Dmitri Chostakovitch
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Naissance : | 25 septembre 1906 Saint-Pétersbourg (Russie) |
---|---|
Décès: | 9 août 1975 Moscou (Russie) |
Occupation : | Compositeur |
Dimitri Chostakovitch, Дмитрий Дмитриевич Шостакович (Dmitrij Dmitrievitch Chostakovitch) en russe écouter (Dmitri Schostakowitsch dans la transcription allemande) est un compositeur russe né le 25 septembre 1906 à Saint-Pétersbourg et décédé le 9 août 1975 à Moscou.
Sommaire |
[modifier] Biographie
Après avoir étudié le piano avec sa mère, elle-même musicienne professionnelle, Dimitri Chostakovitch entre en 1919 au Conservatoire de Petrograd, où il étudie le piano avec Leonid Nikolaiev et la composition avec Maximilien Steinberg. Manifestant des talents précoces, il signe dès 14 ans ses premières compositions (pour le piano), et en 1926, à l'âge de vingt ans sa première sonate, ainsi que sa première symphonie qui lui valent immédiatement une renommée internationale.
En 1927, le gouvernement lui commande une seconde symphonie pour commémorer l'anniversaire de la Révolution d'Octobre. La même année, il obtient un diplôme d'honneur au concours Chopin à Varsovie.
Tour à tour consacré et réprimandé, Dimitri Chostakovitch débute une carrière mouvementée, harcelé par le parti, et souvent dénoncé pour son conformisme (en fait, son non-conformisme). Il est obligé de faire allégeance à Staline, faisant son autocritique et tenant des propos officiels sévères, mais probablement dictés par d'autres, vis-à-vis des autres compositeurs de son temps. Il alterne œuvres de commande (deuxième et troisième symphonies) et pièces plus personnelles et beaucoup moins conventionnelles. Son opéra Le Nez, tiré d'un livret de Nicolas Gogol et créé en 1930, connaît ainsi un immense succès populaire, avant d'être critiqué et interdit, considéré comme le produit d'une bourgeoisie décadente. En 1934, son second opéra moderniste, Lady Macbeth de Mtsensk remporte également un grand succès en URSS et à l'étranger, mais à la suite d'une représentation à Moscou en présence de Staline, un article publié en 1936 dans la Pravda, intitulé « Le Chaos au lieu de la musique », condamne son travail, et les représentations sont alors arrêtées, Chostakovitch étant présenté comme un « ennemi du peuple ».
Obligé de faire des concessions Dimitri Chostakovitch compose alors ses symphonies n° 5 (1937), n° 6 (1939), n° 7 (1941) qui reçoivent l'aval du Parti communiste. Réhabilité en 1941, il est nommé professeur au Conservatoire de Leningrad et reçoit le Prix Staline pour son quintette avec piano. Mais en 1948, emporté par le tout puissant jdanovisme et son représentant Tikhon Khrennikov, il est, dans un premier temps, critiqué ouvertement (avec d'autres musiciens) lors d'une résolution du parti du 10 février 1948. Il doit faire alors, à plusieurs reprises, son autocritique et perd sa place de professeur, pour ne retrouver un poste qu'en 1961. Son fils Maxime est même contraint de le condamner publiquement.
Il reçoit néanmoins le prix international de la paix en 1953.
Dimitri Chostakovitch est à nouveau réhabilité en 1958, pendant la déstalinisation, et en 1966, il est le premier compositeur à recevoir le titre de Héros du travail socialiste. Il décède le 9 août 1975, des suites de plusieurs attaques cardiaques.
[modifier] La musique de Chostakovitch
Profondément marquée par une époque d'airain. Cette musique se voulait d'abord avant-gardiste, dépassant l'enseignement que lui a dispensé Scriabine. Une première période de création a abouti à des oevres au style recherché et original, comme sa première symphonie ou sa première sonate pour piano. Suite à la composition de ces oeuvres majeures au succes presque immédiat, il vécut une période moins productive.
Les oeuvres alors écrites sont actuellement moins connues (symphonies 2 et 3).
Ce n'est que par la suite qu'il commence à maîtriser son style dans diverses oeuvres. On citera notamment l'opéra Lady Macbeth de Mzensk. Cette oeuvre publiée en 1934 connût un succès immédiat. Cependant, le thème général de l'oeuvre (assasinat légitime d'un tyran) semblait déplaire à Staline qui assista a une des représentations. Un article hostile fut publié dans la Pravda, taxant (sans raisons valables) l'oevre de pornographique. Ce fut le début d'une lourde pression de l'appareil politique soviétique sur le compositeur. Par la suite pleuvent des critiques plus vives, en pleine terreur idéologique, l'artiste est accusé de composer de la musique élitiste, s'opposant ainsi au peuple. Ces critiques pouvaient s'avérer dangereuses.
