Western
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Le western est un genre cinématographique dont l'action se situe en Amérique du Nord lors de la conquête de l'Ouest. Il se situe dans le registre du film historique, bien qu'il appartienne au domaine de la fiction.
- Cet article décrit également comment ce genre influença la bande dessinée.
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[modifier] Au cinéma
![Le paysage typique du western : Monument Valley](../../../upload/shared/thumb/5/55/Monument_valley_ArM.jpg/350px-Monument_valley_ArM.jpg)
Apparu dès les premières années du cinéma muet, le western, genre essentiellement lié au cinéma américain, est à son apogée des années 1930 aux années 1960, dates entre lesquelles la très grande majorité d'entre eux ont été produits. Si nombre de westerns sont alors confiés à des réalisateurs de "séries B" (Budd Boetticher, Ray Enright, Samuel Fuller...), plusieurs grands noms de l'histoire du cinéma s'y illustrent : Robert Aldrich, Michael Curtiz, Cecil Blount De Mille, Edward Dmytryk, John Ford, Howard Hawks, Fritz Lang, Anthony Mann, Nicholas Ray, King Vidor, Raoul Walsh, William Wellman..., donnant au genre ses lettres de noblesse.
Dans les années 1960, le genre perd de la vitesse aux États-Unis, les grandes productions, en dépit de budgets de plus en plus importants, ne parvenant à enrayer le déclin. Le renouveau du western vient alors paradoxalement d'Europe, avec le réalisateur italien Sergio Leone qui lui insuffle une nouvelle jeunesse avec ce qui deviendra le western spaghetti. Faisant la synthèse d'influences multiples (les truands caricaturaux viennent tout droit de la série B américaine, comme par exemple Sept hommes à abattre de Budd Boetticher, la théâtralisation des situations porte la marque des films d'Akira Kurosawa, Sergio Leone pillant le scénario de Yojimbo pour réaliser l'un de ses premiers films : Pour une poignée de dollars, 1964, sans le mentionner au générique, ce qui déclencha un mini-scandale au Festival de Cannes) le réalisateur italien établit les codes et usages de cette sous-catégorie en réalisant quelques uns des meilleurs films du genre, bientôt dévoyé dans de multiples productions vite oubliées. Le "western spaghetti" divise les spectateurs, entre ceux qui en louent le comique grinçant, et les zélateurs du western américain pour qui il n'est qu'une médiocre parodie.
D'autres productions européennes (en Espagne, en Tchécoslovaquie, en France même où l'on vit Fernandel à cheval) montrent l'universalité du western.
Aux États-Unis, plus récemment, des réalisateurs comme Clint Eastwood ou Sam Peckinpah, ont réalisé des westerns dits "crépusculaires", où l'héroïsme manichéen des premiers cow-boys a cédé la place à des personnages ambivalents, qui s'affranchissent sans difficulté de la frontière ténue entre le bien et le mal. Les dernières grandes réussites du genre, Pat Garrett et Billy the Kid de Sam Peckinpah en 1973 et Impitoyable de Clint Eastwood en 1992, dressent paradoxalement un constat d'échec et d'impasse du western.
Plusieurs acteurs ont connu la gloire ou tout simplement lancé leur carrière grâce au western. On peut citer parmi eux Gary Cooper, Henry Fonda, John Wayne, James Stewart, Randolph Scott, Clint Eastwood ou Kevin Costner. Certains, comme Karl Malden ou Lee Marvin y incarnèrent avec succès de sordides crapules.
On reproche souvent au western de propager une vision blanche de l'Amérique. Dans les films des premières décennies, en effet, les Amérindiens sont le plus souvent représentés de façon caricaturale, comme des êtres cruels et sans intelligence dont le bon cow-boy doit se débarrasser. Par son manichéisme, le genre a longtemps servi de justification au génocide des Indiens d'Amérique, mais, dès 1925 avec La Race qui meurt (The Vanishing American, de George B. Seitz), ils sont montrés comme des victimes de la Conquête de l'Ouest. Suivront, dans les années 1950, plusieurs westerns qui s'attachent à réhabiliter les Indiens ou montrer les difficultés d'"amours mixtes" : Au-delà du Missouri de William Wellman, La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d'Anthony Mann, tous sortis en 1950 sont les précurseurs de films qui s'avèrent progressivement de plus en plus engagés en faveur des Indiens, comme La Dernière chasse de Richard Brooks (1955), les Cheyennes de John Ford en 1964, Soldat bleu de James Nelson, en 1970, Little Big Man d'Arthur Penn, jusqu'à Danse avec les loups de Kevin Costner en 1990. Ces films portent aussi la marque d'un panthéisme parfois naïf, mais souvent lyrique et inspiré (Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, 1972), qui est aussi un des éléments fondateurs du mythe, celui de la difficile osmose entre l'homme et la nature (La Captive aux yeux clairs, d'Howard Hawks, 1952).
