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John Maynard Keynes

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Harry White saluant John Maynard Keynes (à droite, 1946)
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Harry White saluant John Maynard Keynes (à droite, 1946)

John Maynard Keynes était un économiste et un mathématicien britannique (né le 5 juin 1883 à Cambridge et décédé le 21 avril 1946 à Firle, Sussex).

Il est l'inspirateur du keynésianisme, courant de pensée économique dont les adeptes (plus ou moins critiques du libéralisme économique) ont retenu notamment, parmi la richesse des analyses de Keynes, sa position en faveur de l'intervention active de l'État, à certains moments précis, au sein de l'économie, pour assurer le plein emploi. Ce courant s'oppose vigoureusement à l'école néoclassique et a été dominant de 1945 jusqu'aux années 1970, voire 1980 selon les pays.

Sommaire

[modifier] Biographie

John Maynard Keynes est né dans une famille d'universitaires. Son père, John Neville Keynes, était lecteur à l'Université de Cambridge et enseignait la logique et l'économie politique. La mère de John Maynard, Florence Ada Brown, était un auteur à succès et une pionnière des réformes sociales.

[modifier] Études

À sept ans, il entre à Perse School. Deux ans plus tard, il entre en classe à St Faith's. Avec les années, il se montre très prometteur.

Un an plus tard, il intègre le collège d'Eton (Eton College) où il est un élève brillant qui gagne, en 1899 et en 1900, le prix de mathématiques. En 1901, il finit premier en mathématiques, histoire et anglais. En 1902, il gagne sa place pour le King's College de Cambridge, où il poursuit ses études de mathématiques, jusqu'en 1905. Après deux ans au service de l'État britannique, où il est affecté à l'Indian Office (ministère de l'Inde), il reprend ses études à Cambridge. Il opte alors pour l'économie, convaincu en cela par Alfred Marshall, un des plus célèbres économistes néoclassiques dont il sera alors l'élève. Un autre de ses professeurs, néoclassique lui aussi et auquel il s'opposera ensuite radicalement est Arthur Cecil Pigou. Il ne connaîtra guère d'autre tradition en science économique, mais deviendra lui-même enseignant au King's college en 1909.

[modifier] Parcours

La figure de John Maynard Keynes est complexe : auteur extrêmement prolifique, à la fois économiste reconnu par ses pairs (bien qu'hétérodoxe) et homme d'affaires à la carrière réussie, il restera longtemps universitaire, et s'impliquera dans l'évolution politique du Royaume-Uni.

J. M. Keynes se fait connaître du grand public avec sa publication Les Conséquences économiques de la paix en 1919 où il critique le traité de Versailles. Il était en effet représentant du ministère des finances britannique à la Conférence de la Paix de Paris, et démissionna trois jours avant la signature du traité. Dans son pamphlet, il dénonce le poids des réparations exorbitantes auxquelles doit faire face l'Allemagne et prédit la ruine de l'économie germanique ; il développera à nouveau ce sujet dans son ouvrage Nouvelles considérations sur les conséquences de la paix (The Revision of the Treaty, 1921). L'hyper-inflation allemande qui succédera à la guerre confirmera entièrement ses thèses. Le critique le plus connu de cet ouvrage fut Étienne Mantoux.

En 1921, Keynes publie le Traité des probabilités, à partir des travaux qu'il avait réalisés entre 1905 et 1908. Alors membre du Parti libéral, depuis 1912, il écrit de nombreux articles pour la presse qui en est proche, principalement le Manchester Guardian, pour qui il couvrira d'ailleurs la Conférence monétaire internationale de Gênes en 1922. À partir des articles qu'il rédige à cette occasion, il composera son Essai sur la réforme monétaire (1923), critique de la théorie monétaire classique où il prône l'abandon du système de l'étalon-or. Lorsque Winston Churchill, alors Chancelier de l'Échiquier annonce le retour à l'étalon-or à la parité d'avant-guerre, Keynes écrit Les Conséquences économiques de M. Churchill (1925), où il prédit que cette parité sera impossible à maintenir, ce qui entraînera une crise mondiale.

