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Campagne de France (1814) - Wikipédia

Campagne de France (1814)

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La campagne de France est une partie précise de la guerre liée à la Sixième coalition, partie qui s'est déroulée de janvier à avril 1814 en France. Napoléon Ier y affronte les troupes coalisées de la Russie, de la Prusse, du Royaume-Uni, de la Suède, de l'Autriche et de plusieurs états allemands, anciens alliés de Napoléon, notamment les royaumes de Bavière et de Wutemberg pour ne citer que les plus puissants.

Sommaire

[modifier] Description

Sixième coalition
Smolensk — Moskowa — Winkowo — Maloyaroslavets — Krasnoi — Bérézina — Lützen — Gross Beeren — Dresde — Leipzig — Champaubert — Montmirail — Vauchamps — Paris

Pour beaucoup d'historiens et de spécialistes en tous genres de Napoléon, cette campagne représente la plus parfaite expression de son génie militaire, "un triomphe de l'intelligence sur le nombre" (maréchal Juin) même si elle se solde par la défaite de l'Empire, débordé par le nombre des soldats ennemis, divisés en trois armées : Bohème (Schwarzenberg), Silésie (Blucher) et Nord (Bernadotte).

[modifier] Résumé

Avec une armée diminuée, inexpérimentée (les jeunes conscrits de 1814, les «Marie-Louise», malgré leur courage, ne sont pas à la hauteur de leurs aînés), et largement dépassé en nombre, il parvient quand même à infliger plusieurs revers à ses ennemis, dont les plus célèbres demeurent les batailles de Champaubert, Montmirail, Mormant et Montereau. Mais les pertes initiales, en Russie et en Allemagne, sont cependant trop importantes pour être compensées lors de ce dernier acte, d'autant que de nombreuses troupes sont restées en garnison dans les places fortes d'Allemagne, comme à Hambourg (gouvernée par le maréchal Davout). La trahison de Marmont, entrainée par la défection de son aide de camps Souham et la reddition de Paris obligent Napoléon à abdiquer à Fontainebleau le 6 avril.

Les Alliés occupent Paris le 31 mars 1814. Soult, le 10 avril, livre à Toulouse la dernière bataille de la campagne de France.

[modifier] Corps législatif

L’Empereur, parti de Mayence le 7 novembre 1813, arrive à Saint-Cloud ; dès ce moment il avise aux moyens de soustraire la patrie aux dangers qui la menacent : par un décret impérial daté du 11, le prix du sel est augmenté de 20 centimes par kilogrammes, et 30 centimes sont ajoutés aux contributions des portes et fenêtres.

Le 14 il se rend au Sénat et leur parle. [1]

Le 15, un sénatus-consulte mit à la disposition du gouvernement 300.000 conscrits des années 1803 et suivantes, jusqu’à 1814 inclusivement. Le même jour un autre sénatus-consulte arrête que le Sénat et le conseil d'État assisteront à l’ouverture du Corps législatif, laquelle eut lieu le 19. L’Empereur y parla. [2]

Les communications qu’on avait promises furent faites à la commission du Sénat par le duc de Vicence, et à la commission du Corps législatif par le conseiller d’État d'Hauterive. Cette commission était présidée par le duc de Massa. L’Empereur ne voulut jamais consentir à ce que le rapport de M. de Saint-Aignan fut mis sous les yeux des deux commissions, il ne permit que les communications des bases.

Le 30 décembre, la commission du Sénat fit son rapport à l’Empereur. [3]

Le Corps législatif, destiné plus particulièrement à défendre les libertés publiques, saisit cette occasion pour se venger de la nullité dans laquelle il s’était tenu pendant dix ans. [4]

Par suite de ce rapport une adresse fut votée et l’impression ordonnée à la majorité de 223 voix contre 31. Le 30 décembre, l’impression est arrêtée, et les portes de la salle des séances sont fermées par ordre de l’autorité supérieure. L’Empereur témoigne à son conseil d’État la douloureuse impression qu’il a ressentie à la lecture du rapport de la commission du Corps législatif, qu’il regarde comme injurieuse à sa personne et attentatoire à son autorité ; il le signale comme une œuvre séditieuse, un brandon de discorde, une motion sortie du club des jacobins. [5]

Le 1er janvier 1814, les divers corps constitués se rendirent aux Tuileries pour offrir, suivant la coutume, leurs hommages de l’an au chef de l’État. Quand vient le tour du Corps législatif, l’Empereur, dont les traits sont altérés, le regard farouche, l’apostrophe. [6]

[modifier] Campagne de France

[modifier] Situation

Cependant les Autrichiens, au nombre de 120.000 hommes, avaient pénétré en France par la Suisse, dont ils avaient violé ou acheté la neutralité ; les Russes et les Prussiens avaient passé le Rhin ; une armée formidable, commandée par Bernadotte et composée de Suédois, Russes, Prussiens, Anglais, tous ennemis de la France, est destinée à envahir l’Empire par la Belgique. Au 25 janvier , le fort Louis, Montbéliard, Haguenau, le Fort L'Écluse, Saint-Claude, Trêves, Vesoul, Épinal, Bourg-en-Bresse, Cologne, Nancy, Dijon, Toul, Chalon-sur-Saône, Bar-sur-Aube sont au pouvoir des coalisés.

Le 6 janvier 1814, une convention provisoire a été conclue entre Murat, roi de Naples et l’Angleterre : elle établit un armistice dont l’expiration sera ratifiée trois mois à l’avance. Le 11, Murat conclut un traité d’alliance avec l’Autriche, par lequel il s’engage à fournir 30.000 hommes à la coalition, moyennant quoi ses États en Italie lui sont garantis ainsi qu’à ses héritiers.

La défection de Murat paralysait l’action de l’armée d’Italie aux ordres du prince Eugène de Beauharnais, qui par là se trouvait placé entre deux feux.

[modifier] Les forces en présence

  • État approximatif des forces que les coalisés menèrent contre la France en 1813-1814.[7]
  • État des troupes françaises à la fin de 1813.[8]

Afin d’en imposer à ses ennemis et de leur faire prendre le change, Napoléon divise fastueusement son armée en huit corps, commandés par autant de maréchaux ; mais ces corps sont des squelettes, attendu qu’on n’a pas pu faire des levées dans les parties de l’Empire qui sont déjà au pouvoir de l’ennemi. Les maréchaux ont perdu sur leurs soldats l’ascendant de leur renommée ; les renforts qu’on promet chaque jour n’existent nulle part ; les troupes mal vêtues, mal vues des habitants, que leur séjour fatigue et désole ; privées de distributions régulières, les troupes se laissent aller de jour en jour au découragement.

Après avoir conféré solennellement la régence à l’Impératrice, et confié le roi de Rome et sa mère à la fidélité de la garde nationale, Napoléon part de Paris le 25, et il porte, le 26, son quartier général à Châlons-sur-Marne. L’aile droite de son armée, maréchal Mortier, est dans les environs de Troyes ; le centre, maréchaux Marmont et Victor, autour de Vitry ; l’aile gauche, maréchal Macdonald, auprès de Mézières. La réserve, formée de la Garde, sous le commandement de Ney et Oudinot, se poste à Châlons et Vitry. L’effectif de ces divers corps est évalué à 70.000 hommes.

Les avant-postes français sont à Vitry. Blücher est à Saint-Dizier. Napoléon le chasse de cette ville et s’y établit. L’Empereur veut encore empêcher la jonction de Blücher avec Schwartzenberg en lui coupant la route de Troyes, et pour tromper son ennemi, il se dirige sur Brienne par des chemins réputés impraticables. La ville et le château de Brienne étaient occupés par les corps russes de Sacken et d’Alsufiew, avec lesquels se trouvait Blücher. L’attaque fut des plus vives et des plus acharnées. Blücher faillit être pris avec son état-major ; il échappa parce qu’il ne fut pas reconnu. Napoléon n’abandonna l’attaque qu’à dix heures du soir. La perte fut égale des deux côtés (3.000 tués ou blessés).

Pendant la nuit l’ennemi se retira paisiblement sur Bar-sur-Aube, et le 30, Napoléon entre à Brienne. Là il apprend que Blücher et Schwartzenberg ont opéré leur jonction, et qu’ils l’attendent avec 100.000 hommes dans les plaines de l’Aube. Quoique plus faible de moitié, il accepte le combat. Un acharnement égal à celui de la veille anime les deux armées. Napoléon est au centre, au village de La Rothière. L’engagement (1er février) commence à une heure après midi et ne cesse qu’à minuit. Alors Napoléon ordonne la retraite sur Troyes et trompe ainsi Blücher qui espérait l’écraser le lendemain.

Voir l’article Bataille de La Rothière.

