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Nation of Islam - Wikipédia

Nation of Islam

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La Nation de l'Islam (Nation of Islam), est une organisation politique et religieuse américaine, à l'origine de la plupart des organisations musulmanes actuelles de la communauté africaine-américaine.

Elle a été fondée à Detroit, dans le nord des États-Unis, en 1930, par Wallace Fard Muhammad, que la Nation de l'Islam pense être le « Messie » (ou « Mahdi ») attendu par les musulmans, et même Allah incarné. L'idéologie développée par l'organisation est un mélange de nationalisme afro-américain et de religion. Cette dernière est inspirée par l'islam, mais reste éloignée de l'islam orthodoxe. La NoI (Nation of Islam) est donc considérée comme une secte par les musulmans orthodoxes[1].

Si Wallace Fard Muhammad est bien le créateur de l’organisation, c’est son successeur Elijah Muhammad qui, entre 1934 et 1975, lui a donné son orientation, son organisation et sa puissance. Malcolm X a été l'une des figures de la Nation de l'Islam les plus en vue, jusqu'à sa rupture avec l'organisation dont il dénonce le racisme, au retour d'un pèlerinage à La Mecque effectué en 1964.

L'organisation se transforme officiellement en mouvement musulman sunnite peu après la mort d'Elijah Muhammad, en 1975. Un groupe de militants refusant cette orientation quitte l'organisation en 1978, et reprend le nom de Nation of Islam, qui venait d'être abandonnée par l'organisation mère. Fidèle à l'idéologie des origines, malgré certaines évolution, la « nouvelle » NoI est dirigée depuis la scission de 1978 par Louis Farrakhan. Celui-ci est au début du XIXe siècle un leader en vue de la communauté afro-américaine. Son discours communautaire, insistant sur la nécessité pour les noirs de faire des études, de développer leur statut socio-économique et de lutter contre la délinquance a une influence qui dépasse largement les cercles religieux de la NoI. Ses discours ambigus, plus ou moins hostiles aux blancs et aux juifs ont également créés de nombreuses polémiques autour de lui.

Un des drapeaux de la Nation de l'Islam. Les lettres signifient Justice, Freedom (liberté), Equality (égalité), Islam.
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Un des drapeaux de la Nation de l'Islam. Les lettres signifient Justice, Freedom (liberté), Equality (égalité), Islam.
Un des drapeaux de la Nation de l'Islam
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Un des drapeaux de la Nation de l'Islam

Sommaire

[modifier] La Création de Nation of Islam

Nation of Islam s'inspire de diverses organisations religieuses et / ou nationalistes noires, apparues aux États-Unis au début du XXe siècle, en réaction à la ségrégation raciale dont souffraient les noirs américains.
Au plan politique, on peut en particulier citer la Universal Negro Improvement Association and African Communities League ou UNIA, crée aux USA par Marcus Garvey en 1917, qui militait pour le retour des noirs en Afrique, et développait un vigoureux nationalisme noir.
Au plan religieux, divers groupes religieux (se réclamant du judaïsme, du christianisme ou de l'islam) développaient une pensée tournée de façon privilégiée vers les noirs. Parmi eux une organisation se réclamait de l'islam : le The holy temple of moorish science, fondé en 1913 par Timothy Drew, plus connu sous le nom de Noble Drew Ali.

Pour une présentation générale des mouvements musulmans noirs américains et de leurs origines, voir l'article détaillé Musulmans noirs américains.

La Nation de l'Islam, ou Lost - found Nation of Islam in North-America, parfois aussi appelée Allah Temple of Islam[2] est la matrice de quasiment toutes les organisations musulmanes actuelles de la communauté africaine-américaine, et a été fondée à Detroit, dans le nord des États-Unis, en 1930, par Wallace Fard Muhammad. La Nation de l'Islam pense que celui-ci est le Messie (ou le Mahdi) attendu par les musulmans. L'organisation finira même par aller sensiblement plus loin, en le considérant comme Dieu incarné[3].

Voir l’article Wallace Fard Muhammad.

On connait très peu de choses à son sujet ou sur son idéologie précise. Pour la Nation de l'Islam, il serait venu au monde en 1877 à La Mecque, en Arabie saoudite, avant de venir prêcher le peuple noir en Amérique, puis d'abandonner son incarnation physique en 1934, date à laquelle il disparaît mystérieusement. Pour le FBI, il s'appelait en fait Wallace Dodd Ford ou Wallace Dodd, né en 1891 en Nouvelle-Zélande, et serait un métis blanc-polynésien arrivé aux États-Unis en 1913. Il aurait été arrêté en 1918 pour attaque à main armée, de nouveau arrêté au début de 1926 pour infraction à la loi californienne de prohibition de l'alcool, et aurait enfin fait de la prison de 1926 à 1929 pour infraction à la législation sur les stupéfiants. Il se serait alors installé à Detroit, avant de créer Nation of Islam en 1930[4].

En 1933 éclate une affaire qui menaça la jeune organisation. Un sacrifice humain fut commis par un membre qualifié de « déséquilibré ». Fard fut arrêté. D'après le rapport de police de l'époque, il aurait nié toute responsabilité dans le crime, et aurait indiqué que la création de l'organisation était « strictement un racket[5] ». En 1934, sous la pression de la police, il aurait quitté Chicago. Le FBI propose plusieurs hypothèses quand à ce qu'il serait devenu par la suite, mais n'a pas d'information directe sur ce sujet. Il s'agit essentiellement de référence à d'autres sources, comme des articles de journaux.

Quelles que soient les motivations réelles du créateur de l'organisation, celle-ci regroupe après sa disparition de 1934 un petit groupe d'adhérents convaincus et militants, qui en feront en une trentaine d'année une organisation forte de dizaines de milliers d'adhérents.

[modifier] Elijah Muhammad (1897-1975)

Voir l’article Elijah Muhammad.
Elijah Muhammad en 1964.
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Elijah Muhammad en 1964.

Une photo de Elijah Muhammad

Après la disparition mystérieuse de Wallace Fard Muhammad en 1934, Elijah Muhammad prend la direction du mouvement, lequel était à l’époque encore groupusculaire.

Elijah Poole est né en Géorgie (sud des États-Unis), mais s'est installé à Detroit (nord des États-Unis) en 1923. Il suivait en cela la grande migration des noirs de l’époque, depuis le sud agricole, pauvre et ségrégationniste des États-Unis, vers le nord industriel, plus riche et plus tolérant à l’égard des noirs. À Detroit, il entre en contact en 1931[6][7] avec Fard Muhammad, et rallie son organisation naissante. Il prend le nom de Elijah Muhammad, mais se fait aussi connaitre sous les noms de Gulan Bogans, ou de Mohamed Rassoul[6].