Keynes devient rapidement un des plus célèbres économistes au monde et à ce titre, il devient conseiller financier de la Couronne et gouverneur de la Banque d'Angleterre.

En 1942, il est élevé au rang de Baron Keynes de Tilton.

Lors des Accords de Bretton Woods en 1944, il présidera la délégation britannique. Il tente d'y faire valoir l'idée d'une monnaie et d'une banque supranationales, qui sera repoussée par les Américains (conduits par Harry White, sous-secrétaire aux Finances) soucieux de placer le dollar au centre du Système monétaire international.

[modifier] Vie privée

Au cours des années 1920-1930, Keynes tient un club « d'appréciation musicale » servant à dissimuler les rencontres clandestines d'homosexuels, Keynes lui-même étant homosexuel avouéréf. nécessaire.

John Maynard Keynes épouse en 1925 la ballerine russe Lydia Lopokova (danseuse étoile de la compagnie des Ballets russes de Serge Diaghilev). Il ne laissera pas de descendance.

Son frère Sir Geoffrey Keynes (18871982) était un brillant chirurgien, érudit et bibliophile. Son premier neveu Richard Keynes (né en 1919) est un physiologiste, le second Quentin Keynes (19212003) un aventurier et un bibliophile.

J. M. Keynes lui-même était un grand collectionneur de livres, et réunit par exemple de nombreux manuscrits d'Isaac Newton concernant l'alchimie et les notes de John Conduitt. Une des dernières publications de Keynes fut ainsi Newton, l'Homme (Newton, The Man), parue pour le tricentenaire de la naissance du physicien (1942) sous la forme d'article puis en livre en 1946.

Keynes meurt le 21 avril 1946 d'une crise cardiaque, ses problèmes de cœur s'étant aggravés suite à la charge de travail qu'il doit supporter à l'occasion des accords de Bretton Woods, et des problèmes financiers internationaux de l'après-guerre.

[modifier] Naissance du keynésianisme

Voir l’article Keynésianisme.

John Maynard Keynes est à la source d'une importante évolution de la science économique avec son œuvre principale, la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (The general theory of employment, interest and money) paru en 1936. L'ouvrage est considéré comme le traité de science économique du XXe siècle ayant le plus influencé la façon dont le monde a abordé l'économie et le rôle du pouvoir politique dans la société.

Avec la Théorie générale, Keynes a développé l'hypothèse que la demande est le facteur déterminant pouvant expliquer le niveau de la production et par conséquent de l'emploi.

Aujourd'hui de nombreux courants et partis politique se revendiquent du keynésianisme en n'en retenant que l'idée d'interventionnisme. Keynes, lui-même homme d'affaires, se disait pourtant du coté de "la bourgeoisie éclairée" et insistait sur le rôle fondamental de la création privée d'entreprise.

[modifier] Concepts principaux

Parmi les concepts novateurs apportés par Keynes, on retiendra surtout :

  • ceux de l'équilibre de sous-emploi où le chômage est possible pour un niveau donné de la demande effective ;
  • l'absence d'ajustement par les prix entre les demandes et les offres d'emploi, afin de résorber le chômage ;
  • une théorie de la monnaie fondée sur la préférence pour la liquidité ;
  • la notion d'efficacité marginale du capital comme explication de l'investissement, faisant de l'investissement la "cause" déterminante de l'épargne et reniant de ce fait la loi de Say comme quoi toute offre trouvera obligatoirement une demande.
  • la loi psychologique fondamentale qui affirme que lorsque le revenu augmente la consommation augmente moins que proportionnellement, ce qui revient à dire que la propension à consommer est comprise entre 0 et 1. Cette propriété découverte par Keynes, sera reformulée par la suite dans le cadre de la théorie des choix inter temporels.

