Intervalle (musique)
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En musique, un intervalle est le rapport de fréquences caractérisant la distance perçue entre deux sons.
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[modifier] Généralités
L'intervalle concerne la composante fréquentielle de la musique, c'est-à-dire, la seule hauteur des sons, soit l'intonation.
[modifier] Les bornes de l'intervalle
Les deux bornes — ou hauteurs, ou notes — délimitant un intervalle sont appelées degrés. Ceux-ci doivent être considérés par rapport à l'échelle musicale à laquelle ils appartiennent, cette dernière étant elle-même déterminée par un type de musique donné. C'est dire qu'il ne saurait exister aucun système musical universel capable de rendre compte de tous les intervalles, entre tous les degrés appartenant à toutes les échelles musicales de la planète.
- Seul l'intervalle entre un son et sa répétition — appelé unisson dans la terminologie du solfège occidental — peut être considéré comme n'appartenant pas en propre à un genre musical déterminé.
[modifier] Intervalle mélodique
Un intervalle mélodique est un intervalle dont les deux bornes, sont émises successivement. Si le deuxième son est plus aigu que le premier, l'intervalle mélodique est dit ascendant ; dans le cas contraire, ce même intervalle est dit descendant.
- Exemples solfégiques : do, puis sol [intervalle ascendant] ; sol, puis do [intervalle descendant].
[modifier] Intervalle harmonique
Un intervalle harmonique est un intervalle dont les deux bornes, sont émises simultanément.
- Exemple solfégique : do et sol en même temps.
[modifier] Intervalle et acoustique
D'un point de vue purement physique, un intervalle se mesure comme un rapport entre deux fréquences. La science acoustique est capable de calculer, et donc, de rendre compte, des intervalles quels qu'ils soient. L’école pythagoricienne avait, grâce au monocorde, réussi à construire des micro-intervalles, quasi imperceptibles, par simple soustraction d’intervalles, autrement dit par la division des fractions qui les représentent. La physique nous aide à comprendre que ces relations fractionnaires proviennent de la nature physique des ondes sonores, qu’elles expriment la périodicité des sons musicaux.
Mais dès lors qu'ils sont associés aux échelles des différents systèmes musicaux, occidentaux ou non., ce type de représentation peut avoir ses limites : d'un point de vue musical, la perception d'un intervalle est plus que la simple perception d'un rapport de fréquences. Les intervalles qui relient tous les sons musicaux perçus créent un réseau de relations étudiés par l'acoustique musicale et la psychoacoustique. Le çruti du système musical indien qui divise l’octave en vingt-deux parties, produit par exemple un système musical bien difficile à percevoir pour des oreilles habituées aux échelles occidentales.
[modifier] L'intervalle dans le solfège occidental
Les intervalles utilisés dans la musique occidentale, savante ou non, modale ou tonale, sont nommés et théorisés par le solfège. L'échelle qui leur est associée s'appelle l'échelle diatonique : elle est de nature heptatonique, c'est-à-dire qu'elle comprend sept degrés — donc, sept noms de notes —, et que ces degrés sont séparés par des espaces conjoints — espaces entre degrés voisins — inégaux, les tons et les demi-tons diatoniques. La terminologie renseigne à la fois sur le nombre de degrés englobés par l'intervalle — par exemple, une tierce comprend trois degrés —, et sur la grandeur réelle de l'intervalle, compte tenu de ces tons et demi-tons — par exemple, une tierce est dite majeure, lorsqu'elle englobe deux tons, et mineure si elle n'englobe qu'un ton et un demi-ton diatonique.
- La difficulté est qu'au fil du temps, la manière d'accorder les degrés de cette échelle de référence a rencontré des solutions différentes, de telle sorte que, selon l'époque, selon l'instrument et selon le musicien, le rapport de fréquence d'un même intervalle est susceptible de varier. Toutes ces passionnantes questions sont abondamment traitées dans l'article Gammes et tempéraments.
- Liste des intervalles par rapport à la note do.
Unisson juste | do |
Unisson augmenté — ou demi-ton chromatique | do♯ |
Seconde diminuée — ou enharmonie | ré♭♭ |
Seconde mineure — ou demi-ton diatonique | ré♭ |
Seconde majeure — ou ton | ré |
Seconde augmentée | ré♯ |
Tierce diminuée | mi♭♭ |
Tierce mineure | mi♭ |
Tierce majeure | mi |
Tierce augmentée | mi♯ |
Quarte diminuée | fa♭ |
Quarte juste | fa |
Quarte augmentée — ou triton | fa♯ |
Quinte diminuée | sol♭ |
Quinte juste | sol |
Quinte augmentée | sol♯ |
Sixte diminuée | la♭♭ |
Sixte mineure | la♭ |
Sixte majeure | la |
Sixte augmentée | la♯ |
Septième diminuée | si♭♭ |
Septième mineure | si♭ |
Septième majeure | si |
Septième augmentée | si♯ |
Octave diminuée | do♭ |
Octave juste | do |
- Pour de plus amples détails sur le chiffre, le qualificatif, le redoublement, le renversement, l'augmentation et la diminution de l'intervalle, consulter l'article Intervalle (solfège).
[modifier] Intervalle « juste » et intervalle « pur »
Ces deux notions ne doivent pas être confondues :
- l'intervalle « juste » est une notion solfégique : une quinte est dite juste si elle n'est ni diminuée ni augmentée.
Exemple : intervalle sol-ré - l'intervalle « pur » est une notion acoustique : on qualifie ainsi les rapports de fréquences exprimés pas des fractions rationnelles simples : une tierce est dite pure lorsqu'elle correspond au rapport 5/4 ; la pureté d'un intervalle se manifeste par l'absence de battement.
[modifier] L'intervalle dans les autres systèmes musicaux
Lorsqu'un système musical non occidental ne possède pas de théorisation écrite, les musicologues, faute de mieux, utilisent fréquemment la terminologie du solfège comme un outil de description, afin de rendre compte des intervalles et des échelles propres à ces systèmes. Un tel procédé n'est qu'un artifice pratique permettant de se faire une idée sur tel ou tel type de musique, et non pas la manifestation de la suprématie du système occidental, naïvement considéré comme le « système musical universel ». En effet, chaque type de musique génère un système adapté à ses besoins, système qui s'avère bien entendu inapte à servir les types qui lui sont étrangers.
- À titre d'illustration, prenons le cas de la « quinte », qui dans le solfège occidental, est l'intervalle exprimant très précisément la distance entre cinq degrés — en référence à la gamme heptatonique et diatonique. Comment un tel intervalle pourrait-il avoir la même valeur et jouer un rôle comparable, dans une échelle musicale divisant — par exemple — l'octave en 24 degrés ?
[modifier] Articles connexes
- Musique
- Musique traditionnelle
- Échelle (musique)
- Degré (musique)
- Solfège
- Intervalle (solfège)
- Gammes et tempéraments
- Glossaire théorique et technique de la musique occidentale
- Micro-intervalle
[modifier] Liens externes
- (fr) Résumé des intervalles
- (fr) Expression des Intervalles d'après le théoricien Kirnberger, vers 1776
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