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France Gall

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France Gall (née Isabelle Geneviève Marie Anne Gall le 9 octobre 1947 à Paris - ) est une chanteuse française. Après plusieurs succès au début des années 1960, sa popularité demeure au plus bas pendant une demi-douzaine d'années jusqu'à sa rencontre avec Michel Berger en 1973. Mariée à ce compositeur, sa carrière connaîtra un renouveau rempli de succès pendant une vingtaine d'années.

Sommaire

[modifier] Biographie

Son père est Robert Gall (1918-1990), auteur, entre autres, de La Mamma pour Charles Aznavour. Sa mère, Cécile Berthier, est la fille de Paul Berthier(1884-1953), cofondateur de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Elle est la nièce de Jacques Berthier (1923-1994), compositeur et organiste, cousine du guitariste Denys Lable et de Vincent Berthier de Lioncourt (fils de Jacques), fondateur, en 1987, du Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV)[1].

[modifier] Les débuts

Au printemps 1963, son père l'incite à enregistrer quelques chansons et remet les bandes à un éditeur musical, Denis Bourgeois. Le mois de juillet suivant, l'éditeur lui fait passer une audition au Théâtre des Champs-Élysées, puis tout s'enchaîne très vite. Comme France est mineure, c'est son père qui signe le contrat chez Philips où Denis Bourgeois est déjà directeur artistique de Serge Gainsbourg. Bourgeois devient donc celui de France et elle enregistre quatre titres avec l'arrangeur Alain Goraguer, jazzman et compositeur qui a notamment travaillé avec Boris Vian.

[modifier] Équipe majeure pour une mineure

Le jour de ses 16 ans, le 9 octobre 1963, le cadeau le plus inattendu que France reçoit est sûrement la première diffusion de ses chansons à la radio. C'est le titre phare, Ne sois pas si bête qui obtient un succès fulgurant. France se place dans le hit-parade dès le mois de novembre. Denis Bourgeois a alors une idée géniale. La carrière de son poulain Serge Gainsbourg piétine malgré plusieurs albums à son actif, ainsi que des compositions estimées pour des chanteurs rive gauche comme Michèle Arnaud ou Juliette Gréco. Il demande à Gainsbourg d'écrire pour France. Le compositeur signe N'écoute pas les idoles sur le 2e 45 tours de France, titre qui se place en tête du hit-parade du mois de mars 1964. Parallèlement, Gall fait ses premiers pas sur scène en passant en première partie de Sacha Distel en Belgique. Elle hérite de l'impresario de ce dernier, Maurice Tézé, qui est également parolier. Sous la houlette de cette équipe composée de vieux loups du métier, France aura énormément de difficultés à défendre le choix de son répertoire.

Néanmoins, cette équipe va lui permettre de créer un répertoire original, alors que la plupart de ses collègues yéyés recourent systématiquement aux adaptations de succès anglo-saxons.

Outre son père, elle devra ses succès des années 1960 à la plume des plus grands auteurs et compositeurs français, dont beaucoup d’œuvres s’inscrivent au patrimoine de la chanson populaire : Gérard Bourgeois, Jean-Pierre Bourtayre, Vline Buggy, Pierre Cour, Joe Dassin, Jacques Datin, Pierre Delanoë, Jean Dréjac, Alain Goraguer, Hubert Giraud, Georges Liferman, Guy Magenta, Eddy Marnay, André Popp, Jean-Michel Rivat, Jean-Max Rivière, Gilles Thibaut, Frank Thomas, Maurice Vidalin et Jean Wiener. S’ils donnent à la première femme-enfant de la chanson francophone des textes souvent stéréotypés d’une adolescente vue par des adultes, c’est Serge Gainsbourg qui va apporter la note insolite en la promouvant « Lolita française ». De plus, les orchestrations hautement élaborées du jazzman Alain Goraguer vont harmoniser et unifier le style de celle qui va ainsi indifféremment naviguer entre jazz, chansons enfantines et équivoques.

