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L'orgone est un médium pulsatile présenté par le Docteur Wilhelm Reich comme résultant d'une découverte menée par lui entre 1936 et 1940, selon une expérimentation scientifique dont il a donné des protocoles précis. De nombreuses difficultés d'expérimentation et d’analyse des résultats, dont certaines soulignées par Reich[1] ont fait échouer la reproduction des résultats annoncés par l'auteur ; et des désaccords sur l'interprétation des résultats que celui-ci dit avoir obtenus n'ont pas permis le consensus qui permet l'acceptation de la théorie par la communauté scientifique. La théorie de l'orgone est donc, aujourd’hui, considérée comme non scientifique. Toutefois, si cette théorie s'avérait vraie, elle ouvrirait des potentiels considérables, tant théoriques que matériels....

Sommaire

[modifier] Historique

Médecin psychiatre et psychanalyste, Wilhelm Reich s'est posé la question de savoir si la libido, hypothèse fondamentale de la psychanalyse de Sigmund Freud, est ou non une énergie réelle. Il entreprend alors des expériences autour de la bio-électricité des émotions[2], qu’il continue d’étudier, suite aux résultats positifs de ces recherches, jusque dans les organismes unicellulaires et ensuite dans l’atmosphère. Ces différentes études l'ont amené à déclarer l’existence de l'orgone, dont il présente la découverte potentielle comme intimement liée aux capacités sensorielles du chercheur.[3]

L’orgone est ainsi décrite comme une énergie cosmique fondamentalement nouvelle, obéissant à des lois fonctionnelles et non mécaniques, omniprésente … . Conscient que ses déclarations sont de nature à éveiller la méfiance d’un chercheur sérieux , W. Reich avoue qu’il lui a fallu de longues années avant de trouver le courage d’admettre et de présenter l’abondance des faits et connexions qu’il avait mis en évidence[4]. Il a donc soigneusement préparé l’exposé des processus ayant jalonné et permis ses recherches afin de rester comme il le souhaitait sur le terrain de la rationalité et de la discussion scientifique.

[modifier] L’orgone biologique

Ce sont des observations dans le domaine de la biologie, dont il situe un point important vers 1933, qui ont amené W. Reich à définir le concept d’orgone. En particulier, la mesure des changements du potentiel électrique qui accompagne selon lui les sensations de plaisir et d’angoisse lui ont suggéré l’idée de l’existence d’une énergie biologique présente dans les organismes vivants. Postulant que les sensations d’organe sont l’expression de cette énergie en mouvement, l’analyse comparée des effets du courant électrique sur les muscles (in vivo et in vitro) et des effets (réactions ou absences de réaction) ressentis par l’intermédiaire des sens à proximité de générateurs de radiations de nature électromagnétique l'ont amené à penser qu’il ne s’agirait pas d’un courant électrique. Suite à des investigations diverses et précises, il se serait trouvé face à un ensemble impressionnant de faits contradictoires … impossibles à expliquer dans le stricte cadre des formes d’énergie connues, mais connues depuis longtemps dans le domaine de la biologie et de la philosophie naturaliste. Passant en revue les théories du biologiste Hans Driesch (Entéléchie), du philosophe Henri Bergson (élan vital), et trouvant que les expériences de Louis Pasteur ne se suffisent pas à elles mêmes pour expliquer l'origine de la vie, il ne se déclare satisfait par aucune. Considérant l'hypothèse de Paul Kammerer[5] comme correcte, il annonce avec conviction que le travail de tout organisme biologique [met] en évidence l’existence d’énergies gigantesques commandant toutes les manifestations de la matière vivante et dénonce l'absence de prise en compte par la communauté scientifique de ce qu'il pense être un fait. Il lui paraît alors évident que les énergies qui accomplissent ce travail (à l’échelle de la planète) ne peuvent tirer leur origine que de la matière inanimée.

