Serbo-croate

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Le serbo-croate (srpskohrvatski / српскохрватски en serbo-croate) désigne globalement une ou plusieurs langues indo-européennes du groupe méridional des langues slaves, utilisées en Serbie, Monténégro, Croatie et Bosnie-Herzégovine.

Elle est aussi parlée par des minorités bosniaques, croates, serbes et monténégrines en Autriche, en Hongrie et en Roumanie, ainsi que dans la diaspora (Allemagne, Australie, Canada, États-Unis).

Aujourd'hui, on compte environ 20 millions de personnes parlant les langues issues du serbo-croate.

Le terme serbo-croate est désormais surtout employé en dehors des pays concernés, qui utilisent presque exclusivement dans la vie administrative, scolaire, scientifique et politique les termes serbe (et monténégrin), croate et bosnien.

Sommaire

1 Bref historique de l'idée de langue serbo-croate
2 Variantes régionales
3 Exemples
4 Divers
- 4.1 Liens internes
- 4.2 Liens externes

[modifier] Bref historique de l'idée de langue serbo-croate

Les dialectes serbo-croates furent étudiés par des linguistes européens durant la seconde moitié du XIX^e siècle et le concept linguistique de langue serbo-croate date de cette époque. Au XIX^e siècle « serbe » et « croate » supplantèrent tous les autres noms (serbo-slave, slavonien, dalmate, bosnien ...) dans l'usage des locuteurs concernés pour nommer leur parler. À partir de la fin du XIX^e siècle et durant la période yougoslave (1919-1991), le serbe et le croate ont été considérés par une majorité des gouvernements locaux comme les composants d'un diasystème serbo-croate (ou croato-serbe), voire d'une même langue comportant des variantes régionales, et le nom serbo-croate était utilisé par une partie de la population. Au XX^e siècle des nationalistes serbes et croates tentèrent de faire appeler l'ensemble de la langue serbe et croate, respectivement. Les termes serbo-croate (srpskohrvatski en serbo-croate) ou croato-serbe (hrvatskosrpski en serbo-croate) sont les seuls suffisamment neutres, car linguistiques.

Note : le nom serbo-croate fait parfois peur car il pourrait être utilisé avec la volonté de nier les variantes du serbo-croate ou uniformiser complètement la langue (ce que quelques personnes réclamèrent aux XIX^e siècle et XX^e siècle, et qui aurait aussi abouti à la disparition des dialectes).

Le nom bosnien est réapparu à la fin du XX^e siècle, utilisé par les Bosniens qui ne se réclament ni du croate ni du serbe. Il est particulièrement proche du croate, même s'il accepte plus d'emprunts à des langues étrangères.

Une discussion a lieu depuis 2000 au Monténégro sur le nom à donner à la langue officielle : serbe (partisans de la conservation du nom, du maintien des liens avec la Serbie) ou monténégrin. Ce dernier nom a toutes les chances de le remporter, surtout depuis l'indépendance du Monténégro (2006).

Il y a actuellement trois langues officielles dotées d'instances de régulation spécifiques, le croate, le serbe et le bosnien. Le croate et le bosnien s'écrivent exclusivement avec l'alphabet latin alors que le serbe utilise majoritairement l'alphabet cyrillique. Il y a aussi d'autres différences plus ou moins importantes, telles l'accent, les mouillures, la grammaire et le vocabulaire.

Le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie appelle cette langue BCS (Bosnien-Croate-Serbe) et la considère comme la langue principale de toutes les parties bosniaques, serbes et croates.

[modifier] Variantes régionales

Si l'on accepte l'idée d'une langue serbo-croate, les variantes régionales de celle-ci sont considérées de trois points de vue.

1. La forme prise par le pronom interrogatif « quoi » : što (chto), kaj (kaï) et ča (tcha) est le facteur principal selon lequel on distingue trois dialectes :

Le dialecte le plus étendu est le štokavien, parfois orthographié en français « chtokavien », parlé en Serbie (sauf dans une région restreinte du sud-est), au Monténégro, en Bosnie-Herzégovine et dans une grande partie de la Croatie.
Le dialecte kajkavien (« kaïkavien ») — au nord de Zagreb, dans le Zagorje.
Le dialecte čakavien (« tchakavien ») — sur la côte adriatique, en Istrie et Dalmatie.

2. Il existe aussi une division qui se superpose aux dialectes, à partir de la façon dont a évolué le son ĕ du slave ancien, noté par la lettre nommée « yat ». Ce son est devenu e (« é »), je (« yé ») avec la variante ije (« iyé ») et i. Le lait, par exemple, se prononce mleko, ml(i)jeko ou mliko. Selon ce critère il y a trois variantes nommées izgovori (prononciations):

ekavienne, en Serbie et Slavonie orientale
(i)jekavienne, née en Herzégovine et largement répandue en Croatie, Monténégro et Serbie occidentale
ikavienne (la moins répandue), en Croatie

3. Variantes standardisées

serbe — fondée sur le dialecte štokavien et la prononciation ekavienne, admettant aussi la prononciation (i)jekavienne. S'écrit en cyrillique ou en latin.
croate — fondée sur le dialecte štokavien et la prononciation (i)jekavienne, s'écrivant seulement en alphabet latin.

[modifier] Exemples

Mot	Traduction	Prononciation standard
terre	zemlja	zemlya
ciel	nebo	nèbo
eau	voda	vodà
feu	vatra	vatrà
mari	muž	mouge
femme, épouse	žena	génâ
manger	jesti	yèsti
boire	piti	pi:ti
grand	veliki	vé:liki
petit	mali	ma:li
nuit	noć	no:tch
jour	dan	dâne
anus	šupak	choupaque
excrément	govno	govno
vrai	stvarno	st(eu)varno
doigt	prst	prr(eu)ste