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Rêve

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Selon Léon d'Hervey de Saint-Denys, le rêve (les visions que nous avons en songe) est la représentation aux yeux de notre esprit des objets qui occupent notre pensée[1].
Il survient pendant le sommeil, tandis que le corps est physiologiquement au repos. Sa structure est diffuse et dynamique. Il fonctionne généralement sur le mode hallucinatoire dans le sens d'une perception sans objet (la plupart du temps visuelle, auditive et/ou tactile).

Le rêve a toujours exercé une fascination chez l'être humain en raison de deux questions fondamentales qu'il lui pose : son rapport au réel[2] et son rapport à l'activité consciente éveillé[3][4]. D'autre part sa fonction reste une énigme et de nombreuses hypothèses sont actuellement à l'étude.


L'adjectif relatif au rêve est onirique.



« S'approcher de Rêve endort irrésistiblement. »

— Michel Perrin

« Nous sommes faits de la même substance que nos rêves,
et notre petite vie est toute ceinte de sommeil. »

— Prospero de Shakespeare

Sommaire

Neurophysiologie du rêve

Historique

Au XIXe siècle, une approche expérimentale du rêve se développe avec Alfred Maury[5], qui par ses expériences voulait prouver que le rêve reflète uniquement le reflet de stimuli physiques. Aujourd’hui, des chercheurs comme Peretz Lavie considère que Maury n’a pas eu des rêves, car les expériences se faisaient juste après son endormissement, mais des hallucinations hypnagogiques.[6] Hervey de Saint-Denys[7] publie de manière anonyme les rêves et les moyens de les diriger (1867). En 1885 Joseph Delbœuf, (1831-1896) écrit Le sommeil et les rêves, considérés principalement dans leurs rapports avec les théories de la certitude et de la mémoire (Le principe de la fixation de la force), œuvre dans laquelle il rapproche le rêve des hallucinations des fous.[8] En 1900 Sigmund Freud publie L'Interprétation des rêves (Die Traumdeutung), qui marque l'avènement de la psychanalyse et l’abandon de la théorie que le rêve ne serait qu’une réponse à un état physique du corps.

La recherche depuis 1953

Les travaux d'Eugene Aserinsky et Nathaniel Kleitman en 1953 puis de William C. Dement à Chicago en 1957 ont mis en évidence l'existence de diverses phases d'activité électrique du cerveau au cours du sommeil. Comme les rêves semblaient survenir particulièrement durant les phases où l'activité cérébrale est la plus intense et l'activité musculaire totalement inhibée, à l'exception des muscles oculaires, le chercheur français Michel Jouvet a désigné cette phase comme le « sommeil paradoxal ». Les signes physiologiques du sommeil paradoxal ont été trouvés chez la plupart des mammifères et oiseaux. Les travaux de M. Jouvet sur le sommeil des chats ont montré qu'ils sont également sujets au rêve (par période de 6 minutes, pour 90 à 120 minutes par nuit pour l'homme).

Pendant le sommeil paradoxal l’activité électrique corticale est la même qu’à l’état d’éveil, d’où le nom.[9] Dans les pays non francophones ce stade est appelé REM sleep pour sommeil à mouvements des yeux rapides. Pour vérifier leur théorie les chercheurs ont réveillé des volontaires dans les laboratoires de sommeil partout dans le monde, dès que les instruments de mesures électriques indiquaient les ondes caractéristiques du sommeil paradoxal, pour les questionner.


En 1993 le psychologue cognitiviste David Foulkes se rend compte que tout le monde n’entend pas la même chose si on lui demande au réveil “avez-vous rêvé ?” Il y a par exemple des gens qui, s’ils ont rêvé d’un fait quotidien, ne considèrent pas cela comme un rêve et répondront donc par la négative à la question. La question a donc été reformulé de manière plus neutre “quelque chose vous a-t-il traversé l’esprit avant votre réveil ?” En analysant les récits obtenus dans les laboratoires de sommeil, il devint alors évident que les rêves des stades de sommeil autres que le sommeil paradoxal, étaient plus fragmenté, plus proche d’une simple pensée. “J’ai pensé à mon examen de math”. Tandis que le même thème pendant le sommeil paradoxal est plus développé avec une intrigue ou des détails.[10]