Après la disparition du fondateur, Elijah Muhammad serait entré dans un bref conflit avec d'autres leaders de l'organisation, conflit qui l'amène à s'installer avec ses partisans à Chicago, loin de la faction hostile de Detroit. Il sort finalement vainqueur de l'affrontement, s'affirmant comme le chef incontesté de la NOI. Claude Clegg[8] parle à propos de la NOI de l'époque d'un climat de « chaos organisationnel et d'intrigues entourant la disparition de son fondateur »[9]. Pour Nation of Islam par contre, c'est Wallace Fard Muhammad qui « l'a choisi pour être son représentant divin dans la continuation de cette si difficile tâche d'apporter la vérité et la lumière à son peuple perdu et retrouvé[10] ». Désormais a la tête de l'organisation, il prend le titre de « messager de dieu », sous lequel l'organisation continue aujourd'hui à le désigner. Il commence à étendre celle-ci, encore limitée en 1934 à Détroit et Chicago. C'est le Nord-Est industriel qui s'avère le plus réceptif. Muhammad y crée un série de temples (qui seront plus tard rebaptisées mosquées), et les appellent selon leur N° de création. Ainsi, à New York, la mosquée historique est toujours désigné sous le nom de mosquée numéro 7, parce que c'est la septième mosquée fondée (ou visitée) par Elijah Muhammad.

[modifier] L’idéologie du mouvement

Voir l’article Nation of Islam.

Concernant la formation de l’idéologie du mouvement, la part exacte à attribuer au fondateur Wallace Fard Muhammad, et celle à attribuer à Elijah Muhammad restent difficiles à établir. Bien que la NOI se présente comme un groupe religieux, cette idéologie a aussi un versant socio-politique. La vision idéologique de Nation of Islam a été formalisée dans le Muslim Program de 1965, toujours en vigueur, mais l'essentiel des ces thématiques étaient déjà clairement affirmées dès les années 1930. Malgré une certaine modération de l'interprétation des principes fondamentaux de la NOI (en particulier le rejet des blancs), la NOI du début du XXIe siècle a un positionnement idéologique très similaire à celle des débuts.

[modifier] La vision religieuse de Nation of Islam

La théologie de la NOI est assez éloignée de l'islam orthodoxe. Certains aspects sont en effet clairement inacceptables pour celui-ci :

  • L’islam est la véritable religion de l’homme noir, et est réservée aux noirs, et en théorie aux autres populations « de couleur ». Selon un discours d'Elijah Muhammad : « vous pouvez facilement les distinguer [les blancs] de nos peuples (foncé, brun, jaune ou rouge)[11] ». En pratique, il n'y a jamais eu de véritable tentative de la NOI de s'adresser à d'autres groupes ethniques que les afro-américains. L'islam insiste au contraire sur sa vocation universelle : « ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez[12] ».
  • Les blancs sont une race inférieure, créée par un scientifique noir, du nom de Yacub, il y a 6 000 ans. Ils sont les représentants du diable sur la terre, mais les prophéties annoncent la fin de leur règne. « L'homme noir a produit ces quatre couleurs : brun, rouge, jaune et blanc [...] l'homme noir, pourtant, est le créateur de tous [...] Maintenant, le grand Mahdi[13] (Dieu en personne) avec sa sagesse, connaissance et compréhension infinies, va remettre l'homme noir originel dans la situation originelle ou il était au commencement, le Dieu et le gouverneur de l'univers[11] ».
  • La religion des blancs, le christianisme, est la religion de l’esclavage et du mal. L'islam orthodoxe admet par contre dans une certaine mesure la validité du christianisme[14].
  • Les mariages inter-raciaux sont interdits : « Nous croyons que les mariages mixtes ou le mélange des races devraient être interdits[15] ».
  • Wallace Fard Muhammad est Dieu incarné. Mais d'après le Coran (33:40) « Muhammad [est] le messager de Dieu, et le dernier des prophètes ». Toute personne prétendant être un prophète depuis la mort de Muhammad est donc par définition toujours considéré comme un faux prophète par l'islam orthodoxe, a fortiori s'il se proclame Dieu en personne.
  • « NOUS CROYONS à la résurrection des morts --pas en la résurrection physique-- mais la résurrection de l'esprit[16] ». Les orthodoxies sunnites et chiites affirment par contre un résurrection physique des morts avant le jugement dernier.

On peut aussi noter une forte croyance en la numérologie, ce qui aura d’ailleurs une influence importante sur le mouvement après la mort de Elijah Muhammad, avec le choix du septième fils de Muhammad comme nouveau leader.

Il y a des positions communes avec l’islam ou le christianisme : interdiction des relations sexuelles hors mariage, affirmation des « valeurs familiales », rôle dirigeant de l’homme au sein de la cellule familiale. Ainsi, indique le site officiel de la NOI, « On enseigne à nos femmes un code d'habillement modeste qui encourage la pratique d'une moralité élevée[17] ».

La consommation de porc est interdite, conformément à l'enseignement de l'islam. La NOI insiste aussi sur le respect des cinq Piliers de l'islam. La consommation de drogue, mais aussi de tabac et d'alcool sont déconsidérés, en accord avec la vision musulmane traditionnelle.

Il y a enfin certaines influences chrétiennes. Les lieux de culte sont à l’origine appelés des temples, par exemple.

[modifier] Indépendance sociale et politique des noirs

L'idéologie de Nation of Islam ne se limite pas au domaine religieux. Elle a aussi une forte composante sociale et politique, neutre d'un point de vue islamique, et que l'organisation peut partager en tout ou partie avec d'autres groupes nationaliste afro-américains. L'idée centrale est l'indépendance des noirs par rapport aux blancs.

Cette idée s'exprime au niveau territorial par la volonté de créer un état indépendant noir, par exemple dans le sud des États-Unis, quitte à organiser un déplacement massif des noirs vers ce nouveau pays. « Nous voulons que notre peuple en Amérique dont les parents et grand-parents étaient des descendants d'eclaves puissent établir un état séparé[18] ». Ce projet n'a cependant jamais réellement été soutenu par des initiatives concrètes : « le séparatisme racial que Muhammad a pratiqué était plus symbolique que toute autre chose, limité à construire une identité noire et à la création d'institutions et d'entreprises dirigées par des noirs. Les changements-tremblements de terre, tels que la destruction du “diable blanc” et la tache monumentale du transport et de la réinstallation de vingt millions de noirs ailleurs, ont été laissés à Allah, qui choisirait sa propre heure pour agir[9] ».

