Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Concernant le G. E. Moore qui co-fonda Intel et inventa ce qui devint la Loi de Moore, se reporter à Gordon Moore.

Georges Edward Moore, ou G. E. Moore, (4 novembre 1873 – 24 octobre 1958) est un philosophe anglais reconnu et très influent qui étudia et enseigna à l'Université de Cambridge. Il est avec Bertrand Russell, Ludwig Wittgenstein, et avant eux Gottlob Frege, un des inventeurs de la tradition analytique en philosophie qui prédomine actuellement dans le monde universitaire anglophone.

Moore est plus connu de nos jours pour son parti pris pour le sophisme naturaliste, mais aussi pour son enthousiasme pour le sens commun dans la méthode philosophique et pour le paradoxe portant son nom (définition en anglais).

Il peut être défini comme philosophe entre les philosophes, très admiré et influent parmi ses pairs. Les écrits de Moore sont connus pour leur style clair et circonspect et pour son approche patiente et méthodique des problèmes philosophiques.

Parmi ses travaux les plus célèbres, il faut citer son livre Principia Ethica et ses essais tels que « The Refutation of Idealism », « A Defense of Common Sense » et « A Proof of the External World ».

G. E. Moore meurt le 24 octobre 1958 et est enterré dans le cimetière de la Paroisse de l'Ascension à Cambridge, Angleterre. Il est le père du poète Nicholas Moore et du compositeur Timothy Moore.

Paul Levy écrivit une biographie intitulée "Moore: G.E. Moore and the Cambridge Apostles" (1979).

Sommaire 1 L'Éthique 1.1 Le sophisme naturaliste 1.2 Débat à Question Ouverte 1.3 Le Bien : notion indéfinissable 1.4 Le Bien : caractéristique non-naturelle 1.5 Connaissance morale 2 Preuve d'un monde extérieur 3 Langage 4 Travaux en ligne (en anglais) 5 Ressources extérieures (en anglais) 6 Livres 7 Sources

[modifier] L'Éthique

Moore est aussi très connu pour ce qu'on appelle l’« open question argument » (l'argument de la question ouverte) décrit dans son livre Principia Ethica. Le Principia est l'une des principales sources d'inspirations du mouvement contre le sophisme naturaliste ¹ (voir sophisme non naturaliste ² ) et est responsable en partie de l'engouement du vingtième siècle pour la métaéthique.

[modifier] Le sophisme naturaliste

Selon Moore, la plupart des autres philosophes qui travaillaient dans le domaine de l'éthique avaient fait une erreur qu'il appelait "Naturalistic fallacy" (le sophisme naturaliste). Pour Moore, l'éthique est la découverte de ce qui rend les choses bien. Ainsi, pour les hédonistes, c'est « être agréable » qui rend les choses bien et pour d'autres théoriciens ce serait plutôt l'apanage de la complexité. Sur ces points, Moore reste d'accord. En revanche, ce à quoi il s'oppose est l'idée qu'en disant les qualités qui rendent les choses bien, les théoriciens donnent leur analyse du terme « Bien » et la propriété « bienveillance », ce qui pour Moore apparaît comme une sérieuse confusion.

Par exemple, un hédoniste a tout à fait le droit de déclarer que quelque chose est bien, car agréable. Par contre, insiste Moore, ceci ne veut absolument pas dire qu'on peut définir sa valeur en termes de plaisir. Énumérer les qualités qui rendent quelque chose importante est une chose, mais analyser leur valeur en est une autre.

[modifier] Débat à Question Ouverte

Pour approfondir, voir cet article en anglais Naturalistic fallacy

Le débat de Moore sur l'indéterminabilité du « bien » (et donc justifiant son principe du « sophisme naturaliste ») est souvent appelée « débat à question ouverte ». Celle-ci est exposée dans le chapitre 13 de son Principia Ethica. Son débat se base sur la nature d'affirmations telles que « Tout ce qui est agréable est aussi bien » et la possibilité de poser des questions comme « Est-il bien que X soit agréable ? ».