L’affaire de La Rothière eut de bien funestes résultats pour la cause de Napoléon : elle apprit aux alliés qu’on pouvait se mesurer avec lui au milieu de ses États. Elle affecta singulièrement le moral de l’armée française, et c’est de ce jour que commença la désertion pour aller toujours croissant. Les Français laissèrent à La Rothière 54 bouches à feu, environ 6.000 hommes dont 2.500 prisonniers. La bataille de La Rothière eut pour les français les conséquences d’une défaite.

Cependant un nouveau congrès s’ouvre à Châtillon (Côte-d’Or), le 5 février, entre les quatre grandes puissances alliées et la France. Il est composé du comte Stadion, baron Humbolt, comte Rasumwsky, pour l’Autriche, la Prusse et la Russie. L’Angleterre y est représentée par les lords Aberdeen, Callicart, le général Charles Stewart ; le ministre Castlereagh est présent. Le duc de Vicence, ministre des relations étrangères, y soutient les intérêts de la France. L'affaire de La Rothière est traitée sur les bases qu’on a posées à Francfort.

Le 5, Châlons-sur-Marne est occupé par les Prussiens de l’armée de Silésie, conformément au plan que les alliés ont arrêté depuis la bataille de La Rothière. Cette armée doit marcher sur Paris en côtoyant la Marne, tandis que la grande armée s’y rendra par l’une et l’autre rive de la Seine. Le 7, Troyes, évacuée par l’Empereur, est occupée par l’ennemi. C’est dans cette ville que se manifestent, mais en petit nombre, des symptômes de royalisme. L’Empereur, qui s’était mis à la poursuite de Blücher, arrive à Nogent. C’est là qu’il apprit la marche rapide de ce général sur la route de Châlons. Le maréchal Macdonald, chassé de la Belgique avait évacué cette dernière ville le 5, et il se retirait sur la Ferté-sous-Jouarre et sur Meaux. Pendant ces péripéties, Napoléon reçoit l’ultimatum des coalisés, par lequel il apprend que les bases de Francfort sont refusées, et que son Empire doit se borner dorénavant aux anciennes limites de la France. Le prince de Neufchâtel et le duc de Bassano, qui se trouvaient auprès de l’Empereur, lui conseillent de se soumettre à ces conditions [9]

[modifier] Champaubert, Montmirail, Vauchamps

Statue équestre de Napoléon Ier
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Statue équestre de Napoléon Ier

Le 10 février, un corps russe de 6.000 hommes , qui stationnait isolément vers Sézanne pour servir de communication aux deux armées alliées en marche sur Paris, est surpris par Napoléon ; 1.500 Russes à peine parviennent à s’échapper ; le reste est pris ou tué. Tels furent les résultats de la journée de la bataille de Champaubert.

Voir l’article Bataille de Champaubert.

Le lendemain, l’Empereur atteint le général russe Sacken à Montmirail, au moment où il s’efforça d’opérer sa jonction avec le général prussien Yorck : 900 prisonniers, 25 canons, presque tous les bagages, 3.000 morts ou blessés accusent la perte de ces deux généraux. Celle des Français est évaluée à 2.000 hommes.

Voir l’article Bataille de Montmirail.

Le 12 et le 13 eurent lieu deux autres actions très avantageuses pour nos armées, aux environs et sous les murs de Château-Thierry, après lesquelles l’Empereur jeta Sacken et York sur la droite de la Marne. Le 13, Blücher reprend l’offensive à Vauchamps, pour venger les affronts essuyés par ses lieutenants ; mais l’Empereur, victorieux, fait volte-face et va lui présenter la bataille. Les lignes prussiennes, chargées impétueusement par les généraux Grouchy, Doumerc, Bordesoulle, sont mises en pleine déroute, laissant 18 canons, 3.000 prisonniers ; 7.000 Prussiens ou Russes sont mis hors de combat. Les Français ont à peine 600 hommes à regretter.

Voir l’article Bataille de Vauchamps.

Pendant ces cinq jours de combat glorieux, on estime que Napoléon fit éprouver aux alliés une perte d’au moins 25.000 hommes, tant tués que blessés, ou faits prisonniers. Il retrouva dans ces périlleuses circonstances toute l’activité, tout le bonheur qui signalèrent ses premiers faits d’armes en Italie. Cependant tant de succès inattendus n’amenèrent aucun résultat avantageux et définitif. Les pertes des alliés sont insignifiantes, eu égard à l’immensité des ressources de toute espèce dont ils peuvent disposer, et aux nombreux renforts qui leur arrivent sans cesse pour grossir leurs rangs ou en remplir les vides, tandis qu’il est presque impossible aux armées françaises de se recruter, l’ennemi occupant une bonne partie du pays, et déjà la plupart des divisions de ces armées que l’on qualifie encore du nom pompeux de corps, ne sont plus que de faibles débris.

Cependant, le 17, les Austro-Russes, sous les ordres de Schwartzenberg, en marche sur Paris, sont atteints et mis en déroute près de Mormant, par l’Empereur, qui, parti le 15 de Montmirail, est arrivé la veille à Guignes, près de Meaux, ayant fait avec sa garde 28 lieues en deux jours. Dans cette affaire l’ennemi perdit 12 canons et 10.000 hommes, tant tués que blessés.

Le général autrichien fait demander armistice. Cette démarche et le succès qu’il vient d’obtenir raniment les espérances de Napoléon ; il écrit directement à son beau-père qu’il veut un prompt accommodement basé sur des conditions moins humiliantes que celles qu’on lui a faites à Châtillon ; en même temps, il mande à son plénipotentiaire Caulincourt [10]

Le 18, a lieu le combat de Montereau, dans lequel le prince royal de Wurtemberg, impétueusement attaqué par les généraux Gérard et Pajol, perd 7.000 hommes ; près de 3.000 Français sont mis hors de combat. C’est pendant cette affaire que Napoléon dit à ses soldats étonnés de le voir s’exposer au feu de l’ennemi : Ne craignez rien, mes amis, le boulet qui me tuera n’est pas encore fondu.

Le 19, l’armée reçoit l’ordre de chasser les alliés de Troyes, la poursuite continue les jours suivants ; 100.000 étrangers fuient devant 40.000 braves de Napoléon, qui le 23 se trouve à Chartres ; c’est là qu’il reçut une réponse à la lettre qu’il avait écrite à l’empereur François, après l’affaire de Nangis, dans laquelle l’Autriche ne vit qu’un prétexte pour gagner du temps et non l’expression d’un désir sincère de faire la paix.

Le 24, Napoléon reprend Troyes, le 27 et le 28, les maréchaux Oudinot et Macdonald, cédant à des forces supérieures, sont obligés de se replier de l’Aube sur la Seine.

Le 1er mars, un traité d’alliance est conclu à Chaumont, entre la Russie, l’Autriche et la Prusse, par lequel chacune des puissances continentales s’engage de tenir en campagne une armée active de 150.000 hommes ; aucune négociation séparée n’aura lieu avec l’ennemi commun. L’Angleterre fournira annuellement un subside de 120 millions de francs. Le présent traité sera en vigueur pendant vingt ans. Les dernières bases de Châtillon sont conservées.

L’Empereur apprend le 5, à Fisme, ce nouveau pacte qui, pour lui et pour la France est un véritable arrêt de mort [11]


Le 6, l’Empereur qui est en marche sur Laon, trouve une armée russe en position sur les hauteurs de Craonne (trois lieues de Laon). L’attaque est remise au lendemain. L’armée française comptent 30.000 hommes, celle dé l’ennemi est de 100.000. L’action, pendant laquelle les Français ont toujours attaqué, se soutient avec opiniâtreté pendant toute la journée ; enfin l’ennemi cède sans laisser un seul prisonnier. Cette journée ne fut que sanglante, Napoléon lui-même en fut, dit-on, fatigué.

Le 9 et le 10, l’Empereur essaie en vain de s’emparer de Laon, place servant d’entrepôt aux armées alliées. Marmont, arrivant d’un autre côté, se laisse surprendre, perd 2.500 prisonniers et quarante canons. Ce grand échec a de grandes conséquences. Le 11, l’Empereur se retire sur Soissons. Le 13 et le 14, il reprend Reims en personne.

La perte de l’ennemi est de dix canons, cent chariots de munitions, et 4.000 hommes pris, tués ou blessés.

Cependant les négociations de Châtillon continuent : le duc de Vicence, pressé de donner une explication définitive, remet un contre-projet dans lequel l’Empereur consent à restreindre sa domination dans l’étendue de l’ancienne France avec la Savoie, Nice et l’île d’Elbe, et à condition que la couronne du royaume d'Italie, dont l’Adige formera la frontière du côté de l’Autriche, sera donnée au prince Eugène, et aussi avec la réserve que les principautés de Lucques, de Neufchâtel, le grand duché de Berg retourneront aux titulaires qui en étaient précédemment investis.