Cette période voit sortir Jazz à gogo (paroles de Robert Gall et musique de Goraguer), ainsi que Mes premières vraies vacances, œuvre du tandem Datin-Vidalin. L'association Gainsbourg-Gall se démarque durant l'été 1964 avec le tube Laisse tomber les filles renforcé par Christiansen des duettistes Datin-Vidalin. Entre temps, Gainsbourg a capté son rire pour le coller sur Pauvre Lola, l'une des chansons de son album Gainsbourg Percussions qui paraît la même année[2]. Fin 1964, France se plie aux demandes de ses managers en enregistrant un 45 tours destiné aux enfants. Son père lui écrit, sur une musique du compositeur Georges Liferman, le titre qu'elle enregistre à regret, Sacré Charlemagne[3]

[modifier] 1965, l'année de tous les succès

Sacré Charlemagne se vend à plus de 2 millions d'exemplaires en franchissant les limites de la France pour faire chanter tous les écoliers de l'Afrique au Japon en passant par les États-Unis.[4]

France est ensuite sélectionnée pour représenter le Luxembourg au Concours Eurovision de la chanson. C'est elle qui aura gain de cause en choisissant Poupée de cire, poupée de son sur les 10 titres qu'on lui propose. Le 20 mars, l'équipe des « 3 G », Gainsbourg-Gall-Goraguer, est à Naples où se tient le Concours de l'Eurovision. La chanson, huée lors des répétitions, sera alors défendue par France d'une voix mal assurée devant plus de 150 millions de téléspectateurs et comme elle le dit elle-même, « envers et contre tous ».

La singularité de la chanson étonne et elle est élue Grand Prix. Le succès dépasse les frontières européennes et Gall l'enregistre dans pas moins de cinq langues, dont le japonais. Un rien chauvin, le public français s'émeut et reproche à Gall et à Gainsbourg d'avoir gagnés pour le Luxembourg et non pour leur propre pays.[5][6]

France part pour une tournée d'été de plusieurs mois avec un chapiteau sur les routes françaises avec le Cirque de France en continuant d'engranger des succès écrits par Gainsbourg. Il y a Attends ou va-t'en puis, à la fin de l'année, Nous ne sommes pas des anges ainsi que L'Amérique du parolier Eddy Marnay et du compositeur Guy Magenta.

[modifier] Un destin sans cinéma

Un film pour la télévision réalisé par Jean-Christophe Averty et consacré aux chansons de France est distribué aux États-Unis en 1965.

France est alors pressentie par Walt Disney pour incarner Alice au pays des merveilles dans une version musicale qu’il souhaite réaliser après avoir déjà fait Alice en dessin animé en 1951. C’est le seul projet cinématographique auquel France répond favorablement, alors qu’elle a toujours demandé à son entourage de « l’empêcher de faire du cinéma » (sic). Malheureusement, Disney, gravement malade, meurt le 15 décembre 1966 et son idée disparaît avec lui.

Le Destin semble avoir entendu la supplique de France, car lorsqu'un film sera à nouveau envisagé en 1993 pour une collaboration cinématographique avec la scénariste Telsche Boorman, celui-ci disparaîtra également avec le décès de Telsche en 1996.

Enfin, dernière tentative, toujours en 1996, elle sollicite Jean-Luc Godard, dont elle a notamment aimé son film Nouvelle vague (1990), pour qu’il réalise le clip de sa chanson Plus haut suite à la sortie de son album France. Godard, qui avait refusé jusque-là de tourner des clips, accepte et ils mettent en boîte, dans sa demeure de Rolle (Suisse), un pictural et onirique Plus Oh ! qui, après son unique diffusion le 20 avril 1996 sur M6, sera interdit d’antenne, Godard ne s’étant pas acquitté de tous les droits (Voir « L'Interprète et ses auteurs »).

[modifier] 1966, année pop, lollipops et flop

L'année 1966 débute avec un nouveau tube de Gainsbourg Baby Pop, un texte que France qualifie de « brutal », mais dont on n'écoutera pas la noirceur des paroles chantées par cette gamine de 18 ans.[7]

En revanche, l'œuvre suivante de Gainsbourg, Les Sucettes, commentée par les propos appuyés de son auteur, va déclencher un vent de scandale grandissant au fil des mois. Ce succès s'accorde mal avec les autres chansons naïves du même disque, telles que Je me marie en blanc et Ça me fait rire. D’autant plus que, parallèlement, dans le spectacle télévisé Viva Morandi, qui s’inscrit dans la mouvance psychanalytique du dernier film de Fellini Juliette des esprits (1965), France incarne l’une des deux jeunes filles en fleurs, sorties des bouches d'ombres, qui troublent le yéyé italien Gianni Morandi à la recherche de l'amour.[8] Elle est « La Grâce » qui chante aussi Les Sucettes (avec un écriteau spécifiant « Fantaisie ») aux côtés de Christine Lebail qui est « La Pureté ». Ces interprétations contradictoires des Sucettes déroutent et provoquent un malaise dont France ne sort pas indemne quand elle comprend, bien trop tard, qu'elle a été manipulée dans un but médiatique.

