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Critique de la corrida

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La corrida attire un public nombreux. En même temps, c’est un spectacle particulièrement décrié ; elle déclenche les passions, aussi bien chez ses amateurs que chez ses adversaires. Il est évidemment impossible de trouver une position médiane qui satisferait tout le monde. Il est néanmoins possible d’exposer les reproches que lui font les uns et les réponses que les autres font à ces reproches.

Un taureau après une corrida.
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Un taureau après une corrida.

Sommaire

[modifier] Questions de fraude

Les adversaires de la corrida affirment que les taureaux font l’objet de manipulations frauduleuses. Les amateurs de tauromachie reconnaissent l’existence de telles manipulations, mais en ont une vision totalement différente.

[modifier] Les manipulations frauduleuses selon les « anti »

Pour permettre le « spectacle » il est nécessaire d'énerver le taureau juste avant son entrée dans l'arène (parfois via l'usage d'armes électriques de défense). Si le taureau n'était pas énervé, il ne rechercherait pas forcément l'affrontement.

Il est malgré tout constaté que de plus en plus de taureaux manquent de vitalité, s'agenouillant dès leur entrée en piste ou chutant dès leur première tentative de charge, faits constatés et déplorés également par les aficionados. Des autopsies ont révélé une proportion non-négligeable de taureaux présentant des maladies invalidantes telles que la tuberculose conduisant à la saisie partielle ou totale de la viande [1]. D'autres autopsies ont révélés la présence illicite de sédatifs chez plus de 20% des taureaux analysés [2].

[modifier] L'afeitado

De plus, les taureaux sont très souvent afeitados. L’afeitado consiste à scier la pointe des cornes des taureaux (de cinq à dix centimètres) pour les remplacer par des cornes artificielles afin de réduire le risque pour les toreros. En 2001, 25% des cornes analysées par les vétérinaires taurins avaient été mutilées.[3]

Les cornes du taureaux sont sciées à vif. Certes, une intervention dans la partie cornée appelée « diamant » est indolore car la substance est identique à celle des ongles humains donc morte or l'ablation porte souvent sur la matière innervée qui est ensuite repoussé vers la racine. Afin de rendre indétectable cette mutilation, la pointe de la corne est reconstitué avec de la résine au moyen d'un chalumeau.

En plus du supplice enduré par le taureau lors de l'opération (une vingtaine de minutes les nerfs à vif), lorsque la corne vient heurter les planches derrières lesquelles les toreros s'abritent, la douleur peut être, biologiquement, comparée à celle ressentie en croquant un aliment avec une dent cariée (car les nerfs sont à vif dans les deux cas). De plus, jouant un rôle similaire aux antennes des insectes, une amputation des cornes dérègle la perception spatiale du taureau, ôtant beaucoup de précision à sa charge.

Malgré l'interdiction de l'afeitado par le règlement taurin, il en va autrement dans la pratique car on ne procède qu'exceptionnellement à la saisie des cornes. On peut dès lors s'interroger sur l'utilité des vétérinaires taurins, en principe garants de l'intégrité des animaux. Des cornes saisies pour être expertisées par l'école vétérinaire de Toulouse ont disparu pendant le transport. Si, malgré ces passes-droits, une sanction contre un éleveur reconnu coupable de fraude est prise par le maire de la ville concernée, celle-ci n'est quasiment jamais appliquée.

[modifier] Les manipulations frauduleuses selon les « pro »

[modifier] Manipulations destinées à « énerver » le taureau

Concernant ces manipulations, les affirmations des « anti » sont faites sans que soit apporté la moindre preuve ou le moindre témoignage direct. Dès lors, l'on peut émettre de sérieux doutes quant à leur réalité.

Admettons que des « armes électriques de défense » soient utilisées. Celles-ci sont destinées à neutraliser l’adversaire en le paralysant et en le privant de tout réflexe, pas à l’énerver. Utiliser de telles armes reviendrait donc à bloquer le taureau à l’intérieur du toril, pas à l’en faire sortir plus énervé.

Admettons que ces armes, qui paralysent un homme ou un pit-bull, aient pour effet d'énerver le taureau. Le matador tricheur qui veut briller sans trop se fatiguer, l’organisateur de corridas qui veut payer le matador le moins cher possible et lui garantir qu’il ne se fatiguera pas trop, l’apoderado qui veut garantir à son protégé qu’après avoir toréé aujourd’hui à Nîmes, il pourra être demain à Séville, après-demain à Bilbao et le jour d’après à Valence, ont-ils intérêt à ce que le taureau soit énervé au possible, ont-ils intérêt à frauder pour augmenter son énervement ? Ne préfèreraient-ils pas au contraire avoir un taureau le plus calme possible, qui charge lentement, en ligne droite, qui s’arrête après chaque charge ?

La meilleure preuve de l’inexistence de toutes manipulations frauduleuses destinées à énerver le taureau réside donc dans le fait que de telles manipulations iraient totalement à l’encontre de l’intérêt de ceux qui seraient tentés de tricher.

[modifier] L’afeitado

[modifier] Ce qu’est en réalité l’afeitado

Si l’afeitado consistait à remplacer la corne par une corne artificielle, la fraude serait extrêmement facile à déceler : il suffirait de couper la « corne » dans le sens de la longueur pour s'apercevoir qu'il s'agit d'une prothèse.

De même, s’il consistait à couper la corne au niveau de la partie osseuse et cartilagineuse (seule partie innervée de la corne), puis à refaire une fausse pointe à l’aide de résine et d’un chalumeau, couper la corne dans le sens de la longueur permettrait de constater que la pointe est en matière plastique. (On doit au passage faire remarquer l’habileté de l’opérateur, capable de sculpter de la résine avec un simple chalumeau !)

