Chamanisme
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Le Chamanisme ou shamanisme est un système de médiation entre les êtres humains et les esprits de la surnature. Cette médiation a une fonction économique au sein de la communauté : gérer l'aléatoire. C'est le chaman qui incarne cette fonction , dans le cadre d'une interdépendance étroite avec la communauté qui le reconnaît comme tel.
Le chamanisme au sens strict prend sa source dans les sociétés traditionnelles sibériennes. Cependant , on observe des pratiques analogues chez de nombreux peuples, à commencer par les Mongoloïdes, qui seraient tous originaires de Sibérie , mais aussi chez les Indiens d'Amérique du Nord , chez les Amérindiens d'Amérique latine[1] , chez les Africains , en Australie...
Le chamanisme est la spiritualité la plus ancienne connue. Depuis quelques années, des paléontologues considèrent que certaines peintures pariétales de l'Europe (transformations d'hommes en animaux) représenteraient des scènes et des symboles de type chamaniques et seraient liées à ces rituels.
- La relation du chamanisme à la religion reste encore un sujet de controverse.
Bien que le chamanisme soit toujours vivant , y compris celui qui se déclare comme tel dans les sociétés occidentales modernes , il demeure incertain de rapprocher sa nature et ses fonctions d'avec le chamanisme des sociétés traditionnelles actuellement disparues.
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[modifier] Etymologie
saman vient du toungouse qui signifie danser , bondir , remuer , s'agiter , tandis que l'équivalent yakoute ojun signifie sauter , bondir , jouer[2].
Ce même terme viendrait du sanskrit Shramana (être éclairé).réf. nécessaire
[modifier] Ethnologie et chamanisme
La catégorie "chamanisme" pose problème aux anthropologues. Que peut-on appeler chamanisme, quand on utilise ce terme tant pour parler des pratiques des Toungouses que de celles des urbains européens ? Pour répondre à cette question, il faut revoir l'histoire du mot et ce qu'elle implique.
Le terme « chamane » est introduit au XVIIIe siècle et emprunté au toungouse (Sibérie) par l’archiprêtre Avvakum. Roberte Hamayon (La chasse à l'âme, 1990) caractérise le chamanisme de Sibérie ainsi : il s’agit d’une « procédure de médiation, rudimentaire et bonne à tout faire supposant une conception spécifique de l'homme, du monde et de la société » ainsi que de leurs relations. La notion d'échange est au cœur de la pensée chamaniste : surtout il existe un lien fondamental entre la chasse, l’alliance et le chamanisme ; ainsi, elle propose que le chamanisme en soi s'enracine dans la vie de chasse, en raison d'un rapport de nécessité fondé sur ce qui semble caractériser le chamanisme au niveau le plus général : la gestion de l’aléatoire. Celle-ci se réalise par un échange avec les esprits, lors de la transe.
Le chamanisme est donc une conduite, une efficacité, une technique, à restituer dans le tout de la société. Il remplit une fonction d'adaptation à des situations démunies et difficiles, par sa souplesse, son pragmatisme (contrairement aux religions instituées), et par sa disponibilité.
Les traits essentiels du chamanisme , dans les sociétés de chasse , sont : l’alliance avec les esprits de la surnature, le voyage de l'âme, la gestion de l’aléatoire par le rapport entre chamane et esprits, mais aussi la fluidité, car le chamanisme n’est pas quelque chose de figé puisqu’il intègre.
L’institution chamanique dépasse largement la région sibérienne. Tous les continents sont touchés et on assiste aussi à des mouvements du New-age en Amérique du Nord, en Europe et en France, avec l’émergence d’un néo-chamanisme.
Si on prend le terme chamanisme stricto sensu dans le sens toungouse, alors son champ est fortement limité et ne s’étend plus qu’à cette société. Il faudrait en fait répertorier les traits du chamanisme toungouse, et on s’autoriserait alors à appliquer ce terme à toutes les institutions partageant exactement tous ces traits énumérés. Probablement cela couvrirait alors l’ensemble sinon une partie de la Sibérie, mais certainement pas tous les groupes pour lesquels on parle de chamanisme. Toutefois, si l’on en prend les traits principaux, on peut alors utiliser le terme de chamanisme, celle-ci devenant une catégorie, et le chamanisme toungouse un modèle. Car ce que l’on peut comparer ce sont les modèles tirés de ces sociétés, et non les sociétés elles-mêmes, ni leurs rituels.
