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Antisionisme

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L'antisionisme (ou anti-sionisme) est un terme peu lexicalisé qui désigne l'opposition au sionisme.

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Sommaire

[modifier] Définitions

L'antisionisme est l'hostilité à la création, l'existence, le maintien ou l'extension de l'État d'Israël.

L'antisionisme se rapporte généralement à une opposition à l'idéologie politique qui affirme un droit à l'établissement d'un État juif en Palestine ou au maintien d'Israël en tant qu'État juif. L'antisionisme apparaît en réaction au sionisme lui-même apparu à la fin du XIXe siècle. L'affrontement sur cette terre du mouvement national juif moderne à la partie arabo-palestinienne remonte aux années 1880 [1].

Par extension, le terme peut également désigner :

  • l'opposition aux moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif, comme l'incitation à l'émigration des Juifs vers la Palestine ou vers Israël ;
  • l'opposition aux politiques se réclamant du sionisme, dont l'établissement et la protection militaire de colonies juives dans les territoires palestiniens occupés.

Alain Dieckhoff distingue quant à lui le non-sionisme de l'anti-sionisme pour désigner la non-adhésion des Juifs au projet sioniste [2].

[modifier] Antisionisme géopolitique

[modifier] Antisionisme juif

[modifier] En Palestine ottomane et sous le mandat britannique

À la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle, l'antisionisme[3] en Palestine est d'une part le fait de la population juive religieuse, d'autre part, celui de la population arabe. La population juive de l'époque est composée en grande partie de Juifs attachés à la tradition, et très pieux. L'opposition au sionisme est alors plus importante à Jérusalem que dans le reste du pays, notamment dans le quartier de Méa Shéarim, quartier historique des religieux traditionnalistes, les haredim de la ville sainte [4] [5].

En effet, les rabbins orthodoxes étaient hostiles au sionisme, d'une hostilité théologique : parce qu'ils pensaient que si Dieu avait décidé de la dispersion du peuple juif, il ne fallait pas aller à l'encontre de cette tournure qu'avait pris l'histoire et depuis, la religion prescrivait uniquement l'attente du Messie. Mais les rabbins étaient également hostiles au caractère laïc du mouvement sioniste.

Cependant, dès 1840, chez les religieux ashkénazes d'Europe de l'Est est apparu un courant pour lequel c'est un commandement divin pour les Juifs que de s'installer en terre sainte. En 1891, c'est sur cette base qu'une association sioniste religieuse, le Mizrahi, est formée.

Déjà, le pré-nationalisme juif des années 1840-1880, plus messianique que national, impose d'établir en Eretz Israël une communauté juive qui réponde aux commandements bibliques. [G. Bensoussan, le sionisme face à ses détracteurs, op.cit] Différents rabbins prônent le retour en Israël pour hâter la venue du Messie, tel le rabbin Alkalaï de Sarajevo, Kalisher de Prusse, Natonek de Hongrie qui adoptent la modernité pour pérenniser le judaïsme. [G. Bensussan, op. cit. p. 35 & 37 ; Henry Laurens op.cit . ; Anne Gringerg p. 26 ] Certains historiens du Yishouv (Ben Zion Dinur, Itzhak Baër) pensent que c'est le lien à la terre d'Israël qui a préservé le peuple juif. À quoi il faut ajouter ensuite les penseurs du sionisme religieux : Shmuel Haïm Landau, du mouvement sioniste religieux Mizrahi, et Martin Buber, Gershom Sholem, Shmuel Hugo Bergmann, Judah Magnes et l'association Brit Shalom, fondée en 1926.

Les nouvelles institutions juives sont alors mal perçues par les Juifs autochtones très pieux de Palestine, qui, rapporte Maurice Kriegel[6], appellent « à rompre toute relation, au prix même de déchirement des liens familiaux, avec quiconque appartient à la collectivité juive régie par les nouvelles institutions sionistes ».

L'antisionisme juif relève principalement de raisons religieuses : le caractère laïc, politique, moderne, du sionisme n'est pas partagé par les Juifs les plus religieux au sein de la population juive autochtone, qui conçoit Israël comme la "Terre Sainte" à l'instar des chrétiens pour Jérusalem et alentours, nommés la "Terre sainte". Les contacts des Juifs religieux avec la première comme la deuxième vague d'immigration sont quasi inexistants. Le Yishouv historique parle alors de « lutte contre le sionisme lorsque celui-ci grandit jusqu'à envahir la Terre sainte »[7].

