Pierre (apôtre)
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Saint Pierre est l'un des douze et le principal apôtre du Christ. Il est considéré par le catholicisme comme le premier évêque de Rome, ce qui fonderait la primauté épiscopale dont se prévaut le pape.
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[modifier] Pierre dans le Nouveau Testament
De son vrai nom Simon ou Siméon, fils de Jonas, il était, selon les Évangiles, originaire de Bethsaïde, marié et pêcheur sur le lac de Tibériade en Galilée. Ainsi que son frère André, il décide de suivre Jésus (Mt 4,18) qu'il recevra dans sa maison à Capharnaüm et qui lui donnera le nom de "Képha", mot qui signifie en araméen "rocher", Πετρος en grec (qui à donné Petrus en latin, puis Pierre en français) (Mt 16, 18 : « Et moi je te dis que tu es Pierre (Rocher), et sur ce Rocher je bâtirai mon Église »). Il est nommé en premier dans la liste des apôtres (Mc 3, 16 ; Ac 1, 13) ; Jean et Paul, à plusieurs reprises, reconnaissent cette position privilégiée. Pierre manifeste sa foi au nom de tous les disciples « Et vous, leur demanda-t-il, qui dites-vous que je suis ? Pierre lui répondit : Tu es le Christ. » (Mc 8, 29) ; il assiste à plusieurs miracles comme la Marche sur les eaux (Mt 14, 28-31), à la Transfiguration, à l'arrestation de Jésus, à son procès, puis à la Passion. D'un caractère enthousiaste mais velléitaire, il a abandonné Jésus à ce moment et pleuré amèrement ce reniement « Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Et en y réfléchissant, il pleurait. » (Mc 14, 72). Il fait partie avec Jean des premiers à témoigner de la Résurrection (Jn 20, 5s ; 21, 7 ; 1 Co 15, 5). Lors de la dernière apparition du Christ à ses disciples, il reçoit la mission d'être le pasteur de l'Église « Il lui dit pour la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui répondit : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis. » (Jn 21, 15-17) ; ensuite, les Actes des Apôtres le montrent dirigeant la communauté chrétienne. Il prendra position en faveur de l'admission des incirconcis dans l'Église (Ac 15) ; cependant Paul lui reprochera de ménager le point de vue de Jacques dont l'autorité semble ensuite s'imposer à Jérusalem même (Ac 21, 18) : « Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était répréhensible. En effet, avant l’arrivée de quelques personnes envoyées par Jacques, il mangeait avec les païens ; et, quand elles furent venues, il s’esquiva et se tint à l’écart, par crainte des circoncis » (Ga 2, 11s). Les Actes ne disent plus rien de sa vie après cet incident.
[modifier] La tradition du martyre à Rome
L'Église d'Antioche se réclamera de Pierre comme de son premier évêque. Il en est de même de celle de Rome. Le séjour de Pierre dans cette ville est attesté par la première épître de Pierre : « L’Église des élus qui est à Babylone vous salue, ainsi que Marc, mon fils. » (1 P 5, 13), sous réserve d'admettre que le mot Babylone désigne de façon péjorative Rome en tant que ville corrompue et idolâtre, image familière aux lecteurs de la Bible. Il ne peut raisonnablement s'agir de la véritable Babylone qui était à peu près abandonnée à l’époque (Cf. Strabon , Géographie XVI, 1). Marc, qui est cité dans le verset, est l'auteur du deuxième évangile et a été l'interprète fidèle de Pierre, d'après Jean le Presbytre (Eusèbe de Césarée, Hist. Eccl. 3, 39,15). Paul n’en parle pas dans ses lettres, mais pouvait ne pas se trouver au même moment dans la capitale de l’Empire. Plusieurs textes antiques font allusion à son martyre, ainsi qu'à celui de Paul, qui se serait produit lors des persécutions ordonnées par Néron. Le plus ancien, la Première épître de Clément de Rome datée de 96, ne cite pas explicitement de lieu, même s'il y a diverses raisons pour penser qu'il s'agit de Rome. Plus explicites sont, une vingtaine d'années plus tard, une lettre d'Ignace d'Antioche aux chrétiens de Rome (il a écrit : « Je ne vous donne pas des ordres comme Pierre et Paul ») et un passage, de la fin du IIe siècle, cité par Eusèbe de Césarée : A un certain Proclus qui se vantait que sa patrie possédait la tombe de l'apôtre Philippe, le Romain Gaïus a répondu : « Mais moi, je puis te montrer les trophées des saints apôtres. En effet, si tu veux te rendre au Vatican ou sur la voie d'Ostie, tu trouveras les trophées de ceux qui ont fondé cette Église » ; le mot "trophées" (du grec τροπαιον, monument de victoire), dans le contexte, ne peut que désigner les tombes des apôtres où s'élèveront plus tard les basiliques qui leur sont dédiées. Eusèbe rapporte aussi les témoignages, de la même époque, de Denys de Corinthe et Zéphyrin de Rome. Clément de Rome affirme que son martyre serait du à une « injuste jalousie » et à la dissension entre les membres de la communauté chrétienne (A rapprocher de ce que dit Paul en 1 Phil 1, 15) : Il y eu vraisemblablement une dénonciation. Selon un apocryphe, les Actes de Pierre, il aurait été crucifié la tête vers le sol.