Le compositeur subit alors des pressions, décide de composer la cinquième symphonie qui permette une réhabilitation de son image auprès de l'état soviétique. Cette symphonie reprend des motifs simples, en particulier dans son premier mouvement assez austère, et dans un finale où la solenité est poussée à l'extrême, peut être jusqu'au sarcasme contre la musique que l'on souhaitait lui voir composer. Cette symphonie fut un succès, considérée par le régime soviétique comme un retour du compositeur dans un "droit chemin".
Nous n'avons pas parlé de la quatrième symphonie, elle n'a été, en fait, publiée que 25 ans après sa composition. Son tempérament sombre, et son orchestration malhérienne en faisait une oeuvre que le compositeur ne pouvait librement publier à l'époque de sa composition (1935). Elle était, selon lui, composée "pour le tiroir".
A compter de ce moment, ses compositions apparaissent comme sombre, voire très noires, et résolument pessimistes. Sarcastique, grinçante, ou au contraire d'une limpidité et d'un classicisme tout ironique (ses œuvres de "réalisme soviétique" semblent être écrites d'une autre main), il se démarque nettement de ses contemporains par un ton qui ne pouvait que déplaire à la toute puissante propagande stalinienne. Dmitri Chostakovitch liera de profondes amitiés, avec notamment des musiciens comme David Oïstrakh, et Mstislav Rostropovitch, dédicataires de ses concertos pour violon et violoncelle.
On notera que plusieurs de ses quatuors ont été réorchestrés pour orchestre de chambre par Rudolf Barchaï ; ainsi, la symphonie de chambre opus 110bis n'est autre que le 8ème quatuor retravaillé par Barchaï.
Après avoir réalisé une réorchestration du Boris Godounov de Moussorgski (orchestration aujourd'hui oubliée depuis le retour des orchestrations originales de Moussorgski), Chostakovitch réalisera l'orchestration de référence de La Khovantchina du même Moussorgski.
Il aura composé 15 symphonies, 15 quatuors à corde, 2 concerti pour violon, 2 pour violoncelle, et 2 pour piano. Il s'intéressa également à la musique scénique et à la musique de film.
[modifier] Œuvres
[modifier] Œuvres orchestrales
[modifier] Symphonies
SYMPHONIES | ||||||||
Titre | Surnom | Tonalité | Opus | Composition | Mouvements | Orchestration | Durée | Dédicataire |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Symphonie n° 1 | fa mineur | 10 | 1924-1925 | 4 | Orchestre | 30 minutes | ||
Symphonie n° 2 | « Octobre » | si bémol majeur | 14 | 1927 | 2 | Orchestre, chœur | 20 minutes | 10e anniversaire de la Révolution d'Octobre |
Symphonie n° 3 | « Le 1er mai » | mi bémol majeur | 20 | 1929 | 4 | Orchestre, chœurs | 25 minutes | |
Symphonie n° 4 | ut mineur | 43 | 1935-1936 | 3 | Orchestre | 60 minutes | ||
Symphonie n° 5 | ré mineur | 47 | 1937 | 4 | Orchestre | 45 minutes | ||
Symphonie n° 6 | si mineur | 54 | 1939 | 3 | Orchestre | 30 minutes | ||
Symphonie n° 7 | « Leningrad » | ut majeur | 60 | 1941 | 4 | Orchestre | 75 minutes | |
Symphonie n° 8 | « Stalingrad » | ut mineur | 65 | 1943 | 5 | Orchestre | 60 minutes | |
Symphonie n° 9 | mi bémol majeur | 70 | 1945 | 5 | Orchestre | 25 minutes | ||
Symphonie n° 10 | mi mineur | 93 | 1953 | 4 | Orchestre | 50 minutes | ||
Symphonie n° 11 | « L'année 1905 » | sol mineur | 103 | 1957 | 4 | Orchestre | 60 minutes | |
Symphonie n° 12 | « L'année 1917 » | ré mineur | 112 | 1961 | 4 | Orchestre | 40 minutes | |
Symphonie n° 13 | « Babi Yar » | si bémol mineur | 113 | 1962 | 5 | Orchestre, basse, chœur | 60 minutes | |
Symphonie n° 14 | si mineur | 135 | 1969 | 11 | Orchestre à cordes, soprano, basse, percussions |
45 minutes | Benjamin Britten | |
Symphonie n° 15 | la majeur | 141 | 1971 | 4 | Orchestre | 45 minutes |
[modifier] Concertos
CONCERTOS | |||||||
Titre | Tonalité | Opus | Composition | Mouvements | Solistes | Durée | Dédicataire |