Les critiques sont parfois très violentes vis-à-vis du sionisme, accusé de « détourner les Juifs du judaïsme et de corrompre leur âme ».[8].

Les tentatives des représentants de l'immigration sioniste, dont Haïm Weizmann, de représenter l'ensemble des Juifs de Palestine amènent alors des tensions. Les autorités rabbiniques des Juifs autochtones sont divisées sur les fonds apportés par l'Organisation sioniste mondiale aux yeshivoth. En 1921, une assemblée crée une structure rabbinique destinée à unifier celles résultant de la présence ottomane, sous la forme de deux postes de grands rabbins, un ashkénaze et un sépharade. Mais les tensions renaissent alors avec la nomination du premier grand rabbin ashkénaze, le rabbin Kook, plutôt favorable aux instutitions sionistes. Le mouvement orthodoxe fondé en 1912, l'Agoudath Israel, refuse alors d'entretenir des rapports avec le Conseil national juif organisé par les représentants sionistes [9]. Selon l'Agoudath Israel, menée notamment par le rabbin Sonnenfled, les Juifs pieux ne peuvent pas collaborer avec le Conseil qui aurait émis « une proclamation solennelle qui dépose Dieu et la Torah comme souverains de la nation juive » [10].

En février 1924, le rabbin Sonnenfeld soumet un mémorandum au roi Hussein, pour avoir les garanties que les Juifs orthodoxes autochtones seront légitimement consultés sur l'avenir de la Palestine. Des garanties de coexistence pacifique sont alors apportées dans le texte : « Nous assurons Sa Majesté que la population juive se rapporte à ses voisins avec une harmonie fraternelle partout où elle existe, et en Terre sainte également nous allons nous conformer à cette tradition et collaborer dans le futur avec tous les habitants dans la construction et la prospérité de la terre pour une bénédiction et une paix pour tous les groupes ethniques »[11].

Cependant, à partir des années 1930, les difficultés à trouver une terre d'accueil, pour les Juifs d'Europe persécutés et contraints à l'exil, les amènent à revoir leur position critique vis à vis du sionisme et du projet d'édification de l'État juif. Ils entament alors des pourparlers avec les partis sionistes pour organiser l'immigration. Ainsi Isaac Breuer, l'un des principaux dirigeants du parti religieux Agoudat, jusqu'alors adversaire du projet sioniste, crée-t-il le mouvement Poalei Agoudat Israël, dont la plupart des membres part pour la Palestine. Mais certains refusent de partager le projet sioniste, politique, et créent un groupe à part, le Edah Aredit, littéralement les "Craignants Dieu" dont le centre est à Jérusalem [12].

De nos jours, il existe toujours un fort courant antisioniste parmi les juifs haredim (ultraorthodoxe), le justifiant par la non arrivée du messie, que ce soit en Israel ou dans la diaspora. D'ailleurs, lors de la création d'Israel en 1948, le pacte entre les sionistes et les Haredim fut que ces derniers ne participèrent pas au service militaire pour ne pas cautionner cette idéologie. Ce pacte perdure encore de nos jours et crée un clivage au sein de la société israélienne entre les laïcs et les religieux.

Par contre, dans d'autres courants religieux, Daniel Lindenberg[13] estime que « le courant ultra-orthodoxe religieux qui fut antisioniste est aujourd'hui ce "judaïsme intransigeant" [...] qui manifeste dans la colonisation de la Cisjordanie, un enthousiasme pionnier dont il fait remarquer qu'il a depuis longtemps déserté le camp sioniste laïque ».

[modifier] En Europe

À l'origne, le sionisme, mouvement politique laïc, ne fait pas l'unanimité chez les Juifs, car il rencontre une opposition forte de la part d'une partie des Juifs religieux : les Juifs orthodoxes. Mais le lien du peuple juif à la terre d'Israël est cependant très fort aussi bien chez une partie des Juifs socialistes, que pour une bonne part des Juifs religieux qui, de plus en plus, se perçoivent comme une nation, car ils sont de plus en plus considérés comme tels dans le mouvement des nationalités en Europe [G.Bensoussan op.cit. ; "le sionisme face à ses détracteurs"]. L'antisionisme religieux ne concerne néanmoins pas tout le Judaïsme : une partie des religieux sont également sionistes [14].

