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Histoire du Malawi

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L'histoire du Malawi plonge ses racines dans la préhistoire mais demeure encore de nos jours assez mystérieuse. Aux empires bantous du Moyen Âge a succédé l'exploration portugaise, l'établissement de comptoirs arabes puis la colonisation britannique sous forme de protectorat.

Après l'échec de la fédération de Rhodésie et du Nyasaland, le Nyasaland colonial est devenu le Malawi en 1964.


Sommaire

[modifier] Préhistoire

On a retrouvé au Malawi des squelettes d’hominidés et des outils en pierre datant de plus d’un million d’années. La présence humaine est attestée au bord du lac Malawi il y a 50 000 à 60 000 ans. Des restes humains retrouvés sur un site daté de 8'000 ans avant J.-C. présentent des caractéristiques physiques similaires aux personnes peuplant actuellement la corne de l'Afrique. Un autre site daté de 1'500 avant J.-C. abrite des restes présentant des similitudes avec les bushmen. Petits et à la peau couleur de cuivre, ces hommes désignés sous le nom d’Akufula ou de Batwa ont réalisé les peintures rupestres trouvées au sud Lilongwe, à Chencherere et Mphunzi.

[modifier] Empire maravi

L'histoire moderne du Malawi commença avec l'arrivée des Maravis qui donnèrent probablement leur nom au futur pays. Les Maravis étaient un peuple de l’âge du fer dont le nom signifierait rayons de lumière.

La dynastie de l’Empire maravi fut fondée par les Amaravi à la fin du XVe siècle. Les Amaravi avaient migré depuis les territoires de l’actuel Katanga dans la République démocratique du Congo. Ils livrèrent des combats avec les Akufula, qui vivaient en petits clans familiaux sans système de défense unifié. Le clan des Phiri, qui dominait le peuple Amaravi et dont descendent les Chewas actuels, fonda alors un royaume qui devint l’Empire maravi.

Cet empire s’étendait depuis les rives sud-ouest du lac Malawi et englobait la plus grande partie du Malawi actuel, ainsi qu’une partie du Mozambique et de la Zambie. L’empire était gouverné depuis la ville de Mankhamba par le kalonga, qui nommait des lieutenants pour gouverner les provinces nouvellement annexées. L’empire commencera à décliner au début du XVIIIe siècle, lorsque des conflits entre gouverneurs provinciaux affaiblirent son autorité.

L’économie de l’Empire maravi dépendait largement de l’agriculture, principalement du millet et du sorgho. Les Chewa avaient alors accès à la côte de l’actuel Mozambique, ce qui leur permit de faire commerce d’ivoire, de fer et d’esclaves avec les Portugais et les Arabes. Les Portugais entrèrent dans les territoires du futur Malawi via le port mozambicain de Tete au XVIe siècle et rapportèrent les premiers témoignages écrits sur l'empire Maravi. Ils apportèrent le maïs, qui remplacera le sorgho dans l’alimentation de base des Malawites, et achetèrent des esclaves qu’ils employèrent principalement dans leurs plantations du Mozambique et du Brésil.

La chute de l’Empire maravi, au XIXe siècle, coïncide avec l’arrivée de deux groupes puissants. Les Angoni originaires du Natal (actuelle Afrique du Sud), emmenés par leur chef Zwangendaba, arrivèrent au Malawi après avoir fui l’Empire zoulou et l’empereur Chaka. Cet important mouvement de populations, qui englobait bien d’autres peuples que les Ngunis, eut un profond impact sur le sous-continent austral. Tout en fuyant Chaka Zulu, les Ngunis du chef Zwangendaba avaient adopté une grande partie de ses tactiques militaires et les employèrent contre les Maravites. Installés dans des régions rocheuses, ils lancèrent des raids annuels contre leurs voisins Chewa pour ramener esclaves et nourriture.

Le deuxième groupe qui gagna en influence à cette époque fut les Ayao (ou Yaos), venus du nord du Mozambique pour échapper à la famine et aux conflits avec la tribu Makua. Ils attaquèrent les Chewa et les Ngunis pour revendre les prisonniers comme esclaves. Les Ayao furent les premiers, et restèrent longtemps les seuls à employer des armes à feu dans leurs conflits avec d’autres tribus. Convertis à l’Islam au contact des commerçants arabes, ils bénéficiaient du soutien des cheiks, qui financèrent des écoles et des moquées. Les Arabes introduisirent également la culture du riz, qui deviendra prépondérante dans la région lacustre.