Ce contre-projet est rejeté, par la raison que la France possédant une force territoriale infiniment plus grande que ne le comporte l’équilibre de l’Europe, les cessions qu’elle ferait ne seraient qu’apparentes. [12]. Là finit le congrès de Châtillon, dont les fluctuations eurent constamment pour cause les succès ou les revers des armées belligérantes des deux partis.

Le 20, Napoléon est à Arcis, qu’il veut traverser pour se diriger sur Bar-sur-Aube ; mais il apprend que l’ennemi est sur la route de Troyes, il s’y porte avec 30.000 hommes ; l’affaire s’engage avec toute l’armée de Schwartzenberg, forte de 100.000 combattants. Dans cette journée et celle qui suivit, l’Empereur se comporta comme le premier soldat de la France ; souvent il est obligé de se servir de son épée pour se dégager des masses qui l’entourent. L’ennemi fait le feu d’artillerie le plus vif, un obus vient en roulant s’arrêter à côté d’un des carrés de la garde, dans lequel il occasionne un mouvement. L’Empereur qui s’en aperçoit pousse son cheval vers le projectile, et paraît s’étonner que des soldats tant de fois éprouvés fassent attention à pareille chose. L’obus éclate, un nuage de fumée le dérobe à ses troupes ; mais ni lui, ni son cheval, ni personne n’est atteint.

Le combat continue toute la nuit, un seul pont reste à Napoléon pour échapper, lui et son armée, à la supériorité numériquement prépondérante de l’ennemi, il ordonne d’en jeter un second. Le 21, au matin ; Arcis est évacué, et la retraite s’opère avec le plus grand ordre sur Vitry-le-François. Le 23, le quartier général de l’Empereur est à Saint-Dizier ; le même jour s’opère dans les plaines de Châlons la réunion des armées de Blücher et de Schwartzenberg.

Le 25, les maréchaux Mortier et Marmont, dans la croyance naturelle que Napoléon se replierait sur eux devant Schwartzenberg, étaient accourus au-devant de lui, sur la route de Fère-Champenoise. Attaqués séparément par des masses énormes de cavalerie, ils sont rejetés sur la route de Paris par Sézanne et Coulommiers. Après avoir essuyé une perte de 9.000 hommes, dont 5.000 tués ou blessés, et de soixante bouches à feu, dans cette affaire que les étrangers appellent la victoire champenoise, les soldats français eurent à combattre, outre une immense cavalerie, un ouragan qui le frappait de front, et une pluie abondante qui rendit sans effet les ressources de la mousqueterie.

[modifier] Bataille de Paris

L’armée de Silésie et la grande armée des alliés, ayant surmonté tous les obstacles, se mettent, sur trois colonnes, en pleine marche sur Paris, par la rive droite de la Marne, qu’elles passent à Trilport, Meaux et Lagny. L’Empereur de Russie et le roi de Prusse portent leur quartier général à Bondy. Napoléon a le sien à Troyes, d’où, par les routes détournées qu’il est obligé de prendre, il a cinquante lieues à faire pour arriver sous les murs de la capitale ; il fait ses dispositions pour que son armée y soit rendue le 2 avril.

Voir l’article Bataille de Paris.
L'entrée des troupes russes à Paris
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L'entrée des troupes russes à Paris

Le 30 mars, à dix heures du soir, il n’est, de sa personne, qu’à cinq lieues de cette ville ; en peu de temps, il pourrait se trouver à la tête de ceux qui la défendent ; il est trop tard : Paris a capitulé à cinq heures et demie. C’est à pied, sur la route et au relais de Fromenteau, que Napoléon apprend du général Belliard, un des défenseurs de la capitale, cette nouvelle. [13]

Douloureusement frappé par ces nouvelles, il entra dans l’auberge de la Poste, où il resta pendant deux heures la tête appuyée dans ses deux mains. Enfin, poussé par les instances des généraux qui l’entouraient, il se détermina à retourner en arrière et à faire partir le duc de Vicence pour Paris, en qualité de négociateur. Le duc arriva dans cette ville le 31 mars, à sept heures du matin ; les autorités locales étaient absentes, il se rend au quartier général de l’empereur Alexandre, à Bondy. Ce prince, instruit de l’objet de sa mission, lui répondit qu’il remettait après son entrée à Paris, qui allait avoir lieu incessamment, la réponse qu’il jugerait à propos de lui faire. Caulincourt retourne à Paris et Napoléon va attendre à Fontainebleau le résultat de cette négociation.

Dans la soirée, un grand conseil est tenu chez l’empereur Alexandre, dans lequel on discuta vivement la possibilité de faire la paix avec Napoléon, la régence de l’impératrice Marie-Louise et le rétablissement des Bourbons. Lorsque l’abbé de Pradt, archevêque de Malices, qui, avec d’autres Français, faisait partie de cette réunion, eut déclaré que les Français étaient tous royalistes [14].

Le lendemain, on lut sur les murs de Paris une proclamation qui exprimait cette pensée. Et cependant, malgré cette déclaration solennelle, le duc de Vicence, bien reçu par Alexandre, avait encore le courage de plaider devant lui la cause de son souverain, qu’il était loin de croire comme perdue.

Dans ces graves circonstances, le Sénat, prenant l’initiative, organisa un gouvernement provisoire ; il déclara en outre Napoléon déchu du trône, le droit d’hérédité aboli dans sa famille, le peuple français et l’armée déliés envers lui du serment de fidélité.

Une multitude de civils et militaires, dont la plupart devaient à Napoléon leurs honneurs, s’empressa d’applaudir à la déchéance de leur maître. Les alliés eux-mêmes furent révoltés de tant de lâcheté.

Dans ces conjectures, le duc de Vicence, ayant perdu l’espoir de conserver la couronne impériale sur la tête de Napoléon, conçut le projet de la faire passer sur celle du roi de Rome ; c’est-à-dire de faire agréer une régence par les alliés. Les nombreuses et bonnes raisons qu’il fit valoir pour atteindre son but ébranlèrent les résolutions des principaux chefs de la coalition ; mais avant de se prononcer sur une affaire aussi importante, Alexandre réunit dans un grand conseil tous les personnages influents qui se trouvaient alors dans la capitale, et prenant la parole [15]

Les étrangers qui assistaient à cette réunion penchaient pour une régence, lorsque le lieutenant-général Dessoles , nommé par le gouvernement provisoire commandant de la garde nationale parisienne, prend la parole [16] Il ne voit plus de salut pour Napoléon et pour la France que dans la famille royale, le seul gage de la tranquillité de l’Europe ; que si l’empereur Alexandre a l’intention de révoquer la résolution qu’il a prise le 31 mars, il le supplie de faire donner des passeports à tous ceux qui, comme lui, se sont prononcés contre le gouvernement, et de leur accorder un asile dans lequel ils soient à l’abri des vengeances et des calamités qui vont fondre sur la France.

Alexandre, entraîné par l’émotion et par les paroles du général Dessoles, annonça à Caulincourt qu’il persistait dans sa déclaration du 31 et qu’en conséquence Napoléon devait abdiquer purement et simplement. Le duc de Vicence repartit de suite pour Fontainebleau, et rendit compte, pendant la nuit, à l’Empereur, de la décision fatale dont il était chargé. Napoléon voulait qu’il retournât à Paris pour obtenir des conditions moins dures, celui-ci s’y refusa, et, le plus puissant naguère des monarques du monde se vit forcé, après bien des hésitations, de signer la déclaration suivante [17]

Cependant, le maréchal Macdonald était arrivé de Saint-Dizier avec son corps d’armée, et Napoléon se voyait à la tète de 30.000 hommes. Il sentit alors toute la valeur du commandement et de la position de Marmont. [18]

Son nouveau plan de campagne était, ou de manœuvrer autour de la capitale, ou de se porter au delà de la Loire. Ce dernier projet avait prévalu dans le conseil. Le 3 avril, jour de la déclaration du Sénat, Napoléon avait passé la revue de sa garde [19]. Ce serment fut prêté avec enthousiasme. Pendant toute la soirée, les soldats se livrèrent à des danses bruyantes et joyeuses, en criant : « Vive l’Empereur ! marchons à Paris ! »

Napoléon, en effet, bien décidé à reprendre cette ville, avait désigné Moulignon pour son nouveau quartier général. Le 4 avril, l’armée se mit en mouvement pour aller occuper cette position. Le même jour, les plénipotentiaires de Napoléon se mettent en route pour Paris, arrivent à Essonne, et descendent chez le maréchal Marmont, qui les retient à dîner. Bientôt Marmont confie à Ney et à Macdonald qu’il a traité avec le prince de Schwartzenberg, mais il leur affirme qu’il n’a point encore signé : c’était un mensonge, car la ratification de sa convention avec le généralissime autrichien avait eu lieu le matin à Chevilly. Cependant il se décide à accompagner les plénipotentiaires à Paris.