Avant la montée du fascisme en Europe dans les années 1930 et la Seconde Guerre mondiale qui voit le triomphe du nazisme et sa politique raciale, une majorité des Juifs n'adhère pas à l'idée d'un État juif. En effet, les Juifs d'Europe, avant le nazisme, se répartissent approximativement en quatre catégories :

  • les communistes et socialistes [on dit encore à l'époque sociaux-démocrates dans nombre de pays] qui attendent le dépassement du problème des persécutions envers les Juifs de la réalisation d'une égalité entre tous les peuples par le dépassement des nations réalisé par l'internationalisme communiste ou le socialisme à venir. Mouvement politique qui en Pologne fonde le Bund où se retrouvent principalement les socialistes avec aussi des communistes[15]. Ce sont aussi les Juifs qui dans les autres pays européens rejoignent les rangs des divers partis communistes.
  • les Juifs libéraux, qui croient à une viabilité de la solution politique au sein des nations démocratiques, soit l'assimilation du fait de la citoyenneté accordée aux Juifs, qui serait susceptible de mettre fin à l'antisémitisme historique.
  • les Juifs religieux qui attendent la rédemption et le salut avec la venue du Messie à la fin des temps, qui sont représentés par le judaïsme traditionnel : la réunion de tous les peuples à Jérusalem telle qu'annoncée avec la paix messianique. Une partie, les plus orthodoxes, ne sont pas sionistes, voire antisionistes, cependant qu'une partie des Juifs religieux, sont également sionistes, du fait du lien historique des Juifs à la terre d'Israël (que décrivent les historiens : Walter Laqueur, Georges Bensoussan, Elie Barnavi, A. Gruynberg, etc.).
  • les sionistes proprement dit, dont le pôle majoritaire est socialiste.

En Europe, aujourd'hui, le courant antisioniste se manifeste par des organisations telle que les Juifs européens pour une paix juste (JEPJ), l'Union juive française pour la paix, l'Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB), le réseau des Juifs contre l’occupation (Italie) et l'organisation Jews for Justice for Palestinians (Royaume-Uni) qui luttent contre le sionisme au sens de politique colonialiste aux dépends du peuple palestinien.

[modifier] En Israël

En Israël, l'antisionisme est représenté par un courant juif religieux et un courant laïque. Dans le courant laïque il y a différents mouvements comme le Hadash (parti communiste), dans la population d'origine arabe principalement, et sous d'autres formes, au sein d'une fraction de la gauche revolutionnaire israélienne comme Matzpen ou les intellectuels de l'appel Olga (notamment comme Michel Warschawski, partisan d'un état bi-national). Certains hommes politiques ou historiens tiennent des positions antisionistes en remettant en cause la pertinence de lois fondamentales établissant une préférence pour les Juifs en Israël, tel Ilan Pappé ou Meron Benvenisti.

[modifier] Aux Etats-Unis

Il existe aux états-unis d'amérique un courant juif antisioniste important[15] (mais minoritaire), représenté d'une part par des organisations juives orthodoxes qui contestent le sionisme au nom des valeurs fondamentales du judaïsme (Neturai karta, True Torah Jews , ...), et d'autres parts de mouvements juifs progressistes opposés à la colonisation de la Palestine. Des manifestations de juifs antisionistes ont réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes[16].

[modifier] Antisionisme arabe

[modifier] Antisionisme palestinien

L'antisionisme se développe en Palestine sous l'influence du Grand Mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, qui commença à œuvrer auprès des Britanniques à cette époque, pour empêcher les implantations juives en Palestine. Par la suite, les mouvements nationalistes palestiniens, les mouvements laïcs (comme le Fatah), ceux d'influence marxistes (notamment le FPLP) puis, dans les années 1990, ceux de tendances islamistes, adoptent une ligne générale anti-sioniste plus ou moins affirmée.

En avril 1996, l'OLP modifie sa charte qui visait un État palestinien sur l'ensemble de la Terre sainte. Cependant, le ralliement à la notion d'État juif chez les intellectuels et politiques palestiniens fait débat.

