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Jésus (personnage historique)

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Cet article s'appuie sur les sources chrétiennes, notamment Nouveau Testament et évangiles apocryphes, pour la connaissance historique de la vie de Jésus. Celles-ci sont complétées par les connaissances historiques générales actuelles. Son contenu est donc à considérer avec la précaution qu'implique chacune des sources citées dans le corps de l'article.
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Les historiens qui croient en l’existence de Jésus de Nazareth en tant que figure historique tentent de reconstruire sa vie en utilisant la méthode historique. Ceci est différent de la vision de Jésus telle que décrite par le Nouveau Testament, qui dérive d’une lecture théologique des évangiles sur lesquels les experts s’accordent à dire qu’ils ont été écrits des décennies après sa mort. L'existence même de Jésus a été mise en cause[1] (Voir Quêtes du Jésus historique) mais est aujourd'hui généralement admise. Cet article se contente de décrire ce qu'a vraisemblement été la vie de Jésus s'il a existé, partant du principe que les évangiles sont fondés sur des événements réels.

Sommaire

[modifier] Les noms de Jésus et des membres de sa famille

Une reconstruction historique d’un crâne aussi âgé et provenant du lieu où a vécu Jésus, par Richard Neave
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Une reconstruction historique d’un crâne aussi âgé et provenant du lieu où a vécu Jésus, par Richard Neave

Toutes les sources s'accordent à dire que cet homme s'appelait Jésus, ישוע (Yeshua) en araméen, ᾿Ιησοῦς (Iêsoũs) en grec. Etant donné que c'était un nom très courant dans le monde juif du Ier siècle, ceci est assez crédible. Rien que dans les écrits de Flavius Josèphe, on trouve mention d'une vingtaine de Jésus, dont quatre étaient des prêtres de haut rang, et pas moins de dix d'entre eux ont vécu au Ier siècle.

L'araméen Yeshua est la version raccourcie de Yeoshua, qui signifie à l'origine Yahweh nous aide ou Puisse Yahweh nous aider. Au cours du Ier siècle, beaucoup l'interprétaient dans le sens Yahweh nous sauve ou Puisse Yahweh nous sauver. Cette interprétation est visible dans le travail du philosophe Philon d'Alexandrie : Joshua [᾿Ιησοῦς] signifie 'la salvation [σωτηρία] du Seigneur' (De Mutatione Nominum, §21). Cette étymologie populaire est aussi employée dans Matthieu 1:21.


Le nom est dérivé de la racine à trois lettres yod-shin-`ayin (י-ש}}-ע), ce qui a pour signification sauver, mais le nom n'est pas identique au mot salvation (y'shu`ah) ou à une quelconque forme verbale telle que il nous sauvera (yoshia`). Il ne contient aucune partie du nom de Dieu YHWH, contrairement à ce qu'il semble être le cas pour Yehoshua` (Joshua), bien que ce nom (yod-he-vav-shin-`ayin, י-ש-ה-ו-ע) pourrait être considéré comme une conjugaison à la troisième personne de l'imparfait hiph`il de la même racine yod-shin-`ayin.

Le nom Yeshua était prononcé avec la voyelle hebraïque tsere, un i long (API /e/) comme dans beauté, et non avec un 'schwa' (IPA /ə/) (comme dans Y'shua) ni un segol/ɛ/)(Yesh-shua). La consonne finale du nom était la consonne consonne fricative pharyngale voisée `ayin (IPA /ʕ/), parfois transcrite ` (Yeshua`). Le a représente le 'pathach réduit', indiquant la diphtongaison de la voyelle u en raison de la fin en `ayin. Dit plus simplement, le a n'est pas une syllabe supplémentaire, mais indique la modification de la voyelle u qui, en raison du `ayin final, aurait été prononcé comme le ou de fou s'il était seul.


Selon deux récits connus de son enfance, à savoir l'évangile selon Matthieu et l'évangile selon Luc, son père supposé était « Joseph » et sa mère était « Marie », ce qui est également reconnu à travers certaines références apparaissant ailleurs dans les différents évangiles. Pour Joseph, voir Luc 3:23, 4:22 ; Jean 1:45, 6:42 ; Ignace aux Tralles §9 ; Pour Marie, voir Marc 6:3 ; Actes 1:14 ; Ignace aux Ephèbes §7, §18 ; aux Tralles §9.

D'après Marc 6:3, quatre frères (pour la controverse sur la signification du mot "frères", qui pourrait désigner des demi-frères ou des cousins, voir plus bas ou l'article : Jacques (frère de Jésus)) sont nommés dans le nouveau Testament : Jacques (correspond au grec Ιάκωβος ou Jacob ), Joses ou Joset(=Joseph), Judas (=Judah), et Siméon (=Simeon).

[modifier] Quand est né Jésus ?

Gerd Theissen et Annette Merz écrivent, "Il n'y a aucune indication certaine de l'année précise de sa naissance. Ce qui est sûr est que Matthieu et Luc attestent tous les deux que Jésus est né alors que Hérode le grand était en vie (Mat. 2.1 ff. ; Luc 1.5), c'est-à-dire, si l'on considère les écrits de Flavius Josèphe ("Antiquités juives (Ant.)". 17, 167, 213 ; "Bellum Judaicum (BJ)" 2, 10), avant le printemps de l'an 4 avant JC et au plus tôt en l'an 7 avant JC. Ceci est certainement probable, mais il reste des questions troubles à ce propos, en raison de certains doutes justifiés sur la fiabilité des informations chronologiques dans les deux récits relatant l'enfance de Jésus ("The Historical Jesus : A Comprehensive Guide", Fortress Press : Minneapolis, 1998 : page 153).

Luc 2:1 relie la naissance de Jésus au recensement de Quirinus, qui a eu lieu en l'an 6 ap. JC selon Flavius Josèphe ("BJ" 2.117f, 7.253 ; "Ant." 17.355, 18. 1ff.). Emil Schürer considère que ceci est une erreur chronologique de Luc.

