François Vatel

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François Vatel de son vrai nom Fritz Karl Watel (1631- 24 avril 1671) est un pâtissier-traiteur, intendant, Maître d'hôtel français, au service du surintendant des Finances de Louis XIV Nicolas Fouquet puis du prince Louis II de Bourbon-Condé. Vatel est un grand organisateur de fêtes et de festins fastueux d'exceptions au Château de Vaux-le-Vicomte puis au Château de Chantilly sous le règne de Louis XIV au XVIIe siècle.

Château de Vaux-le-Vicomte du surintendant des Finances de Louis XIV Nicolas Fouquet

[modifier] Biographie

En 1631 François Vatel naît d'un père couvreur.

En 1646 le jeune homme est âgé de 15 ans et plutôt que de suivre les traces paternelles, il préfère entrer en apprentissage chez le parrain de son frère, le pâtissier-traiteur Jehan Heverard chez qui il reste sept ans.

En 1653 âgé de 22 ans, il est engagé comme écuyer de cuisine au Château de Vaux-le-Vicomte (en cours de construction) par le Maître d'hôtel du vicomte et marquis Nicolas Fouquet (qui vient d'être nommé surintendant des Finances par le Cardinal Premier Ministre et Régent Mazarin de Louis XIV alors âgé de 15 ans) Actif et doué pour l'organisation, Vatel est rapidement nommé maître d'hôtel de l'ambitieux surintendant des Finances du roi.

En 1661 le 17 août Nicolas Fouquet invite le jeune Louis XIV alors âgé de 23 ans, la reine mère Anne d'Autriche et toute la cour du roi dans son château de Vaux-le-Vicomte qu'il inaugure. Chef d’œuvre d'architecture et de beauté construit par les célèbres Louis Le Vau, Charles Le Brun et André Le Nôtre.

François Vatel est à la fois chef du protocole et maître d'hôtel et organise une grandiose et somptueuse fête et un dîner de 80 tables, 30 buffets et cinq services de faisans, cailles, ortolans, perdrix... avec de la vaisselle en or massif pour les ôtes d'honneurs et en argent pour le reste de la cours. 84 violons jouent de la musique de Jean-Baptiste Lully (surintendant de la musique du Roi). Molière et Lully font jouer Les Fâcheux, une comédie-ballet composée exprès pour la circonstance. Pour le dessert, Vatel invente une surprise : de la crème chantilly.

Louis XIV toujours en proie aux difficultés financières est piqué au vif dans sa fierté, ulcéré et profondément blessé dans son orgueil par tout ce faste et se génie des festivités qui dépasse celui de sa Cours (alors au Château de Fontainebleau pendant la construction du Château de Versailles). Il a dû faire fondre sa vaisselle en métal précieux pour faire face aux importantes dépenses de la Guerre de Trente Ans. Louis XIV est alors décidé à abattre son surintendant des Finances, cet imprudent parvenue, en le faisant arrêter sur le champs et site : "Il faudra faire rendre gorge à tous ces gens !" mais sa mère Anne d'Autriche l'en dissuade. Après le feu d'artifice tiré au dessus du château, il refuse la somptueuse chambre que son ôte lui a préparé et retourne à Fontainebleau à 20 km de là.

Le 5 septembre suivant, le roi fait arrêter Nicolas Fouquet par D'Artagnan lors d'un conseil à Nantes. Il change la peine de bannissement en détention perpétuelle pour cet homme qu'il trouve trop puissant et trop ambitieux, dont il se méfie et qu'il remplace par Jean-Baptiste Colbert.

François Vatel ignore que le roi désire reprendre le personnel du Château de Vaux-le-Vicomte pour son nouveau Château de Versailles et s'enfuie en exile en Angleterre par peur d'être emprisonné lui aussi. Il y rencontre Gouville, un ami de Fouquet avec qui il se rend en Flandres où Gouville convint le Prince Louis II de Bourbon-Condé (Grand Condé) de l'engager pour son château de Chantilly à 40 km au nord de Paris.