[modifier] En Israël

La caractère juif de l'État d'Israël est contesté par les représentants politiques des Palestiniens citoyens d'Israël, comme Azmi Bishara. Ces derniers revendiquent une Constitution qui ferait d'Israël « un État de tous ses citoyens ». L'éditorialiste Avraham Tal rapporte fin 2006 que les leaders de la minorité arabe en Israël remettent de plus en plus en cause des fondements du caractère juif de l'État d'Israël, dans ce qu'il qualifie de « déclaration de guerre ».

« Some of the demands presented in the "visions" are new, such as the outrageous calls for granting veto power to the Arab minority on decisions of national import, and for separate representation at international institutions, and more in that vein. There are also calls for changing the flag and the national anthem, for a return to abandoned villages and equality in immigration rights to Israel. »[17]

Avraham Tal s'inquiète des conséquences démographiques de telles revendications, estimant qu'elles mènent à la renonciation à un foyer national juif.

[modifier] Antisionisme dans les autres nations arabes

D'autre part, ce furent les Frères musulmans en Égypte - organisation fondée par Hassan el Banna - dont l'organisation entre en contact dès le début des années 1930 avec le Grand mufti Amin al-Husseini pour organiser le soulèvement de la Palestine de 1935 [18] et qui prit dans la guerre de 1948 contre Israël, ayant pour visée la disparition du-dit État. L'opposition arabe au sionisme s'étend particulièrement pendant la Grande Révolte de 1936-39 organisée par le Mufti. [voir Henry Laurens, op.cit. in bibliographie T.II, pp. 459-504]

À cette époque, le roi Abdallah de Jordanie voit positivement l'intégration de la communauté juive dans un État arabe sous son contrôle (Ilan Pappé, La guerre de 1948).

[modifier] Antisionisme iranien

Depuis l'année 2005 le président Ahmadinejad, dont le pays n'a jamais reconnu l'existence de l'État d'Israël depuis la révolution islamique de 1979 (et le départ du Shah), prône un antisionisme virulent, parlant de mettre fin à l'existence de "l'entité sioniste" et menaçant de "rayer Israël de la carte".

[modifier] Antisionisme soviétique

À partir des années 1920, le sionisme est comparé en Union soviétique à un « nationalisme bourgeois » et en faire l'éloge parmi les Juifs est interdit. Durant les années de pouvoir de Joseph Staline, les Juifs sont fréquemment dénoncés comme sionistes, bien que la majorité d'entre eux à cette époque ne l'étaient pas. Après la création d'Israël, de nombreux Juifs soviétiques commencent à juger favorablement Israël, ce mouvement soulevant des tensions avec le pouvoir soviétique qui voit dans le sionisme une forme de déloyauté.

Lors des dernières années de pouvoir de Staline, entre 1948 et 1953, l'antisionisme officiel s'intensifie.

Ainsi, après avoir soutenu Israël à ses débuts, et l'avoir aidé à s'armer, l'URSS va très vite se détourner de ce pays, pour soutenir les pays arabes et leurs mouvements de libération nationale contre les puissances occidentales anciennement présentes dans la région. Et de plus en plus, l'URSS va laisser libre-cours à une propagande antisioniste perçue de plus en plus comme non dénuée des traits caractéristiques de l'antisémitisme. L'universitaire français André Taguieff y voit une des « sources à gauche de la haine actuelle des Juifs »[19].

[modifier] Antisionisme occidental

Pendant le mandat britannique en Palestine, certains milieux britanniques restent hostiles au projet sioniste, en particulier par crainte d'une opposition croissante du nationalisme arabe à la Grande-Bretagne. Après la "grande révolte arabe" en palestine (fin 1935-1939), ce courant devient majoritaire au sein du cabinet britannique. Il mènera à l'adoption du Livre Blanc de 1939. Celui-ci prévoit un état unitaire judéo-arabe en 1949. Il prévoit ausi une forte limitation de l'immigration juive. l'état qui doit être créé en 1949 sera donc à majorité arabe.

Lors de la Conférence de Durban en 2001, plusieurs mouvements engagés dans le soutien aux Palestiniens ont attribué au sionisme un caractère raciste et l'ont comparé à certaines occasion aux méthodes nazies [20].

L'universitaire palestinien Edward Saïd, prenant personnellement des positions antisionistes par son souhait d'État unique sur l'ensemble de la Palestine géographique, puis à la fin de sa vie pour une étape de deux États côte à côte, a fortement critiqué ce qu'il juge comme une vague d'antisémitisme entraînée par l'antisionisme [21], en dénonçant les intellectuels arabes fascinés par Roger Garaudy.

