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Hyacinthe Rigaud - Wikipédia

Hyacinthe Rigaud

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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud - 1698. Perpignan, musée Rigaud
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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud - 1698. Perpignan, musée Rigaud

Hyacinthe Rigaud, né à Perpignan le 18 juillet 1659 et mort à Paris le 29 décembre 1743, est un peintre français, spécialisé dans le portrait.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Les origines d'une formation

Hiacinto Francisco Honorat Matias Pere-Martir Andreu Joan Rigau, tel qu'il apparaît sur son acte de naissance en catalan, naît peu de temps avant l'annexion de la province de Roussillon à la France, grâce au traîté des Pyrénées, le 7 novembre de la même année 1659. Son aïeul, Honorat Rigau, officiait déjà comme peintre en Catalogne vers 1570. Quant à son propre père, Matias, il est décrit comme tailleur (sastre en catalan) mais aussi peintre.

Son sobriquet y Ros, dont les historiens l'ont souvent affublé est une erreur due à un rajout postérieur sur l'acte de naissance de Hyacinthe (rajout également présent sur l'acte de son frère Gaspard). Cette correction malheureuse, travestissant la fonction initiale de son père en un hypothétique titre fantaisiste acquit de l'achat d'une propriété initialement de Don Francisco Ros : la vina d'en Ros... Plusieurs chercheurs ont également pensé que ce rajout était destiné à décrire une particularité physique du jeune garçon (Ros = roux) ou à appuyer la thèse d'un protecteur tout aussi improbable, le comte de Ros...

La formation du jeune garçon, dont le nom francisé en Hyacinthe Rigaud le fera connaître, a dès lors été sujet au plus grandes conjectures ; la faible qualité des productions de ses ancêtres (principalement des tabernacles et autres images religieuses) ne suffisant pas à expliquer ses dons. Il semble qu'il ait été formé aux couleurs, textures et drapés dans l'atelier même de son père. Récemment, des historiens ont mis à jour son apprentissage auprès d'un doreur Carcassonne ce qui expliquerait sa grande connaissance de ce corps de métier bien spécifique. D'autres ont supposé qu'il avait acquis son savoir auprès du peintre catalan Antoni Guerra l'Ancien (1634-1705) dont le fils, Guerra le Jeune (1666-1711), trahira plus tard d'archétypes proches de ceux de Hyacinthe (en tout cas pour le portrait)[1].

Portrait du colonel Albert Manuel par Guerra le Jeune - Toile récemment acquise par le musée Rigaud de Perpignan
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Portrait du colonel Albert Manuel par Guerra le Jeune - Toile récemment acquise par le musée Rigaud de Perpignan

Sa mère, Maria Serra, qui semble avoir largement favorisé ses dons, le pousse alors à quitter le cocon familial (rue de l'Incendie près de la cathédrale Saint-Jean) afin de poursuivre sa formation à Montpellier, dans l'atelier du peintre Paul Pezet, dès 1671. Son passage languedocien n'est malheureusement pas mieux documenté et c'est avec précaution qu'on lui prête des leçons prises auprès d'Henri Verdier (1655-1721) mais surtout de Ranc le Vieux, pour lequel Rigaud gardera une amitié constante et fidèle, et dont le fils épousera l'une des filles du frère cadet de Hyacinthe.

A Montpellier, Rigaud se familiarise avec les peintres du Nord dont ces maîtres collectionnent déjà les oeuvres : Van Dyck, Rubens, Rembrandt, Titien et autres Bourdon... Plus tard, à Paris, le peintre se confectionnera une collection personnelle très riche, copiera de nombreux tableaux de ces artistes et se posera en véritable expert international lorsqu'ils s'agira, pour le roi ou la noblesse, d'acquérir des oeuvres d'art sur le marché européen.