Le manichéisme apparent est souvent l'articulation de l'action (le bon shérif contre les bandits, les cultivateurs contre les éleveurs, les gens de la ville contre ceux du cru, l'homme de loi contre le shérif véreux, l'armée contre les civils, etc.), mais elle permet de ce fait de toucher à l'universalité des situations, ce qui a contribué à populariser le genre au-delà de son territoire d'origine. Si certains acteurs (Gary Cooper, Henry Fonda, John Wayne) incarnent presque systématiquement la panoplie du redresseur de torts, bien vite d'autres acteurs endosseront un costume plus ambigu, comme Richard Widmark, Kirk Douglas ou Joel Mc Crea. Partagé entre fascination et répulsion, le western met aussi en scène la violence de manière ambivalente, comme le soulignent le sadisme de Wilson (Jack Palance dans Shane et plus encore le rapport fétichiste aux armes et à leur pouvoir qu'entretiennent les protagonistes de Warlock (L'Homme aux colts d'or) d'Edward Dmytryk]] (1959).
Le système du western repose essentiellement sur le concept américain de frontier que le mot français frontière traduit imparfaitement (la ligne-frontière correspond à boundary alors que la frontier est la limite de l’écoumène, marquée par l'esprit pionnier et une loi très relative). Le Far West (ouest lointain) est considéré comme une terre aride, hostile, où la loi n'a pas encore réussi à s'imposer. Ces idées, constitutives du western, ont souvent été réutilisées par ailleurs au cinéma, souvent dans le film policier (Assault de John Carpenter est le remake de Rio Bravo d'Howard Hawks), ou de science-fiction (Outland reprend la trame du Train sifflera trois fois), soit carrément à l'échelle d'une série telle que Star Trek.
Enfin, il faut noter la grande perméabilité du western aux autres genres du cinéma. Il y a ainsi des westerns contemporains (Un homme est passé de John Sturges ou Seuls sont les indomptés de David Miller), des westerns en forme de comédies musicales (La Kermesse de l'Ouest de Joshua Logan), des westerns comiques (Go West avec les Marx Brothers) ou proches du film noir : La Fille du désert (Colorado Territory, 1949) de Raoul Walsh est le remake de La Grande évasion (High sierra, 1949) du même réalisateur, un des classiques du genre avec Humphrey Bogart. Pour les réalisateurs hollywoodiens, le western constituait un passage obligé, comme le rappelait Fritz Lang et... même pour les acteurs, certains n'hésitant pas à passer derrière la caméra, comme Marlon Brando avec La Vengeance aux deux visages ("One-Eyad Jacks", 1961), John Wayne avec Alamo (1960) et, bien sûr, Clint Eastwood.
[modifier] Curiosité
Giacomo Puccini a composé un opéra-western : La Fanciulla del West.
[modifier] Origines et mythe
Du Dernier des Mohicans de Fenimore Cooper aux romans de Gustave Aimard ou de Karl May, le western a d'abord des origines littéraires. Il puise aussi dans l'histoire de l'Amérique elle-même, glorifiant l'épopée des pionniers ou évoquant la douloureuse Guerre de Sécession, sans négliger les Guerres indiennes. Surtout, le western mythifie certains personnages qu'il fait entrer dans la légende : Jesse James, Billy the Kid, Calamity Jane, Buffalo Bill... Certains, comme Wild Bill Hickock sont encore vivants au moment où des réalisateurs comme John Ford font leurs débuts, transmettant ainsi leur histoire et leur expérience à ceux qui mettront en images un West qui combine légende et réalité. A la fin de L'Homme qui tua Liberty Valance, une phrase résume l'essence du western : "Quand la légende devient réalité, imprimez la légende !"
[modifier] Quelques westerns célèbres
[modifier] Les classiques
- 1903 : The Great Train Robbery (le premier western) de Edwin S. Porter.
- 1930 : La Piste des géants (The Big trail) de Raoul Walsh, avec John Wayne.
- 1937 : Une aventure de Buffalo Bill (The Plainsman) de Cecil Blount De Mille, avec Gary Cooper et Jean Arthur.
- 1939 : La Chevauchée fantastique (Stagecoach) de John Ford, avec John Wayne.
- 1939 : Pacific Express (Union Pacific) de Cecil B. de Mille, avec Barbara Stanwyck.
- 1941 : La Charge fantastique (They died with their boots on) de Raoul Walsh avec Errol Flynn.
