Henri Wallon (1879-1962)
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Henri Wallon, né le 15 juin 1879 à Paris, mort en 1er décembre 1962 à Paris, était un philosophe, psychologue (courant psychosocial), neuropsychiatre, pédagogue et homme politique français.
Il était le petit-fils d'Henri Wallon (1812-1904) dont la contribution décisive à la création de la Troisième République le fit appeler le « père de la République ».
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[modifier] Biographie
On peut dire qu'Henri Wallon mena deux carrières parallèles. Marxiste convaincu il assuma des fonctions politiques tout en menant une œuvre scientifique remarquable dans le domaine de la psychologie de l'enfance.
[modifier] L'homme politique
- En 1931 il adhère à la SFIO puis devient membre du PCF en 1942.
- En 1944 il est nommé secrétaire de l'Éducation nationale.
- Il est élu député communiste (1945-1946) et préside une commission de réforme de l'enseignement qui marqua durablement l'Éducation nationale sous le nom du projet Langevin-Wallon (1945).
[modifier] Le psychologue
Mais c'est surtout par son œuvre scientifique essentiellement consacrée à l'enfance qu'Henri Wallon est connu. Après une solide formation intellectuelle il occupa les plus hautes fonctions dans le monde universitaire français tout en développant une grande activité éditoriale.
Admis à l'École Normale Supérieure en 1899, il prépare l'agrégation de philosophie (1902) puis devient docteur en médecine (1908) et s'occupe des enfants atteints d'arrération mentale (1908-1931).
Pendant la première guerre mondiale il est mobilisé en tant que médecin militaire et s'intéresse à la neurologie. En 1920 il est chargé de cours à la Sorbonne puis devient docteur ès lettres avec une thèse sur l'enfant turbulent (1925). Il est nommé directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1927) et crée le laboratoire de psycho-biologie de l'enfant. De 1937 à 1949 il est professeur au Collège de France (chaire de psychologie et d'éducation de l'enfance). Directeur de l'Institut de Psychologie de l'Université de Paris, il crée en 1948 la revue Enfance. Il est président du Groupe français d'éducation nouvelle de 1946 à son décès en 1962.
[modifier] Positions théoriques
Henri Wallon a organisé ses observations en présentant le développement de la personnnalité de l'enfant comme une succession de stades. Certains de ces stades sont marqués par la prédominance de l'affectivité sur l'intelligence alors que d'autres apparaissent plutôt caractérisés par la primauté de l'intelligence sur l'affectivité. C'est dans cette succession discontinue et concurrentielle entre la prédominance de l'intelligence et de l'affectivité que s'élabore la personnalité de l'enfant. Ainsi, Wallon articulera au cœur d'un modèle dialectique des notions telles que l'émotion, les attitudes, les liens à l'autre. Sa conception des stades verra apparaître l'idée que la régression y est possible, contrairement au modèle de Piaget.
En voici les principales étapes :
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- Les stades impulsif et émotionnel. De 0 à 3 mois, ce qui domine dans la vie infantile ce sont les sensations internes (introceptives) et les facteurs affectifs entretenus avec l'entourage. Sur le plan moteur cette période est caractérisée par la faible maîtrise motrice et donc un désordre gestuel. C'est la qualité des réponses de l'entourage du nourrisson qui vont lui permettre de passer du désordre gestuel à des émotions différenciées.
- Le stade sensori-moteur et projectif (de 1 à 3 ans). Ce qui prédomine alors pour l'enfant c'est l'influence du monde extérieur. L'intégration de cette influence extrerne va favoriser l'éveil de deux types d'intelligence : l'une pratique (par la manipulation des objets et du corps propre), l'autre « discursive » par l'imitation et l'appropriation du langage.
- Le stade du personalisme (3 à 6 ans) est caractérisé par une prédominance, à nouveau, des fonctions affectives sur l'intelligence. Vers 3 ans l'enfant tend à s'opposer à l'adulte dans une sorte de crise négativiste mais cette attitude est bientôt suivie d'une période d'imitation motrice et sociale. L'enfant exprime ainsi l'ambivalence qui le lie au modèle prestigieux que représente pour lui l'adulte.
- Le stade catégoriel (6 à 11 ans). Ici, ce sont les facultés intellectuelles qui semblent prendre le pas sur l'affectif. Pendant sa scolarité l'enfant acquiert des capacités de mémoire volontaire et d'attention. Son intelligence accède à la formation des «catégories mentales» qui conduisent aux capacités d'abstraction.
- Le stade de l'adolescence commence après 11 ans et se caractérise par une primauté des préoccupations affectives.
Émile Jalley (1981) a montré comment Henri Wallon fut un lecteur attentif de la littérature scientifique et philosophique allemande et comment il contibua à introduire et à diffuser dans la théorie psychologique française certains concepts de Hegel et de Freud.
En insistant sur la discontinuité et la notion de crise qui sous-tend cette discontinuité Henri Wallon se montrait fidèle aux thèses hégelliennes de la dialectique. Il se distingue en cela de Jean Piaget qui valorise plutôt dans sa propre description des stades du développement infantile les interactions au détriment des ruptures.
Mais Henri Wallon eut également une réelle influence sur la psychanalyse en France et à l'étranger. Émile Jalley a montré qu'il avait repris certaines observations ou concepts de Freud dans ses développements théoriques. En retour certains psychanalystes se sont appropriés ses observations notamment René Spitz, Donald Winnicott ou Jacques Lacan ce dernier lui devant, au moins l'origine, de son stade du miroir.
[modifier] Œuvres
- Délire de persécution. Le délire chronique à base d'interprétation, Baillière, Paris, 1909
- « La conscience et la vie subconsciente » in G. Dumas, Nouveau traité de psychologie, PUF, Paris (1920-1921)
- L'enfant turbulent, Alcan, Paris, 1925, rééd. PUF, Paris 1984
- Les origines du caractère chez l'enfant. Les préludes du sentiment de pesonnalité, Boisvin, Paris, 1934, rééd.PUF, Paris, 1973
- La vie mentale, Éditions sociales, Paris, 1938, rééd. 1982
- L'évolution psychologique de l'enfant, A. Colin, Paris, 1941, rééd. 1974
- De l'acte à la pensée, Flammarion, Paris, 1942
- Les origines de la pensée chez l'enfant, PUF, Paris, 1945, rééd. 1963
- Principes de psychologie appliquée, Armand colin, Paris, 1938.
[modifier] Bibliographie
- Émile Jalley, Wallon lecteur de Freud et Piaget. Trois études suivies des textes de Wallon sur la psychanalyse, Éd. sociales, Paris, 1981
- Émile Jalley, Wallon : La vie mentale, Éd. sociales, Paris, 1982
- Émile Jalley, Freud, Wallon, Lacan. L'enfant au miroir, éd. EPEL, Paris, 1998