Avant d'arriver à Lyon vers 1677, Rigaud aura le temps de lier d'étroits liens avec la famille de Troy dont les frères Jean (1638-1691) et surtout François sauront le conseiller. Dans la capitale des Gaules, Rigaud approfondit ses connaissances auprès des marchands de soieries et autres commerçants qui deviennent rapidement ses meilleurs clients. Il y tisse diverses solides amitiés avec une pléïade de graveurs talentueux dont les Audran et les Drevet resteront, plus tard, les meilleurs représentants, collaborateurs et diffuseurs précieux de son art.

[modifier] Paris

C'est en 1681 que l'artiste arrive dans la capitale, en compagnie de son frère. Il optient en 1682 le Prix de Rome grâce à un Caïn batissant la ville d'Enoch (perdu) ; sujet traité l'année précédente par l'aixois d'adoption, Raymond Lafage, rencontré en Provence.

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud - 1692. Gravure d'Edelinck
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Autoportrait de Hyacinthe Rigaud - 1692. Gravure d'Edelinck

Charles Le Brun, premier peintre du roi, dont rien ne prouve que Rigaud ait suit les cours mais qui admire déjà les productions du jeune catalan, le dissuade spontanément de faire le voyage initiatique romain que son prix lui offrait, afin de se consacrer au portrait, genre plus plus lucratif que la peinture d'histoire, davantage honorifique. Rigaud pressent alors le succès et se jette alors dans le marché qu'il va rapidement révolutionner. Ses clients, artistes et bourgeois fortunés apprécient immédiatement la vérité du rendu des traits que l'artiste propose, sorte de "photographie instantanée" des visages, jusqu'ici trop souvent idéalisés. A cette ressemblance confondante, Rigaud allie rapidement une science des textures et des couleurs, à tel point que nombreux seront ceux qui avoueront devoir toucher la toile pour ne rendre compte que les soieries et autres drapés n'étaient pas réelles mais simplement peintes !

"La vérité brillait dans tout ce qu'il faisait [...]. Rigaud savait donner à ses portraits une si parfaite ressemblance, que du plus loin qu'on les appercevait, on entrait pour ainsi dire en conversation avec les personnes qu'ils représentaient" nous avouera plus tard d'Argenville, l'un des clients du peintre.

Velours, satins, taffetas, dentelles, perruques et surtout les mains... tout semblait admirable, au point que nombreux furent ses contemporains en peine de le glorifier :

"Rigaud non moins savant en l'art des draperies, / Des habits qu'à ton choix du peins et tu varies, / On se trompe à l'étoffe, et l'on croît que Gautier / Te la fournit brillante au sortir du métier" s'extasiait l'abbé de Villard...

[modifier] La clientèle

Les livres de comptes de l'artiste, tenus scrupuleusement tout au long que dura son fameux atelier réunissant autant d'artistes de renom tels Joseph Parrocel, son frère Gaspard ou Blin de Fontenay, spécialisés dans les scènes de batailles ou les fleurs, attestent de son immense production et ce, jusqu'au crépuscule de sa vie. Inlassablement et victime de son succès, Rigaud répond à la demande sans cesse croissante.

Dès le début de son établissement, Hyacinthe Rigaud voit passer dans son atelier, bientôt fixé place des Victoires à Paris, une multitude de clients, du simple marchand de poisson au noble le plus en vue. Il peint également plusieurs hautes figures du monde de l'art tels les sculpteur Desjardins, un ami de longue date dont il livrera trois portraits successifs, Girardon, Coysevox, les peintres Joseph Parrocel (deux effigies), La Fosse, Mignard, les architectes De Cotte, Hardouin-Mansart, Gabriel... Les poètes ne sont pas en reste avec notamment La Fontaine ou Boileau. Les prélâts se bousculent également. Le cardinal de Fleury sollicitera par deux fois Rigaud, Bossuet également, les archevêques et évêques les plus influents se battront et débourseront des sommes folles.

