École normale supérieure (Ulm)
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L'École normale supérieure (également appelée « ENS Ulm », « ENS de Paris », « Normale Sup » ou encore « Ulm ») est un établissement français public d'enseignement supérieur sous tutelle du ministère de l'Éducation nationale. Sa directrice actuelle est Monique Canto-Sperber.
Son campus principal est situé au 45, rue d'Ulm, dans le Ve arrondissement de Paris où se trouvent les départements de la division des lettres ainsi que les départements d'informatique et de mathématiques. Elle dispose d'autres bâtiments, toujours sur la Montagne Sainte-Geneviève : 29 rue d'Ulm (services administratifs, salle de réunion) ; 46, rue d'Ulm (biologie et logements) ; 24, rue Lhomond (physique, chimie, géologie) ; par ailleurs, elle a un campus au 48, boulevard Jourdan (économie, sciences humaines, logements) et partage un campus au 1, rue Maurice Arnoux à Montrouge (logements et quelques locaux). Enfin, elle dispose d'une station biologique à Foljuif, près de Nemours, laquelle accueille aussi des séminaires et autres manifestations.
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[modifier] Histoire, statut et mission
L'ENS-Ulm fait partie des Écoles normales supérieures, comme l'ENS Cachan et l'ENS Lyon. Néanmoins, l'ENS Ulm, du fait de son ancienneté, est la seule à être qualifiée, dans les textes législatifs ou réglementaires, d'« École normale supérieure », sans mention supplémentaire.
Elle résulte de la fusion, en 1985, entre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, et l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres. Il faut noter qu'avant 1940, les femmes avaient le droit de passer le concours d'Ulm. Deux exemples fameux sont Simone Weil, entrée à Ulm en 1928, et l'académicienne Jacqueline de Romilly, en 1933.
L'École normale supérieure de la rue d'Ulm a été fondée le 9 brumaire an III (30 novembre 1794) par la Convention, qui voulait que fût établie à Paris « une École normale, où seraient appelés, de toutes les parties de la République, des citoyens déjà instruits dans les sciences utiles, pour apprendre, sous les professeurs les plus habiles dans tous les genres, l'art d'enseigner. »
À l'heure actuelle, aux termes du décret du 26 août 1987, « l'École normale supérieure prépare, par une formation culturelle et scientifique de haut niveau, des élèves se destinant à la recherche scientifique fondamentale ou appliquée, à l'enseignement universitaire et dans les classes préparatoires aux grandes Écoles ainsi qu'à l'enseignement secondaire et, plus généralement, au service des administrations de l'État et des collectivités territoriales, de leurs établissements publics et des entreprises. »
[modifier] Recherche et enseignement
L'ENS-Ulm a la particularité parmi les grandes écoles d'accueillir en proportions semblables à la fois des lettres et des sciences. En raison de cela, elle est globalement divisée entre « lettres » (au sens large) et « sciences », chaque division étant dotée d'un directeur adjoint et d'un directeur des études.
Division des sciences:
- Département de biologie
- Département de chimie
- Département d'informatique
- Département de mathématiques et applications
- Département de physique
- Département Terre-atmosphère-océan (géologie etc.)
Division des lettres:
- Collectif Histoire et Philosophie des Sciences (CHPS)
- Département d'études cognitives
- Département d'histoire
- Département littérature et langages
- Département de philosophie
- Département de sciences de l'Antiquité
- Département de sciences sociales
- Département de géographie
- Plateforme environnement
- Département d'Histoire et théorie des arts (ou : Passerelle des Arts)
- Espace des Cultures et Langues d'Ailleurs (ECLA)
[modifier] Études
[modifier] Entrée
L'ENS Ulm accueille rue d'Ulm, dans le 5e arrondissement de Paris, des élèves aussi bien scientifiques que littéraires. Différentes voies sont ouvertes. La principale est celle des « premiers concours », de niveau bac+2. Ceux qui les préparent sont majoritairement issus de classes préparatoires. Il existe deux concours littéraires et quatre concours scientifiques :
- A/L : lettres (une langue ancienne obligatoire)
- B/L : lettres et sciences sociales
- MPI (ex C/S) : maths
- PC (ex D/S) : physique, chimie
- Info : informatique
- BCPST (ex E/S) : biologie, géologie, chimie
Concours littéraires et concours scientifiques offrent 100 postes chacun chaque année. Chez les littéraires, A/L offre 75 postes, et B/L 25.
Il existe également un « deuxième concours » (F/S) destiné aux universitaires biologistes ou aux étudiants en médecine, et une « sélection internationale » réservée aux étudiants étrangers.