En France, l'éditorialiste du journal Le Point, Claude Imbert, écrit en 2004[22] : « L'antisémitisme n'est en rien une passion nationale. Mais le fait est que, dans sa variante islamiste, un anti-judaïsme très minoritaire, d'ailleurs condamné par les institutions musulmanes françaises, sévit bel et bien dans quelques friches de la nation. Plus insolite, il se profile même, derrière un antisionisme venimeux, chez un quarteron de clercs de la gauche française [...] L'évocation d'un complot international où l'État juif, « Petit Satan », donne la main au « Grand Satan » américain rappelle crûment la propagande antisémite du nazisme ».

[modifier] Antisionisme religieux

[modifier] Antisionisme chrétien

Georges Bensoussan rapporte[23] que la première forme d'antisionisme est contemporaine de la naissance du sionisme et du premier Congrès sioniste organisé par Theodor Herzl :

Les Jésuites, les premiers, lancent [le] thème [du complot sioniste] en février 1898 dans leur organe la Civilta Cattolica. Du « complot juif », les Jésuites passent vite au « complot sioniste mondial », et ouvrent, ce faisant, la voie à la carrière fabuleuse d'un faux dont ils ne sont pourtant pas les auteurs.

Le thème du « complot sioniste » est hérité de l'histoire de la contre-révolution, prend forme au moment du premier congrès sioniste (à Bâle, 1897), et lorsqu'en France commence l'Affaire Dreyfus.

La « théorie du complot » voit dans le complot la clé de l'Histoire. Une de ses formes majeures fut le thème développé dès le XIX° siècle d'une « conspiration juive mondiale ».

Les Jésuites préparent ainsi le terrain pour les Protocoles des Sages de Sion, célèbre faux composé par la police secrète du tsar. Ensuite la « conspiration » sioniste sera assimilée à une révolution juive, identifiée à la révolution bolchévique, dans le cadre de la propagande anticommuniste qui use à la fois des "Protocoles" et recourt à la vision conspirationniste de l'histoire.

[modifier] Antisionisme musulman

[modifier] Antisionisme noir

Aux États-Unis, des mouvements noirs ont critiqué le sionisme dès les années 60 et 70 (par exemple les Black Panther Party).

Actuellement, plusieurs courants noirs, en France essentiellement, s'opposent à l'idée d'un Etat d'Israël et se qualifient d'antisionistes. Ces mouvements, minoritaires, attribuent la situation de misère des peuples noirs et l'esclavagisme subi par les générations antérieures à une soit-disant cause sioniste, bien qu'aucun fait ne puisse leur donner raison. Citons en France Dieudonné, et plus virulent, la Tribu Ka.

[modifier] Antisionisme et antisémitisme

Certains historiens et analystes comme Anne Grynberg, G. Bensoussan ou le professeur de sciences politiques israélien Ilan Greilsammer[24][25] estiment que l'antisionisme n'admet pas que le seul peuple qui n'ait pas droit à une organisation politique, et une existence politique, soit le peuple juif, ce qui relève selon eux de l'antisémitisme. G. Bensoussan [26] rappelle que loin de mettre fin à la diaspora, le mouvement national juif a au contraire contribué à la renforcer en concevant une identité juive laïcisée.

Le site zionism-israel.com énonce plusieurs arguments[27] qui selon lui tracent la limite à ne pas dépasser pour ne pas glisser de l'antisionisme à l'antisémitisme, comme le danger de « souligner constamment les tendances racistes du sionisme, tout en faisant l'impasse sur les tendances racistes des nationalistes palestiniens ». Le site dénonce les parallèles entre sionisme et nazisme[28].

Ou encore Antoine Spire, de la direction nationale de la Ligue des droits de l'homme : « Aujourd'hui, l'antisionisme, même s'il ne se veut pas antisémite, vise non seulement la politique oppressive d'Israël contre les Palestiniens, mais aussi Israël et son lien avec ses soutiens en diaspora qu'on accuse sans toujours aller y voir d'inconditionnalité ; il en vient à récuser l'existence même d'un État juif. C'est là que peut se nouer le lien entre antisionisme et antisémitisme : de l'antisionisme au vœu de disparition de l'État hébreu, il n'y a qu'un fil, et de la disparition de l'État hébreu à la haine de ceux qui militent pour le droit à l'existence de l'État d'Israël, il n'y a qu'un pas »[29].

