Tabou
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Tabou est un mot d'origine polynésienne qui signifie « défendu » ou « interdit ». Le verbe tapui signifie « rendre saint »[1] . Il désigne, dans la littérature ethnologique, une prohibition à caractère magico-religieux dont la transgression entraîne un châtiment surnaturel.
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[modifier] Tabou et religions
Les ethnologues ont fait de ce mot polynésien un terme générique s'appliquant à toutes les interdictions d'ordre magique, religieux ou rituel, quel que soit le peuple qui formule ces interdictions.
Émile Durkheim estime, qu'il est fâcheux d'étendre ainsi l'acception d'une expression étroitement locale et dialectale. Il n'y a pas de religion où les interdictions ne jouent pas un rôle considérable. Les termes interdit ou interdiction seraient préférables. En outre, tabou désigne aussi bien l'interdiction que la chose interdite.
- Le tabou est un phénomène religieux qui peut être vu comme la forme négative du sacré . Il exprime à la fois son caractère contagieux et dangereux. Il comprend trois éléments : une croyance dans le caractère impur ou sacré de telle personne ou de telle chose; une prohibition : l'interdiction de toucher ou d'user de cette personne ou de cette chose; la croyance que la transgression de cet interdit entraîne automatiquement la punition du coupable, qui verra, par exemple, son corps enfler ou dépérir; il aura un accident, perdra ses récoltes ou bien ses parents mourront.La transgression du tabou est punie de mort ou au moins d'ostracisme.
- Le tabou , toujours en temps que phénomène religieux , peut aussi être vu comme un avertissement : une chose , une personne est chargée de puissance . La violation du tabou n'entraine pas forcemment un châtiment , mais une réaction de la puissance . Celle-çi fascine l'être humain , mais engendre aussi de la crainte . A tel point que le tabou fait éviter la parole par peur de la puissance . "Quand elle persiste , la crainte se fixe en une observance ... nous saisissons dès lors comment , à la longue , le frisson devait nécessairement passer à l'état d'observance , et la crainte vivante dégénérer en formalisme[1] .
Le premier tabou de l'humanité est le tabou de l'endogamie : interdiction d'avoir des relations sexuelles avec sa parentèle. Il évoluera ensuite en tabou de l'inceste avec la complexification des sociétés humaines consécutives à son application.
Ce tabou de l'inceste est créateur des sociétés humaines : familles, tribus, clans puis nations.
[modifier] Tabou dans son acception générale
Aujourd'hui, le tabou est passé dans la langue courante et ne se limite plus seulement aux faits religieux mais aussi aux faits militaires ou de justice voir culinaire. Par exemple, évoquer l'affaire Dreyfus a été très longtemps tabou dans la société française.
[modifier] Exemples
- Le manque d'hygiène dans les lieux publics.
- L'affaire Dreyfus, à l'époque.
- Les peintures d'Hitler, les svastikas, les expérimentations médicales nazies.
- La maladie, la mort
- Les odeurs corporelles, les excréments
- La sexualité et le désir, en particulier dans leurs formes déviantes, typiquement la pédophilie.
- L'argent
- Le fait de mendier.
[modifier] Notes
[modifier] Liens externes
- Salomon Reinach, De l’origine et de l’essence des tabous, Cultes, mythes et religions, Tome II, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1906, p. 18-22.
- Salomon Reinach, Coup d’œil sur les divers tabou, Cultes, mythes et religions, Tome II, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1906, pp. 23-35.
- Salomon Reinach, La prohibition de l’inceste et le sentiment de la pudeur, Cultes, mythes et religions, Tome I, Éd. Ernest Leroux, Paris, 1905, pp. 157-172.