Par la reformulation D. Foulkes peut montrer que la fréquence de récits de rêves de sujets réveillés pendant un sommeil lent profond peut atteindre plus de 70%. Tous les stades du sommeil sont donc propices à la production de rêves. Toutefois, la faculté de mémorisation est supérieure lorsque le sujet est réveillé en période de sommeil paradoxal, ce qui permet d'ailleurs d'obtenir des récits de rêve auprès de presque toutes les personnes (80 %), y compris celles qui prétendent ne jamais rêver, et ces rêves sont les plus vifs et les plus riches en images. En revanche, la remémoration est très difficile après un réveil en sommeil lent. Dans tous les cas, le rêve qui survient le plus aisément à la conscience est celui qui précède immédiatement le réveil.

L’examen des zones actives pendant les différentes phases de sommeil montre que l’hippocampe est actif pendant le sommeil paradoxal et c’est lui qui est responsable des images.

Les chercheurs ne savent pas à quoi servent les mouvements des yeux. P. Lavie pense que les mouvements groupés sont en rapport directe avec le contenu du rêve. En effet, il y a des cas où cela a pu être démontré comme dans le “rêve du jeu de tennis” [11], mais il s’agit de preuves isolées et M. Jouvet ne pense pas qu’il y a un lien obligatoire. [12] En effet, les aveugles de naissances n’ont pas de mouvements des yeux groupés, leurs rêves se caractérisent par des bruits, des sensations de toucher et des états émotionnels. Mais il existe également des mouvements simples et isolés qu’on trouve chez les voyants et les aveugles. On pense que ces mouvements accompagnent le travail de mémorisation qui s’effectue pendant le sommeil paradoxal. [13]

La recherche neurophysiologique ne permet pas de prouver l’existence du rêve de façon objective. En effet, il faut toujours interroger le sujet en train de rêver pour vérifier qu’il rêve effectivement. Il est impossible de mettre en relation les enregistrements électriques et le contenu du rêve qui se déroule au même moment.

Pour l’instant le rôle du rêve et du sommeil paradoxal reste mystérieux. “Il est difficile de croire que cet état physiologique n’a pas un quelconque rôle vital pour la survie. Il n’y a pas de consensus général entre les chercheurs sur le sommeil quant aux fonctions du sommeil REM.” (Jerome Siegel) [14]

Stimuli externes et rêves

Plusieurs groupes de chercheurs ont tenté de refaire les expériences de Maury, en vain. L’intégration de stimuli externes dans le rêve était au mieux partielle, souvent nulle. Dans aucun cas le stimuli devint le sujet central d'un rêve. Cette difficulté de détourner l’attention du rêveur de sa création interne a été nommé par Allan Rechtschaffen “processus monomaniaque” ( single-minded process). [15]

L’oubli des rêves

Dans son laboratoire du sommeil à Haifa en Israël, Peretz Lavie a étudié la quantité de rêves dont se souvenaient un groupe de survivants de l'Holocauste qui s’étaient bien adaptés à la vie après leur libération, un groupe de survivants qui avaient toujours des problèmes et des cauchemars et un groupe d’Israéliens nés en Israël. Les dormeurs étaient toujours réveillés lorsque les enregistrements électriques montraient une période de sommeil paradoxal, si le troisième groupe avait un nombre de rêves proche de la moyenne 78 %, ce nombre baissait à 55 % pour le deuxième groupe et n’était que de 33 % pour les personnes s’étant bien réadaptées à la vie quotidienne. La seule différence concernant le sommeil des différents groupes était sa profondeur. Les personnes ayant subi un traumatisme avaient un sommeil plus profond que les personnes en bonne santé. [16]

Mors Majorum

L'Onirocriticon d'Artémidore d'Éphèse

Il s'agit d'un système d'interprétation des rêves très élaboré datant du IIe siècle. Le rêve est distingué du songe qui concerne l'avenir. Le songe est soit théorématique c'est-à-dire qu'il ressemble à ce qu'il montre, soit allégorique[17].

Voir les articles Artémidore d'Éphèse et L'interprétation des rêves selon Artémidore d'Éphèse.

