Satire

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Le Rieur édenté, buste caricaturant Charles Philipon - artiste : Honoré Daumier, XIX^e siècle.

L’objet de la satire est de ridiculiser son sujet (des individus, des organisations, des États…), souvent dans l'intention de provoquer ou prévenir un changement. Selon le petit Robert, le sens moderne et courant est : « Écrit, discours qui s’attaque à quelque chose, à quelqu’un, en s’en moquant ».

La satire, en tant que genre littéraire codifié, dont on attribue la création à Lucilius (de l’œuvre duquel il ne reste que des fragments), est apparue au II^e siècle av. J.-C. chez les Latins chez qui elle disparaitra après les grand satiristes (Horace, Perse et Juvénal), pour réapparaitre en Italie tout à la fin du XV^e siècle après la réédition de ces trois auteurs latins et qui mourra petit à petit au cours du XVIII^e siècle trouvant sa réalisation finale chez Boileau.

On a longuement discuté de l’origine de la satire. La critique humaniste de la Renaissance, durant près d'un siècle et demi, crut que la satire était originaire du drame satyrique grec, alors qu'il n'en est rien. Comme l’écrit Quintilien (X, 1, 9) : « satura tota nostra est », la satire est bien une création latine dont la définition proprement dite est un « pot-pourri », autrement dit un genre qui se caractérise par sa souplesse : sujet, ton, rythme, longueur.

Par contre, à l'inverse de cette grande variété de thèmes, de sujets et de tons, la satire moderne latine (Lucilius) se définit d’un point de vue formel par l’emploi de l’hexamètre. Trois grand noms de l'époque romaine sont à retenir :

Horace qui, par ses Sermones (Conversations), fera de la satire un genre aimable entrecoupant ses quelques critiques de sentences.
Perse, poète plus obscur, influencé par le stoïcisme.
Et enfin Juvénal qui fera culminer la violence des propos, la bile satirique, la condamnation personnelle à son apogée s'attaquant à la société dans tous ses vices : tyrannie, perversités féminines, superstitions, privilèges...

La satire régulière disparait durant la période médiévale mais, sous l'impulsion de la redécouverte des auteurs latins et de leur publication à la Renaissance italienne, on voit renaitre au XV^e siècle ce genre oublié et qui fleurit à grand pas.

Les sociétés celtes pensaient que les satires des bardes avaient un effet physique similaire à un sort (voir glam dicinn).

La parodie est une forme de satire où l’on imite l'œuvre d'un autre en vue de le ridiculiser.

Il existe plusieurs types de satire :

la diminution réduit la taille de quelque chose en vue de la faire paraître ridicule ou de pouvoir l'examiner en détail et exposer ainsi ses défauts.
l'exagération est une technique commune de satire où l’on prend une situation réelle et on l'exagère à un point tel qu'elle devient ridicule.
la juxtaposition compare des choses d'importance inégales, ce qui met l’ensemble au niveau de moindre importance.
la parodie imite les techniques et le style d’une personne, d’un lieu ou d’une chose.

On a longuement discuté de l’origine de la satire. La critique humaniste de la Renaissance, durant près d'un siècle et demi, crut que la satire était originaire du drame satyrique grec. Un tel schéma de filiation est trop simple, mais il reste que de nombreux textes grecs sont possèdent déjà l’essentiel des caractéristiques de la satire latine. On peut notamment lire le Margitès attribué à Homère, parodie de l’épopée, ou bien le portrait de Socrate dans les Nuées d’Aristophane (v.218-234), qui n’a rien à envier aux portraits satiriques de l’époque républicaine. Comme l’écrit Quintilien (X, 1, 9) : « satura tota nostra est », la satire est typique de la littérature latine, même si elle n’en a pas l’exclusivité, puisqu’elle a connu à Rome un fort développement, y compris institutionnel (cf. les vers satiriques prononcés par les légionnaires à destination de leur général : Suétone, Vie de César 49.51.52 par exemple). Satura, étymologiquement signifie une sorte de macédoine, un « pot-pourri », autrement dit la satire se caractérise par sa souplesse : sujet, ton, rythme, longueur. Et de fait, on trouve de tout sous le terme « satire » : des sermones d’Horace aux Satires de Perse ou de Juvénal, certains Carmina de Catulle, les Epigrammes de Martial, mais encore maints passages de Sénèque (par exemple le passage sur les embarras de Rome, dans les Lettres à Lucilius VI, 56), etc. La notion de genre est donc pour une part inadéquate, et il faudrait peut-être alors parler alors de registre.

Il est vrai cependant que les ouvrages désignés sous le terme de saturae sont, le plus souvent, et depuis Lucilius (le fondateur de la satire latine pour Quintilien), écrits en hexamètre dactylique. Quelques grand noms associés à la satire latine sont à retenir :

∑ Lucilius, dont on possède de nombreux fragments, et auquel de nombreux poètes se réfèrent (notamment Horace). ∑ Varron, auteur de Satires Ménippées, type particulier de satire reconnaissable à son mélange de vers et de prose, et explicitement placé dans la perspective d’un héritage grec, puisqu’elles font référence à Ménippe de Gadara, cynique grec du IIème siècle avant notre ère. ∑ Horace qui, par ses Sermones (Conversations), fera de la satire un genre aimable entrecoupant ses quelques critiques de sentences. ∑ Perse, poète plus obscur, influencé par le stoïcisme. ∑ Juvénal qui fera culminer la violence des propos, la bile satirique, la condamnation personnelle à son apogée s'attaquant à la société dans tous ses vices : tyrannie, perversités féminines, superstitions, privilèges... ∑ Sénèque qui émaille ses textes de philosophie morale d’anecdotes piquantes et proprement satiriques. Il est aussi probablement l’auteur d’une satire ménippée : L’Apocoloquintose du divin Claude.