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Hindouisme

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L'hindouisme est la plus vieille des principales religions du monde. Avec plus de 900 millions de fidèles, elle est actuellement la troisième religion la plus répandue, après le christianisme comptant environ deux milliards de fidèles au total et l’islam à près d'un milliard. L'hindouisme peut être convenablement défini comme étant un mode de vie socio-religieux des hindous. Il existe beaucoup de rapports entre L'Inde et l'Occident ce qui fait de l'hindouisme une religion assez accessible.


Sommaire

Tentative de définition

L'hindouisme, ou plus exactement le Sanâtana Dharma, est plus une façon de vivre et de penser qu’une religion organisée. Historiquement, « hindou » ne fait pas référence à un système de croyances religieuses ; le terme, d’origine persane se rapporte aux personnes qui vivent de l’autre côté. Après la colonisation britannique, le terme a été employé pour indiquer un ensemble flou de faits religieux. En 1966, la cour suprême de l'Inde a défini le cadre de la foi hindoue comme suit :

  1. l’acceptation respectueuse des Veda comme la plus Haute Autorité sur les sujets religieux et philosophiques et l’acceptation respectueuse des Veda par les penseurs et philosophes hindous comme base unique de la philosophie hindoue,
  2. l’esprit de tolérance et de bonne volonté pour comprendre et apprécier le point de vue de l’adversaire, basé sur la révélation que la vérité comporte plusieurs apparences,
  3. l’acceptation par chacun des six systèmes de philosophie hindoue d’un rythme du monde qui connaît des périodes de création, d’entretien et de destruction, périodes, ou Yuga, qui se succèdent sans fin,
  4. l’acceptation par tous les systèmes de la philosophie hindoue de la croyance dans la renaissance et la pré-existence des êtres,
  5. l’identification du fait que les moyens ou les manières d’accéder au salut sont multiples,
  6. la réalisation de la vérité que, aussi grand que puisse être le nombre des divinités à adorer, on peut cependant être hindou et ne pas croire qu’il faille adorer des idoles,
  7. à la différence d’autres religions, ou croyances, la religion hindoue n’est pas liée à un ensemble défini de concepts philosophiques.

Selon un autre point de vue, un hindou est celui qui croit à la philosophie exposée dans les Veda (ou savoir). Les Veda sont peut-être les écritures religieuses les plus anciennes du monde. Leur enseignement de base est que la vraie nature de l’homme est divine. Dieu, ou le Brahman comme il est généralement nommé, existe en chaque être vivant. La religion est donc une recherche de la connaissance de soi, une recherche du divin présent en chaque individu. Les Veda déclarent que personne n’a besoin « d’être sauvé », car personne n’est jamais perdu. Dans le pire des cas, on vit dans l’ignorance de sa vraie nature divine. En particulier la référence aux femmes comme autorité religieuse (avec existence ... L'hindouisme est d'autre part plus tolérant envers les autres idées.

Le Védanta reconnaît qu’il y a beaucoup d’approches différentes de Dieu, et toutes sont valides. N’importe quel genre de pratique spirituelle mène au même état de réalisation de soi. Ainsi, le Vedanta enseigne le respect de toutes les croyances et se distingue de la plupart des autres religions majeures par son fort encouragement à la tolérance envers ces différents systèmes de croyance.

En sanscrit védique, le mot Sindhu signifiait en particulier le fleuve Indus, mais aussi une rivière ou une étendue d'eau en général (par exemple, une mer ou un lac). Les Aryens appellent leur territoire Sapta Sindhu : la terre aux sept rivières (y compris l'Indus). Cette expression est attestée à plusieurs reprises dans le Rig-Veda. Le son phonétique /s/ de la branche indo-aryenne des langues indo-iraniennes (représentée par le sanscrit) est linguistiquement analogue avec le son /h/ de la branche iranienne (représentée par l'avestan et le persan ancien). Donc, le terme "Sapta Sindhu" est devenu Hapta Hindou en Avesta, l'écriture sacrée des Iraniens anciens (Vendidad : Fargard 1,18). Ainsi, l'Inde, à l'est de l'Indus, était appelée Hindustan, et ses habitants ont été appelés hindous par les Persans, puis à leur suite, par les Arabes. Enfin, le terme persan a été repris sous la forme « India » en grec, latin et anglais, et « Inde » en français. Le mot hindou, probablement en raison de l'influence iranienne — dans le sens de "gens d'Inde" — est utilisé dans quelques-uns des textes de sanscrit médiéval, comme le Bhavishya Purâna, Kâlikâ Purâna, Merutantra, Râmakosha, Hemantakavikosha et Adbhutarûpakosha. Aujourd'hui (et aussi en sanscrit ancien), la façon officielle de dire "Inde" en Hindi est Bhârat, et le nom de l'Inde est Bhârata.

L'hindouisme est appelé religion Aryenne (Arya Dharma), ce qui signifie religion noble. On trouve aussi le terme de Vaidika Dharma (la religion védique).

La tradition hindouiste

Il semble finalement assez hasardeux de véritablement définir le concept « hindouisme » tant il est complexe et multiforme. Il est donc préférable de cerner l'hindouisme par ses idées et ses pratiques. L'hindouisme existe aujourd’hui sur deux plans différents — le premier basé purement sur la foi et le second basé sur la philosophie. Souvent, les deux plans s’entrecroisent.


  • Le plan philosophique :

On compte traditionnellement six antiques astika ou écoles orthodoxes (car acceptant l’autorité des Vedas) de philosophie, ou shadarshana :

  1. Nyaya, le système de la logique de l'Inde,
  2. Vaisheshika, le système qui a proposé la théorie atomique pour la première fois,
  3. Sankhya, sytème de pensée fondé sur un dualisme entre l'esprit (Purusha) et la nature (Prakrit), qui fut à l'origine détaché des spéculations théologiques.
  4. Yoga, un système proche du Sankhya très diversifié et également tourné vers les aspects religieux, comme Dieu.
  5. Purva-Mimamsa (également appelé la Mîmâmsâ), sytème tourné autour de l'éclaircissement du Veda.
  6. Uttara Mimamsa — également appelé Vedanta, système centré sur la métaphysique et la nature mystique des Upanishads —.
Voir l' article détaillé philosophie indienne.

