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Sacrifice - Wikipédia

Sacrifice

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Sacrifice, étymologiquement « fait de rendre sacré » (du latin sacrificium, de sacer facere).

Le sacrifice retranche du monde des hommes l'objet, l'être vivant, ou la partie du corps, concerné. Cette chose passe dans le monde des choses divines, dont les hommes ne doivent pas toucher, se servir, et autres tabous. Ce passage se traduit le plus généralement par une destruction au sens commun, une dématérialisation : la mort, l'incinération, l'inhumation ou l'envoi sous l'eau, la clôture (pour les zones), le renversement (pour les liquides), la diffusion (pour les fumées, les matières odorantes), etc.

Étymologiquement, le terme de sacrifice s'emploie pour une grande variété d'actes. Habituellement, on l'utilise surtout pour les sacrifices sanglants. Dans la cas d'offrandes de nourriture on parle de sacrifice non sanglant ou libation, et, dans le cas d'une portion du sol, d'inauguration.

Le terme est également passé dans le langage courant pour désigner le fait de détruire ou laisser détruire stratégiquement une partie d'un ensemble en vue d'un objectif global jugé plus important: sacrifier un pion au jeu d'échec, sacrifier une escouade afin de gagner une bataille ou une guerre, etc.

par extension le mot sacrifice est aussi employé pour désigner de façon plus édulcorée l'abattage des petits animaux d'élevage.

Sommaire

[modifier] Brève histoire des sacrifices

Dans l'histoire des religions, trois phases sont aisément décelables :

  • le temps des sacrifices humains dont le prototype est le meurtre rituel,
  • le sacrifice des animaux,
  • le sacrifice de soi plus généralement nommé martyr.

[modifier] Le sacrifice humain

[modifier] Le meurtre rituel

Le meurtre rituel est attesté dès le paléoloithique, vestige d'un culte des crânes. Les participants en extrayaient la matière grise pour s'en nourrir au cours d'un banquet rituel. Dans un premier temps, il est possible que ces crânes vidés de leur substance fussent celui des défunts de la communauté, dont on absorbait l'âme. Mais certaines civilisations montrent des sujets jeunes présentant les mêmes blessures.

L'anthropophagie rituelle fascine les ethnologues et les anthropologues qui la rencontrent en Océanie, en Afrique et dans le Nord de l'Amérique latine et en Europe. L'une de ces civilisations a permis récemment de comprendre les causes de la Maladie de Creutzfeldt-Jacob.

[modifier] Le sacrifice de l'ennemi

Sacrifice aztèque, Codex Mendoza
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Sacrifice aztèque, Codex Mendoza

C'est une part de butin qui est ainsi offerte aux dieux, et une façon de s'approprier la force de l'ennemi. Presque toutes les civilisations primitives ou archaïques l'ont pratiqué. Les sacrifices humains sont attestés chez les Gaulois par les fouilles des puits sacrificiels. Dans la Rome antique, les sacrifices humains restent exceptionnels : en 226 av. J.-C. et en 216 av. J.-C., deux Gaulois et deux Grecs sont sacrifiés. En 97 av. J.-C., les sacrifices humains sont interdits sur le territoire romain. Dans le monde méditerranéen archaïque, cela reste cependant un fait tout à fait exceptionnel reflétant la gravité d'une situation. Les Aztèques offraient ainsi des milliers de prisonniers de guerre dont le cœur était arraché pour nourrir le soleil et lui donner la force de se lever chaque jour. Le corps des prisonniers était réparti et partagé entre tous les habitants.

Ce sacrifice, qu'il soit celui de l'ennemi étranger ou de l'ennemi commun, nécessite la collaboration entre les autorités civiles, religieuses et militaires. Ainsi, la mise à mort témoigne d'une dimension politique escamotée par une interprétation théologique afin de sceller l'alliance de ce qu'on nommerait en nos contrées le sabre et le goupillon.

[modifier] Le sacrifice des enfants

En face du sacrifice de l'ennemi, d'autres civilisations ont préféré le sacrifice des enfants, êtres innocents par excellence. Nombre de cosmogonies, telle celle de Cronos présentent le récit d'un dieu dévorant ses enfants.