Après avoir déterminé un minimum de douze attributs caractéristiques d’une énergie spécifique douée d’efficacité biologique[6]
  • Se distinguer fondamentalement de l’énergie électromagnétique
  • Etre présente dans la nature inanimée indépendamment des organismes vivants
  • Elucider de façon satisfaisante les rapports animé-inanimé
  • Fonctionner même sur matières organiques, non conductrices de l’électricité, et tissus animaux (distincte en cela de l’électricité galvanique)
  • Imprégner l’organisme en entier (et non quelques cellules nerveuses ou des groupes de cellules isolés)
  • Expliquer simplement la fonction contraction-expansion présentée par le vivant
  • Produire de la chaleur
  • Expliquer l’attraction sexuelle
  • Expliquer l’absence de sensibilité des êtres vivants à l’électromagnétisme
  • Permettre de distinguer ce qui s’ajoute à une protéine chimiquement complexe pour en faire une protéine vivante
  • Dévoiler les processus aboutissant aux formes symétriques et expliquer la fonction fondamentale de la création de structures
  • Rendre finalement compréhensible l’existence de la matière vivante seulement sur la surface de la terre

il met au point une série d’expériences constituées par l’observation au microscope des phénomènes qui selon lui se déroulent aux frontières de la matière vivante et de la matière inanimée. Un document intitulé « Die Bione, zur Entstehung des vegetativen Lebens », édité à Oslo en 1938 par la Sexpol-Verlag[7], expose en deux parties (l’exposé des faits, puis son interprétation), les résultats des travaux expérimentaux sur « l’origine de la vie végétative » menés par W.Reich à Oslo à cette époque. La combinaison des deux fonctions physiques (tension-charge, décharge-détente) que W.R. estimait caractéristique du phénomène vital y est recherchée au niveau des fonctions biologiques les plus primitives, dans le but affiché de mesurer l’ampleur et la pertinence de cette interprétation de ce qui est présenté comme des faits de laboratoire reproductibles. W.R. estime alors avoir mis en évidence de façon expérimentale l’existence de stades de développement de l’inerte et de l’inanimé au vivant, et que dans la nature, le processus du devenir vivant à partir de l’inorganique se déroule heure par heure, minute par minute.[8]

Il en déduit l’existence d’un phénomène général de biogénèse à partir de tissus en décomposition en milieu aqueux, analogue dit-il à celui de l'apparition des globules blancs et rouges à partir de la moëlle osseuse, ou bien des ovules et spermatozoïdes à partir des épithéliums des glandes germinatives.

[modifier] L’orgone atmosphérique

Image:WROrgoneReacMeteo.jpg
Relations entre la pression atmophérique, le temps de décharge d'un électroscope, la tension aux bornes d'un compteur Geiger-Muller, la différence de température To-T et le temps qu'il fait

Au cours de ses recherches sur les cultures de Bions, Wilhelm Reich observe sur lui même des brûlures cutanées, des irritations du nerf optique et des conjonctivites anormales, qui auraient été également ressenties par différents opérateurs lors des travaux en chambre noire. Il observe que des plaques photographiques ont été anormalement voilées à l’occasion des expériences.

Il s’efforçe alors d’objectiver ces phénomènes.

  • Un test de ses « cultures de bions » négatif à l’électroscope sensible au radium (réalisé par le Dr Moxnes du centre cancérologique d’Oslo) lui fait éliminer l’idée d’une forme de radioactivité en raison des plaques photos voilées.
  • Il cherche alors à mettre en évidence une éventuelle relation avec l’électricité statique. Il déclare ainsi avoir observé que des gants en caoutchouc approchés des cultures se chargent rapidement d’électricité statique (repérable à l’électroscope), de la même façon qu’en les exposant au soleil.

Il estime alors qu’à l’instar de l’énergie solaire, l’« énergie » qui semblait émaner de ses cultures recharge « biologiquement » les substances d’origine organique. Dans la mesure où le fil rouge de ses travaux a débuté, plusieurs années auparavant, à partir de l’observation des phénomènes électriques mesurables sur la peau pendant la phase d’orgasme, il conjugue alors « orgasme » et « organique » pour former le mot « orgone » afin de nommer cette « énergie ».