Cela étant établi, pour placer des éléments, pratiques, institutions, sous la catégorie « chamanisme » il faut donc de la rigueur. Ainsi, lors du Congrès international sur le chamanisme de 1997, on a pu assister à des communications soulevant le problème du « développement des pratiques dites alors chamaniques, auprès d’Européens en mal d’exotisme » ; et à ce sujet deux avis s’opposaient, l’un déniant le caractère « chamanique » (D. Vazeilles), l’autre ne voyant pas de raison illégitime qui interdirait cette dénomination, puisque selon C. Kappler, l’Europe avait jusqu’au Moyen Âge des pratiques également « chamaniques », citant Jeanne Favret-Saada (Les mots, la mort, les sorts), donc associant la sorcellerie au chamanisme.
Le débat, loin d’être fini, pose toujours problème. Dans l’application du terme « chamanisme » à d’autres sociétés, il convient de justifier ce choix par une description précise des faits et pratiques qui forme le modèle que l’on veut comparer au modèle toungouse. Pour utiliser le « chamanisme » comme élément de comparaison, il faut en effet pouvoir comparer des modèles entre eux.
[modifier] Principes du chamanisme
[modifier] Le chamane
Le chamane est un être complexe chez qui on a voulu voir un guérisseur , un sorcier , un prêtre , un magicien , un devin , un médium ou un possédé[3].
- Il existe en fait une polyvalence dans ses attributions. Celles-ci s'effectuent dans un cadre rituel bien précis , au sein de sa communauté. Elles varient d'une région à l'autre , mais aussi et surtout d'une époque à l'autre[4]. Les plus importantes sont :
- -faire du tort à un ennemi
- -traitement des maladies nerveuses et mentales
- -fonctions thérapeutiques
- -nommer un enfant
- -faire tomber la pluie
- -faire venir le gibier
- -retrouver un objet perdu
- Pour communiquer avec les esprits , le chamane se met en transe au cours des rituels. Ceux-ci se caractérisent par une expression corporelle et un état psychique particulier , dont les tremblements sont l'élément le plus évocateur (un esprit est présent dans le corps du chaman) . La transe est toujours associée à un élément musical et dans son étymologie il y a la notion de passage et de changement. Enfin , la transe s'effectue au service de la croyance. On considère parfois que le chaman se met aussi en rapport avec l'au-delà par le moyen de songes ou de visions (Quête de vision)
- Le rituel du chamane n'est pas figé , il existe une personnalisation de sa pratique. Chaque chamane fait différemment des autres , il n'y a pas de liturgie et il possède un talent personnel à exercer une fonction héréditaire.
- L'expression du chamane lorsqu'il est en contact avec les esprits donne une apparence de folie. En fait elle est trompeuse[5]. Le chamane est normal en dehors des séances. Son comportement pendant le rituel n'affecte ni son autorité ni son sens des responsabilités. Sont confiées au chamane des fonctions capitales pour la vie de sa communauté.
[modifier] Le chamanisme de chasse
Né chez les chasseurs-cueilleurs du paléolithique, le chamanisme avait pour but de répondre aux besoins essentiels de cette époque: trouver du gibier. Les peuples de Sibérie ou les Indiens d'Amérique du Nord vivant de la chasse, ses fonctions primitives y ont été conservées. On croit que les animaux sont animés par des esprits. Le chaman les rejoint dans le monde non sensible de la «surnature». Pour se faire, il doit lui-même se transformer en animal et épouser la fille de l'esprit donneur de gibier (l'esprit de la forêt), qui lui servira de guide[6][7]. Cet esprit a souvent la forme d'un cerf. Les gesticulations du chaman, que les Européens ont parfois pris pour de la folie, ne sont rien d'autre que la manifestation de sa nature animale. De son épouse, à l'aide de séduction et de ruse, il obtient des promesses de gibiers, animaux qui viendront donner aux chasseurs leur principe vital. Mais la chasse est un échange: les esprits des chasseurs sont eux-mêmes dévorés, ce qui leur cause des maladies et conduit à une mort inéluctable. Le rôle du chaman n'est pas, normalement, d'y remédier. Il doit seulement faire en sorte que l'échange se produise , mais de façon à retarder le plus possible l'échéance de la contrepartie , c'est-à-dire la seconde phase de l'échange , par le biais d'une manipulation.
