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En mathématiques, et plus précisemment en théorie des nombres, le théorème des deux carrés de Fermat, parfois appelé théorème des deux carrés, théorème de Fermat ou théorème de Fermat de Noël, s'énonce de la façon suivante : un nombre premier impair est somme de deux carrés de nombres entiers si et seulement s'il est congru à un modulo quatre.
[modifier] Exemples et théorème
On peut remarquer que les nombres premiers 5, 13, 17, 29, 37 et 41 sont tous sommes de deux carrés d'entiers, en effet :
En revanche, 3, 7, 11, 19, 23 et 31 ne possèdent pas cette propriété. Le théorème des deux carrés de Fermat explicite cette situation:
Soit p un nombre premier impair, p est somme de deux carrés d'entiers si et seulement si p est congru à 1 modulo 4.
Ce théorème est conjecturé par Pierre de Fermat (1601-1665) dans une lettre écrite à Marin Mersenne daté du 25 décembre 1640. Pour cette raison, on l'appelle parfois « théorème de Noël de Fermat ». Comme souvent chez Fermat, aucune preuve n'est donnée.
La première preuve est l'œuvre de Leonhard Euler (1707-1783). Elle est annoncée dans un lettre addressé à Christian Goldbach en 1749. Ce preuve s'obtient par une technique appelée descente infinie. Joseph-Louis Lagrange (1736-1813) fournit une nouvelle preuve en 1775 à l'aide de ses travaux sur les formes quadratiques.
Les preuves modernes se fondent généralement sur l'anneau des entiers de Gauss. Elles sont en effet plus simples et plus naturelles. La preuve originale à l'aide de cet ensemble est l'œuvre de Carl Friedrich Gauss (1777-1855) publiée en 1801. Richard Dedekind (1831-1916) propose deux preuves élégantes à l'aide des entiers de Gauss.
Les équations diophantiennes ont, en général, fasciné les mathématiciens. Leur charme particulier, écrivait Gauss, vient de la simplicité des énoncés jointe à la difficulté des preuves. Cette remarque générale s'applique à ce théorème.
Les conjectures de Fermat ont parfois une propriété supplémentaire qui, à partir de XIXe siècle les a rendu si célèbres. Leurs résolutions demande le développement d'outils féconds en mathématiques. Une partie non négligeable de la théorie des anneaux provient du désir de mieux comprendre les nombres entiers.
A la différence du grand théorème de Fermat le théorème des deux carrés n'est pas à l'origine d'un développement d'outil particulier. En revanche, il représente un magnifique exemple d'utilisations de méthodes souvent puissantes, et qui, chaque fois simplifie la démonstration.
Ce théorème comporte quelques applications, par exemple la recherche des nombres premiers de Gauss. La motivation principale, celle qui a amené de grands noms des mathématiques à publier des preuves, reste essentiellement l'aspect exemplaire de leurs démonstrations.
[modifier] Démonstrations
[modifier] Gauss et ses entiers
Illustration de la démonstration par les entiers de Gauss
Gauss propose une démonstration révolutionnaire en 1801 dans son traité Disquisitiones Arithmeticae. Il utilise pour cela les entiers qui portent maintenant son nom.
Un entier de Gauss z est un nombre complexe ayant ses parties réelle et imaginaire entières. Si z = a + i.b, on définit sa norme N(z) comme égale à a2 + b2. Elle correspond au carré de la distance du point origine. Graphiquement les entiers de Gauss sont les points du quadrillage de la figure de droite. Le théorème revient à trouver les intersections des cercles de centre l'origine et de rayon la racine carrée d'un nombre premier. La figure illustre le fait que 2, 5 et 13 ont des solutions, alors que 3, 7 et 11 n'en n'ont pas. Par exemple point le plus à droite de la figure illustre la solution 32 + 22 = 13.
Par delà l'aspect graphique de la méthode, le véritable intérêt réside dans le fait que l'ensemble des entiers de Gauss possède une arithmétique avec ses nombres premiers appelé nombres irréductibles et son lemme d'Euclide.