Les nâstika ou écoles non-orthodoxes—qui ne sont pas discutées dans cet article — sont le jainisme, le bouddhisme et le chârvâka, l'athéisme ancien classique de l’Inde qui réfute l’existence de l’âme ou âtman.


  • Le plan religieux :

Contrairement à la croyance populaire, l’hindouisme "vrai" n’est ni polythéiste, ni monothéiste. Certains concidèrent l’hindouisme comme une religion hénothéiste. Les diverses divinités et avatars adorés par les hindous sont considérés comme différentes formes de l’Un, le dieu suprême, ou Brahman, formes adoptées qui seules sont accessibles à l’homme (on prendra garde à ne pas confondre Brahman, l’être suprême et la source ultime de toute énergie divine, et Brahma, le créateur de notre univers particulier). Ce difficile chemin vers la connaissance suprême orthodoxe (inanamarga), prôné par les six écoles hindouistes, reste le privilège d'une élite intellectuelle restreinte, le croyant populaire mélangeant souvent tout ces courants de pensées ensemble. Toutefois, trois grands courants théistes de l'hindouisme se démarquent de façon relativement important dans toutes les couches de la population: le vishnouisme, le shivaïsme et le shaktisme. A l'intérieur de ces courants, de nombreuses écoles se sont développées, qui se différencient surtout par leur interprétation des rapports existant entre Être suprême, conscience individuelle et monde, ainsi que des conceptions ésotériques qui en dérivent. Les textes védiques (Veda-s, Upanishad-s etc)constituent une référence pour les trois courants, même si chacun d'entre eux les complète par les écrits (Purana-s, Gita-s etc)qui lui sont propres. Ces écrits ne s'excluent pas, car l'hindouisme admet la coexistence de voies différentes vers le salut. Le choix d'un courant n'implique donc pas le rejet des autres.

La Devi Sarasvati. Elle est (demi-)déesse de la connaissance, la science et la musique. Ici elle est montrée avec un paon, mais son véhicule est le cygne. [1]
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La Devi Sarasvati. Elle est (demi-)déesse de la connaissance, la science et la musique. Ici elle est montrée avec un paon, mais son véhicule est le cygne. [1]

Le brahmanisme, qui est la nouvelle forme de la religion védique (voir védisme), se divise en branches, elles-mêmes subdivisées en sectes :

  1. Le vishnouisme ou vaishnava qui se rapporte au culte de Dieu en tant que Vishnu ou l'un de ses avatars. Les Livres sacrés sont le Bhâgavata Purâna - souvent appelé Shrîmad-bhâgavatam - et la Bhagavad-Gîtâ.
  2. Le shivaïsme ou shaivisme qui se rapporte au culte de Shiva dont la Légende nous est rapportée dans le Shiva Purâna. La divinité Rudra des Vedas s'identifie avec Shiva.
  3. Le tantrisme, qui n'est pas religieux, se subdivise en deux ou trois branches selon les classifications et se rapporte à la réalisation de shakti, l'aspect "acte de prise de conscience" souvent associé à une forme de Devî, la déesse mère (Kâlî, Durga…—la secte est Shaktisme).
  4. Le smartisme, qui croit en seulement en un Dieu mais accepte le culte de quelque divinité comme un chemin pour adorer le Dieu.

Chacun de ces cultes se pratique avec les mêmes moyens philosophiques ou de yoga, ce sont leurs méthodes qui diffèrent. Ces dénominations ne devraient pas être considérées comme des "Églises", parce qu'il n'y a aucun dogme central dans l'Hindouisme, et les croyances individuelles sont toujours respectées. D'ailleurs, une importante majorité des hindous modernes peut ne pas se considérer comme appartenant à une dénomination précise. Il y a beaucoup de sectes réformatrices, comme l’Arya Samaj (lit., société des Aryens) qui adoptent le monothéisme, la seule croyance dans les Vedas et le rejet de l'idolâtrie.

Selon une estimation, les Vaishnava, constituent approximativement 80% des hindous d’aujourd’hui, ils adorent l’un des trois plus récents avatars — ou incarnations terrestres — de Vishnu comme déité principale. La majorité des 20% d'hindous restants sont des Shivaistes, qui adorent Shiva ; le reste se consacre à Shakti, Īshvarī ou la déesse ténébreuse Kâlî. Mais bien souvent, le croyant hindou possède chez lui les représentations de plusieurs de ces formes de Dieu (Īshvara).

Croyances et pratiques communes à l'Hindouisme

Bien que l'hindouisme soit la rencontre d'un ensemble de cultes, chaque hindou partage un tronçon de valeurs communes. La somme de ces valeurs identifie le croyant hindou.

Voir l’article glossaire de l'hindouisme.

Croyance de base

On peut dire que ce qui est commun à tous les Hindous est la croyance en Dharma (des fonctions et des engagements), Reincarnation (renaissance), Karman ( « actions  », signifiant une cause et son effet), et à un Moksha (libération) de chaque âme par une variété de chemins, tels que Bhakti (dévotion), Karma (action), Jñâna (la connaissance) ; et naturellement, Īshvara (le Dieu). La Reincarnation ou la transmigration de l'âme pendant un cycle de naissance et de mort, jusqu'à ce qu'elle atteigne Moksha, est régi par le karman. La philosophie du karman sur étend en avant les résultats des actions libre-voulues, qui laissent leur impression sur l'âme ou le soi, appelés comme âtman. La théorie selon laquelle on peut être converti à l'Hindouisme est contestable. En effet l'hindouisme reconnaît beaucoup de chemins à Dieu et donc, le mode de vie hindou n'est pas obligatoire pour les autres peuplades. Les gens qui avaient été convertis à une autre religion peuvent être reconvertis facilement. Pour un étranger, il dépend de la société hindoue s'il sera accepté comme Hindou ou pas. Une autre conviction intéressante est que, bien que la mythologie hindoue mentionne une classe d'êtres diaboliques (les démons, appelés Asuras ou Rakshasas), opposés aux esprits célestes (appelés Devas), la philosophie hindoue ne croit pas au concept central d'un Diable. L'existence de Satan, qui cause la malice, diffame la perfection et l'omnipotence de Dieu. Cela ne signifie pas que tout le mal dans le monde est attribué à Dieu, mais qu'il est attribué à l'ignorance humaine et donc au libre arbitre de pécher.