Massacre des innocents par Giacomo Paracca, 1587.
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Massacre des innocents par Giacomo Paracca, 1587.

Dans l'Israël ancien, les cultes cananéens virent perdurer le sacrifice des enfants jusqu'au premier millénaire avant l'ère commune. Le dieu auquel ces enfants étaient sacrifiés se nommait Moloch dont la racine MLK est identique à celle de melech, le roi. On peut penser qu'il représentait la divinisation du pouvoir politique. Cependant, on s'accorde à dire aujourd'hui que le molek n'était pas une divinité mais le nom du rite sacrificiel. les Phéniciens sacrifiaient aussi des enfants au dieu Baal, les carthaginois à Ba'al Hammon et/ou Tanit pour obtenir la faveur du dieu, ou à Tanit seule lors de rites de fécondité.

Au Moyen Âge, spécialement pendant les épidémies de peste noire, les Juifs étaient facilement accusés de sacrifier des enfants chrétiens, et souffraient souvent de ces horribles accusations.

La ligature d'Isaac dans le judaïsme et l'Aïd al-Kebir dans l'Islam commémorent l'abandon du sacrifice des enfants en leur substituant un bélier, animal de grand prix car reproducteur. On sacrifie donc une source de revenus monétaires dans une civilisation où le numéraire est rare.

Au sacrifice d'Isaac par Abraham répond le sacrifice de la fille de Jephté, pour laquelle aucune substitution n'est nécessaire.

Dans les sociétés européennes jusqu'au début du XXe siècle, la mort d'une vache, source de revenus, étaient plus pleurée que la mort d'une fille, bouche à nourrir, puis fiancée à doter.

La mythologie grecque connaît deux traditions narratives du sacrifice d'Iphigénie. Racine nous transmet celle où aucune substitution n'est nécessaire. Dans un autre récit, une biche survient au dernier moment et de sacrifiée, Iphigénie devient sacrificatrice en immolant la bête. Préposée au sacrifice des prisonniers étrangers, elle refusera de sacrifier Oreste, son frère, déclarant qu'il suffit de le purifier. Son geste symbolise la fin du sacrifice humain dans la Grèce ancienne.

[modifier] Postérité

La condamnation des Vestales représente une forme de sacrifice humain.

Dans les sociétés européennes, la conscription, avec un régime de guerre tous les 25 ans, représentait un sacrifice du type du sacrifice des premiers nés qui perdure dans les sociétés africaines avec le phénomène de l'enfant soldat.

En Chine contemporaine, en régime d'enfant unique, l'exposition des bébés filles surnuméraires ressemble plutôt au sacrifice de la fille de Jephté.

[modifier] Les sacrifices animaux

15e siècle. Sacrifices dans le rituel juif.
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15e siècle. Sacrifices dans le rituel juif.

[modifier] Dans la Bible

  • La substitution d'un bélier à Isaac, lors du "sacrifice" d'Abraham, marque l'abandon des sacrifices humains par la civilisation naissante.
  • Les sacrifices rituels d'animaux prescrits au peuple d'Israël font l'objet de nombreux versets du Lévitique.

[modifier] Dans l'Islam

Chacun ayant toujours une aide à demander ou une faute à se faire pardonner, le sacrifice a la vie dure. Le sacrifice dans le Coran : L'aïd el-Kebir (signifiant littéralement la grande fête) est l'une des fêtes musulmanes les plus importantes. Elle marque chaque année la fin du pèlerinage à La Mecque, le dernier mois du calendrier musulman. Elle commémore la soumission d'Abraham à Allah, lorsque le patriarche était prêt à sacrifier son fils sur son ordre. Chaque famille musulmane, dans la mesure de ses moyens, sacrifie un mouton en l'égorgeant couché sur le flanc gauche et la tête tournée vers La Mecque.