[modifier] Les fouilles sous la basilique Saint-Pierre
En faveur de la localisation de la sépulture de Pierre au Vatican, il y a la volonté de l'empereur Constantin d'édifier la basilique Saint-Pierre à l’endroit précis où elle se trouve, malgré les difficultés considérables du terrain, à flanc de colline, qui l’ont obligé à d’énormes travaux de terrassement et le fait qu’il ait dû modifier un cimetière, lieu sacré pour les Romains. Les fouilles archéologiques qui ont été effectuées dans les Grottes du Vatican, ont mis en évidence au-dessous des autels et à la verticale exacte du sommet de la coupole un monument cultuel au-dessus d’une tombe, trouvée vide, du premier siècle (tombe thêta). Ce mémorial, qui serait le trophée de Gaïus, est inclus dans un monument d'époque constantinienne.
Sur l'un des murs de soutien (mur rouge) a été incisé un graffito dont subsistent les quatre caractères grecs ΠΕΤR, c'est à dire les quatre premières lettres du nom de Pierre, et au-dessous EN(I), ce qui serait, selon Margherita Guarducci, la forme abréviative de εν εστι, mot à mot "dedans est" (Jérôme Carcopino, qui défendait l'hypothèse d'un transfert temporaire des reliques lors de la persécution de Valérien, lisait au contraire EN(D), ενδει "il manque").
Une cachette aménagée sur un mur perpendiculaire (mur G) contenait les ossements d'un individu de sexe masculin âgé de soixante à soixante-dix ans, mais rien n'indique avec certitude qu'ils soient ceux de l'apôtre.
[modifier] La question de la primauté romaine
L'analyse et l'évaluation scientifiques des traditions relatives à Pierre sont problématiques du fait du manque d'éléments probants et des enjeux, ou prétendus tels, qui y sont liés. Les textes du Nouveau Testament ne sont pas des documents d'histoire au sens contemporain du terme ; les évangélistes ne sont pas des témoins « du dehors », mais avant tout des disciples qui vivent leur foi et, de ce fait, produisent des documents apologétiques destinés à résumer ce qu'ils considèrent important à faire connaître et à animer la ferveur de leurs auditeurs. Les documents les plus anciens, postérieurs de quelques décennies, ne contredisent pas mais ne confirment pas non plus les données traditionnelles. Dans les Évangiles, la prééminence de Pierre sur les autres disciples de Jésus n'est pas discutable ; son séjour et son martyre à Rome sont probables, sinon « quasi certains » comme disait l'exégète protestant Oscar Cullmann («Témoignage protestant in Daniel-Rops, Histoire de l'Église du Christ , tome II, 1965), encore qu'ils soient toujours contestés : Odon Vallet dans son Petit lexique des idées fausses sur les religions indique que rien ne prouve avec certitude que Pierre vint jamais à Rome. Un des éléments solides relatifs à la tradition « romaine » de Pierre est l'absence de toute autre revendication de la présence de sa tombe par une autre cité antique. Les découvertes archéologiques faites au cours du XXe siècle n'apportent pas de certitude. Toutes les garanties (juridiques, scellés - et scientifiques) n'auraient pas été réunies. À l'issue d'une campagne de fouilles, une tombe a été retrouvée dans les années quarante ; il s'agit d'une tombe que les chrétiens du IV è siècle, considéraient comme celle de Pierre. Elle fut officiellement reconnue comme telle par le pape Paul VI en 1964. La primauté du pape, évêque de Rome, sur les autres évêques se justifie-t-elle ? C'est une question qui intéresse les Églises catholique et orthodoxe et qui relève de l'exégèse du Nouveau Testament (quelle signification accorder au Tu es Petrus ?), de l'histoire du christianisme (cette primauté a-t-elle été reconnue dans les premiers siècles du christianisme) et de la théologie.
Elle ne devrait de toute façon pas interférer avec celle de Pierre, le Galiléen devenu disciple de Jésus, comme sujet de recherche historique.
[modifier] Album Photo
Eglise catholique construite sur les vestiges de la maison de Saint Pierre à Capharnaüm |
Vestiges antiques de la maison de Saint Pierre sous l'église catholique de Capharnaüm |
[modifier] Bibliographie
- Daniel-Rops : Histoire de l'Église du Christ, tome II, Fayard, 1965
- Odon Vallet : Petit lexique des idées fausses sur les religions, Paris : A. Michel, 2002 ; Une autre histoire des religions, Paris : Gallimard, 2001
- Malachi Martin : La saga des Papes, Paris : Exergue, 1999
- Margherita Guarducci : The tomb of St Peter, Hawthorn Books, 1960, ouvrage disponible en ligne [1]
[modifier] Filmographie
- Quo Vadis de Mervyn LeRoy en 1951 (persécution des premiers Chrétiens contemporains de Saint Pierre à Rome par l'empereur Néron)
[modifier] Liens internes
- Pape, Liste détaillée des papes
- Liste des saints de l'Église orthodoxe
- Christianisme, Évangile, critique textuelle
- Pierre dans les textes de la Bible
[modifier] Liens externes
- Pierre et Paul aux origines de l'Église de Rome par Paul Poupard, Président du Conseil pontifical de la culture.
- Was St Peter in Rome?
- Les Mythes de fondations d'Eglises, à la lumière des Pères de l'Église et des données authentiques de l'Histoire.
- Site de la Cathédrale Saint-Pierre de Genève
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