Conquête musulmane du Maghreb
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Cet article traite de l'histoire de la conquête musulmane au Maghreb, de l'Ifriqiya tunisienne jusque le rocher de Gibraltar, qui doit son nom actuel à cet évènement.
[modifier] Introduction
Il est encore difficile d’appréhender les liens qui se sont noués entre les peuples d’Afrique du nord et l’Islam, les matériaux historiques restent rares. L’actualité rend le sujet délicat. La colonisation a ravivé les tensions entre arabes et Berbères, que les siècles avaient apaisées. L’idée d’un phénomène de conversion et d’acculturation reste à l’état d’hypothèse. Il faut près d’un siècle, en effet, pour apaiser les tensions politiques liées à la conquête. La conversion des tribus ne s’est pas déroulée uniformément, et a connu des résistances, des apostasies ponctuelles, ou l’adoption de syncrétismes. L’arabisation s’est faite de manière plus lente encore.
Les populations berbères du Maghreb ont contribué tant au rayonnement de la civilisation arabo-musulmane, qu’à la défense de certains particularismes ; il existe ainsi une identité maghrébine dans le monde médiéval, pour l’étude de laquelle les sources manquent. Il n’y a en effet aucun témoignage direct de l’époque de la conquête. Il faut se contenter de récits postérieurs, comme ceux d’ibn al-Hakam (+849) ou de Baladhûrî (+823). Il est délicat de proposer une théorie de la conquête, un regard critique sur les sources étant nécessaire.
L’histoire du Maghreb ne débute pas avec la conquête : celui-ci a déjà connu une présence romaine, sur le littoral du Maroc et de la Tunisie, et jusqu’à 200 kilomètres de profondeur dans les terres; le christianisme s’y est anciennement implanté, avec une Eglise chrétienne d’Afrique très active (Saint Augustin, par exemple, d’origine berbère). Lors de la conquête arabe, le Maghreb est une dépendance de l’empire byzantin, quasi autonome, et qui diverge d’avec le reste de l’Empire sur l’interprétation du christianisme.
[modifier] Les étapes de la conquête musulmane (647-800)
En 642, les Arabes sont présents à Barqa et à Tripoli ; l’Égypte est conquise, les coptes chrétiens accueillent les Arabes en libérateurs. Al-Fustât est fondée, qui servira de base arrière à la conquête. Omar refuse d’annexer l’Ifriqiya, qu’il considère mufarriqa (perfide), et s’oppose à toute expédition. Il meurt en 644, et Uthmân, dès 647, autorise les premiers raids.
En 647-648, premières conquêtes, menés par le gouverneur d’Égypte, ‘Abd Allâh Sa‘d, qui prennent la forme d’une razzia. Le gouverneur byzantin, Grégoire, est tué. La capitale est prise. Cependant, les vainqueurs ne désirent pas s’installer, et se retirent en 648, contre une demande pécuniaire. Il leur restera la conscience de la grande faiblesse de la position byzantine au Maghreb.
Cependant, les troubles conséquents à la mort de ‘Uthmân et au califat de ‘Ali (656-661), détournent les convoitises et les énergies de cette région ; période que les Byzantins ne mettront pas à profit pour se renforcer, et au contraire, ils se mettent à dos une bonne part des chrétiens d’Afrique par des mesures fiscales maladroites. En 661, Mu’âwiyya accède au califat (661- 680) ; l’Ifriqiya fera dès lors l’objet de projets d’installation Omeyyades.
En 670, l’expédition de Oqba Ibn Nafaa, rendue mythique, mène à la fondation de Kairouan ; c’est la première implantation de l’Islam en Occident, l’intention est conquérante et fondatrice. Kairouan est à la fois une ville islamique, une tête de pont pour de nouvelles expéditions, et un jalon sur la route entre l’Égypte et le Maghreb. ‘Uqba va recevoir l’appui des premiers contingents de convertis (mawlâ/mawâlî), esclaves issus des tribus berbères, et qui restent liés, malgré leur affranchissement, par le lien du walâ ; des revendications feront jour, rapidement, dans cette nouvelle classe qui ne peut accéder aux postes-clés. En effet, l’idéologie égalitaire de l’Islâm entre perpétuellement en contradiction avec la réalité des structures tribales arabes. Cependant ‘Uqba est destitué, et remplacé par Abû al-Mujâhid, qui décide de mener une politique d’islamisation des Berbères, et considère que ses principaux ennemis sont les Byzantins
En 681, Les aléas politiques ramènent ‘Uqba en Ifriqiya, qui fait arrêter son prédécesseur, et mène une politique d’humiliation envers les chefs Berbères capturés, y compris ceux qui ont été islamisés, comme Kusayla. La question qui est posée, est le nouveau statut que l’on veut –ou non- donner aux nouveaux convertis ; il semble que ceux-ci ont été généralement traités en vassaux, soumis à l’impôt.
En 682-683, ‘Uqba dirige une grande chevauchée qui mène son contingent jusqu’au rivage Atlantique ; sur le chemin, les tribus berbères sont bousculées violemment. On ne sait pas si cette expédition s’apparentait à une mission de reconnaissance, ou une razzia. Cependant, elle va provoquer de nombreux soulèvements berbères. Sur le retour, la colonne de ‘Uqba est attaquée par une armée que dirige Kusayla, et mise en déroute. Lors de cette bataille, qui portera le nom de Biskra, ‘Uqba est tué (il sera sanctifié, et son tombeau deviendra le premier monument musulman au Maghreb). Le soulèvement, qui rassemble des Berbères, islamisés ou non, et probablement des restes de l’armée byzantine, parviendra à occuper Kairouan; les Arabes évacuent l’Ifriqiya.
En Orient, le califat d’ ‘Abd al Malik débute en 685 jusqu’en 707 ; califat important, qui marque la fin provisoire des troubles politiques en Orient, et sous lequel seront menées des réformes de l’administration et du pouvoir). Celui-ci nomme Hasan b. al-Nu‘man gouverneur au Maghreb, lequel mènera la reconquête en 686. Kairouan est reprise, Kusayla tué. Les Arabes prennent Carthage aux Byzantins, qui parviendront à la récupérer de 695 et 698.
En 701, la Kahina est vaincue et tuée. Cette femme berbère, juive ou chrétienne, dirigeait la révolte des Berbères chawis, entourée d’une aura mystique. Elle deviendra une icône de la résistance berbère. Dès 702, l’assise arabe est suffisante en Ifriqiya, pour envisager de nouvelles conquêtes.
En 705, Musa Ibn Nosseyr devient le premier gouverneur officiel du wilaya d’Ifriqiya. Jusqu’en 713, s’opère une phase de contrôle de l’espace, jusqu’à Tanger ; le pouvoir se consolide.
En 711 est la date de l’achèvement « officiel » de la conquête ; les premiers contingents berbères passent en Andalousie, dirigés par Tariq ibn Ziyad. Ils débarqueront à Gibraltar (Jabal Tariq). A la phase d’organisation militaire de la conquête, va se substituer l’administration d’un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.
[modifier] Voir aussi
- Histoire du Maghreb
- Histoire de l'expansion de l'islam
- Conquête musulmane du Maghreb
- Conquête musulmane de l'Hispanie
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