Hijab
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Le terme hijab (arabe : حِجَاب, hijâb) est issu de la racine hajaba, « dérober au regard, cacher », et désigne « tout voile placé devant un être ou un objet pour le soustraire à la vue ou l'isoler ». Il prend donc également le sens de « rideau », « écran ». Le champ sémantique correspondant à ce mot est donc plus large que pour notre équivalent français « voile » qui couvre pour protéger ou pour cacher, mais ne sépare pas.
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Ce que l'on appelle voile en occident et que l'on rattache à l'Islam existait bien avant lui.Il sort du monde grec. Hélène à Troie se voile pour sortir. Dans le monde grec la condition de la femme va aller en se détériorant et elle va subir sa défaite historique avec le siècle d'or de Periclès. Seules les prostituées ont alors droit à l'éducation. La femme convenable se voile pour sortir et ne réfléchit pas. Cette situation va se retrouver dans toute la méditerranée et le pire est que cela va être présenté comme un droit. Ainsi :" Dans la société de la péninsule arabique ante islamique, les femmes avaient globalement une position très forte, une liberté et des droits plus importants que ceux des hommes (répudier son mari et non l'inverse, coucher avec les hommes de son choix, etc.).
Mais privés de droits, les hommes commencèrent à en revendiquer et inversèrent le cours de l'histoire en changeant progressivement de condition. Par conséquent, le statut de la femme s'est dégradé : la répudiation d'une femme par son époux la laisse sans droits et sans recours, il pouvait épouser autant de femmes qu'il voulait et qui dépendaient souvent de lui pour survivre. Assez vite, ces femmes répudiées se retrouvaient dans la misère, l'esclavage et la prostitution.
Le voile se généralise avec l'Islam, comme symbole de dignité retrouvée, à l'époque. La religion demande aux femmes qui se convertissent de se voiler afin d'être « distinguée des esclaves » ; l'islam leur apporte un statut et des droits : le mari ne peut plus les répudier à tort ou à raison et si le divorce est prononcé, elles conservent les moyens de subsistances."
La traduction du mot « khumurs » la mieux admise indique que c'est un vêtement large. Le mot « jouyoub » voulait dire par un poète arabe ante islamique parlant de la beauté d’une belle qui laissait « nue » sa poitrine (Pour attirer leur attention, les prostituées montraient leur poitrine « nue »).
Le Coran invite donc les femmes à ne pas montrer leurs seins, à rabattre leurs amples vêtements sur leurs poitrines et à ne se dévoiler que devant les leurs. Il invite les femmes aussi bien que les hommes à ne pas avoir de comportements provocateurs.
[modifier] Le hijab dans le Coran
Le voile a de l’importance en fonction du contexte socioculturel dans lequel il apparaît, il n’est donc pas un principe fondamental de l’islam.
En ce qui concerne le sens religieux, le mot « hijab » est utilisé sept fois dans le Coran. Dans aucun cas il ne fait référence au vêtement féminin, pour lequel d'autres formules sont utilisées.
En revanche, le mot hijab a le sens de « rideau » pour désigner l'isolement des épouses du prophète Mahomet, sourate 33, 53 :
- « Quand vous demandez un objet aux épouses du prophète, demandez-le de derrière un voile ! Cela est plus décent pour vos cœurs et leurs cœurs. » Cette séparation, d'abord réservée aux femmes du prophète Mahomet, se seraient ensuite étendue aux femmes musulmanes libres.
On pourrait donc également traduire hijab par « voilement » (en anglais veiling).
Il est toutefois important de préciser que le voile n'est pas une pratique spécifiquement musulmane, mais plutôt arabe et antérieure à l'Islam. Il est d'ailleurs pratiqué dans d'autres aires culturelles et religieuses.
Il a pour premier but de marquer les différences sociales, la respectabilité, le sacré.
Le terme « voile » en français, celui que l’on porte sur la tête est abordé deux fois dans le Coran :
- Sourate 24, versets 30,31 : « Dis aux croyants de baisser leur regards, d’être chastes, ce sera plus pur pour eux. Dieu est bien informé de ce qu’ils font. Dis aux croyantes de baisser leurs regards, d’être chastes, de ne montrer l’extérieur de leurs atours, de rabattre leurs « voiles sur leurs poitrines », de ne montrer leurs atours qu’à leurs époux ou à leur pères, ou aux pères de leurs époux, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs époux, ou à leurs frères, ou au fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs ».
