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Joseph Arthur de Gobineau - Wikipédia

Joseph Arthur de Gobineau

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Gobineau
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Gobineau

Joseph-Arthur Gobineau, dit le comte de Gobineau, diplomate, écrivain et penseur français (Ville-d'Avray, 14 juillet 1816 - Turin, 13 octobre 1882).

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] La jeunesse

L'enfance et la jeunesse de Gobineau, né aux premiers jours de la Restauration, est marquée par l'instabilité et la discorde régnant entre ses parents. Son père, Louis de Gobineau, médiocre hobereau qui dut à ses fidélités légitimistes un emprisonnement à Sainte-Pélagie, est rapidement éloigné de sa famille par les nécessités de sa charge de capitaine d'infanterie. Sa mère, Anne-Madeleine de Gercy, fille d'une créole de Saint-Domingue et d'un directeur des Fermes de Bordeaux, mène dès lors une existence très indépendante auprès du précepteur d'Arthur et de sa soeur Caroline, Charles Sotin de La Coindière, est plusieurs fois condamnée pour escroquerie, et s'enfuit en Suisse en 1829. Entré au Gymnasium de Bienne, Arthur suit des études incohérentes et apprend l'allemand.

En 1833, son père, retiré à Redon, rappelle ses enfants auprès de lui. De 1833 à 1835, destiné à une carrière militaire, Arthur de Gobineau fréquente le collège de Lorient, dont il semble avoir été renvoyé pour indiscipline. C'est à cette époque que s'ébauche sa sensibilité pour les choses de l'Orient, remises au goût du jour par les romantiques.

En 1835, après un échec au concours d'entrée à Saint-Cyr, pressé de faire carrière et d'entrer en littérature, il s'installe à Paris, chez son oncle paternel Thibaut-Joseph, qui lui alloue une pension et le fait entrer comme surnuméraire (non rétribué) à la Compagnie française d'éclairage par le gaz, qu'il quitte en 1836. C'est le début de plusieurs années de guignon, de solitude, et de frustration. Néanmoins, entré par sa mère dans les cercles légitimistes et les salons parisiens, il fait la connaissance de plusieurs jeunes ambitieux de son âge et de son genre, avec lesquels il forme bientôt en 1840 la société des "Scelti", ou "Cousins d'Isis", démarquée des "Treize" de Balzac. Maxime du Camp et Hercule de Serre en sont ; lui-même, passionné par la Renaissance, se prétend "condottiere".

C'est également à partir de 1840 qu'il collabore régulièrement à des revues, faisant paraître des articles de politique étrangère dans La Quotidienne, s'essayant avec un succès d'abord mitigé au feuilleton. Entre autres, l'étude qu'il consacre à l'homme d'État grec Kapodistrias, dans lequel il est amené à nier la filiation entre Grecs anciens et modernes et prend position en faveur des Turcs contre l'expansionnisme russe en Orient, lui vaut une certaine reconnaissance. Mais progressivement, ses préoccupations deviennent plus littéraires, et il fournit une intéressante série d'articles sur la littérature moderne : Hoffmann, Balzac, Stendhal, le romantisme. Il faut bien reconnaître, néanmoins, que les quatre romans-feuilletons qu'il publie entre 1846 et 1849, ne présentent plus aujourd'hui d'intérêt que documentaire, de même que la plupart des nouvelles de cette époque (à l'exception très notable de Mademoiselle Irnois, miniature balzacienne où étincelle déjà l'ironie cinglante dont Gobineau orne ses textes de la maturité).

Aux approches de ses trente ans, l'existence de Gobineau semble encore plongée dans de vastes incertitudes. S'il se marie, en 1846, avec Clémence Monnerot, créole de la Martinique et de son âge, ce mariage n'est pas exempt de doutes et d'interrogations, qui éclatent violemment dans la discorde qui les sépare après 1870. Leur fille Diane, future baronne de Guldencrone, naît en 1848. Cependant, sa rencontre, en 1843, de Tocqueville, à qui l'attache une solide estime réciproque en dépit de profondes divergences intellectuelles, lui fait prendre un nouvel essor. Celui-ci, qui l'a d'abord chargé d'un travail sur les doctrines morales au XIXe siècle, est en effet porté par les résultats de la révolution de 1848 à laquelle il n'a pourtant pas été plus que Gobineau favorable. Nommé ministre des Affaires étrangères dans le cabinet d'Odilon Barrot, il se souvient de son protégé et le fait son chef de cabinet.