Le changement de nom, et parfois du prénom, est une règle de la communauté, et serait dû à un commandement de Wallace Fard Muhammad lui-même. Il s'agit pour le nouvel adhérent d'affirmer la rupture symbolique avec son passé d'incroyant, mais aussi d'exprimer le refus du « nom d'esclave »[6], et donc l'indépendance vis-à-vis du monde blanc. Les déportés africains aux États-Unis recevaient en effet un prénom chrétien et un nom de famille[19], tous deux choisit par le propriétaire du nouvel esclave.
Les prénoms du nouveau membre de la NOI ne sont pas toujours changés, mais quand ils le sont c'est au bénéfices de prénoms islamiques. Les noms de familles sont également fréquemment changé, généralement en faveur d'un nom musulman, mais parfois aussi d'un nom africain ou d'un « X » symbolique, exprimant l'effacement du patronyme historique par l'esclavage.

Un vendeur de Nation of Islam, vendant l'hebdomadaire Call of Islam, et ce qui ressemble à un assortiment d'huiles et de parfums.
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Un vendeur de Nation of Islam, vendant l'hebdomadaire Call of Islam, et ce qui ressemble à un assortiment d'huiles et de parfums.

L'indépendance doit aussi se construire dans le domaine économique. Nation of Islam a très tôt insisté sur la nécessité pour les noirs en général, et les « musulmans noirs » en particulier, de construire des entreprises noires et d'acheter préférentiellement dans ces entreprises. Il s'agit d'une part d'acquérir un statut social plus favorisé, et d'autres part de ne plus dépendre des patrons blancs, accusés de racisme. A ce titre, l'organisation a crée dès les années 30 des entreprises sous son contrôle, mais à aussi encouragé ses membres à créer leurs propres entreprises, tout en favorisant l'emploi des membres de la communauté et les relations économiques avec les autres sociétés « musulmanes ». Le succès a été en partie au rendez-vous, et un tissu petit mais actif d'entreprises liées directement ou indirectement à la NoI s'est affirmé avec les années.
Un code vestimentaire exprimant cette volonté d'ascension sociale est demandé aux membres de l'organisation. Pour les hommes, il s'agit du port d'un strict costume trois-pièces, avec cravate, ou fréquemment avec un noeud papillon. Pour les femmes, il s'agit de tenues modestes mais correctes. D'un point de vue général, Nation of Islam demande à ses membres de rejeter tout laisser aller vestimentaire exprimant l'échec social, et d'affirmer symboliquement leur volonté d'ascension sociale.

L'indépendance doit enfin se construire dans le domaine intellectuel. La NOI accuse en effet le système américain de l'éducation d'avoir toujours maintenu les noirs dans une situation d'échec scolaire et d'exclusion des universités (situation qui a cependant beaucoup évolué depuis les années 1960), et d'avoir développé des programmes ethno-centrés développant le mépris pour les noirs et les civilisation extra-européennes. A ce titre « nous voulons une éducation égale, mais des écoles séparées jusqu'à l'age de 16 ans pour les garçons et 18 ans pour les filles, à la condition que les filles soient envoyées dans des écoles et des universités pour filles[20]. Nous voulons que tous les enfants noirs soient éduqués, enseignés et entrainés par leurs propres professeurs[21] ».

[modifier] Idéologie : synthèse

Au final, l’islam est réinterprété dans un sens très hétérodoxe par Nation of Islam. Le groupe apparaît comme portant à la fois un message politique (le nationalisme noir et l’indépendance), social (la nécessité d'une amélioration de l’éducation et de l’autonomie économique des noirs) et religieux (la constitution d’une religion par et pour les noirs, couplé avec un « code moral puritain[9] »). La nouveau groupe n'a donc pas été reconnu comme musulman par les groupes musulmans orthodoxes des années 30. La faction Black Muslims restée au début de XXIe siècle fidèle aux enseignements originels n'est toujours pas reconnue comme musulmane, mais comme une secte[22].

[modifier] Le développement de Nation of Islam

Sous la direction d’Elijah Muhammad, le groupe devient très missionnaire. Avec le temps, ses prêcheurs ont porté ses enseignements, des rues et des halls de réunion aux prisons américaines. Ce sont essentiellement dans les milieux pauvres du nord des États-Unis que le groupe a rencontré un certain succès, encore que la progression ait été lente à ses débuts. Les milieux noirs très chrétiens du sud des États-Unis, souvent fortement structurés en communautés rurales regroupées autour d’un pasteur, se sont par contre montrées très difficiles à pénétrer.

Dès les années suivants la disparition de son fondateur, Nation of Islam met en place le Savior's Day (jour du sauveur), chaque 26 février, date anniversaire de la naissance supposée du « maitre W.D. Fard Muhammad, né le 26 février 1887 [... dans] la cité sainte de la Mecque[23] ». Avec le temps, le Savior's Day est devenu une fête religieuse importante de la communauté, servant de marqueur de l'identité de celle-ci, et donnant certaines années lieux à des rassemblements de masse.
En 1934 a lieu la première diffusion de The Final Call to Islam, premier journal de la NOI[24]. Celui-ci et ses successeurs auront des publications intermittentes, mais qui se renforceront avec le temps, améliorant la capacité de communication de la NOI.
A la veille de la seconde guerre mondiale, la jeune organisation, encore très modeste, a déjà ses lieux de culte (encore appelés temple à l'époque), son idéologie, son encadrement, ses fêtes religieuses et ses organes de communication.

Pendant la seconde guerre mondiale, la Nation de l'Islam affirme son opposition au gouvernement américain en refusant toute collaboration à l'effort de guerre. D'après un rapport du FBI N° 100-9129 du 30 septembre 1942, Elijah Muhammad aurait, « à des réunion tenues entre le 11 septembre et le 18 septembre 1942, déclaré que les japonais sont leurs frères. [...] des plaintes ont été enregistrées [...] à Chicago [...] accusant le sujet Mohammed [...] de sédition [et de] conspiration ». D'après un rapport du FBI du 19 décembre 1942, Elijah Muhammad serait à cette date « sous le coup d'une condamnation à trois ans de prison [et] environ 65 membres ont été arrêté à Chicago ». En 1943, encore très petite, Nation of Islam est décrit par un rapport du FBI comme étant « fortement pro-japonaise, et ses leaders conseillent à ses membres de refuser de se faire enregistrer » pour l'effort de guerre en indiquant « qu'ils sont déjà enregistrés à la Mecque ». Ce rapport indique aussi que « les leaders des temples situés à Milwaukee, Washington DC et Chicago ont été [...] inculpés pour sédition »[25].