Extrait du Coran, sourate II, 196 :

« Et accomplissez pour Allah le pèlerinage et l'Umra. Si vous en êtes empêchés, alors faite un sacrifice qui vous soit facile. Et ne rasez pas vos têtes avant que l'offrande [l'animal à sacrifier] n'ait atteint son lieu d'immolation. Si l'un d'entre vous est malade ou souffre d'une affection de la tête (et doit se raser), qu'il se rachète alors par un Siyam ou par une aumône ou par un sacrifice. Quand vous retrouverez ensuite la paix, quiconque a joui d'une vie normale après avoir fait l'Umra en attendant le pèlerinage, doit faire un sacrifice qui lui soit facile. S'il n'a pas les moyens, qu'il jeûne trois jours pendant le pèlerinage et sept jours une fois rentré chez lui, soit en tout dix jours. Cela est prescrit pour celui dont la famille n'habite pas auprès de la Mosquée sacrée. Et craignez Allah. Et sachez qu'Allah est dur en punition. »

[modifier] Différentes valorisations du sacrifice

Pour une même exécution, selon le même mode, l'interprétation théologique donnée à l'acte fait toute la différence.

  • Pour les chrétiens, Jésus de Nazareth s'est sacrifié lui-même pour sauver le genre humain.
  • La tradition rapporte que deux crucifiés l'entourent. Ce ne sont que des larrons, dont le récit crédite l'un d'eux d'être bon.
  • Les 6000 compagnons de Spartacus, crucifiés, ne sont que des esclaves révoltés ayant reçu leur juste châtiment. L'interprétation théologique les concernant interviendra au début du XIXe siècle quand Rosa Luxembourg (1870-1919) et Karl Liebknecht (1871-1919) en feront les héros du peuple et les martyrs de la liberté sacrifiés par un état répressif moderne figure d'un Moloch laïc.
article spécialisé : martyre

[modifier] Typologie des sacrifices

[modifier] L'offrande

Préparatif d'un sacrifice, Rome, IIe siècle
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Préparatif d'un sacrifice, Rome, IIe siècle

D'une façon la plus commune, le sacrifice est un don fait au(x) dieu(x) ou esprit(s), une offrande; on parle alors de sacrifice latreutique. S'il est donné aux fins de rendre grâce pour un bienfait passé, il est dit eucharistique. Enfin, s'il est donné en vue d'obtenir d'autres bienfaits, il est dit impétratoire.

Le destinataire peut être une entité précise et déterminée, un groupe d'entités, voire une entité inconnue de celui qui fait le sacrifice (cas des abandons de choses à l'extérieur).

Un tel sacrifice-donation doit évidemment porter sur des objets adaptés au donataire :

  • un animal sans défaut (Ainsi Lévitique IV:22 définit le bouc émissaire)
  • ou inversement un individu portant la marque divine, sous forme d'une couleur ou d'un défaut rare et spécifique).

Il peut être accepté ou refusé (par exemple : le feu qui doit consommer l'objet ne prend pas). Des spécialistes sont chargés de déterminer ce qu'il en est et comment cela doit être interprété, notamment par rapport aux événements futurs.

[modifier] L'apothéose

Plus rarement, le sacrifice est explicitement une divinisation, une apothéose, et donc un véritable « cadeau » non pas aux dieux mais à la chose ou personne sacrifiée. Les pratiques funéraires relèvent de la même logique, le défunt rejoignant le monde des « esprits », bien que cela soit maintenant assez implicite et que le lien avec la divinité soit moins vu. Les pratiques funéraires incluent parallèlement à ce sacrifice-apothéose des offrandes de choses propres au défunt (armement, bijoux, objets quotidiens...).

La frontière entre les deux types de sacrifice peut d'ailleurs s'estomper dans ce cas : autant le sacrifice du cheval ou du bateau du défunt est clairement une donation, autant le sacrifice de la veuve (connu de nombreuses civilisations, et qui subsistait en Inde au moins jusqu'au XIXe siècle : sati) est plus ambigu, et variable selon la place de la femme dans la société (c'est-à-dire si les femmes sont ou non dotée d'une « âme », une capacité à passer dans le monde des esprits comme une personne à part entière).

Enfin, et plus communément, si l'apothéose consacre (littéralement) les vertus du défunt, le sacrifice peut être suscité par les défauts (réels ou supposés) de la victime, ce qui la transforme en une sorte de démon. L'ironie et l'ambiguïté de la chose est que les survivants en déduiront (ou conforteront) des règles sur les comportements adéquats, dont le démon incarne l'opposé, ce qui fait de lui à la fois une force négative et l'origine de l'ordre. Ainsi le démon devient-il dieu, par une sorte d'apothéose inverse. En Amérique du Nord, les Natchez pratiquaient des sacrifices humains à l'occasion des funérailles de leur Grand Soleil ou de leur Grande Reine[1].