[modifier] Le chamanisme d'élevage
Le passage au néolithique, avec l'introduction de l'élevage et l'invention de l'agriculture, provoque une importante mutation du chamanisme[8]. La survie de la communauté ne dépend alors plus des esprits des animaux, mais d'esprits à caractère humain, notamment de ceux des ancêtres[9]. Le monde des esprits, auparavant confiné à la forêt, s'étire vers le haut et le bas, vers ce qui deviendra le Ciel et les Enfers. Ce monde non phénoménal est souvent perçu comme étant une échelle à barreaux ou encore parfois un arbre, avec ses branches et ses racines. Le chaman est celui qui a la capacité de monter et descendre le long de ces différents niveaux de réalité, vers le Ciel ou les Enfers, de rencontrer des entités des mondes supérieurs et inférieurs (des esprits, par exemple) et de ramener de son voyage conseils, soins et pouvoirs "magiques", expansion de conscience etc.
Ainsi, pour effectuer un soin, le chamane entre d'abord dans un état de conscience modifié par le biais de transes et d'extases provoquées, par exemple, par des techniques de visualisation, de respiration, la musique, la danse ou l'utilisation de plantes psychoactives. Cet état est censé lui permettre d'accéder au monde non phénoménal. Il est souvent aidé par un ou plusieurs esprits alliés (animaux, plantes, objets ou même ancêtres) et doit alors faire face à la maladie de son patient, qui peut être visualisée sous la forme d'un monstre ou d'un mauvais esprit. Il utilise un ensemble de techniques choisies en fonction de sa situation et de sa culture, et qui peuvent aller de l'aspiration du mauvais esprit au don d'énergie... À la fin du processus, le patient est souvent censé avoir récupéré un morceau de son âme qui lui aurait été volé, ou avoir fait sortir hors de son corps un mauvais esprit.
[modifier] La Chamanesse
Au stade paléolithique , les femmes chamans (les chamanesses) sont peu nombreuses. Elles ont surtout une fonction de voyance et de divination, grâce à leur connivence avec des esprits des morts. Au stade néolithique, les chamanesses sont plus nombreuses que les chamans hommes. Une religion organisée, avec des prêtres, des dogmes et une liturgie, repousse dans l'ombre les chamans hommes, qui sont par nature indépendants.
[modifier] Les thèmes majeurs du chamanisme
[modifier] la "maladie initiatique"
Elle révèle l'élection du futur chamane. Les symptômes sont conventionnels, attendus, plus ou moins provoqués, voire simulés. Elle est interprétée comme une absence de l'âme qui est partie dans la surnature, vers son électeur. L'évanouissement est le symptome caractéristique de la maladie. Dans le cas du chamanisme d'élevage, les esprits se sont humanisés, et l'électeur est l'esprit d'un ancêtre. L'évanouissement est le moment particulier où les ancêtres emmènent l'âme du future chamane pour y être instruit.
Elle donne l'apparence de la folie et exprime la présence d'un danger de mort. Elle indique une future carrière.
L'élection du futur chamane est vécue, en général, comme un fléau, aussi bien par le candidat que par la famille de celui-çi. Le danger de mort est lié au refus d'assumer la fonction de chamane . C'est l'électeur qui s'en charge.
[modifier] le dépècement et la dévoration du corps
Le morcellement du corps, ou dépècement, ou dévoration est une mort rituelle qui est suivie d'une résurrection. Elle marque le passage du profane au sacré, l'initiation par les esprits, et s'inscrit dans le cadre de la "maladie initiatique".
- Ces souffrances physiques correspondent à la situation de celui qui est "mangé" par le démon-fauve, est dépecé dans la gueule du monstre initiatique, est digéré dans son ventre[11].
➝ Dans le chamanisme de chasse, le morcellement du corps est le fait des esprits auxiliaires qui mangent la chair et boivent le sang du future chamane. Il s'agit surtout d'une dévoration interne. A la fin du rituel, le chaman peut alors incorporer les esprits auxiliaires dans les accessoires que la communauté lui a confectionné. Chaque séance chamanique sera par la suite l'occasion de nourrir les auxiliaires, ce qui est le prix à payer pour le service rendu : il s'agit donc d'un processus continue qui a lieu toute la vie du chamane, ce qui est à mettre en rapport avec son teint blème.
- les esprits lui coupent la tête qu'ils mettent de côté (car le candidat doit assister de ses propres yeux à sa mise en pièces) et le taillent en menus morceaux qui sont ensuite distribués aux esprits des diverses maladies. C'est à cette condition seulement que le futur chaman gagnera le pouvoir de guérir[11].
