Empire américain
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Les termes controversés d'empire américain ou d'impérialisme américain sont parfois utilisés pour désigner l'influence actuelle et historique des États-Unis d'Amérique à l'échelle mondiale, dans les domaines politiques, économiques et culturels. Ces termes reçoivent le plus souvent une connotation négative, notamment lorsque, dans la perception de l'opinion publique, ils évoquent la situation de suprématie militaire portée par ledit Empire américain.
Sommaire |
[modifier] Déploiement militaire global
Situation de fait autant que concrétisation de l'idée de l'exceptionnalisme national, les États-Unis d'Amérique constituent la seule puissance héritière du clivage géopolitique contemporain qui ait maintenu une projection de sa puissance militaire sur l'ensemble du globe. Cette projection lui permet d'agir sur toutes les parties du monde en facilitant la concentration de forces par le maintien de structures de casernement permanentes aux points stratégiques.
[modifier] Interprétation des termes
Articles sur l'expansionnisme des États-Unis d'Amérique |
Impérialisme américain |
Expansion continentale |
Expansion outremer |
Plans de guerre (avant 1941) |
Interventions militaires |
Oppositions à l'expansionnisme |
Politique étrangère |
Isolationnisme | Destinée manifeste |
Pax Americana | Hyperpuissance |
Le débat sur le concept d'un empire américain pose habituellement trois questions :
- Est-ce que les États-Unis d'Amérique sont, ou ont été, un empire ?
- Si les États-Unis d'Amérique sont, ou on été, un empire, quand le sont-ils devenus ?
- Si les États-Unis d'Amérique sont actuellement un empire, est ce bien ou mal ?
Les partisans de l'idée que les États-Unis constituent un empire affirment qu'il est approprié en raison du statut incontesté de superpuissance sans rivale depuis la fin de la Guerre froide qui s'exprime dans le domaine culturel, dans le concept de Destinée manifeste et de l'exceptionnalisme américain. Ils invoquent aussi des ingérences politiques du gouvernement américain, et/ou interventions militaires dans des états indépendants comme
- tentative(s) d'assassinat de Fidel Castro
- tentative d'invasion de la Baie des Cochons à Cuba en 1961, organisée par la CIA.
- intervention en République dominicaine en 1965,
- renversement de Salvador Allende au Chili en 1973, et Opération Condor,
- Opération Juste Cause en 1989
Selon les opposants à l'usage de ce terme, les États-Unis d'Amérique ont eu la possibilité de devenir un empire au moment des guerres hispano-américaines, mais ont depuis abandonné cette idée. Ils ajoutent que comparer la superpuissance des États-Unis avec celle d'un empire serait incorrect, d'autant qu'ils perdent de l'influence dans la phase actuelle de recomposition des pôles politiques, économiques et culturels mondiaux.
L'usage de l'expression "empire américain" est parfois elle-même accusée d'avoir pour source un anti-américanisme.
Après la chute de l'empire soviétique et avec la fin de la guerre froide, de nouveaux termes sont apparus pour désigner la domination américaine :
- Les intellectuels américains d'extrême gauche[2], parmi lesquels les Américains Noam Chomsky et Gore Vidal, critiquent l’empire américain.
- Hubert Védrine, ministre français des Affaires étrangères dans le gouvernement Jospin (1997-2002), parle d'hyperpuissance.
- D'autres préfèrent utiliser les mots « hégémonie » ou encore « leadership » pour parler d'une domination indirecte et non territoriale.
[modifier] L'Empire colonial américain
[modifier] Le Nouvel Empire Américain
[modifier] Présentation générale de l'expression
L'expression du Nouvel Empire Américain fait référence à une forme de gouvernance internationale sous l’égide unilatérale des États-Unis d’Amérique. On retrouve des manifestations de cette approche aux relations internationales dans la politique étrangère du gouvernement du président George W. Bush et dans la Doctrine Bush de guerre préventive à l’endroit de gouvernements hostiles aux intérêts américains et à ceux de pays alliés. La décision du président Bush fils d’attaquer et d’envahir l’Iraq, le 20 mars 2003, constitue un exemple d’application concrète de la nouvelle politique étrangère américaine. Le gouvernement américain prétendait que le président iraquien Saddam Hussein entreposait des stocks d’armes de destruction massive, qu’il entretenait des liens étroits avec le réseau terroriste al-Qaida, et qu’il constituait une menace pour la sécurité des pays voisins. Les médias conservateurs américains, avec en tête les chaînes de télévision et de journaux de l’australien-devenu-américain Rupert Murdoch (Fox News, l’hebdo Weekly Standard, etc.) servirent de courroies de transmission à ces accusations.