Selon le sociologue français Pierre-André Taguieff, l'accusation de racisme à l'égard du sionisme est infondée [30].

Le rapport Ruffin, remis au premier ministre français juge qu'il émerge une forme d'antisémitisme par procuration que constitue l'antisionisme radical [...] fortement représenté au sein d'une mouvance d’extrême gauche altermondialiste et verte[31].

Le justice française distingue ce qui relève d'une critique permise du sionisme même si elle est outrancière [32] de ce qui relève de l'antisémitisme (interdit par la loi française) mais les limites n'ont pas été clairement fixées par la cour de cassation.

En 2005, l'Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC), qui fait partie du Conseil de l'Europe, définit une relation entre anti-sionisme et antisémitisme. Il précise quelles sont selon lui les manières d'attaquer Israël ou le sionisme qui sont susceptibles de relever de l'antisémitisme[33].

Selon Yakov Rabkin, Israel contribue aussi à générer l'antisémitisme dans le monde. En effet, Israel parlant officiellement au nom du peuple juif (alors que seule la Torah devrait unir ce peuple), inclue volontairement ou non, tous les juifs du monde par leurs actions - militaires entre autres, générant ainsi un amalgame entre les juifs et les sionistes.

[modifier] La question de l'antisionisme aux Nations unies

Sous la pression des pays arabes et musulmans, le sionisme fut condamné le 10 novembre 1975 par l'Assemblée générale des Nations unies dans la résolution 3379[34] qui dans ses préambules proclame le sionisme une « idéologie raciste et impérialiste » et énonce dans sa conclusion que « le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale ». La conclusion de cette résolution est annulée le 10 novembre 1991 par l'Assemblée générale[35]. Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU, désapprouvera publiquement la résolution de 1975 en la qualifiant de « manifestation lamentable d'antisémitisme » [16].

[modifier] Notes et références

  1. G.Bensoussan : histoire intellectuelle et politique du sionisme 1860-1940, 2002; Alain Michel, opus cit. in bibliographie pp. 60-86)
  2. "L'invention d'une nation. Israël et la modernité politique". Gallimard. 1993
  3. Cette hostilité est décrite par les auteurs et historiens comme de l'antisionisme (Léon Poliakov, Yakov Rabkin, Joseph Agassi, Joseph Hodera, Yosef Salmon, les mouvements juifs antisionistes par auto-qualification), comme une opposition juive au sionisme (Henry Laurens, Elie Barnavi, Walter Laqueur [histoire du sionisme T II chap 8], Alain Michel, Alain Dieckhoff, Anne Grynberg, Ilan Greilsammer, Georges-Elia Sarfati, Tom Seguev), ou encore comme une critique du sionisme.
  4. [1]
  5. Il ne faut pas en conclure que la totalité de la communauté juive religieuse en Palestine est opposée au sionisme comme l'illustre cet épisode de la guerre d'indépendance : le besoin en armes était si pressant que le Grand Rabbin de Jérusalem, la plus haute autorité religieuse en Palestine, accorda une dérogation aux ouvriers fabriquant les pièces d'artillerie dans les ateliers clandestins pour qu'ils puissent travailler le jour du Shabbat dans, Lapierre et Collins, O Jérusalem, pp. 225-226)
  6. Maurice Kriegel, Orthodoxie, dans Les Juifs et le XXe siècle, p. 159
  7. Ruth Blau, Les gardiens de la cité : histoire d'une guerre sainte, p 192.
  8. Yakov Rabkin, Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme, p 154.
  9. Yakov Rabkin, Au nom de la Torah, une histoire de l'opposition juive au sionisme, p 156.
  10. Jéhuda Reinharz, Zionism and Orthodoxy: A Marriage of Convenience, dans Zionism and Religion, p 135.
  11. Voir Memorandum to King Hussein, The Jewish guardian, n°3 (novembre 1974).
  12. [réf : Anne Grynberg. "Vers la terre d'Israël" p.76-78]
  13. Destins marranes, Hachette Littératures, coll. Pluriel, 1997.
  14. [2]
  15. Listes de sites juifs antisionsites
  16. Manifestations de juifs antisionistes aux états-unis
  17. http://www.haaretz.com/hasen/spages/798478.html
  18. Anne Grynberg, p.80
  19. [3]
  20. [4] et [Le Point N°1620 du 3 octobre 2003 - Finkielkraut « Tous les pays du monde se réunissent pour discuter du racisme et trouvent un double bouc émissaire, Israël et l'Occident. Des pays esclavagistes en toute impunité dénoncent la traite des Noirs, ou le racisme aux États-Unis. Le Soudan, la Libye, Cuba stigmatisent Israël, régime d'apartheid ».]
  21. [5]
  22. [6]
  23. [7]
  24. Anne Grynberg, p. 40, Alain Michel, p. 160 sq., G. Bensoussan, "le sionisme face à ses détracteurs" pp. 19-20
  25. [8]
  26. op. cit. p. 23
  27. http://www.zionism-israel.com/limites_de_l'antisionisme_2.htm
  28. http://www.zionism-israel.com/limites_de_l'antisionisme_3.htm
  29. [9]
  30. [10]
  31. [11], Chantier sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, rapport présenté par Jean-Christophe Rufin, remis à Monsieur le Ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales le 19 octobre 2004, suite à une lettre de mission en date du 29 juin 2004.
  32. par exemple lors de poursuite contre l'humoriste Dieudonné qui avait représenté un extrémiste juif faisant un salut nazi, le tribunal a considéré que "Le personnage incarné par le prévenu ne représente pas les personnes de confessions juives dans leur ensemble, mais une certaine catégorie de personnes, uniquement dans l'expression de leurs idées politiques"
  33. [12]
  34. [13]
  35. Rés. 46/86 [14]