Certains ont tenté de déterminer plus précisément la date de naissance de Jésus en faisant des corrélation entre l'étoile des Mages (Matthieu 2:2) et des phénomènes astronomiques ; Cependant, Matthieu 2 décrit une étoile filante miraculeuse, ce qui ne correspond à aucune catégorie astronomique connues, et cette théorie n'a par conséquent pas suscité grand enthousiasme.


[modifier] Où est né Jésus ?

Le Mandylion, de la chapelle privée du pape au Vatican, est considéré comme étant la peinture de Jésus la plus ancienne.
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Le Mandylion, de la chapelle privée du pape au Vatican, est considéré comme étant la peinture de Jésus la plus ancienne.

Dans Jean 7:41, les juifs émettent l'objection suivante à propos du fait que Jésus de Nazareth puisse être le Messie : "Est-ce bien de la Galilée que doit venir le Christ ? L'Ecriture ne dit-elle pas que c'est de la postérité de David, et du village de Bethlehem, où était David, que le Christ doit venir ?"

Certains diront que ces propos sont évidemment ironiques, et que l'auteur et son audience savaient que Jésus venait en réalité de Bethlehem. Cependant, les évangélicalistes mentionnent aussi la ville natale de Jésus sous le nom de Nazareth (1:45), ce à quoi Nathanael répliqua : " Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ?" Cette tradition apparaît également plus loin (18:5-7), et les évangélistes ne donnent jamais aucun indice sur la "vraie" ville natale de Jésus. L'ironie dans l'histoire de Jean n'est probablement pas que Jésus vienne en effet de Bethlehem, mais plutôt que son lieu de naissance de chair n'est pas important puisque Jésus est la Parole pré-existante qui vient d'en haut (8:23).

Matthieu 2 et Luc 2 sont les deux seuls chapitres du Nouveau Testament qui affirment clairement que Jésus est né à Bethlehem. Ailleurs, dans Matthieu et Luc, ainsi que dans le reste du NT, Jésus est simplement Jésus de Nazareth ou Jésus le Nazaréen. Même dans les récits de son enfance, les auteurs utilisent des techniques élaborées pour clarifier le fait que Jésus fût né à Bethlehem plutôt qu'à Nazareth : Luc dit que Auguste César a ordonné un recensement de tout l'Empire, ce qui a obligé Joseph à se faire enregistrer dans la ville de ses ancêtres. Matthieu dit que Hérode a ordonné le Massacre des Innocents, provoquant leur fuite vers l'Égypte et leur retour ultérieur à Nazareth. Ce massacre n'est pas mentionné par Flavius Josèphe. L'histoire de Jésus arrivant d'Égypte correspond à l'explication de Matthieu qui le présente comme le Nouveau Moïse.

La mise en place du recensement tel que décrit par Luc est elle aussi douteuse : Pendant le règne de Hérode, la Judée n'était pas sous la gouvernance directe des Romains, et par conséquent elle n'était pas sujette à un recensement romain. Par ailleurs, la pratique consistant à se faire enregistrer dans la ville de ses ancêtres n'est pas une pratique romaine connue.

Le recensement universel auquel Luc fait référence s'est déroulé sous Quirinus, lorsqu'il est devenu légat de Syrie en l'an 6 ap. JC. La Judée était alors passée sous gouvernance romaine directe, et faisait partie de la province de Palestina. Ce recensement, qui causa la colère de nombreux juifs, est largement couvert par les travaux de Flavius Josèphe. Cette date ne peut pas concorder avec la date donnée par Matthieu. A la lumière de ces considérations, Michael Grant conclut ("Jesus : Historian's Review of the Gospels", p. 9) : "L'histoire habituelle selon laquelle Jésus est né à Bethlehem, qui était située en Judée et non en Galilée, est très douteuse. Son lieu de naissance est plus probablement Nazareth, en Galilée, ou éventuellement une autre petite ville de la région." Cependant, il a également été avancé qu'une lecture différente du texte de Luc indique en fait un recensement antérieur durant le règne de Hérode.


Le fait que Jésus vienne de Galilée est l'objet d'un certain embarras, comme l'indique la citation de Jean plus haut. Et ce n'est pas uniquement dû au fait que le Messie est sensé provenir de Bethlehem. Dans Jean 7:52, un groupe de Pharisiens assurent qu'aucun prophète ne peut venir de Galilée. Comme il est fait mention dans le Talmud, les hautes classes de Jérusalem et d'ailleurs voyaient les habitants des régions reculées de Galilée comme des gens sans éducation, sans culture, et même comme des barbares. Entre autres choses, ceci se reflétait dans leur langage, qui était considéré comme étant un patois incompréhensible (Matthieu 26:73 ; dans le Talmud, cf b. Ber. 32a, b. Erub. 53a, b. Meg. 24b).

Comme la ville n'est pas mentionnée par Flavius Josèphe, ou d'autres auteurs de cette époque non chrétiens, certains pensent que Nazareth n'existait pas en ce temps, et estiment plus probable que les Grec se réfèrent en réalité à Jésus en tant que Nazirite (un type particulier d'ascétisme), ce qui est cependant contredit par le fait que Jésus consomme du vin.

Il est également possible que Nazareth fût seulement un petit village ; les découvertes archéologiques suggèrent qu'il a été occupé jusqu'au VIIe siècle av. J.-C., et qu'il a pu être "refondé" au IIe siècle av. J.-C. (Meier, "A Marginal Jew", Vol. I, page 300à. Si Jésus n'est pas vraiment né à Nazareth, il peut avoir été associé à la ville à travers le mot hébreux "netzer", qui signifie bouton de fleur ou branche, un terme associé à la maison de David dans un passage du Livre d'Isaïe considéré comme annonceur du Messie à venir (Isaïe 11:1, Jérémie 23:5). Il a également été proposé que 'Nazareth' ait été utilisé comme une synecdoque pour la Galilée entière, ce qui explique que Jésus soit souvent appelé 'le Galiléen'.

