Albert Rohmer
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Albert Rohmer | |
Naissance : | 27 décembre 1913 Huttenheim, France |
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Décès : | 14 juillet 2006 (à l'âge de 92 ans) Strasbourg, France |
Nationalité : | ![]() |
Grade militaire : | Médecin-Capitaine (de réserve) |
Service : | 1938 - 1950 |
Conflits : | Seconde Guerre Mondiale |
Faits d'armes : | Résistance intérieure française (MUR) Déportation à Neuengamme |
Distinctions : | Officier de la Légion d'honneur Croix de Guerre 1939-1945 avec palme Médaille de la Résistance |
Autres fonctions : | Professeur de pédiatrie |
Famille : | Paul Rohmer (1876-1977) François-Joseph Offenstein (1760-1837) |
Albert Rohmer (Huttenheim, 27 décembre 1913 - Strasbourg, 14 juillet 2006) pédiatre alsacien et résistant français déporté au camp de Neuengamme.
Sommaire |
[modifier] Formation
Fils de Joseph Rohmer (1886-1972) et de Marie Klein (1890-1927), agriculteurs, Albert Rohmer est né en 1913 dans une Alsace annéxée, il suivit ses études au collège Saint-Étienne de Strasbourg, où il y passa un double baccalauréat (Mathelém et Philo) en 1931. Etudiant brillant, il eut l'occasion de poursuire ses études jusqu'au doctorat à la faculté de Médecine de Strasbourg. Sortit major de l'Internat, son travail en pédiatrie l'amena par la suite à collaborer avec son oncle, le Professeur Paul Rohmer (1876-1977), à la clinique infantile de Strasbourg.
En 1938/1939, il fit son service militaire à l'ESSA de Lyon (sortit 3ème de promotion), et fut affecté comme médecin-lieutenant au 1er régiment étranger de cavalerie posté alors en Afrique du Nord.
[modifier] La Seconde Guerre Mondiale (1939-1945)
Albert Rohmer fut maintenu à sa demande[1] en 1939 dans l'armée française et fut affecté dans la zone opérationnelle de Défense de Toulon. Cependant devant la défaite française de juin 1940 et l'annexion de l'Alsace, il fut démobilisé et s'installa à Clermont-Ferrand afin de rester lié à la faculté de médecine de Strasbourg repliée en zone libre.
[modifier] La Résistance, l'arrestation et le transit vers Neuengamme
Début 1943, il fut recruter par un de ces confrères à Clermont-Ferrand pour rentrer dans la Résistance sous la bannière du Mouvements unis de la Résistance (MUR). Mais suite à un attentat majeur un an plus tard, le 8 mars 1944, une énorme rafle a lieu dans la milieu universitaire Clermontois et Albert Rohmer, alors chef de clinique, se fait arrêter par la Gestapo car le sous-directeur de l'Hôtel Dieu Maucour l'avait dénoncé en le décrivant comme "un résistant particulièrement actif".
Albert Rohmer est emmené à la prison du 92ème R.I. de Clermont-Ferrand où il y restera 100 jours. Interrogé brutalement et à maintes reprises par la Gestapo sur ces activités illégales, il eut pour seul réponse : "Je suis Officier français (de réserve) et ne nuirait jamais à mon pays".
Le 18 juin 1944, il est emmené au camp de triage de Compiègne, mais devant une blessure légère, il y restera 3 semaines, ce qui lui evita de faire parti du "convoi de la mort" du 2 juillet 1944 (2521 individus au départ de Compiègne, 984 morts durant le trajet vers l'Allemagne dont le Professeur Fred Vlès et seulement 181 individus sont revenus de captivité[2]). Il arriva malgré tout le 18 juillet 1944 dans le camp de Neuengamme où on lui attribua le matricule 37037.
