Histoire de Carthage
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Cette page retrace l'histoire de Carthage et de ses civilisations successives.
Dans l'Antiquité, Carthage, ville côtière aujourd'hui située en Tunisie, est une cité puissante qui rayonne sur tout le bassin méditerranéen. Elle contrôle la totalité du commerce et de la navigation dans les eaux de la Méditerranée occidentale et possède de nombreux territoires hors d'Afrique : Maurétanie, Numidie, Ibérie, sud de la Gaule, Sicile, Sardaigne et sud de l'Italie. À l'aube de la Première Guerre punique, Carthage contrôle un territoire d'environ 73 000 km² et une population de près de 4 millions d'habitants.
Comme pour Rome, sa plus grande rivale et ennemie mortelle, le nom de la ville désigne également tous les territoires soumis à sa juridiction.
Sommaire |
[modifier] Fondation de Carthage
La tradition littéraire date la fondation de la ville en 814 av. J.-C..
La reine de Tyr, Élyssa (Didon chez les Romains), fille du roi Mattan, s'enfuit de Phénicie après que son frère Pygmalion ait assassiné son mari Sychée pour accéder au pouvoir. Après une escale à Chypre, elle s'installe sur les côtes d'Afrique (actuelle Tunisie), avec sa sœur Anna, d'autres Tyréens (dont certains sont des notables) ayant abandonné Tyr, ainsi que les vierges de Chypre. C'est donc un contingent hétéroclite qui serait à l'origine de l'une des plus grande cités de l'Antiquité. Selon le poète latin Virgile, le roi du pays, Iarbas, consent à leur offrir un territoire « aussi grand que pourrait en recouvrir une peau de bœuf ». Élyssa découpe alors la peau en lanières dont elle entoure un territoire suffisant pour y bâtir une citadelle. Ce territoire, appelé Byrsa (peau), deviendra le centre historique de la cité punique.
Certains historiens rejettent cependant cette tradition littéraire et datent la fondation de la cité au milieu du VIIIe siècle av. J.-C..
[modifier] Légende de Didon et Énée
L'amour de la reine Didon et d'Énée est chanté par Virgile dans L'Énéide.
Au cours de son périple pour fonder une nouvelle Troie, le prince troyen Énée atteint le sol d'Afrique pour faire escale après une tempête. Il est accueilli par la reine de Carthage (Didon). Une grande passion naît entre eux, mais elle est interrompue par les dieux de l'Olympe qui rappellent au héros troyen qu'il doit reprendre son voyage pour fonder une grande ville (en l'occurrence Rome).
Lorsqu'Énée quitte Carthage, Didon, incapable de supporter cet abandon, préfère se donner la mort sur un bûcher après s'être transpercée avec l'épée qu'il lui avait donnée[1]. L'ombre de Didon refuse de pardonner à Enée, rencontré aux Enfers et accompagné par la sibylle de Cumes, et refuse de répondre à ses questions.
[modifier] Les frères Philène
Pour décider d'une frontière avec la colonie grecque de Cyrène (en actuelle Libye), les deux cités conviennent que chacune envoie le même jour une expédition qui longe la côte. La frontière devra se situer au lieu de rencontre. Les carthaginois, conduits par les frères Philène, marchent jour et nuit, si bien qu'ils rencontrent les cyréniens bien plus près de Cyrène que de Carthage (voir la frontière actuelle entre la Tunisie et la Libye). Les cyréniens les accusent d'être partis avant la date convenue. Ils finissent par dire qu'ils ne reconnaitront cette frontière que si les frères Philènes se font enterrer vivants sur place. Par dévouement à leur cité, ceux-ci acceptent (d'après la Guerre de Jugurtha de Salluste).
[modifier] Essor
Comme tous les comptoirs phéniciens, Carthage doit, en signe d'allégeance, verser un tribut à Tyr. Cependant, le déclin de Tyr face à la progression des Grecs l'incite à prendre son indépendance au cours de la seconde moitié du VIIe siècle av. J.-C..
Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois s'installent aux Baléares puis dominent l'ouest de la Sicile, le sud de la Sardaigne, et, alliés aux Étrusques, repoussent les Grecs de Corse.
Carthage devient une puissance importante en Méditerranée occidentale au IVe siècle av. J.-C.. Son expansion l'amène alors à affronter les Grecs puis les Romains.
[modifier] Guerres puniques
Voir l’article Guerres puniques.Les affrontements avec Rome prennent de l'ampleur avec l'essor des 2 cités : ce sont les 3 guerres puniques qui faillissent voir la prise de Rome par Carthage mais se concluent finalement par la destruction de Carthage.
La série débute au IIIe siècle av. J.-C. et se terminent avec la victoire de Rome et la destruction de Carthage en 146 av. J.-C. après un siège de 3 ans.
[modifier] Première Guerre punique : choc frontal avec Rome
Voir l’article Première Guerre punique.La Première Guerre punique couvre les années 264-241 av. J.-C.. Il s'agit d'un conflit essentiellement naval et de luttes d'influence en Sicile, terre située à mi-chemin entre Rome et Carthage.
Les Carthaginois prennent la ville de Messine. Ceci provoque l'inquiétude des Romains en raison de la position de Messine proche des villes grecques d'Italie qui viennent de tomber sous leur protection. Le Sénat romain ne souhaite pas ouvrir les hostilités avec Carthage mais le peuple demande d'intervenir. Ainsi Appius Clodius Caudex traverse et prend par surprise la garnison punique de Messine, déclenchant le début de la Première Guerre punique. Suite à ce revers, le gouvernement de Carthage commence à regrouper ses troupes à Agrigente mais les Romains, menés par Claudius et Marcus Valerius Messalla, prennent les villes de Ségeste et d'Agrigente après un siège de 7 mois. Après avoir fait la paix avec les Romains, Carthage doit réprimer une révolte de ses mercenaires.