Désormais, ses prochains disques, même expurgés de la signature gainsbourgienne, sont suspectés de visées bassement mercantiles. Ainsi, elle sera taxée de nécrophilie avec sa chanson dédiée au fils de John Kennedy, Bonsoir John John. Elle ne fera plus de succès avant longtemps et son association avec Gainsbourg, entachée, ne fonctionnera plus. Même certaines de ses chansons pour enfants enregistrées en 1966 ne lui épargneront pas des jugements peu amènes, car soupçonnées d'être pernicieuses (Les Leçons particulières). Les mises en scène corrosives de Jean-Christophe Averty lui faisant commander un troupeau d'hommes à quatre pattes pour illustrer sa chanson enfantine J'ai retrouvé mon chien dans son émission télévisée Les Raisins verts n'arrangent pas les choses.

[modifier] Bébé requin, LSD et déclin

Au début de l'année 1967, son duo avec Maurice Biraud, La Petite, évoquant une gamine convoitée par un ami du père, traînera ce disque vers le bas tout en éclipsant la poétique Néfertiti de Gainsbourg.

Son 45 tours suivant sera enregistré avec l'orchestrateur David Whitaker, talentueux compositeur anglais. De nouveaux auteurs, Frank Thomas et Jean-Michel Rivat, associés au compositeur-chanteur Joe Dassin, ont écrit pour France Bébé requin, succès qui occulte tous les autres titres. Teenie Weenie Boppie, chanson avec laquelle Gainsbourg signe une charge contre le LSD, fait un grand flop qui marque la fin de leur collaboration au moment où Gainsbourg diversifie ses productions pour France, notamment avec leur prochain duo consacré à la peine de mort, Qui se souvient de Caryl Chessman ? qui ne sera pas commercialisé.[9]

Elle enregistre, toujours avec Whitaker, un autre 45 tours avec une nouvelle œuvre du trio gagnant Thomas, Rivat et Dassin, Toi que je veux, mais cela ne fonctionne plus. Les arrangements superbes, comme ceux de la Chanson indienne, composée par Whitaker, ne sauvent pas le disque.

[modifier] Révolution, émancipation et égarements

Dès 1966, France entame une carrière en Allemagne où elle enregistre régulièrement jusqu'en 1972 avec une équipe spécifique, notamment avec le compositeur et orchestrateur Werner Müller. Des vedettes comme l'acteur Horst Buchholz (Les Sept Mercenaires) ou le compositeur de musiques de films Giorgio Moroder (Midnight Express, Top Gun) lui écrivent Love, l'amour und liebe (1967), Hippie, hippie (1968), Ich liebe dich, so wie du bist (1969) et Mein Herz kann man nicht kaufen (1970). Beaucoup d'Allemands croiront d'ailleurs pendant longtemps que France est de leur nationalité. Quelques uns de ses autres succès en allemand : Haifischbaby (Bébé requin), Die schönste Musik, die es gibt, Was will ein Boy (1967), A Banda (Zwei Apfelsinen im Haar), Der Computer Nr 3 (1968), I Like Mozart (1969), Komm mit mir nach Bahia, Miguel (1972).

En France, en 1968, elle retrouve son orchestrateur Goraguer pour son nouveau disque. Les quatre titres, le jazz Le Temps du tempo (paroles de Robert Gall et musique de Goraguer), le pop Dady da da (des paroles de Pierre Delanoë sur la musique composée par Michel Colombier pour l'indicatif du magazine TV Dim, Dam, Dom), le folk La Vieille Fille de Rivat et Dassin et le classique Allo ! Monsieur là-haut du compositeur Gérard Gustin avec des paroles écrites par le comédien Philippe Nicaud, sont balayés par la tourmente de mai 68.

Ses chansons suivantes, malgré la sensuelle et délicate jazzy Y'a du soleil à vendre écrite par Robert Gall sur une musique d'Hubert Giraud ou les jolies compositions de Dassin (24 / 36, Souffler les bougies), ne suscitent pas d'intérêt. France profite, fin 1968, de sa récente majorité, 21 ans à l'époque, et de l'échéance de son contrat chez Philips la même année pour voler de ses propres ailes en se séparant de Denis Bourgeois.

Elle enregistre début 1969 pour une toute nouvelle maison de disques, La Compagnie, née de l'association d'artistes comme Hugues Aufray, Nicole Croisille et Michel Colombier.

