Réserve nationale de faune du Cap-Tourmente
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La Réserve nationale de faune du Cap Tourmente est l'une des huit réserves nationales de faune du Canada présentes au Québec.
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[modifier] Localisation
La réserve nationale de faune du Cap Tourmente est située à Saint-Joachim, près de la ville de Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle est sur la rive nord du fleuve Saint-Laurent, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de la ville de Québec, dans la région de la Capitale-Nationale au Québec (Canada).
On peut y accéder par la route 138 Est reliant Québec et la région de Charlevoix, via l'avenue Royale de Saint-Joachim.
[modifier] Histoire
Avant la colonisation européenne du Québec, le Cap Tourmente était appelé Ajoaste par les Iroquoiens du Saint-Laurent qui y vivaient, et qui seront rencontrés par l'explorateur Jacques Cartier lors de son passage. Le nom de Cap Tourmente apparaît pour la première fois en 1608 sous la plume de l'explorateur Samuel de Champlain, qui notait ainsi la propension des eaux du fleuve Saint-Laurent à s'agiter sous le vent à cet endroit :
De l'isle aux Couldres costoyans la coste, fusme à un cap, que nous avons nommé le Cap de Tourmente, qui en est à sept lieues, et l'avons ainsi appellé, d'autant que pour peu qu'il face de vent, la mer y esleve comme si elle estaoit pleine…
Les vestiges d'une ferme datant de 1626 ont d'ailleurs été mis à jours dans les limites du parc, qui y avait été établie par Champlain, avant d'être détruite par les anglais en 1628.
Le site jouissant de terres arables de qualité, dès 1664, Monseigneur François de Laval acheta une bonne partie de la Côte-de-Beaupré, dont le territoire du Cap Tourmente, afin d'en faire des terres agricoles vouées à l'approvisionnement du Séminaire de Québec. Jusqu'au milieu du 20e siècle, l'agriculture et l'élevage du bétail, en plus de la chasse en saison, seron l'essentiel de l'activité des lieux.
Quatre fermes y seront érigées. La Petite-Ferme, la Ferme de la Friponne, la Ferme du bout du cap et la Ferme Chevalier.
De 1747 à 1760, Joseph-Michel Cadet, dit Caddé, devient le nouveau contremaître à la Petite- Ferme. Il est nommé Boucher du Roi et "munitionnaire général de la Nouvelle-France", ce qui lui donnait la responsabilité de fournir en matériel et équipement la colonie et le roi. Il devint rapidement l'homme le plus riche de la Nouvelle-France, ce qui résulta en un bannissement de 9 ans pour lui: il fut découvert qui vendait à un prix démesuré au roi en partageant les profits avec l'intendant François Bigot et nuisait ainsi aux intérêts de la colonie.
La ferme de la Friponne est construite entre 1750 et 1752 sur les berges de la rivière qui porte aujourd'hui ce nom, et son premier contremaître est un Charlesbourgeois nommé Charles Guilbaut.
Lors de l'invasion de la colonie par les Britanniques en 1759, les soldats du général James Wolfe, après que leurs navires eut jetés l'ancre dans la région, incendient et détruisent les fermes et les terres agricoles, dont les bâtiments du Cap Tourmente.
Dès 1760, les deux fermes sont reconstruites. En 1786, la ferme du bout du cap est aménagée avec ses dépendances. Lorsque que les fermiers qui l'habitent la quitteront, elle deviendra un camp pour les pêcheurs d'anguilles du Séminaire. La ferme Chevalier, quant à elle, dont l'histoire est moins connue, fut détruite pierre par pierre pour construire la maison d'un médecin de la région, à Saint-Ferréol-les-Neiges.
En 1934, l'électricité atteint pour la première fois le Cap Tourmente et la Petite-Ferme. En 1940, c'est la ferme de la friponne qui subit un incendie; elle ne sera pas reconstruite et ses terres demeuront en friche comme pâturage. Le centre d'interprétation de la réserve est située à proximité de la ferme, dont ne subsiste qu'un petit bâtiment, la "Maison des Français". La ferme du bout du cap subit le même sort vers la fin des années 1950.
En 1969, le service canadien de la faune fait l'acquisition des terres pour 1 400 000 dollars canadiens. En 1978, la réserve nationale de faune du Cap Tourmente est créée, afin de protéger les terres humides où poussent la scirpe d'Amérique, plante dont la racine est l'un des mets privilégiés par la grande oie blanche lors de sa halte au cours de ses migrations biannuelles. Le centre d'interprétation fait son apparition, et la Petite-Ferme abrite les bureaux administratifs de la réserve.
En 1981, le Cap Tourmente devient la première réserve protégée au Amérique du nord en vertu de la convention de Ramsar sur la protection des aires humides.
L'entrée, gratuite jusqu'en 1985, devient alors payante et subit des augmentations jusqu'en 1991 puis en 1999. Le coût d'entrée demeure cependant inférieur à celui d'autres sites de plein-air et d'écotourisme de la région de Québec.