[modifier] Le sacrifice et la profanation

[modifier] Sacrifice et espace sacré

Le sacrifice suppose une organisation de l'espace : celui-ci se répartit entre espace sacré et espace profane. L'espace profane (de pro = devant et de fanum = temple) étant, par étymologie devant le temple comme l'indique la succession de parvis et de cours hypostyles ou à ciel ouvert dans les temples égyptiens ou dans le second Temple de Jérusalem. Cette structuration de l'espace s'entend comme une représentation de l'espace cosmologique. Selon le degré de pureté ou de sainteté, l'impétrant pourra s'avancer plus ou moins avant dans le bâtiment et y présenter lui-même son offrande ou, s'il est étranger et/ou réputé impur, il devra la remettre à un autre.

L'espace sacré peut s'étendre à celui où évolue la communauté de croyants. Tel est le sens du sillon qui scelle l'espace où s'étendra la ville dont il marque les fondations. Dans les sociétés anciennes, le trait de sillon s'accompagne d'un sacrifice le plus souvent humain. Ainsi s'interprète le meurtre de Rémus par Romulus (source : école américaine) La disposition du temple se conçoit donc comme un intérieur et un extérieur géographique matérialisant la séparation cosmologique du eux (les impurs) contre nous (les purs, les intègres). Dans ce sens, tous les groupes fortement intégrés reposent sur des mécanismes de discrimination.

Ils ne peuvent exister sans ennemis ni victimes sacrificielles et dépendent donc de la répétition constante du mensonge sur l'ennemi s'ils veulent parvenir à un degré de stress autogène nécessaire à la stabilisation interne. […] Il n'est nul besoin de croire aux dieux ; il suffit de se rappeler la fête meurtrière constitutive pour savoir en quoi ils nous concerne. Le souvenir angoissé d'un crime caché est ce qui constitue la religiosité profonde des cultures anciennes ; dans cette ambiance religieuse, les peuples sont proches des mensonges et des spectres qui les fondent. Dieu est l'instance qui peut rappeler à ses adeptes le mystère occulté de la faute. (Peter Sloterdijk Finitude et ouverture - vers une éthique de l'espace - 330e conférence de l'université de tous les savoirs donnée le 25 novembre 2000)

Peter Sloterdijk désigne alors une telle tribu comme utérotechnique. Est dite utero-technique une société refermée sur elle-même, que cet enfermement soit matériel, intellectuel ou spirituel. Le confort d'une telle société est dû à la relation du même au même et maintenue par une classe de prêtres assumant la royauté. Peter Sloterdijk expose qu'un tel confort, quand il se perd, par l'introduction de nouvelles manières de produire ou plus généralement de nouvelles idées dégénère en conformisme. Il devient alors nécessaire d'expulser l'intrus, désigné par les augures, c'est-à-dire les prêtres.

Le sacrifice apparaît, dans ce cadre, comme un effort pour expulser le mal de l'espace intérieur de la communauté. Elle produit un effet momentané d'extension de la sphère d'influence de celle-ci au moyen de l'établissement d'une distance symbolique, vécue comme un espace immunitaire, une distance de sécurité entre et le groupe et celui ou ceux qui en sont exclus. Les exclus sont supposés l'avoir corrompu tandis que le monde intérieur délimité par les fossés et murailles moraux est supposé pur ou intègre.

L'expulsion du bouc ou son sacrifice produisent une élimination de la tension auto-stressante endogène pendant la période précédant le sacrifice. Un verset biblique décrit ce phénomène : « Que son sang retombe sur nous et sur nos enfants ». Si, dans le contexte de la pensée de l'ancien testament, le sang appartient à Dieu comme siège du principe de vie, dans ce type de sacrifice, le point d'application devient tout à fait immanent. Il purifie les instigateurs du meurtre rituel.