[modifier] Le diplomate

Le ministère de Tocqueville s'échoue rapidement sur la question de l'intervention française à Rome. Néanmoins, il aura fourni à Gobineau, remarqué pour son efficacité, l'occasion d'entrer dans la diplomatie. En dépit des difficultés causées par son caractère ombrageux et ses positions légitimistes, il y fit une carrière honorable. D'abord nommé premier secrétaire de la légation de France à Berne, où il s'ennuie (excepté durant les quelques mois de 1851 où il occupe l'intérim du ministre de France à Hanovre), il y trouve le temps de rédiger les premiers volumes de son Essai sur l'inégalité des races humaines, qui paraissent en 1853. Nommé secrétaire de la représentation française à la Diète de Francfort en 1854, ses ouvrages lui y valent l'estime d'Anton von Prokesch-Osten, délégué autrichien auprès de la même instance, et une des rares amitiés fidèles qu'il honora toujours.

En décembre 1854, nommé premier secrétaire de la légation française en Perse que commande Prosper Bourée, Gobineau voit son destin rejoindre ses passions d'adolescent. Il donne d'abord de son voyage, effectué par mer de Marseille à Busheyr, puis en caravane jusqu'à Téhéran, un récit superbe dans Trois Ans en Asie (un autre écho se lit, vingt ans plus tard, dans sa nouvelle La Vie de voyage). Puis, abandonné par Bourée et par sa femme, revenue accoucher en France de sa deuxième fille, Christine, seul en charge de la légation, il se fait "plus Persan que les Persans". Sa maîtrise de la langue, sa remarquable adaptation à des conditions de vie très exotiques lui apportent l'estime de la population et des notabilités locales. Entouré de savants, il entame l'étude de l'histoire perse et tente le déchiffrement des écritures cunéiformes, sur lesquels il fournit une théorie qui fit (et fait encore) l'hilarité des connaisseurs. C'est néanmoins sans regrets que, rappelé, il quitte la cour de Perse en 1858 ; et sans enthousiasme que, trois ans plus tard (après le succès de sa mission à Terre-Neuve pour la délimitation des pêcheries de morue), il y est renvoyé comme ministre de France de plein droit. Ce second séjour, effectué seul et abrégé au possible, voit cependant un développement très fécond des travaux esquissés jusqu'alors : non seulement, en vain, sur les cunéiformes, mais aussi sur les doctrines persanes. Son essai sur Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale, paru en 1865, demeure une source fondamentale sur le baha'isme, dont il connut de très près les premières manifestations, et avec lequel il sympathisa activement.

À son retour en Europe, Gobineau croit pouvoir connaître une certaine aisance. Sa femme a, durant son absence, acquis le château de Trie, ancienne propriété du duc de Longueville ; et sa nomination comme ministre plénipotentiaire de France en Grèce en 1864, poste délicat, témoigne d'une véritable accélération de sa carrière. C'est à Athènes qu'il passe la période la plus heureuse de sa vie : choyé par le roi Georges Ier, il y tient le salon le plus prestigieux de la capitale, et y fait la connaissance d'un jeune admirateur, Robert Lytton, secrétaire à la légation britannique, fils de l'écrivain Edward Bulwer-Lytton, et appelé à une brillante carrière. Ses études (il travaille maintenant à son Histoire des Perses) progressent ; il renoue avec la poésie pour produire l'Aphroëssa ; et aborde la sculpture où il ne parvient pas à s'illustrer plus glorieusement que dans ce dernier domaine. Son séjour est également égayé par le marivaudage qu'il pratique assidûment auprès des sœurs Zoé et Marika Dragoumis, jeunes bourgeoises locales, à qui il écrivit ses Lettres à deux Athéniennes. Mais son tempérament le dessert déjà : ouvertement favorable aux Turcs dans la question crétoise, il fait arrêter et expulser autoritairement Gustave Flourens, révolutionnaire français insurgé dans l'île ; cette attitude impose son rappel d'Athènes, qu'il quitte en septembre 1868.