[modifier] De l'infirmerie de Helmstedt à la mine de sel Schacht-Marie
Grâce à ses origines alsaciennes, étant médecin et ayant une parfaite connaissance de la langue allemande, il fut très vite envoyé comme (déporté-)responsable de l'infirmerie dans le kommando de Helmstedt dépendant du camp centrale de Neuengamme. Cependant, début septembre 1944, après seulement 3 semaines à l'infirmerie, on lui ordonna de pratiquer un acte médicale contraire à la déontologie qui consistait à injecter du T.A.B. antiparathyphique et antithyphique en intraveineux à l'ensemble des patients se présentant à lui avec de la fièvre. Le résultat de ces injections aurait conduit à un décès certain des patients... Il refusa fermement d'obéir ce qui provoqua de la part des autorités nazis du camp une violente réaction : son exécution par pendaison fut prévue pour le lendemain ; cependant devant le manque de main d'œuvre important dans le camp, il fut "simplement cassé", et envoyé dans la mine de sel "Schacht-Marie" du camp de Helmstedt-Beendorf comme simple triangle rouge. Il restera dans cette mine jusqu'à fin avril 1945
[modifier] La Libération par les Alliés
Devant l'avance des alliés, il sera finalement déplacé avec les autres déportés plus au Nord jusqu'à Woebellin près de Schwerin. Le 3 mai 1945, le camp est abandonné par les nazis, ce qui permit à Albert Rohmer et à David Rousset de partir, seuls et ensemble, le soir à la rencontre de l'armée britanno-américaine. Ils sont reçus sans attente à la mairie de Ludwiglust par le général James M. Gavin (commandant de la 82e division aéroportée américaine) ; et le lendemain matin 4 mai 1945, l'armée britanno-américaine se déplaca grâce à leurs indications en directions des derniers kommandos de Neuengamme pour les libérer. Déclaré malgré-tout intransportable, Albert Rohmer ne sera rapatrié que le 1er juin 1945 à Paris ; il fera d'ailleurs la Une des journeaux car il sera choisit par les journalistes pour incarner le millionnième français rapartrié "ancien Prisonnier de guerre - Déporté".
[modifier] Après 1945
A son retour de déportation, il retrouva ses fonctions de chef de clinique. De 1946 à 1951, il fut le Directeur du Centre interdépartemental d'Education Sanitaire du Haut-Rhin, Bas-Rhin et de la Moselle; tandis qu'en 1966, il fut nommé Professeur de pédiatrie à la Faculté de médecine de Strasbourg (fonction qu'il occupa jusqu'en 1982, moment où il prit sa retraite).
Parallèment à ses fonctions universitaires, il fut promu capitaine de réserve en 1948, et poursuivit le travail de mémoire entreprit concernant la déportation ; en 1976, il participa d'ailleurs en Allemagne, en tant que témoin, aux procès de certains anciens dirigeants nazis du camp de Neuengamme et occupa la fonction de Président de l'Amicale de Neuengamme Zone-Est pendant 20 ans. En 1993, il cessa toutes ces activités pour des raisons de santé.
Albert Rohmer s'est marié en 1955 avec Marie-Thérèse Hubster (née en 1920) et eut une fille en 1956.
[modifier] Décorations principales :
- 14.07.1982 : Officier de la Légion d'honneur
- 14.01.1948 : Chevalier de la Légion d'Honneur avec la mention suivante "pour faits qualifiés d'exceptionnels durant la guerre 1939-1945"
- 14.01.1948 : Croix de Guerre 1939-1945 (1 citation à l'ordre de l'Armée)
- 11.03.1947 : Médaille de la Résistance
- 1948 : Médaille de la déportation pour faits de Résistance
- Plusieurs autres décorations pour sa carrière universitaire
[modifier] Voir aussi
[modifier] Sources et références
- ↑ Mémoires écrit par Albert Rohmer de son vivant sur la période trouble 1939-1945, 250 livres furent édités mais la diffusion de cet ouvrage ne toucha que ses amis, ses collèges et l'amicale dont il fut le président
- ↑ Des universités aux camps de concentration - témoignages strasbourgeois ISBN 2-86820-714-6 chapitre écrit par Francis Rohmer et intitulé "Le convoi de la Mort"
[modifier] Liens internes
- Généralité:
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- David Rousset (1912-1997) écrivain, déporté, et militant politique français
- Le camp de Neuengamme
- Personnalité liée à l'Université de Strasbourg et à la commune de Huttenheim
- Famille :
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- Paul Rohmer (1876-1977), son oncle, un des fondateurs de la pédiatrie moderne française
- François-Joseph Offenstein, (1760-1837), son arrière-arrière-arrière-grand-oncle, Général de Brigade sous Napoléon Ier
[modifier] Liens externes
- Albert Rohmer est un des nombreux déportés rencontrés et cités dans Les jours de notre mort par David Rousset, 1947, ISBN 2-01279-266-9, livre traitant de la vie des déportés en camp de concentration. Son patronyme n'est cependant pas mentionné dans l'ouvrage où il est juste connu par son prénom, Albert.
- Des universités aux camps de concentration - témoignages strasbourgeois ISBN 2-86820-714-6, un chapitre écrit par Albert Rohmer sur la vie au camp de Neuengamme intitulé : "Helmstedt, Mine de Sel"
- (fr) Nombreuses arrestations le 8 mars 1944 dont celle d'Albert Rohmer dans le milieu universitaire à Clermont-Ferrand
- (fr) Témoignage des repas par Albert Rohmer
- (fr) Témoignage d'un kommando extérieur par Albert Rohmer
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