Il constate la permanence de ce phénomène dans des sociétés supposées modernes où le meurtre, à défaut l'expulsion, ressoude une société quand elle ne parvient pas à résoudre ses propres contradictions et se croit alors menacée par un ennemi de l'intérieur (exemple : l'immigration clandestine, stigmatisée comme une invasion, mais qui, parce que clandestine, ne peut être réellement dénombrée ; faute de recensement exact d'un point de vue scientifique, son importance est mesurée à l'aide d'un instrument de mesure non-fiable : le fantasme de la perte d'identité).

[modifier] Désauguration

Le processus inverse (du monde divin au monde des hommes) est possible, soit « naturellement » (terme moderne, qui n'a évidemment pas de sens dans une cosmologie où le divin est omniprésent), soit à l'initiative des hommes ; dans ce cas, il convient de respecter des règles précises, sinon c'est une profanation (littéralement : un retour au monde profane).

Ainsi, chez les Romains, une chose donnée aux dieux peut, exceptionnellement, être rendue aux hommes par une exauguration.

On peut se référer à ce propos au discours de Cicéron, Pro domo : lorsque Cicéron est exilé, Clodius rase sa maison afin d'en faire un temple à Minerve (dans ce cas, le sol est consacré). Cicéron conteste cependant la régularité de cette cérémonie et veut y remédier par une exauguration.

[modifier] Sociologie du sacrifice

[modifier] Efficacité régulatrice et apaisante

Le sacrifice apparaît comme un moyen assez efficace de supprimer un problème potentiellement source conflit qu'on ne sait pas résoudre.

Selon René Girard (Quand les choses commenceront. Entretiens avec Michel Treguer, Paris, Arlea, 1996), toute culture locale est une clique issue du meurtre fondateur dans un système d'envie et de jalousie. Le jeu de langage central d'une telle société est, à chaque fois, l'accusation collective et univoque et la condamnation d'une victime sacrificielle qui doit assumer tout le mal et la négation aussi monotone que conséquente de sa propre responsabilité à l'égard des évolutions en cascade qui ont motivé l'éclosion de la violence. N'appartient à une culture dans ce sens du terme que celui qui participe réellement ou symboliquement au sacrifice du bouc émissaire. La victime devient alors le lien étroit de la culture qui le sacrifie.

C'est en tant que communautés de narration et d'émotion — c'est-à-dire dans le culte — que les cultures, ces groupes de criminels enchantés par leur méfait, sont le plus elles-mêmes. C'est là où les émotions et le récit se recoupent que se constitue le sacré. […] L'objet sacrifié est ainsi placé au cœur de l'espace spirituel d'une société. […] La fusion des groupes fondée sur les émotions et les récits, les peurs et les mensonges, se trouve aussi consolidée politiquement. (Peter Sloterdijk, op. cit.)

Ainsi, plutôt que de risquer un combat entre différentes personnes revendiquant une chose (héritiers, par exemple), il peut être (ou seulement sembler) moins nocif de dissoudre le litige en supprimant un de ses constituants. La communauté y perd, mais elle retrouve (provisoirement) une paix préférable à ses yeux, car permettant de construire d'autres choses au lieu de se battre sur les reliques. Encore faut-il ne pas se tromper.

Le choix de l'élément du conflit qui sera sacrifié est assez fondamental.

  • Ce peut-être, bien évidemment, l'objet du conflit (le navire d'un grand marin, l'armement d'un chef de guerre ou l'épouse d'un noble, et la légitimité au commandement qui vont avec). Les mythes nous montrent quelques exemples : Iphigénie en Aulide (sacrifice propitiatoire) ou la fille de Jethro (sacrifice eucharistique).
  • Ce peut être aussi un des protagonistes du conflit, le moins soutenu évidemment (indépendamment des droits réels qu'il pourrait avoir sur la chose, selon les règles en usage dans la société), ou même tous les protagonistes.
  • Ce peut être enfin, et même plus souvent, une chose apparemment sans le moindre rapport « naturelle » avec le litige, mais dont on constate a posteriori qu'elle a été efficace pour rassembler la communauté (ce qui prouve son appartenance aux catégories divines : elle a une capacité d'action « surnaturelle », et son sacrifice était donc nécessaire pour remettre le monde en ordre).
    • Le code de loi religieuse peut donner la liste des objets de substitution (Voir, par exemple, Lévitique III et IV)
    • Par exemple, deux tribus kanaks ennemies jurées se sont réconciliées sur le sacrifice d'un Poindi (fils cadet de chef, traditionnellement doté d'une puissance magique comme cœur de la tribu).

