Sophie Dawes
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Vous avez de Sophie Dawes, baronne de Feuchères est une aventurière anglaise née à St Helens dans l'île de Wight le 29 septembre 1790 et morte à Londres le 15 décembre 1840, qui fut la maîtresse et l'héritière du dernier prince de Condé, Louis VI Henri de Bourbon-Condé (1756-1830).
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[modifier] Biographie
Fille de Richard Dawes (1751-1828), pêcheur et contrebandier alcoolique de l'île de Wight, Sophie Dawes fut envoyé à Londres comme servante et devint en 1810 la maîtresse du duc de Bourbon (ultérieurement prince de Condé en 1818), qui vivait alors en émigration. Le duc, qui avait alors la soixantaine, tomba complètement sous la coupe de la jeune femme qui, selon une explication de plus en plus largement admise et qui permet d'expliquer la fin tragique du prince, possédait des talents spéciaux pour stimuler les ardeurs sexuelles du vieil homme par la strangulation, qui, appliquée à bon escient, serait de nature à produire une érection. Le duc de Bourbon établit en 1811 Sophie Dawes dans une maison de Gloucester Street et lui fit donner une bonne éducation, lui faisant apprendre les langues anciennes et modernes et la musique. Elle apprit ainsi à parler un français sans faute, quoique non sans accent.
À la Restauration, le duc de Bourbon retourna en France et eut une liaison avec une autre anglaise, Miss Harris. Mais Sophie Dawes le rejoignit en 1815 après les Cent-Jours et leur liaison reprit. Pour éviter le scandale et permettre à sa maîtresse de paraître à la cour, le prince lui fit épouser en 1818 le chef de bataillon Adrien Victor Feuchères (originaire de Nîmes). Il la dota, fit du mari, à qui l'on affirma que la jeune femme était la fille naturelle du duc de Bourbon, son aide-de-camp et obtint pour lui un titre de baron. Jolie, intelligente et ambitieuse, la baronne de Feuchères ne tarda pas à se faire remarquer à la cour de Louis XVIII et à celle du Palais-Royal, car elle n'avait pas tardé à être présentée.
En 1822, le baron de Feuchères finit par découvrir la nature des relations entre son épouse et le prince de Condé. Humilié d'avoir été à peu près le seul à être tenu dans l'ignorance d'un secret de Polichinelle qui faisait se gausser tout Paris, il quitta sa femme, non sans restituer sa dot, en imposant en mars 1824 une séparation qui fit scandale et priva la baronne de Feuchères de son statut mondain (la séparation légale ne fut prononcée qu'en 1827). Celle-ci se vit interdire de paraître à la cour et, par voie de conséquence, cessa également d'être reçue au Palais-Royal chez le duc d'Orléans et un peu partout dans le monde.
Cette situation convenait parfaitement au prince de Condé, qui s'intéressait surtout à la chasse et se contentait parfaitement de cette vie solitaire, mais pas du tout à l'intrigante baronne. Pour rétablir sa position perdue, celle-ci manœuvra habilement en s'appuyant sur Talleyrand et sur la famille d'Orléans. Elle offrit au premier de le laver, dans l'esprit du prince de Condé, de l'accusation d'avoir participé à l'exécution du duc d'Enghien et aux seconds de convaincre le dernier des Condé de rédiger un testament en faveur du benjamin des fils du duc d'Orléans, le duc d'Aumale. Elle comptait en contrepartie sur eux pour intervenir auprès du roi afin de lever l'interdit qui la frappait.
En avril 1827, par l'entremise de l'intendant du prince de Condé, Mme de Feuchères invita à dîner au Palais-Bourbon l'homme de confiance du duc d'Orléans, le chevalier de Broval, et lui proposa le marché. Talleyrand, de son côté, vint au Palais-Royal le 13 juin 1827 et fit part à l'un des aides de camp, Chabot, des propositions de la baronne : l'une de ses nièces, Mathilde Dawes (1811-1854), épouserait Hugues Jean Jacques Frédéric, marquis de Chabannes de la Palice, neveu de Talleyrand, avec la bénédiction du prince de Condé, ce qui scellerait la réconciliation des deux familles, tandis qu'elle amènerait le prince à choisir le duc d'Aumale pour héritier.