Les contrôles n'ont jamais permis de découvrir, ni taureau affublé de prothèses, ni taureau affublé de pointes de cornes en matière plastique. Faut-il en conclure que les taureaux afeitados, ça n’existe pas ?

En réalité, l'afeitado existe, mais il consiste à couper la pointe de la corne (donc la partie totalement insensible, ainsi que le reconnaissent les « antis », voir ci-dessus), puis à la limer afin de créer une nouvelle pointe, moins acérée que l’ancienne. Bien évidemment, pas un seul instant, le taureau ne se trouve les « nerfs à vifs », seule étant coupée la partie ne contenant aucun nerf. Lorsque le taureau heurte les planches, ce qu’il ressent n’a donc sans doute rien à voir avec ce que prétendent les « anti ». Si c’était le cas, lorsque le taureau a heurté une seule fois la barrière, il ne se risquerait pas à la frapper une seconde fois : l’assistance à quelques corridas permet d’ailleurs à n’importe qui de constater que nombre de taureaux « charpentiers » démolissent méthodiquement la barrière à coups de cornes.

Enfin, le rôle d’« antennes » que joueraient les cornes est une théorie que l’on peut lire dans de nombreux ouvrages consacrés à la corrida, aussi bien ceux écrits par des « pro » que ceux écrits par des « anti ». Cette théorie est souvent affirmée, elle n’est jamais démontrée. Il faut rappeler que la majeure partie de la corne est constituée de substance morte, comme les ongles ou les cheveux chez l’être humain. Que le taureau soit capable, avec ses cornes, de différencier le « dur » du « mou » ou le « loin » du « près » n’est pas impossible ; prétendre qu’il est capable de « mesurer » la dureté, les distances ou les volumes est fortement douteux et n’a jamais été démontré.

[modifier] La vraie raison d’être de l’afeitado

Contrairement à ce qu’affirment les adversaires de la corrida, l’afeitado ne réduit pas le risque pour le matador de se retrouver à l’hôpital ou au cimetière : les chirurgiens qui ont opéré des toreros blessés sont unanimes pour affirmer que les blessures sont tout aussi graves, que le taureau soit afeitado ou pas.[4]

Les raisons d’être de l’afeitado sont les suivantes :

Lorsque le matador torée en tentant de ne se déplacer qu’un minimum, en tentant d’enchaîner les passes de façon à donner l’illusion que six ou huit passes n’en forment qu’une seule, lorsqu’il se met à genoux, lorsqu’il multiplie les poses de bravache, il va sans doute s’attirer les applaudissements de la partie du public la plus sensible aux effets spectaculaires, mais peu au fait de ce qui est considéré comme « beau » selon les canons de la tauromachie. Il sera bien rare qu’à un moment ou à un autre, le taureau ne l’effleure pas, ne le bouscule pas.

Avec une corne intacte, ces effleurements entraîneront souvent une légère blessure, insuffisante pour mettre en danger la vie du matador, mais suffisante pour nécessiter quelques points de suture et quelques jours d’arrêt de travail. Avec une corne afeitada, donc à la pointe émoussée, ce risque de légère blessure est considérablement réduit.

La seconde raison d’être de l’afeitado est exposée par André Viard, ancien matador reconverti dans le journalisme :

« Réalisé le plus souvent de manière infinitésimale, un peu comme lorsque l’on se lime les ongles, l’afeitado a surtout des effets psychosomatiques sur le mental des toreros qui en sont friands, bien qu’il soit évident toutefois que la tête ronde d’un clou pénètre moins bien que sa pointe. Nous quittons presque ici le domaine de la tauromachie pour entrer dans celui de la psychologie : plus que les deux ou trois millimètres tout à fait symboliques que l’on a fait disparaître, ce sont les angoisses du torero que l’on a gommées, voire son imagination que l’on a afeitée ! »[5]

Le matador, « croyant » que ces cornes aux extrémités arrondies ne peuvent plus blesser, se livrera à des excès auxquels il ne se serait jamais livré face à un taureau aux cornes à peine moins arrondies et ni plus ni moins dangereuses.

L’afeitado ne réduit donc pas le risque d’être tué ou gravement blessé. Il permet seulement un toreo très spectaculaire, apprécié du public peu connaisseur ; il permet à certains matadors vedettes de multiplier les corridas devant des publics pas très compétents.

[modifier] La réalité des contrôle antiafeitado

Il est vrai qu’en 2005 une paire de cornes saisies pour expertise a disparu, mais chacun sait que les contrôles anti-dopage dans le sport sont depuis toujours faits avec une telle rigueur que jamais personne n’a réussi à y échapper !

En ce qui concerne les sanctions qui, lorsqu’elles sont prises par le maire de la ville, ne seraient quasiment jamais appliquées, la réalité est toute autre.