[modifier] Site
La réserve de Cap Tourmente couvre 2 399 hectares dont 620 de marais en zone intertidale sur les berges du fleuve Saint-Laurent, à la rencontre de la région géologique des Basses-terres du Saint-Laurent et du Bouclier laurentien. La rencontre de la falaise et des premiers kilomètres de l'estuaire du fleuve provoque un micro-climat où l'hiver est légèrement moins froid mais plus humide que dans les régions avoisinantes, et l'été plus frais.
On distingue quatre zones principales à la réserve :
- Sur les bords du Saint-Laurent, on retrouve le marais à Scirpe d'Amérique, dont l'étendue est fortement influencée par les marées du fleuve. C'est le principal lieu d'alimentation des oies blanches lors de leur passage. Le marais intertidal et le marécage côtier sont séparés par l'écart, une dénivellation soudaine d'une hauteur variant entre un et deux mètres.
- Le marécage côtier, normalement au sec, est recouvert par les plus hautes marées à l'automne et au printemps. Il ne fait qu'environ 200 mètres de large et est habité par de nombreuses espèces d'oiseaux friand de terres humides.
- La plaine, un secteur agricole pendant les siècles passés, s'incline en pente douce vers le fleuve. C'est le site de chasse de plusieurs oiseaux de proie qui s'y nourrissent des petits mammifères.
- La falaise : Au pied et sur les pentes de la falaise, on retrouve une forêt mixte diversifiée comptant 22 peuplements forestiers distincts: érablière, bétulaie, prucheraie, cédrière, pessière, pinède, aulnaie…
Deux petites rivières, le ruisseau du Petit-Sault et le Ruisseau de la Friponne, descendent de la falaise, parcourent la forêt et les anciens champs avant de se déverser dans le fleuve Saint-Laurent.
[modifier] Faune et flore
[modifier] Mammifères
Plusieurs espèces de mammifères peuvent être rencontrées à la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente, typiques du territoire québécois. Les marécages côtiers abritent des visons et des rats musqués. En forêt, on peut rencontrer le raton laveur, le tamia rayé, le renard roux, l'ours noir, la marmotte commune, l'écureuil roux, le Lièvre d'Amérique, le Porc-épic d’Amérique et la belette à longue queue. Bien que plus rares, le coyote et le cerf de Virginie y sont aussi parfois croisés.
[modifier] Reptiles, amphibiens et poissons
Le seul reptile rencontré avec régularité dans la réserver est la couleuvre rayée. Cependant, les terres humides que l'on y retrouve sont l'habitat de plusieurs amphibiens, par exemple : la Rainette crucifère, la grenouille des bois, le crapaud d’Amérique, le Ouaouaron, la grenouille verte, la grenouille léopard et la grenouille du Nord. Les boisés humides environnants abritent aussi des Salamandres comme la salamandre à points bleus et la salamandre rayée.
Les petits ruisseaux des plaines sont fréquentés par l'Omble de fontaine et les épinoches qui constituent l'alimentation de base pour de nombreux autres poissons et oiseaux. Perchaudes et meuniers noirs y vivent également.
[modifier] Oiseaux
Les décomptes ornithologiques sur la réserve ont permis de recenser près de 300 espèces d'oiseaux, dont environ cent espèces qui y nichent, ce qui constitue une grande richesse biologique sur un territoire restreint et la principale raison de visite du site.
Dans les marais nichent différentes espèces de canards barboteurs (comme le canard d'Amérique, le canard souchet et le canard branchu); le Grand héron et plusieurs autres espèces d'oiseaux de rivages s'y nourrissent. Le marécage côtier est l'hôte de nombreuses espèces dont la Bécassine des marais, dix-huit espèces de parulines dont la paruline masquée et la paruline flamboyante, le carouge à épaulettes, le bruant des marais et le colibri à gorge rubis. La plaine est un territoire de chasse privilégié pour plusieurs rapaces : busard Saint-Martin, crécerelle d'Amérique, Faucon pèlerin… La forêt, quant à elle, est le refuge de nombreux passereaux et autres représentants de la gent ailée: tangara écarlate, passerin indigo, viréo aux yeux rouges, mésange à tête noire, bruant hudsonien, grand corbeau, geai bleu…
Plusieurs espèces rares sont rencontrées au Cap-Tourmente. On compte parmi elles le bruant de Nelson, la pie-grièche migratrice, l'effraie des clochers et le petit blongios.
[modifier] Grande oie blanche
La Grande oie blanche, ou Grande oie des neiges, est la principale espèce animale qui a motivée la protection du territoire de la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente. Cette espèce, au début du XXe siècle, ne comptait pas plus de 3000 individus. Or, les programmes de protection des territoires qu'elle fréquente lors de ses migrations avaient fait monter ce nombre à 417 000 individus en 1993, puis à plus de 950 000 individus en 2004.