Tous les quatre sont admis, à une heure du matin, auprès de l’empereur Alexandre, qui les ajourna à midi.

Ils étaient réunis à onze heures et demie chez le maréchal Ney, attendant le moment de revoir Alexandre, lorsqu’on vint avertir Marmont que son premier aide-de-camp, le colonel Fabvier, demandait à lui parler. Il sortit et rentra presque aussitôt, pâle comme la mort [20]

Cette défection qui, suivant le maréchal Marmont, se fit malgré ses ordres, servit de prétexte à l’empereur Alexandre pour tenir ce discours aux plénipotentiaires [21]. Les plénipotentiaires indignés de cette détermination, repoussent avec énergie la conséquence que tirait l’empereur Alexandre de la défection du corps de Marmont, en disant qu’elle serait suivie de celle d’autres divisions. Tout fut inutile, il fallut reprendre le chemin de Fontainebleau.

Voici ce que disait Napoléon à ceux qui l’entouraient après le départ de ses plénipotentiaires pour Paris. [22]. Les ennemis de Napoléon les plus clairvoyants n’auraient pas mieux raisonné. Ce grand homme connaissait bien sa position, et, dès longtemps, bien convaincu qu’il n’avait rien d’honorable à espérer du côté des négociations, il voulait encore une fois tenter le sort des armes.

La convention conclue entre Schwartzenberg et le duc de Raguse portait sur plusieurs articles. [23]

L’aide-de-camp Marmont mesurer la terre ou son général doit être captif : un espace de terrain !… un cachot est aussi un espace de terrain !

Mais, dès le 4 avril, par arrêt du gouvernement provisoire, il est permis aux conscrits rassemblés de retourner chez eux ; ceux qui sont encore dans leurs foyers sont autorisés à y rester. La rhume faculté est accordée aux bataillons de nouvelle levée, ainsi qu’à toutes les levées en masse.

[modifier] Adieux de Fontainebleau

Le 7 avril, Napoléon annonça lui-même aux personnes qui se trouvaient autour de lui, la détermination qu’il avait prise de signer son abdication absolue. Et néanmoins il ordonna la revue des 2e et 7e corps. [24]

Après la revue, il y eut une espèce de conseil de guerre, dans lequel Napoléon, énumérant les ressources dont il pouvait disposer, soutenait qu’au lieu de souscrire à une paix honteuse, il y avait avantage et chance de succès de reprendre les hostilités ; car, outre les 50.000 braves qui sont sous sa main, il peut compter sur l’armée de Soult, qui est sous Toulouse, sur celle de Suchet, qui vient de Catalogne, sur celle d’Augereau, dans les Cévennes, du prince Eugène, en Italie, sur celle du général Maison, dans la Flandre, ainsi que sur les nombreuses garnisons de nos places frontières [25]. Napoléon est d’avis de se mettre en marche tout de suite vers les provinces méridionales. La plupart des assistants gardent le silence, ceux qui osent prendre la parole lui font observer combien sont formidables les armées de ses ennemis ; l’éloignement de l’armée du Nord, et les distances qui séparent d’elles-mêmes les armées du Midi. Il réfute toutes ces objections et persiste dans son projet. On lui fait entendre alors que dans ce cas il pourrait bien se faire qu’il devînt lui-même l’auteur et l’objet d’une guerre civile ; à ces mots de guerre civile il change subitement de résolution [26]

Cette invitation fut accueillie par un morne silence [27]

Enfin Napoléon, convaincu qu’il ne pouvait plus compter sur le dévouement de ses lieutenants, consentit à signer l’acte d’abdication [28]

Pourtant il refuse de souscrire au traité de Paris, par lequel ses plénipotentiaires viennent de conclure un armistice avec les alliés [29]

La défection des courtisans suivait son cours ; la désertion décimait incessamment l’armée, qui, travaillée par toutes sortes de moyens et d’intrigues, commençait à se persuader que c’en était fait pour toujours de la fortune de Napoléon. Enfin, le 12 avril, Monsieur, comte d’Artois, frère du roi, faisait son entrée solennelle dans Paris. Malgré ces divers événements, Napoléon s’obstinait à refuser son approbation au traité. Il passa la soirée du 12 avec le duc de Vicence et se retira à onze heures.

Ce fut pendant la nuit du 12 au 13 que, suivant quelques relations, ce prince aurait essayé de terminer ses jours par le poison. Voici le récit de M. de Norvins [30]

Napoléon avait déjà voulu, a-t-on dit, s’asphyxier dans son cabinet de bain par le charbon ; mais ses gens, soupçonnant l’usage qu’il se proposait d’en faire, avaient refusé de lui en donner. Alors, il eut recours à ses pistolets, qu’il chargea ; mais son mameluck et ses valets de chambre s’en étant aperçus, en ôtèrent l’amorce et la poudre en son absence.

On prétend que le poison par lequel Napoléon aurait voulu se détruire avait été inventé par Cabanis, à l’époque de la terreur, pour son usage et celui de ses amis. C’est de ce poison que Condorcet prit et dont il mourut en prison. Napoléon en portait constamment sur lui depuis le désastre de Moscou.

Mullié indique qu'il repousse ces différents projets de suicide comme n’ayant pu exister, parce que la vie tout entière de l’Empereur ne semble pas permettre d’y croire [31]

Quoi qu’il en soit, le 13, Napoléon signe à Fontainebleau le traité conclu le 11, à Paris, entre les maréchaux Ney, Macdonald, le général Caulincourt, ses plénipotentiaires, et les ministres d’Autriche, de Russie et de Prusse. (extrait:[32]

[modifier] L'île d’Elbe

Le 20 avril, Napoléon n’ayant plus l’espérance qu’on lui avait donnée de revoir sa femme et son fils, se décida à quitter Fontainebleau, pour aller prendre possession de sa souveraineté de l’île d’Elbe. Sa garde, encore sous les armes, se tenait dans la cour du palais, rangée comme pour la parade. Napoléon, à la vue de ces glorieux restes de tant de batailles et de victoire dont il croit se séparer pour toujours, ne peut retenir ses larmes, et d’une voix brisée comme son âme, il leur parle : [33]

Napoléon monta en voiture avec le général Bertrand ; une faible escorte le suivit ; des Commissaires délégués par les coalisés devaient leur servir de protecteurs pendant qu’il traversait la France, un pays qui, moins de trois mois auparavant, le reconnaissait comme son dominateur et son maître.

Napoléon fuit insulté en traversant quelques villes du Midi ; peut-être même y eut-il sérieusement des complots ourdis pour l’assassiner.

Le 28 avril, il s’embarqua à Saint-Raphaël sur une frégate anglaise qui, le 6 mai, le déposa à six heures du soir dans le port de Porto-Ferrajo, où il fut reçu par le général Dalesme, commandant français. Aux compliments qu’il en reçut, l’Empereur répondit [34]

Le maire de Porto-Ferrajo lui remit les clefs de la ville ; la mairie devint palais impérial. Un Te Deum auquel Napoléon assista fut chanté dans la cathédrale. Là finit l’investiture d’exil du ci-devant maître du monde.

Napoléon avait fait arborer sur la frégate anglaise le drapeau Elbois, il le conserva pendant son séjour dans l’île. Le drapeau était fond blanc, traversé diagonalement d’une bande rouge semée de trois abeilles fond d’or. Les Ragusains l’ont appelé depuis pavillon du roi du monde.

Pendant les dix mois qu’il passa dans cette île, l’Empereur donna des développements à l’exploitation des mines de fer dont cette terre abonde. Il fit tracer des routes, planter des arbres ; il prit, en un mot, toutes les mesures désirables pour faire jouir les Elbois d’une bonne administration.

Pendant le séjour qu’il fit dans cette île, il reçut la visite de sa mère et de sa sœur Pauline Bonaparte, princesse Borghèse, auxquelles il céda l’étage qu’il avait fait construire entre les deux pavillons de son habitation de Porto-Ferrajo. Il passait une partie de ses journées dans un kiosque vitré qu’il avait fait élever sur le sommet d’un rocher ; seul il y entrait. Les Elbois donnèrent à ce kiosque le nom de casa di Socrate.