Portrait de Léonard de Lamet, curé de Saint-Eustache à Paris. Toile peinte en 1695 et gravée ici par Pierre Drevet
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Portrait de Léonard de Lamet, curé de Saint-Eustache à Paris. Toile peinte en 1695 et gravée ici par Pierre Drevet

Mais c'est la production, en 1688 du portrait (perdu) de Monsieur, frère du roi, qui ouvrira à Rigaud les portes de la cour. Tout l'entourage du duc d'Orléans se précipite alors avant que Louis XIV lui-même, intrigué, ne commande son premier portrait officiel de la main du catalan, dans les années 1694. Viendront alors le futur Régent, alors duc de Chartres, sa mère, la princesse Palatine, le Grand Dauphin, fils du roi, le duc de Bourgogne, son frère, le futur roi d'Espagne... Mais c'est principalement en 1701, alors qu'il est sollicité une fois de plus par Louis XIV que Rigaud atteint le sommet de sa gloire. Le portrait qu'il réalise achève de faire de lui, le portraitiste le plus courtisé d'Europe. Tous les ministres, presque sans exception, se ruent dans son atelier : le cardinal Dubois, les comtes de Pontchartrain, la plupart des membres de la famille Colbert, les Noailles... Autant de nom illustres dont il serait fastidieux d'établir ici la liste.

Lorsque Louis XIV décède, en 1715, Rigaud fixe les traits du nouveau monarque, et en livrera deux autres portraits, en 1721 et en 1735, tous plus fastueux les uns que les autres. Ambassadeurs, princes allemands, anglais, suédois, italiens ouvrent leurs bourses pour égaler l'opulence française, à tel point qu'aucun coin reculé d'Europe ne pouvait désormais ignorer le nom de Rigaud.

Lorsqu'un portrait était jugé trop cher à reproduire, on commandait aux graveurs des interprétations tout aussi splendides. Les Drevet notamment, père et fils se firent une gloire de porter le nom de Rigaud outre-Rhin.

Le catalogue complet de l'oeuvre du maître figure à la vérité un instantané parfait de toute la société européenne de son époque. Aucune classe sociale ne sembla lui échapper.

[modifier] La reconnaissance officielle

Saint-André - 1700
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Saint-André - 1700

For de son travail inlassable, Hyacinthe Rigaud accéda également à l'Académie royale de peinture et de sculpture, passage obligé pour pouvoir vivre officiellement de son art. Ceci ne se fit pas sans heurts. On le rappela plusieurs foi à l'ordre, on dépêcha chez lui des huissiers afin qu'il rende ses morceaux de réception et qu'il régularise un état de fait. Aggréé par l'institution dès 1685, il devait réaliser les portraits de Desjardins et du conseiller honoraire La Chapelle-Bessé. En 1700, après moultes retards, Rigaud offre finalement la première effigie, mais en double exemplaire, le second modèle étant décédé depuis longtemps. On en retient un pour le faire peintre de portraits et on accepte son Saint-André pour le domaine de l'histoire, le 2 janvier de la même année. Avec deux Crucifixions (musée Rigaud de Perpignan), une Nativité (modello au musée des Beaux-arts de Rennes) et une splendide Présentation au Temple (musée du Louvre), l'artiste prouvait au monde qu'il pouvait tenir tête aux plus grands. Il expose ensuite au seul Salon auquel il participa, celui de 1704, en tant qu'adjoint à professeur et rempli avec peu d'assiduité ses fonctions de professeur cette fois (27 septembre 1710) puis de recteur (21 novembre 1733) avant de démissionner en 1735, surchargé de travail et sans doute déjà souffrant.