- 1944 : Buffalo Bill de William A. Wellman avec Joel McCrea et Maureen O'Hara.
- 1946 : La Poursuite infernale (My Darling Clementine) de John Ford avec Henry Fonda.
- 1946 : Duel au soleil (Duel in the sun) de King Vidor, avec Gregory Peck et Jennifer Jones.
- 1948 : La Rivière rouge d'Howard Hawks, avec John Wayne et Montgomery Clift.
- 1950 : La Flèche brisée de Delmer Daves, avec James Stewart.
- 1950 : Winchester '73 d'Anthony Mann, avec James Stewart.
- 1950 : Les Furies (The Furies) d'Anthony Mann, avec Barbara Stanwyck.
- 1951 : L'Ange des maudits (Rancho notorious) de Fritz Lang avec Marlene Dietrich et Mel Ferrer.
- 1952 : L'Appât (The naked Spur) d'Anthony Mann, avec James Stewart et Janet Leigh.
- 1952 : Le train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann Avec Gary Cooper, Grace Kelly.
- 1953 : Johnny Guitare (Johnny Guitar) de Nicholas Ray avec Joan Crawford et Sterling Hayden.
- 1953 : L'homme des vallées perdues (Shane), de George Stevens, avec Alan Ladd, Jack Palance. Clint Eastwood en fit un remake en 1985 : Pale Rider.
- 1954 : L'Homme de la plaine (The Man from Laramie) d'Anthony Mann avec James Stewart, Arthur Kennedy.
- 1954 : Vera Cruz de Robert Aldrich, avec Burt Lancaster et Gary Cooper.
- 1954 : Quatre étranges cavaliers (Silver Lode) d'Allan Dwan.
- 1954 : La Rivière sans retour d'Otto Preminger avec Marilyn Monroe et Robert Mitchum.
- 1955 : La Rivière de nos amours (The Indian fighter) d'André de Toth, avec Kirk Douglas.
- 1956 : La Prisonnière du désert (The Searchers) de John Ford avec John Wayne, Vera Miles.
- 1957 : Règlement de compte à OK Corral (Gunfight at the O.K. Corral) de John Sturges avec Burt Lancaster, Kirk Douglas, Rhonda Fleming.
- 1957 : Quarante Tueurs (Forty Guns) de Samuel Fuller avec Barbara Stanwyck.
- 1957 : 3 H 10 pour Yuma de Demer Daves avec Glenn Ford.
- 1959 : Rio Bravo de Howard Hawks avec John Wayne, Dean Martin, Walter Brennan.
- 1959 : L'Homme aux colts d'or (Warlock) d'Edward Dmytryk avec Henry Fonda, Richard Widmark, Anthony Quinn.
- 1960 : Les Sept Mercenaires (The Magnificent Seven) de John Sturges avec Yul Brynner, Eli Wallach, Steve McQueen. Remake des Sept samouraïs d'Akira Kurosawa.
- 1961 : L'Homme qui tua Liberty Valance de John Ford, avec John Wayne, James Stewart, Lee Marvin.
[modifier] Les spaghetti
- 1964 : Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari) de Sergio Leone avec Clint Eastwood, Gian Maria Volontè.
- 1965 : Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più) de Sergio Leone avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volontè.
- 1966 : Le Bon, la brute et le truand (Il Buono, il brutto, il cattivo, il (sic) de Sergio Leone avec Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van Cleef
- 1966 : Django de Sergio Corbucci avec Franco Nero
- 1968 : Le Grand Silence (Il Grande silenzio) de Sergio Corbucci avec Jean-Louis Trintignant, Klaus Kinski
- 1969 : Il était une fois dans l'Ouest (Once upon a time in the West) de Sergio Leone avec Charles Bronson, Henry Fonda, Claudia Cardinale, Jason Robards.
- 1973 : Mon nom est personne (Mio nome é nessuno) de Tonino Valerii et Sergio Leone avec Henry Fonda, Terence Hill
[modifier] Les tentatives de retour
- 1985 : Silverado de Lawrence Kasdan avec Kevin Costner, Kevin Kline, Scott Glenn, Danny Glover, Jeff Goldblum, Rosanna Arquette.
- 1995 : Mort ou vif (The Quick and the Dead) avec Sharon Stone et Leonardo DiCaprio
[modifier] Les "fossoyeurs"
Il faut d'abord signaler le rôle décisif de Robert Aldrich dans le "dynamitage" des codes du western (comme il le fit pour d'autres genres) avec la sortie de Vera Cruz en 1954. Le cynisme et l'ambivalence de nombre de westerns crépusculaires comme de leurs cousins "spaghetti" proviennent en grande partie de ce film où Burt Lancaster arbore un sourire d'une blancheur aussi parfaite que son âme est noire.