OM

Om (ou Aum) est le plus important symbole religieux de l'Hindouisme, il signifie l'Esprit Cosmique
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Om (ou Aum) est le plus important symbole religieux de l'Hindouisme, il signifie l'Esprit Cosmique

Om (ou Aum, ॐ) est le symbole le plus sacré de l'hindouisme, il est utilisé comme préfixe et parfois suffixe aux mantra-s et à toute prière hindoue. Il est empli d'un message symbolique profond : il est considéré comme la vibration primitive divine de l'Univers qui représente toute existence, entourant toute nature dans Une Vérité Ultime.

La nature de Dieu

Les Vedas dépeignent Brahman (prononcé comme /brəh mən/) comme la Réalité Ultime, l'Âme Absolue ou Universelle (Paramatman). Le Brahman est l'indescriptible, inépuisable, incorporel, omniscient, omniprésent, l'original, la première existence infinie, absolu, transcendant et immanent et l'éternel, et le principe ultime qui est sans un commencement, sans une fin, qui est caché dans tout et qui est la cause, la source, le matériel et l'effet de toute création connue, inconnue et pourtant arrivée — dans l'univers entier. Le Brahman (ne doit pas être confondu avec le divinité Brahmâ) est vu comme un panenthéistique Esprit Cosmique. La personnalité derrière le Brahman est connue comme Parabrahman (Le Brahman supérieur). Le Brahman peut être regardé sans les attributs personnels (Nirguna Brahman) ou avec les attributs (Saguna Brahman).

Peut-être, le meilleur mot dans l'hindouisme pour représenter le concept de Dieu est Ishvara (lit., le Seigneur Suprême). Dans la philosophie d’Advaita Vedanta, Ishvara est simplement la forme manifestée de Brahman sur l'esprit humain. Pour les hindous, Ishvara est plein de qualités favorables innombrables (Saguna Brahman). Il est omniscient, tout-puissant, perfectionné, juste, clément, glorieux, mystérieux, et pourtant plein d'amour. Il est le Créateur, le Dirigeant et le Destructeur de cet univers. Quelques-uns croient qu'il est infini et incorporel. En Vaishnavisme et Shaivisme, Saguna Brahman est uniquement regardé comme Vishnu ou Shiva — donc leurs partisans peuvent attribuer une forme anthropomorphique à Ishvara. Ishvara est aussi appelé comme Bhagavan en hindi moderne. Le pouvoir divin (ou l'énergie) de Dieu est incarné en une femelle ou Shakti. Cependant, le Dieu et l'énergie divine sont indivisibles, unitaires, et pareils.

Il réunit les trois divinités les plus importantes du panthéon hindou, AUM ce qui correspond à Brama Vishnou et Shiva. Il représente la consonne sacrée.

La multitude des divinités

La religion hindoue croit aussi en l'existence de plusieurs entités célestes qui sont appelées Devas (ou Dévas). Ces Devas sont souvent traduits en français par dieux (anglais: "gods"), mais il serait préférable de les appeler demi-dieux ou alors divinités, esprits célestes voire anges. Le féminin de deva est devî (ou dévî). Ce sont ces devas qui donnent à l'Occident cette image d'un hindouisme polythéiste. La question de la nature de ces devas peut être analysée selon ces trois points :

  1. Selon la philosophie de l’Advaita Vedânta, et certains passages de la Bhagavad Gîtâ, des Upanishads et des Vedas ; tous les devas sont les manifestations sous une forme mondaine du Seigneur Suprême (Îshvara) perçues par l'esprit humain. Donc, ils sont les manifestations multiples de l'Un Brahman dans la sphère de conception de l'esprit humain. Pour adorer Îshvara, le passionné conçoit une forme anthropomorphique de Dieu dans son esprit pour l'adorer avec amour et dévouement. Le Rig-Veda dit : ekam sat vipra bahudha vadanti — “Le Vrai Dieu est Un, bien que les sages s'adressent à lui par des noms multiples”. Ce point de vue est celui que considère strictement la secte de Smarta.
  2. Selon les philosophies du Nyâya, du Vaishéshika, du Yoga, de certains vers de la Shruti et de certaines pensées Shaivites et Vaishnavites; les devas sont ces êtres-célestes immortels qui sont subordonnés au Seigneur Suprême (Îshvara), mais sont au-dessus des humains. Ainsi, ce sont des anges qui président au-dessus des forces de la nature et servent de médium, comme Hermes entre Dieu et le monde mortel. Ils ont été créés par Dieu, dont dérivent leurs pouvoirs, et c'est sous son contrôle qu'ils œuvrent.
  3. Selon la philosophie de la Mimâmsâ, tous les devas et devîs sont les souverains des forces de la nature et Dieu Îshvara n'existe pas. Pour faire en sorte qu'une action désirée soit réalisée, les humains doivent plaire à un ou plusieurs de ces devas et doivent les adorer avec des rites rigoureusement codifiés. Ce genre de point de vue, proche d'un certain animisme, pourrait être considéré comme purement polythéiste, c'est celui que retiennent aujourd'hui quelques hindous issus des classes populaires, souvent analphabètes et superstitieux. C'est malheureusement la seule vision qu'a de l'hindouisme le monde occidental.

On ne doit pas confondre les termes Îshvara et devas. On considère qu'il existe 330 millions de Devas. Cela ne sous-entend pas que l'hindouisme a 330 millions de « Dieux ». Plus précisément, les écritures hindoues et la plupart des pensées Shaivites et Vaishnavites considèrent le devas comme une combinaison de deux premiers points de vue ; par exemple, Krishna est considéré comme Îshvara et tous les demi-dieux lui sont subordonnés, et simultanément, tous les demi-dieux sont vus comme les manifestations mondaines de Krishna. Mais la troisième conception n'est pas mentionnée dans les écritures.