[modifier] L'homme

Portrait de la famille Lafitte : la sœur de Rigaud, son mari et leur première fille
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Portrait de la famille Lafitte : la sœur de Rigaud, son mari et leur première fille

Bègue[2], mais plaisant et de bonne compagnie, Hyacinthe Rigaud nous a laissé près de cinq autoportrait officiels. Il était homme de goût, extrêmement pieux (voire même hanté par l'idée de son salut), collectionneur et habile homme d'affaire. Il avait peu d'ennemi et même son grand « rival », Largillierre, était en réalité un véritable ami, partageant souvent avec lui les mêmes modèles. Rigaud épousa en 1710 Elisabeth de Gouy, une jeune veuve avec un enfant d'un huissier au Grand Conseil, avec qui il n'eut pas de descendance. C'est sans doute pour cela qu'il fut soucieux, tout au long des neuf testaments rédigés au cours de sa vie, de prévoir le partage de sa succession entre ses nombreux neuveux et nièces, issus de son frère ou de sa jeune soeur, Claire Marie Madeleine Géronime, épouse d'un bailli royal de Perpignan. D'ailleurs, en 1695, l'artiste avait refait le voyage en Roussillon afin de recevoir de sa ville natale des lettres de noblesse, confirmées plus tard par Louis XV et auréolées par l'obtention de la croix de l'Ordre de Saint-Michel en 1727... C'est en 1695 qu'il profita de son séjour pour peindre sa sœur (ci-contre) mais aussi et surtout sa mère : « Pour marquer à sa mère sa reconnaissance filiale des obligations qu’il lui avait pour tous les soins qu’elle avait pris de son éducation, sa piété et sa tendresse pour elle le déterminèrent, à la fin de 1695, de quitter toutes ses occupations pour faire le voyage en Roussillon, et lui rendre chez elle ce qu’il lui devait. Une de ses principales vues, en faisant ce voyage, était de la peindre et remporter avec lui l’image de celle qui lui avait donné le jour. Son dessein était de faire exécuter ce portrait en marbre, c’est pourquoi il la peignit en trois différentes vues : une de face, l’autre de profil, et la troisième à trois quart, afin que M. Coysevox, son ami, un des plus habiles sculpteurs de France, qui devait faire en marbre ce portrait, eût plus de facilité à le perfectionner. Cet ouvrage fait l’ornement le plus précieux du cabinet de ce fils reconnaissant, et doit y rester jusqu’au temps qu’il a destiné de le consacrer à l’Académie de peinture ; et ne s’étant pas voulu tenir à cette seule marque d’amour pour elle, il l’a fait graver ensuite par le sieur Drevet, un des plus habiles graveurs au burin de ce temps, afin de multiplier et de reproduire en quelque façon à la postérité celle qui l’a mis au monde. »

Portrait de Maria Serra (1695) - Gravure de Pierre Drevet
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Portrait de Maria Serra (1695) - Gravure de Pierre Drevet

Ce récit, extrait d'une propre biographie écrite par Rigaud en 1716 à l'initiative de son ami Henri Van Hulst, atteste aussi bien de ses liens avec le sculpteur que de son attachement maternel. Dans son premier testament daté du 30 mai 1707, l'artiste prévoit déjà que le marbre splendide soit légué au Grand Dauphin (il sera par la suite légué à l'Académie d'où sa présence au Louvre) et le portrait figurant les deux profils de Maria Serra (orthographe légitimement catalan), donné au fils aîné de son frère Gaspard : Hyacinthe.

« Ledit sieur testateur supplie Monseigneur le Dauphin de trouver bon qu’il luy présente le buste de marbre blanc de damoiselle Marie Serre, sa mère, fait par M. Coisvox avec la quaisne ou le scabellon sur lequel il sera trouvé au jour du décès dudit sieur testateur qui espère de la bonté de Monseigneur qu’il accordera à ce buste une place dans la galerie de son château de Meudon, ou dans celle de Versailles. Ledit sieur testateur désirant inspirer le même respect et la vénération qu’il porte à lad. Damoiselle Marie serre sa Mère à Hyacinthe Rigaud son neveu, il luy donne, lègue et substitue le portrait de lad. Damoiselle sa mère en trois faces à la charge qu’il le conservera religieusement.[3]. » En réalité, Rigaud peindra un second tableau (portant à trois les attitudes présentées à Coysevox) ; ovale désormais conservé en collection privée, copié par Géricault (musée de Dijon) et objet de la belle gravure de Drevet.