  • En Espagne, les sanctions ne sont pas prises par les maires, elles sont prononcées par la justice, sur demande du ministère de l’Intérieur ; les amendes sont perçues par l’administration fiscale espagnole dont rien ne permet de penser qu’elle soit moins efficace que son homologue française. Que viennent faire les maires dans cette affaire ?
  • En France, les sanctions consistent en des interdictions pour les éleveurs coupables, de faire combattre leurs taureaux durant une période déterminée dans toutes les arènes française. Ces interdictions sont décidées par l’Union des villes taurines françaises. Pour leur application, on peut se trouver dans l’un des trois cas suivants :
    • Dans un grand nombre de communes, les corridas sont organisées par des régies municipales, des comités des fêtes ou autres organismes émanant de la mairie. Si le comité des fêtes achète des taureaux à un éleveur interdit, c’est donc le maire, partie prenante à la décision d’interdiction, qui viole lui-même la règle qu’il a édicté.
    • Dans beaucoup d’autres communes, les corridas sont organisées par des entreprises privées, concessionnaires des arènes municipales. Si le concessionaire envisage d’acheter des taureaux à un élevage interdit, le maire dispose donc d’un moyen de pression simple et efficace, la menace de ne pas renouveler la concession.
    • Reste le cas des entreprises privées organisant des corridas dans des arènes privées. Dans ce cas là, il n’existe a priori que peu de moyens de faire respecter l’interdiction. Il faut préciser que seules les arènes de Béziers sont dans ce cas. Il faut en outre préciser que l’organisateur des corridas bitterroises est également concessionnaire de plusieurs arènes municipales. Si à Béziers, il achetait les taureaux d’un élevage interdit, il pourrait donc craindre que ses concessions ne lui soient pas renouvelées.
En conclusion, en France, quand l’organisateur achète des taureaux à un élevage interdit, cela ne se fait pas contre la volonté du maire, mais au contraire avec son plein et entier accord.

Enfin, en ce qui concerne la proportion de cornes dont l’afeitado a été démontré, les analyses ne sont pas faites au hasard : seules les cornes dont l'apparence permet de soupçonner l’afeitado sont analysées, aucune analyse n'étant faite sur les cornes que rien ne permet de suspecter.[6] La proportion de vingt-cinq pour cent, c'est donc vingt-cinq pour cent des cornes que l'on pouvait soupçonner d'être afeitadas, et non pas vingt-cinq pour cent de toutes les cornes.[7]

[modifier] Réflexions et conclusion des aficionados sur les manipulations

Pour conclure sur ces manipulations, vues du côté aficionado, il faut à nouveau rappeler que les fraudes ne servent pas à diminuer le risque pour le matador, mais à faciliter un toreo très spectaculaire, permettant de briller facilement devant le public peu connaisseur. Plus le taureau est faible, « mieux » ses cornes sont afeitadas plus le matador fera d’« excentricités ». En fin de compte, le risque pour lui sera exactement le même. Il est d’ailleurs quasi-universellement admis que le taureau qui a tué « Manolete » en 1947 était afeitado. « Paquirri » a été tué en 1984 par un taureau dont rien ne permet de penser qu’il avait été « trafiqué », mais qui était petit, maigre, avec des toutes petites cornes ; il avait été refusé dans nombre d’arènes à cause de son physique particulièrement ingrat ; la direction des arènes de Pozoblanco n’avait finalement accepté de l’acheter, que parceque l’éleveur ne lui vendait ses taureaux que sous réserve qu’il soit mis dans le lot. « El Yiyo » a été tué par un taureau au comportement étrange ; divers témoins ont remarqué que ce comportement anormal était celui que l’on pouvait attendre d’un taureau drogué. Il faut préciser qu’on en est resté au stade du soupçon, aucune analyse n’ayant été faite. Mais, drogué ou pas, ce taureau n’avait pas le comportement que l’on peut attendre d’un taureau non manipulé.

Les amateurs de corridas ne peuvent évidemment que se poser des questions quant au scandale que font les « antis » à ce sujet. Les aficionados peuvent s'estimer floués lorsque le matador, son apoderado et l’organisateur de la corrida leur vendent du plomb au prix de l'or ; ils peuvent être mécontents d’avoir assisté, non à ce qui est une « belle corrida » selon les canons de la tauromachie, mais à une mascarade.

En revanche, en quoi les « antis » peuvent-ils s'estimer trompés lorsque - croient-ils - le matador voit réduit pour lui le risque de finir la corrida à la morgue ? Estimeraient-ils plus « moral » que le risque pour le matador soit maximum ? Cesseraient-ils d'être opposés aux corridas si toutes les fraudes disparaissaient ? Les « pro » n'ont qu'à constater les réactions, les cris de joie, la satisfaction que déclenchent chez les « antis » les accidents graves, pour avoir la réponse à ces questions.

Annonce d'une corrida à Leganés grafitée avec des mots tels que "asesinos" (assassin), "cerdos" (porcs°, "Toreros no" ou encore "mierda de tradición".(merde de tradition)
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Annonce d'une corrida à Leganés grafitée avec des mots tels que "asesinos" (assassin), "cerdos" (porcs°, "Toreros no" ou encore "mierda de tradición".(merde de tradition)
Affiche anti-tauromachie à Saint-Sébastien (Pays basque, Espagne)
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Affiche anti-tauromachie à Saint-Sébastien (Pays basque, Espagne)

[modifier] Questions d’éthique

[modifier] La souffrance du taureau

[modifier] La souffrance selon les « anti »

La corrida est considérée par la plupart des associations de défense des animaux comme un spectacle barbare et cruel à l'origine d'une souffrance chez l'animal. Comme un taureau de combat est, du fait de son conditionnement et de la sélection génétique, particulièrement agressif et difficile à manier, il est « châtié » avec des piques et des banderilles, pratiques qui impliquent de blesser l'animal en début de corrida afin d'y éprouver sa bravoure.

Ils insistent également sur la mise à mort qui peut n'avoir lieu qu'après plusieurs estocades dont la souffrance est donc répétée : la corrida est un combat qui ne se termine que lorsque le taureau est à terre.