[modifier] Scolarité
La scolarité y est de quatre années. Les élèves sont libres de choisir leur cursus une fois entrés. Les élèves reçoivent le statut d'élèves fonctionnaires-stagiaires, s'engagent à servir l'État pour une période de 10 ans (leur scolarité à l'ENS comprise); cette clause d'engagement décennal est diversement appliquée. Ils s'engagent également à passer l'agrégation ou un diplôme de troisième cycle (DEA ou DESS). En tant que fonctionnaires, ils perçoivent dès le début de leurs études à l'ENS un traitement d'environ 1.200€ par mois et sont soumis au statut de la fonction publique. En cas d'insuffisance de résultats, l'élève peut être mis en congé sans traitement (donc, perdant temporairement sa rémunération), voire purement renvoyé; dans ce dernier cas, il peut être fait application de la clause d'engagement décennal.
Le régime normal est l'internat ; cependant, la clause du règlement rendant l'internat obligatoire pour les élèves non mariés n'est pas appliquée. Trois sites accueillent les internes : le site d'Ulm (au 45 et au 46), le site de Jourdan, dans le XIVe arrondissement de Paris, et enfin celui de Montrouge, en proche banlieue parisienne (voir plus bas thurnage).
Il y a eu récemment une réforme de la scolarité et du régime des diplômes à l'ENS. L'ENS avait la particularité de ne délivrer aucun diplôme. Pour certaines disciplines existent des formations organisés par l'ENS en collaboration avec des universités de la région parisienne, dont les cours ont lieu à l'ENS avant le niveau DEA; celles-ci étaient anciennement nommées magistères . Les non-normaliens, dits auditeurs libres (anciennement magistériens) peuvent suivre ces cursus après une sélection sur dossier. Citons les exemples des mathématiques et de l'informatique (FIMFA) de la physique (Études prédoctorales de physique) et de la chimie (Formation en Chimie). Bien que l'ENS avait réglementairement le pouvoir de délivrer des doctorats et d'autres diplômes, elle ne le faisait pas.
La formation à l'ENS suit maintenant le cursus européen LMD (Licence, Master, Doctorat). Usuellement en première année, les élèves valident leur L3, en seconde le M1 et un stage de 6 mois, en troisième leur M2 et/ou l'agrégation, en quatrième soit ils valident ce qu'ils n'ont pas fait auparavant, soit ils débutent leur thèse. Certains des magistères ont été partiellement ou totalement remplacés par des Master. Au long de leur scolarité les élèves doivent valider une langue étrangère (deux semestres de cours hebdomadaires), et des cours dans une discipline autre que leur discipline principale s'ils veulent obtenir le diplôme de l'ENS, nouvellement créé.
[modifier] Débouchés
La plupart des normaliens se consacrent à l'enseignement et à la recherche. Une minorité choisit de rejoindre les grands corps techniques de l'État (corps des Mines, corps des Ponts et Chaussées, corps des administrateurs de l'INSEE, corps des Télécoms, etc.), ou encore de faire l'ENA (généralement après être passé par l'Institut d'études politiques de Paris en parallèle). Enfin, une plus petite minorité encore rejoint le secteur privé (c'est ce qu'on appelle le pantouflage).
[modifier] Locaux
C'est le 4 novembre 1847 que l'ENS s'est installée dans ses locaux (prévus par la loi du 24 avril 1841) de la rue d'Ulm.
Les locaux actuels comportent :
- Les bâtiments historiques du 45, rue d'Ulm. Ceux-ci sont organisés en carré autour de la cour centrale, dite « cour aux Ernests », carré auquel viennent s'accoler deux ailes plus récentes, au nord-est l'aile « Érasme » (du nom de la rue qui longe l'École au nord) et l'aile « Rataud » au sud-est (du nom de la rue qui longe l'École à l'est). Au sud du carré, une autre cour, dite « cour Pasteur » sépare l'École des immeubles d'habitation de la rue Claude Bernard. Enfin, un nouveau bâtiment, dit « (Nouvel) Immeuble Rataud » longe la rue Rataud et relie les ailes Érasme et Rataud des bâtiments principaux. Ces bâtiments renferment, outre la direction de l'École, de nombreux départements littéraires (philosophie, littérature et langage, études anciennes, archéologie…) et scientifiques (mathématiques, informatique…) ainsi que la très grande bibliothèque des lettres et la bibliothèque de mathématiques-informatique, des logements de fonction et des internats, des services administratifs, le restaurant (« pot »), etc.