Dans le cas présent de la sourate 24, le but est que les hommes et les femmes soient libres et chastes.
La sourate « Al nour » qui vient d'être citée nous donne le mot « khimar » « Wa liadribna bi khumurihenna ala jouyoubihenna ». D'après les références de la langue arabe (voir Lisân ul-'Arab d'Ibn Manzhûr ou Al-Qâmûs Al-Muh'ît d'Al-Fayrûz Abâdî), le "khimâr", synonyme de "nasîf" est "ce qui couvre la tête" (un «fichu»).
D'après l'exégète At-Tabariy (IXe siècle), ce passage recommande aux femmes de "cacher leurs cheveux, leur cou et leurs boucles d'oreilles" (arabe : وليلقين خمرهن , وهي جمع خمار , على جيوبهن , ليسترن بذلك شعورهن وأعناقهن وقرطهن).
Le texte sacré invite les femmes qui, (selon les habitudes bédouines, portaient des étoffes nouées et flottantes) à rabattre leurs amples vêtements sur leurs poitrines à ne se dévoiler que devant les leurs ; à ne pas avoir de comportement provocateur, aussi bien les hommes que les femmes.
Le Coran vise d’abord à la préservation sociale, il invite plus à la bienséance qu’à la pudeur avec la connotation sexuelle, du moins lorsqu’il traite des habits. Les injonctions qui visent à la bienséance vestimentaire des deux sexes :
- La sourate 33, verset 59, le Coran donne une liste précise de ce qu’il faut faire et à qui cela s’adresse : « ô Prophète, dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, de se couvrir de leurs “voile” : c’est pour elle le meilleur moyen pour se faire connaître et de ne pas être offensée. Dieu est celui qui pardonne, Il est miséricordieux ».
Le mot traduit par le voile dans beaucoup de traductions de qualité est en réalité, en arabe « jalbibihenna », qui est un possessif féminin pluriel de « djellaba » (galabeyya en égyptien).
L’objet de cette sourate n’est pas de « camoufler » d’éventuels charmes féminins mais de permettre aux femmes, anciennement objet de convoitises réductrices de leurs libertés, d’affirmer qu’elles sont libres.
[modifier] Dévoilement
En Égypte, on considère que la première remise en cause du voile a lieu à la fin du XIXe siècle : Qasim Amin, qui appartient alors au courant de pensée moderniste qui cherche à interpréter l'islam pour le rendre compatible avec la modernisation de la société, s'exprime en faveur d'une évolution du statut de la femme dans son ouvrage Tahrîr al-mar'a (La libération de la femme publié en 1899). Il s'exprime notamment pour l'éducation des femmes, la réforme de la procédure de divorce et la fin du voile et du confinement des femmes. En ce temps là, Amin fait référence au voile facial (burqu = voile de mousseline blanche qui recouvrait le nez et la bouche) que portent les femmes de classe aisée en ville, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes. Le hijab d'alors est effectivement lié à l'isolement des femmes. On considère généralement que c'est à ce moment que le hijab cesse d'être le symbole d'un statut social et de richesse pour devenir un symbole d'arriération et un enjeu social, politique et religieux.
En 1923, Huda Sha'arawi, considérée comme l'une des premières féministes, retire son voile facial en rentrant d'une rencontre féministe à Rome, lançant ainsi, d'après de nombreux auteurs, un mouvement de dévoilement (al-sufûr).
En Turquie et en Iran, le dévoilement est imposé au début du XXe siècle par Mustafa Kemal Atatürk et le Shah d'Iran, qui voient l'adoption de la tenue occidentale comme un signe de modernisation. En Tunisie, Habib Bourguiba interdit le port du voile dans l'administration publique et déconseille fortement aux femmes de le porter en public.
Au Maroc à l'avénement de l'indépendance, le roi Mohammed V, père du roi Hassan II, demande à sa propre d'ôter le voile en public, comme symbole de la libération de la femme. Cependant en présence du Roi, les députées se voient obliger de se voiler les cheveux par respect de la tradition.
Au cours des dernières années de la guerre d'Algérie, les Français organisent des cérémonies de dévoilement collectif censées démontrer l'œuvre civilisatrice de la France en Algérie en faveur de l'émancipation des femmes algériennes (voir l'ouvrage de Todd Shepard, "La bataille du voile pendant la guerre d'Algérie", in Le foulard islamique en questions, sous la dir. de Charlotte Nordmann, Paris, éditions Amsterdam, 2004).