Son envoi à Rio de Janeiro, l'année suivante, a ainsi tout l'air d'une demi-disgrâce. Il s'y ennuie profondément, méprisant la société locale en dépit de la vive amitié qui le lie à l'empereur Dom Pedro II, s'illustre par une agression à coups de poing contre une notabilité locale, et obtient un congé après moins d'un an de séjour. Arrivé en France peu de temps avant l'invasion prussienne de 1870, il la vit et la raconte de façon extrêmement pittoresque, placé qu'il est aux premières loges par sa qualité de maire de Trie et de conseiller général de Gisors. Monté à Paris durant le siège, il y séjourne sous la Commune, qu'il envisage, curieusement, non sans une certaine sympathie, et y demeure après la Semaine sanglante, afin de se ménager les bonnes grâces du nouveau régime et d'éviter un renvoi au Brésil.

Après de longs atermoiements qui le mènent au bord de la mise à la retraite d'office voire de la révocation, Gobineau est finalement nommé ministre plénipotentiaire en Suède. C'est son dernier poste : il ne fut jamais ambassadeur. C'est à ces quelques années que, stimulé par l'exaspération de ses tensions avec sa famille, et surtout par l'amitié amoureuse qu'il entretient avec la comtesse de La Tour, épouse du ministre d'Italie à Stockholm, et qui demeura auprès de lui jusqu'à sa mort, on doit les œuvres majeures de Gobineau : le roman Les Pléiades et les Nouvelles asiatiques.

[modifier] Le chevalier errant

Mis à la retraite en mars 1877 suite à une vacance quelque peu prolongée consacrée à accompagner Dom Pedro II au cours de son voyage en Europe, il quitte Stockholm et la diplomatie. C'est le début d'une vie errante menée jusqu'à sa mort, et qui le voit hésiter continuellement entre le château de Chaméane, propriété auvergnate de la comtesse de La Tour ; l'Italie, où il va de ville en ville à la recherche d'un climat favorable et de commanditaires pour ses travaux de sculpteur ; et l'Allemagne, où il visite des amis (dont les Wagner, rencontrés en 1879 à Venise) et prend les eaux afin de soigner les maladies nerveuses qui l'accablent de plus en plus douloureusement.
Ces difficultés ruinent progressivement ses facultés créatrices. Sa sculpture n'excèda jamais le médiocre. Ses travaux historiques, concentrés dans l' Histoire d'Ottar-Jarl qui prétend retracer la propre généalogie de Gobineau depuis le dieu Odin, sombrent dans l'invraisemblance. Ses projets d'articles ne sont plus que des ébauches négligées. Sa poésie, qui ne fut jamais brillante, le requiert de façon prépondérante : il consacre ses derniers efforts au vaste poème épique Amadis, partiellement posthume. Son caractère de plus en plus heurté l'éloigne progressivement de ses proches, dont seuls les plus fidèles parviennent encore à s'en accommoder : il mourut définitivement brouillé avec ses filles et son épouse, et près de la rupture avec Richard Wagner, dont l'antisémitisme, la misogynie et le messianisme lui sont insupportables.

C'est dans un ultime caprice qu'il connaît sa mort subite : fuyant brusquement l'automne auvergnat, seul et presque aveugle, il est terrassé par une crise d'apoplexie dans la diligence qui le conduisait à la gare de Turin, où il comptait embarquer pour Pise, le 13 octobre 1882. Il est enterré dans le dénuement au cimetière central de Turin, où le régime fasciste a installé en 1932 une plaque en son honneur : "Il tempo e gli eventi ne esaltano la figura di presago pensatore".