« L’Empereur menait à l’île d’Elbe une vie très active ; toujours levé avant le jour, il consacrait au travail les premières heures de la matinée ; venait ensuite la revue ; elle ne se bornait pas, comme au Carrousel, à un coup d’œil numératif jeté en courant sur des corps nombreux : c’était une inspection minutieuse, dont l’âme toute militaire de Napoléon savourait, pour ainsi, dire, les détails. Chaque grenadier était interrogé sur ses occupations, ses habitudes, sa santé et même ses sentiments. Les braves de l’île d’Elbe se plaignaient quelquefois : l’Empereur leur donnait ou leur permettait ce qu’ils demandaient, si l’objet réclamé était en son pouvoir ; autrement, il les appelait grognards, leur tirait la moustache et s’éloignait en souriant.

« Dans la soirée, Napoléon faisait une promenade à cheval, accompagné de ses principaux officiers. Quelquefois il recevait les visites des étrangers de distinction qui affluaient dans l’île, rien que pour l’apercevoir ; mais le plus souvent, il s’égayait, avec son état-major, des injures que lui prodiguaient ceux des journaux français qui l’avaient le plus servilement flatté avant sa chute.

« Ainsi s’écoulaient les jours de l’Empereur, tantôt à Porto-Ferrajo, tantôt à Porto-Longone ou à Rio. Sa garde, à l’exemple des guerriers romains, participait à la plupart des travaux qu’il avait entrepris dans l’île ; elle s’augmentait journellement des militaires que le dévouement amenait auprès de sa personne. À peine Napoléon pouvait-il soutenir ce bataillon fidèle ; n’importe il se grossissait… Quelques officiers supérieurs y prirent du service comme de simples soldats. »

L’Empereur avait choisi l’île d’Elbe, de préférence à la Corse et à Corfou, mais sans arrière-pensée, quoiqu’on ait prétendu le contraire. On en a la preuve dans des faits bien connus aujourd’hui de plusieurs personnages [35]