Selon Moore, ces questions sont ouvertes et ces déclarations sont significatives, et le resteront, peu importe ce qui remplace l’« agréable ». Moore conclut donc que toute analyse de la valeur est vouée à l'échec. En d'autres mots, si la valeur pouvait être analysée, alors de telles déclarations et questions deviendraient complètement futiles et évidentes. Et comme elles sont tout sauf futiles et évidentes, la valeur doit donc être indéfinissable.

Les détracteurs de Moore soutiennent parfois qu'il est trop attaché à une vision d'ensemble de son analyse (voir le paradoxe de l'analyse) au lieu de spécifier quoi que ce soit sur la valeur. D'autres font appel à la distinction de Fregean entre le sens et la dénotation qui stipule que les concepts de valeur sont spéciaux et sui generis (uniques), mais insiste sur le fait que les propriétés de la valeur ne sont rien d'autre que des propriétés naturelles (cette stratégie est analogue à celle des matérialistes non-réductifs dans la philosophie de l'esprit).

[modifier] Le Bien : notion indéfinissable

Moore contesta le fait que la propriété de "Bien" puisse être analysée en d'autres termes. Il écrivit à ce sujet dans Principia Ethica :

• Traduction réalisée :

Il est vrai que toute chose qui est bien est aussi autre chose, tout comme il est vrai que toute chose qui est jaune produit un certain type de rayonnement. Et c'est un fait que l'éthique vise à découvrir ce que sont ces autres propriétés appartenant à toute chose étant Bien. Mais beaucoup trop de philosophes ont pensé que lorsqu'ils nommaient ces autres propriétés, ils définissaient alors le bien. En fait ces propriétés n'étaient pas "autres" mais partie intégrante et exactement identiques à la notion de bien.

• En version originale :

It may be true that all things which are good are also something else, just as it is true that all things which are yellow produce a certain kind of vibration in the light. And it is a fact, that Ethics aims at discovering what are those other properties belonging to all things which are good. But far too many philosophers have thought that when they named those other properties they were actually defining good; that these properties, in fact, were simply not "other," but absolutely and entirely the same with goodness. (§ 10 ¶ 3)

Par conséquent la seule définition qui peut être donné du "Bien" est ostensive (voir au chapitre 3.4.1 Les propositions simples ou voir la définition en anglais), c'est à dire que l'on ne peut que désigner une action ou un objet et dire "ceci est bien". De la même façon, nous ne pouvons décrire exactement ce qu'est le jaune à un non-voyant. Nous ne pouvons que montrer à un voyant la couleur jaune (sur un morceau de papier, de vêtement...) et dire "Ceci est jaune".

[modifier] Le Bien : caractéristique non-naturelle

En plus de la catégorisation du "bien" en tant qu'indéfinissable, Moore souligna également qu'il est une caractéristique non-naturelle. C'est à dire que deux objets qui sont qualitativement identiques ne peuvent avoir des valeurs différentes.

Il ne peut exister deux chemises jaunes identiques en tout point (même couleur, même usine, même marque, même modèle, etc.) excepté pour leur perception vis-à-vis de la notion de "bien" (une ne peut être bien et l'autre pas). La caractéristique du "bien" d'un objet est déterminée par les autres propriétés que possède l'objet. C'est la propriété d'un objet que d'avoir d'autres propriétés. Par conséquent, si deux objets sont qualitativement identiques, ils doivent avoir la même perception en termes de "bien".

[modifier] Connaissance morale

Pour soutenir ses arguments, Moore se satisfaisait de l'explication selon laquelle l'Homme avait une "intuition morale" qui l'aidait à définir exactement ce qui était "bien". En cela il fut un partisan de la Morale intuitionniste (voir l'article en anglais).

[modifier] Preuve d'un monde extérieur

Un des développements de la philosophie de Moore les plus importants est sa réfutation de l'idéalisme qui dominait la philosophie anglaise (représentée par les travaux de ses professeurs F.H. Bradley et John McTaggart) et sa défense de ce qu'il considère comme une forme de réalisme du "sens commun".