Forts de leur alliance avec les Ayao, les Arabes établirent plusieurs comptoirs le long du lac Malawi. Le plus grand de ces comptoirs fut fondé en 1840 à Nkhotakota par Jumbe Salim bin Abdala. Au sommet de son pouvoir, Jumbe fit transiter entre 5’000 et 20’000 esclaves par Nkhotakota par année. Les esclaves étaient ensuite acheminés vers l’île de Kilwa Kisiwani, au large de l’actuelle Tanzanie. La fondation de ces comptoirs déplaça le centre du commerce des esclaves vers Zanzibar.

Les Ayao et les Angoni se livrèrent d’incessants combats sans qu’il en ressortisse un vainqueur définitif. Les derniers représentants de l’Empire maravi succombèrent cependant aux attaques des deux clans. Certains chefs chewa subsistèrent en nouant des alliances avec les Swahili, eux-mêmes alliés avec les Arabes.

[modifier] L'arrivée des Britanniques

En 1855, l’explorateur écossais David Livingstone descendait le Zambèze depuis les Chutes Victoria jusqu'à Tete. En 1856, il décidait de remonter le grand fleuve jusqu'à son embouchure. Arrêté par les chutes de Quebrabasa, il obliqua le long fu fleuve shire et en 1859, parvint sur les rives du lac Malawi qu'il baptisa Nyassa (nyasa signifie lac en chiayo).

Dans son sillage survint ensuite des missionnaires, des chasseurs et des trafiquants d'esclaves.

Des églises presbytériennes écossaises installèrent alors des missions dans la région, avec entre autres objectifs l’intention de mettre fin au commerce d’esclaves vers le golfe Persique. Ainsi, en 1876, la mission de Blantyre est fondée, avec pour nom de baptême celui du village natal de Livingstone.

En 1878, des commerçants majoritairement originaires de Glasgow fondèrent la Compagnie des lacs africains pour ravitailler les missionnaires en biens et en services. Elle surclassa alors les quelques comptoirs portugais. D’autres missionnaires suivirent encore ainsi que des commerçants, des chasseurs et des planteurs.

En conflit avec les marchands d'esclaves, les négociants en appelèrent à la Couronne britannique. En 1883, la Grande-Bretagne nomma le diplomate Harry Johnston consul aux rois et chefs d’Afrique centrale afin de signer des traités d'amitié avec les chefs locaux. Il se heurta alors à un sérieux rival, l'explorateur portugais Serpa Pinto qui essayait de convaincre Lisbonne de faire relier la colonie portugaise d'Angola à celle du Mozambique. Pinto ne parvint pas à convaincre finalement sa métropole. Muni de 10 000 livres fournis par Cecil Rhodes, Johnston négocia le ralliement des chefs locaux et en 1891, les deux puissances européennes s'accordaient pour placer le Nyasaland dans la sphère d'influence britannique.

Harry Johnston fut nommé haut commissaire au Nyassaland et la gestion financière du territoire fut alors confiée à la British South Africa Company de Cecil Rhodes qui venait de se voir remettre par charte royale l'exploitation de la Zambézie du sud et de la Zambézie du nord (les futures Rhodésies).

Le territoire est pacifié autant par la force que par la diplomatie.

[modifier] Le protectorat du Nyasaland (1907-1964)

Ce n'est cependant qu'en juillet 1907 que le Nyassaland devint officiellement un protectorat britannique appelé un temps "protectorat britannique d'Afrique centrale".

Les colons ne se précipitèrent pas au Nyassaland, lui préférant le Kenya ou la Rhodésie du Sud pour développer les plantations de tabac et d'arachides. C'est pourquoi, les plantations de tabac, la principale culture du Nyassaland, furent lentes à se développer.

La plus sérieuse rébellion à l'ordre établi eu lieu en janvier 1915. Les fidèles de l'église évangélique du pasteur John Chilembwe, en conflit avec d'autres églises locales, tentaient alors de prendre d'assaut le dépôt d'armes de Blantyre et de s'en prendre aux plantations. Après 15 jours de rébellion, le mouvement est réprimé et Chilembwe, abattu lors de sa fuite.