Macrobe

Auteur d'un Commentaire du Songe de Scipion, Macrobe (400 ap. J.-C) comptabilise cinq types de rêve :

  • insomnium en rapport avec les soucis, les peurs, l'excès de nourriture ou de boisson
  • visum ou phantasma, c'est-à-dire les rêveries du demi-sommeil
  • oraculum, les rêves divinatoires (voir l'incubation ci-dessous)
  • visio, les rêves prophétiques
  • somnium, le rêve énigmatique[17].

Grégoire le Grand

Ou Grégoire Ier, pape en 590. Il distingue trois grands types de rêves :

  • ceux dus à la nourriture et à la faim
  • ceux envoyés par les démons
  • ceux d'origine divine.

A sa suite, seuls les rêves d'origine divine seront tolérés. L'oniromancie est interdite[17].

Le rêve et la religion

Dans les sociétés chamaniques de Sibérie

  • La croyance la plus répandue chez tous les peuples sibériens est que la vie du corps dépend de l'âme. Gardant une certaine autonomie, elle peut s'évader pendant la phase du sommeil, et le rêve témoigne de cette évasion. Cette absence temporaire est sans danger, à condition qu'on ne réveille pas brutalement quelqu'un qui dort. Chez les Xant-Mansi, on dessine un tétras sur les berceaux des nourrissons afin que l'âme de celui-ci ne s'en aille pas trop loin. Si elle se fait prendre par les esprits, la mort est inéluctable, à moins que le chaman intervienne.
    Cette absence d'âme peut aussi être attribuée à d'autres états proches du rêve comme l'ivresse et la maladie (surtout mentale), d'où la pratique chamanique du rappel de l'âme dans le corps. Enfin, cette absence est définitive en cas de décès.
  • Dans les sociétés chamaniques, certains types de rêves vont apporter la chance au chasseur. S'il rêve de la fille de l'esprit de la Forêt (et des Eaux aussi pour les Selkup), c'est-à-dire du donneur de gibier (donneur de chance), sa chasse sera couronnée de succès. La fille de l'esprit de la Forêt peut apparaître différente à chaque rêve, en vertu de la "pluralité d'entités particulières, localisées"[18]. "Elle est toujours très belle et le plus souvent nue, séductrice et exigeante"[18]. En échange du gibier, elle demande les plaisirs humains (amour, contes et chants). L'épouse du chasseur devine d'ailleurs au gibier rapporté si son mari à une maîtresse surnaturelle.
    Il existe un interdit de pratiquer l'acte sexuel avant la chasse, avec son épouse notamment. Mais il est de bon présage d'avoir un rêve où le chasseur désire une femme sylvestre. Mais cette séduction a un prix : à terme elle signifie la mort du chasseur, la fille de l'esprit de la Forêt cherchant à le retenir. Elle le rend fou et le fait mourir. Les Tongouses expliquent les morts violentes des chasseurs par l'amour que leur porte l'ourse. Pour les Turco-mongols, les filles d'esprit doivent tuer les chasseurs pour les avoir comme maris.
  • Toujours en Sibérie, les chamans voient en rêve l'élan ou le renne dont la peau va lui servir à confectionner son tambour. Le rêve lui permet de savoir où le trouver et comment le reconnaître. Il ne lui restera plus qu'à faire part de ces renseignements au chasseur pour que celui-ci aille le tuer. Cette recherche peut durer une année entière.
    Le tambour est un objet essentiel pour exercer l'activité de chaman. Outre le fait qu'il fait participer la communauté entière, le chaman épouse en quelque sorte son tambour puisqu'il matérialise son alliance surnaturelle avec la fille de l'esprit de la Forêt[19]. C'est dire la fonction sacrée de ce type de rêve.
  • Toujours chez le chaman, certains type de rêve s'inscrivent dans le cadre de l'initiation. Ils se produisent d'ailleurs souvent pendant une maladie. Dans ces rêves, il existe des thèmes récurrents : rencontres avec des figures divines (Dame des Eaux, Seigneur des Enfers, Dame des animaux), esprits-guides, révélations sur les maladies et leur traitement, dépeçage et découpage du corps du chaman[20].

