Saparmyrat Nyýazow
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Saparmyrat Ataýewiç Nyýazow, souvent appelé Saparmourat Ataïevitch Niazov (en russe : Сапармурат Атаевич Ниязов) dit Türkmenbaşy (prononcer tourkmenbachi) (né le 19 février 1940) est, depuis 1985, la plus haute autorité du Turkménistan.
Considéré comme étant l'un des dictateurs les plus autoritaires du monde (il cumule les postes de chef de l'État, de Premier ministre, de commandant suprême de l'armée et de chef du Parti démocratique du Turkménistan, le seul parti autorisé), il a également l'habitude d'imposer à son pays ses excentricités personnelles.
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[modifier] Biographie
Né à Gypjak, à quelques kilomètres d'Achgabat, capitale de la République socialiste soviétique turkmène, Nyýazow devient orphelin dès son plus jeune âge. Selon la version officielle, son père est mort en combattant contre les allemands durant la Seconde Guerre mondiale et le reste de sa famille est tué lors du violent tremblement de terre qui a dévasté Achgabat en 1948. Une autre version, officieuse, le dit fils d'un déserteur, toujours lors de la Seconde Guerre mondiale, et d'une prostituée. Il est ensuite élevé dans un orphelinat soviétique, avant d'être recueilli par un lointain parent. En 1962 Nyýazow rejoint le Parti communiste de l'Union soviétique au sein duquel il est rapidement promu, devenant en 1985 le chef du Parti communiste turkmène (qu'il renommera ultérieurement Parti démocratique du Turkménistan). Nyýazow, en tant que leader de la République socialiste soviétique turkmène, soutient le putsch de Moscou contre Mikhaïl Gorbatchev en 1991 et conserve le contrôle de son pays après la chute de l'Union soviétique. Il devient le premier président turkmène.
Le 22 octobre 1993, il change officiellement de nom et devient Türkmenbaşy, c'est-à-dire « Chef des Turkmènes », à l'instar de Mustafa Kemal devenu Kemal Atatürk, « Père des Turcs ». Le 29 décembre 1999, il est proclamé président à vie par le corps législatif fantoche du pays, le Majlis, décision confirmée en 2002 par le Conseil du peuple, qui est censé se réunir une fois par an mais qui ne l'avait plus fait depuis trois ans.
[modifier] Culte de la personnalité
Nyýazow est un dirigeant autoritaire, connu pour le lourd culte de la personnalité qui lui est voué et auquel il associe le souvenir de sa mère disparue de longue date, Gurbansoltan Eje. Considérant le Turkménistan comme une nation dépourvue d'identité nationale, il a tenté de reconstruire le pays à son image tout en en effaçant les influences russes et occidentales. Il a ainsi rebaptisé la ville au nom russe de Krasnovodsk, sur la mer Caspienne, qui porte désormais le nom de Türkmenbaşy. Il a, en outre, donné son nom, ou celui des membres de sa famille proche, à divers écoles et aéroports, et même à une météorite. Le visage de Nyýazow orne tous les billets de banque, et de larges portraits du président sont affichés dans tout le pays, en particulier sur les bâtiments importants, et dans les principales avenues. Des statues à son effigie, ou à celle de sa mère, sont disséminées dans tout le Turkménistan. L'une d'entre elle est située au milieu du désert du Karakoum. Une autre, plaquée d'or, se trouve au sommet du plus haut bâtiment d'Achgabat, l'Arche de la Neutralité, et pivote sur elle-même afin d'être toujours orientée vers le soleil. Nyýazow a ordonné la construction d'un palais monumental à Achgabat pour commémorer la règle qu'il a édictée : « Personnellement, je suis opposé à ce que l'on voit des images ou des statues de moi dans les rues... mais c'est ce que veut le peuple. »
Le système éducatif endoctrine les jeunes turkmènes et fait l'apologie de Nyýazow, les ouvrages scolaires étant presque exclusivement constitués de travaux ou de discours de Nyýazow. Le texte fondamental est le Ruhnama, ou Livre de l'Âme, une épopée nationale écrite par Nyýazow. Ce livre, un mélange d'histoire révisionniste et de lignes de conduites morales a pour vocation d'être le « guide spirituel de la nation », et le socle des arts et de la littérature nationaux. En mars 2006, il déclare d'ailleurs : « Celui qui par trois fois lira le Ruhnama trouvera une richesse spirituelle, deviendra plus intelligent, reconnaîtra l'existence divine et ira directement au paradis ».
De plus, l'alphabet a été changé : l'ancien alphabet cyrillique proche de celui utilisé par le russe a été remplacé par un alphabet latin proche du turc et les livres de la période soviétique dans l'ancien alphabet ayant été interdits, sans avoir été remplacés par de nouveaux ouvrages, il ne reste pas grand chose d'autre dans les bibliothèques que les œuvres de Nyýazow. En 2004, le dictateur a même ordonné la fermeture de toutes les bibliothèques rurales sous prétexte que d'après lui, les villageois turkmènes ne lisent pas.