En 1927, le recensement dénombrait alors seulement 1 700 blancs pour 1 350 000 Africains (99,6%). La discrimination raciale existait peu en comparaison avec les autres colonies ou protectorats britanniques voisins. Si les Africains devaient présenter un laissez-passer lors de leurs déplacements, ils n'étaient pas soumis à de mesures discriminatoires dans les banques, les administrations, les bureaux de poste ou dans les magasins de Blantyre et de Zomba, les deux plus importantes villes du protectorat. En conséquence de ce peu d'attrait du Nyassaland sur les immigrants européens, la politique indigène différa des colonies voisines. Les chefs traditionnels furent un relais et un appui essentiel au colonisateur afin d'assurer une bonne gouvernance du territoire. En 1933, les responsables administratifs locaux furent à leur tour intégrés dans un conseil des chefs afin d'être associés aux prises de décisions.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une élite africaine, formée en Europe et aux États-Unis, commença néanmoins à se montrer active sur le plan politique. En 1944, le Congrès africain du Nyasaland (CAN) était fondé, regroupant des intellectuels sur une base pluri-ethnique.

Le territoire restait sous-développé par rapport aux colonies voisines et de nombreux ressortissants partaient chercher du travail dans les Rhodésies ou en Afrique du Sud.

En 1949, les Africains obtinrent leur droit de représentation au Conseil législatif du Nyassaland (ils étaient jusque là représentés par les missionnaires) mais celui-ci n'est effectif qu'en 1953, année où entre en fonction la fédération de Rhodésie et du Nyasaland, largement rejetée par les Africains du Nyassaland.

[modifier] La fédération de Rhodésie et du Nyasaland (1953-1963)

Voir l’article Fédération de Rhodésie et du Nyasaland.

En 1953, les protectorats du Nyasaland, de Rhodésie du nord et la colonie de Rhodésie du sud s'unirent pour former la Fédération de Rhodésie et du Nyasaland, renforçant malgré elle les aspirations à la décolonisation et à l'indépendance.

Les Africains du Nyasaland refusaient cette union par rejet de la politique de ségrégation raciale pratiquée notamment en Rhodésie du Sud et la peur de passer sous la domination des colons blancs ou des propriétaires de mines rhodésiennes. Les populations rurales craignaient également d'être marginalisé et de perdre la "protection" britannique. Enfin, les avantages de la fédération pour les peuples du Nyassaland paraissaient bien minces. Quatre cent mille Nyassas versèrent alors un ou deux pennies chacun, afin d'envoyer à Londres une délégation pour présenter une pétition à la reine. Le Colonial office refusa d'accéder finalement à leur demande et la délégation revint au Nyassaland les mains vides.

La mise en place de la fédération relança l'activisme du Congrès africain du Nyasaland qui reçu, dès 1953, l'appui de la chefferie paysanne sous l'impulsion du chef suprême des Angonis, Philipp Gomani, plus connu jusque là pour son loyalisme envers la Grande-Bretagne pour qui il avait combattu pendant les deux guerres mondiales et en Malaisie. Gomani refusait tout recours à la violence et en appelait à la résistance passive. Les Britanniques procédèrent cependant à son arrestation malgré son grand âge sous l'accusation d'avoir abusé de ses pouvoirs de grand chef et d'avoir contrevenu à la loi.

En août 1953, de graves désordres éclatèrent dans la région de Cholo faisant craindre aux Britanniques un soulèvement analogue à celui des Mau Mau au Kenya. Ce n'était plus seulement la fédération qui était remise en cause. Des griefs relatifs à l'exploitation de la terre s'étaient ajoutés à la revendication principale (400 000 hectares de terres étaient exploités par la minorité blanche).

Après la mort naturelle de Gomani, la campagne de boycott et de désobéissance civile fut alors reprise sous l'impulsion de Masauko Chipembere, un ancien assistant de district qui, en 1956, était élu au Conseil législatif. Un autre leader émergea également, au charisme incontesté, en la personne de Hastings Kamuzu Banda, un médecin formé aux États-Unis, en Grande-Bretagne et au Ghana, représentant du CAN à Londres.