En 1663 François Vatel est promu " contrôleur général de la Bouche de Monsieur le Prince " du Grand Condé au château de Chantilly. Il est chargé de l'organisation, des achats, du ravitaillement et de tout ce qui concernait "la bouche" au château.(La crème inventée à Vaux-le-Vicomte devint alors la crème chantilly)

Château de Chantilly du grand héros de la Bataille de Rocroi, le Prince Louis II de Bourbon-Condé

En 1671 le 21 avril, après plusieurs années de patience et d'importants travaux de rénovation de son château, le prince de Condé, grand héros de la Bataille de Rocroi, en disgrâce depuis son rôle dans la tentative de renversement de Louis XIV enfant alors sous régence de sa mère Anne d'Autriche et du Cardinal Premier Ministre et Régent Mazarin (Fronde) et au bord de la ruine et invite Louis XIV alors âgé de 33 ans et toute sa cours du Château de Versailles.

Une grande fête de trois jours et trois nuits (du jeudi soir au samedi soir), de 50 000 écus et trois banquets somptueux sont donnés par le prince de Condé pour mener cette réconciliation stratégique et pour séduire Louis XIV et les 3000 membres de la cours de Versailles dont 600 courtisans et nombreux domestiques. Cette réception doit marquer son complet retour en grâce et le pardon du roi après sa participation à la Fronde 20 ans plus tôt. Il doit également regagner les faveurs du roi pour renflouer d'urgence ses caisses en louant son armée (une des plus puissante du royaume) pour la guerre que le roi prépare contre les Hollandais. La destinée de la maison de Condé dépend en grande partie du succès des festivités et le prince fait peser tout le poids de ce succès sur son maître d'Hôtel de génie. Vatel n'a que 15 jours pour élaborer des menus très élaborés et des mises en scènes grandioses dont le roi et la cours raffolent.

Pendant ces quinze jours, Vatel ne dort pas et orchestre entièrement les festivités. Le soir du jeudi 23 avril 1671, les 3 000 invités pénétrèrent au château de Chantilly, après une grande partie de chasse. Le jeudi soir, les invités d'honneurs occupent 25 tables dans le château magnifiquement illuminé. Le souper est suivi d'un spectacle de deux heures avec un feu d'artifice à peine terni par les nuages. Du rôtie vient à manquer à deux tables à cause de dîneurs imprévus et Vatel sous pression se croit perdu d'honneur. Le vendredi 24 avril au petit matin, la commande de poisson et de coquillage de Boulogne-sur-Mer à 200 km de là pour le Vendredi saint n'arrive pas. C'est pour lui le comble du déshonneur. Il déclare à Gouville : " Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci, j'ai de l'honneur et de la réputation à perdre. " et monte dans sa chambre ou il se transperce à trois reprises avec son épée pour réparer son honneur et sa culpabilité au même moment ou son importante commande de poisson arrive suffisamment tôt pour que la fête soit un grand succès, mais trop tard pour le sauver (il a alors 40 ans). Il est enterré discrètement pour ne pas gêner la fin des festivités.

Cette somptueuse fête admirée par toute la cours et par le roi marque le retour en grâce du grand Condé au près de Louis XIV et François Vatel entre dans la légende des grands organisateurs de festin d'exception associés à l'histoire de France et à ses fastes.

[modifier] François Vatel dans la littérature

1671 : La Marquise de Sévigné qui est de la fête écrivit deux de ses célèbres lettres à sa fille madame de Grigan. (Lettres du 24 avril et du 26 avril) " Mais voici ce que j'apprends en entrant ici, dont je ne puis me remettre, et qui fait que je ne sais plus ce que je vous mande : c'est qu'enfin Vatel, le grand Vatel, maître d'hôtel de Monsieur Fouquet, qui l'était présentement de Monsieur le Prince, s'est poignardé ". (Extrait des lettres de madame de Sévigné à propos des festivités et de la mort du grand Vatel)