Cette approche, permet de démontrer dans le même traité une autre célèbre conjecture, la loi de réciprocité quadratique que Gauss considérait comme le théorème d'or. Elle est à l'origine de vastes branches des mathématiques, l'arithmétique modulaire et la théorie algébrique des nombres.
[modifier] Dedekind et l'algèbre moderne
Dedekind propose au moins deux démonstrations de ce théorème illustrant l'utilisation des propriétés arithmétiques des entiers de Gauss. Celle présentée ici est la seconde, elle est publiée en 1894 dans le Supplément XI des Leçons en théorie des nombres de Dirichlet.
Son approche est élégante et expéditive. Dedekind est le dernier élève de Gauss. Il s'appuie sur les techniques des Recherches arithmétiques le livre de son maître.
Dans un premier temps utilise l'arithmétique modulaire : un polynôme cyclotomique sur le corps cyclique de cardinal p permet de montrer l'existence d'un entier α tel que α2 + 1 soit un multiple du nombre premier. Le groupe cyclique d'ordre quatre, correspondant au groupe des entiers de Gauss inversibles et illustré en vert sur la figure, apparaît immédiatement.
Ensuite, il résout la question avec deux remarques arithmétique sur les entiers de Gauss.
La démonstration illustre parfaitement la puissance des outils théoriques développés pendant son siècle, surtout si on la compare avec celle d'Euler, la première connue.
Démonstration
1. Si p n'est pas congru à 1 modulo 4, alors il n'est pas somme de deux carrés :
-
- Un carré d'entier est soit congru à 0 soit à 1 modulo 4. En conséquence la somme de deux carrés n'est jamais congru à 3 modulo 4.
2. Il existe un entier α tel que α2+1 est un multiple de p si et seulement si p est congru à 1 modulo 4.
-
- Soit le polynôme X4 - 1 dans Z/pZ. Ces racines sont les éléments d'ordre un diviseur de 4 dans le groupe (Z/pZ)* qui est un groupe cyclique d'ordre p - 1 (cf Groupe cyclique et anneau). Il en existe quatre si et seulement si l'ordre du groupe est un multiple de 4 (cf la troisième proposition du Théorème fondamental des groupes cycliques). Le polynôme se factorise de la manière suivante :
- Et le polynôme X2 + 1 admet une racine a si et seulement si p est congru à 1 modulo 4. Un élément quelconque α de la classe de a vérifie la proposition.
3. p est somme de deux carrés si p est congru à 1 modulo 4 :
-
- p divise (α + i).(α - i). De plus il ne divise aucun des membres car s'il en divise un, il divise l'autre (c'est son conjugué) et il divise leur différence égale à 2.i. Or p ne divise pas 2.i, il n'est donc pas irréductible. Et il existe deux entiers de Gauss n et m non unitaires tel que p = n.m et comme la norme de p est égale à p2 et qu'une norme est toujours un entier, la norme de n est égale à p. La proposition est démontrée car une norme est somme de deux carrés.
[modifier] Lagrange et les formes quadratiques
Démonstration
Dans un Z module libre de dimension deux, une forme quadratique φ s'exprime dans une base B égale à (u, v) pour un vecteur m =x.u + y.v où x et y sont les coordonnées éléments de Z par une expression du type suivant : φ(m) = a.x2 + 2b.x.y+c.y2. Cette expression prend la forme matricielle suivante:
Le théorème s'exprime donc comme la recherche d'un vecteur ayant pour image un nombre premier p congru à 1 modulo quatre par la forme quadratique φI ayant (u, v) comme base orthonormée. Si β est un automorphisme de module, alors l'application φβ définie par φβ(m) = φI (β.m) est une forme quadratique qui a même image que φI.