Avec La Compagnie et Norbert Saada comme producteur de musique et directeur artistique, France commence sa traversée du désert avec des enregistrements où le meilleur va souvent côtoyer le pire sans qu'elle ne réussisse jamais à trouver un style cohérent. Elle s'égare dès 1969 avec deux adaptations : l'une originaire d'Italie, L'Orage (La Pioggia) qu'elle défend pourtant avec Gigliola Cinquetti au Festival de San Remo 1969 et l'autre créée par la Britannique Barbara Ruskin, Les Années folles (Gentlemen Please). Le meilleur est ignoré, tels Les Gens bien élevés de Franck Gérald et Hubert Giraud et La Manille et la révolution de Boris Bergman et Hubert Giraud et, en 1970, Zozoï, paroles de Robert Gall sur une musique du brésilien Nelson Angelo et Les Éléphants, paroles de Jean Schmitt et musique de Jean Géral. De plus, sa maison de disques La Compagnie fait faillite.

En 1971, elle sera la première artiste à enregistrer en France pour le label américain Atlantic. Mais même avec des prestigieux auteurs comme Jacques Lanzmann et son C'est cela l'amour ou Étienne Roda-Gil et son Chasse neige, rien ne fonctionne en 1971. France retourne voir Gainsbourg en pensant que lui seul peut quelque chose. Il lui écrit, en 1972, Frankenstein et, sur une musique de Jean-Claude Vannier, Les Petits ballons qu'elle enregistre pour le label EMI-Pathé, mais cela ne marche pas non plus. Elle travaille alors avec Jean-Michel Rivat comme directeur artistique et, malgré la maturité des textes de celui-ci, c'est toujours le flop avec 5 minutes d'amour (1972) et Par plaisir ou Plus haut que moi (1973).

C’est au début des années 1970 que France prend l’habitude d’aller régulièrement se ressourcer dans un pays dont elle est tombée amoureuse, le Sénégal. Elle construira sa « résidence-refuge » sur l’île de N’Gor près de Dakar en 1990.

[modifier] La rencontre du Berger

C'est en entendant à la radio, un jour de 1973, la chanson Attends-moi interprétée par Michel Berger que France Gall est subjuguée par sa musique. À l'occasion d'une émission de radio, elle lui demande s'il pourrait lui donner son avis à propos des chansons que son producteur voudrait lui faire enregistrer. Bien qu'il soit déconcerté par la pauvreté des chansons proposées à Gall, il n'est pas question de travail entre eux. Ce n'est que six mois plus tard, en 1974, après qu'elle a fait une voix sur le titre Mon fils rira du rock'n'roll du nouvel album de Berger et, après que l'éditeur de Gall le lui ait proposé, qu'il acceptera d'écrire pour elle. La chanteuse a déjà statué dans sa tête que « Ce sera lui ou ce sera personne »[10]. C'est ainsi que naquit en 1974 La Déclaration d'amour, premier succès d'une longue liste et que la carrière de la chanteuse prit un nouvel essor.

Entre temps, les deux artistes se marient le 22 juin 1976.

[modifier] Création musicale et familiale

Gall partage avec Berger ses années de travail et une vie familiale qu'elle privilégie, car le couple a eu deux enfants.

Sous l'impulsion de Berger, elle reprend goût à la scène. En 1978, elle monte de nouveau sur les planches, celles du Théâtre des Champs-Élysées où elle auditionna 15 ans plus tôt, pour le spectacle Made in France. L'une des originalités de ce spectacle est que, hormis les duettistes travestis brésiliens Les Étoiles qui assurent un intermède (contesté) en milieu de spectacle et avec lesquels France enchaîne avec une adaptation brésilienne anté Berger, Plus haut que moi (Maria vai com as outras), il est exclusivement composé de filles à l'orchestre, aux chœurs[11] et à la danse.[12]

[modifier] France, princesse en ses palais

En 1979, c'est un spectacle inédit auquel France participera et qui restera dans toutes les mémoires. L'opéra rock Starmania sera présenté pendant un mois au Palais des congrès de Paris. Composé par Michel Berger et écrit par l'auteur québécois Luc Plamondon, ce sera la réussite que l'on sait, alors que ce genre musical ne rencontrait pas les faveurs des producteurs en France.[13]

En 1982, durant plusieurs semaines à guichet fermé, France Gall investira le Palais des Sports de Paris pour présenter un spectacle novateur sans paillettes et sans strass, mais haut en couleurs et en musiques électriques. Ce sera Tour pour la musique[14] dont le public reprendra en chœur ces titres devenus depuis des standards de la chanson française : Résiste et Il jouait du piano debout.