Bref, ceux qui doutent que Nazareth soit le nom d'une ville à l'époque du Second Temple s'appuient surtout sur le fait que les Arabes et le Coran désignent les Chrétiens comme Nazaréens.

[modifier] La synagogue de Nazareth

L'évangile selon Luc fait mention de Jésus qui, "comme à son habitude", pénètre dans la synagogue de Nazareth. A cette occasion, Jésus "… se leva pour lire." Certains expliquent que les fouilles archéologiques n'ont révélé aucun bâtiment public, et que par conséquent il ne peut y avoir eu de synagogue à Nazareth. Cependant, cet argument n'est pas concluant puisque seule une très petite portion de la Nazareth ancienne a été fouillée. La Nazareth moderne se situe sur l'ancien site. Alors que les raisonnements conventionnels parmi les cercles d'archéologues tendent à conclure que Nazareth était une très petite communauté au temps de Jésus, il n'y a aucune preuve conclusive dans un sens ou dans l'autre.

Dans la tradition juive, les écritures étaient précieuses et manipulées avec un soin extrême. L'affirmation que Jésus ait tenu le parchemin de Esaïe suggère que les nazaréens aient eu en leur possession au moins un parchemin, et vraisemblablement plusieurs autres, et qu'ils avaient un endroit pour tous les stocker et les maintenir en bon état. La synagogue aurait été le lieu approprié.

Les archéologues ont trouvé des synagogues datant du temps de Jésus à Gamala, Jérusalem, à Hérodium, et à Masala. Le Nouveau Testament mentionne des synagogues à Capharnaüm et à Nazareth, mais les archéologues n'ont pas pu confirmer leur existence. Ils ne sont pas non plus parvenus à trouver les vestiges des synagogues mentionnées par Flavius Josèphe, qui sont sensées se situer à Tibérias, à Dor, ou dans la ville prospère de Césarée. Cette dernière est particulièrement intrigante. Contrairement à Nazareth, Césarée est inhabitée aujourd'hui, et les archéologues ont donc pu excaver plus systématiquement et plus intensivement. La question est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord. C'est un défi majeur pour les investigateurs. (Voir le Macmillan Bible Atlas, ISBN 0025006053).

[modifier] Quel langage parlait Jésus ?

Puisque Jésus est devenu un prêcheur voyageant à travers sa région natale et alentours, une question pertinente se pose : Quel langue était parlée par les juifs ordinaires au quotidien dans la Judée du premier siècle ? Jésus savait nécessairement parler ce langage couramment, et éventuellement d'autres également.

D'après les écrits et diverses inscriptions de l'époque, il y a quatre langages avérés : le latin, l'hébreu, le grec, et l'araméen. Le latin peut rapidement être exclu. En effet, le latin était presque exclusivement utilisé par les officiels romains, qui n'avaient introduit la langue que récemment. Les Romains auraient écrit des inscriptions sur les bâtiments publics sans se soucier de la capacité de la plupart des juifs à les lire. On a remarqué que presque toutes les inscriptions latines connues étaient situées autour de Césarée et de Jérusalem qui étaient les sièges du pouvoir impérial, et non de simples villages galiléens.

Le fait de savoir si Jésus parlait l'hébreu nous donnerait une indication sur son degré d'éducation. L'usage de l'hébreu parmi les classes populaires a souffert d'un fort déclin après l'exil à Babylone et le retour des juifs au royaume de Juda. Se rapprochant progressivement de l'araméen, la "lingua franca" du Proche-Orient ancien depuis les périodes assyrienne et perse et ultérieures, s'est fait une place parmi les juifs ordinaires réinstallés en Israël. Bien que les manuscrits de Qumrân contiennent beaucoup d'écrits hébreux, ces travaux sont la composition théologique et littéraire d'un groupe ésotérique. La montée des targums araméens (traduction des Ecritures hébraïques), que l'on observait déjà par une communauté qumramite qui écrivait exclusivement en hébreu, est une objection forte à la thèse posant l'hébreu comme le langage du peuple. Il semblerait que l'hébreu ait été seulement préservé dans la Judée du premier siècle parmi les Juifs qui se consacraient à l'étude des Textes, à la manière de ce qu'était le latin pour le clergé du moyen-âge.


En ce qui concerne le grec, on peut noter le témoignage qu'en fait Flavius Josèphe (Ant. 20.21.2) : "J'ai beaucoup travaillé à acquérir les connaissances des Grecs, et à apprendre le langage grec, bien que j'aie été habitué à parler notre propre langage [l'araméen] depuis si longtemps que je ne parle pas le grec avec une assez grande exactitude ; car notre nation n'encourage pas ceux qui apprennent le langage de nombreuses nations…"

Comme le théologien John P. Meier l'observe ("A Marginal Jew", VOL. I, page 261) : "Il est vrai que tout ceci apporte une réponse très diffuse à notre question première qui était de savoir le langage que Jésus connaissait et utilisait le plus. Mais si même Flavius Josèphe, le talentueux intellectuel jérusalémite, n'était pas parfaitement à l'aise avec le grec après des années passées à l'écrire tout en vivant à Rome, et si en l'an 70 ap. JC, il a trouvé nécessaire, ou du moins judicieux, de s'adresser à ses compatriotes juifs de Jérusalem en araméen plutôt qu'en grec, les chances semblent minces pour qu'un paysan galiléen maîtrise suffisamment le grec pour devenir un bon enseignant et un bon prêcheur qui prononce régulièrement ses discours en grec.

