Jean Giono
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Jean Giono (Manosque, 30 mars 1895 - ibid., 9 octobre 1970) est un écrivain français, dont l'œuvre romanesque a en grande partie pour cadre le monde paysan provençal. Inspirée par son imagination et ses visions de la Grèce antique, elle dépeint la condition de l'Homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques, et possède une portée universelle : Jean Giono est loin d'être l'auteur régionaliste qu'on pourrait croire. Inclassable, autodidacte (cf. biographie), il devint l'ami de Lucien Jacques, d'André Gide et de Jean Guéhenno. Il resta néanmoins en marge de tous les courants de littérature de son temps.
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[modifier] L'œuvre de Jean Giono
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L'œuvre de Jean Giono mêle un humanisme naturel à une révolte violente contre la société du XXe siècle, traversée par le totalitarisme et rongée par la médiocrité. Elle se divise en deux parties : les premiers livres sont écrits d'une façon très lyrique (ces œuvres sont souvent dites de première manière) et leur style est très différent des œuvres tardives plus élaborées et plus narratives, telles que Les Chroniques romanesques et le Cycle du Hussard (œuvres dites de seconde manière). La nature est d'une certaine façon le personnage principal des premiers livres, tandis que c'est l'Homme celui des seconds.
Soldat durant la Première Guerre mondiale, Jean Giono n'aborde objectivement cette période de sa vie que dans Refus d'obéissance, c'est-à-dire bien après ses premières publications. L'influence de la guerre est pourtant très forte tout au long de son œuvre. S'il est inclassable, Giono est sans conteste un humaniste et un pacifiste.
Les trois premiers livres de Jean Giono (Colline, Un de Baumugnes et Regain) constituent la trilogie de Pan. Le dieu Pan est une figure importante dans les livres de Giono. Il est explicitement présent au tout début, et restera jusqu'à la fin en filigrane. Il représente la nature unifiée dans un être unique. Bien que peu adepte des discussions philosophiques, Giono fait quelques brèves allusions au panthéisme (cf. Spinoza, Parménide), qu'il développe allègrement de façon lyrique dans ses premiers livres. La nature y est présentée d'une façon bien différente de l'idyllique Provence bienveillante de Pagnol. Chez Giono, la nature est belle, mais elle est aussi cruelle, destructrice et purificatrice : l'Homme en fait partie, mais elle n'est pas l'Homme. Ainsi, dans Le Hussard sur le toit, la nature se manifeste par le choléra qui dévaste la Provence et tue aveuglément sans se soucier des préoccupations politiques qui agitent les hommes. (On retrouve du reste cette conception de la nature, particulièrement absente des idées de cette époque, dans un texte contemporain d'Albert Camus, intitulé l'Exil d'Hélène).
Le Cycle du Hussard dans lequel s'affirme une nouvelle manière d'écrire est composé de quatre livres: Angelo (qui est en quelque sorte une ébauche du personnage d'Angelo Pardi), Le Hussard sur le toit , Le bonheur fou (le héros de ces deux derniers livres est Angelo Pardi) et enfin Mort d'un personnage (le personnage en question est la comtesse Pauline de Théus devenue vieille).
[modifier] Biographie
Giono est né à Manosque le 30 mars 1895. Son père était un cordonnier anarchiste d'origine italienne qui passait beaucoup de temps à lire la Bible; sa mère dirigeait un atelier de repassage. Giono a évoqué son enfance dans Jean le Bleu. En 1911, la mauvaise santé de son père et les faibles ressources de sa famille l'obligèrent à arrêter les études. Il dut s'instruire en autodidacte pour assouvir sa soif de savoir. En 1915, pendant la Première Guerre mondiale, il fut incorporé à Briançon, puis fut envoyé au front à Verdun et au Mont Kemmel, en Flandre occidentale (Belgique). Cette expérience de la guerre, au cœur d'une des batailles les plus terribles du conflit, va le traumatiser. Son meilleur ami ainsi que beaucoup de ses camarades sont tués à ses côtés. Lui, ne sera que « légèrement » gazé. Il reste choqué par l'horreur de la guerre, les massacres, la barbarie, l'atrocité de ce qui a vécu dans cet enfer et deviendra un pacifiste convaincu.