Il est certes admis que sous l'effet du stress des médiateurs chimiques sont libérés dans l'organisme du taureau, atténuant les sensations douloureuses mais il n'en reste pas moins que les vétérinaires sont unanimes pour reconnaitre que les blessures sont telles que la souffrance de l'animal est incontestable. Le taureau est un mammifère au système nerveux similaire à celui des hommes.

Également, si les sévices infligés au taureau dans l'arène sont aussi spectaculaires que meurtriers, les « anti » dénoncent aussi ceux subit par le taureau en coulisse (voir la partie manipulations frauduleuses).

De plus, d'un point de vue philosophique et religieux, selon Mohan Wijayaratna, un érudit bouddhiste sri-lankais, qui ajoute, à propos de la corrida : « C’est un acte qui procure une satisfaction à des milliers de spectateurs. Cependant, même de ce point de vue plutôt myope, ce n’est une action ni bonne ni irréprochable ni héroïque car, si le torero et les spectateurs sont satisfaits, c’est en incitant une bête innocente à la haine et en lui infligeant un mal immense et une douleur mortelle. Or, inciter quelqu’un à la haine ne peut être fait avec une pensée bienveillante. Enfin, c’est une action qui apporte le mal à son auteur et à la victime. Dans l’arène se trouvent donc deux êtres également malheureux et également ignorants... En les regardant et en appréciant leur combat, les spectateurs cultivent aussi une habitude mentale qui se retrouvera dans leurs futures naissances : par exemple assister ou participer activement à un tel carnage en tant que tortionnaire, victime ou spectateur, selon les circonstances obtenues. »

[modifier] La souffrance selon les « pro »

D’une part, piques et banderilles sont appliquées dans une zone très peu innervée. D’autre part, on peut penser que la « rage du combat », la volonté du taureau d’en découdre annihilent toute souffrance. Il en est ainsi de nombre de sportifs, par exemple du boxeur : un seul des coups qu’il reçoit suffirait à le mettre KO s’il le recevait par surprise ; reçus au cours du combat, ils ne font qu’exacerber sa volonté de vaincre l’adversaire.

Si d’ailleurs piques et banderilles déclenchaient chez le taureau une souffrance intolérable, il renoncerait à attaquer le cheval et chercherait à se débarrasser des banderilles. L’assistance à quelques corridas permet de se rendre compte que ce n’est pas le cas.

Quant aux estocades ratées plus souvent qu’à leur tour, s’il est vrai que parfois le matador fait preuve d’une maladresse ou d’une malchance insigne, multiplier les tentatives d’estocades déclenche immanquablement une bronca, alors qu’une mort foudroyante est particulièrement appréciée. Il faut de plus ajouter que même une estocade ratée peut être efficace : l’estocade tranche des artères (notamment l’aorte) situées à proximité de la colonne vertébrale ; enfoncer entièrement l’épée n'est donc pas nécessaire pour tuer le taureau.

[modifier] Le risque pour le cheval du picador

[modifier] Le risque selon les « anti »

Autrefois, il était très fréquent que le cheval soit éventré. Ses entrailles se répandaient sur le sable et il ne pouvait se débattre qu'en piétinant ses propres intestins. Devant les hauts-le-cœur du public, les professionnels les munirent d'un caparaçon afin de les protéger et d'éviter la désertion des arènes.

Les chevaux de picadors courent des risques énormes ; à chaque corrida ou presque certains d’entre eux sont blessés ; souvent, ils sont tués. Le cheval sert exclusivement de monture au picador et n'a aucun moyen d'échapper à la charge du taureau. Si le cheval tombe sous la charge du taureau, ses parties non-protégées s'en trouveront exposées.

Pour exemple, le 24 septembre 2000, un coups de corne a provoqué une sortie des intestins à Floirac, près de Bordeaux. Deux chevaux de picadors sont également morts en 1999 et en 2001 suite à des plaies similaires à Aire-sur-Adour et Mont-de-Marsan.

De plus, en raison de la peur qu'il éprouve naturellement pour le taureau, le cheval peut avoir des réactions incontrôlables. Pour assurer la sécurité du picador, on administre à sa monture des tranquillisants, on lui bande un œil (voir les deux malgré l'interdiction) et on introduit du papier journal dans son conduit auditif.

[modifier] Le risque selon les « pro »

Les courses de taureaux ont longtemps utilisé des chevaux non protégés. Les blessures, voire la mort des chevaux de pique étaient alors fréquentes. S’imaginer que les « entrailles [du cheval] se répandaient sur le sable et [qu’]il ne pouvait se débattre qu’en piétinant ses propres intestins » est toutefois absurde : quand le picador ne réussissait pas à repousser le taureau, celui-ci éventrait le cheval qui s’écroulait donc immédiatement et était massacré en quelques secondes.

Depuis 1928, les chevaux sont obligatoirement protégés par un caparaçon. Contrairement à ce qu’imaginent les « antis », cette volonté de protéger le cheval n’a pas été dictée par le souci d’éviter la désertion des arènes, mais pour des raisons purement matérielles et économiques : les transports et l’agriculture commençaient à se mécaniser ; il était évident qu’un jour, se procurer des chevaux en très grand nombre et pour un prix abordable deviendrait difficile.

En ce qui concerne les parties non protégées du cheval, le caparaçon est constitué par une sorte de « jupe » protégeant les flancs et par deux sortes de « pantalons », protégeant respectivement les membres antérieurs et postérieurs de l'animal. Ces « pantalons » se recouvrent, de sorte que le ventre du cheval est lui aussi protégé. Seuls sont donc exposés le dos, le haut des fesses, l’encolure et la tête du cheval. L’assistance à quelques corridas permet à chacun de constater que, lorsque le cheval chute, dans la quasi-totalité des cas la chute s’effectue de façon telle que le taureau se retrouve face au ventre du cheval et attaque donc des parties du corps entièrement protégées par le caparaçon. Ceci explique que depuis 1928, les accidents soient devenus rarissimes : en France, le dernier cheval de picador tué l’a été au début des années 1970.