Quelle que soit la nature des devas (aussi appelé dévatâs), ils sont une partie intégrale de la culture hindoue plurielle. Les 33 devas védiques incluent Indra, Agni, Soma, Varuna, Mitra, Savitr, Rudra, Prajâpati, Vishnu, Aryaman et les Ashvins ; les devîs importants étaient Sarasvatî, Ûshâ et Prithivi. Indra est traditionnellement appelé le roi des demi-dieux. Les Puranas louent la Trinité hindoue de Brahmâ, Vishnu et Shiva, c.-à-d., Trimûrti, symbolisant les aspects créateur, conservateur et destructeur d’un Dieu. Notez que Brahmâ, Vishnu et Shiva ne sont pas considérés comme des devas ordinaires, mais comme des Mahâdevas (grand-devas). Les Puranas louent aussi d'autres devas et les avatars -- tel que Ganesha, Hanuman, Rama, Krishna, etc. Les devîs, adorées comme la mère, incluent Lakshmî, et la plus importante, Durgâ ainsi que ses formes telles que Kâlî.

Considerez ceci — Un parallèle entre la Trimurti et la trinité chrétienne peut être établi (bien que le rapprochement théologique entre les traditions chrétiennes et hindoues soit difficile à affirmer): en effet, en Inde, on represente la divinité comme triple, on appelle ce principe la Trimurti dans le Panthéon hindou : Brahma, Vishnu et Shiva, sont trois aspects du divin tout comme l’onde et le photon sont deux aspects de la lumière. Brahma désigne symboliquement le créateur, Vishnu représente le conservateur et Shiva représente le destructeur dans le cycle de l'existence.
On se reportera à cet article pour plus de précisions.

Il est important de noter que la perception contemporaire de l'Hindouisme dépeint une religion monothéiste inclusive, dont les différentes divinités ne sont que les formes différentes d'un Dieu simple.

Le cycle de la vie

Comme toute religion, l'hindouisme a fondé sa foi sur un rituel funéraire particulier et sur une croyance de la mort originale. L'hindou croit en une vie après la mort — le corps n'étant qu'une enveloppe matérielle temporaire. Lorsque survient le moment de quitter la vie, l'âme ou l’âtman, sort du corps et peut enfin atteindre la libération ou mokshâ. Cependant, si son karman a accumulé le fruit de trop d'actes négatifs (les mauvaises actions), l'âtman s'incarne dans un nouveau corps sur une planète comme la terre (ou inférieure qui compose l'enfer), afin d'y subir le poids de ses mauvaises actions. Si son karman est positif, il ira vivre comme un dieu ou deva, sur l'une des planètes célestes (supérieures à la terre, ou paradis). Une fois épuisé son karman, l'âme retournera sur terre dans un autre corps au sein d'une caste. Ce cycle est appelé samsâra. Pour briser ce cycle perpétuel, l'hindou doit vivre de manière à ce que son karman ne soit ni négatif, ni positif, selon ce verset de la Bhagavad-Gîtâ (II.10) : « Ni les vivants, ni les morts et ni les divinités, le sage ne pleure ou pardonne. » Le yoga lui enseigne le moyen de parvenir à ce résultat, l'hindou ayant le loisir de choisir la méthode qui lui convient le mieux en fonction des écoles de philosophie indienne. Aujourd'hui, le croyant hindou, puisqu'il vit dans une époque matérialiste ou kaliyuga, préfère choisir la voie du bhakti-yoga ou de la dévotion. Lors de la mort l'esprit est séparé du corps. Le non-initié sera alors pris d'une irrésistible envie d'en retrouver un, ce qu'il fera. Par contre, l'initié saura trouver la porte de la libération.

Les quatre objets de la vie

En parallèle des quatre périodes de la vie hindoue, l'hindouisme considère qu'il existe quatre buts à l'existence ou purushârtha. Les désirs humains étant naturels, chacun de ces buts sert à parfaire la connaissance de l'homme puisque, par l'éveil des sens et sa participation au monde, il en découvre les principes. Cependant, l'hindou doit se garder d'en être charmé, sous peine d'errer sans fin dans le cycle du samsâra.

  1. Artha ou le profit : L'homme doit participer à la société en se créant un patrimoine et des relations qui seront le fruit de son travail. Il doit faire attention de ne pas se faire abuser par le charme d'une vie d'aisance, mais doit en retirer un enseignement. La période de Grihastha est propice au développement de ce but.
  2. Kâma ou le plaisir : Contrairement à la tradition chrétienne issue de l'Inquisition, le plaisir n'est pas perçu comme un mal: c'est un don de Dieu. Dans la mythologie, le dieu Amour, kâma est la source de la création. Les Kâmasûtra exposent les moyens d'exalter les sens et d'épanouir la vie de couple. Grâce aux plaisirs, le champ de connaissance s'élargit: l'acte d'amour en étant le paroxysme où l'homme et la femme ne se distinguent plus que dans le couple et recréent l'unité divine. Le plaisir doit être dirigé dans le but de la connaissance et ne doit pas devenir un mode de vie qui conduirait à accomplir des actes immoraux ou adharmique.
  3. Dharma ou le devoir : Le Dharma doit diriger toutes les quatre périodes de la vie hindoue. Le devoir permet à l'homme de poursuivre sa vie sur le droit chemin, en se conformant au droit et à la morale qui sont transcrits dans les Dharma-Sûtra ou le Manu-Samhitâ dit Lois de Manu.
  4. Moksha ou la délivrance : Durant les deux dernières périodes de la vie de l'hindou, celui-ci recherche le Moksha. Mais il s'agit surtout du but ultime de la vie de l'Hindou qui peut y parvenir selon différents moyens, comme le Batki-Yoga (voir philosophie indienne).