Mathilde de La Tour hérite de la propriété des manuscrits de Gobineau, qui sont mis en valeur par Ludwig Schemann, disciple de Wagner et fondateur en 1894 de la Société Gobineau (Gobineau-Vereinigung). En 1903, la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg acquiert le fonds ; un cabinet en son honneur, qui existe toujours, y ouvre ses portes en 1906, à l'inverse du musée projeté par le médecin et patriote strasbourgeois Pierre Bucher. La pensée de Gobineau, négligée et méprisée en France, se disposait à y revenir après un détour par l'Allemagne qui la travestit durablement.

[modifier] La pensée et l'œuvre

[modifier] La pensée de Gobineau

[modifier] Théories raciales

L'histoire des théories de Gobineau, formulées dans son Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855) pourrait aussi bien être celle de leur déformation sous l'influence des milieux wagnériens de la fin du XIXe siècle, et notamment de celle du penseur eugéniste Houston Chamberlain, principal inspirateur d'Adolf Hitler.

Deux tendances fondamentales de la pensée de Gobineau s'opposent néanmoins à cette lecture de son œuvre. En premier lieu, son pessimisme, inspiré de la lecture de Byron et de Schopenhauer, interdit catégoriquement tout projet de réforme politique, toute application de la théorie de l'inégalité des races. En effet, mieux que les qualités ou lacunes de son style et de son argumentation, ce sont les motivations ayant concouru à sa naissance qui orientent le plus nettement l'Essai dans le seul champ de la littérature ; ses quatre volumes ne sont pas une démonstration scientifique, mais une longue variation (justement qualifiée d'"épopée" par Jean Gaulmier) sur le postulat inébranlable de la décadence de l'humanité. Ce pessimisme, tel que Gobineau l'affirme lui-même, est le fondement de sa pensée et de toute son œuvre, et relève d'abord de sa psychologie personnelle, de la rudesse de son enfance, d'une quête de légitimité toujours infructueuse et incarnée dans un "légitimisme" politique de rencontre. Les théories raciales n'y jouent qu'un rôle de circonstance, inspiré par une longue tradition de racialisme occidental.

D'autre part, comme l'indique Claude Lévi-Strauss dont Race et histoire est certainement la formulation la plus brillante et la plus rigoureuse des théories gobiniennes, la distinction primordiale qu'établit Gobineau entre les races n'est pas tant quantitative que qualitative, et prétend témoigner d'aptitudes différentes plutôt que similaires et inégales. Contre le métissage, Gobineau, comme Lévi-Strauss, et en dépit de tics de langage aujourd'hui périmés, se veut ainsi le défenseur de la diversité ethnique et culturelle, telle qu'il l'a lui-même pratiquée par une curiosité et une empathie de toujours envers les peuples étrangers auxquels il s'est confronté avec une allégresse communicative. Révélé dans ses récits de voyage et ses nouvelles, son amour de l'Iran, de la Grèce et de la Suède relève bien moins d'on ne sait quelle préférence "aryenne" que d'un goût très vif pour l'exotisme dans la juste mesure que théorisera plus tard Victor Segalen. "Blancs", "Noirs" et "Jaunes" ne sont que des archétypes qu'il reconnaît lui-même pour hypothétiques, et qui donnent surtout lieu à une impressionnante récapitulation narrative.

C'est dans le cours de sa narration que Gobineau prend le plus nettement position sur les thèmes aujourd'hui pertinents des théories raciales, dans un sens généralement beaucoup plus moderne que la plupart de ses contemporains. Une page célèbre de l' Essai est ainsi consacrée à un éloge des Juifs qui contredit toute accusation d'antisémitisme ; une autre, moins connue, est une violente accusation de l'eugénisme tel qu'il était pratiqué dans certaines cités de l'Antiquité grecque ; une autre enfin montre enfin son opposition à la colonisation, et s'élève avec une ironie cinglante contre le génocide des Amérindiens. Ces positions, étrangères à la théorie propagée par une certaine vulgate gobinienne, sont en revanche extrêmement cohérente avec l'hostilité de Gobineau à la démocratie, qu'il juge un danger contre le génie individuel de chacun. Mis en relation avec ses œuvres romanesques tardives, sa correspondance et son mémoire De la vie individuelle, l' Essai sur l'inégalité des races humaines apparaît ainsi comme un document majeur de l'individidualisme, qui n'est pas sans évoquer la pensée de Max Stirner et celle de Friedrich Nietzsche.

