Michèle Arnaud
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Michèle Arnaud, née Micheline Caré à Toulon le 18 mars 1919 et décédée à Maisons-Laffitte (Yvelines) le 30 mars 1998, est une chanteuse, productrice et réalisatrice française. Elle a été inhumée le 18 septembre 1998 au cimetière du Montparnasse. Elle est la mère du chanteur Dominique Walter.
Elle a été nommée chevalier de la Légion d'honneur et officier des Arts et Lettres.
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[modifier] Biographie
Après un passage à Cherbourg, elle est à Paris où elle suit des cours à la faculté des lettres et de droit à l'École Libre des Sciences politiques. Elle obtient deux certificats de licences de philosophie. Parallèlement, elle fréquente avec assiduité des cabarets tels que Le Tabou et La Rose Rouge.
[modifier] La Lady du Milord
C'est en 1952 qu'elle débute dans la chanson au Milord l'Arsouille en interprétant notamment L'Île Saint-Louis, sur une musique de Léo Ferré et des paroles dont l'auteur, Francis Claude, n'est autre que son mari et le directeur dudit cabaret. Elle obtient ensuite le Prix de la Chanson de Deauville avec Tu voulais. En 1956, elle représente le Luxembourg au Concours Eurovision de la chanson où elle arrive en seconde position avec les deux titres (règlement de l'époque), Ne crois pas de Christian Guitreau et Les Amants de minuit, paroles de Jacques Lasry et musique de Simone Laurencin.
En 1957, elle est devenue la vedette permanente du Milord l'Arsouille. Dans son tour de chant, elle est accompagnée au piano par Jacques Lasry et, à la guitare, par un certain Serge Gainsbourg qui est, le reste du temps, pianiste d'ambiance dans ce cabaret. Elle découvre par hasard et stupéfaite que ce Gainsbourg a déjà écrit plusieurs chansons que personne n'interprète telles que Défense d'afficher et La Recette de l'amour fou. C'est sous son impulsion et celle de Francis Claude que Gainsbourg montera immédiatement sur la scène du Milord pour chanter ses compositions. Elle sera aussi sa première interprète en enregistrant, dès l'année suivante, plusieurs de ses œuvres.
La vocation d'Arnaud est d'être l'interprète de textes d'auteurs, de Ferré à Vian tout en révélant de nouveaux talents comme Gainsbourg. Peut-être à cause de ses exigences et malgré ses passages dans des music-halls populaires comme l'Olympia dont elle est la vedette américaine en 1959 ou Bobino où elle est tête d'affiche en 1961, Michèle Arnaud conservera pendant toute sa carrière l'étiquette de « l'intellectuelle de la chanson ».
On devine un esprit littéraire curieux et insatiable, privilégiant, de ce fait, le texte. Mais elle peut « craquer » pour la mélodie. Ainsi, son subtil sens artistique ne la fait pas hésiter à reprendre les œuvres de compositeurs qu’elle pressent être des « grands » de son siècle : Yesterday (Je croyais) de Lennon / McCartney, Green leaves of summer (Le Bleu de l’été) de Dimitri Tiomkin ou encore Samba de una nota so (Chanson sur une seule note) d’Antonio Carlos Jobim. Sans oublier celles de son auteur-compositeur fétiche qu’elle révéla et qu’elle ne cessa de « couver » (réciproquement, il lui voua son inébranlable fidèlité d’auteur) tout au long de sa carrière, Serge Gainsbourg, dont elle reprend « Ne dis rien » (magistralement orchestrée avec une débauche de guitares électriques, ce qui étonna) de la comédie musicale Anna qu’elle produisit courageusement.