Le Swastika est le symbole même de ces quatre buts, les quatre Vedas et périodes de la vie. Ce signe, d'origine très ancienne, se retrouve dans de nombreuses civilisations et symbolise la révolution du soleil et les forces cosmiques. Les quatre branches symbolisent les objets et saisons de la vie qui convergent vers un même centre, le bindu. Ce point central qui représente l'éther (le cinquième élément en Inde) rayonne sur les quatre autres, ainsi que sur les points cardinaux, comme sur les buts et saisons de la vie humaine. Comprendre ce symbole et méditer dessus, permet de réaliser l'unité de l'univers et de Dieu.

La vie en société — Les quatre classes de la société

La société hindoue a été traditionnellement divisée en quatre grandes classes ou castes, basées sur la profession—les Brahmanes : les enseignants et les prêtres ; les Kshatriyas : les guerriers, les rois et les administrateurs ; les Vaishyas : les fermiers, les marchands, les gardiens de troupeau et les hommes d'affaires ; et les Shudras : les serviteurs et les ouvriers. Ces classes sont dénommées varna et le système a été appelé Varna Vyavastha. On ne sait pas vraiment si le système de varna est une partie intégrale de l'hindouisme ou pas, et s'il est strictement sanctionné par les écritures. Les textes de la Shruti font de très rares mentions de ce système, et restent assez flous. Les textes de la Smriti (y compris les Manusmriti) ont élaboré les règles de ce système. Précédemment, le système était seulement basé sur la profession (et le caractère), et il y a des douzaines d'exemples où les gens ont librement changé de profession et se sont librement inter-mariés.

Plus tard, (les historiens ne savent pas quand) ce système fut fixé sur la naissance. Ainsi, avec l'évolution de plusieurs sous-castes (avec une classe des intouchables hors du Varna Vyavastha), le système a évolué vers le système de castes comme nous le connaissons aujourd'hui. Avec la modernisation, les différences des castes s'estompent dans l'Inde moderne, mais les tensions et les préjugés restent persistants, surtout vers le Dalit, où la caste des « intouchables » existe toujours.

Le système des castes s'explique alors théologiquement ainsi : en Inde, on considère que la société est également organisée selon l'équilibre du dharma. Cette organisation permet l'harmonisation des rapports entre les hommes et de définir les actes qui leur incombent. Ce souci d'équilibre a une origine doctrinale, car elle répond de fait, à la symbolique des guna, ou qualités/saveurs. Aux trois Guna, correspondent trois couleurs (le noir, le rouge et le blanc) qui sont chacune associée à une caste. A l'origine, l'hindou ne naît pas dans une caste : il acquérera sa caste en fonction du rôle qu'il sera amené à jouer et des responsabilités qui lui reviendront. Beaucoup de textes mythologiques dénoncent l'usurpation au titre de brahmane de certains personnages qui, sous couvert de la naissance, profitaient d'un statut valorisant sans s'acquitter de leurs devoirs. Mais, à la suite des invasions comme de la colonisation britannique, la règle s'est reserrée au profit des castes dirigeantes, enfermant les sudra dans un statut de dominés par la société. Ce système qui nous paraît archaïque existe chez nous sous une autre forme : l'égalité des chances est d'ailleurs un concept inventé récemment dans le but avoué de rendre notre système actuel plus juste. En Occident, cependant, l'organisation de la société n'est pas dogmatique mais pratique. Le sentiment d'incompréhension de l'occidental sur ce mode d'organisation s'explique par une assimilation à l'ancien système féodal européen. On ignore souvent que ce système naturel et inné (voir La vie dans la Cité), que l'on retrouve dans le règne animal (fourmis, abeilles et les mammifères vivant en troupeau) et dans l'organisation familiale, est évolutif et qu'il s'adapte de fait avec la société suivante : que le système soit aristocratique, théocratique, prolétaire ou bourgeois, on retrouve une hiérarchie similaire qu'illustrent les crises et fractures sociales. Le système de caste basé sur la naissance, qui malheureusement existe en Inde moderne, n'éxistait pas dans l'Hindouisme Védique antique. Une hymne célèbre du Veda indique :

« je suis un poète, mon père est un médecin, le travail de ma mère est de moudre le blé...... » (Rig-Veda 9,112,3)

Il est possible d'être excommunié de sa caste, mais, pour cela, les fautes de l'individu doivent être relativement graves. En Inde, on reconnait cinq péchés majeurs ou mahâpataka, le plus grave étant le meurtre d'un brahmane, mais la consommation d'alcool, le vol, l'adultère avec la femme de son gouru et la protection de criminels sont également sévèrement punis. Perdre sa caste peut être douloureux pour un hindou, puisque vivre au sein d'une communauté soudée offre un certain nombre d'avantages et de protections.

Temples

Les temples hindous (les Mandirs) ont hérité des rites et des traditions riches et anciennes, et ont occupé un endroit spécial dans la société hindoue. Ils sont d'habitude dédiés à une divinité primaire, appelée la divinité présidant, et les autres divinités subalternes associées avec la divinité principale. Cependant, quelques mandirs sont dédiés aux divinités multiples. La plupart des temples majeurs sont construits par les agama-shastras et beaucoup sont des sites de pèlerinage. Pour beaucoup d'hindous, les quatre Shankaracharyas (les abbés des monastères de Badrinath, Puri, Sringeri et Dwarka — quatre des centres de pèlerinage les plus saints — et parfois un cinquième de Kanchi) sont regardés comme les quatre plus hauts Patriarches du Hindudom. Le temple est un endroit pour darshan (la vision de l'être-divin), puja, la méditation, et la congrégation religieuse (rarement) parmi les autres activités religieuses. Puja ou adoration, utilise fréquemment l'aide d'un mûrti (la statue ou l'icône dans laquelle la présence divine est invoquée) conjointement avec la chanson ou la prière sous forme des mantras. La vénération de ces Murtis est faite tous les jours dans un temple. Cette forme d'adoration d'icône et de temple, appelé la puja, fera partie intégrante du culte de la Bhakti. La plupart des maisons hindoues ont aussi une section consacrée pour l'adoration quotidienne des divinités avec les icônes et de méditation religieuses.