Le 17 juin, le duc d'Orléans, accompagné de son fils aîné, le duc de Chartres, alla dîner à Saint-Leu. Le 3 juillet, Talleyrand vint au Palais-Royal et conseilla au duc d'Orléans de faire préparer un acte d'adoption du duc d'Aumale qu'il suffirait de faire signer au prince de Condé, mais l'avocat de Louis-Philippe, Tripier, consulté, objecta que l'adoption d'un mineur était légalement impossible et préconisa une donation entre vifs avec réserve d'usufruit. Le 16, Talleyrand revint dîner au Palais-Royal et le duc d'Orléans l'informa des derniers arrangements en le chargeant d'en faire part à la baronne de Feuchères. Le 6 août au soir, Talleyrand revint porteur d'une lettre de la baronne assurant le duc d'Orléans qu'elle « mettr[ait] toute [sa] sollicitude » pour obtenir l'acte souhaité et l'informant du prochain mariage de sa nièce avec le marquis de Chabannes.
En définitive, après deux années d'efforts, Mme de Feuchères parvint à obtenir de Condé qu'il rédige le 29 août 1829 un testament lui léguant la somme de 2 millions de francs ainsi que le château de Saint-Leu et son parc, le château et domaine de Boissy, Enghien, la forêt de Montmorency, et le domaine de Mortefontaine, ainsi que le pavillon qu'elle occupait au Palais-Bourbon, et le château d'Écouen à la condition d'en faire un orphelinat pour les enfants des soldats des armées de Condé et de Vendée, le reste de sa fortune – plus de 66 millions de francs en capital, produisant deux millions de revenu annuel – allant au duc d'Aumale.
La famille d'Orléans multiplia alors les démarches pour obtenir le retour en grâce de la baronne de Feuchères. En janvier 1830, Charles X accorda enfin le retour de celle-ci à la cour. À cette occasion, la dauphine aurait soupiré : « Après tout, nous recevons tant de canailles... ». Le neveu de la baronne, James Dawes, fut alors fait baron de Flassans. Condé, de son côté envisageait de quitter sa maîtresse et la France, et, lorqu'il fut trouvé pendu à l'espagnolette de sa fenêtre le 27 août 1830, elle fut soupçonnée et une enquête eut lieu, qui ne put prouver que le décès était dû à un crime, de sorte qu'elle ne fut pas poursuivie. Selon certains historiens, il ne s'agissait en fait ni d'un suicide ni d'un assassinat, mais d'un inavouable accident résultat malheureux des jeux sexuels du prince et de sa maîtresse. Sophie Dawes, définitivement éclaboussée par le scandale, liquida ses propriétés et retourna à Londres où elle mourut le 15 décembre 1840.
[modifier] Références
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
- Louis André, La mystérieuse Baronne de Feuchères, Paris, Perrin, Coll. Enigmes et drames judiciaires d'autrefois, 1925
- Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Arthème Fayard, 1994, pp. 532-535
- Manjonie Bowen, The scandal of Sophie Dawes, 1935-1937
- Pierre Cornut-Gentille, La baronne de Feuchères, Paris, Perrin, 2000
- Christian Liger, Les marches du Palais, Paris, Laffont, 1996
- John Lane, Sophie Dawes, Queen of Chantilly, 1912
- Rev. David Low et Sheila White, Over twelve-hundred years in St. Helens, a parish history, St. Helens, Ryde, 1977
- Victor Macclure, She stands accused, Chapitre V : Almost a Lady, texte en anglais sur The World Wide School, 1997.
- Violette Montagu, Sophie Dawes, queen of Chantilly, 1911