L’orgone lui paraît avoir la propriété d’être absorbée et retenue par les matières organiques, et au contraire d’être attirée et immédiatement repoussé par une feuille métallique, qu'elle la traverse ou non. Il place alors ses cultures dans une boîte de métal revêtue extérieurement d’une matière organique. En pratiquant une ouverture dans la partie antérieure de l’appareil, et en munissant celle-ci d’une lentille issue d’une visionneuse de film, il déclare pouvoir observer, en dehors de toute source lumineuse, plus facilement le rayonnement censé provenir d’une douzaine de boîtes de Pétri de ses cultures placées dans l’appareil. D’après lui, plusieurs personnes, outre lui-même, purent par ce moyen « observer distinctement des vapeurs bleues mouvantes et des rayons clairs, d’un jaune blanchâtre, adoptant la forme de traits et de points. » Toutefois, le rayonnement en question lui semble persister en dehors de toute présence de cultures.[9] Par la suite, en observant le ciel nocturne à travers un tube aux parois intérieures noircies, et en visant particulièrement les zones sombres du ciel, il déclare observer le même rayonnement que celui qui lui paraissait émaner de sa boîte multi-couches. En plaçant une loupe au bout du tube en guise d’oculaire (l' orgonoscope) il dit voir le rayonnement s’intensifier.[10] Il en vient à déclarer l’origine atmosphérique de l’orgone.

Entre 1934 et 1940, W. Reich développe ses théories tirées de l’observation de « l’orgone atmosphérique ». Il déclare pouvoir la concentrer par des dispositifs multi-couches utilisant des matériaux attirant ou repoussant l’orgone. Il en mesure la concentration par diverses manipulations et à l'aide d'appareils de mesures. Mais surtout, il déclare observer une différence entre les températures internes de « l’accumulateur d’orgone » et celles d’une boîte témoin (sans métal à l’intérieur). Alors qu’il s'attendait à voir ces températures s’aligner sur la température ambiante, il observe une élévation de température (environ 2°C hors bâtiment, sans rayonnement solaire) à l’intérieur de la boîte. Il attribue cette élévation de température à un freinage cinétique des « particules du rayonnement de l’orgone » par réflexion sur les parois métalliques internes de l'accumulateur.[11] Selon lui, ces différences, quasi nulles par temps de pluie, et très fortes par temps ensoleillé mais sans exposition directe au soleil, lui paraissent en contradiction avec le deuxième principe de la thermodynamique. Cette idée de l’existence d’un processus orgonal qui tend à restaurer l’énergie perdue par l’entropie est à la base de sa rencontre avec Albert Einstein en 1941.

[modifier] Rencontre avec Albert Einstein

Selon le document cité en référence[12], Einstein exprime dans son courrier du 7 février 1941 son point de vue sur les observations qu’il a effectuées avec « l’orgonoscope » livré par W. Reich. Il indique d’abord qu’il s’est limité au phénomène de température parce qu’il ne pouvait exclure des impressions subjectives à propos des manifestations lumineuses[13]. Puis il déclare que la boîte-thermomètre (dans l’arrangement initial) a montré régulièrement une température d’environ 0.3 - 0.4° plus élevée que celle du thermomètre suspendu librement. Il est alors conduit à observer que sur le dessous de la table en moyenne la température était d’environ 0.6° plus basse que sur le dessus de la table, sur laquelle est posée la boîte-thermomètre. Il estime qu’il s’agit là d’un fait décisif[14], et indique quelles modifications il a apportées au montage initial de « l’orgonoscope » de façon à conforter l’interprétation qu’il en fait. Il conclut : la différence de température n’a rien à voir avec les fenêtres et la boîte métallique, mais elle est seulement due au plateau horizontal supérieur[15] (de la table). Dans les 10 premières pages de sa réponse du 20 février 1941, W. Reich propose alors à Einstein deux contre-expérimentations[16], remarquant en sus que le démantèlement de la boîte présente un trop grand nombre de sources d’erreur négatives incontrôlables. Dans les protocoles de ces expérimentations, il prend en compte l’argument relatif à la table (notamment en modifiant la circulation de l’air, ou en éliminant ce support) et déclare que ses hypothèses sont soutenues par les différentes vitesses selon lesquelles des électroscopes se déchargent respectivement à l’intérieur et à l’extérieur de l’appareil[17]

Dans les 16 autres pages, il décrit en neuf points l’ossature biophysique du phénomène de température, indiquant, en citant d’autres expérimentations et observations réalisées par lui, les différents aspects et implications scientifiques et médicaux de ses travaux. Il insiste en particulier sur la façon dont sa recherche se place dans le cadre de la lutte contre le cancer, et sollicite finalement la collaboration d’Einstein aussi dans cet objectif.[18] Il confirme cette attitude dans l’essentiel de sa lettre suivante du 1er mai 1941. A la fin, il indique un nouveau protocole expérimental montrant d’après lui que la concentration de l’énergie orgone est réalisée au mieux dans un sol exposé aux radiations solaires. Selon le document cité, Einstein ne répond pas à ces deux courriers. Ses deux lettres suivantes, du 15 et du 24 février 1944, et de même que les lettres suivantes de W. Reich, ont un contenu non expérimental, mais relatif aux effets jugés pénalisants pour l’un et l’autre des suites données à leur rencontre initiale et au premier échange de lettre qui s’en est suivi.