[modifier] Philosophie religieuse

[modifier] Œuvre littéraire

La production proprement littéraire de Gobineau se répartit en deux périodes, l'une précédant, l'autre suivant sa carrière de diplomate. Il ne saurait être considéré comme anodin qu'un esprit d'une indépendance aussi ombrageuse n'ait su pleinement s'exprimer qu'au mépris de tout plan de carrière.

La première période, de 1840 à 1849, est celle d'une jeunesse laborieuse et velléitaire à la fois, adonnée à la production de feuilletons dont peu ont su impressionner favorablement la postérité. De cet ensemble, dont il demeure probablement des débris encore inconnus semés parmi la presse de l'époque, se dégagent néanmoins quelques nouvelles et quatre romans. Ceux-ci, s'ils brillent davantage par leurs défauts que par leurs attraits et fournissent un vaste sujet d'épanchement aux contempteurs de Gobineau, n'en possèdent pas moins quelques charmes mêlés. On a su reconnaître au Prisonnier chanceux (1847) des qualités picaresques ; à Ternove (1848) et L'Abbaye de Typhaines (1849), en dépit de leurs maladresses et d'un certain ennui, un vrai souci documentaire ; Nicolas Belavoir (1848), de loin le plus long, frappe par la manière dont son principal défaut, la manie feuilletonnière de tirer à la ligne, est renversé par l'auteur en un humour absurde s'illusionnant extrêmement peu sur l'intérêt du récit. Les nouvelles de cette époque présentent un reflet aggravé de cette qualité inégale : si la plupart sont d'une lecture particulièrement difficile et ne présentent plus d'autre intérêt que biographique sur leur auteur, quelques unes figurent, d'ores et déjà, parmi les productions les plus significatives de Gobineau. L'une des premières, Scaramouche (1843) a connu un certain succès, corroboré par le commentaire qu'en fait Louis Aragon dans Je n'ai jamais appris à écrire, ou les incipit. Une des dernières, surtout, Mademoiselle Irnois (1848), a connu un succès durable. Cette période est également celle de la pruduction d'un théâtre et d'une poésie également médiocres et déconsidérés par la critique.

Ce n'est pas avant 1869, dans l'ennui de son séjour à Rio de Janeiro que Gobineau renoue avec la prose romanesque. Sa nouvelle Adélaïde, écrite en une journée est parfois considérée comme son chef-d'œuvre quoiqu'elle n'ait paru que de façon posthume. Péripétie concentrée sur la jalousie entre deux femmes, pleine de cruauté, de bravache et d'humour, elle ne révèle pas encore de traces de cet exotisme qui sera la marque de la production de la deuxième période romanesque de Gobineau. Celle-ci, courant jusqu'à sa mort, cristallise en effet les impressions de vingt ans d'errance, comme l'indique le titre des deux recueils publiés alors : Souvenirs de voyage (1872) et Nouvelles asiatiques (1876), distincts par l'occasion de leur réunion mais essentiellement solidaires dans leur contenu. Ces neuf nouvelles sont peut-être la quintessence du génie littéraire de Gobineau : de la grâce de sa capacité d'émerveillement devant le monde, de son romantisme désuet tout entiché d'amour courtois, et aussi de l'âpreté de son élitisme. Excepté dans la moquerie, l'ordinaire n'y connaît aucune part, et les passions s'y déchaînent avec noblesse ; c'est assez dire que les théories raciales de Gobineau n'y ont que très peu de part, et ne se signalent à l'occasion que mêlées d'une certaine ironie guère plus insistante que le souci de la "couleur locale". Plus entier, plus violent, plus maladroit aussi, le roman Les Pléiades (1874) se veut la théorie littéraire de l'individualisme élitiste. Charge brutale contre la démocratie et la modernité, il affirme l'amour comme la valeur supérieure des "fils de Roi". Aucune des tentatives postérieures ne semble avoir été menée à son terme, excepté l'ensemble de "scènes historiques" de La Renaissance (1877), qui figura jusqu'en 1934 au programme d'étude de l'enseignement secondaire allemand, et peut-être le roman Les Voiles noirs, dont le manuscrit inédit a disparu dans l'incendie du château de Chaméane.