Plus tard, la lecture des écrivains classiques (en particulier Virgile) l'amena à l'écriture ; un passe-temps qui prit de plus en plus d'importance, si bien qu'il décida après la liquidation de la banque qui l'employait en 1929 et le succès de son premier ouvrage Colline d'arrêter toute activité professionnelle pour se consacrer exclusivement à son œuvre. Il reçut en 1929, le prix américain Brentano pour Colline, ainsi que le prix Northcliffe l'année suivante pour son roman Regain. Il fut également nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1932.
Les événements du début des années 30 le poussèrent à s'engager politiquement. Il adhéra à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (mouvance communiste) mais, par méfiance, s'en dégagea très rapidement.
En avril 1935, il publia Que ma joie demeure qui connut un grand succès, particulièrement auprès de la jeunesse. Bloqués accidentellement dans le hameau du Contadour lors d'une randonnée sur la montagne de Lure, Giono et quelques amis, subjugués par les lieux, décidèrent de s'y rencontrer régulièrement : ce furent les Rencontres du Contadour. C'est l'époque de la publication de l'essai Les Vraies Richesses, dédié à ceux du Contadour.
Les prémices de la guerre se manifestèrent alors. Jean Giono rédigea alors ses suppliques Refus d'obéissance, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, Précision et Recherche de la pureté. La déclaration de guerre interrompit la neuvième réunion. Les "disciples" attendirent la réaction de Giono. Elle fut difficile pour cet homme libre qui ne voulait pas être directeur de conscience et qui écrivit "Marchez seul, que votre clarté vous suffise". Il rejoignit, comme tout un chacun, le centre de mobilisation de Digne. Cependant, à cause de son pacifisme, il fut arrêté le 14 septembre 1939. Il fut relâché après un non-lieu et libéré de ses obligations militaires. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien qu'il n'ait jamais pris position en faveur du régime de Vichy et encore moins en faveur de l'Allemagne nazie, il fut accusé d'avoir collaboré et fut de nouveau emprisonné, en septembre 1944. Il ne fut libéré qu'en janvier 1945 sans avoir été inculpé. Néanmoins, le Comité national des écrivains, organisme issu de la Résistance, l'inscrivit sur sa liste noire, ce qui entraînait de fait une interdiction d'être publié en France. Cette mise à l'index ne prit fin qu'en 1947, avec la publication de Un roi sans divertissement, première en date des "Chroniques". Dans les années qui suivirent, Giono publia notamment Mort d'un personnage (1948), Les Âmes fortes (1950), Le Hussard sur le toit (1951), Le Moulin de Pologne (1953). Avec le succès de ces livres, surtout celui du Hussard sur le toit, adapté par la suite en long-métrage, Giono retrouve pleinement la place qui est la sienne, celle d'un des plus grands écrivains français du XXe siècle. En 1953, le Prix du Prince Rainier III de Monaco lui est décerné pour l'ensemble de son œuvre. Il est élu l'année suivante au sein de l'Académie Goncourt. De plus en plus intéressé par le cinéma (son film Crésus sort en 1960), il préside le jury du Festival de Cannes 1961. Son dernier roman, L'Iris de Suse, paraît l'année de sa mort : emporté par une crise cardiaque le 9 octobre 1970, Jean Giono est enterré à Manosque.
[modifier] Manosque
Giono s'est surnommé Le voyageur immobile. De fait, son œuvre évoque souvent de longs voyages ou cheminements, alors que lui-même n'a presque pas voyagé. Avant de vivre au Paraïs, qui surplombe Manosque, à partir de 1929, Jean Giono a habité à Manosque même : - 1 rue Torte, où il est né le 30 mars 1895 ; - 14 rue Grande, où ses parents déménagent peu de temps après ; - 8 rue Grande, où il emménage en 1920 après son mariage.