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Après sa rencontre avec Albert Einstein, W. Reich continue à établir ce qu’il estime être les caractéristiques de l’orgone atmosphérique. Les phénomènes lumineux qu’il déclare objectivés par le grossissement, et l’élévation de température observée dans la boîte multi-couches ne lui indiquent pas la nature de l’énergie d’orgone. Des mesures constantes de la vitesse de déchargement d’électroscopes en plein air et dans l’accumulateur d’orgone, couplées avec des mesures de température, sont alors réalisées entre juillet et août 1941[19]. Le fait que, lors de son expérience, l’électroscope se décharge moins lentement dans la boîte que dans la pièce et à l’air libre, lui paraît interprétable dans le sens que la différence de potentiel énergétique entre l’électroscope chargé et la boîte serait plus faible qu’entre l’électroscope et l’air ambiant. Cette interprétation conforte son idée qu’il y a dans la boîte une concentration d’une énergie particulière, qui existerait aussi dans l’atmosphère mais plus diluée[20]. Le rapprochement entre les mesures calorifiques du contenu de la boîte et les temps de décharge de l’électroscope lui permet d’éliminer l’hypothèse d’une énergie de nature électrique, dont les effets sur l’électroscope, s’agissant de concentration, seraient opposés (accélération et non ralentissement de la décharge).

Les oscillations spontanées d’un pendule, placé à 0,5 cm d’une boule métallique fixe, établissent pour W. Reich l’existence d’un champ d’énergie d’orgone pulsatoire terrestre. Il observe au télescope grossissant 185x, pendant deux mois d’été en 1944 et 1945, un mouvement onduleux et pulsatoire dans l’atmosphère, se déplaçant presque toujours d’est en ouest, en visant la rive d’un lac à partir de la rive sud opposée, tous les jours, du matin au soir et à 30 minutes d’intervalle. Cette observation confirme à ses yeux la fonction fondamentale pulsatoire de l’énergie d’orgone. Il en déduit aussi que le globe terrestre n’est pas seulement entouré d’une atmosphère d’une certaine composition chimique, il est doté en outre d’une enveloppe d’énergie d’orgone[21]. Dès l’été 1947, il dit observer une réaction significative du compteur Geiger-Müller ayant absorbé de l’énergie d’orgone par un séjour prolongé de plusieurs semaines dans une atmosphère d’orgone hautement concentrée, et que l’énergie d’orgone est capable de développer une force motrice. L’obtention de la luminescence d’un gaz rare sans autre contact direct, dans une expérimentation dont il donne le détail, lui paraît établir que la lumination orgonotique est le résultat du contact entre deux champs d’énergie d’orgone. Dans la direction ouverte par cette hypothèse, il déclare alors être en mesure d’élucider de quelle façon l’homme est enraciné dans la nature, à partir de l’examen des fonctions qui, fondamentalement, gouvernent la nature non vivante et la nature vivante[22]. Il s’emploie donc à mettre en évidence les propriétés de l’orgone cosmique.