[modifier] Musique et humanisme

Les années 1980 sont celles des grandes actions humanitaires dont l'impulsion est donnée par les anglo-saxons et leur Band Aid. France Gall se joindra aux Chanteurs Sans Frontières, à l'initiative de Valérie Lagrange et sous l'égide de Renaud, pour offrir, en 1985, un SOS Éthiopie au profit du pays en question. Cela ne l'empêche pas, parallèlement, de prendre le relais du même Renaud, au nouveau Zénith de Paris, pour une série de concerts durant trois semaines. Elle interprètera, de plus en plus accompagnée par son public, de nouvelles chansons comme Débranche, Hong-Kong Star[15] et livrera des merveilles acoustiques, telles que Plus haut, Diego libre dans sa tête et Cézanne peint.

Les années 1985 et 1986 verront France Gall avec Michel Berger, Richard Berry, Daniel Balavoine et Lionel Rotcage, œuvrer notamment pour le Mali grâce à leur association Action Écoles. Ce sont des écoliers volontaires qui récolteront des denrées de première nécessité pour ces pays d'Afrique où sévit la famine et la sécheresse. Ainsi, des tonnes de nourritures et des pompes à eau seront expédiées sous l'œil vigilant des artistes.

C'est d'ailleurs lors d'un voyage en Afrique que Daniel Balavoine trouvera la mort dans un accident d'hélicoptère le 14 janvier 1986. France Gall chantera en 1987 l'émouvant Évidemment écrit par Berger, en hommage à leur ami disparu. Ce titre figure sur l'album Babacar.[16] Ce qui aboutira à un nouveau spectacle qui, du Zénith de Paris, partira en tournée dans toute la France. Ce sera l'éblouissant Tour de France 88 mis en scène par Berger.[17]

[modifier] L'Étoile perd son Berger

France Gall voudra prendre du recul et n'enregistrera plus pendant les années qui suivront. Elle ne consentira à reprendre le chemin des studios qu'à condition d'enregistrer un album avec Berger. Elle s'investira comme jamais dans cette création à deux voix pas tout à fait un duo : ce Double Jeu surprendra en 1992.

Gall et Berger annoncent une série de concerts dans diverses salles parisiennes comme La Cigale et Bercy. Malheureusement, le projet sera interrompu par la disparition brutale de l'auteur-compositeur-interprète, foudroyé par une crise cardiaque, le 2 août 1992. Marquée par cette disparition, par de sérieux problèmes de santé et par le décès de l'aînée de leurs enfants en 1997, France Gall, si elle a fait depuis de nouvelles apparitions sur la scène musicale (Bercy, Pleyel, Olympia), n'a jamais retrouvé l'élan qui semblait être le sien du vivant de son mari[18]

[modifier] L'interprète et ses auteurs

[modifier] Plus haut que moi, plus haut, plus oh ! : Suis ta musique où elle va…

En 1996, pour son album France, lorsqu’elle reprend et réorchestre sa chanson Plus haut parue initialement en 1980 (album Paris, France), Gall ne cesse de s’étonner de ce texte écrit par son époux et qui résonne comme une prophétie. Peu importe, c’est sa profession de foi à elle, son inaltérable dévotion à son amoureux disparu qui veillerait sur elle de là-haut et la guiderait :

Plus haut,
Celui que j'aime vit dans un monde
Plus beau,
Bien au-dessus du niveau des mots,
Dans un univers au repos
Et si je lui dis oui,
Il m'emmène avec lui…

Elle ne peut s’empêcher de se référer à une autre chanson, toujours prophétique selon elle, un titre qu’elle enregistra en 1973 juste avant sa rencontre décisive avec Berger et dont le texte est dû à deux grandes pointures de la chanson française : Yves Dessca et Jean-Michel Rivat. Ils sont, pour la circonstance, les adaptateurs de cette bossa nova issue de la plume de deux icônes de la chanson brésilienne, le compositeur Toquinho et le poète Vinicius de Moraes, dont l’original Maria vai com as outras (« Maria va avec les autres ») devient en français Plus haut que moi :

Toi qui fais des bonds plus haut que moi,
Toi qui sais chanter, chanter plus haut que moi,
Toi que la raison n'arrête pas,
Toi qui sais rêver, emporte-moi,
Saute les murs gris, emporte-moi
Dans ton horizon, ta vie, emporte-moi,
Toi qui vois là-bas plus loin que moi
Et plus haut que moi…

L’obsédante image du prince venu de là-haut et qui l’emmènera encore plus haut est mise en scène pour la première fois par Robert Fortune pour son spectacle Tout pour la musique donné au Palais des Sports de Paris en 1982. Au milieu de la fameuse chanson Plus haut, un clown blanc surgit là-haut, en équilibre précaire sur un fil, puis descend au final pour emporter dans ses bras une France tombée en léthargie afin de la soustraire à la pesanteur et aux vicissitudes de ce bas monde…