Si le sacrifice fonctionne, on peut observer de sa bonne marche les règles à suivre et à ne pas suivre (notamment, pour les sacrifices humains : le comportement de la personne sacrifiée avant sa désignation, qui devra, le plus souvent, être préalablement déshumanisée pour justifier le meurtre), qui pourront être sédimentées sous forme de lois ou de caractéristiques divines, tabous, caractéristique du prochain sacrifice.

En raison de ses supposées vertus apaisantes et régulatrices, le sacrifice reste une pratique très commune, même s'il est généralement associé au monde « primitif » (un passé révolu ou des peuplades « attardées »).

[modifier] Limites et perte d'efficacité

On imagine l'avantage comparatif des sociétés capables de réellement éviter ou gérer les conflits sans être obligé de détruire les objets ou d'éliminer des humains. D'où les évolutions vers des sacrifices de plus en plus doux, limitant la destruction. Ainsi la mythologie grecque garde-t-elle en mémoire le passage du sacrifice de la bête entière à seulement les parties les moins utiles (la peau et les os).

Mais surtout, plus profondément, le sacrifice n'est peut-être pas aussi efficace qu'il en a l'air. Si le conflit vient d'ailleurs, de l'état d'esprit des participants, l'élimination de l'objet du conflit ou l'élimination d'un seul participant ne change rien. On peut essayer de se rabattre sur un innocent (relatif), mais ce sacrifice ne marche plus vraiment dans le monde où le christ à posé sa marque : le respect des perdants, des victimes.

Aussi, selon René Girard, il y a maintenant toujours des empêcheurs de tourner en rond qui vont dénoncer le sacrifice comme inadapté au problème, et comme fausse solution à un vrai problème. L'unanimité n'est plus acquise, la règle dérivée du sacrifice est contestée, et le problème reste entier. On aura beau expulser à son tour « celui par qui le scandale arrive », un autre se lève derrière et tout recommence.

Seule peut marcher une solution juste, impliquant selon cet auteur un renoncement au conflit par l'amour, non pas en refusant ou niant le conflit, mais en le résolvant réellement une fois le conflit constaté.

[modifier] Sacrifice et martyre

(à suivre) voir l'article « kamikaze »

[modifier] Notions connexes

La tentative d'extermination (parmi d'autres groupes) des juifs durant la Seconde Guerre mondiale a été nommée holocauste. Cette appellation induit que ce génocide peut être vu comme un sacrifice à la race qui serait l'entité divine du nazisme. C'est pourquoi le terme d'holocauste est rejeté et on préfère utiliser le terme shoah qui signifie cataclysme.

Certains suicides présentés sous forme de protestation politique peuvent être assimilés à des sacrifices :

On peut s'interroger sur la peine de mort dans les sociétés modernes. Celle-ci, née de la loi du Talion (une vie pour une vie) ne représente-t-elle pas un sacrifice aux mânes de la victime ?


[modifier] Notes

  1. Angie Debo, Histoire des Indiens des États-Unis, Paris, Albin Michel, 1994, p. 81 ; Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, pages 297-298

[modifier] Voir aussi

Wikimedia Commons propose des documents multimédia sur Sacrifice.

[modifier] Lire aussi

  • Daniel Boyarin, Mourir pour Dieu, l'invention du martyre aux origines du judaïsme et du christianisme, éd. Bayard, Paris, 2003
  • Jean-Pierre Albert, Béatrix Midant-Reynes (ed) : Le sacrifice humain, en Égypte ancienne et ailleurs, éd. Soleb, Paris, 2005, ISBN 2-9523726-0-8
  • Andrew Lang, Un côté négligé de la religion grecque, Études traditionnistes, Vol. VI, traduit par Henry Carnoy, Édition J. Maisonneuve, Paris, 1890, p. 46-56.
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