En ce qui concerne les deux chevaux prétendument tués, cette information est reprise dans l’interview de la présidente d’une association anti-corrida par une dirigeante d’une autre association anti-corrida. Celle-ci n’indique ni lieu, ni date, ce qu’elle fait pour le cheval blessé. On peut donc émettre des réserves quant à la réalité de ces morts de chevaux.

Concernant les tranquilisants administrés au cheval afin de limiter ses réactions incontrôlables, à l’époque où cette pratique était monnaie courante, en quoi était-elle moralement condamnable ? De même, en quoi serait-il moralement condamnable de boucher les oreilles des chevaux (avec de la mousse, beaucoup plus efficace que le papier journal) ? Enfin, rien dans le règlement n’interdit de bander les deux yeux du cheval ; d’ailleurs, aucun aficionado, même particulièrement soucieux du respect des règles, n’a jamais protesté contre une telle pratique.

On peut évidemment s’étonner que des gens qui détestent la corrida et réclament son interdiction soient plus « à cheval » sur le règlement que le plus rigoriste des aficionados et exigent, plus que lui, un strict respect de l’éthique tauromachique. L’explication est peut-être donnée par les « antis » eux-même : ainsi qu’il est dit plus haut, ils considèrent que ces pratiques sont faites « pour assurer la sécurité du picador ». Sans doute les « antis » préfèreraient-ils que le métier de picador soit beaucoup plus dangereux qu’il ne l’est ; sans doute préfèreraient-ils que les picadors tués soient beaucoup plus nombreux.

Enfin, Alain Bonijol, propriétaire des chevaux utilisés dans de nombreuses arènes (notamment Arles et Nîmes), a démontré depuis le milieu des années 1990 que des chevaux correctement dressés et auxquels on n’administre aucun tranquilisant, permettent de voir des tercios de piques beaucoup plus intéressants et spectaculaires que ceux effectués avec des chevaux dressés à la va-vite et bourrés de calmants. Si certains picadors se sont, à l’origine, opposés à l’utilisation des chevaux de Bonijol, ils ont eu rapidement la démonstration que les accidents ne sont pas plus nombreux qu’avec les autres chevaux, mais que leur travail est beaucoup plus intéressant, entraîne beaucoup plus souvent les applaudissements du public et permet aux meilleurs picadors de montrer de manière plus visible leur talent. Avec ses chevaux bien dressés et auxquels il n’administre pas de tranquilisants, Bonijol a réussi à conquérir rapidement une large part du marché français, et même à s’implanter en Espagne : il a notamment fourni les chevaux pour des corridas à Barcelone en 2006 ; lors d’une corrida-concours organisée à Saragosse en 2000 à laquelle participaient trois empresas de caballos (« loueurs de chevaux »), ses chevaux ont été reconnus comme les meilleurs. Depuis plusieurs années, de plus en plus de ses concurrents (français ou espagnols) font donc comme lui.

[modifier] Question de chance

[modifier] La chance selon les « anti »

Certains partisans de la corrida affirment hypocritement que le taureau « a sa chance » : de fait, le taureau peut, dans de rares cas, être gracié pour sa « bravoure ». Au contraire, aux abattoirs, l'animal n'aurait aucune chance et il est maltraité (dans le cas de l'élevage intensif et des chaînes d'abattage. Toutefois dans ces cas, il s'agit d'infractions à la législation et non de la pratique normale de l'activité).

L'argumentation des aficionados est parfois contradictoire. Il pourrait être tout à fait compréhensible que les chances du taureau soient diminués afin de réduire le risque pour le matador mais l'on ne peut dans le même temps affirmer que l'on est à la fois contre toutes les manipulations (comme un afficionado qui se respecte) et pour la vie du matador. En effet, l'absence totale de manipulations (qui est loin d'être le cas cf. la référence sur les sédatifs dans cet article) augmenterait considérablement le risque mortel pour l'homme. En somme, une bonne corrida -au sens d'un afficionado- est forcément une corrida plus incertaine pour la vie des matadors. L'on peut comprendre que cela fait le sel de la corrida.

En résumé, augmenter réellement la chance du taureau (cf. le fameux « il a sa chance ») c'est logiquement diminuer celle du matador et donc mettre la vie humaine plus en danger. Inversement, pour préserver la vie du matador et le nombre de tués a d'ailleurs fortement et heureusement diminué.

Les opposants à la corrida arguent que la logique n'est pas la même : dans un cas l'homme élève un animal pour se nourrir, dans l'autre il l'élève pour se distraire à ses dépens en le faisant volontairement souffrir et finit dans la plupart des cas par le tuer. Le caractère aléatoire de la mise à mort des animaux et les quelques taureaux épargnés n'atténuent pas le caractère cruel de ce spectacle.

Enfin, la symbolique mise en avant par les partisans de la corrida de l'homme triomphant de la violence animale choque les opposants a la corrida pour qui c'est l'homme qui est l'organisateur de la violence et qu'il n'en est, sauf exception, pas la victime.