[modifier] L'orgone cosmique

W. Reich, à partir des observations dont il fait état, établit un lien entre le microcosme et le macrocosme. Dans le premier domaine, les unités luminescentes qu’il déclare observer dans un cabinet noir garni à l’intérieur de feuilles métalliques lui paraissent décrire dans l’espace une cycloïde allongée (spinning wave). Il émet alors l’hypothèse qu’un processus de superposition de deux unités cycloïdales, dépourvues de masse, d’orgone fortement excitée, s’accompagne d’une perte d’énergie cinétique ; que le rythme du mouvement cycloïdal diminue considérablement ; que l’orientation du mouvement s’infléchit d’une façon prononcée, que le mouvement cycloïdal allongé se transforme progressivement en une rotation sur place.[23] Et c’est pour lui précisément pendant cette phase du processus que la masse inerte émerge du mouvement ralenti de deux ou plusieurs unités d’orgone superposées. Appliquant aux corps célestes son hypothèse de relation fonctionnelle entre les mouvements d’énergie d’orgone primordiale et la matière, il estime qu’elle est de nature à expliquer de manière plausible pourquoi ceux-ci progressent dans un mouvement de spirale, pourquoi le soleil et les planètes se déplacent dans le même plan, dans la même direction, réunis dans l’espace en un groupe cohérent de corps tournoyants[24]. Il ajoute que l’attraction gravitationnelle comporte aussi, d’après lui, une genèse en rapport avec l’attraction orgonale observée au niveau des expériences biologiques conduites autour des bions (attraction du système le moins chargé par le plus chargé), tout en distinguant l’attraction orgonale entre deux ondes d’énergie et l’attraction gravitationnelle entre deux corps matériels. Un champ d’énergie d’orgone lui paraît alors nécessairement soumis à l’attraction gravitationnelle du noyau[25]. En conséquence, l’océan cosmique naguère homogène se scinderait en un courant majeur et un courant mineur d’énergie d’orgone. Ces hypothèses de travail[26] lui paraissent apporter des avantages certains, car permettant de remplacer d’une part l’idée de l’espace vide par un champ réel, mesurable, observable et de nature physique, d’autre part l’idée d’une attraction gravitationnelle que le soleil exercerait à des distances énormes sur toutes les planètes, par celle d’un courant d’énergie d’orgone cosmique à l’intérieur de la galaxie entraînant le soleil et les planètes dans le même plan et dans le même sens. Il présente des observations qui lui paraissent aller dans le sens de ces hypothèses : la forme des galaxies spirales à deux ou plusieurs branches (NGC 1042, NGC891, et surtout NGC 1566) illustre à ses yeux la haute probabilité de son hypothèse de travail sur la création des nébuleuses spirales à partir de la superposition de deux ou plusieurs courants d’orgone cosmiques. La couleur des aurores boréales, leur mouvement parfois pulsatoire et ondoyant, ressemblent selon lui à la luminescence qui se dégage des cultures de bions (entre autres manifestations) et aux mouvements qu’il déclare observer dans les expériences de mise en évidence de l’orgone biologique. Analysant plus particulièrement les caractéristiques de l’aurore boréale, notamment la position en coordonnées équatoriales de l’anneau central et l’étendue et la forme des luminescences observées, il émet l’hypothèse qu’il s’agit de deux champs énergétiques en action, le méridional et le septentrional, qui excitent réciproquement leur luminescence[27]. Il détermine, par le calcul et l’observation de plusieurs aurores boréales en 1949 et 1950, qu’ils sont distants de 62°, et que leur interaction justifie l’écart de 23°5 de l’écliptique par rapport au plan équatorial.[28]. Cette affirmation le conduit à organiser des expériences à incidence météorologique remarquables dans le désert d’Arizona[29], concrétisant ce qu’il déduit notamment de l’observation des aurores boréales et des ouragans. En particulier, la forme de ceux-ci, leur sens de rotation et surtout leur marche[30], dont il présente de façon détaillée l’observation réalisée en 1948 et 1949, lui paraissent illustrer également la phénomène de superposition de deux courants d’orgone cosmique, processus qu’il décrit comme étant à la base du désir d’étreinte génitale, et en ce sens, comme le fondement de l’enracinement de l’homme dans la nature.

[modifier] Conclusions

[modifier] Du point de vue de W. Reich

Wilhelm Reich estime avoir donné les moyens de vérifier que sans abandonner sa position scientifique, il est possible de mettre en évidence dans l’univers une énergie physique agissant à la racine de tout être ; énergie (…) pouvant être manipulée, dirigée et mesurée par des instruments fabriqués par l’homme tels que le thermomètre, l’électroscope, le télescope, le compteur Geiger, etc[31].

Reliant l’origine de la pensée à l’énergie d’orgone, il émet l’hypothèse d’une chronologie de l’irruption du phénomène de la conscience : L’orgone cosmique aurait commencé à cheminer vers une prise de conscience d’elle-même à travers les âges, dès lors qu’elle se serait trouvée confinée à l’intérieur d’un réseau de membranes (stade protozoaire), première dissociation de la matière vivante et de la matière non vivante. Au courant plasmatique objectif se serait ensuite ajouté une sensation, première auto-perception de ce courant (stade qui serait représenté par le ver ou la limace). C’est cette sensation orgonotique qui s’exprimerait dans le désir de superposition du processus sexuel. Au stade des grands mammifères, courant d’énergie objectif et sensation d’écoulement seraient encore étroitement associés, la scène bio-énergétique étant (à ce stade) entièrement dominée par le plaisir, l’angoisse, la colère. Mais pour des raisons qu’il pense élucider à la lumière de son expérience clinique de médecin psychiatre et psychanalyste, il constate que la majorité des humains a perdu le contact avec le courant naturel de l’énergie d’orgone.