- Les bâtiments du 46 rue d'Ulm, appelés « annexe ». On y trouve les laboratoires de biologie ainsi que d'autres internats de l'École, et un parking souterrain.
- Les bâtiments du 29 rue d'Ulm, utilisés essentiellement par des services administratifs.
- Les bâtiments de physique, chimie et sciences de la Terre du 24 rue Lhomond.
- Les bâtiments du 48 boulevard Jourdan, anciens locaux (depuis 1940) de l'École normale supérieure de jeunes filles, où se trouvent les sciences sociales, un deuxième restaurant, et d'autres internats.
- Les bâtiments de Montrouge (1 rue Maurice Arnoux), principalement des internats.
[modifier] La Cour aux Ernests
Le bâtiment historique de l'Ecole est construit en carré autour d'une cour centré sur un bassin contenant des poissons (coordonnées géographiques 48°50′31″N 2°20′41″E). Ces poissons sont surnommés « Ernest » (du nom de l'ancien directeur de l'École, Ernest Bersot, qui les aurait apportés) et sont un des symboles officieux de l'École ainsi que le logo de l'association des élèves. Par extension cette cour est appelée « cour aux Ernests », et le vestibule de l'Ecole qui donne sur cette cour est appelé « Aquarium ».
Tout autour de la cour se trouvent les bustes de quarante grands hommes français (certains, mais pas tous, des normaliens) qui se sont illustrés dans des disciplines représentées à l'ENS : hommes de sciences dans la partie nord et hommes de lettres dans la partie sud. En tournant dans le sens des aiguilles d'une montre à partir de l'entrée ouest de la cour, ce sont :
- sur le mur ouest : Jouffroy, Buffon, Lagrange, Cauchy, Poisson ;
- sur le mur nord : Fresnel, Ampère, Foucault, Arago, Laplace, Biot, Pouillet, Lavoisier, Berthollet, Gay-Lussac ;
- sur le mur est : St-Hilaire, Thénard, Beudant, Jussieu, Cuvier, Descartes, Pascal, Corneille, Molière, Racine ;
- sur le mur sud : Boileau, La Fontaine, Bossuet, Fénelon, Malebranche, La Bruyère, Massillon, Voltaire, Montesquieu, J.J.Rousseau ;
- sur le mur ouest : Rollin, Lamartine, Chateaubriand, Aug. Thierry et Cousin.
Les noms figurent chacun sous le buste correspondant, ici reproduits tels qu'indiqués. On peut s'étonner de l'absence de Pasteur mais un buste à son effigie se trouve dans la cour qui porte son nom.
[modifier] Jargon
L'ENS utilise un riche jargon relatif aux particularités locales. On ne sait quand ce jargon s'est formé, sans doute aux alentours de 1900. Pour une raison aujourd'hui oubliée, beaucoup de termes sont inspirés par l'Amérique du sud, comme "cacique", "tapir", "caïman"...
Une « turne » ou « thurne » est une chambre d'internat (on parle de « thurne de jour » pour des pièces d'études). Le « thurnage » est la procédure relativement complexe d'attribution des thurnes aux élèves à partir de la deuxième année (l'ENS dispose de chambres sur plusieurs sites et aménagées différemment, donc différemment prisées).
Du temps des chambres à deux occupants, le colocataire s'appelait le « co-turne ». Un « caïman » est un agrégé-préparateur, c'est-à-dire un enseignant titulaire de l'agrégation du secondaire et dont l'enseignement consiste essentiellement à préparer les élèves et les auditeurs libres à l'agrégation ; ce sont habituellement de jeunes chercheurs (moins de 30 ans). Par extension, plus particulièrement dans les études littéraires, un caïman est tout enseignant de l'ENS.
Un « cacique » est un major au concours d'entrée de l'ENS. Par extension, on nomme « cacique » toute personne classée première au concours d'entrée à une grande école, à l'agrégation, etc. À l'origine, « cacique » désignait un chef de tribu en Amérique centrale, c'est pourquoi « cacique » est aussi usité de nos jours dans le sens de leader, non sans ironie. À l'inverse, le dernier de la promotion est parfois désigné comme le « culal ». Un « archicube » est un ancien élève. L'annuaire des anciens élèves est l'« archicubier ».
Le « pot » désigne le restaurant de l'École, le service y est assuré midi et soir. Le petit-déjeuner est également proposé, sous le nom de « petit-pot ». Par extension, le mot pot désigne à peu près tout ce qui a un rapport proche ou lointain avec la nourriture. Par exemple, « il est pot » signifie qu'il est l'heure d'aller manger, le « pot » est également le surnom de l'intendant, etc. On parlait autrefois de "goimarder", ce qui consiste pour un archicube à toujours fréquenter le pot (le terme vient du nom de Jacques Goimard).