Les inscriptions de l'époque permettent d'émettre l'hypothèse que l'araméen couramment parlé en ce temps n'était pas significativement influencé par le grec, contrairement aux siècles suivants (Meier, page 265). Bien qu'ils soient tous écrits en grecs, les seuls mots étrangers que les évangiles attribuent à Jésus sont araméens, tels dans Marc 5:41, 7:34. L'évangile grec selon Jean dit que Jésus appelait Simon "Kephas" (Jean 1:42), et Paul utilisait l'appellation araméenne de Dieu, "abba", même quand il écrivait aux Gentils hellènophones dans Gal 4:6 et Rom 8:16.

Meier conclut son argumentation par ces mots : "Jésus enseignait régulièrement et peut-être exclusivement en araméen, sa maîtrise du grec étant plutôt pratique et sans doute rudimentaire."

[modifier] Jésus était-il un érudit ?

Pour réfuter l'hypothèse que Jésus puisse être illettré, l'expert évangéliste Ben Witherington III dit simplement que, "la seule preuve concrète que l'on ait suggère le contraire (cf Luc 4 à Luc 24)" ("The Jesus Quest", P. 88). Luc 4 raconte Jésus lisant un parchemin dans la synagogue de Nazareth. Cependant, Meier remarque que "les sources et l'historicité du récit de ce péricope sont contestées… La présence évidente de la plume de Luc nous pousse à la vigilance." ("A Marginal Jew", Vol. I, page 270).

D'autres experts, comme l'historien juif Shmuel Safrai, ont fait valoir que la majorité des enfants juifs de la Judée du Ier siècle ont reçu une éducation scolaire, à travers un programme mis en place par Simeon ben Shetah. Cependant, les références dont on dispose aujourd'hui à ce propos dans le Talmud ont été écrites environ 200 ans après l'enfance de Jésus. Les références de Philon d'Alexandrie et de Flavius Josèphe ne se rapportent sans doute qu'aux lectures publiques de la Torah dans la synagogue. Tout système éducatif aurait eu à être réinstauré après leur démantèlement pendant les deux révolutions juives autours des années 70 et 130. De nombreux historiens considèrent que le programme éducatif de Simeon est une légende : "La seule éducation élémentaire qui existait était mise en place au sein même de la famille, et consistait le plus souvent dans l'apprentissage d'un métier donné par le père." (page 273, voir aussi Craffert-Botha, ci-dessous). Meier écrit : "Ainsi, en dépit des propos clamés par certains auteurs modernes, nous ne sommes pas en mesure d'imaginer que tous les hommes juifs de Palestine aient appris à lire – et les femmes en avaient rarement l'opportunité. Le fait de savoir lire et écrire, bien que hautement désirable, n'était pas une absolue nécessité pour la vie quotidienne du Juif ordinaire. La révérence portée à la Torah et le respect pour la littérature ne sont par conséquent pas en eux-mêmes des preuves que Jésus comptât parmi les Juifs qui savaient lire et étudier les Ecritures ; ces faits montrent juste qu'il peut en avoir été ainsi." (pages 275, 276)

Quoi qu'il en soit, Meier avance que les débats de Jésus sur les Ecritures dans les synagogues, ainsi que d'autres détails, suggèrent que Jésus avait la capacité de lire les textes hébreux sacrés : "Pour résumer : les textes pris individuellement dans les évangiles prouvent très peu de choses sur le fait que Jésus soit érudit. Ils forment plutôt un faisceau d'arguments convergents qui nous incitent à penser que c'était le cas… . A un moment de son enfance ou de sa jeunesse, Jésus a appris à lire et à déchiffrer les Ecritures hébraïques." (page 277, 278)

Cependant, il est permis de douter de cet "argument indirect", en particulier parce que le contexte scriptural "pourrait avoir été transmis par une catéchèse orale" (voir Lucretia Yaghjian, 'Ancient Reading', par Richard Rohrbaugh, ed. "The Social Sciences in New Testament Interpretation", pages 206ff). Dans 'Why Jesus Could Walk On The Sea But He Could Not Read And Write' ("Neotestamenica" 39.1, 2005), Pieter F. Craffert et Pieter J. J. Botha expliquent que le fait de lire était un exercice social à connotation religieuse, et n'impliquait pas nécessairement une quelconque érudition. Selon sa théorie, Jésus pourrait avoir effectué des "lectures" dans une sorte de rite religieux, et donné ses enseignements en mimant la lecture du document. Ils citent une pratique ancienne d'orateurs consistant à tenir en main un document vierge et à le "lire" de cette manière lorsqu'ils disaient les oracles.

L'historien ancien William V. Harris estime dans "Ancient Literacy" que moins de 10% des habitants de l'empire romain savaient lire et écrire sous le principat, ce nombre descendant à 3% dans la province de Palestine (voir aussi M. Bar-Ilan, 'Illiteracy in the Land of Israël in the First Centuries CE', ainsi que S. Fishbane et S. Schoenfeld, "Essays in the Social Scientific Study of Judaism and Jewish Society", pages 46-61). James P. Holding avance que l'analyse statistique du taux d'illettrés n'aide en aucun cas à répondre à la question de savoir dans quel pourcentage Jésus se trouvait, et ne peut servir qu'à répondre à la question plus générale qui est 'Est-ce que les gens étaient plutôt illettrés ?', et non la question spécifique 'Jésus savait-il lire et écrire ?'.

Puisque aucune tradition claire et fiable n'existe dans les évangiles, et puisque les autres pistes sont tout aussi peu conclusives, il n'y a à ce jour pas de consensus sur la question parmi les experts.

[modifier] Quelle était la position socio-économique de Jésus ?