Et il déclare, en dernière analyse, que c’est l’énergie d’orgone cosmique qui prend conscience d’elle même dans la prise de conscience du Moi, dans le désir de parfaire nos connaissances.

[modifier] Du point de vue des détracteurs de l'orgone

Il s'agit là de l'analogue du vitalisme, théorie qui tentait d'expliquer le vivant durant l'antiquité et le moyen-âge jusqu'à sa réfutation définitive par Louis Pasteur et les écoles de physiologie (aujourd'hui biophysique) du début du XXe siècle. En aucune façon, les orgones ne sont enseignées dans les facultés de science du monde aujourd'hui. Aucune preuve expérimentale sur l'orgone ou les bions n'a pu être reproduite, malgré plusieurs tentatives par divers organismes dont certains indépendants. Le critère de reproductibilité n'ayant pas été établi, l'orgone ne relève pas de la science et est donc une pseudo-science.
La théorie de l'orgone est contraire à de nombreuses autres théories, par exemple :

[modifier] Travaux cités


[modifier] Du point de vue des partisans de l'orgone

La "découverte de l’orgone", si elle était confirmée, illustrerait expérimentalement la conception de la compréhension du monde développée une quarantaine d’années plus tard par Trinh Xuan Thuan, professeur d’astronomie de l’université de Virginie, lorsqu’il déclare en particulier : « Il était inévitable que la conscience qui a émergé de l’ordre cosmique exalte cet ordre en le comprenant. La capacité de notre cerveau à comprendre les lois naturelles n’est pas un simple accident de parcours, mais un reflet de l’intime connexion cosmique entre l’homme et le monde[32]. »

Du point de vue philosophique, l'orgone est le mot qui donne substance à l'idée que l'on se fait de la vie comme totalité, globalité, sans fixation particulière et qui donne cependant mouvement à tout, comme ensemble et somme d'individualités, comme particularité et singularité à la fois, comme moyen d'individualité intégré à un tout, étant ce tout et cette individualité liés, comprenant ce tout, d'une part, sous sa forme de persistant, d'incoercible éternité et d'autre part, l'individualité dans la forme du temporaire, de l'éphémère, de la réalité du tout dans sa manifestation particulière et singulière. C'est en ceci que l'orgone ne se manifeste que par son énergie, car nul ne peut appréhender le tout sans s'y perdre, sans s'y déliter, c'est à dire perdre sa particularité, sans rejoindre le tout ! La vie est partout, car l'orgone est partout, et inversement. Le rien n'existe pas pour la vie, l'absence absolue est une idée de l'esprit humain, non pas de la vie libre, de l'orgone. C'est pour cela que l'orgone ne peut qu'exister et c'est en cela que son concept, "l'idée de l'idée" de l'orgone, présente un intérêt infini, car il tâte du vivant, du mort en tant que transformation du vivant, du mort en tant que moment du vivant dans son ensemble, et moment absolu du vivant en tant qu'individualité manifeste. L'orgone, et son concept, font peur, tout comme la vie, car chacun détient justement cette globalité qui est submergeante et devant laquelle l'humain ne peut rien, absolument rien, car elle le dépasse, car la vie le dépasse ; sinon que de la tuer quand il ne supporte plus ce dépassement. Tout au plus peut-il rassurer son angoisse existentielle en spéculant sur ce vivant, mais pas sur l'existence de ce vivant, lorsqu'il oublie qu'il est vivant et que la vie est aussi de se laisser aller à elle, de suivre son cours.

D'une façon générale, l'énergie orgonale s’écoule en un courant ou en un flux d'un endroit à un autre dans l'atmosphère, mais généralement il maintient un flux d'est en ouest, évoluant avec la rotation de la terre, et un peu plus rapidement que celle-ci. Les courants d'énergie orgonale dans l'atmosphère terrestre influencent les changements du dessin de la circulation de l'air ; les fonctions de l'orgone atmosphérique sont à la base du développement du potentiel des tempêtes et influent sur la température de l'air, sa pression et son humidité. Les fonctions de l'énergie de l’orgone cosmique sont aussi en œuvre dans l'espace, affectant les phénomènes gravitationnels et solaires. Cependant, l'énergie de l'orgone libre de masse n'est pas un de ces facteurs physiquo-mécaniques.