[modifier] La chance selon les « pro »

Du point de vue des aficionados, la corrida est une mise en scène de la vie : l'homme par son intelligence va triompher de la violence et de la force de l'animal. Le spectacle tauromachique est extrêmement codifié. Lors d'une corrida, on tue six taureaux, toujours selon la même procédure : accueil du taureau, picadors, banderilles, faena de muleta, puis estocade. La fin ne fait pas de mystère : le taureau va mourir. La beauté et l'émotion du spectacle résident dans la manière et non pas dans le résultat (un matador qui se contente de mener un taureau à la mort ou qui poussera le tercio de piques au-delà du nécessaire ne pourra espérer aucun trophée, et déclenchera une bronca).

Quant à la chance qu’aurait le taureau de quitter les arènes vivant, c’est un faux problème. Le but de la corrida n’est pas de « tester » les taureaux, afin de tuer les « mauvais » et garder les « bons ». La corrida est un spectacle qui se termine de manière quasi-inéluctable par la mort du taureau : théoriquement, cent pour cent des taureaux devraient être tués en pistes. Exceptionnellement, éleveur, matador, président et public peuvent se rendre compte que le taureau qui se trouve en piste est exceptionnel et qu’il serait idiot de ne pas le garder comme reproducteur. La grâce du taureau est donc avant tout destinée à garder comme reproducteur un taureau exceptionnel. Peu importe que la probabilité qu’un tel cas se présente soit de 1 sur 100, 1 sur 1.000 ou 1 sur 1 million.

Concernant la théorie selon laquelle augmenter les chances du matador de s’en sortir vivant c’est diminuer celles du taureau et inversement, cette théorie est surprenante. Elle semble basée sur l’idée que la corrida consisterait à opposer un homme et un taureau, et que le meilleur gagne. Cela est évidemment faux. La corrida n’est pas un concours ; son but n’est pas d’opposer un homme et un taureau pour voir lequel des deux s’en sort vivant : il est de tuer le taureau. Pour le matador, être tué est donc un accident ; pour le taureau, c’est une quasi-certitude.

Les manipulations, à supposer qu’elles réduisent le risque pour le matador, n’augmentent pas le moins du monde la probabilité pour le taureau d’être tué : cette probabilité est déjà quasiment de cent pour cent. Et à supposer que des détraqués inventent des manipulations destinées à augmenter le risque pour le matador, cela n’entraînerait pas le moins du monde une augmentation du nombre de taureaux graciés : on n’a jamais vu de taureau gracié après qu’il ait tué un matador ; aucun aficionado ne pourraît d’ailleur accepter cela.

[modifier] Questions de droit

[modifier] Le droit selon les « anti »

Dans la plupart des états, y compris en Espagne, au Portugal et en France, existent des lois de protection des animaux. Les traités et les règlements de l’Union européenne contiennent eux aussi ce genre de dispositions. Seuls l’Espagne, le Portugal et la France (cette dernière sur partie de son territoire seulement) continuent d’autoriser de tels spectacles.

Les dérogations qui existent en France sont des entorses au principe d'universalité de la loi ; dans quelque pays que ce soit, rien ne peut justifier la souffrance inutile y compris celle des animaux.

En ce qui concerne la France, le député Muriel Marland-Militello a, le 8 juin 2004, déposé une proposition de loi pour demander l'abrogation de l'alinéa 3 de l'article 521-1 du code pénal [1]:

«

  1. Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves, ou de nature sexuelle, ou de commettre un acte de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de deux ans d'emprisonnement et de 30000 euros d'amende.
  2. A titre de peine complémentaire, le tribunal peut interdire la détention d'un animal, à titre définitif ou non.
  3. Les dispositions du présent article ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée. Elles ne sont pas non plus applicables aux combats de coqs dans les localités où une tradition ininterrompue peut être établie. »

Si cette proposition était adoptée, la corrida deviendrait illégale sur la totalité du territoire français.

[modifier] Le droit selon les « pro »

Des lois applicables sur une partie seulement du territoire, cela n’existe pas seulement dans les états fédéraux, cela existe également dans tous les états unitaires, y compris la France. L’alinéa 3 de l’article 521-1 du Code pénal n’est donc que l’une de ces innombrables lois applicables seulement sur une partie du territoire français.

Quant à la proposition de loi de Mme Marland-Militello, il faut rappeler qu'une telle proposition de loi (un texte proposé par un député ou un sénateur, par opposition à un projet de loi, projeté par le gouvernement) n'a que peu de chances d'être adoptée par le Parlement. Il faut également rappeler que cette proposition n’a reçu le soutien que de 65 députés sur 577 [8].

[modifier] Questions d’argent

[modifier] L’argent selon les « anti »

Pour commencer, les anti-corridas pensent qu'il ne devrait pas y avoir à justifier la cruauté par le gain financier car cela revient à remettre en cause les principes d'une société dite civilisée. Mais ce serait faire preuve d'aveuglement de ne pas prendre en compte le poids économique.

Pour les partisans de la tauromachie, les corridas sont une attraction pour les villes organisatrices, ce qui entraînerait une activité économique significative pour ces villes. Pour les opposants de la corrida au contraire la corrida est une perte économique pour les villes organisatrices car certaines agences de voyage étrangères évitent les villes pratiquant la corrida en raison de l'indignation des touristes devant ce spectacle barbare.

Les anti-corrida estiment aussi que la feria peut se maintenir sans la corrida et qu'actuellement une minorité de touristes venant pour la feria assiste à la corrida.[9] Si la corrida est un prétexte pour la feria, il n'y a aucune raison qu'elle en devienne un support obligé. Alain Clary, ancien maire de Nîmes et loin d'être un adversaire de la corrida affirmait : « Il y a des dizaines de milliers de personnes qui vont aux corridas sur les centaines de milliers qui se rassemblent à Nîmes. Le décalage est donc considérable. ». Ainsi, aux dires même d'un édile bien informé, seul une personne sur dix se rend à la feria de Nîmes pour aller voir une corrida. D'ailleurs, pour boucler le budget des arènes de Nîmes, d'autres événements sportifs et culturels y sont organisés. L'exemple du festival d'Avignon montre que l'attrait supposé de la corrida n'est nullement indispensable pour attirer une foule de visiteurs.