Elle associe cette vision aux conseils que le « producteur Berger » donne à l’aspirante « chanteuse Émilie » dans le conte musical télévisé Émilie ou la petite sirène (1976) :

Chante leurs les mots pour émouvoir,
Fais leurs connaître ton pouvoir,
Et de l’est jusqu’à l’ouest
Et du nord jusqu’au sud
Suis ta musique où elle va…

Au point qu’elle place cette chanson interprétée par Berger en prologue de son dernier concert public à l’Olympia en 1996, attestant ainsi de son inébranlable fidélité à son auteur. Elle livre sa version personnelle de Plus haut accompagnée par « les musiciens dont elle rêvait » (sic). Auparavant, elle a souhaité que Godard, l’homme à la caméra « qui rend les femmes belles » (sic), en réalise le clip. Ils se rencontrent, se comprennent et livrent un remarquable mini-film Plus oh ! (Godard lui a dit : « On ne va pas faire un "clip".») où des « Oh ! » émerveillés surgissent de la bouche en cœur de la chanteuse succombant devant les images récurrentes du héros s’enfuyant avec sa dulcinée dans ses bras vers un paradis blanc, un ailleurs intangible, d’indicibles hauteurs…

[modifier] La légende des sucettes

Gall avait chanté innocemment Les Sucettes et d’ailleurs cette chanson aurait-elle eu une raison d’être si l’interprète avait su à l’avance ?[19]

Pour entretenir la légende et le côté sulfureux de l’affaire, Gainsbourg se plaisait à raconter l’histoire suivante. Un journaliste aurait demandé à France : « Pourquoi ne chantez-vous plus Les Sucettes ? » Elle aurait répondu ce que Gainsbourg qualifiait de « mot admirable » : « Ce n’est plus de mon âge. »

Or, dans l’émission À vos souhaits de France Inter du 30 mars 1976, voici question et réponse authentiques enregistrées[20] :

  • « Que pense France de ses anciens succès, tels que Charlemagne ou Les Sucettes ? »
  • « Ce n’est plus de mon âge, Charlemagne, en tout cas. »

[modifier] Énigme gainsbourgienne

En 2003, Universal sort son CD Volume N° 5 (S.0.S. mesdemoiselles) de son anthologie compilée Pop à Paris. C'est avec surprise qu'on découvre et entend France Gall chanter un titre dit « inédit » écrit par Serge Gainsbourg en 1967, Bloody Jack, avec les mêmes musique et arrangements que ceux de sa chanson gainsbourgienne Teenie Weenie Boppie sortie la même année. Le texte de ce Bloody Jack est identique à celui de la chanson au titre éponyme que Gainsbourg interprétera en 1968 sur une musique totalement différente. Pour épaissir le mystère, Zizi Jeanmaire reprendra, toujours en 1968, la version de Gainsbourg avec un texte légèrement modifié.

[modifier] Une inspiratrice

[modifier] Ruptures

Ses ruptures sentimentales avec ses deux fiancés-chanteurs successifs Claude François et Julien Clerc nous valent, de la part des abandonnés, des chansons cicatricielles passées à la postérité :

Toi, tu seras sortie,
Pas encore rentrée, comme d'habitude,
Tout seul j'irai me coucher
Dans ce grand lit froid, comme d'habitude,
Mes larmes, je les cacherai
Comme d'habitude.
Commentaire de France : « Le monstre que décrit la chanson, ce n'était pas moi ! »[21]
  • 1975 : Julien Clerc (Album noir N° 7), Souffrir par toi n’est pas souffrir (paroles d’Étienne Roda-Gil et musique de Julien Clerc). Pour exacerber sa prière pour qu’elle revienne, Julien Clerc demande la contribution musicale de la famille Gall. Il confie l’orchestration de cette chanson à Philippe Gall, l’un des frères de France, tandis qu’il met Denys Lable, l’un de ses cousins, à la guitare :
Moi qui entassais des souvenirs par paresse,
Ce sont tes vieux chandails que je caresse,
Maintenant, comme avant,
Doucement, restons-en au présent
Pour la vie, aujourd'hui, reste ici…
Peine perdue, France et Michel Berger sont déjà en amour.