Le 8 novembre 2002, les États-Unis et la Grande-Bretagne firent adopter une résolution par le Conseil de sécurité des Nations unies (Résolution 1441), dans laquelle on enjoignait l’Iraq de respecter ses engagements de désarmement, faute de quoi le tout serait retransmis au Conseil pour en tirer les conclusions pertinentes. Cependant, quand les deux mêmes pays déposèrent une nouvelle résolution demandant au Conseil de sécurité de sanctionner explicitement une guerre imminente contre l’Irak, seulement quatre pays sur quinze (États-Unis, Grande-Bretagne, Espagne et la Bulgarie) donnèrent leur accord. La résolution fut alors retirée, sans que la guerre prévue contre l’Iraq ne reçoive l’aval des Nations unies.
Le Nouvel Empire Américain est le reflet d’une idéologie néo-conservatrice et d’une vue du monde qui est d’inspiration impérialiste. Ce sont certains centres de recherche conservateurs américains (American Enterprise, Heritage Foundation, Project for the New American Century, etc.) qui ont développé cette vision impérialiste américaine. Pendant plus d’une décennie, ils se sont faits les hérauts d’une politique étrangère d’hégémonie planétaire, fondée sur la suprématie militaire et l’imposition d’une Pax Americana par les armes. Sous la houlette du vice-président Dick Cheney, plusieurs néo-conservateurs influents se sont joints à l’administration Bush, le 20 janvier 2001, et ont par la suite transformé raidcalement la politique étrangère américaine.
L’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et la fin de la Guerre froide ont sans doute joué un rôle majeur dans cette transformation en profondeur de la politique étrangère américaine. En effet, ces événements ont marqué la fin de la politique de dissuasion nucléaire réciproque entre les deux super-puissances. Certains stratèges américains en ont conclu que les États-Unis devaient profiter de la situation et tirer profit de leur supériorité militaire pour intervenir avec impunité un peu partout dans le monde, et au besoin, le faire en faisant fi de la diplomatie et des lois internationales. Les investissements américains massifs en équipements militaires (les dépenses militaires américaines comptant pour presque la moitié des dépenses militaires mondiales) et leurs très nombreuses bases militaires de par le monde firent penser aux idéologues néo-conservateurs américains qu’il serait à l’avantage des États-Unis et de leurs alliés, dont Israël, de se servir davantage du levier militaire dans leur politique étrangère, notamment au Moyen-Orient.
À l’expérience, on se rendit vite compte que ce Nouvel Empire Américain, pouvait être une cause additionnelle de tension et d’instabilité. D’une part, le caractère agressif de ce nouvel empire au Moyen-Orient, avec la guerre en Irak, souleva l’ire du monde musulman, en plus de rendre les États-Unis impopulaires dans la plupart des pays, à l’exception peut-être des nations anciennement sous occupation soviétique. D’autre part, l’invasion et l’occupation américaines en Iraq eurent pour conséquences de réveiller de vieilles rivalités entre les sunnites. les chiites et les Kurdes iraquiens, et de nourrir une rébellion meurtrière contre les occupants. Au plan international, la désintégration du système légal mondial incita plus d’un pays à accroître ses dépenses militaires, faisant craindre une relance de la course aux armements. À bien y penser, ce Nouvel Empire Américain, et la doctrine Bush qui le sous-tend, souffrent d’un grand déficit démocratique et légal, ce qui entache profondément sa légitimité. Il est sans doute trop tôt pour savoir si cette nouvelle approche impérialiste de la part des États-Unis survivra à George W. Bush, dont le mandat présidentiel se termine en janvier 2009.
Il est d'autres cas où l'influence américaine a contribué à résoudre des crises ou par l'exercice d'une forte pression sur certains pays, évité d'envenimer des situations. Après trois années d'impuissance des Européens à résoudre la crise de la guerre de Bosnie, l'envoi massif de troupes américaines sous couvert de l'OTAN a ramené la paix dans cette région de l'ex-Yougoslavie en 1995, ainsi que l'intervention occidentale dans la guerre du Kosovo. La pression militaire américaine contribue aussi fortement à freiner la volonté de la République populaire de Chine d'absorber Taïwan. La Libye ne serait sans doute pas revenue dans la communauté des nations sans le mélange de pressions et de promesses américaines. Enfin, sans l'intervention militaire de 1991, le Koweït ne serait pas actuellement un État libre, sans compter que l'envoi rapide de troupes a sans doute incité Saddam Hussein à ne pas pousser son invasion jusqu'à l'Arabie saoudite.