Sur le boulevard circulaire de Manosque se trouve le Crédit agricole, qui était le Comptoir d’escompte lorsque Giono y travaillait.
Il a également souvent séjourné dans le Trièves où il passait ses vacances, avant la guerre (à Tréminis) et après (à Lalley). Cette belle région montagneuse, située au nord du col de la Croix-Haute et qu'il qualifia de "cloître de montagnes", lui a inspiré notamment Le Chant du monde, Bataille dans la montagne (situé à Tréminis), Un roi sans divertissement (dont l'action se déroule dans un village correspond à la situation de Lalley), Les vraies richesses et Triomphe de la vie, essais qui empruntent beaucoup à la sérénité bucolique du Trièves.
[modifier] Citations
- Les sentiers battus n'offrent guère de richesse, les autres en sont pleins
- Pour bien mentir il faut beaucoup de sincérité
- Perdre est une sensation définitive, elle n'a que faire du temps. Quand on a perdu quelqu'un, on a beau le retrouver, on sait désormais qu'on peut le perdre.
- L'innocence est toujours impossible à démontrer.
[modifier] Bibliographie
[modifier] Romans
- Colline (1928)
- Un de Baumugnes (1929), porté à l'écran par Marcel Pagnol en 1934, sous le titre d'Angèle.
- Naissance de l'Odyssée (1930)
- Regain (1930), porté à l'écran par Marcel Pagnol en 1937.
- Le Grand Troupeau (1931)
- Jean le Bleu (1932) dont un extrait inspira La Femme du boulanger à Marcel Pagnol
- Solitude de la pitié (1932)
- Le chant du monde (1934)
- Que ma joie demeure (1934)
- Les vraies richesses (1937)
- Refus d'obéissance (1937)
- Batailles dans la montagne (1937)
- Le poids du ciel (1938)
- Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix (1938)
- Précisions et Recherche de la pureté (1939)
- Traduction de Moby Dick, de Herman Melville (1940)
- Pour saluer Melville (1941)
- Triomphe de la vie (1942)
- Le voyage en calèche (1946), pièce de théâtre interdite par l'occupant pendant la guerre
- Un roi sans divertissement (1947), porté à l'écran par François Leterrier en 1963 et dans lequel Giono tend à montrer que face au désespoir et à l'ennui perpétuel de l'homme, il n'y a que le divertissement qui puisse être susceptible d'apporter un certain bonheur, sans succès toutefois.
- Noé (1948)
- Les âmes fortes (1949), porté à l'écran par Raoul Ruiz en 2000
- Mort d'un personnage (1949)
- Les grands chemins (1951)
- Le Hussard sur le toit (1951), porté à l'écran par Jean-Paul Rappeneau en 1995
- Le moulin de Pologne (1952)
- L'Homme qui plantait des arbres (1953), volontairement libre de droit dès sa sortie ; adapté en film d'animation par le Québécois Frédéric Back en 1987.
- Le Bonheur fou (1957)
- Angelo (1958)
- Deux cavaliers de l'orage (1965 pour la version définitive)
- L'Iris de Suse (1970)
et divers recueils de nouvelles et chroniques publiés essentiellement à titre posthume.
- Œuvre (presque) intégrale en 8 volumes dans la Bibliothèque de la Pléiade
[modifier] Biographies
- Jean Giono, qui suis-je ? par Jean Carrière (1985)
- Giono, par Pierre Citron (1985)
- Mon père, par sa fille Aline Giono (1986)
- Jean Giono, par Pierre Citron en 1990
- Pour saluer Giono, par Pierre Magnan (1990)
[modifier] Cinématographie
[modifier] Réalisation
[modifier] Documentaire
- Le Mystère Giono, un film de Jacques Mény (1995)
[modifier] Voir aussi sur la Toile
- Une étude de Un Roi sans divertissement
- Site complet dédié à Giono
- Centre Jean Giono de Manosque, espace culturel dédié à la vie et l'œuvre de l'écrivain, dont les activités contribuent au développement de la culture littéraire et artistique au cœur de la Haute-Provence
- Site non officiel sur Jean Giono
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