Ces rapports confirment le rapport très oppositionnel des membres de la NOI avec le gouvernement américain, même en période de crise. La NOI, forte de quelques centaines de membres, n'a cependant eu qu'un impact inexistant sur l'effort de guerre américain. La guerre a cependant été un moment ou l'organisation a pu affirmer de façon spectaculaire son opposition frontale au « gouvernement blanc », contribuant ainsi à se faire connaître.

Après la guerre, la pression policière s'estompe, et la NOI peut reprendre ses efforts de développement. Muhammad lui même sort en 1946 de la prison fédérale de Milan, Michigan, ou il se trouvait depuis 1942. En 1952, la NoI recrute Malcolm Little, plus connu sous le nom de Malcolm X, qui deviendra l’artisan du fort développement des années 50 et du début des années 60.

[modifier] Les années Malcolm X

Malcolm X - Grande version ->
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Voir l’article Malcolm X.

Les années 1950 et le début des années 1960 ont vu l'organisation passer de quelques centaines de membres (500 estimés en 1952) à des dizaines de milliers (30 000 estimés en 1963). Cette croissance est pour une bonne part, mais pas exclusivement, liée à l'action de Malcolm X.

Malcolm Little (1925-1965) est né à Omaha, dans le Nebraska. Son père était un prédicateur baptiste et un défenseur de Marcus Garvey, un nationaliste noir, mort de façon controversée (peut-être assassiné) en 1931. Après une scolarité prématurément interrompue et des placements dans différents foyers d’accueil, Malcolm Little s’installe à Boston, chez sa demi-sœur, puis part pour Harlem (New York), où il devient rapidement un délinquant.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se fait réformer (semble-t-il volontairement) comme « mentalement inapte au service militaire ». D'après son autobiographie, il aurait déclaré, en vue d'être refusé, qu'il voulait une arme pour « tuer des crackers », terme péjoratif désignant les blancs.

À 21 ans, en 1946, il est condamné à une peine de huit à dix années[26] de prison suite à des cambriolages, et aurait gagné en prison le surnom de « Satan », pour ses jurons permanents. En 1948, son frère Reginald, qui s’est converti à Nation of Islam, lui adresse un courrier ou il le presse de se convertir, ce qu’il fait peu de temps après. Après sa conversion, il devient un prisonnier avide de lecture, se constitue une bonne culture autodidacte et commence à correspondre par courrier avec Elijah Muhammad.

Après sa libération en 1952, il rencontre Elijah Muhammad à Chicago. Selon une des pratiques de la NOI, il change son nom de famille[27], et prend celui de « X ». Repéré par Elijah Muhammad, il devient un prêcheur efficace et dynamique, d’une grande loyauté vis-à-vis de celui-ci. Pour ces raisons, il monte rapidement les échelons de la petite organisation qu’est encore Nation of Islam.

En 1953, preuve de son importance croissante, le FBI ouvre un dossier le concernant, ou elle le définit comme « une personnalité associale avec des tendances paranoïdes ». Ce jugement semble découler des motifs de sa réforme pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est aussi suspecté de sympathies communistes.

En 1953, à 27 ans, il devient le responsable du temple N°11, à Boston. En 1954, il devient celui du temple N° 7 de Harlem (New-York), sur Lenox Avenue, puis ouvre de nombreux temples à travers le pays. Ses discours enflammés et sa personnalité charismatique en font bientôt l’homme le plus en vue de Nation of Islam après Elijah Muhammad.

L’organisation se développe rapidement dans les milieux noirs et pauvres, et bénéficie également indirectement du développement de la lutte pour les droits civiques des Noirs (à partir de 1955) ainsi que du développement du militantisme noir qui l’accompagne. Les prêches ont un succès particulier dans les prisons.

Mohamed Ali à un meeting de Elijah Muhammad
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Mohamed Ali à un meeting de Elijah Muhammad

Entre 1952 et 1963, Nation of Islam serait passée de 500 à 30 000 membres. Cette croissance spectaculaire est due à la rencontre entre le réveil du militantisme noir dans tout le pays et une idéologie de la fierté noire particulièrement radicale. Mais il est indéniable qu’elle est aussi largement due à l’activité missionnaire de Malcolm X. C'est dans le cadre de cette croissance spectaculaire des adhésions qu'en 1955 Louis Eugene Walcott, chanteur de Calypso et violoniste, rejoint la Nation de l'islam, et prend le nom de Louis Farrakhan. Nation of Islam attire aussi le célèbre boxeur Cassius Clay, qui prendra le nom musulman de Mohammed Ali.

A partir de la fin des années 1950, la NOI gagne une visibilité médiatique croissante. Meilleur orateur de l'organisation, Malcolm X devient un habitué des plateaux télévisés, et est régulièrement interviewé par la presse écrite et radiodiffusée. A l'heure des premières indépendances africaines et de la lutte pour les droits civiques des Noirs, la croissance rapide de la NOI inquiète et fascine les média. Preuve de l'importance croissante de l'organisation, X est intégré en tant que représentant de la NOI au sein d'un comité de personnalité noires de divers horizons qui rencontre Fidel Castro lors de la visite de celui-ci aux États-Unis en Septembre 1960.