Elle s’empare parfois de textes d’auteurs inconnus (Robert Ardray) ne serait-ce que pour jubiler en fustigeant, par exemple, les nantis du côté de Neuilly-Auteuil-Passy lorsqu’elle joue (plus vraie que nature) à la grande bourgeoise désabusée qui confie ses « soucis » à son coiffeur « Angelo » :
- Angelo, vite mon coup de peigne,
- Je vais être en retard à l'opéra,
- Je vais entendre La Callas ce soir,
- Oh ! Je déteste l’opéra, mais que voulez-vous,
- Les places sont si chères,
- On ne peut pas ne pas y aller…
Trublion, voire anarchiste, elle se délecte avec les textes de Boris Vian et de Maurice Vidalin engageant les filles à se faire radeuses au bois plutôt que de se marier ou son contraire, jeter leurs jupes par-dessus les moulins mais seulement après s’être « rangées », être devenues de respectables « femmes d’imbéciles » (Ne vous mariez pas les filles, Julie).
Parallèlement et infatigablement, elle explore la chanson dans tous des états : poétique, cinématographique, théâtral et littéraire (Hadjidakis, Apollinaire, Varda, Giraudoux, Dimey, Aymé). On comprend qu’elle n’ait pas touché un public populaire, à défaut de public tout court, en le déroutant incessamment. Elle demeure l’interprète inclassable dont la priorité était sûrement de dénicher coûte que coûte des auteurs novateurs tant que son nom de chanteuse pouvait les soutenir, plus que de faire une carrière dans la chanson car un chanteur inconnu n’a guère de pouvoir pour promouvoir ses auteurs. On le comprend d’autant mieux quand on voit comment elle a insensiblement glissé vers la production télévisuelle en lançant réalisateurs originaux et émissions décapantes, dépoussiérant la télévision de papa comme elle a dépoussiéré la chanson des années 1950. Plus que « l’intellectuelle de la chanson », le qualitatif qui lui conviendrait mieux serait « l’intelligence de la chanson »…
[modifier] Une intellectuelle créative
Arnaud, dénicheuse de talents à la scène, lancera également des artistes comme Guy Béart ou les duettistes Noiret et Darras.
Elle a l'idée de créer une scène qui irait au devant du public en se déplaçant partout en France et cela devient, en 1964, sous le parrainage de Brassens et Brel, « Le Music-hall de France » qui se joindra aux pérégrinations des Tréteaux de France de Jean Danet.
Innovatrice, elle produira à la télévision des émissions d'un ton nouveau telles que Les Raisins Verts en 1963 puis Tilt Magazine à partir de 1966, émissions qui marqueront leurs époques et révèleront des réalisateurs et présentateurs comme Jean-Christophe Averty et Michel Drucker.
C'est elle encore qui, avec Pierre Bourgoin, produira la première comédie musicale à la télévision, Anna, œuvre de son auteur fétiche, Serge Gainsbourg (1967).
[modifier] Artiste et littéraire
Elle trouvera plus tard sa vraie dimension en se spécialisant dans la production de documentaires artistiques comme Les Tendances de l'Art au 20e siècle ainsi que des portraits littéraires (Maurice Clavel, Jean Dutourd, Jean d'Ormesson). Avec sa propre société de production, elle réalisera ensuite un film sur Henry Miller d'une portée internationale.