Ahimsâ (la non-violence), le régime végétarien et la vache

Ahimsâ est un concept qui recommande la non-violence et le respect pour toute vie, humaine et animale. Le terme ahimsâ apparaît pour la première fois dans les Upanishad-s et dans le Raja-Yoga, c'est le premier des cinq yamas, ou les vœux éternels, les restrictions du yoga.

Beaucoup d'hindous embrassent le végétarisme afin de respecter le plus de formes de vie possible. Même si le végétarisme n'est pas un dogme ou une condition, il est recommandé pour ses vertus purificatrices (« satva »), pour une hygiène de vie plus saine. D'après les estimations, 30% de la population hindoue suit un régime végétarien : surtout dans les communautés orthodoxes de l'Inde du sud, dans certains états du nord comme Gujarat (où l'influence des Jain est significative) et dans beaucoup d'ermitages de brahmanes et de Marwari-s (caste de Vaisha) et d'autres autour du sous-continent. Ce régime alimentaire est principalement fondé sur une nourriture à base de laitages et produits verts. Quelques-uns évitent même l'oignon et l'ail, étant considérés comme ayant des propriétés rajas, c'est-à-dire passionnelles.

Les hindous qui mangent la chair (le poulet, le mouton, le poisson et la chèvre) s'abstiennent d'une manière prédominante de consommer le bœuf, quelques-uns bannissent même l'usage de ses sous-produits comme le cuir (sous l'influence des Jains). La plupart des hindous regarde la vache comme le meilleur représentant de la bienveillance de tous les animaux — puisque elle est l'animal le plus apprécié pour son lait, elle est révérée comme une mère. Il n'est pas étonnant de constater que dans la plupart de villes saintes hindoues, il existe une interdiction de la vente de viande de bœuf (et parfois de toutes les viandes), et qu'une interdiction légale existe même sur l'abattage de vaches dans presque tous les états de l'Inde. La pratique rare de sacrifier des chèvres dans les temples pour la Mère-Déesse, comme d'autres animaux, disparaît à la suite de la critique des autres hindous.

Les écritures sacrées

Les écritures sacrées de l’Inde antique se classent grossièrement en trois catégories. Tout d’abord, il y a les Vedas, les écritures antiques de la religion védique de laquelle l’hindouisme moderne dérive. En second lieu, on trouve les écritures hindoues post-védiques. Enfin, il y a l'ensemble les écritures des mouvements dissidents comme le bouddhisme et le jainisme. Ceux-ci étaient en grande partie des réactions contre les Vedas, mais ils ont beaucoup emprunté aux deux premières, en terme d’enseignement et de conception générale de la vie. Nous discuterons ici seulement des deux premières catégories. En aucun cas ces écritures ne peuvent être considérées comme l'origine de la religion hindoue puisque les sources de l'hindouisme sont plus anciennes encore.

La Shruti : Les Veda

On s’accorde à penser que les Vedas sont les textes religieux les plus anciens au monde. Les Vedas sont considérés comme Shruti (indiqués) par les Hindous. On dit qu'ils sont indiqués par l'Esprit Suprême (ou Dieu) Brahman aux sages/scombres (rishis), tandis que les rishis étaient dans la méditation profonde. Les idées exprimées dans les Vedas ont été, tout d’abord, traditionnellement transmises oralement de père en fils et de professeur à disciple. Par la suite, ces idées, qui circulaient depuis longtemps, ont été codifiées et compilées par un sage appelé Vyasa (littéralement, le compilateur). Sur la base d’indices internes et externes, les chercheurs ont avancé diverses dates pour l’origine du Veda, s’étendant approximativement de 5000 av. J.-C. à 1500 av. J.-C..

Dans la vision hindoue traditionnelle, les Vedas seraient non personnels et sans commencement ni fin, ce qui signifie que les vérités décrites dans les Vedas sont éternelles et qu’elles ne sont pas des créations de l’esprit humain, ce en quoi elles diffèrent des enseignements du bouddhisme et du jainisme .

Il y a quatre Vedas : le Rig-Veda, le Yajur-Veda, le Sama-Veda et l’Atharva-Veda plus tardif. Le Rig-Veda contient des mantras pour invoquer les devas pour les rites de feu-sacrifice ; le Sama-Veda a des chants pour chanter là-bas ; le Yajur-Veda a des véritables instructions pour les sacrifices ; et le Atharva-Veda comprend des charmes philosophiques et demi-magiques (sic) — des charmes contre les ennemis, les sorciers, les maladies et les erreurs pendant le rite sacrifiant. Chacun est divisé en quatre sections :

  • Samhitâ : les mantras et les hymnes ;
  • Brâhmana : les textes liturgiques et de rituel ;
  • Âranyaka : la section théologique ;
  • Upanishad : la section spéculative.

Les Vedas sont pleins de mysticisme et d'allégories. Beaucoup d'écoles comme Smartisme et Advaitisme encouragent les gens à interpréter les Vedas philosophiquement et métaphoriquement, mais pas trop littéralement. Le son des mantras védiques est considéré comme « purifiant » par beaucoup d'hindous, cela implique donc la rigueur dans l'érudition de prononciation. La tradition orale rigoureuse de transmettre les Vedas a aidé dans sa préservation parfaite.

La religion védique, en particulier dans sa période archaïque, était différente de l’hindouisme actuel par de nombreux aspects, en particulier la référence aux femmes comme autorité religieuse (avec existence de femmes rishis), (sanskrit, rsi: sage), un manque apparent de croyance en la réincarnation, et un panthéon nettement différent, avec Indra comme chef des demi-dieux, et de rares mentions de la trinité postérieure de Brahma, Vishnou, et Shiva. Les Aryens ont exécuté des feux-sacrifices appelés yajña, avec le chant des mantras védiques, mais ils ne construisaient pas de temples, d'idoles ou d'icônes. Les animaux ont probablement été également sacrifiés dans quelques plus grands yajñas, comme réclamés par les textes bouddhistes et jain.