La mythologie grecque

L'incubation

Incubatio ou Sommeil du Temple[21].
On s'intéressait déjà aux rêves à Sumer (-3000) et dans l'Égypte ancienne (-2500). Le rêve était considéré comme un message envoyé par les dieux. Les malades que la médecine était impuissante à guérir avaient recours à des pratiques d'incubation : ils se rendaient dans un temple dédié au dieu de la médecine (Asclépios dans la mythologie grecque) et s'étendaient sur une peau d'animal pour dormir après avoir reçu les instructions des prêtres leur recommandant d'être particulièrement attentifs à l'aspect qu'aurait le visage du dieu si celui-ci leur apparaissait en rêve.
La guérison de la stérilité était l'une des principales tâche de l'incubation. Les exemples les plus connus sont Andromaque d'Epire qui se rendit à Epidaure: le dieu souleva sa robe et toucha son abdomen, ce qui eut pour conséquence la naissance d'un fils[22], mais également Andromède de Chios qui fût visitée par le dieu sous la forme d'un serpent qui reposa sur elle : elle porta cinq fils[22].
Parfois, au lieu d'un temple, il pouvait s'agir d'un lieu sacré, une source, une grotte, un puits.

L'incubation a également été pratiqué à Rome : à l'époque romaine, il y avait environ 400 temples de ce genre dans le bassin méditerranéen, dont celui d'Esculape, l'équivalent romain d'Asclépios. L'incubation est en fait répandue partout dans le monde : Amérique centrale, Afrique du nord, Australie, Bornéo, Chine, Inde, Iran. De la guérison de la stérilité, elle devint une méthode pour guérir d'autres maladies comme la paralysie, la cécité, la claudication et fut utilisé aussi pour prédire l'avenir[22].

L'oniromancie

Le médecin grec Hippocrate (-400) a consacré un traité aux rapports entre des contenus oniriques et diverses maladies : ainsi, voir en rêve une mer agitée « pronostique l'affection du ventre », voir du rouge témoigne d'une surabondance de sang, etc. Par contre, l'onirocritique s'attachera surtout aux valeurs prémonitoires des données vues en rêve, décodées de façon symbolique à l'aide de diverses « clés des songes » (voir Artémidore).

Morphée

Dans la mythologie grecque, Morphée désigne les songes. Fils d'Hypnos (le Sommeil) et de Nyx (la Nuit), il est représenté avec des ailes battant rapidement et silencieusement, qui lui permettent de voler. Il fut foudroyé par Zeus pour avoir communiqué des secrets aux mortels.
Morphée désigne la forme qui se révèle dans le sommeil.
Thanatos est le frère jumeau d'Hypnos. La nuit, le voyageur peut boire dans les eaux du Styx, soit à la source de Mnémosyne, et Hypnos le laisse se réveiller, soit à la source du Lhété, et Thanatos le retient dans les Enfers[23].

Les rêves dans la Bible

Dans l'ancien Testament les rêves jouent un certain rôle. Ils permettent la communication entre Dieu et les hommes. Ainsi Saül se plaint Et Dieu m'a abandonné et ne me répond plus, ni par les prophètes ni par les songes. (Samuel, 28-15) Joseph était l'interprète des rêves du pharaon en Égypte, sa bonne lecture du rêve des vaches maigres évitait une famine dans le pays. Le prophète Daniel occupa le même emploi à Babylone auprès du roi Nabuchodonosor II.

Les démons du rêve

Selon G. Van der Leeuw[24], partout les démons sont plus anciens que les dieux. Un démon n'est pas nécessairement un être inférieur. Il peut même parfois devenir un dieu. Dans l'animisme, le monde est rempli d'esprits et de démons. A l'origine les démons sont en rapport avec des expériences vécues. Ils résultent de la confrontation aux puissances de la vie. Ils prennent aussi leur source avec les expériences du rêve.

  • Les rêves sexuels avec le démon : c'est l'union entre un démon et un être humain. A l'extrème il est question d'un mariage. Cette représentation du démon est partout présente dans le monde.
    Ils sont à l'origine de l'incube et du succube, de Lilith, la première femme d'Adam, l'Ardat Lili babylonienne. Mais aussi les Jinns arabo-islamiques, les troldes scandinaves et les fées celtiques.
    Ceci est à rapprocher de la fille de l'esprit de la forêt des sociétés chamaniques sibériennes (voir ci-dessus). Le chamanisme a été décrit comme étant le premier système religieux. Dans ce cadre, le chaman ne pouvait se soustraire à cette union au risque de mourir. Il n'est pas aberrant de penser que toutes les formes d'unions et de mariages avec des démons nocturnes ne soient en fait qu'une forme postérieure et adaptée (notamment malfaisante) de celles des croyances chamaniques.

