Apanage
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Un apanage est une concession de fief par le souverain à ses plus jeunes fils.
Le système de l'apanage a fortement influencé la construction territoriale de la France et explique la bannière de plusieurs provinces de France. Le mot apanage ou appanage vient du bas-latin apanare qui signifie « pour donner du pain » (panem).
[modifier] Le système d'apanage
Un apanage est une concession de fief par le souverain à ses plus jeunes fils, alors que le fils aîné devient roi à la mort de son père. C'est une portion du domaine royal donné au fils cadet du roi. L'apanage revient à la Couronne lorsqu'il n'y a plus d'héritier mâle. Les apanages ont été considérés comme la part d'héritage transmise aux plus jeunes fils. Ces terres ne pouvaient être vendues, ni hypothéquées, ni employées comme dot, et devaient revenir au domaine royal à l'extinction de la lignée princière. Les filles ont été exclues du système par une interprétation politique de la loi salique durant la guerre de Cent Ans qui a écarté les femmes de la possession de la terre et donc de l'accession au trône.
Le système d'apanage a été utilisé pour éviter de partager le royaume entre les princes de sang royal, partages qui contribuaient à affaiblir fortement les dynasties.
En effet, selon la coutume franque, l'héritage se fait par partage entre les fils survivants. Le royaume étant considéré comme domaine familial, plusieurs partages ont donc eu lieu sous les rois mérovingiens (partage à la mort de Clovis en 511), et plus tard les carolingiens, (dont le traité de Verdun de 843 qui a donné naissance à des territoires aujourd'hui indépendants !).
Les conséquences catastrophiques de cette méthode (démembrement du royaume, guerres civiles, luttes entre héritiers...) ont conduit à l'adoption du système de l'apanage, qui a l'avantage de détourner les fils puînés de prétentions sur la couronne, qui va à l'aîné. Le premier roi qui créa un apanage fut Henri Ier qui, en 1032, donna la Bourgogne à son demi frère Robert Ier (dont la descendance conservera le duché jusqu'en 1361). Les autres rois capétiens créèrent aussi des apanages (Louis VIII et Louis IX). Ce sont surtout les rois de la dynastie de Valois, en particulier Jean II le Bon, qui usèrent largement du système des apanages pour doter leurs fils cadets.
Cependant, les provinces concédées en apanage avaient tendance à devenir indépendantes de fait (par exemple le duché de Bourgogne) et l'autorité du roi n'y était reconnue qu'avec peine. Théoriquement, les apanages pouvaient être réincorporés dans le domaine royal mais seulement si le dernier seigneur n'avait aucun héritier masculin (à partir de Philippe IV le Bel).
Les rois ont tenté autant que possible de se débarrasser des apanages les plus puissants : par exemple, François Ier confisqua le Bourbonnais en 1531, le dernier apanage d'importance, à l'occasion de la trahison du Connétable de Bourbon. A partir de Louis XII l'accession au trône de princes apanagistes (Louis XII, François Ier et Henri IV) permet le retour à la couronne de grands fiefs constitués au cours du Moyen-Age.
L'article 1 de l'Édit de Moulins déclare que le domaine royal (défini dans l'article 2 en tant que tout domaine contrôlé par la couronne pendant plus de 10 années) ne pouvait pas être aliéné, excepté dans deux cas : par l'enclenchement, en cas d'urgence financière, avec une option perpétuelle pour racheter le domaine ; et pour former un apanage, qui doit retourner à la couronne à l'extinction de la ligne masculine en son état original. L'apanagiste ne peut donc pas se séparer de son apanage de quelque façon.
Après Charles V, une distinction claire doit être faite entre les titres donnés comme noms aux enfants de France, et les apanages réels. À leur naissance les princes français recevaient un titre indépendamment d'un apanage de fiefs. Ainsi, le duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV, n'a jamais possédé l'Anjou et n'a jamais reçu un quelconque revenu de cette province. Le roi attendait que le prince ait atteint l'âge adulte et ait été sur le point de se marier avant de doter sa maison d'un apanage. Le but de l'apanage était alors de lui fournir un revenu suffisant pour tenir son rang. Le fief donné dans l'apanage pouvait ou non être celui correspondant au titre nominal du prince. Seulement sept apanages ont été donnés de 1515 à 1789.
Les apanages ont été supprimés en 1792 avant la proclamation de la République. Les plus jeunes princes devaient désormais recevoir une allocation mais aucun territoire. Les apanages ont été rétablis par Napoléon Bonaparte et confirmés par le roi Louis XVIII. Le dernier des apanages, l'Orléanais, fut réincorporé à la couronne de la France quand le duc d'Orléans, Louis-Philippe Ier,devint roi des Français en 1830.
[modifier] Créations d'apanages
- En 1032 Henri Ier donne à son demi-frère Robert Ier le duché de Bourgogne
- Louis VI concède le comté de Dreux à son fils Robert.
- Louis VIII par son testament, en 1225 : le comté d'Artois à Robert, le comté de Poitou à Alphonse et le comté d'Anjou à Charles.
- En 1223, le roi Louis VIII donne le comté de Boulogne, le comté de Clermont, les seigneuries de Domfront, de Mortain et d'Aumale à son demi-frère Philippe Hurepel
- Louis IX accorde le comté de Valois à Jean-Tristan, le comté d'Alençon à son fils Pierre et du Perche et le comté de Clermont.
- Philippe III dote Charles du comté de Valois et Louis du comté d'Évreux.
- Philippe VI crée le duché d'Orléans pour Philippe.
- Jean II le Bon, à son départ en Angleterre, en 1360 donne les comtés d'Anjou et du Maine à Louis - fondateur de la deuxième maison d'Anjou - et les duchés de Berry et d'Auvergne à Jean. Puis en 1363 il octroie à Philippe le Hardi, le duché de Bourgogne.
- Charles VI accorde à son frère le duché d'Orléans en 1392.
[modifier] Autre sens
Le mot apanage est encore employé en français mais dans un sens non historique : « avoir l'apanage de quelque chose » est utilisé, souvent dans un sens ironique et négatif, pour réclamer la possession exclusive de quelque chose. Par exemple « Les vaches n'ont pas l'apanage du prion ».