Pierre-André Taguieff

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Pierre-André Taguieff, né à 1946 à Paris est un philosophe et politologue, directeur de recherche au CNRS (dans un laboratoire de Sciences Po, le CEVIPOF). Il est l’auteur de nombreux essais de sociologie.

Né d’un père russe et d’une mère d’origine polonaise, il a très tôt été passionné par la culture juive (musicale, notamment), bien que n'étant pas juif, comme il l'a publiquement déclaré à plusieurs reprises. Dans les années 1960, il poursuit des études de philosophie et de linguistique à la Faculté de Nanterre.

[modifier] Travaux

[modifier] Sur l’antisémitisme

Très intéressé par la question de l’antisémitisme, et par l’œuvre de Léon Poliakov, il travaille sur les Protocoles des Sages de Sion, un fameux faux antisémite rédigé par la police tsariste. Puis il étend ses recherches au racisme. Aujourd’hui, outre ces questions centrales, ses travaux s’intéressent également au nationalisme, au devenir de la République et à l’utopie du progrès. Inquiet de la résurgence d’un nouvel antisémitisme, parfois déguisé sous le masque de l’antisionisme radical, il a consacré deux ouvrages importants sur cette question (La nouvelle judéophobie, et Prêcheurs de haine), où il analyse l’argumentaire antisémite, et montre sa filiation directe avec l’antisionisme soviétique des années 1970, et l’islamisme contemporain.

[modifier] Sur le racisme

Sur la seule question du racisme, son apport majeur est d’avoir démontré l’existence de deux formes de racisme distinctes.

D’une part, un racisme hétérophobe, pseudo-universaliste, qui rejette la différence et prétend assimiler à une identité unique les groupes voulant conserver leurs différences. Ce racisme est basé sur une logique inégalitaire, et fonde ses catégories sur les caractères somatiques(couleur de la peau, taille, forme du crâne, etc) des individus.

D’autre part, un racisme hétérophile, qui prône le particularisme, et entend conserver des différences exclusives entre les groupes.Cette forme s'appuie sur une logique différentialiste. Parfois décrite comme un néo-racisme, elle fonde ses explications du cours de l'histoire ou du fonctionnement social sur des catégories élaborées à partir de traits culturels (moeurs, langue, religion, etc).

En conséquence, ces deux racismes appellent deux anti-racismes symétriques. Au racisme hétérophobe, s'oppose un antiracisme différentialiste, lié au relativisme culturel. Il prône l'égale reconnaissance des différentes cultures. Au racisme hétérophile et mixophobe, s'oppose un antiracisme universaliste de teneur assimilationniste, qui plaide pour le mélange des cultures et l'universalité des valeurs humaines.

[modifier] Controverse sur ses travaux

Ses travaux sur des questions sensibles ont fait que par deux fois, Pierre-André Taguieff a été au coeur de critiques polémiques. En 1993, Taguieff a été accusé par Roger-Pol Droit d’avoir basculé à l'extrême droite, alors qu’il fréquentait des militants de la Nouvelle droite d'Alain de Benoist dans le seul cadre de ses travaux. Cette attaque est doublée d'un Appel à la vigilance signé par de très nombreux intellectuels. Une contre-pétition de soutien à Taguieff est alors lancée, par d'autres intellectuels, qui dénonce "le conformisme" de la première pétition. Taguieff publie ensuite un livre d'analyse sur cette extrême droite (Sur la Nouvelle Droite).

Plus récemment, il a été qualifié de nouveau réactionnaire dans un pamphlet de Daniel Lindenberg. Pierre-André Taguieff observe que le "conseiller" Lindenberg ne prend pas la peine de discuter les thèses de penseurs tels que Pierre Manent, Marcel Gauchet, Alain Finkielkraut, Alain Besançon, Shmuel Trigano, Jean-Claude Milner ou Alain Badiou, il se contente d'épingler leurs noms sur sa liste noire.

Pierre-André Taguieff a également été accusé par plusieurs associations françaises impliquées dans le conflit israélo-palestinien de stigmatiser l'anti-sionisme comme de l'antisémitisme.D'autres lui reprochent au contraire son sionisme.

Ainsi en 2003, un texte controversé du théologien Tariq Ramadan le met en cause dans un texte évoquant des "intellectuels juifs" (alors qu’il ne l'est pas) tenant des positions pro-israéliennes. À la suite de la parution de ce texte, Pierre-André Taguieff dénonce les passerelles politiques existant selon lui entre islamistes et altermondialistes, qui se seraient déployées au Forum social européen ou dans des manifestations hostiles à la guerre en Irak.

Taguieff collabore avec la revue Égards et la toute nouvelle revue Le Meilleur des Mondes qui paraît aux éditions Denoël sous la direction du journaliste Michel Taubmann.

[modifier] Bibliographie

1987 - La force du préjugé. Essai sur le racisme et ses doubles, La Découverte
1991 - Face au racisme, La Découverte (sous sa direction)
1991 - Théories du nationalisme, Kimé (en co-direction avec Gil Delannoi)
1992 - Les protocoles des sages de Sion, faux et usage d’un faux
1994 - Sur la Nouvelle Droite, Galilée
1995 - Les fins de l’antiracisme, Michalon
1996 - La République menacée, Textuel
1997 - Le racisme, Flammarion
1998 - Face au Front national. Arguments pour une contre-offensive, La Découverte (avec Michèle Tribalat)
1998 - Les populismes’'
1998 - La couleur et le sang : doctrines racistes à la française, Mille et une Nuits
2000 - l’effacement de l’avenir, Galilée
2001 - Du progrès. Biographie d’une idée moderne
2002 - La nouvelle judéophobie, Mille et une Nuits
2004 - Le sens du progrès - Une approche historique et philosophique
2004 - Prêcheurs de haine. Traversée de la judéophobie planétaire, Mille et une Nuits
2005 - La république enlisée - Pluralisme,communautarisme et citoyenneté, Ed. des Syrtes
2005 - La foire aux illuminés Ed. Mille et une nuits.
2006 - Limaginaire du complot mondial Ed. Mille et une nuits.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Autour de Taguieff

Gil Delannoi, "Critiques, croyances et craintes. Sur l’effacement de l’avenir de Pierre-André Taguieff et quelques autres de ses ouvrages", Revue Française de Science Politique, volume 50, n°4-5, 2000
Sur l’affaire de la Nouvelle Droite, cf. Emmanuel Lemieux, Pouvoir intellectuel. Les nouveaux réseaux, Denoël, 2003, p. 523-540