[modifier] Notes et références

  1. « Toute l’Europe marchait avec nous il y a un an ; toute l’Europe marche contre nous aujourd’hui. » Il répond au discours de Lacépède : « … La postérité dira que si de grandes et critiques circonstances se sont présentées, elles n’étaient pas au-dessus de la France et de moi. »
  2. « Sénateurs, Conseillers d’État, Députés des départements au Corps législatif ; « D’éclatantes victoires ont illustré les armes françaises dans cette campagne. Des défections sans exemple ont rendu les victoires inutiles ; tout a tourné contre nous. La France même serait en danger sans l’énergie et l’union des Français. Je vous ai appelés près de moi : mon cœur a besoin de la présence et de l’affection de mes sujets. Je n’ai jamais été séduit par la prospérité : l’adversité me trouvera au-dessus de ses atteintes. J’ai plusieurs fois donné la paix aux nations, lorsqu’elles avaient tout perdu. J’ai élevé des trônes pour des rois qui m’ont abandonné. Monarque et père, je sens que la paix ajoute à la sécurité des trônes et à celle des familles. « Des négociations ont été entamées avec les puissances coalisées. J’ai adhéré aux bases qu’elles ont présentées ; j’ai ordonné qu’on vous communiquât toutes les pièces originales qui se trouvent au portefeuille de mon département des affaires étrangères. Rien ne s’oppose de ma part au rétablissement de la paix. C’est à regret que je demande à ce peuple généreux de nouveaux sacrifices ; les nations ne traitent qu’en déployant toutes leurs forces. Sénateurs, Conseillers d’État, Députés des départements, vous êtes les organes naturels de ce trône. C’est à vous de donner l’exemple d’une énergie qui recommande cette génération aux générations futures. Qu’elles ne disent pas de nous : « Ils ont sacrifié les premiers intérêts du pays ; ils ont reconnu les lois que l’Angleterre a cherché en vain pendant quatre siècles à imposer à la France. » J’ai la confiance que les Français seront dignes d’eux et de moi. » Mullié indique que ce discours fut écouté avec le plus vif intérêt, mais les esprits ne se montrèrent pas en ce jour aussi obséquieux qu’on les avait vus dans de semblables solennités les années précédentes.
  3. Cette assemblée approuvait tous les sacrifices que l’on pourrait demander, mais dans le seul but de la paix : « C’est le vœu de la France, Sire, disait la députation, c’est le besoin de l’humanité. Si l’ennemi persiste dans ses refus ; eh bien ! nous combattrons pour la patrie entre les tombeaux de nos pères et les berceaux de nos enfants. » L’Empereur répondit : « Ma vie n’a qu’un but, le bonheur des Français. Paix et délivrance de notre territoire doit être notre cri de ralliement. À l’aspect de tout ce peuple en armes, l’étranger fuira ou signera la paix sur les bases qu’il a lui-même proposées. Il n’est plus question de recouvrer les conquêtes que nous avions faites. »
  4. Dans sa séance du 28, l’orateur de la commission, M. Renouard, fit le rapport suivant : « S’il s’agissait ici de discuter des conditions flétrissantes, Sa Majesté n’eût daigné répondre qu’en faisant connaître à ses peuples les projets de l’étranger ; mais on ne veut pas nous humilier, mais nous renfermer dans nos limites, et réprimer l’élan d’une activité ambitieuse ; si fatale depuis vingt ans à tous les peuples de l’Europe. Ce n’est pas lui (l’étranger) qui assigne des bornes à notre puissance, c’est le monde effrayé qui invoque le droit commun des nations. Les Pyrénées, le Rhin, les Alpes renferment un vaste territoire, dont plusieurs provinces ne relevaient pas de l’empire des lys, et cependant la royale couronne de France était brillante de gloire et de majesté entre tous les diadèmes. » — « Orateur, » s’écrie le duc de Massa, « ce que vous dites est inconstitutionnel. — « Il n’y a d’inconstitutionnel ici que votre présence, » répliqua Renouard, et il continua ainsi : « Ne dissimulons rien, nos maux sont à leur comble ; il n’est point de Français qui n’ait dans sa famille une plaie à guérir. La conscription est devenue pour toute la France un odieux fléau ; depuis deux ans on moissonne trois fois l’année ; les larmes des mères et les sueurs du peuple sont-elles donc le patrimoine des rois ?… »
  5. « Voudrait-on rétablir la souveraineté du peuple ? Eh bien ! en ce cas, je me fais peuple, car je prétends être toujours là où se trouve sa souveraineté. » Et tout de suite il décrète l’ajournement du Corps législatif. Ce corps voulait, dans son adresse, que la guerre devînt nationale, et il demandait « des garanties politiques à Napoléon pour engager la nation. » Des garanties quand l’ennemi dépassait la frontière ! des garanties au moment d’une invasion étrangère et après dix ans du mutisme le plus incroyable ! Napoléon avait dit aux députés : « Il faut suivre l’exemple de l’Alsace, de la Franche-Comté, des Vosges, dont les habitants s’adressent à moi pour avoir des armes. Je vous ai rassemblés pour avoir des consolations : ce n’est pas que je manque de courage, mais j’espérais que le Corps législatif m’en donnerait. Au lieu de cela, il m’a trompé, au lieu du bien que j’attendais, il a fait du mal. Vous cherchez à séparer le souverain de la nation. »
  6. « Députés du corps législatif, vous n’êtes pas les représentants du peuple ; je le suis plus que vous. Quatre fois j’ai été appelé par l’armée, et quatre fois j’ai eu les votes de cinq millions de citoyens pour moi. J’ai supprimé l’impression de votre adresse : elle était incendiaire. Les onze-douzièmes du Corps législatif sont composés de bons citoyens : je les connais et j’aurai des égards pour eux ; mais un nommé Laîné est un méchant homme qui correspond avec le prince-régent d’Angleterre par l’intermédiaire de l’avocat Desèze : je le sais, j’en ai la preuve. Le rapport de votre commission m’a fait bien du mal. J’aimerais mieux avoir perdu deux batailles. À quoi tendait-il ? à augmenter les prétentions de l’ennemi. Si je voulais vous croire, je donnerais à l’ennemi plus qu’il ne demande. Si l’on me demandait la Champagne, il faudrait donc encore céder la Brie ? Est-ce en présence de l’ennemi qu’on doit faire des remontrances ? Le but était de m’humilier. On peut me tuer mais on ne me déshonorera point. Je ne suis pas né parmi les rois, je ne tiens pas au trône. Qu’est-ce qu’un trône ? quatre morceaux de bois dorés couverts de velours. — Dans quatre mois, je publierai l’affreux rapport de votre commission. Que prétendiez-vous faire ? Nous reporter à la Constitution de 91 ? Qui êtes-vous pour réformer l’État ? Vous êtes les députés des départements ; moi seul je suis le représentant du peuple. Et qui de vous pourrait se charger d’un pareil fardeau ? Je ne suis à la tête de cette nation que parce que sa Constitution me convient. Si la France en voulait une autre et qu’elle ne me convînt pas, je dirais à la France de choisir un autre souverain. C’est contre moi que les ennemis s’acharnent encore plus que contre les Français. Mais pour cela faut-il qu’il me soit permis de démembrer l’État ? Est-ce que je ne sacrifie pas mon orgueil, ma fierté, pour obtenir la paix ? Oui, je suis fier, parce que je suis courageux ; je suis fier, parce que j’ai fait de grandes choses pour la France. Si j’éprouve encore des revers, j’attendrai les ennemis dans les plaines de la Champagne. Dans trois mois nous aurons la paix ou je serai mort. Retournez dans vos foyers. En supposant même que j’eusse des torts, vous ne deviez pas me faire des reproches publics. Je vous avais indiqué un comité secret. C’est en famille qu’il faut laver son linge sale. M. Renouard dit que le maréchal Masséna a pillé la maison d’un citoyen. M. Renouard a menti. La nature m’a doué d’un caractère fort ; il peut résister à tout. Je suis au-dessus de vos misérables déclamations. Mes victoires écraseront vos criailleries. Nous avons des ressources plus que vous ne pensez. Les ennemis ne nous ont jamais vaincus, ne nous vaincront point, et ils seront chassés plus promptement qu’ils ne sont venus. Au reste, la France a plus besoin de moi que je n’ai besoin de la France. »
    • Grande armée alliée (Schwartzenberg). . . . . 190.000
    • Armée de Silésie (Blücher). . . . . . . . . . . . . 160.000
    • Armée du Nord (Bernadotte). . . . . . . . . . . . 130.000
    • Réserves allemandes en formation. . . . . . . . 80.000
    • Corps hollandais. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12.000
    • Corps anglais en Belgique . . . . . . . . . . . . . . . 8.000
    • Réserves autrichiennes se réunissant sur l’Inn 50.000
    • Réserves russes se formant en Pologne . . . . 60.000
    • Troupes employées aux blocus et aux sièges
    en Allemagne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100.000
    • Armée autrichienne en Italie . . . . . . . . . . . . . 70.000
    • Armée des Pyrénées, composée d’Anglais, Espagnols, Portugais,
    Siciliens, commandée par Wellington. . . . . . 140.000
    • Total . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.000.000
    Dans cette énumération ne sont point compris les landwehr, les landsturm en Allemagne, les guérillas en Espagne, ni les troupes de Murat, ni un corps d’Anglo-Siciliens.
    • Garnisons des places au delà du Rhin, en Italie,
    en Dalmatie, etc. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100.000
    • Armée des Pyrénées d’Aragon . . . . . . . . . . . 90.000
    • Armée franco-italienne sur l’Adige . . . . . . . . . 50.000
    • Grande armée, sous les ordres directs
    de l’Empereur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220.000
    • Total . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 360.000
    Dans ce nombre ne sont point compris les 160.000 gardes nationaux rendus mobiles par le sénatus-consulte du 3 avril 1813. En comparant entre eux les deux tableaux ci-dessus, il est facile de présenter quel sera le résultat de la campagne qui va s’ouvrir, si l’on considère surtout que les corps français n’avaient encore reçu qu’une organisation incomplète, et que leurs rangs étaient remplis aux deux tiers par des conscrits à peine adolescents et peu ou point exercés au maniement des armes.
  7. Moi ! s’écria-t-il, je laisserais la France plus petite que je ne l’ai reçue ? Jamais… Vous redoutez la guerre ; je vois d’autres dangers… La France a besoin de la paix ; mais celle-ci est pire que la guerre la plus acharnée. Que serai-je pour les Français quand j’aurai signé leur humiliation ?… Je préfère courir les chances les plus rigoureuses de la guerre.