Mais Malcolm X n'est pas le seul vecteur médiatique de l'organisation. Celle-ci s'exprime aussi largement à travers la presse noire américaine. « Les hommes de la Nation de l'Islam ont vendu the Crusader et the Pittsburgh Courier, the Amsterdam News et the Westchester (N.Y.) Observer parce qu'ils contenaient le message de Mr Muhammad, souvent entouré dans la même page par des annonces pour les entreprises à capitaux Musulmans qui soutenaient le travail de Mr Muhammad. Dans the courier et the Crusader, la colonne s'est appelée Mr Muhammad Speaks. Dans the Amsterdam News elle était intitulée le monde de l'Islam et the Observer a publié les enseignements de Mr Muhammad dans une série appelée : "Le paradis de l'homme blanc est l'enfer de l'homme noir" ». Certains de ces journaux avaient une large diffusion, puisque le the Pittsburgh Courier auraient distribué 350 000 copies par semaine en 1957[24].
Au début des années 1960, Elijah Muhammad souhaite cependant bénéficier de son propre organe de presse. Les publications de l'organisation existaient depuis les années 1930 (première publication de The Final Call to Islam en 1934), mais manquaient de régularité et d'envergure. En 1961 parait le journal national Muhammad Speaks. Celui-ci reprend partiellement le titre d'un journal local créé à New-York en 1960 par Malcolm X (alors à la tête du temple N° 7) : Mr. Muhammad Speaks. D'après the final call (hebdomadaire de la NOI), la création du nouveau journal est aidée par « l'éditeur et auteur pakistanais Abdul Basit Naeem »[24]. Le journal parait au départ mensuellement, mais gagne progressivement en diffusion, touchant un publique noir pouvant aller au-delà du cercle de la communauté. En 1969, le journal aurait diffusé 400 000 exemplaires par semaine, et jusqu'à 950 000 en 1974[24].

Deux membres de fruits of islam, à un meeting en 1964.
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Deux membres de fruits of islam, à un meeting en 1964.

Enfin, dans les années 1950 se développe ce qui est souvent présenté comme la branche para-militaire de l'organisation : fruits of islam. Fruits of islam est présenté par la NoI comme le service d'ordre de l'organisation, dédié à la sécurité des responsable et des militants. Pour ses détracteurs, Fruits of islam est en fait une force para-militaire potentielle. Le groupe recrute chez des anciens soldats, militaires, mais aussi délinquants, et applique une très stricte discipline interne.

[modifier] La séparation entre Nation of Islam et Malcolm X

L'intérêt des médias
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L'intérêt des médias

À partir du début des années 60, plusieurs controverses vont progressivement éloigner Malcolm X et Elijah Muhammad.

Tout d'abord des affaires de mœurs : des rumeurs couraient depuis quelque temps sur les nombreux adultères commis par Elijah Muhammad avec de jeunes secrétaires du mouvement. L’adultère est totalement contraire aux enseignements de Nation of Islam. Après avoir écarté ces informations, Malcolm X a fini par en obtenir confirmation, en 1963. Elijah Muhammad lui-même[28] aurait finit par indiquer qu’étant l’envoyé de Dieu sur terre, il n’était pas soumis aux mêmes règles que le commun des mortels. Ces évènements semblent avoir fortement altéré la confiance de X dans la sainteté d'Elijah Muhammad.

Le second sujet de divergence porte sur la politique  : Malcolm X était intéressé par le mouvement pour les droits civiques des noirs tels qu'il se développait depuis 1955. Si l’idéologie officielle du mouvement était opposée au nationalisme noir, et revendiquait simplement un statut d’américain normal pour les Noirs, X considérait qu’il devait y avoir une présence des nationalistes noirs et des blacks muslims dans ce qui apparaissait comme le premier grand mouvement de masse noir de l’histoire des États-Unis. Elijah Muhammad était par contre hostile à la fin de la ségrégation et au soutien à un mouvement dans lequel se trouvaient de nombreux blancs progressistes. Il craignait la dissolution des Noirs dans un ensemble américain dominé par les Blancs.

Le troisième contentieux porte sur la religion : Malcolm X a commencé à s’intéresser à l’islam sunnite officiel, et s’est rendu compte que la religion prêchée par Elijah Muhammad en était très éloignée. L’intérêt montré par X à l’égard de l’islam orthodoxe ne pouvait donc que l’éloigner de son mentor.

On peut enfin citer des divergence d’ambitions : l’aura de X au sein de la communauté noire en général et de Nation of Islam en particulier, sa médiatisation importante, semblent avoir inquiété Elijah Muhammad.

En 1963, après l’assassinat du président Kennedy, toutes ces divergences éclatèrent sur la place publique, après une déclaration controversée de X. Celui-ci déclara en effet que la violence que Kennedy n’avait pas pu arrêter se retournait contre lui. Il ajouta Chickens coming home to roost never made me sad. It only made me glad (« les poulets revenant au poulailler ne me rendent jamais triste, ils me rendent seulement heureux » - En français, Chickens coming home to roost a une signification proche de « qui sème le vent récolte la tempête »). Cette phrase pouvait se comprendre comme une approbation de l’assassinat. Elijah Muhammad désavoua cette déclaration, et interdit à X toute déclaration publique pendant 90 jours, injonction à laquelle Malcolm X obéit. Mais les relations entre les deux hommes atteignaient leur point de rupture.

Le 8 Mars 1964, Malcolm X annonça son départ de Nation of Islam. Le 12 mars, il annonçait la création de sa propre organisation « The Muslim mosque inc. ». Peu de temps après, il se convertit à l’islam sunnite orthodoxe. Le 13 avril 1964, Malcolm X partit de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy pour faire le pèlerinage à la Mecque (le hajj). Le 21 mai, il revint aux États-Unis sous le nom musulman de Malik El-Shabazz. Sa femme et ses filles prirent alors le nom de famille de Shabazz.

Il condamna le racisme anti-blanc de Nation of Islam. Mais Malcolm X resta fidèle à une action tournée de façon privilégiée vers le peuple noir. Il refusa aussi de condamner la violence des opprimés, et eu des paroles assez dures pour les tenants de la non-violence, qu'il accusa d'encourager à la soumission.

Peu de temps après son retour de la Mecque, Malcolm X fonda l’« organisation pour l’unité afro-américaine », un groupe politique non religieux. Il affirme ainsi sa volonté de mener à la fois une lutte religieuse pour l'Islam, et une lutte politique pour les noirs, les 2 fonctionnant de façon autonomes.

La tension entre Malik El-Shabazz et Nation of Islam ne cessa de croître. Le 14 février 1965, sa maison fut victime d’un attentat à la bombe, et il fut assassiné de 15 balles le 21 février 1965. Trois membres de Nation of Islam seront reconnu coupables en 1966. L’organisation elle-même niera toute participation à l’assassinat. Il a également été envisagé que le FBI ait eu connaissance du projet d’assassinat et l’ait couvert, voire aidé.

À sa mort, le projet de Malcolm X de créer un islam orthodoxe au sein de la communauté noire, intégré dans l’islam mondial et rompant avec le racisme semble un échec. Son organisation restera groupusculaire, et Elijah Muhammad maintiendra fermement son emprise sur l’islam noir américain jusqu'à sa mort, en 1975.