On cite souvent les noms de Balzac et de Stendhal au sujet de l'œuvre romanesque de Gobineau. Mais, et bien qu'il se soit quelquefois voulu leur émule, il n'aura conservé du premier que la volonté de peindre le monde bourgeois, et du second l'enthousiasme romantique et l'aspect volontiers brouillon du style, sans le génie spontané de Beyle. En réalité, il semble que ce soit à son talent d'écrivain voyageur, loué par Nicolas Bouvier, qu'il faille recommander sa mémoire. Dans la liberté du voyage, Gobineau a su exprimer un humour très particulier, mêlé d'outrage et de délicatesse désespérée ; un talent picaresque extrême ; et une ouverture à l'existence et à l'être même des choses sans précédent dans la littérature française, et où il ne connaîtra pas de suivant avant les romans de Victor Segalen et surtout Ecuador d'Henri Michaux.

[modifier] Citations

  • Un gouvernement est encore bien mauvais lorsque, par la nature de ses institutions, il autorise un antagonisme, soit entre le pouvoir suprême et la masse de la nation, soit entre les différentes classes.
  • Ce que j'entends par société, c'est une réunion, plus ou moins parfaite au point de vue politique, mais complète au point de vue social, d'hommes vivants sous la direction d'idées semblables et avec des instincts identiques.
  • Les Juifs, un peuple habile en tout ce qu'il entreprit, un peuple libre, un peuple fort, un peuple intelligent, et qui, avant de perdre bravement, les armes à la main, le titre de nation indépendante, avait fourni au monde presque autant de docteurs que de marchands

[modifier] Œuvres et choix bibliographique

Trois volumes d'Œuvres de Gobineau sont parus dans la "Bibliothèque de la Pléiade" (Gallimard, 1982-1983).

[modifier] Publications en revue

  • Le Mariage d'un prince (1840 ; rééd. "La NRF", 1966)
  • Scaramouche (1843, éd. en volume en 1922)
  • Le prisonnier chanceux, ou les Aventures de Jean de La Tour-Miracle (1846, éd. en volume en 1924 ; L'Arsenal, 1989)
  • Ternove (1847 ; rééd. Perrin, 1919)
  • Nicolas Belavoir (1847 ; rééd. Gallimard, 1927)
  • Les Conseils de Rabelais (1847 ; rééd. Folio-Gallimard, 1985)
  • L'aventure de jeunesse (1847)
  • La Belle de Féverolles (1848)
  • Mademoiselle Irnois (1848 ; éd. en volume en 1920)
  • L'abbaye de Typhaines (1849 ; Gallimard, 1919)

[modifier] Essais

Histoire :

  • Essai sur l'inégalité des races humaines, I et II (1853)
  • Essai sur l'inégalité des races humaines, tomes III et IV (1855)
  • Mémoire sur l'état social de la Perse actuelle (1856)
  • Histoire des Perses (1869)
  • Ce qui se passe en Asie (1877, posthume)
  • Histoire d'Ottar Jarl et de sa descendance (1879)

Philosophie :

  • Les religions et les philosophies dans l'Asie centrale (1865)
  • Mémoire sur diverses manifestations de la vie individuelle (1869 ; Desclée de Brouwer, 1935).