Notons ψ la forme bilinéaire symétrique associée à φI, et α un automorphisme symétrique de déterminant égal à 1. Montrons qu'il existe un automorphisme b tel que pour tout m du module ψ(α.m , m) = φI (β.m). Soit un vecteur u1 tel que ψ(α.u1 , u1) ne soit pas nul. Un tel vecteur existe car α n'est pas l'endomorphisme nul. Considérons la forme linéaire qui à m associe ψ(α.u1 , m), elle n'est pas nulle car elle prend une valeur non nulle sur u1 et son image est donc Z, son noyau est donc de dimension un. Soit v1 une base du noyau.
à Le déterminant de la forme quadratique dans la base B est égal à a.c - b2 et prend comme valeur 1.
Two forms ax2 + 2bxy + cy2 and rx'2 + 2sx'y' + ty'2 are equivalent if and only if there exist substitutions with integer coefficients
- x = αx' + βy'
- y = γx' + δy'
with such that, when substituted into the first form, yield the second. Equivalent forms are readily seen to have the same discriminant. Moreover, it is clear that equivalent forms will represent exactly the same integers.
Lagrange proved that all forms of discriminant − 1 are equivalent. Thus, to prove Fermat's theorem it is enough to find any form of discriminant − 1 that represents p. To do this, it suffices to find an integer m such that p divides m2 + 1. For, finding such an integer, we can consider the form
which has discriminant − 1 and represents p by setting x = 1 and y = 0.
Suppose then that p = 4n + 1. Again we invoke Fermat's Little Theorem: for any z relatively prime to p, we know that p divides zp − 1 − 1 = z4n − 1 = (z2n − 1)(z2n + 1). Moreover, by a theorem of Lagrange, the number of solutions modulo p to a congruence of degree q modulo p is at most q (this follows since the integers modulo p form a field, and a polynomial of degree q has at most q roots). So the congruence has at most 2n solutions among the numbers . Therefore, there exists some positive integer z strictly smaller than p (and so relatively prime to p) such that p does not divide z2n − 1. Since p divides z4n − 1 = (z2n − 1)(z2n + 1), p must divide z2n + 1. Setting m = zn completes the proof.
[modifier] Euler et la descente infinie
La première démonstration connue, celle d'Euler, se fonde sur une approche directe, n'utilisant aucun des outils cités ci-dessus. Euler n'utilise que l'identité de Brahmagupta, le petit théorème de Fermat et les règles élémentaires de calcul algébrique. Cette preuve illustre la quantité d'astuces nécessaire à l'époque pour venir à bout de la preuve. Elle est inévitablement longue et comporte de lourds calculs.
Euler utilise à la quatrième étape de sa démonstration un raisonnement de la nature suivante, si le théorème est faux, alors il existe un entier a différent de zéro qui vérifie une propriété telle que a s'écrit sous la forme x.y chacun différent de un avec y ayant la même propriété. a aurait alors une infinité de diviseurs différents de un, ce qui est impossible.
Une telle démarche s'appelle une descente infinie. Elle joue un rôle important en arithmétique. Fermat l'utilise pour démontrer le grand théorème de Fermat pour n égal à quatre. Euler l'utilise pour proposer une démonstration du cas n égal à trois, la démonstration s'avère fausse, l'approche est néanmoins la bonne. Elle permet même la résolution du cas où n est égal à cinq.
Démonstration
1. Le produit de deux entiers, chacun somme de deux carrés, est une somme de deux carrés.
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- C'est une conséquence directe de l'Identité de Brahmagupta.
2. Si un entier n, somme de deux carrés, est divisible par un nombre premier m, somme de deux carrés, alors le quotient est lui-même somme de deux carrés.
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- Notons n = a2 + b2 et m = p2 + q2. Si n est divisible par le nombre premier m. Alors m divise:
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- m est un nombre premier, il divise donc l'un des deux facteurs, par exemple p.b - a.q. De plus, l'Identité de Brahmagupta montre que :
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- Ce qui montre que m divise (a.p + b.q)2, l'équation peut donc être divisée par le carré de m:
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- Ce qui démontre la proposition.
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- Si m2 divise p.b + a.q, un argument de même nature peut être utilisé avec:
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- qui est une conséquence directe de l'Identité de Brahmagupta.
