Comte de Caylus
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Anne-Claude-Philippe de Tubières-Grimoard de Pestels de Lévis, comte de Caylus, marquis d'Esternay, baron de Bransac (31 octobre 1692 - 5 septembre 1765), archéologue homme de lettre et graveur français, fils de la Marquise de Caylus, né à Paris.
Né à Paris, il est le fils aîné du lieutenant-général comte de Caylus et de Marthe de Caylus, une nièce de Madame de Maintenon.
Encore jeune, Caylus sert dans l’armée durant la fin de la Guerre de Succession d'Espagne (1704-1714). La paix signée, il abandonne une prometteuse carrière militaire pour se consacrer à l’étude des arts. Il voyage en Angleterre, en Allemagne, en Italie, accompagne l'ambassadeur de France à Constantinople et en Grèce, ou il étudie et collectionne les antiquités. Il visita la Turquie, l'Asie Mineure, et revint en 1717 avec de riches matériaux, qu'il légua en mourant au Cabinet du Roi. Il fut l’un des premiers a considéré l’archéologie comme une science et une influence considérable sur Winckelmann, le théoricien du néoclassicisme qui reconnu sa dette envers lui.
Il publie le résultat de ses études dans :
- Recueil d’antiquité égyptiennes, étrusques, grecques, romaines et gauloises (6 volumes, Paris 1752-1767) ;
- Numismata Aurea Imperatorum Romanorum.
Il publia depuis cette époque d'importants ouvrages sur les arts et les antiquités, ce qui le fit recevoir à l'Academie des inscriptions, en 1742. Caylus rencontre Antoine Watteau avec qui il devient ami et qui lui donne des cours de dessin. Il rédigera d’ailleurs une biographie de celui-ci après sa mort qui reste une des sources principales d’information sur sa vie. Il aida les artistes de ses conseils et de sa fortune, et fit lui-même d'utiles recherches sur les moyens employés par les anciens pour peindre à l'encaustique, sur la manière d'incorporer la peinture dans le marbre, etc.
Il s'occupa aussi, soit comme amateur, soit comme artiste, de peinture et de gravure. Il devient lui-même graveur de talent, copiant de nombreuses toiles des grands maîtres. Il devient un membre honoraire de l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1731 et suit avec assiduité les conférences hebdomadaires. Il fut un soutient important pour de nombreux jeunes artistes dont Edmé Bouchardon, préférant le néoclassicisme naissant au rococo encore de mode. Il fit aussi graver à ses frais des copies d’anciens tableaux et fit publier :
- Nouveaux sujets de peinture et de sculpture (1755) ;
- Tableaux tirés de l’Iliade, de l’Odyssée, et de l’Enéide (1757).
Ce fut en même temps un écrivain spirituel. Caylus fut aussi l’auteur de nombreux contes érotiques, dont l’inspiration lui vint certainement de la fréquentation des milieux louches du Paris de l’époque.
Ces contes, parmi lesquels Histoire de Mr. Guillaume, cocher datée de 1730, furent rassemblés dans plusieurs éditions dont Œuvres badines complètes (Amsterdam, 1757).
On a de lui :
- Recueil d'antiquités égyptiennes, étrusques, grecques, gauloises, 7 volumes in-4, 1752-1767 ;
- Nouveaux sujets de peinture et de sculpture, 1755 ;
- Vies de Mignard, Lemoine, Bouchardon, Watteau ;
- des Œuvres badines (contes, féeries, etc.), recueillies en 1787, 12 volumes in-8.
Caylus eut pour ami l'abbé Jean-Jacques Barthélemy, qui l'aida dans plusieurs de ses travaux.
Diderot qui ne cacha jamais son animosité pour Caylus de son vivant, le décrivant comme « un antiquaire acariâtre et brusque » rédigea à sa mort l’épigramme : « La mort nous a délivré du plus cruel des amateurs ».
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[modifier] Le Tiran le Blanc (Tirant le Blanc) attribué au comte de Caylus
Cette première 'traduction' du roman de Joanot Martorell n'est en réalité qu'une adaptation, tant l’œuvre a été remaniée et amputée. De surcroît, tout montre que l'adaptateur ignorait que le roman était catalan, et qu'il traduisait à partir de la traduction italienne de Lelio Manfredi, datant de 1538. Il n'en demeure pas moins que cette adaptation est une belle infidèle, au style fort agréable. Le succès du roman est attesté par le nombre de ses éditions —cinq ont été recensées—, qui s’échelonnent de c. 1737 à 1786, dont dans les deux premiers tomes des Œuvres badines complettes [sic]. Le français était à l’époque la langue de culture par excellence de l’Europe des Lumières, et bien des Grands de ce monde lurent Tirant en français, comme Catherine de Russie, qui en possédait un exemplaire. Les beaux esprits ne l’ignoraient point. La citation qu’en fait Jean-Jacques Rousseau dans Les Confessions montre à l’évidence que l’allusion était comprise des gens du monde: «Je jugeai qu’un homme qui passe deux heures tous les matins à brosser ses ongles peut bien passer quelques instants à remplir de blanc les creux de sa peau. Le bonhomme Gauffecourt, qui n’était pas sac-à-diable, l’avait assez plaisamment surnommé Tyran-le-Blanc [sic].»
[modifier] Bibliographie
- Xavier Dufestel Deux portraits inédits du comte de Caylus (1692-1765). Le tableau d'Alexandre Roslin et le médaillon en bronze de Louis-Claude Vassé, dans Storia dell'arte. Rome, août 2003.
[modifier] Liens externes
[modifier] Source partielle
« Comte de Caylus », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)