Bien que Jésus fût traditionnellement identifié comme un charpentier, cela repose exclusivement sur une phrase unique de l'évangile selon Marc 6:3 : "N'est-ce pas le charpentier […] ?" Nulle part ailleurs dans le NT il n'est fait mention du métier de Jésus. Peut-être est-ce par respect pour Jésus que les auteur de l'évangile selon Matthieu changent la question en (Matthieu 13:55) : "N'est-ce pas le fils du charpentier ?" Luc, qui semble également trouver la question insultante, la change en (Luc 4:22) : "Cet homme n'est-il pas le fils de Joseph ?" On pourrait appliquer ici le critère de l'embarras, puisque les évangélistes abandonnent tout référence de Jésus en tant qu'artisan du bois, et que le changement n'était pas très flagrant et sans aucune importance théologique. En dépit de l'absence d'attestations multiples, le fait universellement connu que Jésus fût charpentier est très probablement une vérité historique.

Le théologien John Dominic Crossan écrit ("Jesus : A Revolutionary Biography", pp. 24-26) :

Ramsay MacMullen a remarqué que le pedigrée social d'un homme aurait facilement été connu dans la société gréco-romaine, et que décrire Jésus comme étant 'charpentier' aurait indiqué un statut social peu élevé. Au dos de son livre, il fournit un "lexique du snobisme" donnant des termes utilisés par les auteurs érudits, c'est-à-dire des gens des hautes classes sociales gréco-romaines, montrant leur mépris envers les illettrés, c'est-à-dire les individus des basses classes sociales. Parmi ses termes, on trouve "tekton", ou "charpentier", qui est le terme utilisé pour désigner Jésus dans Marc 6:3 et pour désigner Joseph dans Matthieu 13:55. Il ne s'agit pas, bien entendu, de penser que les préjugés des gens de haut rang imposaient aux pauvres leurs visions d'eux-mêmes. Mais, de manière générale, un grand fossé séparait dans la société gréco-romaine ceux qui travaillaient avec leurs mains d'avec les autres.


D'un autre côté, Meier écrit ("A marginal Jew", Vol. I, pp. 281-282) :

De nombreuses personnes se retrouvaient dans un groupe intermédiaire (qui n'est *pas* notre "classe moyenne" moderne), qui incluait les commerçants et les artisans des villes et des villages, ainsi que les paysans qui possédaient des terrains considérables. A propos de ce groupe médian, il ne faut pas se leurrer à penser que l'appartenance à ce groupe impliquait une quelconque sécurité économique que connaissent les classes moyennes modernes. Les petits paysans en particulier menaient une vie précaire, leur permettant parfois tout juste de survivre, les laissant sujets aux aléas du temps, du prix du marché, de l'inflation, des guerres et des taxes (civiles et religieuses). Encore plus bas dans l'échelle sociale se trouvaient les travailleurs journaliers, les servants, les artisans itinérants, et les paysans dépossédés contraints au banditisme – ceux que Sean Freyne, ancien professeur de théologie au Trinity College de Dublin, appelle les "prolétaires ruraux". Tout en bas de l'échelle se trouvaient les esclaves, dont les plus mal lotis se voyaient engagés dans les travaux agricoles des grandes propriétés – bien que ce ne fût pas le mode de culture le plus répandu en Galilée.
Sur cette échelle sociale, Jésus le charpentier de Nazareth aurait été classé quelque part en bas de la partie du milieu, peut-être l'équivalent – s'il on peut utiliser une analogie bancale – aux ouvriers cols-bleus des classes moyennes inférieures aux États-Unis. Il était en effet, en un sens, pauvre, et un membre des classes moyennes modernes trouverait les conditions de vie de l'ancienne Nazareth détestables. Mais Jésus n'était probablement ni plus pauvre ni moins respectable que presque n'importe qui à Nazareth, ou, pour ce que ça vaut, en Galilée. Il n'avait pas la pauvreté dégradante et usante des travailleurs journaliers ou des esclaves ruraux.

Dans tous les cas, le Jésus historique qui a grandi dans un petit village galiléen n'est pas devenu riche ou influent grâce au modeste commerce qu'il y tenait.

[modifier] Contexte familial et enfance de Jésus

[modifier] Joseph (Yoseph) — son père ?

Les principales sources chrétiennes concernant Joseph se trouvent dans l'évangile selon Matthieu et dans l'évangile selon Luc. Joseph était promis à Marie au moment de la conception de Jésus ; par conséquent, ils étaient alors déjà légalement mari et femme, bien qu'il ne leur fût pas encore permis de vivre ensemble.

Dans les évangiles chrétiens de Matthieu et de Luc, il est fait référence à Joseph en tant que père adoptif de Jésus. Joseph n'apparaît dans aucun des quatre évangiles canoniques, mis à part dans ceux-ci, qui relatent l'enfance de Jésus. De plus il n'est pas fait mention de lui dans les Actes des Apôtres, contrairement aux autres membres de la famille de Jésus. Ces faits sont souvent interprétés comme le signe qu'il était mort quand Jésus a commencé son ministère. Puisque chacun des quatre évangiles chrétiens se focalise en premier lieu sur la vie ultérieure de Jésus et en en particulier sur les trois années de ministère qui on précédé la crucifixion, il est probable que les récits de son enfance n'aient pas un caractère historique.

Matthieu essaie de convaincre les Juifs que Jésus était en effet le descendant de lignée royale de David. L'expression "fils de David" est utilisée sept fois dans l'évangile selon Matthieu (1:1, 9:27, 12:23, 15:22, 20:30, 21:9, 22:42). Il n'y a que dans l'évangile de Matthieu que Jésus parle du "trône de sa gloire" (19:28, 25:31). Et il n'y a que chez Matthieu que Jérusalem est appelée la "ville sainte" (4:5). Par conséquent, Matthieu a passé beaucoup de temps à essayer de convaincre le peuple juif que Jésus était en effet le "roi des Juifs" (27:29, 27:37). Il est donc important de noter que Jésus est considéré comme le descendant du roi David dans les généalogies bibliques, ce qui ne pourrait être le cas que si Joseph était effectivement son père. Cependant, il reste des incohérences entre la généalogie de Jésus donnée par Matthieu et celle donnée par Luc.

[modifier] Marie (Miryam) – sa mère ?