La Smriti : Les écritures hindoues post-védiques

Les Vedas sont désignés sous le nom de Shruti (ce qui est révélé). Les livres plus récents sont appelés Smriti (ce qui est rappelé ou mémoire/tradition). Tandis que la littérature shruti est écrite en sanskrit védique, les textes smriti sont en sanskrit classique (plus facile), et pour certains, en prâkrit, ou langue commune. Puisque accessible à tous, la littérature smriti a connu une grande popularité parmi toutes les couches de la société indienne, et ce dès le début. Aujourd’hui même, la plus grande partie du monde hindou est plus familière avec le smriti qu’avec la littérature shruti réservée (tardivement) à la caste dominante des brahmanes. La smriti correspond donc à la littérature populaire, et, en temps que telle, elle est théoriquement moins ardue que la shruti (la shruti remontant à l'aube de l'Inde c'est-à-dire à l'époque védique, est aujourd'hui, du fait de son langage et son vocabulaire, sujet à interprétation). La smriti (collection de 36 textes selon Paithina) est le pendant populaire de la shruti, à travers l'histoire des Dieux et des héros, elle instruit sur la pensée indienne. Les Shrutis prennent la priorité sur les Smritis dans n'importe quelle question de dispute mutuelle apparente.

La littérature smriti inclut :

  • les Itihâsas : les épopées comme Râmâyana, Mahâbhârata (avec sa partie, la Bhagavad-Gita),
  • les Purânas ou textes mythologiques au nombre de 18 pour les principaux,
  • les Âgamas, traités théologiques au nombre de 28 qui sont complétés par les Upâgama (Âgama mineurs) et
  • les Darshanas, textes philosophiques.

Les Dharmashâstras (ou livres de loi) font également partie du smriti. De temps en temps, apparaissent de grands législateurs (comme par exemple Manu, Yajnawalkya et Parasara) qui codifient les lois existantes et éliminent les règles désuètes pour s’assurer que la façon de vivre hindoue reste conforme à l’esprit védique tout en étant en accord avec le temps présent. Mais puisque la religion hindoue n'a pas de dogme, ces textes de Smriti ne sont pas obligatoirement suivis par la plupart des hindous. En fait, quelques personnes disent que les Britanniques ont popularisé le Manu-Smriti pour imposer un code uniforme de loi sur les hindous.

La philosophie hindoue décrite dans les épopées et les Puranas est la doctrine de l’avatar ou incarnation, partielle ou totale, d'un dieu en être d’humain. Les deux avatars principaux de Vishnou qui apparaissent dans les épopées sont Râma, le héros du Râmâyana, et Krishna, le protagoniste majeur du Mahâbhârata. À la différence des dieux de la Samhitâ védique et du concept abstrait de Brahman des Upanishads, qui parlent d'un dieu omniprésent et sans forme, les avatars de ces épopées sont des intermédiaires humains entre l’être suprême et les mortels.

Cette doctrine a eu un grand impact sur la vie religieuse hindoue, parce qu’elle montre que Dieu s’est manifesté sous une forme qui pourrait être appréciée même par le plus modeste des hommes. Râma et Krishna sont depuis des milliers d’années des manifestations du divin, aimées et adorées des hindous. Le concept du brahman des Upanishad est assurément le pinacle de la pensée religieuse indienne, mais le concept des avatars a certainement eu plus d’influence sur l’hindou moyen. Il est intéressant de noter que les hindous attachent plus d'importance à l'éthique et aux sens métaphoriques transmis par ces textes, qu'à la mythologie littérale.

La philosophie de l'Inde

L'hindouisme a comme particularité vis-à-vis des autres religions le fait qu'il soit intimement lié à la philosophie (ou Darshana) et à la science en général (sociale comme physique). Contrairement à l'Occident où les conflits furent nombreux entre les autorités religieuses et les savants, l'hindouisme assimile chaque découverte. Souvent, à la lecture d'un ouvrage qui traite d'un domaine particulier comme la mythologie (tel un purâna), les auteurs y ont distillé des informations sur la théologie, la philosophie, l'astrologie... Lire un purâna, c'est avant tout lire une encyclopédie (le Bhâgavata-purâna étant le meilleur exemple).

On trouve donc classiquement deux sortes de philosophies indiennes : les philosophies astika, qui suivent le Veda et les philosophies nastika qui, comme nous l'avons vu plus haut, sont le jainisme, le bouddhisme et le chârvâka, l'athéisme ancien, philosophies qui rejettent le Veda. Les philosophies hindoues de la Mimamsa, le Yoga et le Vedanta continuent à enrichir l'hindouisme aujourd'hui.

Purva-Mimamsa

L'objectif principal de l’école de la Purva("tôt")-Mimamsa (ou simplement appelé Mîmâmsâ) était d'établir fermement l'autorité des Vedas. Par conséquent, la contribution la plus marquante de cette école fut d'avoir formulé des règles d'interprétation des Vedas. Ses adhérents ont cru que cette vraie connaissance était évidemment prouvée, et ont essayé de découvrir la base du ritualisme védique par la raison. La Mimamsa forme la base du ritualisme (dans lequel les gens croient que les rites d'adoration des demi-dieux ont des pouvoirs inhérents) dans l'hindouisme moderne, qui apparaît parfois tout à fait polythéiste...

Yoga

Dans l'hindouisme, le Yoga est considéré comme étant la façon ultime d'atteindre les buts spirituels. Le yoga signifie l'union et est généralement interprété comme l'union avec le Dieu, ou l'intégration du corps, de la psyché et de l'esprit. Ses buts sont le moksha ou samadhi. Comme les Upanishad-s, le Yoga cherche la libération par la désunion de l'esprit (Purusha) avec la nature (Prakriti), par la méditation, par les exercices physiques et spirituels inspirés par une ferme conviction en Dieu (Ishvara). Ses postures sont considérées comme améliorant la santé.