[modifier] L’évolution de Nation of Islam vers le sunnisme

Le 26 février 1975, Elijah Muhammad meurt. Conformément à ses croyances numérologiques, il désigne son 7eme fils, Warith Deen Muhammad (né Wallace D. Mohammed en 1933) pour lui succéder.

Warith Deen Muhammad reconnaîtra plus tard avoir été influencé par la pensée de Malcolm X, qui sera d’ailleurs réhabilité par le mouvement (une mosquée prendra même son nom).

En 3 ans, entre 1975 et 1978, il transforme de fond en comble l’idéologie du mouvement, et l’amène sur une base religieuse sunnite orthodoxe, tout en rompant avec l’idéologie raciste de son père. Le projet d’un état indépendant pour les noirs est également abandonné. Le mouvement entend continuer à s’adresser de façon privilégié aux noirs américains, pour les amener vers l’islam, mais il se considère aussi maintenant comme une communauté faisant partie de l’islam mondial. Dans le cadre de cette évolution, le nom de nation of islam est remplacé par « Bilillian Community » puis par « the World Community Al-Islam in the West (WCIW) » puis par « Muslim American Society ».

La forte centralisation typique de Nation of Islam est réformée, afin de favoriser une forte décentralisation des mosquées, plus conforme à la tradition du sunnisme. Les communautés relevant de ce mouvement sont ouvertes à toutes les races, même si elles restent en pratique surtout composées d’africains-américains.

Warith Deen Muhammad est devenu un leader religieux respecté et incontournable aux États-Unis. Il lui sera demandé en 1992 de faire une prière au sénat américain, et c’est lui qui fera la prière musulmane lors de la prière interconfessionnelle pour l’investiture du président Clinton, en 1993 puis en 1997.

[modifier] La recréation de Nation of Islam

Louis Farrakhan
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Louis Farrakhan

En 1978, un groupe de membres historiques de Nation of Islam, dirigés par Louis Farrakhan, décide de se réorganiser autour des enseignements de Elijah Muhammad. En 1981, Louis Farrakhan proclame officiellement la restauration de Nation of Islam, et la fidélité aux dogmes de Elijah Muhammad. La « nouvelle » NoI s'affirme comme la légitime continuatrice de l'organisation créé par Elijah Muhammad, tant au plan religieux qu'au plan du nationalisme afro-américain. En pratique, le contexte a évolué par rapport aux années 30 ou 60, en particulier dans trois domaines :

  • le rapport aux autre noirs. Avec le développement de la déségrégation et le développement d'une classe moyenne noire mieux intégré, la NoI a été amené à développer un dialogue plus important avec les autres groupes de la communauté noire que ce que pratiquait Elijah Muhammad.
  • Le rapport aux autres musulmans noirs. Suite aux réformes du fils d'Elijah Muhammad, les sunnites orthodoxes sont devenus majoritaire au sein des communautés Black Muslims. L'obligation de se définir par rapport à eux est donc devenue essentielle.
  • Ler apport à la société américaine en général. Avec son développement, l'organisation a du évoluer quand à son rejet radical des Etats-Unis.

[modifier] La campagne présidentielle de 1984

Nation of Islam participe à la campagne de soutient à la campagne démocrate du révérend Jesse Jackson.

[modifier] Développement de l'Islam noir américain

La NoI et les sunnites orthodoxes suivant le fils de Elijah Muhammad se développent de concert, obligés cependant à se définir l'un par rapport à l'autre.

Les orthodoxes limitent la spécificité ethnique de leur mouvement. Tout en conservant une sensibilité afro-américaine marquée, ils insistent sur leur intégration dans l'Islam mondial et au sein de la nation américaine. A ce titre, ils suppriment les spécificités théologiques qui les différenciaient des autres musulmans, et ils insistent sur la compatibilité entre le fait d'être un bon musulman, et un bon américain. Warith Deen Muhammad participera ainsi à une prière oeucuménique au congrès américain dans les années 1990, sous la présidence de Bill Clinton.

La NoI, de son coté, insiste plus sur ses particularismes, tant théologique (vis à vis du sunnisme) que politiques (vis à vis des États-Unis).

[modifier] The million march man de 1995

The Million march man, à Washington DC, en 1995.
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The Million march man, à Washington DC, en 1995.
Un membre de Fruits of Islam vendant l'hebdomadaire Call of islam.
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Un membre de Fruits of Islam vendant l'hebdomadaire Call of islam.

Il s'agit d'une grande manifestation organisée à Washington DC au début 1995 par la NoI. Il ne s'agit cependant pas d'une manifestation religieuse, mais d'une manifestation ethnique, social et politique ouverte à tous les hommes noirs, mais ni aux femmes ni aux blancs. En pratique, un certains nombre de femmes noires ont participé à la manifestation, mais de façon assez minoritaire. Ces exclusions par le sexe ou la race ont provoqué de fortes polémiques.

Le nombre exacte des participants a été discuté, mais semble se situer un peu en-dessous de 1 million. Le succès de la marche en a fait une des références de la NoI actuelle, qui l'utilise abondamment dans sa communication, en particulier avec la notion de Million more movements, appel à l'ensemble de la communauté noire pour lancer d'autres grandes mobilisations à travers les USA.

The million march man de 1995 confirme la dimension très politique et pas seulement religieuse que Nation of Islam a pris, au contraire des musulmans noirs sunnites. Bien que ceux-ci représentent probablement plus de 80% des Black Muslims américains, ils apparaissent de fait comme moins militants dans le domaine politique, et donc comme moins visibles. Grace à cet activisme, la NoI arrive à influencer des Black Muslims sunnites. Le cas de Keith Ellison est de ce point de vue révélateur. Bien que convertit à l'islam sunnite en 1983, et bien que pour tout sunnite orthodoxe la NoI ne peut-être qu'une secte non musulmane, il s'est très fortement rapprochée d'elle au moment la la marche, avant de s'en éloignée à nouveau. De fait, alors que les musulmans extérieurs à la communauté noire rejette généralement très fortement la NoI, les Black Muslims sunnites montrent souvent une certaine sympathie pour celle-ci, non pas tant pour son discours religieux (trop hétérodoxe) que pour son discours et sa pratique militante en faveur de la communauté noire. Le séparatisme racial toujours revendiqué par la NoI n'est par contre pas accepté.

Au-delà de son succès évènementiel, The million march man de 1995 apparaît donc comme un marqueur de la capacité qu'à la NoI actuelle à influencer la communauté noire bien au-delà de ses frontières religieuses.