[modifier] Discographie
[modifier] Compilations
- Gainsbourg chanté par... - 2 CD EMI Music France 854067-2 (1996 et réédition en juin 2006) - Intégrale des chansons de Serge Gainsbourg interprétées par Michèle Arnaud (CD 1) :
- La Recette de l'amour fou - 1958
- Douze belles dans la peau - 1958
- Jeunes femmes et vieux messieurs - 1958
- La Femme des uns sous le corps des autres - 1958
- Ronsard 58 (Serge Barthélémy/Serge Gainsbourg) - 1959
- Il était une oie - 1959
- La Chanson de Prévert - 1961
- Les Goémons - 1962
- La Javanaise - 1963
- Les Papillons noirs [En duo avec Serge Gainsbourg] - 1966
- Ballade des oiseaux de croix - 1966
- Les Papillons noirs - 1966
- Ne dis rien [De la comédie musicale Anna] - 1967
- Rêves et caravelles - 1969
- Michèle Arnaud - 2 CD EMI Music France 520486-2 (1999)
- Voulez-vous jouer avec moi ? (Marcel Achard/Georges van Parys) - 1956
- Ne crois pas (Christian Guitreau) - 1956
- La rue s'allume (Louis Ducreux/André Popp - Louis Ducreux) - 1955
- Quand on s'est connu (Jean-Pierre Moulin) - 1958
- L'Éloge des cocus (Pierre Lambry/Simone Lorencin) - 1957
- Zon zon zon (Maurice Vidalin/Jacques Datin) - 1957
- Sous le pont Mirabeau (Guillaume Apollinaire/Jacques Lasry) - 1955
- Julie (Maurice Vidalin/Jacques Datin) - 1957
- Sans l'amour de toi (Claude Delécluse - Michèle Senlis/Paul Misraki) - 1957
- Morte Fontaine (Rolland Valade/Jean-Michel Arnaud) - 1959
- Van Gogh (Pierre Lambry/Jacques Datin) - 1959
- Napoli (Roger Riffard) - 1960
- Loulou de la Vache Noire (Roger Riffard) - 1960
- Deux tourterelles (Eddy Marnay/Emil Stern) - 1957
- Pourquoi mon dieu (Jacques Kabanellis/Manos Hadjidakis/Adaptation Georges Moustaki) - 1962
- Pauvre Verlaine (Salvatore Adamo) - 1968
- Amour perdu (Salvatore Adamo) - 1963
- Toi qui marchais (Jean-Pierre Chevrier/Guy Bontempelli) - 1963
- L'Inconnue (Roger Riffard) - 1960
- Il y a des années (Roger Riffard) - 1960
- Angelo (Robert Ardray) - 1964
- Comment dire (Guy Bontempelli) - 1964
- Et après ? (Armand Seggian/Jacques Pezet) - 1964
- La Chanson de Tessa (Jean Giraudoux/Maurice Jaubert) - 1965
- Ne vous mariez pas les filles (Boris Vian/Alain Goraguer) - 1964
- Si les eaux de la mer (Bernard Dimey/Henri Salvador) - 1965
- Les Papillons noirs [En duo avec Serge Gainsbourg] (Serge Gainsbourg) - 1966
- Ballade des oiseaux de croix (Serge Gainsbourg) - 1966
- Chanson sur une seule note « Samba de una nota so » (Newton Mandonga/Antonio Carlos Jobim/Adaptation Eddy Marnay) - 1962
- Sans toi [Du film Cléo de 5 à 7] (Agnès Varda/Michel Legrand) - 1963
- Un soir (Bernard Dimey/Henri Salvador) - 1964
- La Marche arrière (Boris Vian/Henri Salvador) - 1964
- Je croyais « Yesterday » (John Lennon/Paul McCartney/Adaptation Hugues Auffray et Georges Aber) - 1966
- La Grammaire et l'amour (Guy Bontempelli) - 1966
- La Chabraque (Marcel Aymé/Guy Béart) - 1960
- Marie d'Aquitaine (René Ruet/André Grassi) - 1962
- Cherbourg avait raison (Jacques Larue - Eddy Marnay/Guy Magenta) - 1961
- La Chanson des vieux amants (Jacques Brel/Gérard Jouannest) -1967
- Le Bleu de l'été « Green leaves of summer » [Du film Alamo] (Paul Francis Webster/Dimitri Tiomkin/Adaptation Henri Contet) - 1961
- Timoléon le jardinier (Roger Riffard) - 1960
[modifier] Voir aussi
- A Tribute to Gainsbourg, zoom sur Michèle Arnaud
- A Tribute to Gainsbourg, Michèle Arnaud interprète...
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