Dans son essai de 1925 A Defense of Common Sense il s'attaque à l'idéalisme et au scepticisme en soutenant que, en ce qui concerne le monde extérieur, ils ne peuvent pas donner de raisons d'accepter leurs prémisses métaphysiques qui soient plus plausibles que les raisons d'accepter les affirmations du sens commun à propos de notre connaissance du monde extérieur. Il mit ce point en relief très théâtralement dans son essai de 1939 Proof of an External World, où il donne un argument du sens commun contre les sceptiques en levant sa main droite et en disant "Voici une main", puis en levant sa main gauche et en rajoutant "En voici une autre", puis en concluant qu'il y a au moins deux objets extérieurs dans le monde, et que par conséquent (grâce à cet argument) il sait qu'il y a un monde extérieur qui existe. Bien évidemment, tous ceux tendant au scepticisme ne trouvèrent pas forcément la méthode d'argumentation de Moore entièrement convaincante ; quoiqu'il en soit, Moore défend son argument sur la base que les arguments sceptiques semblent invariablement nécessiter un appel à des "intuitions philosophiques" que nous avons considérablement moins de raisons d'accepter que les affirmations du sens commun que ces intuitions sont censées réfuter.

Au delà des travaux de Moore lui-même, l'argument "Voici une main" a aussi profondément influencé Wittgenstein, qui passa les dernières semaines de sa vie à élaborer une nouvelle approche de l'argument de Moore, dans ses remarques posthumes publiées sous le titre De la certitude.

[modifier] Langage

Moore est aussi connu pour avoir attiré l'attention sur la singulière logique impliquée dans la citation d'une phrase telle que "Il va pleuvoir mais je ne crois pas qu'il pleuvra". Une énigme qui de nos jours est couramment nommée "Paradoxe de Moore".

Ce casse-tête survient car il semble impossible pour quiconque d'affirmer logiquement une telle chose, pour autant il n'apparaît pas de contradiction entre le fait "Il va pleuvoir" et celui "Je ne crois pas qu'il pleuvra". En effet il n'est pas impossible aux deux éléments d'être vrais, par exemple à chaque fois que je me tromperais sur les prévisions météorologiques.

En plus de la contribution de Moore à ce sujet, ce casse-tête a aussi été à l'origine d'un important travail de la part de Ludwig Wittgenstein. Ce dernier décrivit ce paradoxe comme le plus impresionnant de perspicacité (philosophiquement parlant) dont Moore eût fait preuve.

[modifier] Travaux en ligne (en anglais)

• The Nature of Judgment de G.E. Moore (1899)
• Principia Ethica de G.E. Moore (1903)
• Review of Franz Brentano's The Origin of the Knowledge of Right and Wrong de G.E. Moore (1903)
• The Refutation of Idealism de G.E. Moore (1903)
• Ethics de G.E. Moore (1912)

[modifier] Ressources extérieures (en anglais)

• Un résumé de la vie et de l'œuvre de G.E. Moore est disponible sur http://www.philosophypages.com/ph/moor.htm

• The Stanford Encyclopedia of Philosophy :
  • G.E. Moore
  • G.E. Moore's Moral Philosophy

[modifier] Livres

• Moore: G.E. Moore and the Cambridge Apostles by Paul Lévy (1979), ISBN 9780030536168

• A Defense of Realism: Reflections on the Metaphysics of G. E. Moore by E. D. Klemke ISBN 1573927325

[modifier] Sources

1. G.E. Moore, On Defining "Good," in Analytic Philosophy: Classic Readings, Stamford, CT: Wadsworth, 2002, pp.1-10. ISBN 0-534-51277-1.

Les principaux philosophes

Présocratiques · Socrate · Platon · Aristote · Scepticisme · Stoïcisme · Épicure · Cicéron · Sénèque · Plotin · Thomas d'Aquin · Averroès · Al Farabi · Avicenne · Guillaume d'Occam · Machiavel · Bacon · Giordano Bruno · Hobbes · Descartes · Spinoza · Malebranche · Leibniz · Locke · Berkeley · Hume · Rousseau · Kant · Hegel · Schopenhauer · Marx · Kierkegaard · Nietzsche · Husserl · Bergson · Whitehead · Russell · Moore · Heidegger · Quine · Wittgenstein · Popper · Sartre · Merleau-Ponty · Rawls · Searle