L'expansion rapide des Carthaginois dans le sud de l'Hispanie s'effectue sous la conduite des Barcides (famille des Barca dont Hannibal Barca). Ils y exploitent des mines et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale.
[modifier] Deuxième Guerre punique : campagne d'Italie
Voir l’article Deuxième Guerre punique.
La Deuxième Guerre punique, dans les années 218-202 av. J.-C., a pour point d'orgue la campagne d'Italie : Hannibal traverse les Pyrénées et les Alpes (avec ses éléphants) mais renonce à entrer dans Rome. Le prétexte de la guerre avait été le siège de Sagonte par les Carthaginois, qui, selon le traité de 241, devaient se trouver au-delà de l'Èbre qui délimitait les zones d'influence respectives des puissances rivales.
L'attentisme d'Hannibal permet aux Romains de contre-attaquer et ils réussissent finalement à retourner le cours de la guerre en leur faveur (à la bataille de Zama en 202 av. J.-C.), prenant à Carthage la totalité de ses possessions hispaniques, détruisant sa flotte et lui interdisant toute remilitarisation sans son aval.
Malgré la victoire finale, cette guerre marque profondément les Romains et, poussés par la crainte d'avoir à affronter à nouveau les Carthaginois, ils décident, selon le fameux mot de Caton l'Ancien (Delenda est Carthago), que la destruction totale de Carthage est le seul moyen d'assurer la sécurité de la la république. En effet, malgré toutes les représailles infligées à Carthage, la cité punique retrouve vite sa puissance économique.
[modifier] Troisième Guerre punique : destruction de Carthage
Voir l’article Troisième Guerre punique.
La Troisième Guerre punique (149-146 av. J.-C.) est déclenchée par une offensive romaine en Afrique qui aboutit à la défaite et à la destruction de Carthage après un siège de 3 ans.
Bien que Carthage ait retrouvé une certaine prospérité économique entre 200 et 149 av. J.-C., elle n'avait pu reconstituer ni une flotte de guerre ni une armée importante. Cette guerre décidée par le Sénat romain consiste donc en une courte campagne destinée à amener les troupes romaines à pied d'œuvre pour le siège de Carthage et dont le siège est mené à bien par Publius Cornelius Scipio, surnommé pour cela le second Africain. Le siège s'achève en 146 par la destruction complète de la ville : elle est rasée et la croyance populaire (contestée par les historiens) veut que du sel ait été semé sur les terres pour les rendre infertiles par crainte de la résurrection de la puissance de Carthage.
[modifier] Carthage romaine
La fin de la Troisième Guerre punique marque l'établissement de la province romaine d'Afrique. Après une tentative avortée des Gracques, Carthage est reconstruite par Jules César (Colonia Julia Karthago). Celle-ci devient la capitale de la nouvelle province et retrouve rapidement son rang et sa prospérité d'autrefois.
C'est une période de grande prospérité où l'Afrique est le « grenier à blé » de Rome.
Mais, au Bas-Empire, la cité, gagnée au christianisme, subit les persécutions impériales. Carthage est, au IVe siècle, l'une des plus grandes capitales spirituelles d'Occident : Tertullien, saint Cyprien, saint Augustin ou saint Aurèle en sont originaires.
[modifier] Carthage vandale
Voir l’article Royaume vandale.Carthage est conquise en 439 par les Vandales, menés par Genséric.
L'Église est victime de persécutions et est particulièrement meurtrie.
[modifier] Carthage byzantine
Voir l’article Exarchat de Carthage.Carthage est reprise en 533 par les Byzantins (Empire romain d'Orient) menés par Justinien. Ce dernier en fait le siège de son diocèse d'Afrique mais, à la suite de la crise monothéliste, les empereurs de Byzance, opposés à l'Église d'Afrique, se détournent rapidement de Carthage.
[modifier] Carthage depuis
- À l'époque des invasions musulmanes, les assaillants basés à Kairouan prennent et pillent la ville en 698. Les nouvelles autorités lui préfèrent la localité voisine de Tunis qui deviendra la capitale du pays.
- Saint Louis prend la ville pendant la 8e croisade au cours de laquelle il meurt de la dysenterie. Il espérait convertir le sultan hafside au christianisme et le dresser contre le sultan d'Égypte afin de forcer ce dernier à se retirer de Jérusalem. L'échec de cette stratégie marque la fin des croisades. Une cathédrale est élevée au XIXe siècle sur la colline de Byrsa (à l'endroit présumé de sa sépulture).
- Aujourd'hui, Carthage est une petite ville résidentielle des faubourgs de Tunis qui abrite notamment le palais présidentiel, l'aéroport international de Tunis-Carthage, la cathédrale Saint-Louis et de nombreuses chancelleries.
[modifier] Référence
- ↑ Extrait du chant IV de L'Enéide : « Urbem præclaram statui, mea mœnia vidi, ulta virum pœnas inimico a fratre recepi, felix, heu nimium felix, si litora tantum numquam Dardaniæ tetigissent nostra carinæ (J'ai établi une ville magnifique, vu mes remparts, vengé mon mari et puni mon frère meurtrier. Heureuse, hélas trop heureuse si seulement les carènes dardaniennes n'avaient jamais touché nos côtes) »
[modifier] Voir aussi
[modifier] Lien interne
[modifier] Liens externes
- (fr) Carthage chrétienne par François Decret (professeur honoraire des universités)
- (fr) Les Carthaginois, marins et agronomes par Jean-Paul Thuillier (professeur à l'École normale supérieure)
- (fr) Le premier génocide : Carthage, 146 A.C. par Ben Kiernan (Université Yale)
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