Le rêve et le romantisme

Le rêve et la psychologie

La théorie psychanalytique freudienne

En psychanalyse, le rêve est considéré comme une réalisation de désirs, ces derniers étant en fermentation dans notre inconscient. Déjà Socrate (La République livre 9) définissait le rêve comme un lieu où les désirs honteux, réprimés le jour, se "trémoussent" pour assouvir leurs penchants. Plus tard, Freud y rajoutera l'idée du travestissement.
Le rêve serait une sorte de « soupape de sécurité » permettant à l'Inconscient de s'exprimer sans perturber l'équilibre psychique de l'individu.
Selon Freud, « l'interprétation du rêve est la voie royale qui mène à l'inconscient ». Ainsi, le rêve serait une fenêtre sur l'Inconscient permettant au rêveur de procéder à son interprétation : soit seul (autoanalyse), soit au sein d'une cure psychanalytique (en présence d'un psychanalyste).

Voir les articles Interprétation des rêves, Travail du rêve et Symbolique et psychanalyse freudienne.

Le rêve et la psychologie archétypale

James Hillman est le père de la psychologie archétypale.
Selon lui le moi qui rêve n'est pas le même que le moi éveillé. Il existe entre les deux une relation de gémellité : ils sont les ombres l'un de l'autre[25]. Le moi qui rêve, c'est à dire le moi imaginal, se mêle aux images du rêve et sait qu'elles ne lui appartiennent pas. Le moi est lui aussi une image, une figure complètement subjective, un fantôme, une ombre vidée du "Je" qui s'abandonne au sommeil[26].
Le rêve n'appartient pas au rêveur, celui-ci n'a qu'un rôle dans celui-là. Le moi, le "Je", doit réapprendre à se familiariser avec le rêve, à créer une intimité avec lui, parler son langage, l'apprivoiser, sans chercher à le "violer" par des interprétations abusives.

Le moi de veille est naturellement résistant à sa dissolution dans les images du rêves. James Hillman emploie souvent le terme underworld pour désigner le royaume souterrain, celui où notre âme survit, mais pas notre corps. L' underworld c'est le royaume de la mort du moi, comparable au royaume d'Hadès. La terminologie d'Hillman est toute emprunte de la mythologie grecque, mieux à même de décrire les archétypes qui structurent le psychisme humain. Les animaux vus en rêve sont pour lui des porteurs d'âmes, c'est à dire qu'ils permettent une entrée dans l'underworld. . Pour savoir ce qu'ils sont, il faut revenir à l'image plutôt qu'à nos réactions vis à vis d'elles. Pour Hillman, mieux vaut aller au zoo pour découvrir ce qu'est un ours polaire vu en rêve, plutôt que d'ouvrir un dictionnaire des symboles.

L'analyse des rêves selon Medard Boss

Pour Medard Boss[27], l'interprétation des rêves est arbitraire. Il s'oppose à Freud quant à la réalité d'un contenu latent onirique et ne croit pas que le contenu manifeste d'un rêve ne puisse pas signifier ce qu'il prétend être. Il oppose aux "désirs inconscients" de Freud l'intentionnalité du désir, c'est-à-dire que tout désir est désir de quelque chose.
En d'autres termes, le rêve se donne à voir pour ce qu'il est. Par exemple, perdre des dents en rêve est un symbole freudien de masturbation. Pour Medard Boss, cela ne signifie rien d'autre que perdre des dents, et aucune instance psychique n'existerait dans l'intention de masquer cet état de fait.

L'idée générale de Medard Boss repose sur l'introduction du concept du Dasein, l'"être-là", l'"être au monde" ou encore "celui qui a à être celui qu'il est". Dans cette perspective, il existerait un "être là" dans le rêve qui est tout simplement un autre mode d'être au monde que la conscience ordinaire dans l'activité de veille [28]. Pour Médard Boss il existe une continuité (mais pas une identité) entre l'exister de veille et l'exister de la vie onirique.