[modifier] L'idéologie : entre fidélité et évolution

L'idéologie de la NoI a été exprimée en 12 points par Elijah Muhammad dans son "Message to the Blackman in America" publié en 1965. On peut voir ces 12 points sur Le site web officiel de Nation of Islam , plus particulièrement sur cette page.

Bien qu'il n'y ait pas d'évolution sur ces dogmes, l'interprétation que la « nouvelle » Nation of Islam en donne s’est quelque peu normalisée.

Les pratiques religieuses se sont rapproché de l’islam sunnite et le racisme anti-blanc n’est plus officiellement soutenu ("superiority and inferiority is determined by our righteousness and not by our color" - Louis Farrakhan - 1997 - Interview à NBC).

L’indépendance d’un État noir est par contre toujours revendiquée ("We want our people in America whose parents or grandparents were descendants from slaves, to be allowed to establish a separate state" - site web officiel de Nation of Islam - 2005).

Un prêcheur de la NoI en 1999, en Angleterre, lors d'une tentative pour élargir les bases de l'organisation hors des USA.
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Un prêcheur de la NoI en 1999, en Angleterre, lors d'une tentative pour élargir les bases de l'organisation hors des USA.

Le rapport aux juifs est très ambigu :

  • d'un côté, les juifs ont apportés à l'humanité le message de Dieu, et ont donc manifestement un rôle spécial aux yeux de Dieu "This means to me that the Jewish people are special in the eyes of God because if they were not, why would he send so many of his servants to this one community?"[29]
  • d'un autre côté, les juifs ont été en partie responsable de l'esclavage des noirs et des ses horribles conséquences (cette thèse repose sur un livre très contesté The Secret Relationship Between Blacks and Jews, publié en 1990 sous l'égide de la NoI) "Jews were involved in the horrendous slave trade and therefore have some responsibility in the horrific results of our having been brought into slavery and robbed of culture, name, language, God, religion and history"[29]. Steven Hahn[30] critique dans Le Monde diplomatique de mai 2006 ce livre comme étant un « Bobard antisémite »[31]

Malgré le rapprochement d'avec le sunnisme, le positionnement reste plus nationaliste et plus hétérodoxe que celui adopté par le courant majoritaire. Certaines déclarations de Farrakhan sur les juifs et les blancs montrent que certains aspects de l’idéologie originelle restent présents, même atténués[32]. Elijah Muhammad reste aussi la référence incontournable.

En pratique, le positionnement de nation of islam est aujourd’hui ambiguë :

  • Pas tout a fait sunnite, mais plus complètement séparé du reste de l’islam. En particulier, les membres de Nation of Islam respectent les 5 obligations fondamentales du musulman, mais leur croyance maintenue selon laquelle Wallace Fard Muhammad était Dieu incarné est inacceptable pour un musulman orthodoxe.
  • Plus officiellement raciste, mais pas toujours très loin d’un dérapage. Ainsi des écoles séparées mais égales pour les noirs sont toujours officiellement revendiquées ("We want equal education--but separate schools" - site web officiel de Nation of Islam - 2005), et les mariages mixtes sont prohibés ("We believe that intermarriage or race mixing should be prohibited" - site web officiel de Nation of Islam - 2005). Ils s'agit de 2 des 12 points du "Message to the Blackman in America" publié en 1965, mais ils sont toujours officiellement en vigueur.
  • Insistant sur la responsabilité des hommes par rapport aux femmes maltraitées de la communauté, mais dans une perspectives plutôt sexistes de domination naturelle de l’homme sur la femme ("WE BELIEVE our women should be respected and protected" - site web officiel de Nation of Islam - 2005).

La perception de Nation of Islam est donc également ambiguë.

Comme Elijah Muhammad, Louis Farrakhan insiste énormément sur la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la femme (les mères célibataires abandonnées sont un fléau de la communauté noire), sur le refus de la délinquance, sur l’importance de l’éducation et de la création d’entreprise par des noirs pour sortir de la pauvreté. Ce discours conservateur, apprécié et très militant donne à Farrakhan une aura incontestable au sein de la communauté noire, bien au-delà du cercle de ses fidèles.

Mais dans le même temps, ses positions parfois à la lisière du racisme lui valent une certaine méfiance.

En 2000, Warith Deen Muhammad et Louis Farrakhan se sont officiellement réconciliés, mais les divergences n’ont pas disparues pour autant.

[modifier] Controverses

Malgré les évolution de Nation of Islam, l'islam sunnite continue de refuser ce groupe comme réellement musulman. Les 3 points qui posent le plus problème sont :

  • L'affirmation selon laquelle Dieu (Allah) s'est incarné en Wallace Fard Muhammad.
  • Le refus de la résurrection physique des morts à la fin des temps. Nation of Islam croit à une résurrection seulement spirituelle.
  • L'opposition du groupe entre noirs et blancs et l'interdiction des mariages mixtes.

Nation of Islam continue d'être considéré par ses détracteurs, notamment américains, comme un mouvement raciste et antisémite.


[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

Livres :

  • CESARI, Jocelyne. L’Islam à l’épreuve de l’occident, Paris, Éditions La Découverte, 2004, 292 pages.
  • DE ROULET, Daniel. Malcolm X Par tous les moyens nécessaires, Desmaret Eds, 09/2004, 64 pages.
  • JEANNOT, Claude. Les États-Unis en fiche, Éditions Bréal, France, 2003 255 pages.
  • KEPEL, Gilles. À l’Ouest d’Allah, Paris, Éditions du Seuil, 1994, 336 pages.
  • Malcolm X & ALEX, Haley. L'autobiographie de Malcolm X, Presses Pocket, 1993.
  • ROUABHI, Mohamed. Malcolm X, Actes Sud-Papiers, 02/2000.
  • STEIGER, F. Malcolm X Les trois dimensions d'une révolution inachevée, L'harmattan, 05/2003.

Logiciel :

  • « Farrakhan, Louis. » Microsoft® Encarta® 2006 [DVD]. Microsoft Corporation, 2006.

Périodiques :

  • DUPONT, Pascal. « États-Unis : la garde noire de l’islam », L’express International, no° 2310, (19 octobre 1995), pp. 92-93.
  • KEPEL, Gilles. « Mais que veut donc Farrakhan ? », Le Monde Diplomatique, no° 1639, (4 au 10 avril 1996), p. 14.