Ces concepts ont accrédité à l'époque la possibilité de politiques économiques interventionnistes qui élimineraient les récessions et freineraient les emballements de l'économie. L'ensemble de ces notions constitue une méthodologie, et a engendré une nouvelle sous-discipline de l'économie, appelée macroéconomie.

[modifier] Critiques de Keynes

Les critiques de Keynes et des politiques qu'il a inspirées ont toujours soutenu qu'on n'a nul besoin de mettre en cause la capacité des marchés à ajuster les offres aux demandes pour rendre compte du chômage, que les politiques publiques, qui le subventionnent (Jacques Rueff), punissent l'embauche par des taxes, ou interdisent le plein emploi des ressources, notamment en imposant des prix (New Deal) et surtout des salaires minimum, suffisent à l'expliquer. Que dans ces conditions, accroître la demande globale, a fortiori pour les produits finis, n'est qu'un expédient temporaire pour tourner ces contraintes, qui doit faire monter les prix. Ceux, notamment les syndicats, qui veulent imposer des rémunérations incompatibles avec le plein emploi, finiront par s'en apercevoir, et manipuler la demande ne réussira plus à résorber l'offre excédentaire.

Les théoriciens des "anticipations rationnelles" ont même démontré que ces politiques ne pouvaient avoir d'effet que si elles réussissaient à tromper les agents économiques sur les effets qu'elles auraient, notamment sur les taux d'intérêt et les salaires réels — et cela indépendamment de leurs conceptions parfois irréalistes de l'incertitude.

C'est dans les années 1970 que le problème de la « stagflation » — une inflation croissante sans réduction du chômage, conjonction qu'elle déclarait implicitement impossible — a finalement conduit à remettre en cause l'approche macroéconomique de Keynes — d'où, peut-être, le Prix Nobel d'économie attribué en 1974 aux interprétations de la conjoncture de type autrichien de Friedrich Hayek.

Logiquement, c'est-à-dire si on écarte les explications circulaires de la hausse des prix du genre "inflation par les coûts" (car ces "coûts" ne sont eux-mêmes rien d'autre que des prix), la stagflation ne peut exister que si la demande est simultanément en excédent ici, et en défaut là ; on ne peut donc en rendre compte que si on sort de la "macroéconomie" proprement dite, laquelle n'envisage par hypothèse qu'un défaut, ou un excédent global de la demande. Or, justement, la critique autrichienne de Keynes prétend réfuter l'approche macroéconomique en tant que telle : pour elle les désajustements entre offres et demandes sont forcément locaux. Ce qui lui permet d'insister sur la réaction à la politique monétaire des prix relatifs des actifs échangés en amont du consommateur, dans la "structure de production", comme éléments essentiels de la conjoncture — à ce titre, la notion d'"inflation des actifs", admise dans les années 1980, est une première prise en compte de cette approche.

Ensuite, ces écarts entre les demandes et les offres ne peuvent être que le produit d'erreurs de prévision : si les gens prévoyaient parfaitement la demande pour leurs services, ils ne se retrouveraient jamais avec une demande plus faible (d'où sous-emploi) ou plus forte (d'où hausse des prix) qu'ils ne l'envisageaient. On retrouve une conclusion des "anticipations rationnelles", mais dans une approche qui y ajoute une analyse réaliste des conditions dans lesquelles les gens acquièrent l'information.

En effet ces erreurs-là, les critiques de la macroéconomie affirment que la politique de conjoncture ne peut que les aggraver, en ajoutant ses propres sources d'incertitude à celles qu'engendrent les choix faits sur les marchés.

— tout d'abord elle ne peut être qu'aveugle, puisque par hypothèse elle ne cherche même pas à identifier ces désajustements spécifiques. Comment en attendre alors qu'elle y distingue en outre, comme elle devrait théoriquement le faire s'agissant de "conjoncture", ceux qui ne sont dus qu'à des changements mal prévus des préférences et des techniques, et qu'il n'y aurait en principe jamais lieu de compenser par une manipulation de la demande, a fortiori globale ?
— ensuite, en centralisant les décisions en dehors des marchés, la politique macroéconomique concentre les erreurs, qui se compenseraient en partie autrement, et les diffuse, pour reprendre l'expression même de Keynes,
"d'une manière que pas un homme sur un million n'est capable de comprendre".