3. Si un nombre n, somme de deux carrés, est divisible par un nombre m, qui n'est pas somme de deux carrés, alors le quotient q contient un facteur qui n'est pas somme de deux carrés.
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- Notons q = q1.q2. ... .qk, la décomposition du quotient en facteurs premiers. Alors n = m.q1.q2. ... .qk. Si chaque facteur qi est somme de deux carrés, la proposition précédente montre qu'il est possible de diviser n successivement par chaque qi et d'obtenir chaque fois un entier somme de deux carrés. Ce raisonnement montre que m est alors somme de deux carrés. La contraposée montre que si m n'est pas somme de deux carrés, alors au moins un qi n'est pas somme de deux carrés.
4. Si a et b sont premiers entre eux, alors chaque facteur de n (la somme des carrés de a et de b) est somme de deux carrés.
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- Cette étape utilise la descente infinie. Soit x un facteur de n, alors :
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- où c et d sont deux entiers inférieurs en valeur absolue à la moitié de x. On remarque que c est strictement plus petit que a sauf peut-être dans le cas où c est égal à la moitié de x et x au double exact de a. Dans ce cas là, d ne peut être égal à la moitié de x car x, c et d serait des multiples de c et a et b ne serait pas premiers entre eux. En conséquence d est strictement plus petit que b et c2 + d2 est strictement plus petit que a2 + b2
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- a2 + b2 est un multiple de x. Notons a2 + b2 = x.y où y est entier. Si c et d ne sont pas premiers entre eux leur pgcd noté p est premier avec x, car tout diviseur commun à x, c et d divise a et b qui sont choisis premiers entre eux. Notons p.e le produit égal à c et p.d le produit égal à f. Comme c 2 + d 2 est un multiple de x et que p est premier avec x, l'égalité: c 2 + d 2 = p2.(e 2 + f 2) montre que e 2 + f 2 est un multiple de x, donc il existe un entier z tel que :
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- Si c et d sont premiers entre eux, il est alors possible de les utiliser directement et d'éviter l'étape de calcul de e et f.
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- Si x n'est pas la somme de deux carrés, alors la troisième étape montre l'existence d'un facteur w de z qui n'est pas somme de deux carrés. On obtient ainsi une descente infinie allant de x à un entier plus petit w, qui tous deux ne sont pas somme de deux carrés mais divisant une somme de deux carrés. Comme une telle descente infinie n'est pas possible, x est la somme de deux carrés.
5. Tout entier p est somme de deux carrés si p est un nombre premier congru à un modulo quatre.
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- Cherchons dans un premier temps, un entier a tel que a2 + 1 soit un multiple de p. Le petit théorème de Fermat montre que si x est un entier, alors xp-1 - 1 est un multiple de p. Si l'on note p = 4.k + 1, alors x4.k - 1 = (x2.k - 1).(x2.k + 1) est un multiple de p. Comme p est premier l'un des deux facteurs de l'égalité précédente est un multiple de p. Il suffit alors de démontrer que le premier des facteurs n'est pas systématiquement un multiple de p.
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- Considérons la suite de polynômes Pn[X] définie par récurrence par P0[X] = X2.k - 1 et Pi+1[X] = Pi[X + 1] - Pi[X]. On remarque que si i est un entier compris entre 1 et 2.p, alors Pi[X] est un polynôme de degré 2.k - i et de monôme dominant ayant un coefficient égal à (2.k).(2.k - 1). ... .(2.k - i ). On en déduit que P2.k[X] est un polynôme constant égal à (2.k)!. Comme p est premier, il n'est pas diviseur de (2.k)!. Or, P2.k[X], est combinaison linéaire à coefficients dans Z de valeurs du polynôme P0[xi] avec xi pris dans Z. En conséquence, il existe un entier a tel que P0[a] n'est pas un multiple de p, ce qui montre que a2.k + 1 est un multiple de p.
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- Il existe donc un multiple de p somme de deux carrés. D'après le paragraphe 4, chacun de ses facteurs, et en particulier p est somme de deux carrés.