---|---|---|---|---|---|---|---|
pour piano | |||||||
Concerto pour piano, trompette et cordes (Concerto pour piano n° 1) |
ut mineur | 35 | 1933 | 3 | Piano, trompette | 20-25 minutes | |
Concertino en la mineur | la mineur | 94 | 1953 | Deux pianos | 8 minutes | ||
Concerto pour piano n° 2 | fa majeur | 102 | 1957 | 3 | Piano | 20 minutes | Maxime Chostakovitch |
pour violon | |||||||
Concerto pour violon n° 1 | la mineur | 77 | 1947-1948 | 4 | Violon | 35 minutes | David Oïstrakh |
Concerto pour violon n° 2 | ut dièse mineur | 129 | 1967 | 3 | Violon | 30 minutes | David Oïstrakh |
pour violoncelle | |||||||
Concerto pour violoncelle n° 1 | mi bémol majeur | 107 | 1959 | 4 | Violoncelle | 25 minutes | Mstislav Rostropovitch |
Concerto pour violoncelle n° 2 | sol mineur | 126 | 1966 | 3 | Violoncelle | 35 minutes | Mstislav Rostropovitch |
[modifier] Suites
- Suite n°1, pour orchestre de jazz (1934) 7'
- Suite n°2, pour orchestre de jazz (1938) 20'
[modifier] Musique de chambre
[modifier] Quatuors à cordes
Chostakovitch avait envisagé d'écrire en tout 24 quatuors à cordes, un dans chaque tonalité. Il mourra avant d'avoir mené à bien ce projet.
QUATUORS À CORDES | |||||||
Titre | Tonalité | Opus | Composition | Durée | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Deux pièces pour quatuor à cordes | 30b | 1931 | 8 minutes | ||||
Quatuor à cordes n° 1 | ut majeur | 49 | 1938 | 15 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 2 | la majeur | 68 | 1944 | 32 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 3 | fa majeur | 73 | 1946 | 33 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 4 | ré majeur | 83 | 1949 | 22 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 5 | si bémol majeur | 92 | 1952 | 30 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 6 | sol majeur | 101 | 1956 | 25 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 7 | fa dièse mineur | 108 | 1960 | 12 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 8 | ut mineur | 110 | 1960 | 19 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 9 | mi bémol majeur | 117 | 1964 | 26 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 10 | la bémol majeur | 118 | 1964 | 22 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 11 | fa mineur | 122 | 1966 | 15 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 12 | ré bémol majeur | 133 | 1968 | 27 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 13 | si bémol mineur | 138 | 1970 | ||||
Quatuor à cordes n° 14 | fa dièse majeur | 142 | 1972-1973 | 27 minutes | |||
Quatuor à cordes n° 15 | mi bémol mineur | 144 | 1974 | 37 minutes |
[modifier] Trios avec piano
- Trio n° 1 en ré mineur opus 8, pour violon, violoncelle et piano 13'
- Trio n°2 en mi mineur opus 67, pour violon, violoncelle et piano 24'
[modifier] Sonates
- Sonate n° 1 opus 12, pour piano 14'
- Sonate en ré mineur opus 40, pour violoncelle et piano 28'
- Sonate pour piano n°2 en si mineur opus 61 25'
- Sonate opus 134, pour violon et piano de concert 31'
- Sonate opus 147, pour alto et piano de concert 29'
[modifier] Discographie
Ses symphonies ont été défendues avec bonheur par de nombreux chefs d'orchestre, au premier rang desquels Kirill Kondrachine, Rudolf Barshaï, Guennadi Rojdestvensky, Bernard Haitink, Dmitri Kitayenko et Mariss Jansons qui ont réalisé des intégrales très réussies.
Dans les symphonies séparées, on pourra citer Kurt Sanderling (1, 5, 6, 8, 10 et 15), Evgeni Mravinski (5 à 12), Karel Ancerl (5, 10), Herbert Kegel (1), Leonard Bernstein (1, 5, 6, 7 et 9) ou Leopold Stokowski (5 et 11).
[modifier] Lien interne
- Liste des œuvres de Dmitri Chostakovitch (classement chronologique)
[modifier] Liens externes
Portail de la musique classique – Accédez aux articles de Wikipédia concernant la musique classique. |