➝ Dans le chamanisme d'élevage, le dépècement s'effectue généralement en une fois, lors de la "maladie initiatique". C'est une dévoration externe, c'est à dire qui a lieu en général en dehors du corps du chamane. Il existe certaines particularités comme la cuisson de la chair et le comptage des os. Elle est l'oeuvre des ancêtres. Cependant, dans le chamanisme d'élevage, coexistent des éléments du chamanisme de chasse, ce qui se traduit par l'existence parallèle d'esprits animaux et d'esprit des ancêtres : la dévoration interne continue persiste donc parallèlement.
Tout autre est la dévoration de la chair humaine consécutive à la prédation des esprits, dont l'action entraine la maladie par le biais du départ de l'âme, voire la mort en cas de départ définitif. Ce cadre est celui de tout un chacun qui peut devenir la proie d'un esprit :
- Les hommes sont le butin de la chasse des esprits, comme les rennes sont le butin de la chasse des hommes ... le monde des esprits est un monde d'affamés en quète perpétuelle de gibier humain[10].
[modifier] l'esprit électeur et les esprits auxiliaires (alliés)
Les variations concernant ce thème sont très importantes suivant les ethnies et les époques. Il existe cependant des lignes communes qui sont abordées ici. La distinction entre l'esprit électeur (ou protecteur), et les esprits auxiliaires (ou familiers, ou gardiens) revient constamment.
L'esprit électeur est en général unique. C'est lui qui choisit le chamane et le protège toute sa vie. Il possède une double identité, féminine et masculine. Il est impossible de s'y soustraire, sous peine de mort. La plupart du temps, il accorde au chamane le service des esprits auxiliaires. Au cours de la séance chamanique, l'éclat de furie du chamane correspond à son union avec son électeur et assure le départ et le voyage du chamane dans la surnature, avec le concours des esprits auxiliaires.
Dans les sociétés de chasse, l'esprit protecteur choisit "par amour" son chamane et devient son conjoint surnaturel. Il est l'esprit de la fille de la forêt, le donneur de gibier. Son exigence est de l'ordre de la jouissance. Il existe ainsi une forte connotation sexuelle avec celui-ci. Il octroie au chamane son droit de chasse dans la surnature.
Dans les sociétés d'élevage, l'esprit protecteur est en général l'esprit d'un ancêtre, lui-même ayant été chamane. Et de ce fait l'enseignement du chamane provient souvent de cet esprit, le préparant à des révélations et à des contacts avec des êtres divins ou semi-divins (rôle de psychopompe).
Parfois l'électeur est un esprit céleste mineur.
Les esprits auxiliaires sont en général soumis à l'esprit électeur : c'est ce dernier qui les transmet au chamane (chamanisme de sibérie). Parfois, la transmission se fait par héritage. Parfois leur concours doit être un acte de volonté et de recherche personnelle de la part du chamane (chamanisme nord américain). Pour obtenir leurs services, le chamane doit les nourrir de son propre corps : leur exigence est alimentaire. Ils donnent au chamane les moyens de la chasse dans la surnature : ce sont les pouvoirs chamaniques. Chacun est spécialisé dans un service. Un chamane peut en avoir plusieurs ; c'est d'ailleurs au nombre d'esprits auxiliaires qu'un chamane est fort ou faible. La relation d'un auxiliaire au chamane est soit de l'ordre du bienfaiteur, soit de l'ordre du serviteur. Le transfert des esprits auxiliaires se voit et s'effectue dans les accessoires de son costume. La réunion des esprits auxiliaires peut parfois prendre plusieurs années, et fait intervenir une grande partie de la communauté.
La plupart du temps ils ont la forme d'un animal : ours, loup, cerf, lièvre mais aussi oie, aigle, hibou, corneille ... Ils peuvent également être des esprits de la nature : esprit des bois, de la terre, d'une plante, du foyer, fantôme ... Le chamane prend possession de l'esprit auxiliaire au cours de la séance chamanique. Bien plus qu'une imitation de celui-ci, il est identifié à cet esprit et se métamorphose en lui : c'est l'ensauvagement du chamane, suivant Roberte Hamayon. L'auxiliaire a alors un rôle de psychopompe, c'est à dire qu'il accompagne le chamane dans l'au-delà : c'est l'expérience ou le voyage extatique du chamane, suivant Mircea Eliade.
[modifier] Le chamanisme dans le monde
Le chamanisme a existé en Chine. Il a été repris par le taoïsme. Selon un ouvrage du IIIe siècle, le Baopuzi, le prêtre connaît des voyages extatiques qui l'emmènent au ciel, où il peut rencontrer des dieux, des ancêtres, ou trouver des remèdes médicaux. Il est aidé par des animaux, dragons, tigres ou cerfs. Une caractéristique générale des chamans est justement de pouvoir se rendre au Ciel ou dans les Enfers.
