoir le maréchal Ion Antonescu. Le roi Carol abdique au profit de son fils, Michel I de Roumanie (Mihai), qui ne conserve qu'un rôle purement honorifique. Antonescu met en place un régime nationaliste d'extrême droite nommé l'« État national légionnaire » et la Roumanie rejoint l'Axe Rome-Berlin en novembre 1940. En 1941, la Garde de fer tente de renverser Antonescu. Antonescu avait fait adhérer la Roumanie aux pactes tripartite et antikomintern. Il instituera une politique de pogroms contre les Juifs et les Tziganes et entraînera l'État roumain dans la lutte contre les ennemis du Reich.

Pendant la Campagne de Russie (1942), c'est aux côtés des Allemands, contre l'URSS, que les armées roumaines se battent en Ukraine et jusqu’à Stalingrad. Ainsi, on espère récupérer les territoires occupés par les Soviétiques et s'assurer un espace-tampon de sécurité pour l'avenir, face à l'immense empire soviétique.

Le sentiment anti-bolchévique est très fort dans la population, toutefois l'extrême droite ne gagne pas de terrain, le fascisme reste une idéologie étrangère aux paysans et aux ouvriers roumains. La fascination pour les idées fascistes se manifeste parmi l'élite intellectuelle du pays, à l'instar de certains pays occidentaux.

De fait, la Roumanie devient une cible pour les bombardiers américains de la 15th USAAF, notamment la raffinerie de pétrole de Ploesti, et souffre de grandes pertes en vies humaines sur le tristement célébre front de l'Est. Devant le cours pris par la guerre, plusieurs chefs de parti tentent de négocier en Suède avec les Alliés un changement d'alliance, mais ces derniers ne peuvent ou ne veulent pas donner des garanties pour la sécurité de la Roumanie. En fait, les jeux étaient déjà faits entre Staline, Churchill et Roosevelt, par les accords de Yalta.

En août 1944, le roi et les chefs des partis historiques décident l'arrestation du maréchal Ion Antonescu, la sortie de l'Axe et la lutte armée aux côtés des Alliés. A partir du 23 août, l'armée roumaine attaque et désarme partout dans le pays les troupes allemandes et favorise l'entrée rapide des soviétiques. Selon les estimations des historiens occidentaux, l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés des Alliés a permis d'éviter la mort de centaines de milliers de soldats russes et a accéléré la fin de la Seconde Guerre mondiale de six mois.

L’armistice signé en septembre 1944 donne en pratique tous pouvoirs aux autorités soviétiques. En novembre 1946, des élections, souhaitées par le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique, donnent, dans un climat d’intimidation générale et de fraudes massives, 71% des voix aux communistes.

Le 30 décembre 1947, le roi Michel se voit contraint d’abdiquer et de quitter le pays.

Par le traité du 10 février 1947, les Russes gardent le contrôle de la Bessarabie, de la Bucovine du Nord et du Sud de la Dobroudja, qu'ils partagent entre les républiques soviétiques d'Ukraine, de Moldavie et de la nouvelle Bulgarie. La Transylvanie septentrionale, territoire occupé par la Hongrie fasciste, est récupérée, suite à la défaite de ce pays resté allié de l'Allemagne nazie.

Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale, la Roumanie se voit diminuée de près de 60.000 km² (deux fois la Belgique) et de 3 millions d'habitants.

[modifier] La République populaire

La République populaire est proclamée le jour même du départ du roi. Fait remarquable, il s'organise une résistance armée anti-communiste qui va durer dans les montagnes jusqu'à la fin des années cinquante.

Sous l’égide du chef du Parti communiste, Gheorghe Gheorghiu-Dej, les années cinquante sont celles de la collectivisation à outrance et de l’industrialisation à marche forcée. Une grande partie de la bourgeoisie roumaine se trouvera contrainte à l'exil et le reste sera massacré. Les communistes étant presque inexistants, le pays fut, au début, gouverné par des conseillers soviétiques.

En 1955, la Roumanie adhère au Pacte de Varsovie et en 1958, après des négociations sans précédent dans un pays satellite de l'URSS, les troupes russes se retirent du pays. Tout de même, sans oublier de piller autant que possible les ressources, sous prétexte de fraternité communiste.

Nicolae Ceauşescu prend la tête du PC en 1965, en remplacement de Gheorghiu-Dej, décédé. La dictature des Ceauşescu a duré trente ans et a sûrement été une des dictatures communistes parmi les plus longues, autoritaires et dures de l'Europe de l'Est, dirigée d'une main de fer par un dictateur considéré par certains comme un « fou » mégalomane et sanguinaire.

Ses lubies, notamment le remboursement total de la dette externe (cela a profité aux finances publiques, mais a obligé le pays à des exportations forcées et à l'installation d'une pénurie de produits de base sur le marché intérieur) et le vaste plan de destruction de l'habitat ancien et de reconstruction de la capitale dans un style architectural qualifié par beaucoup de « mégalo-soviétique » (le fameux "Palais du Peuple", aujourd'hui siège du Parlement roumain, est le deuxième plus grand bâtiment au monde après le Pentagone aux États-Unis), rendirent le pays complètement exsangue.

La politique dite « de systématisation » qui consista à uniformiser le territoire et à créer l’« homme socialiste nouveau » acheva de révolter l’ensemble de la population, à partir surtout des années 1980. Des centaines d'anciens villages agricoles roumains, âmes profondes du pays, sont détruits et la population est relogée dans des immeubles collectifs à la campagne.