[modifier] Une démonstration moderne
Ce théorème dispose de nombreuses preuves différentes. Une approche analytique permet, par exemple, une démonstration n'utilisant que peu d'outils et relativement simple néanmoins.
Démonstration
La démonstration se fonde sur deux étapes préliminaires :
1. Si n est un entier premier impair, le corps Z/nZ* contient exactement (n-1)/2 carrés, et ce sont les racines du polynôme .
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- Cette proposition est une reformalisation du critère d'Euler.
2. Pour tout réel ξ et tout réel H > 1, il existe un couple (p, q) d'entiers tels que q < H et .
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- Supposons H entier. Les H+1 réels {0, ξ - [ξ], 2ξ - [2ξ], 3ξ - [3ξ]…, 1} où [α] désigne la partie entière de α sont tous compris entre 0 et 1. Donc au moins deux d'entre-eux ont une distance inférieure à 1/H. Si ces deux réels sont iξ - [iξ] et i'ξ - [i'ξ] avec i < i', alors q = i' - i et p = [i'ξ] - [iξ] donne :
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- On vérifie que l'inégalité est également vraie si l'un des deux réels est égal à 1.
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- Si H n'est pas entier, on applique le raisonnement sur [H] + 1. Comme q est entier, q < [H] + 1 implique q < H, CQFD.
3. Condition suffisante
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- Si n est congru à 1 modulo 4, l'égalité ( − 1)(n − 1) / 2 = 1 montre d'après le lemme 1 que -1 est un carré et donc qu'il existe un m tel que .
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- Appliquons maintenant le lemme 2 avec ξ = m/n et H = √n. Il existe (p,q) tel que q < √n et .
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- Posons r = qm - pn. Alors , donc q² + r² < 2n.
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- En outre, q² + r² est congru à q² + q²m² = q(m² + 1) = 0 modulo n. Comme q² + r² < 2n, q² + r² = n, CQFD.
[modifier] Résultats connexes
[modifier] Autres problèmes posés par Fermat
Quatorze ans plus tard, dans une lettre à Blaise Pascal, Fermat conjecture deux résultats analogues si p est un nombre premier impair :
Ces deux résultats sont pour la première fois démontrés par Lagrange.
Démonstration
La démonstration ici est analogue à celle de Dedekind, cependant, l'anneau des entiers est celui d'Eisenstein. Il est composé des nombres complexes de la forme a + b.j où j désigne la racine cubique de l'unité . C'est aussi un anneau euclidien et donc factoriel.
1. Si un nombre premier différent de trois est de la forme x2 + 3.y2 alors il est congru à un modulo trois.'
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- En effet, le deuxième terme est congru à zéro, modulo trois, un carré est congru à zéro ou à un. En conséquence, si p est différent de trois, comme il est premier, il n'est pas congru à zéro modulo trois il est donc congru à un.
2. Si p est différent de trois et congru à un modulo trois, alors il existe un entier α tel que α2 + 3 soit un multiple de p.
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- Soit le polynôme X3 - 1 dans Z/pZ. Ces racines sont les éléments d'ordre trois dans le groupe (Z/pZ)* qui est un groupe cyclique d'ordre p - 1 (cf Groupe cyclique et anneau). Il en existe trois si et seulement si l'ordre du groupe est un multiple de trois (cf la troisième proposition du Théorème fondamental des groupes cycliques). Le polynôme se factorise de la manière suivante :
- Et le polynôme X2 + X + 1 admet une racine J dans Z/pZ si, et seulement si, p est congru à un modulo trois. Il suffit alors de remarquer que le carré de 1 + 2.J est égal à -3. Ce qui montre que tout élément α de la classe de 1 + 2.J remplit la condition.
3. Il existe un entier d'Eisenstein de norme égale à p, si p est congru à un modulo trois.
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- p divise (α + √3.i).(α - √3.i). De plus il ne divise aucun des membres car s'il en divise un, il divise l'autre (c'est son conjugué) et il divise leur différence égale à 2√3.i. Or p ne divise pas 2√3.i, il n'est donc pas irréductible. Et il existe deux entiers d'Eisenstein n et m non unitaires tel que p = n.m et comme la norme de p est égale à p2 et qu'une norme est toujours un entier, la norme de n est égale à p. La proposition est démontrée.
