Années de plomb
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Le terme « années de plomb » est une expression servant à qualifier, dans plusieurs pays, une période historique marquée par la violence.
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[modifier] Europe
En Europe, il désigne les années ayant vu se dérouler des actions terroristes, commis principalement par des groupes d'extrême gauche (Bande à Baader ou Fraction armée rouge - RAF, Brigades Rouges), mais aussi d'extrême droite (Ordine Nuovo ou Avanguardia Nazionale), principalement en Italie, en Grèce et en Allemagne dans le cadre de la guerre froide. Ce "terrorisme rouge" pouvait faire appel au concept de propagande par le fait développé par le milieu anarchiste à la fin du 19ème siècle, quoique avec les attaques de la RAF contre des bases de l'Otan, celles-ci faisaient partie intégrante d'une stratégie de soutien aux mouvements de libération nationale, notamment au Viet-minh. Le peu d'empressement à éclairer cette période particulièrement obscure de notre histoire autorise toutes sortes de lectures hâtives et d'extrapolations. Les années de plomb sont généralement associées en Europe aux années 1970, bien qu'un certain nombre d'actes terroristes aient été commis durant la décennie suivante.
[modifier] Italie
Durant les années de plomb italiennes, qui commencent avec l'attentat de la Piazza Fontana le 12 décembre 1969, puis avec l'attentat de Peteano en 1972, par Vincenzo Vinciguerra, plus de 600 attentats commis entre 1969 et 1980, ont fait 362 morts et 172 blessés[1]. Le groupe des Brigades Rouges est responsable de 75 de ces victimes[2]. De 1969 à 1975, les organisations clandestines d'extrême droite sont responsables de 83% des actions violentes de 90,2% des assassinats politiques (83 sur 92)[3]. Les proportions changent après 1975, mais le terrorisme d'extrême droite reste fort jusqu'en 1985, avec, notamment, l'attentat contre la gare de Bologne, le 2 août 1980, qui fait 85 morts, l'attentat contre le train Naples-Milan, qui tue seize personnes, et les assassinats des Noyaux armés révolutionnaires, au nombre de dix-sept entre 1977 et 1985.
L'acte le plus connu des années de plomb italiennes est l'enlèvement et l'assassinat de l'ancien président du conseil Aldo Moro par les Brigades Rouges, qui met fin à toute tentative de compromis historique entre la Démocratie chrétienne (dirigée par Moro) et le PCI, dirigée par Enrico Berlinguer. Ces lourdes années pèsent encore sur la conscience collective et surtout sur la vie politique (cf. par exemple la récente « affaire Battisti »). Le terrorisme gauchiste a continué en Italie dans les années 1980 pour connaître une résurgence dans les années 2000, mais sans retrouver l'intensité de la décennie 1970. Enfin, la justice italienne démantela pendant l'été 2005 le DSSA, un groupe dirigé par des néofascistes à la tête d'un syndicat des services de sécurité italiens. Un des ôtages morts en Irak aurait été envoyé pour le compte de ce groupe mystérieux, dont les responsables avouaient eux-mêmes avoir fait partie de Gladio, l'organisation secrète de l'OTAN liée à la loge maçonnique Propaganda Due (P2).
[modifier] Allemagne
En Allemagne, la Fraction Armée Rouge (RAF) (ou bande à Baader) participera à des attentats, certains contre des bases de l'OTAN commis lors de la guerre du Vietnam. Ils enlèveront et assassineront le patron Hans-Martin Schleyer.
[modifier] Grèce
En Grèce, le régime des colonels arrivé au pouvoir lors du coup d'État de 1967 voit certains groupes s'opposer à lui, entre autres en participant à des attentats. Des groupes tels que le Groupe du 17 novembre, qui continua ses actions terroristes jusqu'à son démantèlement en 2003, sont issus de ces années de dictature.
[modifier] Théories du complot autour des années de plomb en Italie et en Europe
Le néofasciste Vincenzo Vinciguerra déclara plus tard au juge Felice Casson que l'attentat de la Piazza Fontana devait inciter l'État italien à proclamer l'état d'urgence et à se tourner vers des solutions plus autoritaires. On considère généralement que l'attentat de la gare de Bologne, en 1980, marque le dernier grand massacre des années de plomb, lui aussi commis par des terroristes néofascistes. On a d'abord mis la totalité des attentats sur le dos de groupes dits gauchistes, avant de se raviser dans les années 1980, lorsque les enquêtes judiciaires en Italie accusaient clairement certains de ces attentats d'avoir été en fait des attaques false flag, c'est-à-dire menées sous le couvert du drapeau adverse. Ainsi, la piste du "terrorisme noir" (ou néofasciste) fut explorée, donnant lieu parfois à de nouvelles théories du complot. Certaines analyses de cette époque évoquent l'existence d'une stratégie de la tension qui aurait été mise en place par Washington "afin d'empêcher le PCI et, dans une moindre mesure, le PSI, d'accéder au pouvoir exécutif", comme le note un rapport parlementaire de la coalition de centre-gauche L'Olivier publié en 2000. En Italie, celle-ci se serait servie de liens avec certains milieux néofascistes ainsi qu'avec la loge maçonnique Propaganda Due (P2) dirigée par Licio Gelli. Ailleurs, elle aurait favorisé l'instauration de dictatures, notamment dans le cas du régime des colonels installé en Grèce par le coup d'État de 1967, ou par le soutien récurrent au militarisme turc et à l'organisation des Loups gris.
[modifier] Amérique
[modifier] États-Unis
Aux États-Unis, des groupes tels que les Weathermen ou l'Armée de libération symbionaise (SLA) participeront à des attentats contre des cibles variées, rejoignant ainsi les pratiques de propagande par le fait adoptées par une minorité du mouvement anarchiste à la fin du 19ème siècle.
[modifier] Amérique latine
Le coup d'État du 11 septembre 1973 d'Augusto Pinochet fait rentrer le Chili dans les années de plomb, dont l'épisode le plus connu reste l'Opération Condor, où la plupart des dictatures d'Amérique latine coopéraient ensemble pour traquer et assassiner les dissidents, souvent en les faisant "disparaître" (les desaparecidos) au cours de cette "guerre sale". La Triple A (Alliance Anticommuniste Argentine) commettra aussi une série d'attentats en liaison avec le pouvoir d'État, dirigé par Isabel Peron, la troisième femme de Peron. La junte de Jorge Rafael Videla sera ensuite une des participantes principales du plan Condor, et les membres de sa police secrète, dont certains ont été entraînés par des anciens de la guerre d'Algérie, participeront ensuite à l'instruction de paramilitaires au Guatemala dans les années 1980.
[modifier] Afrique
[modifier] Maroc
Période historique du Maroc contemporain marquée par la répression des opposants politiques sous le règne d'Hassan II. L'affaire Mehdi Ben Barka en reste l'épisode le plus célèbre.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Références
- ↑ "Le chef de l'État italien a dû reconnaître son existence", L'Humanité, 29 novembre 1990
- ↑ Daniele Ganser, NATO's Secret Armies - Operation Gladio and Terrorism in Western Europe, London, 2005
- ↑ Frédéric Attal, Histoire de l'Italie, de 1943 à nos jours, éd. Armand Colin, 2004
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Chronologie : l'Italie des années de plomb, dossier de l'Express
- Le Maroc revient sur ses "années de plomb"
- Lien sur l'affaire Soffri (non neutre), et du livre de Carlo Ginzburg, Le juge et l'historien
- Affaire Battisti: retour sur les années de plomb (non neutre), Politis, 13 Mai 2004