La majorité des informations sur Marie la mère de Jésus proviennent des mentions qui en sont faites dans trois des quatre évangiles canoniques, et dans les Actes des Apôtres ; l'évangile selon Jean n'en fait pas mention par son nom.

En dehors des récits qui en sont fait par les évangiles ainsi que par quelques autres sources chrétiennes, il n'existe aucune information indépendante et vérifiable sur les différents aspects de la vie de Marie. Un récit de l'enfance de Marie est donné dans l'évangile selon Jacques, un texte apocryphe écrit au milieu du IIe siècle.


[modifier] Jacques (Yacov) – son frère ?

Jésus est aussi décrit dans l'évangile selon Marc comme ayant des frères : (Yacov) Jacques, Joses, Jude, et Simon, ainsi que plusieurs sœurs (6:3 ; Matthieu 13:55). La tradition chrétienne, depuis au moins le IIe siècle, et encore aujourd'hui dans l'orthodoxie orientale, explique que ces "frères et sœurs" venaient d'un précédent mariage de Joseph avec une femme inconnue, ce qui en fait en réalité des demi-frères et demi-sœurs. Cette version est relatée dans le texte apocryphe "Histoire de Joseph le Charpentier". A l'opposé, l'église catholique occidentale romaine a maintenu que ces frères étaient en réalité des cousins ou d'autres membres de la famille. Le mot frère était en fait utilisé régulièrement pour parler de relations plus éloignées.

Ainsi, le débat chrétien au sujet des frères de Jésus se résume à trois positions distinctes, chacune nommée d'après le théologien qui a mis l'idée en avant :

  • Le point de vue d'Helvidius, qui accepte que Jésus avait des frères.
  • Le point de vue d'Epiphane, adopté par les orthodoxes orientaux, qui suggère que les frères de Jésus étaient en réalité les enfants de Joseph issus d'un autre mariage.
  • Le point de vue de Jérôme, adopté par les catholiques romains, qui consiste à supposer que le mot "frère" était ici utilisé pour signifier "cousin".
Elle repose sur les arguments suivants : Quatre frères de Jésus sont explicitement nommés dans le Nouveau Testament : Jacques, Joset ou José ou encore Joseph suivant les manuscrits, Jude et enfin Siméon ou Simon (Mc 6,3). Jacques et Joset sont les fils d'une femme désignée en Mc 15, 40 comme étant justement « Marie de Jacques le petit et de Joset », et en Mc 16, 1 « Marie de Jacques » (Marc désignerait-t-il ainsi la mère de Jésus ?), afin de la distinguer de Marie de Magdala et Marie mère de Jésus ; elle est aussi désignée comme « Marie de Clopas » (Jn 19,25).
Jude est « frère de Jacques » comme il se présente lui-même en Jude 1, 1 (il ne se prétend pas frère de Jésus). Siméon est le fils de Clopas, frère de Joseph, et a pris la succession de Jacques à la tête de la première communauté chrétienne de Jérusalem (« tous, d'une seule pensée, décidèrent que Siméon, fils de Clopas, qui est mentionné dans le livre de l'Évangile, était digne du siège de cette Église : il était, dit-on, cousin du Sauveur. Hégésippe raconte en effet que Clopas était le frère de Joseph » (Eusèbe de Césarée Hist. eccl. 3, 11).
Eusèbe de Césarée précise que pour Jacques « fils de Joseph » n’est qu’une appellation (Hist. Eccl. 2,1) : « Jacques, celui qu'on appelle frère du Seigneur car il était nommé lui aussi fils de Joseph et Joseph était père du Christ ». Il était en effet d’usage d’appeler frère un cousin et fils un neveu (cf. Gn 13,8 et 29,12-15) .
Le mot « cousins » existe en grec, langue dans lequel nous sont parvenus les textes du Nouveau testament mais n’a pas été employé par conformité avec l’usage sémitique ou pour respecter un original araméen. Personne, au temps de Jésus, ne pouvait faire de confusion.
Nous ne savons rien de plus sur les sœurs de Jésus que ce que dit Mc 3,32. Aucune tradition n’en parle ; elles ne sont même pas nommées. Elles n’ont certainement pas de parenté plus proche avec lui que ses « frères ».

Voir à ce sujet : Pierre-Antoine Bernheim : Jacques, frère de Jésus Noésis, 1996 - Albin Michel 2003

[modifier] Travaux et miracles

Selon les évangiles, Jésus a commencé son œuvre publique de prêche, d'enseignement et de soin peu de temps après qu'il fût baptisé par Jean le Baptiste. L'évangile selon Luc rapporte que Marie, la mère de Jésus, était la cousine de la mère de Jean, Elizabeth, ce qui faisait des deux hommes des cousins. Bien que Matthieu raconte que Jean essayât humblement de refuser le baptême de Jésus, l'évangile selon Marc et l'évangile selon Luc ne font pas mention de cette aversion. Cela tendrait à indiquer une différence de perspective historique et théologique chez les différents auteurs. Les disciples de Jean contrastent avec les suivants de Jésus, jusque dans les Actes des Apôtres. Les mandéistes considèrent encore aujourd'hui Jean comme étant l'homme fondateur de leur croyance.

L'évangile selon Jean fait mention de trois Pâques distinctes pendant le ministère de Jésus, ce qui explique que les historiens et les théologiens ont traditionnellement conclu qu'il s'était étendu sur une période approximative de trois ans. Cependant, les autres évangiles ne mentionnent qu'une seule Pâques, et certain experts suggèrent qu'il est possible que le ministère ait duré plus de trois ans.

Jésus a utilisé de nombreuses méthodes lors de ses enseignements. Il y utilisait beaucoup toutes sortes d'illustrations. (Voir par exemple Matthieu 13:34, 35.) La nature détaillée des enseignements spirituels de Jésus ne peut pas entièrement être vérifiée puisque les récits qu'en font les évangiles sont fragmentaires, et leur objectivité est douteuse. Par ailleurs, il utilisait couramment des paradoxes, des métaphores et des paraboles, ne permettant pas de savoir avec certitude à quel point ses paroles doivent être considérées au sens littéral.