[modifier] Union

Michel Berger, en revanche, ne lui délivrera jamais que de lumineuses déclarations d’amour :

  • 1974 : La Déclaration, ou auto-déclaration par interprète interposée ! (Paroles et musique de Michel Berger) :
Quand je suis seul(e) et que je peux rêver,
Je rêve que je suis dans tes bras,
Je rêve que je te fais tout bas
Une déclaration, ma déclaration.
  • 1983 : Lumière du jour (paroles et musique de Michel Berger). Berger lui dit « Celle-là, je l’ai écrite pour toi », fait inhabituel pour celui qui considérait qu’écrire sur le bonheur n’était pas intéressant :
Tu es ma lumière du jour,
Tu es mon ultime recours
Et si le poids se fait trop lourd,
J'appelle ton nom à mon secours,
Lumière du jour…
France fera, plus tard, cette réflexion : « Enfin, au bout de sept ans de mariage et après deux enfants… »

[modifier] Citations

  • « Ce public de jeunes de mes débuts, je l’aime bien car c’est le plus fidèle qui soit. »[22]
  • « Je n'aime pas susciter le scandale. J'aime qu'on m'aime. »[23]
  • « Un jour, on a demandé à Gainsbourg s'il avait quelqu'un de moins de trente ans à statufier et il a dit quelque chose qui m'a bouleversée : "Ce serait France Gall. Ce serait une immense statue en sucre d'orge et tous les enfants viendraient lui lécher les doigts." »[24]
  • « Je suis la fille du papa de "La Mamma". »[25]
  • « Une interprète, déjà qu'elle n'écrit pas les paroles et la musique, si en plus elle pique les chansons des autres, si elle ne crée pas la chanson, cela n'a pas un grand intérêt. »[26]
  • « Je n'écrirai jamais d'autobiographie. Mon livre, c'était cet autoportrait [TV] que j'ai voulu le plus sincère possible. Les chanteurs ne trichent pas. Chanter, ce n'est pas simplement aller chercher de l'air et le ressortir en mots et en notes. C'est donner, se livrer, s'exposer. »[27]

[modifier] Ses chansons au cinéma

[modifier] Distinctions

[modifier] Discographie (non-exhaustive)

[modifier] 45 tours et singles CD

Cette liste contient des titres en ordre chronologique d'édition.

[modifier] Albums studio

[modifier] Albums « live »

[modifier] Opéra

[modifier] Compilations

  • 1990 : Les Années musique (2 CD, compilation 1974-1988, Warner)
  • 1992 : Poupée de Son (1 CD, les années Philips 1963-1968, Polydor)
  • 1992 : Poupée de Son, (4 CD, les années Philips 1963-1968, Polydor)
  • 2001 : France Gall (3 CD, les années Philips 1963-1968, Polydor/Universal)
  • 2004 : Évidemment (1 CD, anthologie des années Berger, Warner)
  • 2004 : Évidemment (2 CD, anthologie des années Berger, Warner)
  • 2004 : Évidemment (3 CD, anthologie des années Berger, Warner)
  • 2004 : Évidemment (intégrale, anthologie des années Berger, Warner)
  • 2005 : Quand on est ensemble - (2 CD, compilation des incontournables chansons de Berger et Gall, Warner)

[modifier] Participations

  • 1964 : Serge Gainsbourg, album Gainsbourg Percussions, titre Pauvre Lola (paroles et musique de Serge Gainsbourg). France est « Le rire de Lola » (non créditée).
  • 1967 : 1er disque de Mireille Darc (super 45 tours), duo sur le titre Ne cherche pas à plaire (paroles de Rolland Valade et musique de Jean-Claude Olivier).
  • 1974 : Michel Berger, album Chansons pour une fan, voix sur titre Mon fils rira du rock’n’roll (paroles et musique de Michel Berger), elle est « L’amour qui arrive, l’autre partie de lui. »
  • 1985 : Les Chanteurs Sans Frontières enregistrent le disque SOS Éthiopie (paroles de Renaud et musique de Franck Langolff) afin de venir en aide au pays africain victime de la famine. Le profit des ventes sera reversé à l'association Médecins Sans Frontières.
  • 1993 : Les Enfoirés chantent Starmania à La Grande Halle de La Villette, solo sur titre Un garçon pas comme les autres (paroles de Luc Plamondon et musique de Michel Berger), avec tous les autres pour Le monde est stone (paroles de Luc Plamondon et musique de Michel Berger) et pour La Chanson des Restos (paroles et musique de Jean-Jacques Goldman).
  • 1994 : Les Enfoirés au Grand Rex, duo avec Francis Cabrel sur Ella, elle l’a (paroles et musique de Michel Berger), avec tous les autres pour La Chanson des Restos.
  • 1994 : Renaud Hantson, album Des plaies et des bosses, chœurs sur les titres Bof génération (paroles et musique de Renaud Hantson) et Quatre saisons (paroles de Renaud Hantson, musique Fabien Kreicher et Éric Fermentel).