Philologie :

  • Lecture des écritures cunéiformes (1858)
  • Traité des écritures cunéiformes (1864)

Pamphlets :

  • Ce qui est arrivé à la France en 1870 (1870, posthume ; Klincksieck, 1970)
  • La Troisième République et ce qu'elle vaut (1877, posthume)

[modifier] Œuvres littéraires

Romans et nouvelles :

  • Adélaïde (1869, posthume)
  • Souvenirs de voyage : Le Mouchoir rouge Akrivie Phrangopoulo, La Chasse au caribou (1872 ; Folio-Gallimard, 1985)
  • Les Pléiades (1874 ; Folio-Gallimard, 1997)
  • Nouvelles asiatiques : La Danseuse de Shamakha, L'Illustre Magicien, Histoire de Gambèr-Aly, La Guerre des Turcomans, Les Amants de Kandahar et La Vie de voyage (1876 ; P.O.L., 1990)
  • La Renaissance, scènes historiques (1877 ; GF-Flammarion, 1980)

Récits de voyage :

  • Trois ans en Asie, 1859 (Métailié, 1980)
  • Voyage à Terre-Neuve, 1861 (Arléa, 1993)

Poésie :

  • La Chronique rimée de Jean Chouan et de ses compagnons (1846)
  • L'Aphroëssa (1869)
  • Amadis (1876)
  • Amadis (1887, rééd. intégrale, partiellement posthume)
  • Tre poemi inediti (Firenze, Olschki, 1965)

Théâtre :

  • Les Adieux de Don Juan (1844)
  • Alexandre le Macédonien (1847, posthume)

Critique :

  • Etudes critiques 1842-1847 (Klincksieck, 1984)

[modifier] Correspondance

  • (à sa fille) Lettres à la princesse Toquée (Seuil, 1987)
  • (à sa soeur) Lettres persanes (Mercure de France, 1958)
  • (à sa soeur) Correspondance 1870-1882 (Mercure de France, 1958)
  • (aux soeurs Dragoumis) Lettres à deux Athéniennes (Athènes, Castalie, 1935)
  • Gobineau et le comte de Prokesch-Osten, Correspondance (Plon, 1933)
  • Gobineau et D. Pedro II, Correspondência (São Paulo, Raeders, 1938)
  • Alexis de Tocqueville, Œuvres complètes, IX, Correspondance avec Gobineau (Gallimard, 1959)
  • Gobineau et Richard Wagner, Correspondance (Nizet, 2001)

[modifier] Sur Gobineau

La bibliographie gobinienne est pléthorique. Outre les dix volumes d' Etudes gobiniennes parues sous la direction de Jean Gaulmier (Klincksieck, 1966-1978), on consultera en priorité :

  • Jean Boissel, Gobineau polémiste (Pauvert, 1967).
  • Jean Boissel, Gobineau, l'Orient et l'Iran, tome 1 (Klincksieck, 1974).
  • Jean Boissel, Gobineau, biographie (1981 ; Berg international, 1993).
  • Nicolas Bouvier, "Autour de Gobineau", in L'Echappée belle (Metropolis, 1996).
  • Léon Deffoux, Trois aspects de Gobineau (Plon, 1929).
  • Robert Dreyfus, La Vie et les prophéties du comte de Gobineau (Cahiers de la Quinzaine, 1905)
  • Jean Gaulmier, Spectre de Gobineau (Pauvert, 1965)
  • Maurice Lange, Le Comte Arthur de Gobineau, étude biographique et critique (Faculté de Lettres de Strasbourg, 1924)
  • Pierre-Louis Rey, L'Univers romanesque de Gobineau (Gallimard, 1981).

Et également :

  • Claude Lévi-Strauss, Race et histoire (1958)
  • Pierre-André Taguieff, La couleur et le sang. Doctrines racistes à la française (1996).

[modifier] Sources et liens externes

Les manuscrits de Gobineau, dont un certain nombre d'inédits, figurent pour la plupart dans les collections de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg et de la Bibliothèque nationale de France, à Paris.

Wikisource propose un ou plusieurs textes de ou sur Joseph Arthur de Gobineau dans le domaine public
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