[modifier] L'atelier et les suiveurs

[modifier] Comment reconnaître un « Rigaud » ?

[modifier] Epilogue

A sa mort, la majeure partie de son fond de dessins, estampes et tableaux revint à l'un de ses filleuls, le peintre Hyacinthe Collin ou Colin de Vermont (1695-1761), qui fit, en 1760, une éloge particulièrement remarquable de son parrain :

"Monsieur Rigaud était un de ces hommes rares que le ciel faît naître pour servir de guide et de modèle aux artistes ; il reçut en naissant un tempérament assés fort pour soutenir les fatigues d’une longue et constante étude de la nature, qu’il se fit toute sa vie une loi inviolable d’imiter ; mais s’il a scu la rendre parfaitement, ce n’a pas été en la copiant servilement dans ses ouvrages et telle quelle se présente souvent, mais par un choix exquis qu’il en a fait ; il connaissait la grande distance qu’il y a du beau à l’excellent ; on l’a vu plus d’une fois effacer les choses qui lui avaient coûté plusieurs jours de travail et qui plaisaient aux plus habiles, pour se contenter lui-même et parvenir à cet excellent qu’il s’était proposé ; un génie supérieur né pour la peinture du premier ordre, comme Raphaël, Titien, Rubens, Vandick et les autres.

Monsieur Rigaud s’était destiné pour l’histoire et il y serait sans doute parvenu au plus haut degré ; il est aisé d’en juger par le progrès rapide qu’il fit dans ses études à l’Académie Royale ; il en reporta tous les prix avec beaucoup de distinction par un tableau du crucifiement, que j’ai entre les mains, sur lequel il fut reçu comme historien, quoi qu’il ne soit qu’à moitié composé ; et surtout par le précieux tableau de la présentation qu’il a terminé vers la fin de sa vie ; mais le talent et la grande réputation qu’il eut dès sa jeunesse par la parfaite et belle ressemblance dans les portraits, augmentant tous les jours dans Paris, il fut bientôt surchargé d’occupations et fut obligé d’abandonner l’histoire, sans avoir pu la reprendre que pour faire par intervalle le dernier tableau dont je viens de parler.

Portrait de Hyacinthe Collin de Vermont par Alexander Roslin
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Portrait de Hyacinthe Collin de Vermont par Alexander Roslin

Il prit pour son modèle dans le portrait le fameux Vandick dont le beau pinceau le charma toujours et dans les premiers qu’il a faits on y voit cette belle exécution et cette fraîcheur de carnation, qui ne viennent que d’un pinceau libre et facile ; il s’attacha dans la suite à finir soigneusement tout ce qu’il peignait ; mais son travail ne sent pas la peine et, quoiqu’il tourne tout avec amour, on y voit toujours une belle façon de peindre et une manière aisée ; il a joint à l’aimable naïveté et à la belle simplicité de Vandick une noblesse dans ses attitudes et un contraste gracieux qui lui ont été particuliers.

Il a pour ainsi dire amplifié et étendu les draperies de ce célèbre peintre et répandu dans ses compositions cette grandeur et cette magnificence qui caractérisent la majesté des rois et la dignité des grands dont il a été le peintre par prédilection ; personne n’a poussé plus loin que lui l’imitation de la nature dans la couleur locale et la touche des étoffes, particulièrement des velours ; personne n’a su jeter les draperies plus noblement et d’un plus beau choix.

Il a trouvé le premier l’art de les faire paraître d’un morceau par la liaison des plis, ayant remarqué même dans les grands maîtres des draperies qui semblaient de plusieurs parties par ce défaut de liaison que la gravure fait mieux sentir que le tableau, parce qu’elle est dénuée de couleur.

Il était l’ennemi de cette simplicité pauvre et mesquine qui n’est point celle de Vandick et jusques aux moindres choses il les ennoblissait et leur donnait de la grâce. Il a porté au plus haut degré cette partie si considérable dans les tableaux où si peu de peintres excellent et où les connaisseurs fixent d’abord leur attention, je veux dire les mains qu’il a peintes d’une beauté et d’une correction parfaites.