Dans le monde vivant, les propriétés de l'énergie orgonale proviennent plus de la vie elle-même, très proche en ceci du vieux concept de force vitale, ou d'élan vital aussi les fonctions de l'énergie orgonale sont à la base des processus majeurs de la vie : pulsation, courant et charge de l'orgone biologique déterminent les mouvements, actions et conduites du protoplasme et des tissus, aussi bien que de la force des phénomènes "bioélectriques". L'émotion est le flux et le reflux, la charge et la décharge de l'orgone à l'intérieur de la membrane d'un organisme, juste comme le temps qu'il fait est le flux et le reflux, la charge et la décharge de l'orgone dans l'atmosphère. Autant l'organisme que le climat répondent au caractère dominant et à la condition de l'énergie de vie. Les fonctions de l'énergie orgonale transparaissent à travers l'intégralité de la Création, dans les microbes, dans les animaux, les nuages de tempête, les cyclones et les galaxies. L'énergie de l'orgone ne charge et n'anime pas seulement le monde naturel.


[modifier] Travaux cités


[modifier] Notes

  1. L'éther, dieu et le diable 1949, trad. française PAYOT 1973. Ex en p. 32-33 : Le chercheur se fourvoiera dans la mesure même où il négligera son propre appareil sensoriel et perceptif. Il faut qu’il sache comment il fonctionne quand il perçoit et quand il pense.
  2. The Bioelectrical Investigation of Sexuality and Anxiety (articles, 1934–1938), FSG, 1982
  3. W. Reich, se déclarant (« L'éther, dieu et le diable », op. cit. p.88) en parfait accord avec la critique de la connaissance de Kant (« tout savoir suppose des conditions de possibilité relatives au sujet connaissant ») écrit précisément : Il est vrai que c’est le rôle de l’expérience de confirmer (ou de réfuter) les observations et les hypothèses de travail. Mais l’élaboration mentale et la mise en œuvre des expériences sont tributaires de l’appareil sensoriel du chercheur. Les sensations de sens et d’organe sont des facteurs décisifs dans ce domaine. Croire que l’expérience seule puisse éclairer le chercheur est un paralogisme. Car c’est l’organisme vivant, sensible, pensant qui cherche, expérimente et tire des conclusions. Cf. « La Biopathie du cancer », Payot 1975 p.17
  4. W. Reich exprime l’espoir que les faits et les fonctions présentés parleront pour eux-mêmes, même s’ils apparaissent nouveaux et inhabituels aux bactériologistes, biologistes et médecins formés par les méthodes classiques.
  5. "une hypothèse qui me semble la plus vraisemblable ...une énergie vitale spécifique ... [qui], bien qu'elle ne puisse être réduite aux énergies physiques connues à ce jour, ne serait pas une "entéléchie" mystérieuse mais une "énergie" naturelle authentique ... " Paul Kammerer, Allgemeine Biologie, p.8 (extrait d'une longue citation reprise par W.R.)
  6. Résumé d’un passage de W.Reich p.32-33 de « La Biopathie du Cancer » Payot 1975. W.Reich ajoute : L’énumération de ces différents points de vue ne vise qu’à définir le cadre à l’intérieur duquel les problèmes de la biophysique et de la biogenèse peuvent être utilement discutés.
  7. Traduction en français de la 1ère partie « Expérimentation » parue en avril 1979 sous le titre « Les Bions » Log, Paris.
  8. "Les Bions", op. cit. p. 30
  9. W.R. déclare avoir passé deux ans, rongé de doutes quant à la réalité de ses observations. Il était partisan de contrôler même les résultats négatifs d’expérience de contrôle et de ne jamais céder à la facilité en affirmant : j’ai sans doute été la victime d’une illusion.
  10. La notice de montage d'un "orgonoscope" figure, avec le mode opératoire et les conclusions de l'auteur, dans "la Biopathie du Cancer" op. cit. p.98
  11. Protocole détaillé et tableau des mesures réalisées en février 1941 in "La Biopathie du Cancer", op. cit. p.117 à 131.