- 1969 : La Horde sauvage (The wild bunch)de Sam Peckinpah avec William Holden, Robert Ryan, Warren Oates, Ernest Borgnine. La violence congénitale de l'Amérique et le désarroi de ceux qui la portent face à l'irruption de la modernité (l'automobile) qui signe la fin irrémédiable des cow-boys.
- 1971 : John McCabe de Robert Altman avec Warren Beatty, Julie Christie. Des aventuriers minables (joueurs de cartes, maquereaux...) qui renversent l'épopée fordienne.
- 1973 : Pat Garrett et Billy the Kid de Sam Peckinpah avec Kris Kristofferson, Bob Dylan, James Coburn.
- 1980: La Porte du paradis (Heaven's gate) de Michael Cimino, avec Kris Kristofferson et Isabelle Huppert. Un film qui montre comment l'Amérique s'est constituée de violence et de racisme sous fond émergent de lutte des classes.
- 1992 : Impitoyable (Unforgiven) de et avec Clint Eastwood
- Western est par ailleurs un road movie français de Manuel Poirier sorti en 1997.
[modifier] Bandes dessinées
On compte aussi de nombreuses bandes dessinées dont l'action se situe à la même époque et qui peuvent donc se rapporter au genre western. Il est à noter que nombre d'entre elles s'inspirent directement de westerns qui leur sont antérieurs :
- La série Lucky Luke, par Morris. Conçue comme une parodie, la série des Lucky-Luke caricature à l'extrême certains films ou personnages. Ainsi Le Juge Roy Bean est déjà présent dans The Westerner de William Wyler (1937) où l'on voit d'ailleurs du whisky versé maladroitement dissoudre le métal d'un bar (gag fréquent chez Morris). En remontant le Mississipi s'inspire du film de John Ford Steamboat Round the Bend (1935), tout comme Des Barbelés dans la prairie prolonge la trame de L'Homme qui n'a pas d'étoile (Man without a star) de King Vidor (1954) ; Dalton city reprend l'idée d'une ville tenue par des hors la loi pour des hors la loi présente dans Kansas en feu de Ray Enright (1950). Dans La Diligence, le prêcheur dissimulant des révolvers dans sa bible doit beaucoup au Robert Mitchum de Five card stud (Henry Hathaway, 1968). La reprise la plus célèbre est celle de Phil Defer où le tueur incarné par Jack Palance dans Shane est presque plus ressemblant que l'original.
- La série Comanche, par Hermann et Greg ;
- La série Buddy Longway, par Derib, qui affiche une évidente parenté avec Jeremiah Johnson ;
- Le tome 1 de la série Lapinot, Blacktown, par Lewis Trondheim ;
- La série Blueberry, par Jean-Michel Charlier et Jean Giraud. Dès le début de la série, l'inspiration du western hollywoodien est visible, du personnage de Quanah qui ressemble fort à L'Aigle solitaire (Drumbeat) incarné par Charles Bronson dans le film de Delmer Daves (1954) jusqu'au scénario de Rio Bravo qui sous-tend L'Homme à l'étoile d'argent. La série consacrée au cheval de fer s'inspire de Seul contre tous de Jesse Hibbs (Rails into Laramie, 1954), tandis que celle qui culmine avec Ballade pour un cercueil compile des influences aussi diverses que John Sturges (Le Trésor du pendu - The Law and Jack Wade, 1958), Sam Peckinpah (Major Dundee, La Horde sauvage) et… le western spaghetti ;
- La série Bouncer, par Alejandro Jodorowsky et François Boucq ;
- La série Hiram Lowatt & Placido, par Christophe Blain et David B..
- Les Tuniques bleues, par Lambil & Raoul Cauvin
- Chinaman, par Serge Le Tendre et Olivier Taduc
[modifier] Bibliographie
- Le Western, sources, mythes, auteurs, acteurs, filmographies, sous la dir. de Raymond Bellour, Union générale d'Editions, Paris, 1966
[modifier] Liens internes
- La liste des westerns
- L'histoire des États-Unis d'Amérique
- Le Western des débuts aux années 70
- Ouest américain
- Cow-boy
- Le site Western Movies consacré au genre
[modifier] Liens externes
- (fr) Un article très complet sur Clint Eastwood et le western
- (fr) Un site consacré au western cinématographique avec un forum très complet
- (fr) Critique de westerns
- (fr) Liste documentée de westerns
- (fr) Le western.com : une base de données unique sur Internet, avec des photos et affiches en prime
- (fr) 100 ans de western
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