Le Nouvel Empire Américain est aussi le titre d’un livre de géopolitique publié sous la plume de l’économiste Rodrigue Tremblay, aux Éditions L'Harmattan (Paris). Cet ouvrage fait l’analyse des facteurs qui ont amené le gouvernement de George W. Bush à modifier en profondeur la politique étrangère américaine et les conséquences qui en découlent pour les États-Unis et pour le monde. L’auteur traite des thèmes suivants: La doctrine impériale du gouvernement de George W. Bush, la théorie de la guerre juste, les États-Unis et les lois internationales, l’influence des milieux néo-conservateurs américains sur la politique étrangère américaine, le parallèle entre la « Doctrine Bush » et la « Doctrine Brejnev », le long cycle plusieurs fois centenaire des empires, et la place de la religion dans l’évolution de la civilisation occidentale.
[modifier] L'empire existe-t-il ?
[modifier] Présentation de la question
Un empire se caractérise par les pays obéissant à ses directives, soit du fait de l'influence douce (soft power) soit par la contrainte dure (hard power). Vu le nombre de moins en moins grand de pays pouvant être considérés comme acceptant cette soumission, il semble que l'empire américain soit, au XXIe siècle, sinon une illusion, du moins une réalité en net recul. Une marginalisation croissante des États-Unis - dans certains cas voulue par ce pays lui-même (refus d'adhérer à divers accords internationaux) - a lieu dans le cadre de la recomposition actuelle du monde sur les plans politique, économique et culturel. Il est ainsi de moins en moins pertinent de confondre mondialisation et américanisation, on peut même parler d'antinomie entre les deux concepts.
[modifier] Controverse
L'histoire a montré que les pays disposant d'une forte puissance ont toujours cherché à étendre leur territoire. Il en a été pour l'Empire romain, l'Empire russe, l'Empire Ottoman, la Chine, mais encore plus l'Empire britannique dont l'orgueil faisait dire que le soleil ne se couchait jamais sur l'étendue de ses terres, et l'Empire colonial français, que ce soit par les conquêtes napoléoniennes ou la colonisation. Ainsi, la question de l'existence de l'empire américain est plus que jamais d'actualité, car par rapport à l'hyperpuissance des États-Unis, son utilisation de force coercitive est bien plus faible que ne l'ont effectuée le Royaume-Uni ou la France à l'époque de leur puissance : Adrien Lherm reprend cette idée que les Américains profitent de la mondialisation sans l’imposer par le contrainte (théorie du soft power :
« […] L’exportation du modèle américain répond moins à un programme impérialiste qu’à la « pure « et simple logique du profit – gourmand, oui, mais pas conquérant au sens militaire et politique. Ce qu’ils s’emploient aujourd’hui à faire, à l’échelle de la planète, c’est moins à imposer un exemple […] qu’à assurer des débouchés à leur puissant secteur culturel […][3]. »
Lorsqu'il y a une intervention sur un territoire étranger, la volonté américaine a toujours été de pouvoir partir au plus vite, jusque la dernière présidence tout au moins : Washington rendit rapidement sa souveraineté aux Philippines, l'occupation du Japon après 1945 fut également temporaire. Pendant la guerre froide, le gouvernement américain n'a pas toujours utilisé la force pour réduire au silence les oppositions dans son camp : en France, Charles De Gaulle pouvait critiquer la puissance américaine et doter son pays de l'arme atomique. Lors de la deuxième guerre en Irak, l'Arabie Saoudite interdit le survol de son espace aérien par les avions américains et la Turquie refusa le passage des troupes américaines[4]. D'autre part, le personnel politique et administratif américain présent dans le monde est relativement faible[4].
Chaque pays agissant via sa politique étrangère selon ses intérêts portant sur la sphère d'influence qu'il s'est identifiée, il convient d'être prudent sur l'utilisation du concept d'empire [5], lorsque les États-Unis ne font qu'exercer leur influence sur le monde.
Le peuple américain ne veut pas agrandir son territoire par des conquêtes[4], peut-être parce qu'il se satisfait de l'étendue de son pays[6].
Le relevé des oppositions à la politique étrangère des États-Unis permet de percevoir que, si l'emploi d'un galvaudé correspondant à l'Empire est dépassée [7], l'impérialisme prend des formes nouvelles elles-mêmes objet de controverse, l'Histoire ne se répétant jamais à l'identique.