Medard Boss renonce à l'interprétation pour l'analyse. Celle-ci consiste à rendre le plus visible possible tout "l'exister" d'un être rêvant au moment de son rêve. A quoi se ferme-t-il, qu'est ce qui est donné à voir ou à entendre... Replonger dans le rêve plutôt que d'en sortir par l'interprétation ou par la libre association. L'analyse s'entend ainsi dans sa définition philosophique : "méthode qui vise à comprendre un objet en le décomposant en ses constituants".

L'étape la plus délicate consiste ensuite à ramener à la conscience diurne tout ce matériel afin de s'ouvrir à une autre possibilité d'être au monde.
En définitive, l'analyse s'organise autour de trois questions principales afin de favoriser son ouverture au monde :
  • "pouvez-vous apercevoir à l'état de veille une situation similaire" ?
  • "savez-vous à l'état de veille quelque chose de plus" ?
  • "voyez-vous plus clairement étant réveillé" ?

La rediffusion onirique d’impressions

Le Rêve par le Douanier Rousseau
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Le Rêve par le Douanier Rousseau

Selon ce point de vue, les contenus émotionnels du rêve sont identiques à des contenus émotionnels "préconscients" vécus à un moment de la veille. L'idée est d'alors faire correspondre la scène rêvée au fait incitateur en résolvant l’équation : la scène rêvée (qui est connue) associée à l’impression vécue dans le rêve (impression qui, elle aussi, est connue) = impression de la veille (connue puisqu’il s’agit de l’impression onirique elle-même) associée au fait incitateur de l’impression (à découvrir par une remémoration des événements de la veille).

Les rêves et l'identité

prolégomènes

Se poser la question de la nature des rêves revient à se poser la question de la nature de la conscience éveillée, ainsi que celle de ses rapports au rêve. Tel un intrus à l'intérieur de soi, le rêve est souvent vécu comme une altérité, dont la présence même force la réflexion.

  • Pour Gaston Bachelard, les rêves ravissent le "cogito" du rêveur. Sans histoire et sans avenir, ils ne sont qu'un désastre de l'être et nous rapprochent du néant. Les rêves sont sans Sujet et appartiennent à n'importe qui[29].
  • A l'inverse, certaines personnes ne veulent pas voir de différence entre le rêve et la réalité, tel Lovecraft :
"Toute vie dans notre cerveau n'est qu'une collection d'images et qu'il n'y a pas de différences entre celles qui naissent des objets réels et celles qui naissent de nos rêves intimes pas plus qu'il n'y a de raison de considérer les unes comme supérieures aux autres"
La clé d'argent (The Silver Key 1926)
  • Michel Jouvet et autres chercheurs ont montré que chez les rats et les souris certains fonctions qu’on croyait héréditaires ne le sont pas. Si l’on met le souriceau dans une nouvelle famille, il se comportera comme celle-ci. M. Jouvet en déduit que ces adaptations doivent se faire pendant le sommeil paradoxal et que celui-ci sert donc à la programmation de l’individuation, c’est-à-dire la différenciation des individus. [30] En outre, le moi conscient n’est actif que pendant l’éveil (p.ex. l’attention volontaire, prendre une décision, etc.) Ce moi ne contrôle plus le cerveau pendant le sommeil. Celui qui regarde les images des rêves n’est pas le moi conscient, mais d’après lui : “C’est ton soi, ou ton inconscient, qui te rêve en dehors de ta volonté”.[31]

intermède

Le papillon fit un rêve. En rêvant il est devenu Chuang-zi en train de regarder les fleurs. Les fleurs étaient vraiment nombreuses ... A ce moment Chuang-zi se réveilla. Il ne savait pas si le Chuang-zi de maintenant était le vrai Chuang-zi ou le Chuang-zi qu'avait rêvé le papillon. Il ne savait pas non plus si Chuang-zi avait rêvé du papillon ou si le papillon avait rêvé de Chuang-zi ... Qui suis-je en réalité ?.