  8. « La providence a béni nos armes ; j’ai fait 30 à 40.000 prisonniers, j’ai pris 200 pièces de canon, j’ai détruit plusieurs armées presque sans coup férir, j’ai entamé hier l’armée de Schwartzenberg, que j’espère détruire avant qu’elle ait repassé nos frontières. Vous devez tout faire pour la paix ; mais mon intention est que vous ne signiez rien sans mon ordre, parce que seul je connais ma position. En général, je ne désire qu’une paix solide et honorable ; elle ne peut être telle que sur les bases de Francfort. » Le lendemain, il écrit au prince Eugène : « J’ai détruit l’armée de Silésie, composée de Russes et de Prussiens : j’ai commencé hier à battre Schwartzenberg, il est donc possible que nous puissions conserver l’Italie. » Il était si bien persuadé qu’il parviendrait lui seul à rejeter les étrangers au delà des frontières de l’Empire, qu’il disait après la victoire de Nangis : Je suis plus près de Vienne que mon beau-père ne l’est de Paris.
  9. il y répond par des décrets impériaux par lesquels tous les citoyens français sont requis de courir aux armes, de sonner le tocsin sitôt qu’ils entendront le canon de nos troupes s’approcher d’eux, de se rassembler, de fouiller les bois, de couper les ponts, de tomber sur les flancs et les derrières de l’ennemi. Tout citoyen français pris par les ennemis et qui serait mis à mort, sera sur le champ vengé en représailles par la mort d’un prisonnier ennemi. Tous les maires, fonctionnaires publics et habitants qui refroidissent ou dissuadent les citoyens d’une légitime défense, seront considérés comme traîtres, et traités comme tels.
  10. « L’expérience a démontré que les États intermédiaires, sous la domination de la famille régnante actuellement en France, ne sont indépendants que de nom. L’Europe ne ferait pas la paix, mais elle désarmerait. Les cours alliées, considérant que le contre-projet proposé est essentiellement opposé aux bases de paix proposées par elles, ne peuvent reconnaître dans la marche suivie par le gouvernement français que le désir de traîner en longueur des négociations aussi inutiles que, compromettantes. Elles déclarent qu’elles ne font point la guerre à la France, dont les justes dimensions sont une des premières conditions d’un état d’équilibre politique ; mais qu’elles ne poseront les armes qu’autant que leurs principes seront reconnus et admis par le gouvernement français. »
  11. Il fait appeler le maréchal Berthier et le duc de Vicence, et leur dit : « Paris vient de capituler ; marchons sur Paris. » Belliard lui représenta qu’il n’y avait plus de troupes dans cette ville. « N’importe, répliqua-t-il, j’y trouverai la garde nationale ; l’armée m’y rejoindra demain ou après, et je rétablirai les affaires. — « Mais, Sire, répond le général Belliard, Votre Majesté s’expose à se faire prendre et à faire saccager Paris : il y a 130.000 hommes autour de la ville. »
  12. Eh bien ! dit alors Alexandre, je promets que je ne traiterai plus avec Napoléon.
  13. il dit : « que chacun devait mettre de côté ses intérêts et ses opinions ; que ses alliés et lui-même étant dépouillés de tout sentiment de vengeance, il n’avait pour but que le bonheur de la France, gage de la tranquillité de l’Europe. Il faut donc décider, continua-t-il, quel est le gouvernement qui convient à la France pour atteindre ce but tant désiré. »
  14. « J’ai combattu, dit-il, pendant vingt ans, non les Bourbons, mais l’étranger. Quand Napoléon se mit à la tête des affaires, la France était non seulement délivrée, mais agrandie, mais l’esprit de conquête de l’usurpateur des libertés publiques mettant chaque jour en péril l’indépendance de la patrie, j’ai cru de mon devoir d’abandonner une cause qui n’était plus celle de la France, mais celle d’un seul homme. Les événements n’ont que trop bien justifié ma conduite comme citoyen… »
  15. « Les puissances alliées ayant proclamé que l’empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu’il est prêt à descendre du trône, à quitter la France et même la vie pour le bien de sa patrie, inséparable des droits de son fils, de la régence de l’Impératrice, et du maintien des lois de l’Empire. « Fait en notre palais de Fontainebleau, le 4 avril 1814.
    « NAPOLÉON. »
  16. « C’est là, » disait il, « que s’adresseront toutes les intrigues, toutes les trahisons de Paris : il faut que j’aie à ce poste un homme comme Marmont, mon enfant, élevé dans ma tente. » Car Marmont était de ceux qui composaient ce qu’il appelait sa famille militaire. — Toujours confiant dans sa fortune et les ressources de son génie, il ne suit les négociations qu’afin de faire prendre le change à ses ennemis sur les projets qu’il médite. Il espère toujours qu’une grande et belle victoire lui redonnera la prépondérance dont il jouissait autrefois. Ainsi donc, en congédiant le duc de Vicence, il lui dit : « Pendant que vous négocierez à Paris, je leur tomberai dessus avec mes braves. Je pars demain. »
  17. Il lui avait dit : « L’ennemi nous a dérobé trois marches et s’est rendu maître de Paris : il faut l’en chasser. D’indignes Français, des émigrés, auxquels nous avions pardonné, ont arboré la cocarde blanche, les lâches ! ils recevront le prix de ce nouvel attentat. Jurons de vaincre ou de mourir pour cette cocarde tricolore qui, depuis vingt ans, nous trouve dans le chemin de la gloire et de l’honneur. »
  18. s’écriant : « Souham et Bordesoulle ont enlevé mon corps d’armée, Fabvier est venu en toute hâte. » On fit entrer Fabvier afin d’entendre de lui le récit de l’événement.
  19. « Messieurs, vous faites sonner bien haut la volonté de l’armée, et vous n’ignorez pas que le corps du due de Raguse a passé de notre côté ; d’autres sont encore dans les mêmes dispositions. On est las de la guerre. L’empereur Napoléon n’a point voulu la paix. Chacun sait qu’il n’y a point de repos à espérer de lui. Les Souverains ont déclaré qu’ils ne voulaient pas traiter avec lui. Nous ne voulons aujourd’hui que ce que le vœu national a déjà proclamé. Il repousse la régence, comme il a repoussé l’empereur Napoléon. Je vous déclare donc que nous ne pouvons admettre que son abdication absolue.
  20. « On a voulu me faire abdiquer en faveur du roi de Rome, je l’ai fait. Cependant ce n’est pas l’intérêt de la France : mon fils est un enfant, ma femme n’entend rien aux affaires. Vous auriez donc une régence autrichienne pendant douze ou treize ans, et vous verriez M. Schwartzenberg vice-empereur des Français ; cela ne peut vous convenir. D’ailleurs, il faut raisonner. Quand même cela entrerait dans les vues de l’Autriche, croit-on que les autres puissances consentent jamais à ce que mon fils règne tant que je vivrai ? Non, certainement, car elles auraient trop peur que j’arrachasse le timon des affaires des mains de ma femme ; aussi je n’attends rien de bon de la démarche des plénipotentiaires. »
  21. ART. 1er. Les troupes françaises qui, par suite du décret du Sénat du 2 avril, quitteront les drapeaux de Napoléon Bonaparte, pourront se retirer en Normandie avec armes, bagages, munitions. ART. 2. Si, par suite de ce mouvement, les événements de la guerre faisaient tomber entre les mains des puissances alliées la personne de Napoléon Bonaparte, sa vie et sa liberté lui seront garanties dans un espace de terrain et dans un pays circonscrit au choix des puissances alliées et du gouvernement français.
  22. Toujours plein de sa pensée dominante, et confiant dans la fidélité et la bravoure de ses soldats, il dit pendant la revue au maréchal Oudinot : « Puis-je compter sur votre corps d’armée ? — Non, Sire », répondit le maréchal ; « Votre Majesté a abdiqué. — Oui, mais sous condition. — Il est vrai, Sire, mais le soldat ne connaît point de restrictions. — Eh bien ! maréchal, attendons les nouvelles de Paris. »
  23. « Pourquoi n’irait-il pas chercher les armées du Midi… quand il lui reste une belle position de l’autre côté de la Loire ? »
  24. « Eh bien ! dit-il ; puisqu’il me faut renoncer à défendre plus longtemps la France, l’Italie n’est-elle pas une retraite digne de moi ? Veut-on m’y suivre encore une fois ? Marchons vers les Alpes.
  25. « Vous voulez du repos, s’écria vivement l’Empereur, ayez-en donc. Hélas ! vous ne savez pas combien de chagrins et de douleurs vous attendent sur vos lits de duvet. Quelques années de cette paix que vous allez payer si cher en moissonneront entre vous un plus grand nombre que n’aurait fait la guerre. » L’événement justifia cette prédiction ; en peu d’années la mort enleva douze des maréchaux qui avaient été présents à cette réunion.
  26. « Les puissances alliées ayant proclamé que l’empereur Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe, l’empereur Napoléon, fidèle à son serment, déclare qu’il renonce, pour lui et ses héritiers, aux couronnes de France et d’Italie, et qu’il n’est aucun sacrifice personnel, même celui de la vie, qu’il ne soit prêt à faire à l’intérêt de la France. « Fait au palais de Fontainebleau, le 11 avril 1814.
    « NAPOLÉON. »
    Cet acte, ainsi rédigé, satisfit les souverains coalisés, et Napoléon annonça de la manière suivante à ceux qui l’entouraient qu’il avait pris son parti. « Maintenant que tout est termine, puisque je ne puis rester, ce qui vous convient le mieux, c’est la famille des Bourbons. Moi, je ne pouvais garder la France autre qu’elle était quand je l’ai prise. Louis ne voudra pas attacher son nom à un mauvais règne ; s’il fait bien il se mettra dans mon lit, car il est bon. Le roi aura beaucoup à faire avec le faubourg Saint-Germain. S’il veut régner longtemps, il faut qu’il le tienne en état de blocus. Si j’étais de Louis XVIII je ne conserverais pas ma garde, il n’y a que moi qui puisse la manier. À présent, Messieurs, que vous avez un autre gouvernement, il faut vous y attacher franchement, je vous y engage, je vous l’ordonne même. »
  27. « À quoi bon ce traité, dit-il, puisqu’on ne veut pas régler avec moi ce qui concerne la France ? Du moment qu’il ne s’agit plus que de ma personne, il n’y a plus de traité à faire. Je suis vaincu, je cède au sort des armes. Seulement je demande à n’être pas prisonnier de guerre, et pour me l’accorder un simple cartel doit suffire : d’ailleurs il ne faut pas une grande place pour enterrer un soldat.