Reportage :

  • FOSSOU, Karine. KALINA, Jon. Le pasteur de la haine, Paris, France 2, le 26 octobre 1995, 17min, coul.

Sites Internet :

  • FESTRAËTS, Marion. Enfants d'Allah et de l'Amérique, L’Express.fr, [En ligne], adresse électronique : [6], (consultée le 14 décembre 2005).
  • L. ADAMS, Russell. African Americans, The New Boon of Knowledge Encyclopedia, [En ligne], adresse électronique : [7], (consultée le 14 décembre 2005).
  • P. GUDEL, Joseph et DUCKWORTH, Larry. HATE BEGOTTEN OF HATE : Louis Farrakhan and The Nation of Islam, CRI, adresse électronique :

 [pdf][8], (consultée le 14 décembre 2005).

  • PIPES, Daniel. How Elijah Muhammad Won, [En ligne], adresse électronique : [9], (consultée le 14 décembre 2005).
  • W. HARRIS, Michael. Nation of Islam, Encyclopedia Americana, [En ligne], adresse électronique : [10], (consultée le 14 décembre 2005).
  • Y. HADDAD, Yvonne. A Century of Islam in America, [En ligne], adresse électronique :

 [pdf][11], (consultée le 14 décembre 2005).


[modifier] Notes

  1. Voir par exemple le point de vue du site musulman francophone info-islam
  2. Page 19 du dossier du FBI sur Wallace Fard Muhammad, rapport N° 100-12899 du 25/08/1943 [1]
  3. « Nous croyons que Allah (dieu) est aparu dans la personne du Maitre W. Fard Muhammad, en Juilet 1930 (WE BELIEVE that Allah (God) appeared in the Person of Master W. Fard Muhammad, July, 1930) ». « THE MUSLIM PROGRAM », site officiel de Nation of Islam.
  4. Synthèse du FBI du 5 mars 1965, page 4 du dossier du FBI concernant Wallace Fard Muhammad (en anglais)
  5. Cité par le rapport de synthèse du FBI N° 100-431650 du 08/03/1965, page 7 du dossier du FBI.
  6. 6,0 6,1 6,2 rapport du FBI N° 100-6582 du 09/11/1943, page 18 du dossier du FBI.
  7. « In 1931, The Master was preaching this Great Truth of salvation when He met a man named Elijah Poole in Detroit, Michigan » Brief history on the origin of The Nation of Islam in America A Nation of Peace & Beauty, sur le Site officiel de la NOI.
  8. Claude Andrew Clegg est professeur d'histoire à l'université de l'Indiana, à Bloomington. Il est l'auteur de divers articles sur Nation of Islam, et du livre An Original Man: The Life and Times of Elijah Muhammad, St. Martin's Griffin, janvier 1998, (ISBN 0312181531).
  9. 9,0 9,1 9,2 Article de Claude Clegg dans le Journal for MultiMedia History, 1998 : [2]
  10. Brief history on the origin of The Nation of Islam in America A Nation of Peace & Beauty, sur le Site officiel de la NOI.
  11. 11,0 11,1 THE MAKING OF DEVIL, par Elijah Muhammad.
  12. Coran 49:13.
  13. Wallace Fard Muhammad
  14. « Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le Judaïsme, ceux qui sont chrétiens ou Cabéens, ceux qui croient en Dieu et au dernier Jour, ceux qui font le bien : voilà ceux qui trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur. Ils n’éprouveront plus aucune crainte, ils ne seront pas affligés » Coran, II, 62
  15. [THE MUSLIM PROGRAM], texte d'Elijah Muhammad, sur le site officiel de la NOI.
  16. Point 5 de « ce que les musulmans croient » dans le Muslim program de 1965, toujours en vigueur Site officiel de la NOI.
  17. Brief history on the origin of The Nation of Islam in America A Nation of Peace & Beauty, sur le Site officiel de la NOI.
  18. Point 4 du Muslim program de 1965, toujours en vigueur Site officiel de la NOI.
  19. Le nom de famille choisit pouvait être le nom de famille du propriétaire, celui d'une personnalité qu'appréciait ce dernier, ou une caractéristique physique du déporté.
  20. Nation of Islam refuse la mixité scolaire des races, mais aussi des sexes.
  21. Point 9 de « ce que les musulmans veulent » dans le Muslim program de 1965, toujours en vigueur Site officiel de la NOI.
  22. Le point de vue à ce sujet du site musulman francophone Info-Islam
  23. Selon le texte de la prière du Savior's Day de 1936 [3]
  24. 24,0 24,1 24,2 24,3 D'après l'article de Askia Muhammad publié sur le site de The Final Call (actuel hebdomadaire de l'organisation) le 10 mars 2000 [4].
  25. rapport du FBI N° 100-12899 du 10/08/1943. Dossiers PDF [5], P. 19.
  26. Aux États-unis, les peines de prison peuvent être définies par une fourchette, la durée précise étant décidée plus tard, au vue du comportement du prisonnier.
  27. En Amérique, les noms de famille des Noirs datent en général de la période de l’esclavage et ont été donnés par les propriétaires d’esclaves, d'ou leur refus par Nation of Islam. Les noms sont remplacés par des noms musulmans, africains, ou par un « X » exprimant l'inconnue du nom originel africain.
  28. D'après l'autobiographie de Malcolm X.
  29. 29,0 29,1 Interview de Louis Farrakhan par Jeffrey Goldberg, 1998, intégralement publiée ici : 1re partie, 2e partie, 3e partie
  30. Professeur d’histoire des Etats-Unis à l’université de Pennsylvanie, auteur de A Nation Under Our Feet : Black Political Struggles in the Rural South From Slavery to the Great Migration, Harvard University Press, Cambridge, 2003. Le livre a obtenu en 2004 le Pulitzer Prize for History, le Bancroft Prize de l'université de Columbia, et le Merle Curti Prize in Social History de l'Organisation des Historiens Américains. Voir son article sur (en) Steven Hahn
  31. Steven Hahn, « Un bobard antisémite », dans Le Monde diplomatique, mai 2006.
  32. Voir à ce sujet le livre The Secret Relationship Between Blacks and Jews, publié en 1990 sous l'égide de la NoI, et qui accuse les juifs d'avoir été au centre de la traite négrière. Voir l'étude (au format PDF) Étude d’un courant antisémite au sein de la communauté noire américaine dans les années 1990 de François-Xavier Fauvelle-Aymar, Institut d’Études africaines (CNRS), Aix-en-Provence ici
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