Les personnages de rêve

  • Selon Claude Rifat[32] le Moi que nous connaissons n'est qu'un représentant d'une multitude d'autres moi à l'intérieur de notre "endoréalité".
    Le Moi habituel se distingue des autres en raison d'une plus forte capacité volitive. Cette capacité, selon cet auteur, est en rapport avec un métabolisme préférentiel, activé dans le cortex préfrontal. Etant donné l'utilisation préférentielle et dominante du Moi sur cette région, cela explique la préeminence du Moi à l'état de veille. Pendant le rêve, cette région étant moins impliquée (son métabolisme étant réduit), les êtres oniriques ressurgissent des zones de "bas-métabolismes".
    Il existe des exceptions à la prédominance du cortex préfrontal à l'état de veille, il s'agit : des personnalités multiples, chez les "schizophrènes en chronicité", dans le cadre des lobotomies chirurgicales, où il existe une modification dans l'intégrité entre le cortex frontal et les structures plus profondes (structures limbiques). A l'inverse, le processus de la "raison" se trouve amplifié sous l'effet de substances tels que la psilocine et la kétamine, qui induisent une "hyperfrontalité".
    Les êtres oniriques ne seraient que "des hybrides entre notre Moi et les représentations stockées que nous avons des autres dans notre mémoire", ainsi que nos moi propres, "stockés depuis notre enfance". Ce "continuum des Moi" reflète l'organisation en corail de notre mémoire, où chacun des moi ressemblerait à un polype du corail. Pendant le rêve, ces moi, à faible capacité volitive, utiliseraient les mêmes structures cérébrales que le Moi à l'état de veille, notamment le cortex moteur et les structures cérébrales impliquées dans la mémorisation.
    Ceci permettrait de comprendre que notre individualité n'est qu'un leurre, que nous sommes essentiellement les autres[33] et que notre Moi cohabite en fait avec d'autres moi.
  • Pour James Hillman[25], les personnages du rêve ne sont ni des représentations (simulacra) d'êtres vivants ni des parties de moi-même. Ils sont des personas, des masques, à l'intérieur desquels se trouve un pouvoir (un numen).
    Le processus de personnification utilise la mémoire pour attribuer à une forme-souvenir un archétype : les daïmones, les nymphes, les héros et les dieux revêtent la forme des amis entrevus la veille pour nous visiter dans notre rêve. Il permet d'intégrer le coeur dans l'appréhension du réel. Il permet de comprendre la véritable structure du psychisme : un théâtre où le complexe du moi n'est qu'un élément parmi d'autres. Il sert à sauvegarder la diversité et l'autonomie du psychisme de la domination d'un pouvoir quelquonque.
    A l'état de veille, les personnages du rêve peuvent se manifester en faisant intervenir des symptômes. Pendant les rêves, ils montrent au moi ses limites.
    En clinique, la multiplication des personnages permet de protéger le rêveur d'un pouvoir supranaturel insupportable pour un seul personnage. Cela empèche également le complexe du moi de s'identifier avec toutes les figures apparues dans le rêve. Le paradoxe serait de formuler que toutes les figures du rêve appartiennent au rêveur, en même temps qu'elles ne lui appartiennent pas !

Le rêve lucide

Il existe un état appelé "rêve lucide", défini par le fait que le rêveur se rend compte qu'il est en train de rêver. Le rêveur sait que le monde qui l'entoure n'est qu'une construction de son esprit et peut ainsi analyser et réagir de façon plus ou moins rationnelle selon son degré de « lucidité ». Cette prise de conscience, involontaire ou obtenue par certaines techniques, permet au rêveur de contrôler le contenu et le déroulement du rêve.

Voir l’article Rêve lucide.

Certains types de rêves ...

  • Rêve créatif
Il s'agit du rêve duquel le rêveur tire une nouveauté: idée d'une œuvre artistique, "invention" d'un nouveau concept...
exemples de rêves créatifs
  • Rêve d'actualités
Il s'agit du type de rêve qui semble se calquer sur la réalité. Ex: le futur marié qui rêve de son mariage...
  • Rêve concomitant
Il s'agit d'un rêve qui coïncide à l'environnement au moment du rêve. Ex: un bruit rêvé qui coïncide à un bruit extérieur.
  • Rêve récurrent
Il s’agit de rêves plus ou moins similaires qui apparaissent plus ou moins fréquemment.
  • Rêve prémonitoire
Il s'agit de rêves jugés comme prophétiques, qui n'ont pas forcément de lien avec la vie privée du rêveur, annonçant un évènement futur qui se réalisera effectivement. Tel le rêve du pharaon dans la Bible.
  • Cauchemar
Le cauchemar est un rêve angoissant.