  28. « Ayant fait appeler le duc de Vicence à une heure du matin, Napoléon lui dit de prendre dans son cabinet le portefeuille qui contenait le portrait et les lettres de l’Impératrice : « Gardez-les, lui dit-il ; vous les remettrez un jour à mon fils. Ne le quittez pas ; soyez-lui fidèle comme à moi. Remettez à l’impératrice la lettre que voici ; dites-lui que je ne déplore mes malheurs qu’à cause d’elle et du roi de Rome. N’ayant pu faire triompher la France de ses ennemis, je ne regrette point la vie. » L’Empereur lui dicta ses autres volontés et lui fit présent de son portrait sur un camée. Napoléon lui parlait encore quand il fut interrompu par une crise subite qui effraya le duc de Vicence : ses yeux se voilèrent, parfois il paraissait s’assoupir pour ne plus se réveiller, quand une sueur de glace le couvrit, et soudain une sueur violente, qui raidit ses membres, amena des vomissements. Napoléon tenait fortement le duc de Vicence afin qu’il ne lui échappât point, lui répétant que s’il était son ami, il ne devait pas s’opposer à ce qu’il terminât son existence. Ce combat de la vie contre la mort dura près de trois quarts d’heure. Enfin, les vomissements ayant débarrassé l’Empereur : « C’en est fait, dit-il, la mort ne veut pas de moi. » Et tout de suite il fit appeler son chirurgien Yvan et lui demanda une potion. Celui-ci, atterré par cette demande, prit la fuite et quitta Fontainebleau. La crise avait été si violente que le 13 l’Empereur ne put se lever avant onze heures. »
  29. constamment résigné devant l’impossibilité d’événements meilleurs, on l’a toujours vu déterminé, ferme, grand, plein de courage ; et puis il avait dans le cœur cette foi religieuse qui soumet l’homme aux volontés de Dieu.
  30. Art. 1er. Sa Majesté l’empereur Napoléon renonce, pour lui et les siens, à tout droit de souveraineté et de domination tant sur l’Empire français et sur le royaume d’Italie que sur tout autre pays. 2. Leurs Majestés l’empereur Napoléon et Marie-Louise conserveront leurs titres et rang pour en jouir pendant leur vie. La mère, les frères, sœurs, neveux et nièces de l’Empereur conserveront aussi, en quelque lieu qu’ils résident, les titres de princes de sa famille. 3. L’île d’Elbe, que l’Empereur a choisie pour le lieu de sa résidence, formera pendant sa vie une principauté séparée qu’il possédera en toute souveraineté et propriété. Il lui sera en outre accordé, en toute propriété, un revenu annuel de 2 millions de francs, qui sera porté comme rente sur le grand-livre, de laquelle un million sera réversible à l’Impératrice. 4. Les duchés de Parme, de Plaisance et de Guastalla seront donnés en toute propriété et souveraineté à l’impératrice Marie-Louise. Ils passeront à son fils et à ses descendants en ligne directe. 6. Il sera réservé, dans les territoires auxquels il est par le présent renoncé, à Sa Majesté l’empereur Napoléon, pour lui et sa famille, des domaines ou rentes sur le grand-livre de France produisant un revenu, libre de toute charge ou déduction, de 2 millions 500 mille francs. Ces domaines ou rentes appartiendront en toute propriété aux princes et princesses de sa famille, qui pourront en disposer comme ils le jugeront à propos. Ils seront partagés entre eux de la manière suivante… 8. Il sera formé un établissement convenable au prince Eugène, vice-roi d’Italie. 9. Les propriétés que l’empereur Napoléon possède en France, soit comme domaine extraordinaire, soit comme domaine privé, resteront à la couronne. Sur les fonds placés par l’empereur Napoléon, soit sur le grand-livre, soit sur la banque de France, soit sur les actions des forêts, soit de toute autre manière, et dont Sa Majesté fait abandon à la couronne, il sera réservé comme un capital qui n’excédera pas deux millions, pour être employé en gratifications en faveur des personnes qui seront portées sur l’état que signera l’empereur Napoléon et qui sera remis au gouvernement français. (L’auteur du manuscrit de 1814 dit fort à propos : « Il faut tenir note ici, à la honte de la diplomatie européenne, que cette générosité resta sans effet. Les legs que Napoléon a distribués autour de lui, sur la foi du traité, n’ont pas été acquittés, et les légataires n’ont pu trouver dans la signature des plus grands princes cette garantie irrévocable que la simple signature de deux notaires donne entre particuliers aux moindres dispositions de cette nature.) 12. Les dettes de Sa Majesté l’empereur Napoléon, telles qu’elles existaient le jour de la signature du présent traité, seront payées sur l’arriéré dû par le trésor public à la liste civile, d’après l’état. Il sera fourni une corvette et les bâtiments nécessaires pour transporter Sa Majesté l’empereur Napoléon et sa maison, et la corvette appartiendra en toute propriété à Sa Majesté l’Empereur. 17. L’empereur Napoléon pourra prendre avec lui, et retenir comme sa garde 400 hommes, officiers, sous-officiers et soldats volontaires. 18. Aucun des Français qui auraient suivi l’empereur Napoléon ou sa famille ne pourront être considérés comme ayant perdu leurs droits de Français, en ne retournant pas dans le cours de trois ans… 20. Les hautes puissances alliées garantissent l’exécution du présent traité en s’engageant à obtenir qu’il soit garanti par la France.
  31. « Officiers, sous-officiers et soldats de la vieille garde je vous fais mes adieux. Depuis vingt ans que je vous commande, je suis content de vous. Je vous ai toujours trouvé sur le chemin de la gloire. Les puissances alliées ont armé toute l’Europe contre moi, une partie de l’armée a trahi ses devoirs, et la France a cédé à des intérêts particuliers. « Avec vous et les braves qui me sont restés fidèles j’aurais pu entretenir la guerre civile pendant trois ans ; mais la France eût été malheureuse, ce qui aurait été contraire au but que je me suis sans cesse proposé. Je devais donc sacrifier mon intérêt personnel à son bonheur ; je l’ai fait. « Mes amis, soyez fidèles à votre nouveau roi, soyez soumis à vos chefs et n’abandonnez pas notre chère patrie. Ne plaignez pas mon sort, je serai toujours heureux lorsque je saurai que vous l’êtes. J’aurais pu mourir, rien ne m’était plus facile ; mais je veux suivre encore le chemin de l’honneur. J’écrirai les grandes choses que nous avons faites. « Je ne puis vous embrasser tous, mais j’embrasse votre général ; venez, général Petit, que je vous presse sur mon cœur ! Qu’on m’apporte l’aigle, que je l’embrasse aussi ! Ah ! chère aigle, puisse le baiser que je te donne retentir dans la postérité ! Adieu, mes enfants, mes braves, mes vœux vous accompagneront toujours : gardez mon souvenir. Entourez-moi encore une fois ! » Cet adieu, devenu si célèbre, fut déchirant pour le héros non moins que pour les braves compagnons de ses victoires.
  32. « Général, j’ai sacrifié mes droits aux intérêts de ma patrie, et je me suis réservé la propriété de la souveraineté de l’île d’Elbe. Faites connaître aux habitants le choix que j’ai fait de leur île pour mon séjour. Dites-leur qu’ils seront pour moi l’objet de mon intérêt le plus vif. »
  33. Au mois de mai 1814, les amis de l’indépendance italienne, se réunirent tantôt à Turin, tantôt à Gênes, en congrès constitutif. Après avoir mûri leur projet et rédigé leur constitution, ils chargèrent l’un d’eux de se rendre à Porto-Ferrajo et de communiquer le tout à l’Empereur. Cet envoyé était en même temps porteur d’une dépêche particulière, rédigée par quatre commissaires, nommés pour cet objet par le congrès. Les articles 1,3 et 5 de la constitution étaient ainsi conçus : ART. ler. Le territoire de l’Empire romain sera formé de tout le confinent de l’Italie, et ne pourra pas être agrandi. 3. La nation italienne appelle au trône Napoléon Bonaparte, actuellement souverain de l’île d’Elbe, et, après lui, sa descendance masculine, en ligne directe, légitime, aux conditions expresses contenues dans le présent acte constitutif. 5. Le souverain prendra et portera le titre d’Empereur des Romains et Roi d’Italie, par la volonté du peuple et la grâce de Dieu. Napoléon adopta sans restriction les bases constitutionnelles, promit le secret absolu qu’on avait exigé de lui, et fit plusieurs modifications au projet d’exécution. Ces communications parvinrent au congrès par un envoyé de Napoléon, et de son côté, le congrès dépêcha un de ses membres à l’île d’Elbe. Les conférences se suivirent. Ce fut pendant l’une d’elles que Napoléon témoigna, à plusieurs reprises, ses regrets de n’avoir pas marché de Fontainebleau sur Milan, à la tête de sa belle et brave armée, comme il en avait eu la pensée ; et il attribuait surtout aux conseils pusillanimes de Berthier et de Ney, de lui avoir fait préférer le parti de l’abdication. Le dessein des conjurés de Turin reposait sur les mêmes bases que celui des Carbonari. Que demandaient ces derniers ? L’union en un seul peuple de tous les peuples de l’Italie, depuis les bouches du Cattaro jusqu’aux Alpes. Il n’y avait de différence entre les Carbonari et les associés du Congrès constitutif que dans les moyens d’action. Au mois d’octobre suivant, Napoléon disait, entre autres choses, à deux membres du Congrès italien : « Sous mon règne, l’antique majesté du peuple-roi s’alliera à la civilisation moderne de mon premier empire ; et Rome égalera Paris, sans cesser d’être à la hauteur de ses immenses souvenirs, qu’elle associera à la force d’institution de Lacédémone et à l’atticisme d’Athènes. J’ai été en France le colosse de la guerre, je deviendrai en Italie, le colosse de la paix. » À la fin de 1814 et encore au mois de janvier 1815, Napoléon était dans cet ordre d’idées ; on n’attendait plus, pour éclater, que la rupture entre les cabinets de Naples et de Paris fut officiellement déclarée, et le moment semblait en être prochain. Car si d’un côté, Louis XVIII faisait marcher des régiments français vers la frontière du Piémont, de l’autre côté, Murat faisait répandre le bruit dans son armée qu’il ne tarderait pas à diriger ses troupes sur Paris. Mais alors, au commencement de 1815, Napoléon apprit qu’on avait, au congrès de Vienne, agité la question de l’enlever de force de l’île d’Elbe, pour le transporter ensuite à Sainte-Hélène ; il apprit aussi que le gouvernement royal commençait à faire des fautes graves, que les émigrés, par leurs prétentions extravagantes, semblaient traiter la France en pays conquis, ce qui avait singulièrement indisposé contre eux la masse de la nation. Il savait fort bien que l’armée ne s’était séparée de lui qu’à regret et par violence, et qu’enfin tous les mécontents étaient disposés à embrasser sa cause à la première occasion qui se présenterait ; il lui était permis de croire que les signataires de la Sainte-Alliance, ayant maintenant des intérêts différents à soutenir, n’étant plus si étroitement unis entre eux, qu’il lui serait probablement facile de déterminer l’Autriche à se séparer de la coalition. Entraîné par ces diverses considérations, il forma le projet hardi de rentrer en France. Par ses ordres, on achète des munitions de guerre à Naples, des armes à Alger, des vaisseaux de transport à Gênes, et le 26 février 1815, à huit heures du soir, il s’embarqua avec 1.100 hommes, dont 600 de sa garde, 200 chasseurs corses, 200 hommes d’infanterie et 100 chevau-légers polonais.

[modifier] Source

Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)


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