La grande oie blanche niche en été dans l'Arctique canadien, puis passe ses quartiers d'hivers sur la côte-est américaine. Lors des deux migrations annuelles, l'ensemble de la population de la grande oie blanche fait halte pour se restaurer sur les berges du fleuve Saint-Laurent. À l'automne ou au printemps, la réserve nationale de faune du Cap-Tourmente peut à elle seule abriter à un instant donné des bancs de plus de 75 000 individus.
La grande oie blanche y trouve une réserve de nourriture abondante, en particulier la racine de la scirpe d'Amérique, une plante des marécages dont elle est particulièrement friande. D'ailleurs, la couleur rouille caractéristique de la tête et du cou de la grande oie blanche provient du fer oxydé du sol des berges du Saint-Laurent, dans laquelle elle plonge sa tête pour retirer la racine.
Bien qu'une telle concentration d'oie ait aussi un effet sur les terres cultivées environnantes qu'elles peuvent endommager, il a été étudié que l'apport économique des visites aux sites de préservation était plus de vingt fois supérieurs aux frais encourus pour les dommages aux cultures. La grande oie blanche fait en effet l'objet de festivals courus dans la ville voisine de Saint-Joachim et sur la rive sud du fleuve à Montmagny.
[modifier] Activités
L'observation ornithologique et la randonnée pédestre font partie des principales activités qui peuvent être pratiquées au Cap-Tourmente. En 2002, environ 55 000 personnes l'ont visité.
Le centre d'interprétation de la biodiversité du Cap-Tourmente présente une exposition et des projections sur l'histoire, la faune et la flore du site. Il s'agit aussi du point de départ de plusieurs sentiers et de certaines activités, ainsi que d'un lieu de rencontre et d'informations avec des naturalistes et responsables du site.
Des naturalistes sont présents au centre d'interprétation et sur différents points des sentiers afin d'offrir des activités d'interprétation sur différents sujets des sciences naturelles selon l'époque de l'année: les oies blanches, le faucon pèlerin, les marées, hivernation des oiseaux, effet des saisons sur le site, etc.
Un second bâtiment, le pavillon Léon Provancher sert de boutique de souvenirs et permet de prendre un goûter léger.
Plus de 25 kilomètres de sentiers aménagés permettent de parcourir les différents écosystèmes du parc. L' Écart et le Bois-sent-bon, en trottoir de bois, permettent de s'approcher des berges du fleuve et d'observer les oies dans des caches munies de télescopes. Le Souchet, le Moqueur-chat et le Carouge parcourent les plaines et côtoient les étangs aménagés pour la sauvagine. Le Petit-Saut suit le cours du ruisseau homonyme. L'Érablière, L'Aulnaie, la Prucheraie, le Piedmont, la Cèdrière et le Pierrier explorent les différents peuplements forestiers. Finalement, La Falaise et La cime permettent d'atteindre plusieurs points d'observation à flanc de falaise donnant une vue sur le site, sur le Fleuve sur l'Île d'Orléans et sur les îles de l'archipel de Montmagny comme Grosse-Île, l'Île aux Ruaux et l'Île aux Grues.
En saison, une chasse contingentée et strictement réglementée à l'oie blanche est permise dans certaines zones du parc.
[modifier] Photos
Les photos suivantes montrent différents paysages de la réserve nationale de faune du Cap Tourmente.
 Oies blanches naturalisées au centre d'interprétation |
 Détail d'une grande oie blanche en vol |
 Oies sur le bord du fleuve à marée basse |
 Vers le fleuve à partir du centre d'interprétation |
 La rivière près du centre d'interprétation |
 Champs et falaise |
 Étang aménagé pour les oies et canards |
 Rivière près du centre d'interprétation |
[modifier] Sources
- Carte des sentiers, Réserve nationale de faune du Cap Tourmente, Service canadien de la faune, Environnement Canada, 1996 (No de catalogue: CW66-149/1996F; ISBN: 0-662-81471/1).
- Réserve nationale de faune du Cap Tourmente, Service canadien de la faune, région du Québec, consulté le 22 janvier 2006.
- Guide du visiteur 2005-2006, Réserve nationale de faune du Cap Tourmente, Service canadien de la faune, Environnement Canada et Association des amis et amies du Cap Tourmente, 2005.
- Réserve nationale de faune du Cap Tourmente in Guide des milieux humides, Union québécoise pour la conservation de la nature, 1994. (Version web visitée le 22 janvier 2005).
- Association des amis et amies du Cap Tourmente, visité le 22 janvier 2006.
- Règlement modifiant le règlement sur les réserves d'espèces sauvages, Gazette officielle du Canada, Gouvernement du Canada, 1999 (version web consultée le 22 janvier 2006).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Réserve nationale de faune du Cap Tourmente (Site officiel)
- (en) Fiche de la réserve sur le site UNEP-WCMC
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