Pour l'analyse autrichienne, donc, les institutions qui affectent la demande globale, notamment le monopole d'émission de la monnaie, sont la cause des crises économiques et financières évitables, et ne peuvent pas y porter remède. Plus généralement, elle affirme que les planificateurs étatiques ne peuvent pas connaître l'information nécessaire à la réalisation de leurs projets par les hommes, mais ne font au contraire que fausser son acquisition parce qu'ils ne subissent pas les conséquences de leurs choix, alors qu'ils privent de leur pouvoir de décision les seuls qui auraient véritablement intérêt à s'informer de façon adéquate, ceux qui les subiront effectivement.

Ces considérations, partagées au-delà de l'école autrichienne — Milton Friedman aussi reconnaît qu'on n'a pas besoin de banque centrale, ont inspiré des politiques, notamment monétaires, qui prétendaient davantage être prévisibles que régler la conjoncture.

A propos de Keynes et ses critiques, on peut consulter l'ouvrage récent: G. C. Peden, ed. _Keynes and His Critics: Treasury Responses to the Keynesian Revolution 1925-1946_. Records of Social and Economic History Series. Oxford: Oxford University Press, 2004. xv + 372 pp. Bibliography, dramatis personae, index. ISBN 0-19-726322-4.

[modifier] L'avenir du keynésianisme

Pour autant, ces critiques n'ont pas sonné le glas du keynésianisme ; les keynésiens actuels ont redonné à la lettre initiale de la Théorie Générale un souffle nouveau, en insistant sur le rôle majeur de l'incertitude dans l'économie. Ainsi se dessine une nouvelle ligne de partage : d'un côté, ceux qui pensent qu'il est possible de se fonder sur la rationalité des acteurs pour analyser l'économie ; de l'autre, ceux qui pensent, à la suite des post-keynésiens, que l'incertitude radicale qui entache les actions humaines, y compris étatiques (?), est trop importante pour conduire ce projet à bien. En ce sens, les post-keynésiens sont moins « interventionnistes » que ceux de la première génération, mais sont tout aussi critiques vis-à-vis de la capacité du marché à se réguler de lui-même, s'appuyant en particulier sur les déséquilibres réguliers des marchés financiers et la régularité des crises financières, signe selon eux de l'incapacité de marchés mal encadrés à gérer l'incertitude. Cela n'implique pas nécessairement que l'État intervienne au sens courant du terme, puisque la régulation peut être privée — si le marché comme ensemble des relations volontaires potentielles, est par hypothèse alternatif de l'organisation, le marché libre comme norme politique inclut toute organisation fondée sur des contrats.

Les courants keynésiens actuels sont les post-keynésiens et les néo-keynésiens.

[modifier] Principaux ouvrages

  • 1913 — La Monnaie et les finances de l'Inde (Indian Currency and Finance)
  • 1919 — Les Conséquences économiques de la paix (The Economic Consequences of the Peace) (texte en anglais)
  • 1921 — Traité des probabilités (A Treatise on Probability)
  • 1923 — Essai sur la réforme monétaire (A Tract on Monetary Reform)
  • 1925 — Les Conséquences économiques de M. Churchill (The Economic Consequences of Mr. Churchill)
  • 1926 — La Fin du laissez-faire (The End of Laissez-Faire)
  • 1930 — Traité sur la monnaie (A Treatise on Money)
  • 1936 — Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (The General Theory of Employment, Interest and Money) (texte en français)
  • 1940 — How to Pay for the War : A radical plan for the Chancellor of the Exchequer

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

  • Pour un rapide tour d'horizon des principaux concepts de Keynes voir Olivier Hubert, "Que reste-t-il de Keynes?", L'Echo, 18 août 2006.
Wikimedia Commons propose des documents multimédia sur John Maynard Keynes.
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