Il y a des exemples très nets de chamanisme dans le monde indo-européen, surtout dans sa mythologie. Ainsi, le dieu Odin des Scandinaves peut quitter son corps, qui gît alors comme endormi, sous une forme animale, et voyager là où il le désire. Il possède un cheval à huit pattes, très rapide, qui est aussi identifié à un arbre cosmique (Yggdrasill) semblable à celui utilisé par les chamans lors de leurs voyages. Par ailleurs, Odin est un grand magicien et il peut forcer les morts à livrer les secrets de l'Au-delà, ce qui est une prérogative du chaman. Dans la Grèce antique, on connaît le poète Aristéas, originaire de l'île de Proconnèse. Il était transporté au loin lors de «délires apolliniens» (Apollon étant un dieu apparenté à Odin). Il abandonnait son corps, qui gisait comme mort. Sur son île, une statue le représentait à côté d'Apollon (Hérodote, IV, 13-15). Pline l'Ancien rapporte qu'elle représentait son âme quittant son corps sous la forme d'un corbeau.
En vérité, la cosmologie indo-européenne est conforme au chamanisme néolithique : l'univers est constitué de trois mondes, le Ciel, la Terre et les Enfers, qui sont reliés par un arbre. La voyance, la divination ou la magie sont plus l'affaire des femmes que des hommes (d'où les croyances aux sorcières). Le chamanisme masculin se voit relégué dans la mythologie tandis que les fonctions sacerdotales sont exercées par une classe de prêtres.
Les Scandinaves considéraient leurs voisins Lapons (de langue finno-ougrienne) comme de grands magiciens. Ils appelaient aussi ce peuple les Sames. De toute évidence, le chamanisme était très développé chez eux. Les chamans sames, les noai'de, étaient surtout des femmes. Leurs pratiques ont été décrites au XIIIe siècle dans l'Historia Norwegiae. Ils officiaient grâce à des assistants qui chantaient et ils utilisaient un tambour (comme leurs homologues sibériens) et un marteau de corne. Ils pouvaient prendre une forme animale pour aller se battre contre un confrère, découvrir un voleur ou même le mutiler à distance, attirer le gibier à portée des chasseurs ou le poisson dans le fjord, provoquer des états d'hypnose ou d'illusion des sens. Les Finno-Ougriens sont originaires des forêts du nord de la Russie. D'une manière ou d'un autre, une analyse fine du chamanisme le fait toujours provenir du nord de l'Eurasie.
En Corse, peut être trouvé le Mazzeru (voir Mazzérisme). Le Mazzeru n'est pas toujours considéré comme faisant partie de ce monde à part entière. N'étant ni du monde des vivants, ni du monde des morts, il se situe plutôt à la limite de ces deux mondes. Il est également désigné, selon les régions, sous les noms de Culpadore, d'Acciacatore et bien sûr de Mazzeru. Ces trois termes sont formés à partir des verbes acciacà, culpà, amazzà, qui signifient « tuer » en frappant. Cette fonction de tuer provient de la capacité du Mazzeru à « chasser en rêves ». Lors du sommeil du Mazzeru son double spirituel va dans le monde des rêves participer a une partie de chasse, le Mazzeru tuant le premier animal (sauvage ou domestique) qu'il croise. En retournant la bête sur le dos, la tête de celle-ci se transformera en visage humain. Cet humain, connu du Mazzeru, est condamné à mourir entre trois jours et un an plus tard. Hommes et femmes peuvent être des Mazzeru, même si les femmes sont réputées être plus acharnées que les hommes dans leur façon de tuer.Mais il existe aussi le Spalisti.
Le français Mario Mercier, écrivain, poète, artiste est l'un des rares chamanes français aujourd'hui en activité, a publié un "Manifeste pour un nouveau chamanisme".
[modifier] Notes
- ↑ avec , notamment , les pratiques thérapeutiques liées à l'Ayahuasca, étudiées avec intérêt par des thérapeutes contemporains (cf. le documentaire "Autres Mondes" de Jan Kounen) .
- ↑ Roberte Hamayon, la chasse à l'âme, Société d'ethnologie , Nanterre 1990.
- ↑ Le médium qui invite un esprit à entrer dans son corps et en perd le contrôle fait exactement le contraire du chaman sibérien, qui conserve toutes ses facultés.