Notes

  1. D'Hervey de Saint-Denys Les Rêves et les moyens de les diriger
  2. Réalité sensible et croyance
  3. Pluralité des manifestations de la conscience
  4. Questions fondamentales liées à la conscience
  5. Alfred Maury
  6. Lavie, p.91
  7. Hervey de Saint-Denys
  8. Joseph Delbœuf
  9. M. Jouvet, p.90
  10. Lavie, p. 90
  11. Lavie p. 107-110
  12. Jouvet, p. 94
  13. Lavie p. 109
  14. Jerome Siegel : REM sleep,Functions of [[1]] It is difficult to believe that this physiological state does not have some vital survival role. There is no general agreement among sleep researchers about the function of REM sleep.
  15. Lavie, p. 100
  16. Lavie, p. 103-107
  17. 17,0 17,1 17,2 Claude Lecouteux fantômes et revenants au moyen-âge IMAGO 1986 ISBN 2-902702-33-7
  18. 18,0 18,1 Roberte Hamayon La chasse à l'âme Esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien Société d'ethnologie 1990 ISBN 2-901161-35-9
  19. qui à la différence du chasseur, a l'obligation d'accepter cette union sous peine de mort
  20. Mircea Eliade Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase PUF 1968 ISBN 2-228-88596-7
  21. Pour Ernest Jones, c'est l'union pendant le sommeil entre une personne et un dieu ou une déesse. Peux-t'on rapprocher incubatio d'incubus ?
  22. 22,0 22,1 22,2 Ernest Jones le cauchemar Payot 1973
  23. Jean-François Froger La voie du désir selon le mythe "Eros et psyché" Ed. DésIris 1997 ISBN 2-907653-41-5
  24. La religion dans son essence et ses manifestations Payot 1970
  25. 25,0 25,1 James Hillman La beauté de Psyché, L'âme et ses symboles Le Jour, éditeur 1993 ISBN 2-8904-4489-9
  26. Le vieux moi héroique se dégonfle et redevient une ombre à deux dimensions
  27. "Il m'est venu en rêve..." Essais théoriques et pratiques sur l'activité onirique PUF 1989 traduction française de "Es träumte mir vergangene nacht..." Berne 1975 par Medard Boss
  28. On pourrait le désigner comme l'être du rêve selon la terminologie de Bouchet Christian dans sa thèse de doctorat d'état ès lettres de 1994 sur le rêve lucide. L'être conscient et l'être de rêve sont ainsi deux modes d'être au monde qui manifestent chacun une forme de conscience spécifique, l'être de rêve ne pouvant être pensé sur celui de l'être conscient.
  29. Gaston Bachelard La poëtique de la rêverie Quadrige/PUF 1960/1989
  30. Jouvet, p. 79
  31. Jouvet, p. 89-90 et Hobson, 1988
  32. Claude Rifat "Les êtres oniriques : le continuum des Moi" dans Rêver n°3 Ed. Ea-Anahita ISSN 1278-5458
  33. Henri Laborit

Bibliographie

  • Généralités
    • Michel Jouvet : "Pourquoi rêvons-nous ? Pourquoi dormons-nous ? Où, quand, comment ?" Paris, Odile Jacob, 2000, ISBN 2738108458
    • Peretz Lavie : "Le monde du sommeil", Paris, Odile Jacob, 1998, ISBN 2738105521
  • Psychanalyse
    • Sigmund Freud : "L'interprétation des rêves", PUF, 2003, Œuvres complètes IV, - 1899-1900, ISBN 213052950X
    • Sigmund Freud : "Le rêve et son interprétation", Ed.: Gallimard - poche, 2001, ISBN 2070322890
    • Sigmund Freud : "Sur le rêve", Ed.: Gallimard-Poche, 1990, ISBN 2070325547
    • Jean-Michel Quinodoz : "Les rêves qui tournent une page", PUF, 2003, ISBN 213051491X
    • Monique Schneider : "Père, ne vois-tu pas--?", Ed.: Denoël, 1985, ISBN 2207231321
    • Pierre Trigano, Agnès Vincent : "Le sel des rêves : Une refondation spirituelle de la psychothérapie par une lecture nouvelle de C.G. Jung", Dervy, 2004, ISBN 2844542786
  • Divers
    • Les praticiens du rêve : Un exemple de chamanisme, Michel Perrin, Presses Universitaires de France, 2001, ISBN 2130519474, 285 pp.

Filmographie

Voir aussi

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