Il est attribué à Jésus, comme à la plupart des hommes sacrés à travers l'histoire, l'accomplissement de divers miracles pendant son ministère. Ceux-ci consistent essentiellement en des soins et des exorcismes, mais certains miracles supposés montrent également un contrôle sur la nature. Les experts des traditions chrétienne et séculaire débattent sur la question de savoir si ces miracles doivent être pris comme des signes d'un pouvoir surnaturel (ce qui serait rejeté par les historiens naturaliste, et éventuellement accepté par les autres), ou expliqués sans avoir recours à quoi que ce soit de surnaturel. Les historiens naturalistes choisissent généralement soit de voir les textes comme des allégories, soit de considérer que les soins et les exorcismes sont le résultat d'un effet placebo.

Jésus semble également avoir prêché la fin imminente de son ère historique, en ce sens il était un prêcheur apocalyptique..

Les évangiles présentent Jésus s'engageant dans de nombreux débats avec d'autres figures religieuses ; ces débats étaient courants à cette époque entre les enseignants des différentes religions. Par exemple, les évangiles rapportent que Jésus a utilisé une citation des lois de Moïse pour répondre à une question posée par les Saducéens concernant la résurrection en laquelle ils ne croyaient pas. Les évangiles concordent à dire que Jésus s'opposait généralement à une interprétation stricte de la loi juive, et prêchait une compréhension plus flexibles de la loi. Ils présentent une tendance à poursuivre une approche téléologique, consistant à accorder plus d'importance à l'esprit de la loi plutôt qu'à la lettre, et ils racontent ses nombreux désaccords avec les Pharisiens et les Saducéens. Cependant, dans certains domaines, Jésus considérait que les Pharisiens n'appliquaient pas la loi assez strictement. Il faut ici noter que les évangélistes ont probablement choisi préférentiellement les rapports de Jésus qui apportaient du crédit à leur propre théologie et à leur propre interprétation de la loi.

Quelques experts modernes pensent que Jésus peut avoir été un Pharisien libéral, ou un Essénien (une secte avec laquelle il partageait de nombreux points de vue). Selon ce point de vue, Jésus a ensuite été considéré comme un ennemi des Pharisiens car lorsque les Chrétiens ont eu fini de traduire les évangiles, les Pharisiens étaient devenus la secte dominante du judaïsme, et avait donc pour responsabilité d'empêcher la conversion des Juifs. Ce point de vue est appuyé par les Actes des Apôtres, dans lesquels les douze apôtres sont généralement attaqués par les Saducéens, mais sont parfois protégés par les Pharisiens ayant une interprétation plus libérale de la loi juive (voir par exemple Actes 23:6-9). On peut opposer à ce point de vue le fait qu'une partie des évangiles a été rassemblée avant la destruction du temple en l'an 70. C'est à ce moment que les pharisiens sont arrivés au pouvoir.

Selon la bible, le thème des prêches des Jésus (ainsi que de ceux de Jean Baptiste) était : "Repens-toi, car le royaume des cieux approche." (Matthieu 4:17) Jésus apprenait à ses disciples à enseigner de la même façon : "Comme vous allez, prêchez, disant, 'Le royaume des cieux approche'" (Matthieu 10:7) Ces disciples ne devaient pas uniquement prêcher dans les lieux publics, ils devaient aussi rentrer en contact avec les habitants dans leurs maisons. Jésus leur donnait ces consignes : "Chaque fois que vous entrez dans une maison, dites d'abord, 'Puisse cette maison connaître la paix.'" (Luc 10:1-7) Après l'exécution de Jésus, ces apôtres ont prêché ses enseignements et ont accompli des soins en faveur des Juifs et des Gentiléens. L'évangile selon Marc ne précise pas si Jésus avait demandé à ses disciples d'enseigner aux Gentils, bien que Luc et Matthieu le laissent entendre. L'évangile selon Jean contient le récit des Grecs venant à la rencontre de Jésus, ce que Jésus semblait approuver (Jean 12:20-32).


Jésus a fait l'éloge du célibat, disant que certains s'étaient faits "eunuques" pour le royaume des cieux (Matthieu 19:12). Ce n'était pas exceptionnel en ce temps, bien que de nombreux Juifs se mariaient, y compris les Pharisiens : Les Esséniens, promouvaient le célibat, ainsi que le rapporte Flavius Josèphe ; Jean-Baptiste et Paul n'étaient pas mariés. Il s'est aussi prononcé contre le divorce (Matthieu 5, 31-32), réfutant ainsi la description du mariage faite dans la Genèse (Marc 10:6-9).


En tant que réformateur social, Jésus aurait menacé le 'status quo'. Il était impopulaire auprès de nombreuses autorités religieuses juives, bien que le Actes des Apôtres et certaines des Epîtres disent qu'un certain nombre de membres du clergé et de Pharisiens soient devenus ses suivants. Selon les évangiles, son impopularité parmi les dirigeants de la région tenait au fait qu'il les critiquât, et, plus encore, au fait que les suivants de Jésus soutenaient la thèse controversée et ravageuse selon laquelle il n'était pas seulement le Messie, mais Dieu lui-même. Le fait de le présenter comme le Messie aurait suffit à déranger les dirigeants locaux, qui craignaient qu'une personne revendiquant être le Messie provoquerait une révolte contre la législation romaine. (Ce point de vue est aussi présenté dans les évangiles.)

[modifier] L'entrée de Jésus à Jérusalem a-t-elle eu lieu pendant Pâques ou pendant les Tabernacles ?