De plus, un sondage[10] a montré que 54% des Nîmois interrogés (dont 70% chez les 18-24 ans) sont favorables au remplacement des corridas par les courses camarguaises. Selon les déclarations de Jean Lacouture au journal La Provence : « En France, il n'y a que 7 000 à 8 000 aficionados véritables. »

En outre, l'histoire montre que bon nombre de salariés peuvent se reconvertir avantageusement dans des professions diverses (enseignement, agriculture, gestion…) que se soit volontairement ou par la force des choses alors pourquoi pas les professionnels de la corrida ? De plus, dans notre nouveau type de société, la polycompétence est devenue un gage de réussite et une garantie sur l'avenir.

Les anti-corrida critiquent aussi les subventions accordées aux corridas et estiment que même s’il y avait un effet économique positif, cet effet ne pourrait pas justifier de tels comportements. Le montant total des aides alloués aux club taurins et aux organisateurs de corridas est d'au moins 400 000 euros. Les anti-corrida estiment que l'argent des contribuables (et donc y compris, comble de l'ironie, de celui des contribuables hostiles à la corrida) n'a pas à être dépensé pour ces jeux.

Les anti-corridas redoutent aussi que la mauvaise image de la corrida véhiculée dans la population des pays européens puisse faire passer les régions taurines à côté du développement économique sur le long terme.

[modifier] L’argent selon les « pro »

[modifier] Les agences de voyage

Les « certaines agences de voyage étrangères » se limitent à une agence canadienne qui a écrit au maire d’Arles qu’elle boycotterait sa ville tant qu’y seraient organisées des corridas. Copie de la lettre a été adressée à diverses associations anti-corrida.[11] Que représente un autobus de canadiens et d’américains à côté des centaines de milliers de gens attirés par les deux ferias d’Arles ?[12] [13]

[modifier] Le financement des férias

Les ferias d’Arles, Nîmes ou ailleurs pourraient-elles se maintenir sans corrida ? Toutes les animations, toutes les festivités sont centrées sur la tauromachie ; une large partie des festivités « gratuites » sont financées à l’aide des redevances versées à la commune par l’organisateur des corridas et des redevances d’occupation du domaine public payées par les innombrables marchands ambulants qui s’installent à proximité des arènes.

Que seule une minorité de touristes assiste à la corrida, les aficionados le savaient déjà. Ils sont tout de même étonnés de voir que sur les même sites internet anti-corrida, dans les mêmes livres anti-corrida, dans les mêmes revues anti-corrida, on affirme, d’une part que quatre-vingts pour cent des spectateurs de corridas sont des touristes, d’autre part que quasiment aucun touriste n’assiste aux corridas !

[modifier] Le budget des arènes de Nîmes

En ce qui concerne les autres événements sportifs et culturels organisés dans les arènes de Nîmes, prétendument pour boucler le budget, de telles affirmations n’ont strictement rien à voir avec la réalité.

A Nîmes, l’organisation des corridas est confiée à la société SIMON CASAS PRODUCTION, société par actions simplifiée. Cette société agit comme délégataire d’un service public en vertu d’une concession et verse chaque année une redevance à la commune de Nîmes.[14] Comme toute société commerciale, elle profite seule des bénéfices et supporte seule les pertes éventuelles. Chacun peut d’ailleurs se procurer une copie des bilans auprès du greffe du tribunal de commerce et peut donc constater que les bénéfices sont là.[15].

La société SIMON CASAS PRODUCTION ne se voit confier les arènes que pour l’organisation des corridas.[16] Le reste du temps, la ville de Nîmes les garde à sa disposition et les loue au coup par coup à divers entrepreneurs de spectacles.[17] Bien évidemment, chaque entrepreneur de spectacles profite seul des bénéfices et subit seul les pertes des spectacles qu’il organise. En aucun cas, un entrepreneur dont le spectacle serait déficitaire ne pourra exiger une part du bénéfice des spectacles bénéficiaires. Si une année, la société SIMON CASAS PRODUCTION perd de l’argent, tant pis pour elle : elle n’ira pas demander à l'organisateur des concerts de Johnny Hallyday ou à TF1 de lui verser une part des bénéfices qu’ils ont fait. D’ailleurs, le fait pour une société de verser une part de ses bénéfices à une autre société serait un abus de biens sociaux ; si le maire de Nîmes prévoyait une telle obligation dans les contrats de location ou de concession, il se rendrait co-auteur du même délit.

Enfin, la comparaison entre le Festival d’Avignon et la Féria de Nîmes montre surtout qu’à Nîmes, les festivités gratuites « offertes » par la mairie sont très nettement plus nombreuses. Où la mairie trouve-t-elle l’argent, si ce n’est dans les redevances versées par l’organisateur des corridas ?

[modifier] Les sondages et la course camarguaise

Puisque la majorité des Nîmois est favorable au remplacement des corridas par des courses camarguaises, que son souhait soit réalisé et que dix-huit ou vingt courses camarguaises viennent remplacer autant de corridas. Cela ne posera qu’un seul problème : les spectateurs. La plupart des corridas se déroulent devant des gradins quasiment pleins ; les deux ou trois courses camarguaises annuelles se déroulent devant des gradins à moitié vides, voire quasiment vides (2.000 spectateurs pour une course organisée début septembre 2006 !). Quant au prix du billet d’entrée, lui aussi est de moitié par rapport à celui des corridas. Où trouvera-t-on l’argent pour payer la pégoulade, les bals populaires, les expositions, les concours de dessins, les abrivado… ?