- ↑ Par exemple dans les sociétés de chasse , les fonctions thérapeutiques sont absentes ou secondaires.
- ↑ Elle peut simuler par exemple des comportements d'animaux.
- ↑ D'après Roberte Hamayon , il existe "une similitude et une interdépendance de structure entre la chasse , l'alliance matrimoniale et le chamanisme dans leurs relations respectives avec les êtres naturels , sociaux et surnaturels" . Ainsi l'alliance entre le chasseur et son beau-frère par le biais de l'alliance matrimoniale répond à l'alliance entre le chaman et l'esprit de la forêt par le biais de l'alliance avec la surnature. "Le chamane se présente donc comme métaphoriquement gendre et chasseur dans la surnature" .
- ↑ Les amours surnaturelles du chamane donne une dimension érotique à la pratique chamanique , notamment dans les rituels évoquant les accouplements des animaux.
- ↑ Les rapports à l'animalité , la maladie et la mort s'en trouvent modifiés , les représentations changent. Ainsi , l'animal , de sa qualité d'être devient produit.
- ↑ et l'organisation pastorale introduit la logique de filiation , comparativement à la logique d'alliance de la société de chasse.
- ↑ 10,0 10,1 10,2 Roberte Hamayon
- ↑ 11,0 11,1 11,2 Mircea Eliade
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Chamanisme coréen
- Le rêve dans les sociétés chamaniques - le succube chamanique
- Animisme
- Arbre à prières
- Plante de vision
[modifier] Liens externes
- Chamanisme Européen Peintures chamaniques et extraits du "Manifeste du nouveau chamanisme"de Mario Mercier.
- Chamanisme Synthèse assez complète sur les divers éléments traditionnels du chamanisme de part le monde.
- Le matin des Hommes-Dieux : Étude sur le chamanisme grec 1ère partie - 2è partie
[modifier] Vidéographie
- Blueberry, l'expérience secrète, 2003, de Jan Kounen, une représentation du chamanisme amérindien au cinéma
- Autres Mondes, 2004, de Jan Kounen : documentaire sur les passerelles entre le chamanisme amérindien lié à l'ayahuasca et le transpersonnel européen, incluant des thérapeutes comme Stanislav Grof
- Chacun cherche son chaman, 2006, de Roland Pellarin : documentaire sur le core chamanisme de Michael Harner pratiqué en Suisse, avec des commentaires de Jean-Patrick Costa, Roberte Hamayon, Bertrand Hell, Silvia Mancini, Jérémie Narby et d'autres
[modifier] Bibliographie
- Chamanisme traditionnel
- ➝ Les praticiens du rêve : Un exemple de chamanisme, Michel Perrin, Presses Universitaires de France, 2001, ISBN 2130519474, 285 pp.
- ➝ Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase, Mircea Eliade, éd. Payot 1992
- ➝ Grand livre du chamanisme, origines, rites et coutumes, Stéphanie Chancel, éd. Exclusif 2005, ISBN 2848910461
- ➝ La chasse à l'âme : esquisse d'une théorie du chamanisme sibérien , Roberte Hamayon , Société d'ethnologie , 1990 , ISBN 2-901161-35-9
- Chamanisme contemporain
- ➝ Manifeste pour un nouveau chamanisme, Mario Mercier
- Abord scientifique et psychologique
- ➝ La voie spirituelle du chamanisme, Michael Harner, éd. Albin Michel 1982 - en anglais The way of the shaman, 1980
- ➝ Chamanisme et psychothérapie, ouvrage collectif sous la direction de Patrice van Eersel et du Dr Didier Dumas, coll. Questions, Albin Michel 1997
- ➝ Le serpent cosmique, l'ADN et les origines du savoir, Jérémy Narby, éd. Terra Magna (une thèse audacieuse selon laquelle le savoir des chamans proviendrait directement de la source de toute vie sur cette planète : l'ADN)
- A classer ou autres
- ➝ Possession & Chamanisme, les maîtres du désordre, Bertrand Hell, éd. Flammarion
- ➝ Manuel pratique des rituels chamaniques, J. Creek, éd. Cristal 2003, ISBN 2848950005
- Récits initiatiques contemporains
- ➝ Les livres de Carlos Castaneda
- ➝ Les livres de Mario Mercier
- ➝ Un sorcier dans la forêt du Pérou, éd. du Rocher 1996, ISBN 2268022730
- ➝ Journal d'une apprentie chamane, Corine Sombrun, éd. Pocket 2004, ISBN 2266129503
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