Ceauşescu se rendra néanmoins populaire aux yeux des démocraties libérales occidentales en refusant en 1968 d'appuyer l'entrée dans Prague des troupes du Pacte de Varsovie.

Voir l’article Révolution roumaine de 1989.

Le soulèvement éclata en décembre 1989 à Timişoara. Les manifestants s’opposaient à la mutation arbitraire d’un pasteur protestant d’origine magyare. Le 17 décembre, la police tira sur la foule ; le 21, Ceauşescu était conspué pour la première fois lors d’un discours à l’occasion d’un meeting à Bucarest.

Alors que la révolution avait commencé dans plusieurs villes, lors d'un discours à la télévision, le mot « camarade » (tovarăş en roumain) est remplacé par « frère » (frate en roumain), peu de temps avant que de nombreuses autres villes démarrent leurs mouvements de protestation. Le 22 décembre, Ceauşescu décrète l’état de siège, mais l’armée refuse de le défendre et la troupe fraternise avec la population. Prenant la fuite, il est arrêté peu après avec son épouse et fusillé le 25 décembre après un procès sommaire.

[modifier] La transition démocratique

À côté de la réapparition des anciens partis roumains (PNL libéral, PNTCD conservateur) interdits par l'ancien pouvoir, un Front de salut national voit le jour, fondé par Ion Iliescu, qui est élu président en mai 1990 avec 85% des voix.

Paradoxalement, la révolution la plus spectaculaire accoucha d’un régime traité par ses adversaires politiques de « néo-communiste ». Il faut bien préciser qu'à l'époque communiste, le PC roumain comptait près de 4 millions de membres et après la chute du régime de Ceauşescu, l'essentiel de la classe politique demeura issue des rangs de ce parti et de l'ancienne haute administration, dont les fonctionnaires bénéficiaient des faveurs du régime. Même les dirigeants du parti libéral étaient d'anciens membres de la nomenklatura.

Une tentative violente de l'opposition de renverser par la force le régime est réprimée brutalement par des milliers de mineurs venus à Bucarest soutenir le président. Les images de la « minériade », les provocations dans l'ouest du pays des leaders séparatistes magyars, la guerre civile dans la RSS de Moldavie voisine, l'éclatement de la Yougoslavie, la dégradation des conditions de vie, inquiètent profondément une population déjà éprouvée par les années de dictature. Ion Iliescu, avec sa grande expérience de gouvernement, a su utiliser cette situation et a été réélu en 1992 .

Mais la lutte politique gagne en intensité, provoquant une scission à l'intérieur du FSN, qui profite au jeune Premier ministre Petre Roman. Suite logique, en novembre 1996, le peuple roumain choisit l’alternance et permet l'arrivée au pouvoir d'Emil Constantinescu, professeur d'université, candidat d'une large et hétéroclite coalition anti-Iliescu.

La transition difficile vers l’économie de marché, l'incapacité du nouveau président à imposer son leadership sur la coalition au pouvoir, la corruption rampante et une lutte sans merci à l'intérieur même du gouvernement, provoquent la colère et le désespoir des couches populaires, directement touchées par la pauvreté. Une nouvelle « minériade » échoue en 1999. Toutefois, aux élections de novembre 2000, Ion Iliescu et son parti social-démocrate(PSD) gagnent.

Le PSD profite des réformes commencées par les partis de droite et change son orientation idéologique pour devenir un parti de gauche à l'image des travaillistes britanniques ; il devient également membre de droit du Parti des socialistes européens.

Ainsi, entre 2000 et 2004, on applique une politique économique libérale (privatisations massives, indépendance de la Banque centrale, rapprochement fort de l'OTAN et de l'Union européenne), avec une composante sociale clairement insuffisante.

Le gouvernement social-démocrate obtient des résultats incontestables (croissance économique moyenne de 5% par an, réduction de l'inflation, réduction du déficit budgétaire, premier accord avec le FMI, négociations réussies en vue de l'adhésion à l'UE, adhésion à l'OTAN), mais son image reste plombée par des "affaires" de corruption à un haut niveau.

Aux élections de novembre 2004, la majorité relative gagnée par le PSD n'est pas suffisante pour former un gouvernement et c'est une coalition de quatre partis de centre droit qui prend le pouvoir.

Le nouveau président de la Roumanie est Traian Băsescu, un ancien capitaine de la marine marchande, chef du Parti démocrate (PD) issu du FSN, et allié du Parti national libéral.

La coalition au pouvoir s'efforce d'achever les réformes nécessaires (instauration d'un taux d'imposition très bas, à 16%, aide à la concentration des terres agricoles, réforme d'un appareil de justice peu efficace, lutte contre la « grande » corruption, modernisation de la sécurité sociale) mais elle se heurte à des contradictions politiques internes et à une forte résistance de la part des vieux apparatchiks.

La signature en avril 2005 du traité d'adhésion à l'Union européenne est considérée comme un très bon signe pour l'achèvement heureux de la transition démocratique vers un État de droit, une économie de marché intégrée à celle de l'UE, une société de liberté et prospérité.

[modifier] Voir aussi

Wikimedia Commons propose des documents multimédia sur l'histoire de la Roumanie.


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