Les femmes de ménages et plus généralement tous les techniciens de service étaient jadis appelés sioux.
L'« ernestisation » consiste à jeter une personne dans le bassin.
Chaque année a lieu un week-end d'intégration des promotions entrantes, appelé communément WEI dans les autres écoles d'ingénieurs. A l'ENS, ce week-end s'appelle le « Méga » en référence à une antique tradition consistant à se prosterner devant un fossile du « Mégatherium », conservé à la Bibliothèque des lettres. Ce fossile a depuis été cédé au Muséum national d'histoire naturelle. L'association des élèves, officiellement l'AEENS, est le plus souvent nommée COF (pour « Comité d'organisation des fêtes »); on ne parlera évidemment jamais de « bureau des élèves ».
Un « tapir » (référence au « petit animal à la chair fade mais nourrissante ») est un élève à qui un normalien donne des cours particuliers. « Tapirat » et « tapirer » en découlent.
Chaque année, sont désignés par les normaliens de confession catholique des « princes » et « princesses tala », du sobriquet que les élèves de l'école publique lançaient aux élèves du privé (les « tala », « ceux qui [von]t à la [messe] ») ; ceux-ci administrent et animent l'aumônerie catholique de l'ENS. Il en est de même pour les normaliens protestants qui désignent leur prince ou princesse « talo » (« qui [von]t à l'o[ffice] »).
[modifier] Vie associative
La vie associative s'organise autour du COF (le nom usuel de l'association des élèves, voir ci-dessus).
Les actions sociales des normaliens sont fédérées par l'Action Sociale Etudiante. On peut noter l'action des normaliens en faveur de l'ouverture sociale des Grandes Ecoles, notamment via l'Association Tremplin et via Animath.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Liste des directeurs de l'École normale supérieure (Ulm)
- Les anciens élèves de l'ENS sur Wikipedia
- Liste des normaliens célèbres par ordre alphabétique
- Liste des normaliens célèbres par promotion
- Le jargon normalien
[modifier] Bibliographie
- Collectif, Le livre du centenaire, Hachette, 1895
- Collectif, Les Normaliens peints par eux-mêmes, Chamerot et Renouard, 1895
- Collectif, Notre école normale, Belles lettres, 1994
- Paul Dimoff, La Rue d’Ulm à la Belle époque (1899-1903), imp. G. Thomas, 1970
- François Dufay et Pierre-Bertrand Dufort, Les normaliens. De Charles Péguy à Bernard-Henri Lévy, un siècle d'histoire, J.C. Lattès, 1993 (ASIN 2709613077) ;
- Edouard Herriot, Normale, Société nouvelle d’édition, 1932
- Michèle Ferrand, Françoise Imbert et Catherine Marry, L'Excellence scolaire : une affaire de famille. Le cas des normaliennes et normaliens scientifiques, L'Harmattan, coll. « Bibliothèque de l'éducation », 1999 (ISBN 273848221X) ;
- Pascale Hummel, Humanités normaliennes. L'enseignement classique et l'érudition philologique dans l'École normale supérieure au XIXe siècle, Belles Lettres, coll. « Études anciennes », n° 298, 1995 (ISBN 2251326456) ;
- Pascale Hummel, Regards sur les études classiques au XIXe siècle. Catalogue du fonds Morante, Paris, Presses de l’École normale supérieure, 1990.
- Pascale Hummel, Pour une histoire de l’École normale supérieure : sources d’archives (1794-1993), en collaboration avec A. Lejeune et D. Peyceré, Paris, Archives nationales – Presses de l’École normale supérieure, 1995.
- Nicole Masson, L'École normale supérieure : les chemins de la liberté, Gallimard, coll. « Découvertes », 1994 (ASIN 2070532844 ) ;
- Alain Peyrefitte, Rue d'Ulm. Chroniques de la vie normalienne, Fayard, 1994 (réed.) ;
- Robert Flacelière, Normale en péril, Presses universitaires de France, 1971
- Romain Rolland, Le cloître de la rue d'Ulm, Albin Michel, 1952 ;
- Jean-François Sirinelli, École normale supérieure : le livre du bicentenaire, PUF, 1994.
[modifier] Liens externes
- http://www.ens.fr/ Site de l'ENS Ulm
- http://www.cof.ens.fr Site de l'Association des élèves (BDE)
- http://www.eleves.ens.fr Site des élèves de l'ENS
- http://www.archicubes.ens.fr/ Association des anciens élèves de l'ENS Ulm
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