À Gypjak, le village natal de Nyýazow, un complexe à la mémoire de sa mère est en cours de construction, qui inclura une mosquée, estimée à cent millions de dollars, et conçue comme un symbole de la renaissance du peuple turkmène. Sur les murs de cet édifice seront inscrits des préceptes extraits du Ruhnama mêlés à des sourates du Coran.
Parmi les autres tentatives de Nyýazow pour transformer la culture turkmène, on peut citer la définition d'étapes de la vie et le changement de nom des jours et des mois de l'année, renommés en hommage à des héros ou symboles nationaux. Ainsi, janvier est devenu türkmenbaşy, avril gurbansoltan eje, septembre ruhnama et décembre bitaraplyk, c'est-à-dire « neutralité ». Tous les autres noms de mois sont concernés dans le même état d'esprit. L'année 2003 a d'ailleurs été proclamée année Gurbansoltan Eje. En 2002, il a rendu obsolète le mot traditionnel turkmène çörek, qui désigne le pain, pour le remplace par gurbansoltan eje. En 2005, il a substitué au serment d'Hippocrate un serment au président. En 2006, une nouvelle variété de melon est baptisée türkmenbaşy.
[modifier] Décrets présidentiels
En tant que président à vie du Turkménistan, Nyýazow a promulgué de nombreux décrets, comme :
- l'interdiction pour les présentateurs de télévision d'être maquillés, Nyýazow ayant du mal à distinguer les présentateurs des présentatrices.
- l'interdiction des ballets et de l'opéra, qu'il décrit comme superflus.
- l'interdiction de fumer en public que Nyýazow instaura en 1997 lorsqu'il dut arrêter de fumer après une intervention chirurgicale majeure au cœur.
- l'interdiction du playback lors de l'interprétation de chansons.
- l'interdiction pour les jeunes hommes de porter la barbe ou d'avoir les cheveux longs (effective depuis 2001).
- l'interdiction pour les jeunes gens d'avoir des dents ou des couronnes en or, et la recommandation associée de ronger plutôt des os, pour préserver leurs dents.
- l'interdiction en août 2005 de la musique enregistrée à la télévision, dans les lieux publics et lors des mariages, afin de protéger la "vraie culture, et notamment les traditions de musique et de chanson du peuple turkmène"
- la fermeture de la quasi-totalité des bibliothèques publiques et d'un grand nombre d'hôpitaux en dehors de la capitale.
[modifier] Politique présidentielle et affaires étrangères
Nyýazow s'est fait remarquer à plusieurs reprises pour sa politique peu conventionnelle. Il a, par exemple, ordonné en août 2004, qu'un gigantesque palais de glace fût construit en plein milieu de son pays désertique, bien que de nombreux observateurs eussent affirmé que ce rêve resterait une chimère à moins qu'il n'obtînt une assistance technique.
Seules deux religions ont reçu l'autorisation de mettre en place des lieux de culte au Turkménistan : l'Église orthodoxe russe et la religion d'État, le sunnisme. Les organisations culturelles non turkmènes ne sont pas habilitées à opérer dans le pays.
À la suite d'une prétendue tentative d'assassinat sur la personne de Nyýazow le 25 novembre 2002, les autorités turkmènes ont procédé à l'arrestation d'un très grand nombre de conspirateurs supposés ainsi que de membres de leur famille. Certains détracteurs de Nyýazow affirment que cette tentative a été mise en scène afin de prendre des mesures contre l'opposition politique qui, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, allait crescendo.
Durant l'été 2004, la capitale Achgabat a été le théâtre d'une campagne de distribution de tracts appelant au renversement et au procès de Nyýazow. Les autorités se montrèrent impuissantes à mettre un terme à cette campagne, ce qui eu pour conséquence le licenciement télévisé par le président du ministre de l'Intérieur et du recteur de l'Académie de police. Nyýazow accusa le ministre d'être incompétent et déclara : « Je ne peux pas dire que vous avez eu le moindre mérite ni que vous avez combattu le crime avec beaucoup d'ardeur. »
En 2004 Nyýazow renvoya quinze mille employés médicaux, les remplaçant par des conscrits de l'armée. Dans la continuité de cette action, il ordonna, le 1er mars 2005, la fermeture de tous les hôpitaux en dehors d'Achgabat. Il affirma le 28 février 2005 : « Pourquoi gâcherions nous de bons médecins spécialistes en les laissant dans des villages, alors qu'ils pourraient travailler dans la capitale ? » On rapporte que Nyýazow est gravement malade et a besoin d'assistance pour marcher.
Fin 2004, Nyýazow rencontra l'ancien Premier ministre canadien Jean Chrétien pour discuter d'un contrat pétrolier au Turkménistan pour une société canadienne. En mars 2005, la nouvelle de cette entrevue souleva une levée de boucliers parmi les cercles d'opposition au Canada, ces derniers proclamant que l'affaire risquait d'endommager l'héritage de Chrétien.
En 2005, Nyýazow annonça que son pays allait affaiblir ses liens avec la Communauté des États indépendants, une alliance vacillante d'anciennes républiques soviétiques.
À la surprise générale, Nyýazow a promis en 2005 que des élections libres et équitables auraient lieu en 2009.
[modifier] Liens externes
- Site officiel (en)
- Site d'opposition (en)