L'arrivée de Jésus à Jérusalem est traditionnellement associée à Pâques, mais l'agitation de feuilles de palmier et les cris de Hosanna ne font pas partie du rituel juif des fêtes de Pâque. Ils font plutôt partie de Sukkoth, (fête des Tentes ou Tabernacles). Il est très probable qu'une erreur accidentelle soit parvenue, ou qu'un changement délibéré ait été effectué en raison de contraintes doctrinales quelconques.


[modifier] Les derniers jours de Jésus

Cette peinture de Michel-ange montre Marie portant le corps mort de Jésus
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Cette peinture de Michel-ange montre Marie portant le corps mort de Jésus

Selon la Bible, Jésus est allé à Jérusalem avec ses disciples pour accomplir sa mission messianique. Il a été impliqué dans un trouble public au temple de Jérusalem alors qu'il y a retourné les tables des changeurs de monnaie qui s'y trouvaient. Quelques temps plus tard, il fut dénoncé aux autorités religieuses juives de la ville — le conseil complet (Sanhédrin) ou peut-être seulement le Grand Prêtre — par l'un de ses apôtres, Judas Iscariot. Le Grand Prêtre de la ville était désigné par le gouvernement de Rome, et ce poste était tenu à l'époque par Joseph Caiaphas. Les romains gouvernaient la ville par l'intermédiaire du Grand Prêtre et du Sanhédrin, ce qui faisait que les autorités juives de la villes devaient souvent arrêter des gens pour obéir aux ordres romains afin de maintenir la paix. Les disciples de Jésus partirent se cacher après qu'il fut arrêté.

Jésus fut crucifié par les Romains sur les ordres de Ponce Pilate, le préfet romain de la Judée. Les évangiles disent qu'il a fait cela à la demande des dirigeants religieux juifs, mais il est possible que Ponce Pilate ait simplement considéré comme une menace envers Rome la capacité qu'avait Jésus en tant que Messie à entraîner des troubles publics. Pilate était réputé pour être un gouvernant sévère, qui a ordonné de nombreuses exécutions sous des motifs moins graves pendant son règne ; il a également été rappelé à l'ordre à deux reprises par ses supérieurs romains qui l'estimaient trop sévère. De plus, la plaque placée sur la croix de Jésus pour détailler ses crimes disait IESVS NAZARENVS REX IVDAEORVM (INRI) — ce qui signifie soit "Jésus de Nazareth, Roi des Juifs", soit "Jésus le Nazaréen, Roi de Judée"-, ce qui indiquait que Jésus avait été crucifié pour le crime de rébellion contre l'autorité de Rome.

Tous les rapports des évangiles concordent à dire que Joseph d'Arimathie, alternativement disciple secret ou sympathisant de Jésus, et éventuel membre du Sanhédrin, s'est arrangé avec Pilate pour que le corps de Jésus soit descendu de la croix et mis dans une tombe.

[modifier] La Résurrection

D'après les Évangiles et les Actes des Apôtres, les disciples de Jésus l'ont revu au troisième jour ayant suivi sa mort, de retour à la vie. Personne n'a été le témoin de la résurrection elle-même, bien que les quatre évangiles racontent que la femme qui était descendue pour oindre le corps a trouvé la tombe vide. Après la résurrection, les évangiles donnent des versions différentes des rencontres que Jésus a eues avec différentes personnes en différents lieux, pendant une période s'étendant sur quarante jours avant son "ascension au ciel". Certains historiens notables ont attesté la résurrection de Jésus, tel A. N. Sherwin-White, Thomas Arnold, et Michael Grant. Parmi les théologiens chrétiens conservateurs qui affirment et défendent la résurrection de Jésus, on peut citer : Gary Habermas, F.F. Bruce, John Warwick Montgomery, Norman Geisler et Tom Wright.

La croyance en la résurrection est un des fondements du christianisme, et a par conséquent fréquemment été remise en question. Les divers récits des auteurs des évangiles ont amené certains critiques à considérer que la résurrection en elle-même avait était rajoutée ultérieurement à l'histoire. Par exemple, le récit de la résurrection dans l'évangile selon Marc (dont on pense qu'il est le plus ancien des évangiles) est considéré par certains comme étant un rajout tardif (voir Marc 16). En fait les 8 premiers versets du chapitre 16 rapportent la première apparition - et non la résurrection-, et sont bien dans la veine du reste, mais pas la finale 9-20. Par ailleurs, divers détails dans les récits de la résurrection sont difficiles, quoique pas impossibles, à réconcilier d'un évangile à l'autre. D'un autre coté, certains commentateurs de la bible comme John Wenham ou le Dr. Gleason Archer ainsi que d'autres ont proposé une exégèse du texte biblique respectant les évangiles, avançant entre autres choses que les omissions ne sont pas des contradictions et que les supposées contradictions sont souvent dues à de mauvaises exégèses. [1][2][3] Finalement, les évangiles indiquent que les disciples n'ont pas été capables de reconnaître Jésus au premier coup d'œil après la résurrection. Certains chrétiens considèrent cela comme une validation de son authenticité puisqu'ils disent qu'un récit inventé aurait raconté que les disciples avaient reconnu Jésus immédiatement. De plus, les chrétiens disent que le Christ peut s'être camouflé d'une façon surnaturelle, comme lorsque, avant sa résurrection, la foule en colère voulait le jeter par dessus une falaise (Luc 4;20-30).

[modifier] Notes et références

  1. Bruno Bauer, Michael Martin, John Mackinnon Robertson, G.A. Wells. The Jesus Legend, Chicago: Open Court, 1996, p xii.
  • Wright, N.T. Christian Origins and the Question of God, a projected 6 volume series of which 3 have been published under: "The New Testament and the People of God" (Vol.1); "Jesus and the Victory of God" (Vol.2); "The Resurrection of the Son of God" (Vol.3). Fortess Press.
  • Wright, N.T. "The Challenge of Jesus: Rediscovering who Jesus was and is". IVP 1996
  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d'une traduction de l'article en anglais : « historical Jesus ».

[modifier] Voir aussi

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