Le 6 juillet 1958, Hastings Kamuzu Banda, de retour au pays, pris la tête du CAN. Le gouverneur décréta alors l'état d'urgence. Le CAN fut alors interdit et Banda emprisonné en 1959 puis libéré en avril 1960 pour participer à la conférence constitutionnelle de Londres sur l'avenir de la Fédération.

Le 15 avril 1961, le Parti du congrès du Malawi (PCM), qui avait succédé au CAN, remporta une victoire décisive lors des élections législatives. Il obtint également un rôle important au nouveau conseil exécutif et gouverna de fait le Nyasaland l’année suivante. La modération de Banda fut alors apprécié par les Britanniques et par la société indo-pakistanaise du Nyassaland.

Lors de la deuxième conférence constitutionnelle de Londres, en novembre 1962, le gouvernement britannique s’engagea à accorder l’autodétermination au Nyasaland pour l'année 1963.

Banda devint président le 1er février 1963, bien que les finances, la sécurité et la justice restassent sous contrôle britannique. Une constitution entra en vigueur en mai de la même année, jetant les bases d’un gouvernement autonome.

[modifier] Indépendance

La Fédération de Rhodésie et du Nyasaland fut dissoute le 31 décembre 1963.

Le Nyssaland accéda à l'indépendance sous le nom de Malawi le 6 juillet 1964 et devint membre entièrement indépendant du Commonwealth.

Deux ans plus tard, une nouvelle constitution définissait le pays comme une république à parti unique, avec Banda comme président.

En 1967, le Malawi établissait des relations diplomatiques au niveau le plus élevé avec l'Afrique du Sud. Il était le seul pays africain à ouvrir une ambassade à Pretoria. Bien que condamnant le régime d'apartheid, le Malawi allait s'aligner sur la politique régionale de Pretoria, refusant d'accueillir les membres des organisations africaines interdites en Afrique du Sud et en Rhodésie tout en tolérant l'établissement de camps d'entrainement de la Résistance nationale du Mozambique, une organisation hostile au régime marxiste du Mozambique après 1975 et soutenue financièrement par les deux derniers régimes blancs d'Afrique australe.

Banda fut proclamé président à vie du PCM en 1970, puis du Malawi en 1971.

L’aile paramilitaire du PCM, les Jeunes pionniers, contribua à maintenir le pays sous un régime autoritaire jusque dans les années 1990.

Banda développa un culte de la personnalité et son régime persécuta un certains nombre de minorités religieuses (Témoins de Jéhovah) ou ethniques (confinement des habitants d’origine indienne dans des ghettos). Le transfert de fonds privés à l’étranger ou l’importation de devises étrangères étaient interdits, ce qui forçait les candidats à l’émigration à abandonner leurs biens derrière eux. Tous les médias (presse, livres, films) étaient soumis à la censure et le courrier privé (surtout le courrier provenant de l’étranger) ainsi que les conversations téléphoniques étaient systématiquement interceptés.

Suite à de nombreuses pressions tant internes qu’internationales, un référendum eut lieu le 14 juin 1993, au cours duquel les Malawites se prononcèrent massivement en faveur de l’introduction d’un régime démocratique multipartite.

Des élections nationales, qualifiées de libres par les observateurs internationaux, eurent lieu le 17 mai 1994 et virent l’accession à la présidence de Bakili Muluzi, chef du Front démocratique uni (FDU). Son parti remporta également 82 des 177 sièges de l’Assemblée nationale et forma une coalition avec l’Alliance pour la démocratie.

La coalition fut dissoute en juin 1996 mais certains de ses membres restèrent au gouvernement.

La constitution de 1995 supprima les prérogatives de l’ancien parti unique et introduisit le libéralisme économique ainsi des réformes structurelles.

Les deuxièmes élections démocratiques eurent lieu le 15 juin 1999. Muluzi fut réélu pour un nouveau mandat de cinq ans, malgré une coalition entre le PCM et l’Alliance pour la démocratie.

Mai 2004 vit l’élection de Bingu wa Mutharika, du FDU, contre le candidat du PCM, John Tembo. Wa Mutharika quitta son parti le 5 février 2005 en invoquant des différends, en particuliers à propos de sa campagne anti-corruption.

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Georges Lory (Sous la direction de), Le Malawi dans Afrique Australe, Ed. Autrement, HS n°45, avril 1990
  • John Gunther, l'autre Afrique, Gallimard, 1958, p 370 - 378


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