4. Il existe deux entiers x et y tel que x2 + 3.y2 soit égal à p, si p est congru à un modulo trois.
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- Le point 3. montre l'existence de deux entiers a et b tel que n = a + b.j ait pour norme p. Cependant un entier de la forme a + b.j est de la forme x + y.√3.i si, et seulement si, b est pair. On remarque que la norme de n est égal à a2 - a.b + b2. a et b ne peuvent être pair en même temps car p serait alors un multiple de quatre, or p est premier. Si a est pair, alors b + a.j possède une norme égale à p et un coefficient pair pour j. Si a et b sont impairs alors a + (a - b).j possède une norme égale à p et un coefficient pair pour j.
[modifier] Généralisation à tous les entiers
Une fois connu les nombres premiers somme de deux carrés, il devient possible de généraliser la question à tous les entiers:
-
- Un entier n est somme de deux carrés d'entiers si, et seulement si, dans sa décomposition en facteurs premiers, les nombres premiers congrus à trois modulo quatre figurent à une puissance paire.
Ce résultat peut s'énoncer de la manière suivante:
Un entier est somme de deux carrés d'entiers si et seulement si les valuations p-adiques des facteurs premiers p de n congrus à trois modulo quatre sont paires.
Démonstration
Deux lemmes sont nécessaires pour la démonstration de ce théorème:
-
- Le produit d'une somme de deux carrés d'entiers est la somme de deux carrés d'entiers.
Une somme de deux carrés d'entiers correspond toujours à la norme d'un entier de Gauss. En effet, si n est égal à a2 + b2, alors n est la norme de a + i.b. Le produit de sommes de deux carrés d'entiers est donc de la forme N(α1).N(α2). ... .N(αk), qui est égal à N(α1. ... .αk) une somme de deux carrés d'entiers car la norme est multiplicative (cf norme des entiers de Gauss).
-
- Soit p un nombre premier congru à 3 modulo 4. Si une somme de deux carrés d'entiers a2 + b2 est un multiple de p alors a et b sont des multiples de p.
Si a2 + b2 est congru à 0 modulo p et si b n'est pas un multiple de p alors a/b est solution de l'équation X2 + 1 = 0 dans Z/p Z. Il n'existe pas de telle solution d'après la démonstration du théorème des deux carrés de Fermat. Donc b est un multiple de p et par voie de conséquence a aussi.
-
- Démonstration du théorème :
Si p est de la forme décrite dans le théorème, alors la puissance de deux s'écrit soit (2m + 0) si m est paire soit (2m-1 + 2m-1) si m est impaire. Les nombres premiers congrus à 1 modulo 4 s'écrivent tous sous forme de somme de deux carrés et les puissances paires de nombres premiers congrus à 3 modulo 4 s'écrivent toutes sous une forme du type (p2 + 0)m. Alors n est produit de sommes de deux carrés et le premier lemme permet de conclure.
Réciproquement supposons que n est somme de deux carrés d'entiers n = a2 + b2. Soit p un nombre premier congru à 3 modulo 4 élément de la décomposition en facteurs premiers de n. Le deuxième lemme montre que a et b sont des multiples de p. En conséquence a2 + b2 est un multiple d'un carré de p. Ce qui permet de conclure que toutes les puissances congrues à trois modulo quatre sont paires.
[modifier] Fonctions arithmétiques
L'utilisation des fonctions arithmétiques permet d'obtenir plus de résultats. Ainsi, si l'on pose r2(n) comme étant le nombre de façons d'écrire l'entier sous forme d'une somme de 2 carrés, on peut prouver le résultat suivant:
.
- d1(n) désigne le nombre de diviseurs d de n vérifiant .
- d3(n) désigne le nombre de diviseurs d de n vérifiant .