Marranisme
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En Espagne puis au Portugal, les nuevos conversos appelés marranes (d'étymologie discutée, mais porcs en espagnol est la plus fréquemment admise) ou crypto-juifs sont, au sens propre, des Juifs séfarades, plus rarement des Maures ou des musulmans contraints à se convertir au catholicisme par l'Inquisition lors de la Reconquista et plus tard encore. Beaucoup d'entre eux durent fuir dans le sud de la France, en Flandre ou en Italie mais aussi dans l'Empire Ottoman voire en Amérique du Sud.
Au Portugal, beaucoup d'entre eux conservèrent leurs rites dans la clandestinité jusqu'à nos jours. Privés de rabbinat, leur calendrier s'est christianisé. Sans contact depuis des siècles avec le reste de la communauté, certains jusqu'à il y a peu ignoraient leurs origines juives, et leurs pratiques religieuses mêlaient d'ailleurs éléments juifs et chrétiens. Ce fut le cas des communautés de Belmonte et des villages avoisinants (Covilhã, Fundão, Idanha, Penamacor, Vimioso, etc.) "découvertes" en 1917 ou encore des marranes du Nord-Est du Brésil qui sortirent de l'ombre dans le courant des années 1980.
Certains plats, tels le porco a alentejana au Portugal, furent, selon la légende, élaborés dans le but de débusquer ceux qui étaient suspects de conserver des coutumes kasher.
Une légende tenace veut que Maïmonide ait été marrane, sous prétexte qu'il vivait à la cour de Saladdin, etc. Il n'en est rien.
Baruch Spinoza était originaire d'une communauté marrane. Cependant, le retour à la religion s'était effectué deux générations plus tôt et Spinoza renia purement et simplement sa tradition.
Antoine de Luppes, le grand-père maternel de Michel Eyquem de Montaigne fut par contre authentiquement marrane, et à ce titre, chassé d'Espagne un siècle après l'expulsion des Juifs (bien que sa conversion au christianisme était, semble-t-il, sincère), ainsi que, selon certains, Christophe Colomb.
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[modifier] Sens dérivé
Par extension, se dit de tout converti au catholicisme par la force et, particulièrement, des renégats protestants des Cévennes et de Normandie. Convertis lors des dragonnades, ils pratiquaient le catholicisme le dimanche et conservaient leur foi spécifique en cachette comme en témoignent les caches spécifiques pour les Bibles sous le foyer des cheminées des maisons cévenoles et les bibles de chignon d'un format si petit qu'on pouvait les cacher dans le chignon des femmes.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens externes
- Site du Consistoire ;
- Schmuel Trigano le chaînon manquant du théologico-politique : le laboratoire marrane de la modernité.
[modifier] Bibliographie
- Anne-Lise Polo La Nef marrane: Essai sur le retour du judaïsme aux portes de l'Occident, Presses de l'Université du Québec, Québec, 2001, 276 p. Cet ouvrage vise à éclairer le paradoxe de ce double retour, retour des juifs dans l'espace européen d'où ils ont été chassés durant le Moyen Âge, retour des juifs convertis à la foi de leurs pères. Pourquoi les États chrétiens qui ont mis des siècles à extirper le judaïsme de leur sein admettent-ils leur retour et cela au prix d'une inversion du processus de conversion ?
- Nathan Wachtel, La Foi du souvenir: Labyrinthes marranes, Le Seuil, Paris, 2001, 201 p.