Dans les années 1960, le port du voile est devenu un phénomène très minoritaire dans la plupart des pays arabes (à l'exception des pays pratiquant le wahhabisme).
[modifier] Sens contemporain
Actuellement, la plupart des auteurs s'entendent pour en faire l'équivalent du zay al-chari‘î ou « vêtement islamique ». Il désigne dans un premier temps la tenue que les fondamentalistes musulmanes adoptent à partir des années 1970 consistant en une robe longue et ample, (jilbab), de couleur sobre et d'un voile, khimâra, également de couleur sobre, recouvrant entièrement les cheveux, couvrant également le cou, les épaules et la poitrine, ressemblant à la guimpe des nonnes occidentales, de telle sorte que, conformément à la loi islamique, n'apparaissent que les mains et le visage des femmes.
L'obligation de se voiler est aujourd'hui controversée, mais généralement déduite d'un ensemble de versets du Coran et de hadiths du prophète Mahomet. On ne trouve pas une trace d'une telle controverse dans les textes des oulémas et exégètes anciens. Leur sujet de désaccord était plutôt de savoir s'il est obligatoire à la femme de cacher son visage ou pas. L'obligation de cacher les autres partie du corps (à part le visage, les mains et les pieds pour certains) est même rapportée dans les livres consacrés aux sujets de consensus (ijmâ'), comme celui d'Ibn Hazm (XIème siècle) Marâtib ul-Idjmâ'.
Le hijab désigne donc une tenue conforme aux prescriptions coraniques et implique modestie et piété, mais il désigne aussi, et surtout, une nouvelle manière de se couvrir la tête et se distingue des formes utilisées traditionnellement ou à la campagne. C'est ce que A.E. Mac Leod désigne par l'expression new veiling, le « nouveau voilement ».
Celui-ci se diversifie au fur et à mesure que cette nouvelle manière de se couvrir la tête se répand si bien que hijab ne désigne plus seulement la tenue des fondamentalistes, mais l'ensemble des nouvelles manières de se voiler adoptées, principalement par les femmes appartenant à la classe moyenne au cours des années 1970 et 1980, et dont la tenue est devenue courante dans l'ensemble du Monde arabe et du monde musulman.
Bien sûr le terme renvoie à une diversité de phénomènes : le hijab n'est pas le même et n'a pas le même sens en Iran, dans la Turquie laïque ou en France. En France particulièrement, le voile est devenu pour certaines femmes une manière de revendiquer publiquement leur religion.
[modifier] Galerie de photographies
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- le Voile à l'école en Belgique
- Dossier sur le foulard et l'Islam en France dans le numéro 9 de la revue trimestrielle Socialisme International
- Anne Collet, « Le voile islamique se déploie sur l'Europe », dans Courrier international du 19/10/2006, [lire en ligne]
[modifier] Bibliographie
- Les citations sont issues de J. Chelhod, « Hidjâb », in Encyclopédie de l'Islam, 1975, t. III, p 370 ;
- les citations du Coran sont issues du Coran, traduit de l'arabe par Régis Blachère, Paris, Maisonneuve et Larose, 1999, 743 pages ;
- Arlene Elowe Mac Leod, accommodating Protest, New Veiling and Social Change in Cairo, 1992 (pour une interprétation du phénomène du nouveau voile dans la classe moyenne urbaine égyptienne).
- Leïla Djiti, Lettre à ma fille qui veut porter le voile, Paris, La Martinière, 2004 ISBN 2-84675-136-6
- Pour compléter la réflexion, on peut lire avec attention l'importante littérature parue ces dernières années :
- Michèle Tribalat , Jeannette Kaltenbach La République et l’Islam, Gallimard, 2002.
- Leïla Babès, Le voile démystifié, Bayard,
- Michèle Vianès, Un voile sous la république, Stock, 2004.
- Chahdortt Djavann, Bas les voiles !, Gallimard, 2003.
- Le Foulard islamique en questions (Paris, Éditions Amsterdam, 2004), publié sous la direction de Charlotte Nordmann, avec notamment des contributions d'Etienne Balibar, Saïd Bouamama, Dounia Bouzar, Christine Delphy, Françoise Gaspard, Nilufer Göle, Nacira Guénif-Souilamas, Farhad Khosrokhavar, Emmanuel Terray et Pierre Tournemire.
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