  12. «The Einstein Affair» 1953, Orgonon, Maine. Ce document de 98 pages est constitué en presque totalité par la correspondance entre Reich et Einstein, rédigée en allemand et publiée avec une traduction anglaise presque totale par l’Orgone Institute Press, donc avalisée par Wilhelm Reich. Chaque lettre et sa traduction sont affectées d’un numéro de référence commun, sauf exception pour quelques lettres ou passages, non traduits semble-t-il faute d’importance.
  13. … I have limited myself to the temperature phenomenon, because I was not able to exclude subjective impressions with regard to the light manifestations. A. Eisntein selon The Eisntein Affair, op. cit. p.17 ref 9a. W.Reich lui avait écrit le 15 janvier qu’il lui faisait livrer « l’orgonoscope »sous huitaine (en décrivant sa consistance et son mode d’emploi) pour qu’il puisse lui-même observer les scintillations avec et sans la plaque de cellulose-ester. Op. cit. p.10 ref 5a.
  14. This fact has finally been established as the deciding one, as you will see from the following : … Op. cit. p.17 ref 9a.
  15. The temperature difference has nothing to do with the windows and the metal box, but is solely due to the horizontal table top A. Eisntein selon “The Eisntein Affair”, op. cit. p.17 ref 9a.
  16. As you will remember, our agreement was to investigate experimentally any objections that might come up. W. Reich, The Einstein Affair, op. cit., p.18 ref 10a.
  17. Il rappelle aussi, à propos des structures animées de mouvements qu’il appelle des bions, ses arguments à l’encontre des interprétations du type « mouvement brownien » et les raisons pour lesquelles il a estimé devoir refuser la publication d’une communication à l’Académie des sciences française qu’il avait adressée en 1937 au Pr. Lapique sur le fait du caractère biologique des mouvements dans les bions et le fait de leur cultivabilité. Cf. pour plus de détail les pages 40 à 47 de La Biopathie du Cancer, op. cit..
  18. … You will be assured of the gratitude not only of valuable scientists and physicians, but, more than that, of the innumerable sufferers from cancer … W. Reich, The Eisntein Affair, op. cit., p.43 ref 10a.
  19. Observation de non seulement les variations quotidiennes à midi, mais aussi les variations de la tension de l’énergie atmosphérique en relevant la température toutes les heures, de 8 heures du matin jusqu’à minuit, par tous les temps. La Biopathie du Cancer, op. cit., pp. 140-141
  20. Ce qui explique à ses yeux le fait que l’électroscope se décharge spontanément même dans une enceinte confinée (phénomène dit du « natural leak »)
  21. La Biopathie du Cancer, op. cit., p. 147
  22. W. Reich, in « La Superposition Cosmique », 1951. Trad. Française parue chez Payot, 1974, pp. 26-27.
  23. La Superposition Cosmique, 1974, Payot, traduction de Cosmic Superimposition 1951, p.39
  24. Voir aussi L'origine dualiste des mondes Émile Belot, préf. de Camille Flammarion, Payot 1924
  25. Ce qui expliquerait, dit-il, la formation de l’enveloppe d’orgone du soleil (couronne) et de la terre (mouvement d’Est en Ouest, luminescence, couleur bleue …) La Superposition Cosmique, op. cit., p.42
  26. Parmi d’autres citées, relatives à l’origine de l’atmosphère, à la répartition des éléments chimiques …
  27. La Superposition Cosmique, op. cit., p.108
  28. L’écliptique résulte d’une attraction exercée sur le système planétaire par le courant d’orgone galactique. La Superposition Cosmique, op. cit., p.122.
  29. W. Reich indique qu’il n’avait jamais été dans les objectifs de l’expédition « de faire tomber la pluie sur les déserts », … même après que nous ayions brisé une période de sécheresse de 5 ans en Arizona et réussi notre première pluie douce de type Oranur le 9 décembre (1954) et les jours suivants. Contact with Space, Core Pilot Press, New York 1957 p.158
  30. Les ouragans de l’hémisphère austral (et septentrionaux) se déplacent dans la direction contraire à celle de la rotation. La Superposition Cosmique, op. cit., pp.135-136
  31. La Superposition Cosmique, op. cit., p.155
  32. Trinh Xuan Thuan, Le Chaos et l’Harmonie, 1998, Folio essais, p.531.

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