[modifier] Télévision

[modifier] Vidéographie

  • 2006 (2 mai) - Bercy 93 (environ 90 mn) - 1 DVD Zone 2 - Warner Vision France.

Mise en scène de France Gall et d'Hervé Lebeau - Direction musicale de France Gall - Décors de Jean Haas - Avec la participation du groupe Droit de cité - Réalisation vidéo de Gérard Pullicino - Paroles et musique de Michel Berger :

  1. Laissez passer les rêves
  2. Bats-toi
  3. Le Paradis blanc
  4. Cézanne peint
  5. Les Élans du cœur
  6. Évidemment
  7. Débranche
  8. La Déclaration d'amour
  9. Si, maman, si
  10. C'est difficile d'être un homme aussi
  11. J'ai besoin de vous
  12. Il jouait du piano debout
  13. La Minute de silence
  14. La Chanson de la négresse blonde
  15. Mademoiselle Chang
  16. Ella, elle l'a
  17. Jamais partir

[modifier] Bibliographie

[modifier] Biographie

  • Hugues Royer & Philippe Seguy : France Gall - Michel Berger, Deux destins pour une légende, Éditions du Rocher, Monaco, 1994, ISBN 2-268-01873-3
  • Parution annoncée sous réserve pour début 2007 : Grégoire Colar & Alain Morel, France Gall : L'histoire de France, Éditions Pharos, ISBN 2756900575

[modifier] Essai

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Site officiel du CMBV
  2. [1], Archives INA, Gall et Gainsbourg dans Pauvre Lola, ORTF, 1968
  3. [2], Archives INA, ORTF, 1967
  4. In biographie réalisée par Martine Bordeneuve - Initialement parue dans Jukebox Magazine puis publiée dans les intégrales de Polydor Les années Philips 1963-1968 : Poupée de Son Coffret 4 CD (1992) et France Gall Long Box 3 CD (2001).
  5. [3], Archive INA : France Gall et Serge Gainsbourg reçoivent le Grand Prix Eurovision de la chanson
  6. [4], Archive INA : France Gall, Serge Gainsbourg et Alain Goraguer à propos du Grand Prix de l'Eurovision
  7. [5], Archives INA : Gainsbourg et Gall présentent Baby Pop, ORTF, 1966
  8. Quand on est ensemble
  9. Y.-F. Bouvier et S. Vincendet, L'Intégrale et cætera, Éditions Bartillat, 2005. ISBN 2-84100-341-8.
  10. documentaire France 3 France Gall par France Gall
  11. France cite la choriste Stella Vander. Il s’agit de la chanteuse « Stella », l’anti-yéyés des années 1960, qui fit une brève carrière solo en refusant le système du show-business (un de ses titres les plus connus : Le Folklore auvergnat, en réaction à Le Folklore américain interprété par Sheila en 1965 !). Stella fut l’épouse de Christian Vander, fondateur du groupe Magma dont elle est l’une des fidèles choristes La bio de Stella Vander chez Seventh Records
  12. [6] Archives INA : TF1, 1978
  13. [7], Archives INA : TF1, 1979
  14. [8], Archives INA : TF1, 1982
  15. [9], Archives INA : Antenne 2, 1984
  16. [10], Archives INA : Antenne 2, 1987
  17. [11], Archives INA : Antenne 2, 1987
  18. [12], Archives INA : Préparation de France Gall à Bercy, Antenne 2, 1993
  19. [13], Archives INA : Gainsbourg interroge Gall à propos des Sucettes, ORTF, 1967
  20. Gilles Verlant, Gainsbourg, 2000, Éditions Albin Michel, Paris. ISBN 2-226-12060-2
  21. Interview par Gilles Médioni, L'Express, 4 octobre 2004.
  22. Interview par l'éditeur musical Philippe Constantin en 1968.
  23. Interview par l'éditeur musical Philippe Constantin en 1968.
  24. Interview par l'éditeur musical Philippe Constantin en 1968.
  25. Émission À vos souhaits, France Inter, 30 mars 1976.
  26. Émission À vos souhaits, France Inter, 30 mars 1976.
  27. Interview par Gilles Médioni, L'Express, 4 octobre 2004.
  28. [14], INA 1
  29. [15], (INA 2)
  30. [16], Archives INA : TF1, 1979.


Précédé de :
Gigliola Cinquetti
Gagnant du Concours Eurovision de la chanson
1965
Suivi de :
Udo Jürgens


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