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

[modifier] Histoire du sionisme et de l'antisionisme

  • Dan Horowitz et Moshe Lissak : "Origins of the israeli polity. Palestine under the Mandate". Chicagoo-London. University of Chicago press. 1978.
  • Ilan Greilsammer : "Israël, les hommes en noir", Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1991
  • Walter Laqueur : "Histoire du sionisme". (II tomes), Coll Tel, Gallimard, 1994, .
  • Alain Dieckhoff : "L'invention d'une nation. Israël et la modernité politique". Gallimard. 1993
  • Elie Barnavi : Une histoire moderne d'Israël, Flammarion, 1998
  • Anne Grynberg : "Vers la terre d'Israël", Gallimard découverte, coll. histoire. 1998
  • Henry Laurens : "La question de Palestine". Fayard 2002
  • G.Bensoussan : "Une histoire intellectuelle et politique du sionisme. 1860-1940. Fayard 2002
  • Tom Segev : "C'était la Palestine au temps des coquelicots". Liana Levi, 2000.
  • Alain Michel : "Racines d'Israël" ed. Autrement, 2003.

[modifier] Critiques de l'antisionisme

  • Alain Finkielkraut, La réprobation d'Israël, Paris, Denoël/Gonthier, 1983, 181 p.
  • le sionisme face à ses détrracteurs sous la direction de Shmuel Trigano. ed. Raphaël. 2003
  • Paul Giniewski, Antisionisme : le nouvel antisémitisme, Paris, Cheminements, 2005, 318 p.
  • Joël et Dan Kotek, Au nom de l'antisionisme. L'image des Juifs et d'Israël dans la caricature depuis la seconde Intifada, Paris, Editions Complexes, 2003, 166 p. (nombreuses illustrations issus de sites et de journaux arabo-musulmans)
  • Armand Laferrère, "Est-il permis de soutenir Israël ?", Commentaire, n°104, Hiver 2003-2004, p. 933-940
  • Eric Marty, Bref séjour à Jérusalem, Paris, Gallimard, 2003, 265 p.
  • G.Bensoussan : "une histoire intellectuelle et politique du sionisme. 1860-1940. Fayard 2002
  • Georges-Elia Sarfati, L'antisionisme. Israël/Palestine aux miroirs d'Occident, Paris, Berg International, 2002, 126 p.
  • Sous la direction de Shmuel Trigano, Le sionisme face à ses détracteurs, Paris, éditions Raphaël, 2003, 169 p. (avec notamment des contributions de Frédéric Encel, Alain Finkielkraut, Paul Giniewski, Daniel Sibony)

[modifier] Liens externes

[modifier] Description de positions antisionistes

[modifier] Critiques de l'antisionisme

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