[modifier] Bibliographie de cette partie
- La Guerre à outrance, comment la presse nous a désinformés sur l'Irak, Alain Hertoghe, Calmann-Lévy, 2003, ISBN 270213422X
- Le Nouvel Empire Américain, Causes et conséquences pour les États-Unis et pour le monde, Rodrigue Tremblay, L'Harmattan, 2004, ISBN 2747562875
- D'une guerre d'Irak à l'autre - Violence et politique au Moyen Orient 1990-2004, Gérard Chaliand, Métailié, 2004, ISBN 286424506X
- Death to America : The Unreported Battle of Iraq, Ryan Mauro, 2005, ISBN 1413774733
- Les États-Unis et l’Europe Face à la Guerre d’Irak, Michel Gueldry, 2005, ISBN 2747591867
- L'autre guerre des États-Unis, les secrets d'une machine de conquête, Claude Revel et Éric Denécé, Robert Laffont, 2005, ISBN 2221103688.
[modifier] Liens internes de cette partie
- Autres expressions de l'idée positive de nouveauté dans les formules de la diplomatie américaine :
- la "Nouvelle donne" (1932) ;
- la "Nouvelle frontière" (1960) ;
- le "Nouvel ordre mondial" (1991) ;
[modifier] Impérialisme culturel
- Articles détaillés : Américanisation et Diversité culturelle.
Les débats sur l'"impérialisme culturel" sont largement dissociés des débats sur l'histoire militaire américaine.
L'"impérialisme culturel" se ferait par plusieurs vecteurs.
Ainsi, la musique anglo-saxonne domine largement le marché mondial[8].
Les films américains (Hollywood notamment) ont également une distribution mondiale prépondérante (près de la moitié des films à l'affiche en Europe sont américains)[9]. Ils sont servis par les plus gros budgets, et ont souvent un succès plus important auprès du public. Les séries de télévision américaines sont aussi très diffusées. Une politique commerciale astucieuse, visant à rentabiliser la production grâce à sa diffusion aux États-Unis, permet ensuite de la proposer pour des prix compétitifs dans les autres pays.
L'"impérialisme culturel" se fait également à travers l'exportation de grandes marques reconnues mondialement : Coca-Cola, Levis, Mac Donald, etc. Cette diffusion participe à la diffusion d'un style de vie américain à travers le monde.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Références
- ↑ retour à une logique d'endiguement par la paix armée
- ↑ Anne Deysine, Les États-Unis aujourd’hui. Permanence et changements, Paris, La Documentation française, 2006, ISSN 17936191, page 182
- ↑ Adrien Lherm, La culture américaine, Paris, Le Cavalier Bleu, 2002, ISBN 2846700478, page 20
- ↑ 4,0 4,1 4,2 Nicole Bacharan, Faut-il avoir peur de l’Amérique ? , Paris, éditions du Seuil, 2005, ISBN 2020799502, p.214
- ↑ de par la connotation négative associée au terme depuis les exactions coloniales et la période de ressentiment nommée désenchantement du monde observée dans les métropoles.
- ↑ Les États-Unis sont le troisième pays le plus étendu du monde.
- ↑ puisque l'hégémonie perçue est incompatible avec le rôle de gendarme du Monde attribué à l'hyperpuissance au sortir de la Guerre froide.
- ↑ Selon le directeur de la FNAC à propos de la France [1]: "il s'agit en effet du seul pays occidental où la musique anglo-saxonne représente 50 % du marché (contre 90 % ailleurs)"
- ↑ Source : Base Lumiere[2]
[modifier] Bibliographie
- American Empire: The Realities and Consequences of U.S. Diplomacy Andrew Bacevich, 2002.
- Boomerang! : How Our Covert Wars Have Created Enemies Across the Middle East and Brought Terror to America, Mark Zepezauer, 2002, ISBN 1567512224
- Confessions of an Economic Hit Man,John Perkins, 2004, ISBN 1576753018
- Empire: How Britain Made the Modern World (2003) et Colossus: The Price of America's Empire (2004), par l'historien Niall Ferguson
- La Bannière Étalée Erik Svane, (2005), ISBN 0-9774224-1-0
[modifier] Liens internes
- Idéologies :
- siècle américain (expression identique à celle du Nouvel Empire Américain, amenée par un think tank)
- Néocolonialisme
- Anti-impérialisme
- Théorie des dominos
- Doctrines géopolitiques :
- Doctrine Bush
- Doctrine Carter
- Doctrine Monroe
- Doctrine Truman
[modifier] Liens externes
Portail des États-Unis d'Amérique – Accédez aux articles de Wikipédia concernant les États-Unis. |