Ses ouvrages ont cela de remarquable qu’ils plaisent également de loin comme de près, parce que le beau fini n’en ôte pas l’effet. Si dans quelqu’uns de ses derniers portraits on ne trouve pas toute la fermeté dans le pinceau et la vérité des teintes dans les carnations qu’on a toujours vu dans ses autres ouvrages, c’est qu’à la fin les yeux s’affaiblissaient ; eh ! quel est le peintre à quatre vingt et tant d’années qui se soit plus maintenu dans la correction et la pureté du dessin ? Pour les draperies, l’expérience et les réflexions continuelles les lui ont fait composer encore plus savamment et d’un plus grand goût que les premiers et j’ose avancer que dans cette partie de la Peinture (j’entens par rapport aux portraits) il a surpassé tous ceux qui l’ont précédé. On voit qu’il se plaignait dans ses ouvrages ; comme il avait l’âme grande et les sentiments élevés, et que toute sa personne et ses manières avaient un air de distinction, de même ses tableaux portent un caractère de noblesse qui leur est propre.

Un mérite si extraordinaire a fait sans contredit de Monsieur Rigaud un des plus grands peintres que nous ayons eu et ses qualités personnelles l’ont fait chérir de toutes les honnêtes gens. Il avait le cœur admirable, il était époux tendre, ami sincère, utile, essentiel, d’une générosité peu commune, d’une piété exemplaire, d’une conversation agréable et instructive ; il gagnait à être connu et, plus on le pratiquait, plus on trouvait son commerce agréable ; enfin, un homme qui avait su joindre à un si haut degré de perfection dans son art une probité si reconnue, méritait bien pendant sa vie les distinctions et les honneurs dont la Cour et toute l’Europe l’ont comblé et, après sa mort, les regrets de toutes les personnes vertueuses et la vénération que les artistes auront toujours pour sa mémoire."

[modifier] Notes

  1. Voir sur les Guerra la récente exposition à Perpignan : http://www.latribunedelart.com/Expositions/Expositions_2006/Guerra_535.htm.
  2. L'ambassadeur Prior le surnommait en 1698 « ce bègue coquin de Rygault ». Quant à la princesse Palatine, dans une de ses lettres françaises de 1713, elle avoue : « Il y a un peintre ici, Rigo, qui bégaye si terriblement qu’il lui faut un quart d’heure pour chaque mot. Il chante dans la perfection et en chantant, il ne begaye pas le moins du monde ».
  3. Voir Mémoires inédits des membres de l'Académie…, 1854, II, p. 117.

[modifier] Bibliographie

  • Stéphan PERREAU, Hyacinthe Rigaud (1659-1743), le peintre des rois, Ed. Les Presses du Languedoc, 2004, 254 p., 204 ill.
  • Stéphan PERREAU, "Les portraits féminins de Hyacinthe Rigaud", dans L'estampille-L'objet d'art, n°399, p.44-51
  • Ariane JAMES-SARAZIN, "Hyacinthe Rigaud et ces messieurs d’Aix-en-Provence", dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 161, 2003, p. 241-287
  • Ariane JAMES-SARAZIN, "Hyacinthe Rigaud, portraitiste et conseiller artistique des princes Electeurs de Saxe et rois de Pologne, Auguste II et Auguste III", dans catalogue de l’exposition Dresde ou le rêve des Princes, la Galerie de peintures au XVIIIe siècle, Dijon, musée des Beaux-Arts, 16 juin-1er octobre 2001, RMN, 2001. p.136 à 142
  • Antoine-Joseph DEZALLIER-D'ARGENVILLE, Abrégé de la vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, Quelques réflexions sur leurs Caractères, et la manière de connoître les dessins des grands maîtres, Paris, De Bure, 1745, réédition de 1752
  • Jean ROMAN, Le livre de Raison du peintre Hyacinthe Rigaud, Paris, 1919


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