Farhat Hached

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Vous avez de nouveaux messages (diff^?).

Farhat Hached, né le 2 février 1914 à El Abbassia (Kerkennah) et décédé le 5 décembre 1952 près de Radès, est un homme politique et syndicaliste tunisien. Il est l'un des principaux chefs de file du mouvement indépendantiste aux côtés d'Habib Bourguiba et de Salah Ben Youssef.

Né d'un marin, Mohamed Hached, et d'une femme au foyer, Hana Ben Romdhane, il est inscrit à 8 ans à l'école primaire de la région de Kellabine à la destinée de laquelle préside un directeur français. Il obtient en 1929 le certificat d'études primaires. La mort de son père l'oblige à interrompre ses études et à entrer dans la vie professionnelle. En 1936, il devient employé à la Société du transport du Sahel à Sousse où il se voit offrir un poste de receveur. Il adhère la même année au syndicat de base affilié à la Confédération générale du travail (CGT) française, entamant par la même occasion ses débuts dans le mouvement syndical tunisien. En 1940, il arrive à Sfax après son recrutement en qualité de fonctionnaire des travaux publics. Durant la guerre, il se porte volontaire auprès du Croissant Rouge en vue de secourir des blessés, tâche qu'il accomplit en dehors de ses heures de travail. En 1943, il rejoint les Kerkennah où il se marie, le 15 octobre, avec sa cousine Emna (alors âgée de 13 ans). Entrant en conflit avec les représentants de la CGT, Hached et ses camarades lui reprochent d'« ignorer les aspirations légitimes des Tunisiens à l'indépendance nationale. »

Au début de 1944, Hached et plusieurs autres syndicalistes tunisiens quittent la CGT et créent, en 1945, l'Union des syndicats libres du Sud, fixant comme priorité la justice sociale, l'égalité entre les travailleurs tunisiens et leurs homologues français et l'indépendance nationale. À Tunis, il crée, en 1945, l'Union des syndicats indépendants du Nord et la Fédération générale des fonctionnaires. Le 20 janvier 1946, le congrès constitutif d'une organisation commune groupant les syndicats autonomes du Nord et du Sud et la Fédération générale tunisienne du travail crée l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). Hached est élu à l'unanimité comme secrétaire général de la nouvelle centrale.

Les grèves, les mouvements de protestations et les manifestations de rue se multiplient pour réclamer l'indépendance et l'amélioration des conditions de vie et de travail des Tunisiens. L'UGTT, sous sa direction, joue un rôle primordial dans le déclenchement, l'encadrement des mouvements et la radicalisation des revendications populaires. Son adhésion à la Confédération internationale des syndicats libres en 1949 mène Hached de réunion en réunion (Afrique du Nord, Milan, etc.).

Après l'arrestation, en janvier 1952, des dirigeants politiques nationalistes, Hached assume la responsabilité de diriger la résistance politique et armée contre les autorités du protectorat français. Il devient alors l'homme à abattre en raison du danger qu'il représente pour les intérêts de la colonisation en Tunisie et en Afrique du Nord en général. Dès le mois d'octobre, des officines diverses au sein des services secrets français commencent à étudier divers plans : son éloignement du territoire tunisien, son emprisonnement, sa mise en résidence surveillée voire son assassinat. Pendant ce temps, il fait l'objet d'une surveillance permanente et les menaces se multiplient à travers des tracts signés de l'organisation colonialiste La Main rouge qui reçoit l'ordre de l'éliminer.

Le matin du 5 décembre 1952, à proximité du cimetière français de Radès, une voiture lui barre la route et ses passagers criblent son véhicule de 35 balles de mitraillette. Blessé à l'épaule et à la main, il trouve la force de quitter sa voiture. Quelques instants plus tard, sur la route de Naâssen, une deuxième voiture, dont les 3 occupants s'aperçoivent qu'il vit encore, s'en approchent et l'achèvent de 2 balles avant de le jeter à moins d'un kilomètre au bord de la route. À midi, la radio annonce sa mort qui provoque un soulèvement aux Kerkennah, à Sousse et à Sfax. Son corps est transporté sur un petit navire de La Goulette aux Kerkennah pour être remis à la famille Hached. Emna, qui a passé la nuit chez Habib Achour à Sfax, apprend la décision de l'administration française d'enterrer le leader syndicaliste au cimetière des Kerkennah. 3 ans plus tard, le corps est finalement ramené à Tunis et inhumé dans un mausolée construit à la kasbah, là même où il avait pris l'habitude d'haranguer les foules.

Son fils aîné Noureddine deviendra par la suite ministre puis secrétaire général adjoint de la Ligue arabe.