[modifier] Les « vrais aficionados »

A en croire Jean Lacouture, il n’y aurait donc en France que 7 ou 8.000 « vrais aficionados ». Selon certains sites internet anticorrida, les aficionados ne sont que 5.000, selon d’autres ils sont 10.000. Quelle définition donnent ces sites internets du mot « aficionado » ? Jean Lacouture peut-il expliquer la différence entre un « vrai » et un « faux » aficionado ? Quel que soit le nombre d’aficionados, et parmi eux quel que soit le nombre de « vrais », une chose est sûre : le nombre d’amateurs de corridas est largement suffisant pour en faire un spectacle rentable. Il suffit, de plus, de comparer le nombre de gens attirés par les cent cinquante corridas organisées chaque année en France avec les quelques poignées de manifestants attirés par les deux ou trois manifestations anti-corrida annuelles pour se rendre compte que les amateurs de corridas sont largement plus nombreux que les « antis ».réf. nécessaire

[modifier] Les subventions

Concernant les subventions prétendument versées aux corridas, ce ne sont pas les corridas auxquelles sont versées des subventions ; c’est la corrida qui paye de la taxe foncière, de la taxe professionnelle, de la taxe sur les spectacles, de la TVA, des redevances d’occupation du domaine public, de l’impôt sur les sociétés, de l’impôt sur le revenu, etc. Qu'une partie de ces taxes et impôts soit « reversée à la corrida » directement ou indirectement par le financement accordé à des écoles taurines, à des corridas structurellement déficitaires, à des associations taurines, etc., n’est pas plus scandaleux que verser des subventions à des théâtres, des clubs de football ou à des associations diverses et variées. (Subventions qui sont versées avec les impôts de tous les contribuables, y compris de ceux qui détestent le théâtre et le football.)

On peut également rappeler que le contribuable arlésien finance le club de football d’Arles où a été formé Djibril Cissé. En 2006, c’est Liverpool qui encaisse les dividendes. Le même contribuable arlésien finance (pour une petite partie) l’école taurine d’Arles où a été formé Mehdi Savalli. Quand celui-ci remplit les arènes d’Arles, c’est Arles qui encaisse les dividendes.

[modifier] La « mauvaise image de marque »

Lorsqu’une entreprise cherche un lieu d’implantation pour une usine ou un centre d’appel téléphonique, de très nombreux paramètres entrent en ligne de compte : le niveau des salaires, les charges sociales, la fiscalité, la stabilité politique, la présence sur place d’une main d’œuvre qualifée pour les travaux qu’elle aura à effectuer, le réseau routier et ferroviaire, les liaisons aériennes avec le siège social de l’entreprise, etc. Comment peut-on imaginer que l’existence d’un spectacle qui déplait à une partie de la population étrangère puisse avoir une influence sur la décision ?

[modifier] La question des enfants

[modifier] Les enfants selon les « anti »

Les anti-corrida affirment que le spectacle d'une corrida peut induire de graves traumatismes chez l'enfant et le préadolescent. Ils rappellent également qu’en Catalogne la loi interdit l'entrée des arènes aux moins de quatorze ans ; il n'existe pas pour l'instant de telle législation en France.

[modifier] Les enfants selon les « pro »

Les aficionados sont généralement entrés en afición très jeunes, parfois à cinq ou six ans, parfois même avant, et rien ne permet de penser qu’ils ont subi, de ce fait, le moindre traumatisme. Il s'agit avant tout d'une question de culture et d'éducation.

Il est vrai qu’un enfant originaire de pays dans lesquels la tauromachie est inconnue peut être fortement choqué par un spectacle aussi éloigné des normes habituellement en vigueur chez lui. On ne peut donc que conseiller aux touristes qui se rendent pour la première fois de leur vie à une corrida, de ne pas y emmener leurs enfants.

En revanche, pour des enfants originaires de villes ou villages dans lesquels, lors des fêtes locales, des taureaux sont lâchés dans les rues (voir ci-après), dont les parents assistent régulièrement à des corridas, lisent des revues spécialisées, ont dans leur bibliothèque des livres consacrés à la corrida, regardent des émissions taurines à la télévision, etc., la corrida est un spectacle aussi normal que le cinéma ou les matches de football. De plus, aucun enfant ne se rend seul aux corridas ; ils sont toujours accompagnés par leurs parents, grands-parents, oncle ou frère aîné, qui prennent soin de leur expliquer les règles essentielles et le déroulement du spectacle. Dans ces conditions, rien ne permet de penser que l’assistance à des corridas peut entraîner de « graves traumatismes ».

En ce qui concerne l’interdiction aux moins de quatorze ans d’assister à des corridas en Catalogne, il faut rappeler que cette prohibition résulte d’une loi de protection des animaux, non d’une loi de protection des enfants ; il faut ajouter qu'en France, aucune association de protection des enfants ne réclame une telle interdiction, seules la réclament diverses associations anti-corrida. Cette interdiction aux moins de quatorze ans (ou seize ans selon les associations demanderesses) vise donc, non pas à protéger les enfants, mais en réalité à rendre plus difficile le renouvellement du public, but d’ailleurs dûment avoué et assumé par certains promoteurs de cette interdiction.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sites anti-corrida


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