Uttara-Mimamsa ou Vedanta

L’école Uttara-("later")-Mimamsa, appelée aussi Vedanta, est peut-être le pilier central de l'hindouisme et est certainement responsable d'un nouvel enseignement philosophique et méditatif, le renouvellement et la renaissance de l'hindouisme, et établit la fondation philosophique forte. Le concept du Brahman est extrêmement important en Vedanta. Bien qu'il y ait six sous-écoles, la plus célèbre est l'Advaita Vedanta fondé par Adi Shankara. La secte mondialement connue du Vaishnavisme, adorant Krishna, appelée l’ISKCON, suit une autre philosophie de Vedanta par Chaitanya Mahaprabhu — nommée « Achintya Bhedabheda ». Ils sont fortement en désaccord avec l'Advaita Vedanta.

Voir les articles détaillés philosophie indienne, yoga, vedanta et Advaita Vedanta.

L'hindouisme dans le monde

L’Inde, Maurice et le Népal sont des nations majoritairement hindouistes. Le Népal est le seul état dont la religion officielle est l'hindouisme.

L’Asie du Sud-Est a été largement hindouisée depuis le IIIe siècle. Il en reste un grand nombre de monuments, comme la ville-temple d’Angkor Vat au Cambodge ou les temples de l'île de Java en Indonésie, ainsi que la grande popularité des épopées du Mahabharata et du Ramayana. L'influence dans la danse est moins évidente. L’île indonésienne de Bali est ainsi restée essentiellement hindouiste. La culture javanaise est encore fortement imprégnée d'éléments indiens. L’Indonésie a comme armoiries nationales Garuda, le véhicule de Vishnou, qu'on retrouve également dans le nom de la compagnie aérienne nationale, Garuda Indonesia.

On trouve actuellement des minorités hindouistes importantes dans les pays suivants : le Bangladesh (11 millions), l'Indonésie (plus de 3 millions), le Myanmar (2,1 millions), le Sri Lanka (2,5 millions), les États-Unis (1,7 million), le Pakistan (1,3 million), l’Afrique du Sud (1,2 million), le Royaume-Uni (1,2 million), la Malaisie (1,1 million), le Canada (0,7 million), les Fidji (0,5 million), la Trinité-et-Tobago (0,5 million), le Guyana (0,4 million), les Pays-Bas (0,4 million) et le Surinam (0,2 million).

Controverses autour de l'Hindouisme

L'hindouisme est critiqué à cause de ses traditions sociales jugées régressives et passéistes, telles que la dot que les parents doivent assurer à la mariée, dot que la constitution indienne a par ailleurs rendu illégale, le rite funéraire de la satî — le suicide de la veuve sur le bûcher funéraire de son époux — et, bien sûr, le système de caste, choses par ailleurs condamnées par des réformateurs hindouistes tel que Ram Mohan Roy dès le XIXe siècle. Mais la plupart des hindous disent que ceci n'est pas l'essentiel de leur religion. Du point de vue des trois religions abrahamiques, l'hindouisme est également critiqué comme étant polythéiste et promouvant l'idolâtrie — qui sont de leur point de vue des actes impies. Le contre-argument hindou est que l'hindouisme n’est pas polythéiste (le "théisme monistique" ou "monisme" est plus juste), bien qu'il puisse présenter une apparence de polythéisme aux observateurs externes peu familiers avec sa philosophie. Aussi en ce qui concerne l'idolâtrie — qui est définie à partir du point de vue abrahamique et vue comme l'adoration d'un Dieu qui n'est pas conforme aux croyances occidentales — les accusations sont dues à la différence de point de vue. Les icônes ne sont pas adorées en tant que telles, comme le font les vrais idolâtres, mais sont des supports dévotionnels.

L'hindouisme est d'autre part plus tolérant envers les autres idées religieuses, les considérant plutôt comme autant de voies d'accès à la spiritualité. Pour l'hindou, il n'existe pas de fausses religions. De plus, on présente trop souvent en Occident l'hindouisme comme une religion où les « dieux et les déesses » ainsi que la mythologie ont un caractère fortement sexuel et violent — ce qui décrédibilise l'hindouisme et ses croyants. Les hindous condamnent fortement de telles interprétations : selon eux, c'est non seulement une analyse inexacte qui se soucie peu de comprendre le dharma hindou, mais aussi, pour d'autres, ces critiques, dans un contexte d'évangélisation par les autres religions de l'Inde (voir le voyage de Jean-Paul II en Inde) sont perçues somme une désinformation voulue afin d'éclipser le savoir hindou, de la connaissance mondiale actuelle auquel il a fortement participé (voir l'Inde et l'Occident).

Une autre critique est celle appelée Hindutva. Au XXe siècle, le patriotisme indien émergeant a commencé à valoriser l'hindouisme, dans l'opposition au Raj britannique, mais aussi par opposition à l'islam, et après l'Indépendance à propos des disputes territoriales avec le Pakistan. Cet hindouisme patriotique est généralement nommé Hindutva (« le fait d'être Hindou », qui paradoxalement n'est pas un mot formé du sanscrit, puisque « hindou » est un mot persan). Mais les frontières sont fluides ; la Cour Suprême indienne a légiféré dessus « le sens flou peut être attribué aux termes « hindou », « Hindutva » et « hindouisme » ; mais il ne se limite pas à la sphère étroite de la religion, qui exclut les idées de culture et l'héritage indien ». Un des desseins à court terme des fanatiques de l'Hindutva sera d'obliger la construction d'un temple de Râma sur le site de la mosquée Babri controversée, symbole de répression pour certains (dont les dômes ont été détruits par quelques fanatiques de l'Hindutva) à Ayodhya. Car Râma est, selon la tradition et d'après certains historiens, né sur ce site. Le Moghol qui administrait le lieu, Mir Baki, avait construit la mosquée Babri après avoir détruit un temple Vaishnavite commémorant ce lieu de naissance, pour la raison invoquée d'idolâtrie.

Voir aussi

Les Indianistes français

Les penseurs et philosophes indiens

Quelques enseignants et maitres spirituels indiens

Sources

Liens internes

Liens externes

Le Wiktionnaire possède une entrée pour « hindouisme ».


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